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– Je peux ?<br />

– Bien sûr !<br />

Je quitte l’abri du plan de travail et m’aventure jusqu’à la table. Je m’arrange pour laisser une chaise<br />

entre nous, mais Damien est encore trop près, je le sens. C’est comme si l’air était plus dense <strong>au</strong>tour de<br />

lui. Je glisse un doigt sous l’adhésif pour déballer le cade<strong>au</strong>, en faisant tout mon possible pour empêcher<br />

mes mains de trembler.<br />

En découvrant le cadre, je comprends immédiatement qu’il ne s’agit pas d’un cade<strong>au</strong> ordinaire. Un<br />

cadre d’une grande sobriété, mais d’une très belle facture. La toile, elle, me coupe littéralement le<br />

souffle : un coucher de soleil impressionniste, rendu avec un sens exa<strong>ce</strong>rbé du réel, comme si le<br />

spectateur regardait vers l’horizon à travers le prisme d’un rêve.<br />

– Splendide… dis-je d’un ton respectueux.<br />

Je me tourne vers Damien, qui semble prendre un plaisir infini à me voir réagir ainsi. Je comprends<br />

alors qu’il attendait <strong>ce</strong> moment avec impatien<strong>ce</strong>, et même une <strong>ce</strong>rtaine nervosité. Damien Stark redoutant<br />

ma réaction, quelle idée délicieuse…<br />

– Evelyn m’a dit que vous aimiez les couchers de soleil.<br />

Énoncée d’un ton désinvolte, <strong>ce</strong>tte remarque me fait à nouve<strong>au</strong> frissonner de plaisir.<br />

– Merci, lui dis-je.<br />

Un mot bien trop faible pour lui exprimer l’intensité de mes sentiments.<br />

Cette peinture me rappelle vaguement quelque chose… Ah oui, les toiles exposées dans le hall<br />

d’accueil des bure<strong>au</strong>x de Damien. Le cadre est identique. Je me rappelle en particulier deux couchers de<br />

soleil incroyables…<br />

– Elle vient de vos bure<strong>au</strong>x ?<br />

– Absolument ! Voilà, <strong>ce</strong>tte peinture s’est trouvé un nouve<strong>au</strong> foyer, chez une femme qui s<strong>au</strong>ra en<br />

apprécier la be<strong>au</strong>té.<br />

– Vous vous en êtes lassé ?<br />

– Bien sûr que non ! Mais la be<strong>au</strong>té, il f<strong>au</strong>t que tout le monde en pr<strong>of</strong>ite.<br />

En allant déposer la toile contre le mur, j’aperçois soudain sur le cadre une étiquette décolorée.<br />

– Un Monet ? Une copie, c’est ça ?<br />

– Pas du tout. Sinon, ça va ch<strong>au</strong>ffer pour Sotheby’s.<br />

– Mais… mais…<br />

– C’est d’abord un coucher de soleil qui me fait penser à vous, me dit-il d’un ton ferme, comme si <strong>ce</strong>la<br />

pouvait couper court à mes protestations.<br />

– Damien…<br />

– Un cade<strong>au</strong> qui n’arrive pas à la cheville de <strong>ce</strong>lui que vous m’avez laissé dans la limousine, ajoute-til,<br />

les yeux pétillants, un sourire malicieux <strong>au</strong>x lèvres.<br />

Une chaleur délicieuse naît entre mes cuisses.<br />

Damien sort de sa poche un peu de satin blanc. Lentement, sans me quitter du regard, il porte ma culotte<br />

à ses narines et la renifle pr<strong>of</strong>ondément. En voyant ses yeux s’assombrir de désir, je sens monter le même<br />

appel en moi. Les jambes en coton, je m’agrippe <strong>au</strong> dossier de la chaise.<br />

– Grâ<strong>ce</strong> à elle, mon trajet de retour a été des plus agréables.<br />

J’aimerais pouvoir me blottir dans <strong>ce</strong>tte voix dou<strong>ce</strong> comme du velours, mais c’est impossible.<br />

– Je vous en prie… Je vous en prie, ne recommen<strong>ce</strong>z pas…<br />

Je suis sûre qu’il va râler, mais il remet la culotte dans sa poche. Ouf ! Je déglutis en l’imaginant<br />

fourrée à <strong>ce</strong>t endroit. J’espère qu’il ne voudra jamais me la rendre…<br />

Nos regards se croisent, et pendant quelques secondes j’ai l’impression que tout l’air est aspiré hors<br />

de la piè<strong>ce</strong>. Puis Damien s’approche. Je peux à nouve<strong>au</strong> respirer, comme si le réel retrouvait sa pla<strong>ce</strong>.<br />

– Damien, non… dis-je en levant une main.

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