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– Arrêtez !
Il n’en fait rien.
– De quoi avez-vous peur, Nikki ?
– Je n’ai pas peur !
Le désir renaît au creux de mon ventre. J’éprouve tant de sensations… Mais où tout cela va-t-il me
mener ? Je n’ai pas peur, je suis terrifiée !
– Allons, Nikki ! réplique-t-il en me plaquant contre lui.
Puis il prend ma bouche brutalement, et me repousse aussi vite.
– Vous avez le goût de la peur… Dites-moi ce qui vous arrive. Bon sang, laissez-moi vous rassurer !
Je secoue la tête, incapable de prononcer un mot.
– D’accord. Je ne vous forcerai pas à respecter votre part du marché. Mais j’ai le droit de contempler
ce que je vais perdre.
Je le dévisage, effarée.
– Je voulais un portrait, mais je voulais aussi la femme. Complètement nue, Nikki. Nue, offerte sur mon
lit… J’ai le droit de voir ce qui va m’échapper.
La colère qui n’a fait que croître en moi s’embrase comme un feu arrosé d’essence :
– Vous vous fichez de moi ?
Parfaitement calme, il réplique froidement :
– Absolument pas. Ôtez votre jean. Je veux vous voir.
– Espèce de fils de pute…
Je sens une larme rouler sur ma joue. Je voulais me servir de mes cicatrices comme d’une arme ?
D’accord, allons-y ! Furieuse, je déboutonne vivement mon jean et baisse tout aussi vivement ma
fermeture Éclair. Je me débarrasse du jean en me tortillant, l’abandonnant à mes pieds, puis c’est au tour
de ces foutues tongs. Et je reste là, les jambes un peu écartées. Il ne peut pas rater les marques hideuses
sur mes hanches et à l’intérieur de mes cuisses.
– Espèce d’enfoiré !
Je ne sais pas à quoi je m’attendais. En tout cas, certainement pas à ce que Damien tombe à genoux
devant moi. Le visage à la hauteur de mes hanches, il caresse doucement la cicatrice la plus épaisse. Ce
jour-là, le couteau s’est enfoncé très profondément, mais j’ai eu trop peur pour courir aux urgences… J’ai
refermé la blessure moi-même, avec du ruban adhésif et de la colle forte, en maintenant la pression avec
un bandage élastique bien serré autour de ma cuisse. Je n’en ai parlé à personne… Et j’y ai gagné cette
cicatrice hideuse. Même aujourd’hui, des années plus tard, elle reste un peu rosâtre.
– Oh chérie… chuchote-t-il d’une voix douce comme une caresse. Je me doutais qu’il y avait un
problème, mais…
Sans terminer sa phrase, il effleure les cicatrices à l’intérieur de mes cuisses.
– Qui vous a fait ça ?
Les yeux fermés, je détourne la tête, honteuse.
Je l’entends pousser un petit soupir. Il vient de comprendre, je le sais, et je me force à le regarder.
– C’est ça qui vous faisait peur ? Que je découvre ces cicatrices ? Que je ne veuille plus de vous ?
La larme suspendue au bout de mon nez s’écrase sur son bras.
– Ma pauvre chérie…
Dans sa voix, j’entends un écho de ma souffrance. Soudain, il se penche et lèche l’une des horribles
marques. Je n’arrive pas à y croire ! Il la lèche sans hâte, puis l’embrasse tout doucement. Ensuite, il me
prend les mains et m’attire vers lui. Je suis agenouillée devant lui, maintenant.
Complètement chamboulée, secouée de hoquets, je grelotte et je pleure comme un bébé.
– Tout va bien, ma chérie… me souffle-t-il en me soulevant dans ses bras pour me transporter jusqu’au
lit.