Le miroir dans l'œuvre de Michelangelo Pistoletto - CDH
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Il est intéressant <strong>de</strong> voir que <strong>Pistoletto</strong> trouve avec le mètre cube d’infini la<br />
limite <strong>de</strong> sa recherche. Une limite physique qui est l’infini. Interpellé par le travail du<br />
cubo specchiatto <strong>de</strong> Lucio Fabbro qui reprend et réinterprète cette œuvre, <strong>Pistoletto</strong><br />
fait un corollaire du mètre cube d’infini, le rétrocube d’infini (fig21).<br />
En 1994, à Munich, <strong>dans</strong> l’impossibilité <strong>de</strong> rentrer physiquement <strong>dans</strong> l’œuvre,<br />
un groupe d’intervenants, dont <strong>Pistoletto</strong> prennent leurs massues et détruisent<br />
sauvagement l’œuvre. Elle éclate alors en milles morceaux, éparpillés <strong>dans</strong> la salle<br />
d’exposition. <strong>Le</strong>s conséquences sont multiples.<br />
Premièrement, la fragilité <strong>de</strong> l’œuvre est mise ainsi en valeur et une autre<br />
forme d’infini est produite. Un infini matériel, l’infini <strong>de</strong> la division <strong>de</strong> la matière.<br />
Deuxièmement, le concept <strong>de</strong> l’infini est plus fort que la matière, car il persiste<br />
même après la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> l’œuvre.<br />
Finalement, on peut dire que la <strong>de</strong>struction du cube est un geste presque<br />
shamanique. Un geste qui essaye <strong>de</strong> libérer une possible énergie, une possible<br />
substance cosmique renfermée par les six faces miroitantes du cube. Ces faces se<br />
projettent l’une l’autre jusqu’à l’infini, jusqu’aux limites <strong>de</strong> l’univers et l’artiste s’imagine<br />
qu’elles ont peut-être acquis une connaissance précieuse, que l’être humain cherche<br />
en vain <strong>de</strong>puis longtemps. Mais il se peut aussi que cet acte <strong>de</strong> violence face à cet<br />
objet soit l’expression <strong>de</strong> la frustration <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> ne pas pouvoir aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
sa condition humaine. De ne pas avoir accès aux connaissances <strong>de</strong> l’univers.<br />
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