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constatant que mon petit coin privé ne l’est plus tant que ça. J’y vois <strong>au</strong> moins huit personnes qui<br />

bavardent en souriant. Moi, je ne suis pas d’humeur c<strong>au</strong>sante et je n’ai pas du tout envie de sourire.<br />

Je rebrousse chemin et me dirige vers l’un des chevalets dressés <strong>au</strong> milieu de la salle. Je contemple<br />

d’un air impassible la toile qu’il soutient. C’est une femme nue agenouillée sur un sol carrelé, les bras<br />

levés <strong>au</strong>-dessus de la tête, les poignets attachés par un ruban rouge. Le ruban est lui-même relié à une<br />

chaîne fixée à la verticale dont l’extrémité sort du champ. Les bras sont tendus, comme si la femme tirait<br />

vers le bas, comme si elle cherchait à se libérer. Le ventre est satiné, le dos si cambré qu’on distingue les<br />

côtes. Les seins sont petits, tétons dressés, et les fines aréoles brunes semblent luire grâ<strong>ce</strong> <strong>au</strong> talent de<br />

l’artiste. Le visage n’est pas <strong>au</strong>ssi détaillé. Elle penche un peu la tête de côté, ses traits comme voilés de<br />

gris. J’en conclus que la femme qui pose a honte de son excitation. Elle aimerait bien se libérer, mais ne<br />

le peut pas.<br />

Le plaisir et la honte de <strong>ce</strong>tte femme piégée sur la toile sont exhibés <strong>au</strong>x yeux du monde entier.<br />

De légers frissons me parcourent. Je prends soudain conscien<strong>ce</strong> que nous avons quelque chose en<br />

commun, <strong>ce</strong>tte fille et moi. Moi <strong>au</strong>ssi, j’ai été submergée par une puissante vague de sensualité, et moi<br />

<strong>au</strong>ssi j’en ai tiré un plaisir infini.<br />

Mais Stark l’a éteint <strong>au</strong>ssitôt, comme on éteint la lumière. Me laissant honteuse comme la femme sur la<br />

toile.<br />

Qu’il aille se faire foutre ! La petite conne de la peinture est peut-être gênée, mais moi, pas question !<br />

J’ai vu <strong>ce</strong>tte chaleur dans ses yeux et ça m’a excitée. Fin de l’histoire. Passons à <strong>au</strong>tre chose.<br />

Je contemple la peinture avec attention. Cette femme est faible. Je ne l’aime pas, et je n’aime pas <strong>ce</strong>tte<br />

toile.<br />

Au moment où je décide de repartir – j’ai retrouvé toute ma confian<strong>ce</strong> en moi –, je me heurte à Damien<br />

Stark en personne.<br />

Et merde !<br />

Il me retient par la taille pour m’empêcher de vaciller. Je recule <strong>au</strong>ssitôt, mais mon <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong> a eu le<br />

temps de traiter les sensations éprouvées à son contact. Il est min<strong>ce</strong>, musclé, et j’ai bien trop conscien<strong>ce</strong><br />

des endroits où mon corps a touché le sien. Ma p<strong>au</strong>me, mes seins… Sur ma taille, là où sa main s’est<br />

posée, ça picote encore, tant le contact était électrique.<br />

– Mademoiselle Fairchild…<br />

Il me regarde droit dans les yeux, et <strong>ce</strong> regard me coupe le souffle.<br />

Je me racle la gorge et lui décoche un sourire poli. Du genre Va te faire foutre.<br />

– Je vous dois des excuses, Mademoiselle.<br />

Tiens donc !<br />

À ma grande surprise, je réplique :<br />

– Oui, en effet.<br />

J’attends la suite, mais rien ne vient. Il reporte son attention sur la peinture :<br />

– Une toile intéressante, mais vous <strong>au</strong>riez fait un bien meilleur modèle.<br />

Hein ?<br />

– Elles sont nulles, vos excuses.<br />

Il me désigne le visage de la femme.<br />

– Cette fille est faible, insiste-t-il.<br />

Du coup, j’en oublie ses excuses. Je suis sciée, <strong>ce</strong> type vient d’exprimer à h<strong>au</strong>te voix <strong>ce</strong> que j’ai cru<br />

dé<strong>ce</strong>ler dans l’œuvre.<br />

– Ce contraste doit plaire à <strong>ce</strong>rtains, j’imagine. Le désir, la honte… En <strong>ce</strong> qui me con<strong>ce</strong>rne, je préfère<br />

les trucs plus <strong>au</strong>dacieux. Je préfère les femmes qui assument leur sensualité.<br />

Il me fixe en disant <strong>ce</strong>la. Il y a trois possibilités : soit il s’excuse enfin pour l’affront qu’il m’a fait<br />

subir, soit mon sang-froid l’épate, soit il se comporte de façon complètement déplacée. Je décide qu’il

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