Télécharger ce livre au format PDF - Index of

Je deviens cynique, mais j’ai sûrement raison. Et ce n’est pas un constat agréable.
– N’importe quoi ! C’est toi qu’il veut, Nikki ! Il aime ton ironie, ta façon d’être… Ce n’est pas lui qui
t’a dit que tu n’es pas comme les femmes qui se pavanent à son bras d’habitude ? Je l’ai googlisé, tu
sais…
J’en reste sur le cul.
– T’as pas fait ça, quand même ?
– Si, quand tu m’as dit que c’était lui qui allait te ramener. C’est un type très secret. Je n’ai pas trouvé
grand-chose à son sujet, mais j’avoue que je n’ai pas trop cherché non plus. En tout cas, il ne rencontre
pas beaucoup de femmes. Enfin si, il en voit un certain nombre, mais c’est jamais sérieux, à part cette
fille de la haute avec qui il est sorti il y a quelques mois. Sauf que celle-là, elle est morte.
– Elle est morte ? Merde ! Comment ?
– Ouais, je sais. C’est triste, hein ? Un accident, apparemment. Mais là n’est pas la question.
Ça se bouscule dans ma tête :
– Et c’est quoi, la question ?
– C’est toi. Je veux dire, même si tu n’es qu’une gonzesse de plus sur son tableau de chasse, et alors ?
T’es pas une bonne sœur, bordel !
Je commence à me demander si elle m’a vraiment écoutée quand je lui ai décrit le passage hot dans la
limousine. Sagement, je décide de ne pas lui en faire la remarque. Elle ajoute :
– Et je suis persuadée que tu n’es pas qu’une conquête de plus. Je crois qu’il t’apprécie vraiment.
– Ouais, c’est ça ! Après cinq minutes sur Internet, tu sais forcément tout de lui !
– Bien sûr que non. Mais si j’ai bien compris, il t’a demandé ton opinion sur ce peintre. Il a roulé des
mécaniques dès qu’Ollie s’est pointé. Il t’a fait jouir, bon Dieu ! Et le massage des pieds, t’as oublié ?
Putain de merde, moi, si un mec me masse les pieds, je baise avec lui quand il veut ! Je crois même que
je serais prête à l’épouser !
Je sais qu’elle pense ce qu’elle dit – hélas –, mais je souris malgré moi.
– Kurt était un trou du cul, mais tous les mecs ne sont pas comme lui, tu sais. Arrête de faire comme si
tu portais une ceinture de chasteté, me dit-elle gentiment, ce qui est plutôt inhabituel de sa part.
Cette allusion me tire une grimace et je réplique :
– Restons-en là. S’il te plaît.
Elle me dévisage, puis profère un « Merde ! » sonore. Elle sait qu’elle est allée trop loin, je le
comprends à son air affligé.
Elle se lève et s’approche de la cheminée. Une idée complètement débile, cette cheminée, surtout dans
la vallée de San Fernando. Du coup, Jamie l’a convertie en bar : bouteilles à la place des bûches et
verres sur le manteau. Elle saisit la bouteille de bourbon.
– T’en veux un ?
J’aimerais bien, mais je refuse. J’ai bu assez d’alcool pour ce soir.
– Je vais me coucher, lui dis-je en m’extirpant du canapé.
– Désolée, Nikki. Je ne voulais pas…
– Je sais. Ne t’inquiète pas, tout va bien. Faut juste que je dorme un peu.
Nous voilà de nouveau copines, je le vois à son sourire narquois.
– Je veux bien te croire, ma vieille. T’as une réunion demain, pas vrai ? Et avec qui, cette réunion,
déjà ?
– Arrête !
Mais je souris en regagnant ma chambre. Elle a raison. Demain, j’ai du boulot, un truc important. Avec
Stark. Dans ses bureaux. Et en présence de mon patron.
Je me repasse tous les événements, en m’attardant un moment sur la culotte abandonnée dans la
limousine. Je me laisse tomber sur le lit, une seule idée en tête : Putain, qu’est-ce qui m’a pris ?