Livre-objet du 40e anniversaire - Gymnase du Soir

Françoise BURGIN
Ecolière à Courrendlin (JU), obtient son diplôme de l’Ecole supérieure
de Commerce à Delémont; émigre en 1975 dans la capitale vaudoise.
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« Le travail en solitaire ne me convenait guère »
Qu’allais-je faire dans cette galère? Cette question n’a pas cessé de m’habiter tout au long de la première
soirée passée au Gymnase du Soir. La salle de cours qui accueillait la volée était bondée à tel point que les
chaises disponibles n’avaient pas suffi. Il avait fallu recourir à des sièges supplémentaires pour asseoir tous
les participants. L’atmosphère m’avait semblé assez réfrigérante, augmentant encore ma timidité naturelle.
J’avais quitté le monde estudiantin depuis quelques années et je l’imaginais plus convivial. J’ai composé.
Curieusement, au fil des semaines, le nombre de participants s’était considérablement réduit. Au moment de
passer les examens, nous n’étions plus qu’une dizaine de candidats.
J’avais commencé ma préparation au préalable de façon autonome. Le travail en solitaire ne me convenait
guère; j’ai donc suivi les cours du Gymnase du Soir pendant une année, ce qui a dynamisé mes chances
de succès. L’enseignement dispensé était bon et les conseils judicieux, quand bien même je ne les aurais pas
toujours suivis. Ainsi, après avoir corrigé ma dernière dissertation, le professeur de français avait écrit sur ma
copie: «On est tout près du suffisant quant à la méthode et l’interprétation est consistante. Courage!» Pressée
d’aller de l’avant, je ne pouvais plus tenir compte de cette remarque: je m’étais inscrite aux examens et… je
les ai réussis! L’année passée au gymnase m’a donné le sentiment d’avoir fait un sérieux pas en avant, de
m’être enrichie, si bien que j’ai hésité à en rester là. Toutefois, la discipline que je m’étais imposée pendant
deux ans, tant au point de vue travail que financier, a eu raison de mon indécision. Immatriculée à l’UNIL,
j’ai suivi les cours de SSP jusqu’à l’obtention de ma licence. La troisième année d’études a été la plus
heureuse, celle où je me suis sentie le plus en adéquation avec l’environnement académique. Je l’ai
prolongée par un travail personnel sur Rosa Luxembourg,... une femme, une des premières en politique à
avoir fortement marqué son époque! Mon mémoire de licence sur cette militante jusqu’au-boutiste a mis fin
à mes études. L’envie de les poursuivre restait bien présente, mais, à plus de trente ans, il était temps de me
réinsérer dans la vie professionnelle.
Je l’ai fait, à pas feutrés. J’ai fêté cette année mes vingt ans d’activités dans l’administration communale
lausannoise, où je suis entrée en tant qu’auxiliaire à la Direction de la Sécurité sociale en 1985. Après trois
mois, j’ai été engagée à l’Administration générale, une direction à laquelle j’appartiens toujours. Depuis
quelques années, j’occupe un poste d’adjointe administrative au Service des études générales, chargée de
coordonner les relations avec les institutions à caractère touristique.
Jamais je n’ai regretté d’être entrée au service de la collectivité, même si les fonctionnaires font souvent figure
de mal aimés, en particulier lorsque la conjoncture économique n’est pas favorable. Travailler dans le service
public reste une manière de se mettre au service des citoyens, des partenaires de l’Etat – ou de la Commune –
et d’apporter sa contribution, aussi faible soit-elle, à la conduite des affaires publiques. Certains entrent en
politique pour défendre une vision de la société, d’autres assurent, du mieux qu’ils le peuvent, l’application
et le respect des décisions prises. Une tâche non négligeable en démocratie!