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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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mois de juill<strong>et</strong>, avant de partir en vacances, il repassa le voir rue de la Sorbonne. Ils parlèrent<br />

des conférences que Maritain donnait à ce moment contre la philosophie de Bergson : l’accord des deux<br />

artistes était total. Lorsqu’ils se quittèrent, c’est encore Péguy qui eut quelques mots sur le pèlerinage à<br />

Chartres, <strong>et</strong> un proj<strong>et</strong> fut même arrêté pour le mois suivant. Mais ce fut là leur dernier échange : ils ne<br />

devaient pas se revoir, car le 2 août la guerre fut déclarée, Péguy fut mobilisé aussitôt après, <strong>et</strong> il tomba<br />

au champ de bataille le 5 septembre. Henri <strong>et</strong> Émilie étaient partis depuis le mois de juill<strong>et</strong> chez Jeanne<br />

Garnier-Maritain, dans sa propriété de Bussières près de Mâcon, <strong>et</strong> Madame Favre les y avait rejoints.<br />

C’est là que la nouvelle de la mort de Péguy leur parvint, le 17 septembre, <strong>et</strong> c’est en l’apprenant<br />

qu’Émilie Charlier r<strong>et</strong>rouva la foi : Jeanne partit aussitôt pleurer Péguy au pied d’un oratoire dédié à la<br />

Sainte Vierge que sa fille Éveline avait installé dans la maison, <strong>et</strong> les époux Charlier l'y suivirent. Puis<br />

Émilie courut à l’église du village où elle fit un chemin de croix, au cours duquel elle reçut d’un seul<br />

coup la grâce de la foi. Henri voyait dans c<strong>et</strong>te conversion subite de sa femme un fruit de l’offrande de<br />

Péguy. Il le dit dans une courte biographie d’Émilie qu’il écrivit peu après la mort de celle-ci, lorsqu'il<br />

évoque le décès de Péguy : « Sa mort fut l’occasion pour la jeune femme de r<strong>et</strong>rouver la foi. Elle était<br />

chez Jeanne Maritain au début de la guerre. Celle-ci en prenant le journal poussa un grand cri <strong>et</strong><br />

s’effondra. Le journal annonçait la mort de Péguy <strong>et</strong> reproduisait l’article de Barrès dans L’écho de<br />

Paris. Claude Franch<strong>et</strong> courut à l’église, entreprit un chemin de croix <strong>et</strong> là d’un coup, reçut la foi… Tel<br />

fut le premier eff<strong>et</strong> connu du sacrifice de Péguy. » (Claude Franch<strong>et</strong>, par Henri Charlier)<br />

En 1919, Henri Charlier fit seul le pèlerinage à Chartres — peut-être pour demander à Dieu de<br />

rendre féconde son union avec Émilie, ou la guérison de son frère André ? Comme il est de tradition, il<br />

fit la montée finale dans Chartres <strong>et</strong> son entrée dans la cathédrale pieds nus, en signe de pénitence pour<br />

pénétrer dans ce « jardin secr<strong>et</strong> où l’âme s’ouvre toute… le lieu du monde où tout est pauvre <strong>et</strong> nu. » Et<br />

beaucoup plus tard, en 1936, il eut l’occasion de sceller son amitié avec Péguy en sculptant sa Croix<br />

tombale : elle se trouve à Villeroy, face à la tombe de Péguy. C<strong>et</strong>te sculpture signe la foi des deux<br />

hommes en même temps que leur amour commun de l’art <strong>et</strong> de la France.<br />

A l’époque de sa conversion, Henri fréquenta assidûment le monastère des Bénédictines de la rue<br />

Monsieur, où venaient déjà beaucoup de nouveaux convertis. Il s’y lia avec le père bénédictin Dom<br />

Poitevin qui célébrait les offices liturgiques, <strong>et</strong> fut très rapidement reçu comme oblat séculier de c<strong>et</strong><br />

ordre religieux. Il faisait partie de la chorale Sainte-Cécile groupée autour du monastère, <strong>et</strong> se<br />

familiarisa ainsi avec la musique grégorienne qui allait devenir plus tard pour lui, enseignant le chant<br />

grégorien aux villageois de sa paroisse, un art de prédilection. C’est sans doute aussi à la rue Monsieur<br />

qu’il connut l’œuvre de Notre-Dame de la Sainte-Espérance <strong>et</strong> le monastère bénédictin olivétain fondé<br />

par le Père Emmanuel au village de Mesnil-Saint-Loup (Aube), où il se rendra ensuite régulièrement<br />

avant de venir s’installer définitivement au Mesnil.<br />

Un autre événement religieux marqua encore Henri Charlier en c<strong>et</strong>te année 1914 : le baptême de son<br />

jeune frère le 13 octobre, dont lui-même avait hâté la cérémonie car André avait reçu son ordre de<br />

mobilisation sous les drapeaux. Après le baptême qui eut lieu rue Monsieur, les deux frères se rendirent<br />

au couvent des Lazaristes de la rue de Sèvres pour y recevoir ensemble le sacrement de confirmation des<br />

mains de Monseigneur Faveau, évêque missionnaire en Chine qui était vicaire apostolique de Tché-<br />

Kiang.<br />

En 1915, Henri s’engagea alors comme volontaire pour la guerre, car il avait été réformé. Il fut<br />

mobilisé comme infirmier. Après ses classes militaires il fut dirigé vers un cantonnement à Épernay<br />

(Marne), où il soignait les blessés de guerre. C'est de ce cantonnement qu'il écrivit à son père en<br />

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