Le miroir dans l'œuvre de Michelangelo Pistoletto - CDH
Le miroir dans l'œuvre de Michelangelo Pistoletto - CDH
Le miroir dans l'œuvre de Michelangelo Pistoletto - CDH
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
effet <strong>de</strong> multiplication <strong>de</strong>s perspectives. L’assemblage <strong>de</strong>s objets en moins <strong>dans</strong> le<br />
même lieu, offre <strong>de</strong>s perceptions multiples où le corps est comme projeté sur les<br />
objets.<br />
<strong>Le</strong>s oeuvres dialoguent, mais ne s’affaiblissent pas entre elles. À nouveau il ne<br />
s’agit pas pour <strong>Pistoletto</strong> <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong> ses propres œuvres. L’exposition ne tient<br />
pas <strong>dans</strong> l’idée d’une rétrospective, mais comporte le sens <strong>de</strong> confrontation et <strong>de</strong><br />
tensions nouvelles qui peuvent surgirent entre les œuvres. Dans une gran<strong>de</strong> pièce<br />
vi<strong>de</strong>, les oeuvres conçues <strong>dans</strong> la contingence <strong>de</strong> l’exécution <strong>de</strong> l’objet, sont placés<br />
<strong>de</strong> façon précise et il en émane une forte tension. On chemine, on évolue entre les<br />
objets <strong>de</strong> formes différentes qui nous racontent chacun sa propre histoire.<br />
L’infini : <strong>Le</strong> mètre cube d’infini<br />
<strong>Pistoletto</strong>, avec les objets en moins, nous fait participer à l’expérience <strong>de</strong> nous<br />
mouvoir entre les œuvres et comme nous allons le voir, parfois même pénétrer <strong>dans</strong><br />
l’œuvre. <strong>Le</strong> mètre cube d’infini (fig16), 1966, est un objet fermé sur lui-même. Il s’agit<br />
d’un cube opaque d’un mètre <strong>de</strong> côté, formé <strong>de</strong> six surfaces ficelées les unes aux<br />
autres qui se prolongent <strong>de</strong> quelques centimètres à l’extérieur du cube. Ces surfaces<br />
semblent peut-être provenir <strong>de</strong>s Tableaux <strong>miroir</strong>s, elles sont comme assemblées<br />
ensemble provisoirement. Une face miroitante et l’autre opaque, on remarque ainsi<br />
qu’à l’intérieur du cube, les surfaces sont réfléchissantes. De la même manière<br />
qu’avec certains Tableaux <strong>miroir</strong>s où les figures ont <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> corps tronqués,<br />
l’espace du mètre cube d’infini semble se prolonger indéfiniment et ne pas se limiter à<br />
l’espace donné. L’objet correspond à peu près à la dimension <strong>dans</strong> laquelle un<br />
humain peut s’insérer.<br />
<strong>Pistoletto</strong> parle <strong>de</strong> cette œuvre comme le premier <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> l'espace (le niveau<br />
un), un mètre sur un mètre sur un mètre. <strong>Le</strong>s <strong>miroir</strong>s délimitent un espace entre eux et<br />
cet espace se multiplie à l’infini. L’effet miroitant <strong>dans</strong> le cube n’est donc pas visible,<br />
on entre <strong>dans</strong> l’intimité <strong>de</strong> l’œuvre exclusivement avec l’imagination.<br />
C’est l’imagination qui donne une dimension métaphysique à cette œuvre. La<br />
dimension n’est pas perçue <strong>dans</strong> un sens religieux car l’artiste rejette la religion qui<br />
fait partie à son avis d’un système politique qui organise la spiritualité. En revanche, il<br />
pense que l’art peut nous libérer et apporter une profon<strong>de</strong>ur à l’esprit. Selon cette<br />
considération, les icônes, à travers l'imagination, emportent le croyant vers les<br />
hauteurs <strong>de</strong>s cieux. <strong>Le</strong> Mètre cube d'infini, lui aussi fonctionne comme un portail, il<br />
nous envoie vers <strong>de</strong>s lieux cosmiques, aux frontières <strong>de</strong> notre perception. Vers le<br />
Paradis? Vers les limites <strong>de</strong> l'univers?<br />
L’œuvre semble contenir l’univers en son sein. Un univers propre à chacun <strong>de</strong><br />
nous. Une gran<strong>de</strong> concentration d’énergie émane <strong>de</strong> cette œuvre et l’on peut en<br />
comprendre une substance spirituelle. On retrouve à nouveau le premier élan créateur<br />
16