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Je suis sauvée par le bourdonnement aigu de son interphone.
– M. Maynard sur la deux !
– Merci, Sylvia.
Stark me fait signe de patienter un instant, puis tapote son écouteur :
– Charles, faites-moi un topo.
Il écoute le Charles en question pendant quelques instants et son expression change.
– Non ! dit-il.
Il a coupé la parole à M. Maynard, ma parole !
– Vous savez très bien que je n’ai aucune envie de rentrer dans ce petit jeu. Les menaces en l’air, ce
n’est pas mon truc. Si ça continue, j’entamerai des poursuites en diffamation. Assurez-vous qu’il le
comprenne bien. Oui, bien sûr que j’en ai conscience. Oui, Charles, je sais. Notre dossier n’est pas
évident, mais ça ne m’inquiète pas du tout. Moi, ce qui m’intéresse, c’est que ce fils de pute arrête de
chercher à me nuire. Oui, eh bien, vous n’avez qu’à me facturer ces heures supplémentaires ! Pour votre
boîte, c’est tout bénef.
À nouveau, ses traits se durcissent :
– S’il compte vraiment déterrer ce truc, je vais devoir sévir, Charles. Faites cesser cette comédie.
C’est pour ça que je vous paye, bordel !
Il raccroche sans même un au revoir. Il est extrêmement tendu, moi aussi, d’ailleurs. Je suis certaine
que cet appel concernait Sara Padgett et son frère.
– Vous voulez qu’on en parle ?
Il me regarde, mais c’est comme s’il ne me voyait pas.
– Non. Le boulot, que voulez-vous…
J’ai très envie d’insister, mais il vaut mieux que je me taise pour l’instant. Puis Damien change
d’humeur du tout au tout. Un sourire lui vient lentement aux lèvres.
– Suivez-moi, me dit-il en me prenant la main.
Un peu hésitante, je mêle mes doigts aux siens.
– Où allons-nous ?
– Déjeuner.
– Il n’est même pas dix heures !
Son sourire devient juvénile :
– Ça devrait suffire…