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de Ju., qui va prendre le relais 15 de l’autre professionnel pour accompagner le jeune dans l’exercice d’une peine de<br />

travaux obligatoires. Plus tard, il pourra lui rendre visite régulièrement en prison et à sa sortie de prison. Le relais<br />

exercé par les deux professionnels a renforcé considérablement le travail entrepris par l’éducateur de rue et lui a<br />

permis d’aller plus loin dans l’engagement de son accompagnement.<br />

L’histoire de A.: Anne est une jeune fille qui vient aux rendez vous accompagnée toujours de ses camarades<br />

: l’éducatrice de prévention doit en tenir compte ; elle organise un séjour de travail aux vendanges avec l’ensemble<br />

du groupe de jeunes filles. Mais après un délit, l’éducatrice est interdite par ses responsables de poursuivre son<br />

action d’accompagnement car « la jeune n’habite plus sur le territoire d’intervention ». L’éducatrice transgresse son cadre et<br />

intervient sur son temps personnel. Grâce aux liens tissés, elle aide la jeune, la soutient et poursuit son action auprès<br />

de la mère en l’aidant à trouver un logement, à aller faire des courses.<br />

Dans cette interview, le fait de sortir de son cadre d’intervention emmène aussi le passage du professionnel au<br />

profane : ce passage est le résultat d’un choix au bout du compte, puisque l’éducatrice dit que depuis deux ans elle<br />

s’était sentie seule vis-à-vis de l’accompagnement de cette jeune fille, et a cherché des soutiens dans le réseau mais<br />

n’en a peu trouvés…donc ce passage est vécu comme parfois incontournable mais en même temps comme un<br />

moyen de s’en sortir même s’il comporte des risques.<br />

Ce sont les situations hors cadre, selon les professionnels interrogés, qui ont permis de trouver des ressources<br />

inattendues. Il faut dire aussi que la plupart des professionnels disent avoir trouvé des ressources au sein de leurs<br />

équipes dans le cadre de leur supervision mais plutôt auprès des jeunes eux-mêmes et auprès de leur famille, auprès<br />

de leur milieu de vie.<br />

2 . 2 . 4 . O b s e r v a t i o n s e n c o n c l u s i o n<br />

Dans les interviews, ils émergent différents points qui peuvent décrire les professionnels et leurs pratiques<br />

de travail.<br />

Pour ce qui concerne les professionnels, on peut remarquer que beaucoup entre eux ont été étonnés du<br />

fait que dans cette recherche sur les pratiques professionnelles on leur a demandé de quitter le récit généraliste et<br />

de présenter une situation concrète, révélant quand même le plaisir de participer à la recherche et d’exposer une<br />

partie de leur travail.<br />

Ce sont des professionnels qui utilisent beaucoup d’énergie et qui, malgré tout, expriment un grand sentiment<br />

d’échec vis-à-vis de la complexité des situations des« jeunes mineurs en prise avec la justice » et de leurs familles.<br />

A une telle complexité, on ajoute la complexité des institutions et des services, ce qui rend encore plus lourd<br />

le travail dans ce milieu. En particulier, émergent les difficultés de collaboration, ou mieux de partage entre les<br />

institutions, qui peuvent devenir des vrais conflits de pouvoir, et ont des retombées déconcertantes sur les usagers<br />

et eux-mêmes.<br />

L’utilisation du Sociogénogramme comme outil pour représenter le récit à construire a provoqué de l’étonnement<br />

: la visualisation des institutions et des professionnels concernés, des interventions faites comme activations<br />

réciproques entre les acteurs du système, y compris la famille naturellement, rend possible une majeure compréhension<br />

du réseau activé et de son complexité.<br />

A ce propos, cela est significatif dans l’affirmation d’un éducateur qui a commenté que l’outil du Sociogénogramme<br />

lui a permis « d’éclaircir les circuits et de voir comment les choses se passent réellement! ».<br />

A la fin des entretiens, comme on a déjà souligné, beaucoup de professionnels se sont rendus compte, grâce<br />

au Sociogénogramme, qu’ils avaient oublié de mentionner beaucoup de relais qu’ils avaient activés, tant ils étaient<br />

concentrés sur leur propre parcours, en perdant la dimension du parcours.<br />

La recherche d’un résultat dans l’intervention d’aide et de contrôle était l’objet principal de leur attention.<br />

Les points ressources qui pourraient aider à la transformation des choses étaient pour eux du hors cadre de travail<br />

et donc éloigné du but à atteindre. Comme l’on a déjà mis en évidence au début du paragraphe précédent, certains<br />

entre les intervenants disent se sentir enfermés, dans des circuits de travail « pré établis », dans des parcours quasi<br />

obligatoires avec le jeune « à suivre » sans la possibilité d’une attention particulière aux détails de ce parcours d’aide<br />

et de contrôle .<br />

Ils parlent même « d’un parcours de combattant ».<br />

Par conséquence, en recherchant les éléments qui avaient mené à une évolution de la situation, les professionnels<br />

racontaient des « transgressions » du cadre institutionnel de référence, mais ils n’avaient pas un vocabulaire<br />

précis pour décrire telles pratiques qu’ils avaient mises en place activés des usagers, entre lesquelles des rencontres<br />

qui ont favorisé un partage de la responsabilité entre intervenants d’institutions différentes.<br />

En conclusion, il émerge de la recherche avec évidence l’importance et la nécessité de pratiques qui permettent<br />

d’élargir le cadre institutionnel de l’intervention, en reconnaissant la validité et l’efficacité d’ « autres espaces »<br />

15 Voir description à page 117 et 118<br />

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