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Le miroir dans l'œuvre de Michelangelo Pistoletto - CDH

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mon<strong>de</strong>: l’art se ressource par la vie. <strong>Le</strong> nombre d’or, la perspective, « L’uomo<br />

quadrato », sont <strong>de</strong>s principes mesurables inspirés par la nature.<br />

<strong>Le</strong>s cages <strong>miroir</strong>s (fig19) sont une suite d’objets posés sur le sol. Ils sont<br />

composés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>miroir</strong>s tenus à la vertical par une structure métallique qui rappelle<br />

une cage. Selon l’angle d’ouverture <strong>de</strong>s <strong>miroir</strong>s, on peut avoir un nombre <strong>de</strong> reflets <strong>de</strong><br />

3, 6,12 jusqu’à l’infini. <strong>Le</strong>s objets sont montrés en série, le <strong>de</strong>rnier étant celui qui<br />

représente l’infini. Si <strong>dans</strong> les autres objets on peut voir l’espace reflété <strong>dans</strong> les<br />

<strong>miroir</strong>s, <strong>dans</strong> le <strong>de</strong>rnier objet, à la manière du mètre cube d’infini, on ne peut rentrer<br />

que par l’imagination. La notion <strong>de</strong> l’infini est abstraite, irréelle, une notion qu’on<br />

n’arrive pas à vivre physiquement. Peut-être arrive-t-on à nos limites <strong>de</strong> la<br />

compréhension. On est face à <strong>de</strong>s concepts, à <strong>de</strong>s imaginations qui illustrent<br />

vaguement une situation impossible d’être vécue. La <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>s cages <strong>miroir</strong>s ainsi<br />

que le mètre cube d’infini, enferment un précieux savoir que nous ne voyons pas<br />

directement. On peut traduire cette idée par la frustration <strong>de</strong> la condition humaine.<br />

Épilogue<br />

Une année après la réalisation du mètre cube d’infini <strong>de</strong> <strong>Pistoletto</strong>, Lucio Fabro<br />

réunit lui aussi la « matière <strong>miroir</strong> » et le thème du cube <strong>dans</strong> son œuvre, le cubo<br />

specchiatto (fig20) (1967-75). Il est intéressant <strong>de</strong> rapprocher ses <strong>de</strong>ux œuvres et <strong>de</strong><br />

discerner la position <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux artistes face au <strong>miroir</strong> et à l’espace créé par<br />

le cube.<br />

<strong>Le</strong> Cubo specchiatto est construit par <strong>de</strong>s <strong>miroir</strong>s internes et externes, construit<br />

selon la hauteur et la largeur <strong>de</strong> l’artiste, créant ainsi un espace personnel en son<br />

sein.<br />

Lors du vernissage, un acteur, placé à l’intérieur du cube récite un texte. Son<br />

corps est démultiplié à l’infini par le face à face <strong>de</strong>s <strong>miroir</strong>s et le renvoie à sa propre<br />

solitu<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> public entend la voix d’une personne à travers le plan du <strong>miroir</strong>, mais ne<br />

voit pas où elle naît. Il y a seulement le son <strong>de</strong> la voix qui fasse le lien entre l’intérieur<br />

et l’extérieur du cube. <strong>Le</strong> spectateur s‘interroge sur le contenu mais aussi sur la nature<br />

<strong>de</strong> l’espace. Devant la surface du <strong>miroir</strong>, le spectateur se projette à l’interieur et suit la<br />

voix à travers le <strong>miroir</strong>, tout comme Alice. Fabro parvient à donner l’illusion d’un<br />

espace spéculaire pénétrable par la seule voix d’un homme. Il crée un échantillon du<br />

mon<strong>de</strong> impénétrable du <strong>miroir</strong>.<br />

À l’extérieur, les spectateurs, invités à s’asseoir tout autour du cube, se<br />

reflètent sur chaque face. <strong>Le</strong>s <strong>miroir</strong>s réfléchissent l’environnement extérieur tout en<br />

masquant ce qui se trouve à l’intérieur d’eux-mêmes. <strong>Le</strong> visible et l’invisible, l’un et le<br />

multiple, se côtoient. L’œuvre <strong>de</strong> Fabro ne donne pas à voir un seul point <strong>de</strong> vue, il<br />

invite le regar<strong>de</strong>ur à se déplacer. Comme chez <strong>Pistoletto</strong>, l’interaction entre l’œuvre et<br />

le spectateur est essentielle. L’objet artistique s’enrichit par la perception, l’expérience<br />

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