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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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d'Acy en 1924, puis le Sacré-Cœur de Paray-le-Monial en 1930, <strong>et</strong> il avait ensuite cessé d'exposer. La<br />

dernière œuvre qu'il exposa au Salon de 1965 était une figure taillée directement dans la pierre, la Vierge<br />

Notre-Dame de la Sainte-Espérance qui se trouve aujourd'hui dans le cim<strong>et</strong>ière du Mesnil-Saint-Loup,<br />

comme stèle au-dessus de la tombe de Charlier lui-même. Du point de vue plastique, la pose qu'il a<br />

choisie pour c<strong>et</strong>te statue est l'une des conceptions les plus originales du <strong>sculpteur</strong> : la Vierge, tenant de la<br />

main droite la colombe du Saint-Esprit serrée sur son cœur, relève de l'autre main un voile posé sur sa<br />

tête <strong>et</strong> tourne ses regards vers le Ciel. C'est une image plastique de la définition de l'art sur laquelle<br />

Henri Charlier achève son livre L'art <strong>et</strong> la pensée : « L'art, surtout l'art chrétien, est chargé de lever le<br />

voile qui cache à l'esprit les grandeurs de l'esprit. » Ainsi placée par le <strong>sculpteur</strong> lui-même au-dessus de<br />

sa tombe, c<strong>et</strong>te œuvre résume toute la vie d'Henri Charlier, son œuvre plastique, <strong>et</strong> sa pensée esthétique.<br />

Puis en 1967, la Société Académique de l’Aube, dont Henri Charlier était déjà membre associé,<br />

voulut lui donner une nouvelle marque de reconnaissance en le nommant Membre Honoraire. L’élection<br />

eut lieu au mois de mai 1967, <strong>et</strong> Henri Charlier fut invité à siéger lors de la séance du 16 juin suivant,<br />

qui se déroula encore à l’Hôtel de Ville de Troyes, en présence des membres de la Société. Charlier s’y<br />

rendit accompagné de sa femme. Le Président de la Société Académique de l’Aube était alors<br />

M. Gabriel Groley, qui connaissait <strong>et</strong> admirait Henri Charlier depuis longtemps. Il prononça un long<br />

éloge, parcourant toutes les étapes de la vie de Charlier. Citons seulement ces lignes, qui nous renvoient<br />

à l’installation des Charlier au Mesnil-Saint-Loup en 1925 : « Ce renoncement était courageux pour la<br />

romancière comme pour l’artiste. C’était un défi à notre siècle où la présence est une sauvegarde <strong>et</strong> où la<br />

publicité est reine. (…) Charlier travaillera dans la paix, à l’ombre du clocher qui domine la vieille<br />

grange transformée en atelier, en marge des agitations <strong>et</strong> des intrigues, dans la sereine atmosphère d’une<br />

véritable société chrétienne. Alors, on assiste à ce spectacle surprenant d’un artiste qui a banni toutes les<br />

mondanités, qui ne fréquente pas les expositions, qui n’alimente pas les gaz<strong>et</strong>tes, qui décourage les<br />

reporters venus jusqu’à lui <strong>et</strong> qui se dérobe par la fenêtre quand des importuns se présentent. Il se<br />

produit un r<strong>et</strong>ournement inattendu. C<strong>et</strong> artiste effacé, inconnu, enregistre sans cesse des commandes.<br />

Elles se suivent régulièrement <strong>et</strong> jamais il ne manque de travail <strong>et</strong> par conséquent de pain. Il voit en cela<br />

la protection de la Providence <strong>et</strong> à ceux qui lui disent : “Il faut arriver !…”, il fait sienne c<strong>et</strong>te parole :<br />

“Oui, mais où ?” (…) Les statues du Mesnil-Saint-Loup, non seulement sont demandées en France, mais<br />

encore dans tout l’univers chrétien <strong>et</strong> elles s’embarquent pour les contrées les plus lointaines. Après<br />

l’Inde, après le Japon, c’est le Canada qui les accueille. À la basilique Saint-Joseph, de Montréal, bâtie<br />

par Dom Bellot, le plus grand architecte de notre temps, affirme Charlier, les figures des douze apôtres,<br />

taillées dans nos vieux noyers, trouvent un grandiose épanouissement. Les Canadiens prétendent même<br />

qu’en c<strong>et</strong> endroit, Charlier a sculpté le plus sublime autel de toute la chrétienté. Glorieuse référence. »<br />

Puis M. Groley évoque l’œuvre écrite de Charlier : « Les jugements qu’il rend parfois sont rudes. Dans<br />

sa solitude, il est un des rares artistes à marquer une réaction contre certaines extravagances. La plus<br />

sévère concerne les arts. Il l’a produite en 1957 dans c<strong>et</strong>te brochure vengeresse aux titres significatifs :<br />

“Le martyre de l’art” ou “L’Art livré aux bêtes”, qu’il a illustrée de sa main. Il y condamne l’art<br />

abstrait qui, selon lui, n’est qu’une lanterne magique non allumée. Il y voit une insulte à la pensée, car<br />

ses étalages ne reflètent rien. » Et le discours du Président s’achève en compliments non feints : « La<br />

Société Académique de l’Aube est très satisfaite <strong>et</strong> très fière de voir un artiste comme Henri Charlier<br />

entrer dans ses rangs. Il lui apporte le grand exemple d’une existence entière mise au service d’un idéal.<br />

Elle l’accueille avec le plus grand respect de sa forte personnalité en lui apportant, pour suprême<br />

récompense, l’épithète de “maître” qu’on ne décerne qu’aux meilleurs. Car il est de la race de ceux qui,<br />

en tête des cortèges, portent les flambeaux <strong>et</strong> ravivent la flamme ! »<br />

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