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Le miroir dans l'œuvre de Michelangelo Pistoletto - CDH

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« Il est une surface qui renvoie l’image redoublée <strong>de</strong> l’espace intérieur, et non<br />

une ouverture sur une autre scène. Qu’il réfléchisse ou non, le <strong>miroir</strong> interdit au<br />

regard du spectateur <strong>de</strong> « fuir » vers un autre espace représenté ; le <strong>miroir</strong> renvoie à<br />

la scène principale, ramène vers l’intérieur domestique. » (17)<br />

C’est le spectateur qui donne vie à l’œuvre. L’image mentale et l’image peinte<br />

se rejoignent <strong>dans</strong> une coprésence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux espaces et une simultanéité entre <strong>de</strong>ux<br />

temps.<br />

Temps<br />

<strong>Le</strong> <strong>miroir</strong> est soumis <strong>dans</strong> l’inconscient collectif à une part <strong>de</strong> fantastique : le<br />

désir <strong>de</strong> pénétrer et <strong>de</strong> voyager à travers. Alice <strong>de</strong> <strong>Le</strong>wis Caroll, Jean Cocteau (<strong>Le</strong><br />

sang du poète,1930) ou <strong>Pistoletto</strong> recherchent tous la violation <strong>de</strong> l’interdit d’un<br />

mortel, pour que l’homme se promène <strong>dans</strong> l’image et le temps. <strong>Pistoletto</strong> introduit<br />

trois dimensions <strong>dans</strong> son œuvre : il préserve le passé, révèle le présent et projette le<br />

futur. <strong>Le</strong> <strong>miroir</strong> : le présent vivant - c’est là ; la photographie : le passé statique - c’est<br />

toujours là. <strong>Le</strong> présent est le temps du <strong>miroir</strong>, traduit par l’instantanéité créée par le<br />

spectateur et son reflet. À l’opposé <strong>de</strong> la fenêtre albertienne qui ne définit qu’un seul<br />

point <strong>de</strong> vue. <strong>Pistoletto</strong> prolonge l’espace d’exposition et nous questionne face au<br />

reflet, sur le <strong>de</strong>vant et le <strong>de</strong>rrière d’un espace, le passé et le futur. En effet, le<br />

spectateur, lorsqu’il fait face à l’œuvre perçoit le passé et le présent mais pas le futur.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier se matérialise toutefois en pensée, lorsque le spectateur se met en<br />

mouvement et tourne le dos au <strong>miroir</strong>. <strong>Le</strong> spectateur projette donc l’image d’un future<br />

proche : son corps vu <strong>de</strong> dos reflété, tandis que le <strong>miroir</strong> continue à lire le présent.<br />

<strong>Le</strong>s Tableaux-<strong>miroir</strong>s sont <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> mémoire.<br />

L’image du <strong>miroir</strong> est immédiate. L’espace spéculaire enregistre passivement<br />

toutes les choses qui se passent <strong>de</strong>vant lui. Mais il ne peut pas fixer ni capter une<br />

image, il est inconstant et ne laisse aucune trace permanente du passage du<br />

spectateur. <strong>Le</strong>s Tableaux-<strong>miroir</strong> <strong>dans</strong> ce sens, sont amnésiques.<br />

Avec la série <strong>de</strong>s oggeti in meno (fig12), les objets en moins qu’il a réalisé<br />

entre 1965 et 1966, <strong>Pistoletto</strong> continue d’explorer l’idée <strong>de</strong> la représentation du temps.<br />

Cette fois-ci il s’aventure à l’intérieur du <strong>miroir</strong> à la manière d’ « Alice au pays <strong>de</strong>s<br />

merveilles » qui rentre <strong>dans</strong> un tiroir pour y découvrir un mon<strong>de</strong> imaginaire et le faire<br />

vivre. Il veut exprimer la notion <strong>de</strong> temps en s’engageant activement <strong>dans</strong> son travail,<br />

c’est-à-dire qu’en essayant d’entrer <strong>dans</strong> la dimension du <strong>miroir</strong>, il tente <strong>de</strong> rendre<br />

active la dimension du temps. Il voudrait <strong>de</strong> la même manière qu’avec son travail<br />

préce<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s <strong>miroir</strong>s en <strong>de</strong>ux dimensions que l’art pénètre <strong>dans</strong> l’espace <strong>de</strong> la réalité<br />

et que le temps réel <strong>de</strong>vienne objet tridimensionnel. De cette manière, chaque objet<br />

serait différent l’un <strong>de</strong> l’autre.<br />

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