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Méthodes spectrales pour une analyse en fatigue des structures ...

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Bruxelles<br />

Université Libre de<br />

F a c u l t é d e s S i e n c e s A p p l i q u é e s<br />

<strong>Métho<strong>des</strong></strong> <strong>spectrales</strong> <strong>pour</strong> <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>fatigue</strong> <strong>des</strong> <strong>structures</strong> métalliques sous<br />

chargem<strong>en</strong>ts aléatoires multiaxiaux<br />

Xavier Pitoiset<br />

30 mars 2001<br />

Thèse soumise <strong>pour</strong> l’obt<strong>en</strong>tion du grade de docteur <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces<br />

appliquées<br />

Laboratoire <strong>des</strong> Structures Actives<br />

Départem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> constructions mécaniques et de<br />

robotique


Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

Cette thèse est le résultat de quatre années de recherche passées au Laboratoire <strong>des</strong><br />

Structures Actives de l’Université Libre de Bruxelles. Elle a débuté par mon service<br />

national français de 16 mois effectué <strong>pour</strong> la Société Europé<strong>en</strong>ne de Propulsion et s’est<br />

<strong>pour</strong>suivie dans le cadre d’<strong>une</strong> bourse Marie-Curie de la Commission Europé<strong>en</strong>ne.<br />

Je ti<strong>en</strong>s à remercier particulièrem<strong>en</strong>t le Professeur André Preumont, mon directeur de<br />

thèse et directeur du laboratoire, <strong>pour</strong> m’avoir fait découvrir les vibrations aléatoires,<br />

<strong>pour</strong> son accueil ainsi que <strong>pour</strong> sa disponibilité et ses conseils tout au long de ces quatre<br />

ans. Je remercie égalem<strong>en</strong>t la petite équipe du laboratoire, <strong>en</strong> particulier Vinc<strong>en</strong>t<br />

Piéfort, <strong>pour</strong> son aide précieuse tant sur les vibrations aléatoires et la <strong>fatigue</strong> que sur<br />

la vie bruxelloise ainsi que Frédéric Boss<strong>en</strong>s, Arnaud François, Pierre De Man, Nicolas<br />

Loix et les autres membres du groupe <strong>pour</strong> le support MATLAB, les discussions<br />

techniques ou conviviales et leur sympathie.<br />

Je suis égalem<strong>en</strong>t très reconnaissant <strong>en</strong>vers Alain Kernilis de SNECMA-Moteurs<br />

Fusées qui a initié le projet, l’a sout<strong>en</strong>u et a <strong>en</strong>couragé le développem<strong>en</strong>t de la<br />

MATLAB Random Fatigue Toolbox ; merci égalem<strong>en</strong>t à nos autres part<strong>en</strong>aires industriels,<br />

M. Marucchi-Chierro d’Al<strong>en</strong>ia Aerospazio Turin, M. Klein et M. H<strong>en</strong>riks<strong>en</strong><br />

de l’Ag<strong>en</strong>ce Spatiale Europé<strong>en</strong>ne (ESTEC) <strong>pour</strong> leur confiance et leur collaboration.<br />

J’ai égalem<strong>en</strong>t eu la chance de r<strong>en</strong>contrer de nombreux collègues travaillant dans le<br />

même domaine et qui m’ont apporté de l’aide, <strong>des</strong> conseils avisés et <strong>des</strong> <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts.<br />

A cette occasion, j’adresse toute ma gratitude à Igor Rychlik, professeur du<br />

départem<strong>en</strong>t de mathématiques statistiques de l’université de Lund, <strong>en</strong> Suède. J’ai<br />

eu le plaisir de travailler avec lui alternativem<strong>en</strong>t à Lund et à Bruxelles et il m’a<br />

considérablem<strong>en</strong>t aidé au niveau <strong>des</strong> mathématiques probabilistes et statistiques. Je<br />

ti<strong>en</strong>s égalem<strong>en</strong>t à remercier Jean-Louis Robert et Basti<strong>en</strong> Weber de l’INSA Lyon, <strong>pour</strong><br />

leur sympathie et leurs explications sur les critères et le modèle de prédiction de durée<br />

de vie qu’ils ont développé. Je suis égalem<strong>en</strong>t reconnaissant <strong>en</strong>vers André Galtier, responsable<br />

du départem<strong>en</strong>t Fatigue et Rupture d’USINOR (Laboratoire IRSID), <strong>pour</strong><br />

ses <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts et son accueil dans le groupe de travail sur la <strong>fatigue</strong> multiaxiale<br />

de la Société Française de Métallurgie et de Matériaux. J’exprime égalem<strong>en</strong>t ma gratitude<br />

à Guy Robert et Yvan Radovcic de SAMTECH SA <strong>pour</strong> avoir supporté mes<br />

questions concernant le code élém<strong>en</strong>ts finis SAMCEF et le logiciel BOSS QUATTRO.<br />

Enfin, je remercie Sylvie <strong>pour</strong> l’<strong>en</strong>thousiasme croissant qu’elle manifeste à l’égard de<br />

la transformée de Fourier suite à la relecture de mes papiers.<br />

iii


iv 0. Remerciem<strong>en</strong>ts


Résumé<br />

Cette thèse est consacrée au développem<strong>en</strong>t de métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> de dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> de <strong>structures</strong> soumises à <strong>des</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts aléatoires. Après un<br />

court chapitre introduisant les vibrations aléatoires et la <strong>fatigue</strong> <strong>des</strong> métaux, le chapitre<br />

2 traite <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> temporelles et <strong>spectrales</strong> proposées dans la littérature et<br />

applicables à <strong>des</strong> états de contrainte uniaxiaux. Les performances <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong><br />

par rapport à <strong>une</strong> méthode temporelle de référ<strong>en</strong>ce sont analysées au moy<strong>en</strong><br />

de simulations numériques. Le chapitre 3 est dédié à l’étude <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong><br />

applicables à <strong>des</strong> états de contraintes multiaxiaux aléatoires. Une méthode temporelle<br />

de référ<strong>en</strong>ce permettant de calculer la durée de vie d’<strong>une</strong> pièce à partir <strong>des</strong><br />

historiques <strong>des</strong> t<strong>en</strong>seurs <strong>des</strong> contraintes locaux est prés<strong>en</strong>tée. Les résultats obt<strong>en</strong>us<br />

<strong>en</strong> appliquant les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> proposées sont comparés à ceux obt<strong>en</strong>us par<br />

la méthode temporelle de référ<strong>en</strong>ce lorsque celle-ci est appliquée à <strong>des</strong> simulations<br />

de Monte-Carlo. Divers critères d’<strong>en</strong>durance multiaxiaux sont <strong>en</strong>suite prés<strong>en</strong>tés au<br />

chapitre 4. Deux d’<strong>en</strong>tre eux sont <strong>pour</strong> la première fois, à la connaissance de l’auteur,<br />

formulés dans le domaine de Fourier. Les nouvelles formulations <strong>spectrales</strong> sont validées<br />

par rapport aux critères temporels initiaux à partir du modèle élém<strong>en</strong>ts finis<br />

d’<strong>une</strong> structure simple. Le gain de temps qu’apport<strong>en</strong>t ces nouvelles formulations est<br />

mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce. L’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> outils fréqu<strong>en</strong>tiels développés dans ces chapitre sont<br />

<strong>en</strong>suite appliqués à l’<strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> de la tuyère diverg<strong>en</strong>te du moteur Vulcain II<br />

d’Ariane V. Cette étude est décrite au chapitre 5. Enfin, le chapitre 6 illustre deux<br />

applications possibles <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> <strong>en</strong> bureau d’étu<strong>des</strong>, d’<strong>une</strong> part, dans le<br />

but de concevoir un système d’amortissem<strong>en</strong>t actif <strong>des</strong> vibrations à l’aide de capteurs<br />

et d’actionneurs piézoélectriques et d’autre part, <strong>en</strong> vue d’<strong>une</strong> optimisation structurale<br />

<strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire. Les diverses conclusions de notre recherche sont<br />

rassemblées au chapitre 7.<br />

v


vi 0. Résumé


Table <strong>des</strong> matières<br />

Remerciem<strong>en</strong>ts iii<br />

Résumé v<br />

Liste <strong>des</strong> symboles xi<br />

1 Introduction 1<br />

1.1 Introduction aux vibrations aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1<br />

1.2 Introduction à la <strong>fatigue</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />

1.3 Organisation de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

2 Fatigue uniaxiale aléatoire 9<br />

2.1 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />

2.1.1 Chargem<strong>en</strong>t à amplitude constante et courbe de Wöhler . . . . 10<br />

2.1.2 Effet d’<strong>une</strong> contrainte moy<strong>en</strong>ne non nulle . . . . . . . . . . . . 11<br />

2.1.3 Cumul du dommage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13<br />

2.1.4 Méthode ”rainflow” de comptage <strong>des</strong> cycles . . . . . . . . . . . 13<br />

2.2 Domaine fréqu<strong>en</strong>tiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

2.2.1 Définition d’<strong>une</strong> d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance . . . . . . . . . 15<br />

2.2.2 Propriétés statistiques <strong>des</strong> signaux aléatoires . . . . . . . . . . 17<br />

2.3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> <strong>spectrales</strong> de calcul du dommage . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

2.3.1 L’approximation de Rayleigh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

2.3.2 Facteurs de correction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

2.3.3 Méthode du ”Single Mom<strong>en</strong>t” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.4 Simulations de Monte-Carlo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.4.1 Comparaisons <strong>en</strong>tre simulations rainflow et métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> 25<br />

2.4.2 Distribution <strong>des</strong> cycles rainflow et du dommage . . . . . . . . . 27<br />

2.5 Calcul <strong>des</strong> cycles rainflow à partir d’<strong>une</strong> PSD . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

2.5.1 Approches empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

2.5.2 Méthode de Markov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32<br />

2.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36<br />

3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire 41<br />

3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41<br />

vii


viii TABLE DES MATI ÈRES<br />

3.2 Méthode temporelle de prédiction de durée de vie . . . . . . . . . . . . 42<br />

3.2.1 Projection du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sur un plan . . . . . . . . 43<br />

3.2.2 Chargem<strong>en</strong>t multiaxial périodique . . . . . . . . . . . . . . . . 44<br />

3.2.3 Chargem<strong>en</strong>t multiaxial variable ou aléatoire . . . . . . . . . . . 46<br />

3.2.4 Simulation de Monte-Carlo d’un processus vectoriel aléatoire . 48<br />

3.3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de prédiction de durée de vie . . . . . . . . . . 49<br />

3.3.1 Méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises . . . . . . . 49<br />

3.3.2 Méthode du rainflow multiaxial . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

3.4 Application à <strong>une</strong> structure simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55<br />

3.5 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56<br />

3.5.1 Temps de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58<br />

3.5.2 Analyse <strong>des</strong> zones critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58<br />

3.5.3 Explication <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ces observées . . . . . . . . . . . . . . . 60<br />

3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61<br />

4 Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire 65<br />

4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65<br />

4.2 Les différ<strong>en</strong>ts types de critères multiaxiaux . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

4.2.1 Les critères de type plan critique . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

4.2.2 Les critères de type approche globale . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

4.2.3 Optimisation <strong>des</strong> temps de calcul <strong>des</strong> critères . . . . . . . . . . 71<br />

4.3 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake . . . . . . . . . . . . . 71<br />

4.3.1 Définition fréqu<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> contraintes relatives à un plan physique<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72<br />

4.3.2 Définition fréqu<strong>en</strong>tielle du plus petit cercle circonscrit . . . . . 73<br />

4.3.3 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère . . . . . . . . . . . . . . . . 76<br />

4.4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du Critère de Crossland . . . . . . . . . . . . 77<br />

4.4.1 Première formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère . . . . . . . . . . 77<br />

4.4.2 Seconde formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère . . . . . . . . . . . 78<br />

4.5 Application à <strong>une</strong> structure simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

4.5.1 Application du critère de Matake : domaines temporel et<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

4.5.2 Application du critère de Crossland : domaines temporel et<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81<br />

4.6 Variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes principales . . . . . . . . . . 83<br />

4.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />

5 Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain d’Ariane V 91<br />

5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91<br />

5.2 Prés<strong>en</strong>tation de la structure et définition du chargem<strong>en</strong>t . . . . . . . . 92<br />

5.3 Analyse modale et <strong>analyse</strong> spectrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96<br />

5.4 Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96<br />

5.4.1 Application <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> de prédiction de durée de<br />

vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

5.4.2 Application <strong>des</strong> formulations <strong>spectrales</strong> <strong>des</strong> critères d’<strong>en</strong>durance 99


TABLE DES MATIÈRES ix<br />

5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100<br />

6 Quelques perspectives 103<br />

6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103<br />

6.2 Amortissem<strong>en</strong>t actif contre <strong>fatigue</strong> aléatoire . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

6.2.1 Description de la structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

6.2.2 Conception d’un contrôleur multi-mode PPF . . . . . . . . . . 105<br />

6.3 Optimisation contre <strong>fatigue</strong> aléatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />

6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

7 Conclusions 115<br />

A Simulation de processus vectoriels gaussi<strong>en</strong>s 119<br />

A.1 Echantillons d’un processus gaussi<strong>en</strong> stationnaire . . . . . . . . . . . . 119<br />

A.2 Echantillons d’un processus vectoriel gaussi<strong>en</strong> stationnaire . . . . . . . 121<br />

B Facteur de pic 125


x TABLE DES MATI ÈRES


Liste <strong>des</strong> symboles<br />

symbole signification<br />

b niveau d’un seuil ou d’un maximum défini <strong>pour</strong> <strong>une</strong> variable aléatoire<br />

c vecteur constant interv<strong>en</strong>ant dans la formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du<br />

rainflow multiaxial éq. (3.23)<br />

C constante de l’équation de Basquin Ns β = C décrivant la courbe<br />

de Wöhler<br />

C(γ, φ) matrice apparaissant dans la projection du vecteur <strong>des</strong> contraintes<br />

sur un plan physique défini par les angles sphériques (γ, φ)<br />

Ca amplitude maximale de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant<br />

sur un plan physique<br />

d dommage produit par un cycle élém<strong>en</strong>taire de la contrainte<br />

d(ψ) dommage relatif au plan physique ψ (approche du plan critique)<br />

D dommage cumulé produit par <strong>une</strong> séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t<br />

er, ep<br />

épaisseurs de la plaque étudiée au chapitre 6<br />

E[x] espérance mathématique de la variable aléatoire x<br />

f0(N) limite d’<strong>en</strong>durance à N cycles <strong>en</strong> traction répétée<br />

f−1(N) limite d’<strong>en</strong>durance à N cycles <strong>en</strong> traction alternée<br />

F (N) facteur de pic d’un processus observé p<strong>en</strong>dant N cycles<br />

(formule de Dav<strong>en</strong>port éq. (4.26))<br />

g terme général désignant un critère d’amorçage <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale<br />

J<br />

<br />

Jacobi<strong>en</strong> de la transformation résultant d’un changem<strong>en</strong>t de variables<br />

J2,a amplitude du deuxième invariant du déviateur du t<strong>en</strong>seur<br />

<strong>des</strong> contraintes<br />

mom<strong>en</strong>t spectral d’ordre a<br />

ma<br />

MT<br />

nombre de maxima par unité de temps<br />

n vecteur normal à un plan physique défini par les angles<br />

sphériques (γ, φ)<br />

xi


xii 0. Liste <strong>des</strong> symboles<br />

symbole signification<br />

N nombre de cycles à l’amorçage d’<strong>une</strong> fissure<br />

Ne nombre de cycles à la limite d’<strong>en</strong>durance du matériau<br />

Nx(b) nombre de franchissem<strong>en</strong>ts à p<strong>en</strong>te positive du niveau b<br />

par la variable aléatoire x<br />

p pression hydrostatique, premier invariant du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes<br />

px(x) d<strong>en</strong>sité de probabilité de la variable aléatoire x<br />

Q matrice constante utilisée dans les formulations fréqu<strong>en</strong>tielles<br />

<strong>des</strong> métho<strong>des</strong> de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises éq. (3.18)<br />

et du multiaxial rainflow éq. (3.28)<br />

Qθ matrice de rotation d’un angle θ <strong>en</strong>tre deux repères<br />

R rayon du plus petit cercle circonscrit au trajet décrit par la contrainte<br />

de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur un plan physique<br />

Rx(τ) fonction de corrélation de la variable aléatoire x<br />

s contrainte uniaxiale (chapitre 2) ou vecteur <strong>des</strong> contraintes<br />

(à partir du chapitre 3)<br />

sa amplitude de la contrainte<br />

saeq amplitude de la contrainte cyclique de moy<strong>en</strong>ne nulle équival<strong>en</strong>te<br />

<strong>en</strong> terme de dommage à un cycle de contrainte d’amplitude<br />

sa et de moy<strong>en</strong>ne sm<br />

sc contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises définie éq. (3.11)<br />

se limite d’<strong>en</strong>durance du matériau<br />

sm contrainte moy<strong>en</strong>ne<br />

sn contrainte normale à un plan physique variant dans la direction n<br />

sna amplitude de la contrainte normale sn<br />

snm partie moy<strong>en</strong>ne de la contrainte normale sn<br />

sr contrainte équival<strong>en</strong>te selon la méthode du rainflow multiaxial<br />

définie éq. (3.23)<br />

sψ vecteur <strong>des</strong> contraintes relatives au plan physique ψ défini éq. (3.3)<br />

sx contrainte normale selon x dans le repère structural (x, y)<br />

sy contrainte normale selon y dans le repère structural (x, y)<br />

sxy contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t dans le repère structural (x, y)<br />

Su contrainte ultime de traction<br />

t−1(N) limite d’<strong>en</strong>durance à N cycles <strong>en</strong> torsion alternée<br />

T période d’observation d’un processus aléatoire<br />

Ta projection du trajet décrit par la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t<br />

sur <strong>une</strong> droite du plan (critère de Papadopoulos)<br />

vitesse de convection longitudinale d’<strong>une</strong> turbul<strong>en</strong>ce<br />

Ul


symbole signification<br />

X(ω, T ) transformée de Fourier tronquée d’<strong>une</strong> variable aléatoire x<br />

sur <strong>une</strong> période T<br />

amplitude modale relative au mode m<br />

ym<br />

α(N) coeffici<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ant dans le calage à N cycles d’un critère<br />

multiaxial<br />

αim composante i de la contrainte modale induite par le mode m<br />

β exposant de l’équation de Basquin Nsβ = C décrivant la courbe<br />

de Wöhler<br />

β(N) coeffici<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ant dans la calage à N cycles d’un critère<br />

multiaxial<br />

γ angle sphérique définissant un plan physique (l’angle sphérique<br />

complém<strong>en</strong>taire est φ)<br />

γ facteur d’irrégularité d’un processus aléatoire défini éq. (2.19)<br />

Γ(x) fonction gamma définie éq. (2.29)<br />

∆(b) taux de dommage produit par les maxima compris dans<br />

l’intervalle [b, b + db[<br />

∆s ét<strong>en</strong>due <strong>en</strong>tre deux extrema successifs d’un historique d’<strong>une</strong><br />

contrainte<br />

ɛ indicateur de la largeur de bande d’un processus aléatoire<br />

défini éq. (2.20)<br />

η amplitude réduite d’un maximum par rapport à l’écart type σ<br />

du processus aléatoire<br />

θ angle de rotation <strong>en</strong>tre deux repères<br />

θ(N) coeffici<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ant dans le calage à N cycles d’un critère<br />

multiaxial<br />

µ(r) nombre moy<strong>en</strong> de franchissem<strong>en</strong>ts par unité de temps du cercle<br />

de rayon r par la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur un plan<br />

physique<br />

ν +<br />

b nombre moy<strong>en</strong> de franchissem<strong>en</strong>ts du seuil b par <strong>une</strong> variable<br />

aléatoire par unité de temps<br />

ξ amortissem<strong>en</strong>t modal<br />

ρxy coeffici<strong>en</strong>t de corrélation <strong>en</strong>tre les variables aléatoires x et y<br />

σx écart type du processus aléatoire x<br />

Σ matrice de covariance d’un processus vectoriel aléatoire<br />

τn ou τ vecteur représ<strong>en</strong>tant la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant<br />

sur un plan physique τ = (τu, τv) T , (u, v) étant <strong>une</strong> base du plan<br />

de normal n<br />

xiii


xiv 0. Liste <strong>des</strong> symboles<br />

symbole signification<br />

τna amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur le plan<br />

de normal n<br />

τnm partie moy<strong>en</strong>ne de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur le plan<br />

de normal n<br />

τu composante selon u de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur un<br />

plan physique<br />

τv composante selon v de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur un<br />

plan physique<br />

φ angle sphérique définissant un plan physique<br />

(l’angle sphérique complém<strong>en</strong>taire est γ)<br />

Φxx(ω) d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance (PSD) de la variable aléatoire x<br />

Φx(ω) matrice <strong>des</strong> PSD relative au procesus vectoriel aléatoire x<br />

ψ plan physique défini par sa normale n ou les angles sphériques (γ, φ)<br />

ω fréqu<strong>en</strong>ce


Chapitre 1<br />

Introduction<br />

1.1 Introduction aux vibrations aléatoires<br />

La théorie <strong>des</strong> vibrations aléatoires a été développée afin de prédire la réponse <strong>des</strong><br />

<strong>structures</strong> soumises à <strong>des</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts aléatoires. Les ingénieurs sont confrontés à<br />

ce type de problème lorsqu’ils souhait<strong>en</strong>t prédire par exemple :<br />

– la réponse <strong>des</strong> ponts et <strong>des</strong> bâtim<strong>en</strong>ts soumis à l’action du v<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong>core aux<br />

tremblem<strong>en</strong>ts de terre,<br />

– la réponse <strong>des</strong> bateaux ou <strong>des</strong> plate-formes de forage soumis à l’action de la houle,<br />

– la réponse <strong>des</strong> chassis et élém<strong>en</strong>ts de susp<strong>en</strong>sions de véhicules qui dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t de la<br />

rugosité de la route,<br />

– la réponse <strong>des</strong> avions soumis à <strong>des</strong> turbul<strong>en</strong>ces atmosphériques ou les lanceurs<br />

spatiaux soumis à <strong>des</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t acoustiques sévères lors du lancem<strong>en</strong>t,<br />

– la réponse <strong>des</strong> équipem<strong>en</strong>ts embarqués soumis aux vibrations <strong>des</strong> supports, etc.<br />

Les applications sont donc très diverses. Le développem<strong>en</strong>t de cette théorie a demandé<br />

plusieurs déc<strong>en</strong>nies et de nombreux travaux dans les différ<strong>en</strong>ts domaines que<br />

sont la dynamique <strong>des</strong> <strong>structures</strong>, l’<strong>analyse</strong> <strong>des</strong> signaux aléatoires et la mécanique<br />

probabiliste. C’est à la fin <strong>des</strong> années 50, avec les programmes civils et militaires<br />

d’explorations spatiales que la première théorie <strong>des</strong> vibrations aléatoires est apparue.<br />

Parmi les ouvrages de référ<strong>en</strong>ce, citons par ordre chronologique les travaux majeurs de<br />

Crandall & Mark [4] <strong>en</strong> 1963, puis l’importante contribution dans les développem<strong>en</strong>ts<br />

mathématiques <strong>des</strong> vibrations aléatoires de Lin [8] <strong>en</strong> 1967. Parallèlem<strong>en</strong>t à ces<br />

développem<strong>en</strong>ts, d’importants progrès ont été réalisés dans le domaine de la mesure<br />

et l’estimation <strong>des</strong> paramètres de processus aléatoires et l’<strong>analyse</strong> spectrale. Le livre<br />

de référ<strong>en</strong>ce dans ce domaine a été publié par B<strong>en</strong>dat & Piersol [2] <strong>en</strong> 1966. Avec le<br />

développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> ordinateurs, <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s d’acquisition de signaux portables, <strong>des</strong><br />

capteurs et <strong>des</strong> logiciels d’<strong>analyse</strong> modale, la pratique <strong>des</strong> vibrations aléatoires est<br />

dev<strong>en</strong>ue de plus <strong>en</strong> plus courante dans l’industrie, <strong>des</strong> ouvrages réc<strong>en</strong>ts montr<strong>en</strong>t les<br />

différ<strong>en</strong>ts développem<strong>en</strong>ts réalisés dans ce domaine au cours <strong>des</strong> dernières déc<strong>en</strong>nies :<br />

Preumont [9], Wirshing et al. [10].


2 1. Introduction<br />

L’<strong>une</strong> <strong>des</strong> hypothèses <strong>en</strong> vibrations aléatoires est que la structure est déterministe, sa<br />

géométrie et les caractéristiques <strong>des</strong> matériaux qui la constitu<strong>en</strong>t sont donnés. Elle est<br />

égalem<strong>en</strong>t supposée linéaire. Sa réponse à <strong>une</strong> excitation aléatoire est prédite à partir<br />

d’un modèle numérique souv<strong>en</strong>t réalisé <strong>en</strong> utilisant la méthode <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts finis.<br />

La difficulté majeure de l’<strong>analyse</strong> d’<strong>une</strong> structure soumise à <strong>des</strong> excitations aléatoires<br />

se situe dans la définition même de l’excitation physique qui agit sur celle-ci. Cette<br />

excitation doit être définie afin d’être compatible avec la modélisation par élém<strong>en</strong>ts<br />

finis. Elle peut être appliquée soit aux supports (excitation de type sismique) soit<br />

à <strong>des</strong> noeuds du maillage (excitation de type force ponctuelle ou champs de pressions).<br />

Dans la théorie classique <strong>des</strong> vibrations aléatoires, les excitations sont supposées<br />

gaussi<strong>en</strong>nes. Cette hypothèse est souv<strong>en</strong>t justifiée par le théorème de la limite<br />

c<strong>en</strong>trale qui stipule qu’<strong>une</strong> variable aléatoire résultant d’<strong>une</strong> superposition d’un grand<br />

nombre de variables élém<strong>en</strong>taires statistiquem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dantes t<strong>en</strong>d à être gaussi<strong>en</strong>ne,<br />

quelles que soi<strong>en</strong>t les distributions <strong>des</strong> variables élém<strong>en</strong>taires. De tels processus<br />

sont <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t caractérisés par leurs propriétés statistiques du deuxième ordre,<br />

c’est-à-dire par leur moy<strong>en</strong>ne et par leur fonction d’autocorrélation ou <strong>en</strong>core leur<br />

d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance. La d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance donne l’information<br />

sur le cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel du signal ainsi que sur la variance du processus.<br />

Pour les systèmes linéaires, la relation <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>trée, c’est-à-dire l’excitation, et la sortie,<br />

c’est-à-dire la réponse de la structure (déplacem<strong>en</strong>ts, déformations et contraintes)<br />

est calculée <strong>pour</strong> les statistiques <strong>des</strong> deux premiers ordres. En effet, la structure étant<br />

linéaire, sa réponse à <strong>une</strong> excitation gaussi<strong>en</strong>ne est égalem<strong>en</strong>t gaussi<strong>en</strong>ne. Les relations<br />

<strong>en</strong>trée-sortie sont alors régies par les équations différ<strong>en</strong>tielles traditionnelles de<br />

la dynamique <strong>des</strong> <strong>structures</strong>, voir Géradin & Rix<strong>en</strong> [7]. Dans la plupart <strong>des</strong> cas, les<br />

<strong>structures</strong> possèd<strong>en</strong>t <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> normaux, ce qui réduit la résolution numérique <strong>des</strong><br />

équations différ<strong>en</strong>tielles car le mouvem<strong>en</strong>t de telles <strong>structures</strong> peut être décomposé <strong>en</strong><br />

celui de ses différ<strong>en</strong>ts mo<strong>des</strong> propres, qui se comport<strong>en</strong>t comme autant d’oscillateurs<br />

à un degré de liberté.<br />

Dans le cas d’<strong>une</strong> <strong>analyse</strong> temporelle, la relation <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>trée et la sortie s’exprime par<br />

<strong>une</strong> intégrale de convolution, caractéristique d’un système linéaire. Par conséqu<strong>en</strong>t, le<br />

calcul de la réponse de la structure dans le domaine temporel revi<strong>en</strong>t à intégrer par<br />

pas de temps cette intégrale de convolution, ce qui r<strong>en</strong>d l’<strong>analyse</strong> très coûteuse <strong>en</strong><br />

temps de calcul. Par contre, dans le domaine de Fourier, l’opération de convolution<br />

correspond à <strong>une</strong> simple multiplication. Par conséqu<strong>en</strong>t, la réponse de la structure<br />

à <strong>une</strong> excitation aléatoire est calculée beaucoup plus rapidem<strong>en</strong>t dans le domaine<br />

spectral. Les excitations, comme les réponses, sont alors caractérisées, non pas par<br />

<strong>des</strong> séqu<strong>en</strong>ces temporelles, mais par <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissances (cf. Fig.<br />

1.1).<br />

Dans la plupart <strong>des</strong> co<strong>des</strong> de calcul qui possèd<strong>en</strong>t un module d’<strong>analyse</strong> spectrale<br />

(par exemple SAMCEF, MSC NASTRAN, STARDYNE ou <strong>en</strong>core ANSYS), les<br />

types d’excitations principaux qui peuv<strong>en</strong>t être appliqués sont <strong>des</strong> déplacem<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong><br />

accélérations ou <strong>des</strong> forces. Ces excitations peuv<strong>en</strong>t être multiples, c’est-à-dire appliquées<br />

à différ<strong>en</strong>ts points de la structure et donc év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t corrélées ; pr<strong>en</strong>ons<br />

par exemple le cas d’un véhicule se déplaçant sur <strong>une</strong> route rugueuse à <strong>une</strong> certaine<br />

vitesse. L’excitation à laquelle est soumis l’essieu avant est id<strong>en</strong>tique à celle ap-


1 Introduction aux vibrations aléatoires 3<br />

pliquée à l’essieu arrière, mais les deux excitations sont dites spatialem<strong>en</strong>t corrélées, il<br />

existe <strong>en</strong> effet un délai <strong>en</strong>tre l’accélération vue par les deux essieux. Ce délai dép<strong>en</strong>d<br />

de la distance <strong>en</strong>tre les deux essieux et de la vitesse du véhicule. Les excitations<br />

étant modélisées, l’<strong>analyse</strong> spectrale consiste donc à calculer les d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong><br />

de puissances <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes grandeurs comme les déplacem<strong>en</strong>ts, les accélérations, les<br />

déformations ou <strong>en</strong>core les contraintes aux noeuds du maillage ou moy<strong>en</strong>nées sur un<br />

élém<strong>en</strong>t fini.<br />

Fig. 1.1 – Analyse spectrale d’<strong>une</strong> structure linéaire<br />

Le but ultime de ce calcul est d’étudier la fiablilité et l’intégrité <strong>des</strong> <strong>structures</strong>. Plus<br />

précisém<strong>en</strong>t, l’objectif de l’ingénieur est de prédire les risques de ruine et de déterminer<br />

si la structure <strong>pour</strong>ra <strong>en</strong>durer <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts donnés p<strong>en</strong>dant la durée de service<br />

prévue. En vibrations aléatoires, différ<strong>en</strong>ts mo<strong>des</strong> de ruine peuv<strong>en</strong>t se ram<strong>en</strong>er à<br />

l’étude du problème dit du premier passage. Ce problème consiste à déterminer la<br />

probabilité que la réponse de la structure ne dépasse pas un certain seuil p<strong>en</strong>dant <strong>une</strong><br />

durée d’observation donnée. A titre d’exemple nous pouvons citer le dépassem<strong>en</strong>t de<br />

la limite d’élasticité par <strong>une</strong> contrainte, le dépassem<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong> déformation excessive,<br />

le dépassem<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong> force de compression provoquant l’instabilité par flambem<strong>en</strong>t<br />

etc. L’autre mode de ruine très fréquemm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contré dans l’étude <strong>des</strong> <strong>structures</strong><br />

soumises à <strong>des</strong> vibrations aléatoires est la fissuration <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong>. Ce mode d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />

résulte <strong>des</strong> contraintes aléatoires induites par les vibrations dans la structure.<br />

Cette thèse a <strong>pour</strong> but d’améliorer les métho<strong>des</strong> de prédictions de durée de vie <strong>des</strong><br />

<strong>structures</strong> exposées à ce dernier type d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t.


4 1. Introduction<br />

1.2 Introduction à la <strong>fatigue</strong><br />

L’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong> est défini comme la modification <strong>des</strong> propriétés <strong>des</strong><br />

matériaux consécutive à l’application d’efforts variables dans le temps ou de cycles<br />

d’efforts, cycles dont la répétition peut conduire à la rupture par fissuration de la<br />

pièce ou de la structure constituée de ce matériau. Ce phénomène a été étudié dès le<br />

XIXième siècle, par Wöhler, qui a caractérisé <strong>pour</strong> la première fois les matériaux <strong>en</strong><br />

<strong>fatigue</strong> <strong>en</strong> établissant <strong>une</strong> courbe donnant la durée de vie ou le nombre N de cycles<br />

à rupture <strong>en</strong> fonction de l’amplitude s <strong>des</strong> cycles parcourus par la contrainte.<br />

Cette courbe est souv<strong>en</strong>t utilisée <strong>pour</strong> caractériser un matériau soumis à <strong>une</strong> traction<br />

alternée sinusoïdale. Deux domaines sont alors distingués, le premier domaine est<br />

celui de la <strong>fatigue</strong> oligocyclique, où la rupture intervi<strong>en</strong>t aux al<strong>en</strong>tours de 10 4 −<br />

10 5 cycles et où les pièces sont soumises à <strong>des</strong> contraintes dépassant généralem<strong>en</strong>t<br />

localem<strong>en</strong>t la limite d’élasticité. Les modèles de prédictions de durée de vie repos<strong>en</strong>t<br />

alors sur l’historique <strong>des</strong> déformations dans les zones critiques (<strong>en</strong>tailles, congés de<br />

raccordem<strong>en</strong>t etc). Le second domaine est celui de la <strong>fatigue</strong> dite à grand nombre de<br />

cycles, la rupture se produisant <strong>en</strong>tre 10 5 et 10 7 cycles, la structure est alors soumise<br />

à <strong>des</strong> contraintes ne dépassant pas la limite d’élasticité du matériau. La <strong>fatigue</strong> à<br />

grand nombre de cycles est donc plutôt basée sur l’historique <strong>des</strong> contraintes (cf. par<br />

exemple Dowling [5]). Les <strong>structures</strong> linéaires, soumises à <strong>des</strong> vibrations aléatoires<br />

et dont la réponse est calculée au moy<strong>en</strong> d’<strong>une</strong> <strong>analyse</strong> spectrale par élém<strong>en</strong>ts finis,<br />

apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à cette catégorie.<br />

La vie d’<strong>une</strong> structure <strong>en</strong>dommagée par <strong>fatigue</strong> peut être décomposée <strong>en</strong> trois sta<strong>des</strong> :<br />

l’amorçage d’<strong>une</strong> fissure, la propagation l<strong>en</strong>te de la fissure et la propagation brutale<br />

due à l’instabilité et conduisant à la rupture, voir Bathias & Bailon [1]. Il n’existe<br />

pas de définition universellem<strong>en</strong>t acceptée de l’amorçage, toutefois, nous le définirons<br />

ici comme l’apparition d’<strong>une</strong> fissure d’<strong>une</strong> longueur supérieure à 0.01 mm, dim<strong>en</strong>sion<br />

dev<strong>en</strong>ant détectable et correspondant au niveau métallurgique à la taille de grain <strong>pour</strong><br />

la plupart <strong>des</strong> aciers. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons principalem<strong>en</strong>t<br />

à cette première phase de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong> et ce <strong>pour</strong> deux raisons. La<br />

première raison est que, dans le cas de la <strong>fatigue</strong> à grand nombre de cycles, la phase<br />

la plus longue est la phase d’amorçage, elle peut représ<strong>en</strong>ter jusqu’à 90% de la durée<br />

de vie de la structure, notamm<strong>en</strong>t dans le cas <strong>des</strong> métaux durs (<strong>pour</strong> lesquels le<br />

rapport <strong>en</strong>tre la limite d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> torsion alternée et la limite d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong><br />

flexion alternée se situe approximativem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 0.5 et 0.8). La durée de vie dite à<br />

l’amorçage peut donc être <strong>une</strong> relativem<strong>en</strong>t bonne indication sur la durée de vie totale<br />

de la structure. La deuxième raison est que la propagation de la fissure <strong>en</strong>traîne de<br />

fortes non linéarités dans le comportem<strong>en</strong>t de la structure, l’<strong>analyse</strong> spectrale telle<br />

que nous l’avons classiquem<strong>en</strong>t définie dans le premier paragraphe n’est plus valable.<br />

De plus, la propagation de fissure est du ressort de la mécanique de la rupture, elle<br />

est par conséqu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t traitée tout à fait séparém<strong>en</strong>t du problème d’amorçage.<br />

L’approche généralem<strong>en</strong>t utilisée <strong>pour</strong> le calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> est donc<br />

basée sur la courbe de Wöhler et sur l’historique <strong>des</strong> contraintes donné <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts<br />

points de la structure. Cette approche, que nous adoptons dans cette thèse, est macroscopique.<br />

Le matériau constituant la structure est considéré comme étant homogène.


1 Organisation de la thèse 5<br />

Toutefois, <strong>pour</strong> étudier l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong>, il est nécessaire de mieux compr<strong>en</strong>dre<br />

les mécanismes physiques mis <strong>en</strong> jeux à <strong>une</strong> échelle microscopique ou plutôt<br />

mésoscopique (échelle correspondant à la taille <strong>des</strong> grains de cristaux constituant le<br />

métal) lors de l’amorçage.<br />

Lorsqu’<strong>une</strong> éprouvette lisse est soumise à la <strong>fatigue</strong>, les fissures apparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> surface<br />

où l’état <strong>des</strong> contraintes est donc uniaxial ou biaxial. L’amorçage de ces fissures<br />

est dû au fait qu’à l’échelle microscopique, un métal n’est plus homogène. En effet,<br />

l’observation de sa microstructure montre qu’il est consitué de grains cristallins dont<br />

les ori<strong>en</strong>tations sont aléatoires. En fonction de son ori<strong>en</strong>tation, le cristal a <strong>des</strong> propriétés<br />

mécaniques variables. Certains grains d’ori<strong>en</strong>tation défavorable par rapport à<br />

l’ori<strong>en</strong>tation de la sollicitation subiss<strong>en</strong>t un écrouissage. En surface, les dislocations<br />

activées dans ces grains sont évacuées <strong>en</strong> suivant les plans de glissem<strong>en</strong>t du cristal. Ces<br />

ban<strong>des</strong> de glissem<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t alors dev<strong>en</strong>ir persistantes et un polissage ne les élimine<br />

pas, elles sont à nouveaux observées dès que l’application de la sollicitation repr<strong>en</strong>d.<br />

Ce premier stade d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t est par conséqu<strong>en</strong>t irréversible. De plus <strong>en</strong> plus<br />

de dislocations débouch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> surface acc<strong>en</strong>tuant le relief, formant <strong>des</strong> marches puis<br />

<strong>des</strong> intrusions et <strong>des</strong> extrusions. Celles-ci se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fissures qui suiv<strong>en</strong>t les<br />

ban<strong>des</strong> de glissem<strong>en</strong>ts <strong>pour</strong> pénétrer dans les grains. C’est le stade I de la propagation.<br />

Deux types de fissures peuv<strong>en</strong>t alors être distingués. Le premier type est observé dans<br />

le cas de la traction alternée où les microfissures s’ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à 45 ◦ par rapport à l’axe<br />

de la sollicitation. Lorsque les grains sont traversés, <strong>une</strong> fissure prédominante <strong>pour</strong>suit<br />

<strong>en</strong>suite sa propagation perp<strong>en</strong>diculairem<strong>en</strong>t à l’axe dans lequel s’exerce la traction.<br />

Elle pénètre donc dans la section, c’est alors que comm<strong>en</strong>ce le stade II de propagation.<br />

Dans le cas de la torsion alternée, l’expéri<strong>en</strong>ce montre que les fissures sont perp<strong>en</strong>diculaires<br />

à la surface et qu’elles se propag<strong>en</strong>t d’abord superficiellem<strong>en</strong>t avant de se<br />

propager au travers de la section, ce type de chargem<strong>en</strong>t est par conséqu<strong>en</strong>t beaucoup<br />

moins sévère. Ces observations mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les raisons <strong>pour</strong> lesquelles<br />

l’amorçage dép<strong>en</strong>d du plan subissant la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t de plus grande amplitude<br />

(qui, par exemple, est ori<strong>en</strong>tée à 45 ◦ par rapport à l’axe de la sollicitation<br />

<strong>pour</strong> <strong>une</strong> traction simple). Notons que l’amorçage est aussi influ<strong>en</strong>cé par la contrainte<br />

normale à ce plan de cisaillem<strong>en</strong>t qui provoque l’ouverture de la fissure et influ<strong>en</strong>ce<br />

sa direction et sa vitesse de propagation (voir par exemple François et al. [6], Brown<br />

& Miller [3]).<br />

1.3 Organisation de la thèse<br />

Cette thèse est organisée <strong>en</strong> 6 chapitres. Dans le chapitre 2, nous montrons quelle<br />

est la méthodologie à appliquer <strong>pour</strong> calculer la durée de vie d’<strong>une</strong> pièce métallique<br />

soumise à un chargem<strong>en</strong>t aléatoire ayant <strong>une</strong> seule composante. La première partie<br />

de ce chapitre montre d’abord l’approche traditionnelle basée sur l’historique de la<br />

contrainte aléatoire. Dans la seconde partie du chapitre, nous montrons comm<strong>en</strong>t la<br />

même prédiction peut être obt<strong>en</strong>ue dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, à partir de la d<strong>en</strong>sité<br />

spectrale de puissance de la contrainte aléatoire considérée. Le chapitre 3 aborde le<br />

problème <strong>des</strong> <strong>structures</strong> soumises à <strong>des</strong> sollicitations comportant plusieurs compo-


6 1. Introduction<br />

santes, problème désigné par le terme de <strong>fatigue</strong> multiaxiale. Comme dans le chapitre<br />

précéd<strong>en</strong>t, nous décrivons rapidem<strong>en</strong>t <strong>une</strong> méthode de calcul de durée de vie pouvant<br />

être appliquée à l’historique du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes. Nous prés<strong>en</strong>tons <strong>en</strong>suite<br />

les nouvelles métho<strong>des</strong> alternatives applicables dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel à partir<br />

de la matrice <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance relative au t<strong>en</strong>seur aléatoire<br />

<strong>des</strong> contraintes. Nous nous intéressons uniquem<strong>en</strong>t aux chargem<strong>en</strong>ts gaussi<strong>en</strong>s de<br />

moy<strong>en</strong>ne nulle. Les résultats obt<strong>en</strong>us dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel sont comparés à<br />

ceux obt<strong>en</strong>us par la méthode temporelle, considérée comme étant la référ<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> utilisant<br />

le modèle élém<strong>en</strong>ts finis d’<strong>une</strong> structure simple. Le quatrième chapitre traite<br />

<strong>des</strong> critères multiaxiaux de rupture par <strong>fatigue</strong>, permettant de prédire si <strong>une</strong> structure<br />

sera <strong>en</strong>dommagée par <strong>fatigue</strong>, si elle est soumise à un chargem<strong>en</strong>t multiaxial<br />

aléatoire donné. Deux critères multiaxiaux classiques sont formulés dans le domaine<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel et validés par rapport à leurs formulations temporelles initiales respectives<br />

au moy<strong>en</strong> de simulations de Monte-Carlo. Nous passons alors à <strong>des</strong> applications <strong>des</strong><br />

métho<strong>des</strong> que nous avons développées. Le chapitre 5 consiste <strong>en</strong> l’application de ces<br />

métho<strong>des</strong> à l’<strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain 2 du lanceur europé<strong>en</strong><br />

Ariane 5. Nous terminons notre exposé au chapitre 6, par l’illustration de perspectives<br />

d’utilisation <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> <strong>en</strong> bureau d’étude. Nous illustrons d’<strong>une</strong><br />

part la possibilité de limiter l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong> <strong>des</strong> <strong>structures</strong> au moy<strong>en</strong><br />

d’un amortissem<strong>en</strong>t actif <strong>des</strong> vibrations et nous prés<strong>en</strong>tons d’autre part un exemple<br />

d’optimisation structurale <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire. Enfin, nous rappelons les<br />

principaux résultats de notre recherche.


BIBLIOGRAPHIE 7<br />

Bibliographie<br />

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[2] B<strong>en</strong>dat J. & Piersol A., 1966. Random Data : Analysis and Measurem<strong>en</strong>t Procedures.<br />

Wiley-Intersci<strong>en</strong>ce.<br />

[3] Brown M.W. & Miller K.J., 1973. ‘A theory for <strong>fatigue</strong> under multixial stressstrain<br />

conditions’. In ‘Proc. of Conf. on the Fatigue of Metals’, The Institution<br />

of Mechanical Engineers.<br />

[4] Crandall S.H. & Mark W.D., 1963. Random vibration in mechanical systems.<br />

Academic Press.<br />

[5] Dowling N., 1999. Mechanical Behaviour of Materials - Engineering Methods for<br />

Deformation, Fracture and Fatigue. Pr<strong>en</strong>tice Hall, 2nd Edition.<br />

[6] François D., Pineau A. & Zaoui A., 1993. Comportem<strong>en</strong>t Mécanique <strong>des</strong><br />

matériaux : viscoplasticité, <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t, mécanique de la rupture, mécanique<br />

du contact. Hermès.<br />

[7] Géradin M. & Rix<strong>en</strong> D., 1993. Mechanical Vibrations, Theory and Application<br />

to Structural Dynamics. Wiley.<br />

[8] Lin Y.K., 1967. Probabilistic Theory of Structural Dynamics. McGraw-Hill.<br />

[9] Preumont A., 1994. Random Vibration and Spectral Analysis. Kluwer Academic<br />

Publishers.<br />

[10] Wirshing P.H., Paez T.L. & Ortiz K., 1995. Random Vibrations : Theory and<br />

Practice. Wiley-Intersci<strong>en</strong>ce.


8 1. Introduction


Chapitre 2<br />

Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

Considérons <strong>une</strong> pièce mécanique soumise à <strong>une</strong> contrainte s(t) qui varie au cours<br />

du temps. Cette contrainte variable produit, même si elle n’excède pas la limite<br />

d’élasticité du matériau, un <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong>. Le but du concepteur est<br />

donc de dim<strong>en</strong>sionner la section de cette pièce de façon à éviter la rupture <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong><br />

p<strong>en</strong>dant la durée de service. Cette discipline est relative à la sci<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> matériaux,<br />

qui étudie les problèmes de caractérisation <strong>des</strong> matériaux <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> ainsi que les aspects<br />

physiques de ce mode d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t. L’approche développée dans ce cadre<br />

est traditionnellem<strong>en</strong>t temporelle, c’est-à-dire basée sur l’historique de la contrainte.<br />

Elle repose sur <strong>des</strong> variables telles que l’amplitude et la valeur moy<strong>en</strong>ne <strong>des</strong> cycles<br />

parcourus par la contrainte s(t) p<strong>en</strong>dant la séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t.<br />

Par conséqu<strong>en</strong>t, ce chapitre comm<strong>en</strong>ce par l’étude d’<strong>une</strong> éprouvette soumise à un<br />

chargem<strong>en</strong>t uniaxial d’amplitude constante et par la caractérisation <strong>des</strong> métaux <strong>en</strong><br />

<strong>fatigue</strong> sous forme de courbe de Wöhler (§ 2.1.1). Puis, <strong>en</strong> <strong>en</strong>visageant différ<strong>en</strong>ts cas<br />

de chargem<strong>en</strong>t de complexités croissantes, nous aboutissons à <strong>une</strong> méthode de calcul<br />

de durée de vie <strong>des</strong> pièces soumises à <strong>des</strong> sollicitations d’amplitu<strong>des</strong> variables<br />

ou aléatoires. Cette méthode est basée sur <strong>une</strong> décomposition de l’historique de la<br />

contrainte <strong>en</strong> cycles élém<strong>en</strong>taires à l’aide d’<strong>une</strong> procédure appelée ”comptage rainflow<br />

<strong>des</strong> cycles”. Elle est actuellem<strong>en</strong>t considérée comme la méthode qui donne les<br />

prédictions les plus proches <strong>des</strong> durées de vie mesurées expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t (§ 2.1.2 -<br />

§ 2.1.4).<br />

Toutefois, la <strong>fatigue</strong> peut égalem<strong>en</strong>t être induite par <strong>des</strong> vibrations et le problème<br />

de calcul de durée de vie peut alors se poser aux ingénieurs qui étudi<strong>en</strong>t la réponse<br />

dynamique <strong>des</strong> <strong>structures</strong> à <strong>des</strong> excitations périodiques ou aléatoires. Cette réponse est<br />

alors donnée dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, comme nous l’avons vu dans l’introduction.<br />

Des métho<strong>des</strong> alternatives de calcul de durée de vie à partir de la d<strong>en</strong>sité spectrale de<br />

puissance de la contrainte s(t) ont alors été développées. Toutes ces approches vis<strong>en</strong>t<br />

à approximer les résultats obt<strong>en</strong>us par la méthode temporelle basée sur le comptage<br />

rainflow <strong>des</strong> cycles.<br />

Après avoir donné quelques notions théoriques fondam<strong>en</strong>tales sur les signaux<br />

aléatoires gaussi<strong>en</strong>s (§ 2.2), les différ<strong>en</strong>tes métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> de calcul de durée


10 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

de vie proposées dans la littérature sont passées <strong>en</strong> revue. Une étude comparative<br />

basée sur <strong>des</strong> simulations numériques permet <strong>en</strong>suite de trouver quelle est la méthode<br />

spectrale la plus performante. Dans ce but, à partir d’un spectre de chargem<strong>en</strong>t donné,<br />

plusieurs réalisations de la contrainte s(t) sont générées artificiellem<strong>en</strong>t. La méthode<br />

temporelle peut être appliquée et le dommage moy<strong>en</strong> produit par le chargem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant<br />

<strong>une</strong> durée d’application T est estimé à partir de ces réalisations. Ce dommage<br />

moy<strong>en</strong> est alors comparé à celui obt<strong>en</strong>u directem<strong>en</strong>t à partir du spectre de chargem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> appliquant les différ<strong>en</strong>tes métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles (§ 2.3 - § 2.5).<br />

2.1 Domaine temporel<br />

Dans ce paragraphe, nous traitons le cas du chargem<strong>en</strong>t d’amplitude constante et<br />

l’influ<strong>en</strong>ce de la superposition d’<strong>une</strong> contrainte moy<strong>en</strong>ne à la contrainte alternée.<br />

Nous étudions <strong>en</strong>suite le cumul du dommage permettant de calculer la durée de vie<br />

d’<strong>une</strong> pièce qui est soumise à <strong>des</strong> séqu<strong>en</strong>ces de différ<strong>en</strong>tes amplitu<strong>des</strong> et différ<strong>en</strong>tes<br />

contraintes moy<strong>en</strong>nes. Enfin, nous traitons le cas le plus complexe et le plus couramm<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>contré, c’est-à-dire celui d’<strong>une</strong> contrainte d’amplitude variable ou aléatoire.<br />

2.1.1 Chargem<strong>en</strong>t à amplitude constante et courbe de Wöhler<br />

En <strong>fatigue</strong>, les matériaux sont caractérisés par <strong>des</strong> essais semblables à celui prés<strong>en</strong>té<br />

Fig. 2.1 où <strong>une</strong> éprouvette est soumise à un chargem<strong>en</strong>t alterné sinusoïdal d’amplitude<br />

constante jusqu’à ce que l’amorçage d’<strong>une</strong> fissure soit observé. Le nombre de cycles à<br />

l’amorçage est alors mesuré, expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t le nombre de cycle à l’amorçage est<br />

confondu au nombre de cycles à rupture. De tels essais sont répétés <strong>pour</strong> différ<strong>en</strong>tes<br />

amplitu<strong>des</strong> du chargem<strong>en</strong>t afin d’établir la courbe de Wöhler du matériau, donnant<br />

<strong>en</strong> ordonnée l’amplitude de la contrainte notée sa ou s <strong>en</strong> fonction de la durée de vie<br />

à l’amorçage N.<br />

Fig. 2.1 – Essai de <strong>fatigue</strong> et courbe de Wöhler


2 Domaine temporel 11<br />

Pour la plupart <strong>des</strong> matériaux, <strong>une</strong> relation linéaire <strong>en</strong>tre l’amplitude de la contrainte<br />

et le nombre de cycles à rupture ou à l’amorçage est observée lorsque la courbe<br />

de Wöhler est représ<strong>en</strong>tée sur <strong>une</strong> double échelle logarithmique. La relation <strong>en</strong>tre<br />

l’amplitude de la contrainte et le nombre de cycles à rupture peut alors être exprimée<br />

sous la forme suivante :<br />

Ns β = C (2.1)<br />

où C et β sont <strong>des</strong> constantes du matériau. Cette équation est connue sous le nom<br />

d’équation de Basquin ; elle est très utilisée <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> uniaxiale aléatoire. D’autres<br />

représ<strong>en</strong>tations mathé-matiques ont été proposées tout au long du XXième siècle et<br />

sont décrites dans de nombreux ouvrages, par exemple Lieurade & La commission<br />

<strong>fatigue</strong> <strong>des</strong> métaux de la SFM [18].<br />

Toutefois, l’équation de Basquin ne permet pas de r<strong>en</strong>dre compte de l’exist<strong>en</strong>ce d’<strong>une</strong><br />

asymptote horizontale observée principalem<strong>en</strong>t dans le cas <strong>des</strong> aciers, <strong>une</strong> contrainte<br />

seuil de coupure est alors introduite. En effet, <strong>une</strong> amplitude minimale se de la<br />

contrainte <strong>en</strong> <strong>des</strong>sous de laquelle l’éprouvette résiste au chargem<strong>en</strong>t <strong>pour</strong> un nombre<br />

de cycles largem<strong>en</strong>t supérieur à Ne = 10 6 − 10 7 cycles a souv<strong>en</strong>t été mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce.<br />

Cette amplitude est appelée limite d’<strong>en</strong>durance. Les métaux non-ferreux ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> général pas de telle limite.<br />

Il est égalem<strong>en</strong>t important de noter que les résultats de ces essais de <strong>fatigue</strong> sont distribués<br />

statistiquem<strong>en</strong>t et qu’ils sont prés<strong>en</strong>tés sous forme de courbes d’isoprobabilité<br />

d’amorçage. En pratique, la courbe de Wöhler est généralem<strong>en</strong>t donnée <strong>pour</strong> <strong>une</strong> probabilité<br />

d’amorçage p = 0.5 (voir Fig. 2.1). Les dispersions observées résult<strong>en</strong>t de la<br />

nature même de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong> et sont considérées comme étant l’un<br />

<strong>des</strong> aspects physiques du phénomène : ces dispersions sont dues à <strong>des</strong> variations d’<strong>une</strong><br />

éprouvette ou d’<strong>une</strong> pièce à l’autre, variations qui peuv<strong>en</strong>t être internes au matériau<br />

(microstructure, défauts ... ), ou liées à la préparation <strong>des</strong> éprouvettes (usinage ...),<br />

ou <strong>en</strong>fin externes (charge appliquée, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ...).<br />

Notons <strong>en</strong>fin qu’<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du seul mode d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong>, la fréqu<strong>en</strong>ce<br />

de la sollicitation ne semble pas avoir d’influ<strong>en</strong>ce significative sur la durée de vie<br />

(François et al. [13]), sauf dans le cas <strong>des</strong> métaux moux tels que par exemple les<br />

aciers auténitiques.<br />

2.1.2 Effet d’<strong>une</strong> contrainte moy<strong>en</strong>ne non nulle<br />

Les observations expérim<strong>en</strong>tales ont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce que lorsqu’<strong>une</strong> contrainte statique<br />

positive sm est superposée au chargem<strong>en</strong>t cyclique d’amplitude sa, la durée de<br />

vie de l’éprouvette ou de la pièce diminue. L’effet inverse est observé <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’<strong>une</strong><br />

contrainte moy<strong>en</strong>ne de compression. Afin de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte ce phénomène, <strong>des</strong><br />

essais complém<strong>en</strong>taires peuv<strong>en</strong>t être réalisés afin d’établir un diagramme de Haigh<br />

donnant, <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée de vie fixée N, la contrainte alternée admissible sa <strong>en</strong> fonction<br />

de la contrainte moy<strong>en</strong>ne sm.<br />

Là <strong>en</strong>core, plusieurs modélisations mathématiques de ce diagramme ont été formulées<br />

(comme par exemple le modèle de Goodmann, la parabole de Gerber etc.). Ces


12 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

différ<strong>en</strong>ts modèles sont décrits dans la littérature (par exemple Robert [29]). Le CE-<br />

TIM (C<strong>en</strong>tre Technique <strong>des</strong> Industries Mécaniques) préconise l’emploi du modèle<br />

bilinéaire illustré Fig. 2.2.<br />

Fig. 2.2 – Effet de la contrainte moy<strong>en</strong>ne : diagramme de Haigh<br />

Ce diagramme permet alors de transformer chaque cycle de moy<strong>en</strong>ne non nulle sm<br />

et d’amplitude sa <strong>en</strong> un cycle de moy<strong>en</strong>ne nulle et d’amplitude saeq. En terme de<br />

durée de vie, le premier cycle (sm, sa) représ<strong>en</strong>té par le point B sur le diagramme<br />

est équival<strong>en</strong>t au cycle (0, saeq), représ<strong>en</strong>té par le point A. Sachant que la diagramme<br />

de Haigh sa = f(sm) se décompose <strong>en</strong> deux parties linéaires dont l’intersection est<br />

le point C = (Su − saeq/2, saeq/2), où Su est la contrainte limite à la rupture du<br />

matériau, il est possible de montrer que<br />

saeq = Su + 1<br />

2 (sa<br />

<br />

− sm) − (Su + 1<br />

2 (sa − sm)) 2 − 2saSu) (2.2)<br />

Ceci revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait à modifier la courbe de Wöhler <strong>pour</strong> chaque cycle de contrainte<br />

moy<strong>en</strong>ne non nulle. La diminution de la durée de vie qu’<strong>en</strong>traine la superposition<br />

d’<strong>une</strong> contrainte moy<strong>en</strong>ne positive à <strong>une</strong> contrainte alternée donnée peut être obt<strong>en</strong>ue<br />

<strong>en</strong> abaissant la courbe de Wöhler initiale. En considérant le diagramme de Haigh à<br />

la limite d’<strong>en</strong>durance N = Ne, il est possible d’obt<strong>en</strong>ir directem<strong>en</strong>t la diminution<br />

de limite d’<strong>en</strong>durance se <strong>en</strong> fonction de la contrainte sm. La contrainte d’<strong>en</strong>durance<br />

modifiée devi<strong>en</strong>t<br />

s ′ e =<br />

⎧<br />

⎨<br />

⎩<br />

−sesm/(2Su − se) + se<br />

Su − sm<br />

si sm ≤ (Su − se/2)<br />

si sm > (Su − se/2)<br />

(2.3)<br />

La courbe de Wöhler, modélisée par l’équation Ns β = C peut alors être translatée<br />

vers le bas <strong>en</strong> remplaçant la constante C par


2 Domaine temporel 13<br />

2.1.3 Cumul du dommage<br />

C ′ = C( s′ e<br />

)<br />

se<br />

β<br />

(2.4)<br />

Lorsque les chargem<strong>en</strong>ts se compos<strong>en</strong>t de différ<strong>en</strong>ts cycles de différ<strong>en</strong>tes amplitu<strong>des</strong> et<br />

différ<strong>en</strong>tes valeurs moy<strong>en</strong>nes, il est alors nécessaire de quantifier l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t total<br />

que produis<strong>en</strong>t ces cycles. Fatemi & Yang [12] prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>une</strong> revue synthétique et<br />

complète <strong>des</strong> lois de cumul du dommage qui ont été developpées depuis la célèbre règle<br />

de cumul linéaire proposée par Palmgr<strong>en</strong> <strong>en</strong> 1924. Les auteurs conclu<strong>en</strong>t qu’il n’existe<br />

pas <strong>en</strong>core de loi de cumul satisfaisante universellem<strong>en</strong>t acceptée. Par conséqu<strong>en</strong>t, la<br />

simple loi de cumul linéaire mainti<strong>en</strong>t sa popularité et est <strong>en</strong>core largem<strong>en</strong>t utilisée<br />

<strong>en</strong> raison de sa simplicité. La formulation mathématique sous laquelle elle est actuellem<strong>en</strong>t<br />

connue a été proposée par Miner <strong>en</strong> 1945, le dommage total D produit par le<br />

chargem<strong>en</strong>t est donné par :<br />

D = <br />

ni/Ni<br />

i<br />

(2.5)<br />

L’historique de la contrainte est décrit comme <strong>une</strong> séqu<strong>en</strong>ce de blocs d’amplitude<br />

constante. Chaque bloc i est composé de ni cycles d’amplitude si. La durée de vie Ni<br />

correspondant à cette amplitude de la contrainte est déterminée à partir de la courbe<br />

de Wöhler. L’amorçage est théoriquem<strong>en</strong>t prédit lorsque le dommage D vaut un.<br />

Notons que D ne r<strong>en</strong>d pas compte du dommage dans le s<strong>en</strong>s physique du terme, c’està-dire<br />

de l’amorçage de la fissure, de sa surface ou <strong>en</strong>core du stade de la propagation.<br />

Le ”dommage” D tel qu’il est défini dans l’approche macroscopique décrite ici est<br />

donc un compteur, un instrum<strong>en</strong>t de bureau d’étude permettant de situer la pièce<br />

par rapport à sa durée de vie estimée.<br />

Bi<strong>en</strong> que la loi de cumul linéaire de Palmgr<strong>en</strong>-Miner néglige de nombreux phénomènes<br />

observés expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t, elle semble toutefois donner de bonnes estimations de<br />

durée de vie lorsque les chargem<strong>en</strong>ts sont <strong>des</strong> processus aléatoires stationnaires, voir<br />

Schütz [35], Shin & Luk<strong>en</strong>s [36]. Ceci justifie donc le choix de cette loi de cumul dans<br />

le cadre de notre étude.<br />

2.1.4 Méthode ”rainflow” de comptage <strong>des</strong> cycles<br />

La méthodologie développée jusqu’ici permet de traiter les problèmes de <strong>fatigue</strong><br />

par blocs, chaque bloc prés<strong>en</strong>tant <strong>une</strong> amplitude constante de la contrainte et <strong>une</strong><br />

contrainte moy<strong>en</strong>ne. Mais les chargem<strong>en</strong>ts réels sont souv<strong>en</strong>t plus complexes. Qu’ils<br />

soi<strong>en</strong>t d’amplitude variable ou qu’ils soi<strong>en</strong>t décrits par <strong>des</strong> processus aléatoires (gaussi<strong>en</strong>s,<br />

par exemple), l’application de la démarche décrite jusqu’ici nécessite l’utilisation<br />

d’<strong>une</strong> méthode de comptage de cycles, permettant de décomposer le chargem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

cycles élém<strong>en</strong>taires dont l’amplitude et la valeur moy<strong>en</strong>ne sont connues.


14 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

Fig. 2.3 – Définition d’un cycle rainflow<br />

Afin d’id<strong>en</strong>tifier <strong>des</strong> cycles à partir de l’historique de la contrainte, la méthode de<br />

comptage rainflow, proposée par Matsuishi & Endo [21], est considérée, depuis l’étude<br />

de Dowling [9], comme celle m<strong>en</strong>ant à <strong>des</strong> prédictions de durée de vie les plus proches<br />

de la réalité. Différ<strong>en</strong>ts algorithmes ont été prés<strong>en</strong>tés dans la littérature, voir Downing<br />

& Socie [10], Amzallag et al. [1].<br />

La procédure de comptage utilisée dans le cadre de notre étude est basée sur la<br />

méthode dite <strong>des</strong> quatre points prés<strong>en</strong>tée Fig. 2.3. Physiquem<strong>en</strong>t, <strong>une</strong> boucle fermée<br />

dans le plan contrainte-déformation s−ɛ est décrite <strong>pour</strong> chaque cycle rainflow extrait<br />

de l’historique de la contrainte.<br />

La décomposition du signal se déroule <strong>en</strong> plusieurs étapes :<br />

1. Le signal est réduit à <strong>une</strong> séqu<strong>en</strong>ce de maxima et minima locaux, appelée processus<br />

<strong>des</strong> extrema.<br />

2. Les quatres premiers points successifs s1, s2, s3 et s4 sont examinés, ces quatre<br />

points form<strong>en</strong>t trois ét<strong>en</strong>dues ∆s1,2,3 qui sont calculées :<br />

∆s1 =| s2 − s1 |, ∆s2 =| s3 − s2 |, ∆s3 =| s4 − s3 |<br />

3. Si ∆s2 ≤ ∆s1 et ∆s2 ≤ ∆s3, le cycle rainflow défini par le couple d’extrema<br />

(s2, s3) (zone grise sur la Fig. 2.3), est extrait du signal, son amplitude est définie<br />

par sa =| s2 − s3 | /2 et sa valeur moy<strong>en</strong>ne est donnée par sm = (s2 + s3)/2. s2<br />

et s3 sont éliminés du signal, s1 est raccordé à s4.<br />

4. Sinon, le rang <strong>des</strong> quatres points est incrém<strong>en</strong>té d’<strong>une</strong> unité et le test précédant<br />

est appliqué.


2 Domaine fréqu<strong>en</strong>tiel 15<br />

5. La procédure est répétée jusqu’au dernier point de la séqu<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> extrema.<br />

Suite à ces différ<strong>en</strong>tes étapes, certains points du signal n’ont pas été extraits. Ils<br />

form<strong>en</strong>t un résidu, qui est un signal dont les ét<strong>en</strong>dues vont <strong>en</strong> croissant puis <strong>en</strong><br />

décroissant. Le maximum et le minimum de la séqu<strong>en</strong>ce de départ se trouv<strong>en</strong>t dans<br />

ce résidu, formant ainsi la plus grande ét<strong>en</strong>due observée sur la séqu<strong>en</strong>ce considérée.<br />

La contribution au dommage de ce résidu est par conséqu<strong>en</strong>t non négligeable, c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi il est nécessaire de le décomposer <strong>en</strong> cycles élém<strong>en</strong>taires. Pour cela, <strong>une</strong><br />

nouvelle séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t est formée à partir du résidu, à la suite duquel<br />

est ajouté <strong>une</strong> nouvelle fois ce même résidu. De nouveaux cycles peuv<strong>en</strong>t alors être<br />

extraits <strong>en</strong> appliquant la procédure précéd<strong>en</strong>te. L’<strong>en</strong>semble de la décomposition est<br />

alors terminé.<br />

En pratique, il est possible de discrétiser les niveaux de contrainte <strong>en</strong> définissant n<br />

classes d’amplitu<strong>des</strong>. Chaque cycle rainflow (j, k) est <strong>une</strong> transition d’un extremum<br />

de niveau j (classe de départ) à un extremum de niveau k (classe d’arrivée), il peut<br />

alors être stocké dans <strong>une</strong> matrice rainflow R = r(j, k) de dim<strong>en</strong>sion n × n dite classe<br />

de départ - classe d’arrivée. Le calcul du dommage à partir de cette matrice rainflow<br />

est alors facilem<strong>en</strong>t réalisé à partir de la courbe de Wöhler, du diagramme de Haigh<br />

et de la loi de cumul de Palmgr<strong>en</strong>-Miner.<br />

2.2 Domaine fréqu<strong>en</strong>tiel<br />

Les métho<strong>des</strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> ont traditionnellem<strong>en</strong>t été<br />

développées dans le domaine temporel. Toutefois, lorsqu’<strong>une</strong> structure est soumise<br />

à <strong>des</strong> vibrations aléatoires, le calcul de sa réponse dynamique à partir d’un modèle<br />

élém<strong>en</strong>ts finis est souv<strong>en</strong>t réalisé dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel. La contrainte aléatoire<br />

est alors donnée sous forme de d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance (power spectral d<strong>en</strong>sities,<br />

<strong>en</strong> anglais, notées PSD dans la suite du texte).<br />

2.2.1 Définition d’<strong>une</strong> d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance<br />

Dans la suite de ce travail, nous nous limitons aux processus aléatoires gaussi<strong>en</strong>s<br />

stationnaires et ergodiques. Un processus est stationnaire si sa structure de probabilité<br />

n’est pas affectée par par un changem<strong>en</strong>t de l’origine <strong>des</strong> temps. La propriété<br />

d’ergodicité permet de remplacer <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>sembles par <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>nes temporelles<br />

estimées à partir d’<strong>une</strong> réalisation unique du processus.<br />

Considérons un signal stationnaire x(t), sa transformée de Fourier n’existe pas car<br />

∞<br />

−∞<br />

|x(t)|dt<br />

n’est pas <strong>une</strong> quantité finie. Ce problème peut être contourné <strong>en</strong> définissant sa transformée<br />

de Fourier tronquée :


16 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

X(ω, T ) =<br />

+T/2<br />

−T/2<br />

x(t)e −jωt dt (2.6)<br />

Numériquem<strong>en</strong>t, le résultat de cette opération est un vecteur de valeurs complexes<br />

où chaque valeur représ<strong>en</strong>te l’amplitude et la phase d’<strong>une</strong> sinusoïde particulière de<br />

fréqu<strong>en</strong>ce ω. L’amplitude de cette sinusoïde est donnée par le module de cette valeur<br />

complexe alors que la phase est donnée par son argum<strong>en</strong>t. Pour générer un signal<br />

à partir du domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, la transformée de Fourier inverse est appliquée au<br />

vecteur <strong>des</strong> valeurs complexes donné fréqu<strong>en</strong>ce par fréqu<strong>en</strong>ce. Le signal obt<strong>en</strong>u est<br />

alors id<strong>en</strong>tique au signal de départ.<br />

En pratique, la PSD représ<strong>en</strong>te <strong>une</strong> d<strong>en</strong>sité normalisée, c’est-à-dire qu’elle donne <strong>en</strong><br />

ordonnée la moy<strong>en</strong>ne quadratique de l’amplitude de chaque sinusoïde <strong>en</strong> fonction de<br />

la fréqu<strong>en</strong>ce ω. Elle est définie comme étant la transformée de Fourier de la fonction<br />

d’autocorrélation du signal :<br />

Φxx(ω) =<br />

+∞<br />

−∞<br />

R(τ)e −jωτ dτ (2.7)<br />

où R(τ) = E[x(t)x(t + τ)]. En effet, il est possible de démontrer (voir Papoulis [25])<br />

que si<br />

alors<br />

+∞<br />

−∞<br />

lim<br />

T →∞<br />

|τE[x(t)x(t + τ]|dτ < ∞ (2.8)<br />

1<br />

2πT E[|X(ω, T )|2 ] = Φxx(ω) (2.9)<br />

En supposant que x(t) est de moy<strong>en</strong>ne nulle, la fonction d’autocorrélation est alors<br />

définie par :<br />

R(τ) =<br />

+∞<br />

−∞<br />

Φxx(ω)e jωτ dω (2.10)<br />

Les Eqs. 2.7 et 2.10 sont connues sous le nom de théorème de Wi<strong>en</strong>er-Khintchine. A<br />

τ = 0, l’éq. 2.10 devi<strong>en</strong>t :<br />

R(0) = E[x 2 (t)] =<br />

+∞<br />

−∞<br />

Φxx(ω)e jωτ dω (2.11)


2 Domaine fréqu<strong>en</strong>tiel 17<br />

ce qui montre bi<strong>en</strong> que la PSD est <strong>une</strong> décomposition fréqu<strong>en</strong>tielle de la moy<strong>en</strong>ne<br />

quadratique du processus. La représ<strong>en</strong>tation sous forme de PSD ne conti<strong>en</strong>t pas d’information<br />

sur la phase, seule la partie réelle est décrite. Pour générer un signal à<br />

partir d’<strong>une</strong> PSD, il est donc nécessaire de faire <strong>des</strong> hypothèses sur la phase, ce qui<br />

permet de générer différ<strong>en</strong>ts échantillons temporels statistiquem<strong>en</strong>t équival<strong>en</strong>ts. Dans<br />

le cas <strong>des</strong> signaux ergodiques stationnaires gaussi<strong>en</strong>s, la phase est alors uniformém<strong>en</strong>t<br />

distribuée <strong>en</strong>tre −π et +π radians.<br />

L’algorithme généralem<strong>en</strong>t utilisé <strong>pour</strong> la génération artificielle de signaux temporels<br />

à partir d’<strong>une</strong> PSD donnée est basé sur la transformée de Fourier rapide (Fast Fourier<br />

Transform désignée par FFT) et sur la méthode de Monte-Carlo <strong>pour</strong> le tirage de<br />

nombres aléatoires utilisés <strong>pour</strong> la phase. Ce type d’algorithme est couramm<strong>en</strong>t décrit<br />

dans la littérature, voir par exemple Wirshing et al. [40], Preumont [27].<br />

2.2.2 Propriétés statistiques <strong>des</strong> signaux aléatoires<br />

Ce paragraphe a <strong>pour</strong> but de prés<strong>en</strong>ter simplem<strong>en</strong>t les principaux instrum<strong>en</strong>ts utilisés<br />

dans le cadre d’<strong>une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel.<br />

Mom<strong>en</strong>ts spectraux<br />

Le mom<strong>en</strong>t spectral mi d’ordre i d’un processus aléatoire stationnaire x(t) de PSD<br />

Φxx(ω) est défini comme suit :<br />

mi =<br />

+∞<br />

−∞<br />

| ω i | Φxx(ω)dω (2.12)<br />

Pour un processus de moy<strong>en</strong>ne nulle, nous avons les relations suivantes :<br />

σ 2 x = m0 =<br />

σ 2 ˙x = m2 =<br />

σ 2 ¨x = m4 =<br />

+∞<br />

−∞<br />

+∞<br />

−∞<br />

+∞<br />

−∞<br />

Φxx(ω)dω (2.13)<br />

ω 2 Φxx(ω)dω (2.14)<br />

ω 4 Φxx(ω)dω (2.15)<br />

où σ 2 x = E[x(t) 2 ] est la variance du processus x(t). Si x(t) représ<strong>en</strong>te un déplacem<strong>en</strong>t,<br />

m2 représ<strong>en</strong>te la variance de la vitesse, et m4 la variance de l’accélération.<br />

Franchissem<strong>en</strong>ts de seuil<br />

A partir du calcul de ces mom<strong>en</strong>ts spectraux, Rice [28] a démontré que, <strong>pour</strong> un<br />

processus stationnaire gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle x(t), le nombre moy<strong>en</strong> par unité de<br />

temps de franchissem<strong>en</strong>ts à p<strong>en</strong>te positive d’un seuil de niveau b, noté ν +<br />

b , peut être<br />

exprimé par :


18 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

ν +<br />

b<br />

1<br />

=<br />

2π (m2 )<br />

m0<br />

1/2 exp( −b<br />

2σ2 ) (2.16)<br />

x<br />

En particulier, le nombre de passages par zéro avec <strong>une</strong> p<strong>en</strong>te positive s’écrit :<br />

ν + 0<br />

1<br />

=<br />

2π (m2 ) 1/2<br />

m0<br />

(2.17)<br />

Le nombre moy<strong>en</strong> de maxima E[MT ] par unité de temps peut être calculé à partir de<br />

ces mêmes mom<strong>en</strong>ts spectraux selon l’équation :<br />

E[MT ] = 1<br />

2π (m4 ) 1/2<br />

m2<br />

(2.18)<br />

Ce résultat est égalem<strong>en</strong>t dû à Rice. A partir de ces différ<strong>en</strong>tes grandeurs, <strong>des</strong> paramètres<br />

donnant <strong>des</strong> indications sur la largeur de bande du signal ont été développés,<br />

le plus simple est appelé facteur d’irrégularité, il représ<strong>en</strong>te le rapport <strong>en</strong>tre le nombre<br />

de passages par zéro à p<strong>en</strong>te positive et le nombre de maxima :<br />

γ = ν+ 0<br />

E[MT ] =<br />

m2<br />

(m0m4) 1/2<br />

(2.19)<br />

Le processus est dit <strong>en</strong> bande étroite si le facteur d’irrégularité γ est proche de 1,<br />

presque chaque cycle conti<strong>en</strong>t alors un seul maximum. Un autre paramètre de largeur<br />

de bande souv<strong>en</strong>t utilisé dans la littérature est le paramètre ɛ défini par<br />

ɛ 2 = 1 − m22 = 1 − γ<br />

m0m4<br />

2<br />

(2.20)<br />

Afin d’illustrer les différ<strong>en</strong>ts points développés dans ce paragraphe, deux exemples<br />

de simulations d’historiques de contrainte ont été réalisés à partir de deux PSD<br />

différ<strong>en</strong>tes. Les deux processus ont <strong>une</strong> fréqu<strong>en</strong>ce c<strong>en</strong>trale ν + 0 de 1000 Hz. Les historiques<br />

prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 32768 pas de temps <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée totale de la séqu<strong>en</strong>ce de 2<br />

secon<strong>des</strong>.<br />

La moy<strong>en</strong>ne quadratique de la contrainte σs vaut 120 MPa, elle est id<strong>en</strong>tique <strong>pour</strong><br />

les deux processus. La figure 2.4.a représ<strong>en</strong>te un extrait d’<strong>une</strong> réalisation d’un processus<br />

<strong>en</strong> bande étroite, où γ = 0.99. Lorsque la largeur de bande augm<strong>en</strong>te, le<br />

facteur d’irrégularité γ décroît. Chaque cycle conti<strong>en</strong>t alors plusieurs maxima, certains<br />

maxima sont alors négatifs. Ce cas est illustré Fig. 2.4.b où un historique de la<br />

contrainte généré à partir d’<strong>une</strong> PSD large bande est représ<strong>en</strong>té, γ vaut 0.74.<br />

Le paramètre de largeur de bande ɛ, défini éq. (2.20), varie <strong>en</strong>tre 0 lorsque le processus<br />

est <strong>en</strong> bande étroite et 1 lorsque le processus est large bande. Dans le cas du processus


2 Domaine fréqu<strong>en</strong>tiel 19<br />

Fig. 2.4 – Exemple de processus : (a) bande étroite et (b) large bande<br />

<strong>en</strong> bande étroite illustré précédemm<strong>en</strong>t, ɛ = 0.03, alors que dans le cas du processus<br />

<strong>en</strong> bande large ɛ = 0.66.<br />

Un comptage du nombre de passages par chaque niveau b peut alors être réalisé sur la<br />

séqu<strong>en</strong>ce de la contrainte simulée d’<strong>une</strong> durée de 2 s et comparé à la valeur théorique<br />

défini selon Rice par l’éq. (2.16), comme l’illustre la figure 2.5.<br />

de ν +<br />

b<br />

Distribution <strong>des</strong> maxima<br />

Cartwright & Longuet-Higgins [5] ont démontré que la d<strong>en</strong>sité de probabilité <strong>des</strong><br />

maxima <strong>pour</strong> un processus gaussi<strong>en</strong> x(t), est <strong>une</strong> combinaison linéaire d’<strong>une</strong> distribution<br />

gaussi<strong>en</strong>ne et d’<strong>une</strong> distribution de Rayleigh. Elle est donnée par :<br />

où<br />

pb(b) = (1 − γ 2 1<br />

) exp(−<br />

2π(1 − γ2 )σx<br />

1 b<br />

2<br />

2<br />

(1 − γ2 )σ2 )<br />

x<br />

+<br />

γ<br />

γF ( <br />

1 − γ2 b<br />

exp(− 1 b<br />

2<br />

2<br />

) (2.21)<br />

σx<br />

) b<br />

σ 2 x<br />

σ 2 x


20 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

Fig. 2.5 – Nombre de passages par un niveau b : comparaison simulation-théorie (<strong>pour</strong><br />

le processus illustré à la fig.2.4.b)<br />

F (u) =<br />

u<br />

−∞<br />

1<br />

√ exp(−<br />

2π 1<br />

2 ξ2 )dξ<br />

est la fonction de répartition d’<strong>une</strong> d<strong>en</strong>sité de probabilité gaussi<strong>en</strong>ne unitaire. Chaque<br />

terme est affecté d’un coeffici<strong>en</strong>t dép<strong>en</strong>dant du facteur d’irrégularité γ. L’équation<br />

précéd<strong>en</strong>te montre qu’<strong>en</strong> effet, dans le cas limite d’un processus <strong>en</strong> bande étroite, de<br />

facteur d’irrégularité γ = 1, le premier terme s’annule et la distribution <strong>des</strong> maxima<br />

est <strong>une</strong> distribution de Rayleigh :<br />

pb(b) = b<br />

σ 2 x<br />

exp(− −b2<br />

2σ2 ) (2.22)<br />

x<br />

alors dans le cas limite d’un processus large bande où γ = 0, la distribution <strong>des</strong><br />

maxima est <strong>une</strong> distribution gaussi<strong>en</strong>ne :<br />

pb(b) =<br />

1<br />

√ 2πσx<br />

exp( −b2<br />

2σ2 ) (2.23)<br />

x<br />

Les distributions <strong>des</strong> maxima normalisées, correspondantes aux deux processus<br />

illustrés aux figures 2.4.a et 2.4.b ont été estimées à partir de l’éq. ( 2.21). Elles<br />

sont prés<strong>en</strong>tées à la Fig. 2.6 où η = b/σ est le niveau <strong>des</strong> maxima réduits par rapport<br />

à la valeur quadratique moy<strong>en</strong>ne du signal.


2 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> <strong>spectrales</strong> de calcul du dommage 21<br />

Fig. 2.6 – Distribution <strong>des</strong> maxima <strong>pour</strong> les processus illustrés aux Fig.2.4.a et 2.4.b<br />

Nous remarquons que <strong>des</strong> maxima négatifs se produis<strong>en</strong>t dès que le processus n’est<br />

plus rigoureusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> bande étroite et que leur fraction augm<strong>en</strong>te lorsque la largeur<br />

de bande augm<strong>en</strong>te. Nous notons <strong>en</strong>fin qu’<strong>en</strong> queue de distribution dans le domaine<br />

<strong>des</strong> valeurs élevées, la d<strong>en</strong>sité de probabilité <strong>des</strong> maxima dans le cas d’<strong>une</strong> distribution<br />

de Rayleigh est supérieure à celle calculée avec <strong>une</strong> distribution gaussi<strong>en</strong>ne.<br />

2.3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> <strong>spectrales</strong> de calcul du dommage<br />

2.3.1 L’approximation de Rayleigh<br />

L’approche classique adoptée <strong>en</strong> théorie <strong>des</strong> vibrations aléatoires, <strong>pour</strong> un processus<br />

gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle, consiste à dire que chaque maximum d’amplitude b est<br />

considéré comme étant un cycle de contrainte d’amplitude b et de moy<strong>en</strong>ne nulle<br />

produisant un dommage, qui selon l’équation de Basquin Ns β = C, est donné par la<br />

relation d = C −1 b β .<br />

La contribution au taux de dommage <strong>des</strong> maxima compris dans l’intervalle [b, b + db[,<br />

comme l’illustre la Fig. 2.7, peut alors s’écrire :<br />

∆(b)db = C −1 b β E[MT ]pb(b)db (2.24)<br />

où E[MT ]pb(b)db est le nombre moy<strong>en</strong> par unité de temps de maxima dont l’amplitude<br />

est comprise dans l’intervalle [b, b + db[, <strong>en</strong> rappelant que E[MT ] est le nombre de<br />

maxima par unité de temps et que p(b)db est la fraction de maxima appart<strong>en</strong>ant à


22 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

Fig. 2.7 – Définition de l’amplitude d’un cycle de contrainte <strong>en</strong> théorie <strong>des</strong> vibrations<br />

aléatoires<br />

l’intervalle [b, b+db[. L’espérance du dommage par unité de temps peut être facilem<strong>en</strong>t<br />

déduite et elle s’écrit :<br />

E[D] =<br />

+∞<br />

0<br />

∆(b)db = C −1 E[MT ]<br />

+∞<br />

0<br />

b β pb(b)db (2.25)<br />

L’intégrale est limitée <strong>en</strong>tre 0 et l’infini puisque seuls les maxima positifs contribu<strong>en</strong>t<br />

au dommage. L’espérance du dommage total sur un durée T d’application du chargem<strong>en</strong>t<br />

aléatoire vaut E[DT ] = T E[D]. Introduisant le niveau réduit η = b/σx, l’éq.<br />

(2.25) s’écrit :<br />

E[D] = C −1 E[MT ]σ β x<br />

+∞<br />

0<br />

η β pη(η)dη (2.26)<br />

Dans le cas d’un processus <strong>en</strong> bande étroite, le nombre de maxima par unité de temps<br />

est égal au nombre de passages par zéro à p<strong>en</strong>te positive, E[MT ] peut donc être<br />

remplacé par ν + 0 , et la d<strong>en</strong>sité p(η) est la distribution de Rayleigh (2.22). L’espérance<br />

mathématique du dommage devi<strong>en</strong>t alors :<br />

ou <strong>en</strong>core<br />

E[D] = C −1 σ β xν + 0<br />

où la fonction Γ(x) est donnée par la relation :<br />

+∞<br />

η<br />

0<br />

β+1 e −η2 /2<br />

dη (2.27)<br />

E[D] = C −1 σ β xν + 0 2β/2 Γ(1 + β/2) (2.28)


2 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> <strong>spectrales</strong> de calcul du dommage 23<br />

Γ(x) = 2<br />

+∞<br />

0<br />

t (2x−1) e −t2<br />

dt (x > 0) (2.29)<br />

Il est possible de montrer (voir Wirshing & Haug<strong>en</strong> [38]) que cette relation peut<br />

égalem<strong>en</strong>t être exprimée comme <strong>une</strong> fonction de deux mom<strong>en</strong>ts spectraux et devi<strong>en</strong>t<br />

alors :<br />

E[D] = C<br />

−1 2β/2<br />

2π<br />

Γ(1 + β/2)m(β−1)/2 0 m 1/2<br />

2<br />

(2.30)<br />

Ce résultat a été prés<strong>en</strong>té <strong>pour</strong> la première fois par Miles [22] <strong>en</strong> 1954 et a été repris par<br />

Crandall & Mark [7]. Il est connu sous le nom d’approximation de Rayleigh (Rayleigh<br />

approximation) ou approximation bande étroite (Narrow band approximation). Cette<br />

formulation est simple à implém<strong>en</strong>ter, de plus, Wirshing & Haug<strong>en</strong> [38] l’ont appliquée<br />

à différ<strong>en</strong>ts spectres de largeurs de bande diverses et ont trouvé que cette formulation<br />

était toujours conservative par rapport aux résultats obt<strong>en</strong>us par comptage rainflow<br />

sur <strong>des</strong> réalisations de la contrainte simulées à l’aide de la méthode de Monte-Carlo.<br />

Le caractère conservatif de l’approximation de Rayleigh par rapport au comptage<br />

rainflow, quelque soit le spectre et la largeur de bande, a été prouvé par Rychlik [32].<br />

2.3.2 Facteurs de correction<br />

En pratique, les historiques de contrainte r<strong>en</strong>contrés sont <strong>des</strong> processus qui ne sont<br />

ni <strong>en</strong> bande étroite, ni large bande, mais ils se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général <strong>en</strong>tre les deux.<br />

L’approximation de Rayleigh, qui donne <strong>des</strong> résultats théoriquem<strong>en</strong>t exacts <strong>en</strong> bande<br />

étroite, mène, <strong>pour</strong> de nombreux processus de largeurs de ban<strong>des</strong> moy<strong>en</strong>nes ou larges,<br />

à <strong>des</strong> résultats jugés trop conservatifs et donc pénalisants au niveau de la masse <strong>des</strong><br />

<strong>structures</strong>. Dans le but d’obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> estimations de la durée de vie les plus proches<br />

possibles de celles obt<strong>en</strong>ues par simulations rainflow, de nombreux modèles ont été<br />

développés (voir par exemple Chauldry & Dover [6], Wirshing & Light [39], Ortiz &<br />

Ch<strong>en</strong> [24]). Seuls les modèles les plus couramm<strong>en</strong>t étudiés dans la littérature sont reportés<br />

ci-après. Ils repos<strong>en</strong>t sur l’idée de rectifier l’approximation de Rayleigh <strong>en</strong> multipliant<br />

celle-ci par <strong>des</strong> facteurs de correction semi-empiriques. Ces facteurs dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

alors principalem<strong>en</strong>t de paramètres de largeur de bande, de mom<strong>en</strong>ts spectraux ainsi<br />

que de l’exposant β de l’équation de Basquin. L’estimation du dommage s’écrit alors<br />

D = λDRay, DRay étant l’espérance mathématique du dommage donnée éq. (2.30).<br />

Les premiers travaux effectués dans ce s<strong>en</strong>s sont ceux de Wirshing & Light [39] qui<br />

propos<strong>en</strong>t le facteur de correction suivant :<br />

où<br />

λW L = a(β) + [1 − a(β)](1 − ɛ) b(β)<br />

a(β) = 0.926 − 0.033β<br />

(2.31)


24 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

b(β) = 1.587β − 2.323<br />

avec ɛ = 1 − γ 2 .<br />

Un modèle plus raffiné a été proposé <strong>en</strong>suite par Ortiz & Ch<strong>en</strong> [24]. Poursuivant la<br />

même idée, ils ont proposé le facteur de correction suivant :<br />

λOC = δβ<br />

γ<br />

où δ =<br />

m2m 2/β<br />

m0m (2+2/β)<br />

(2.32)<br />

Chacun de ces facteurs représ<strong>en</strong>te, dans un certain nombre de cas seulem<strong>en</strong>t, <strong>une</strong><br />

amélioration par rapport à l’approximation de Rayleigh et dégénère vers cette approximation<br />

de Rayleigh dans le cas d’un processus <strong>en</strong> bande étroite.<br />

2.3.3 Méthode du ”Single Mom<strong>en</strong>t”<br />

En 1990, Lutes & Lars<strong>en</strong> [20] abandonn<strong>en</strong>t l’idée de facteur de correction et propos<strong>en</strong>t<br />

<strong>une</strong> formulation empirique qui fait appel à un seul mom<strong>en</strong>t spectral, qui est un mom<strong>en</strong>t<br />

singulier d’ordre fractionnaire 2/β. Suite à de très nombreuses simulations rainflow<br />

par la méthode de Monte-Carlo, ils préconis<strong>en</strong>t l’utilisation de l’équation suivante :<br />

−1 2β/2<br />

E[D] = C<br />

2π Γ(1 + β/2)(m2/β) β/2<br />

(2.33)<br />

D’après l’étude réalisée <strong>en</strong>suite par les mêmes auteurs, Lars<strong>en</strong> & Lutes [17], étude dans<br />

laquelle la méthode du ”single mom<strong>en</strong>t” est comparée à l’approximation de Rayleigh,<br />

au modèle de Wirshing et Light (éq. (2.31)) ainsi qu’à celui de Ortiz et Ch<strong>en</strong> (éq.<br />

(2.32)), la méthode du ”single mom<strong>en</strong>t” est celle dont la validité est la plus générale<br />

par rapport aux simulations rainflow. Elle donne <strong>des</strong> résultats très satisfaisants même<br />

si elle est parfois moins performante que l’<strong>une</strong> <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> précéd<strong>en</strong>tes dans quelques<br />

cas particuliers. L’autre avantage de celle-ci est de ne faire interv<strong>en</strong>ir que le mom<strong>en</strong>t<br />

spectral d’ordre fractionnaire : m 2/β.<br />

2.4 Simulations de Monte-Carlo<br />

Evidemm<strong>en</strong>t, le dommage DT résultant d’un chargem<strong>en</strong>t aléatoire appliqué p<strong>en</strong>dant<br />

<strong>une</strong> période T est aussi <strong>une</strong> variable aléatoire. Comme nous l’avons vu dans les paragraphes<br />

précéd<strong>en</strong>ts, les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> permett<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong> calculer directem<strong>en</strong>t<br />

l’espérance mathématique par unité de temps E[D]. Pour l’<strong>en</strong>semble de la séqu<strong>en</strong>ce<br />

nous obt<strong>en</strong>ons alors E[DT ] = T ×E[D]. Par contre, <strong>pour</strong> estimer E[DT ] <strong>en</strong> appliquant<br />

<strong>une</strong> méthode temporelle, il est nécessaire de générer un grand nombre de réalisations<br />

statistiquem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dantes de la contrainte aléatoire à l’aide de l’algorithme de<br />

la FFT et de la méthode de Monte-Carlo. D’<strong>une</strong> simulation à l’autre la valeur du<br />

dommage DT varie. Ces simulations dites de Monte-Carlo permett<strong>en</strong>t donc d’estimer<br />

l’espérance mathématique du dommage E[DT ] à partir d’un échantillon représ<strong>en</strong>tatif<br />

de valeurs de DT .


2 Simulations de Monte-Carlo 25<br />

2.4.1 Comparaisons <strong>en</strong>tre simulations rainflow et métho<strong>des</strong><br />

<strong>spectrales</strong><br />

Afin de vérifier les résultats prés<strong>en</strong>tés dans la littérature, l’approximation de Rayleigh,<br />

qui est historiquem<strong>en</strong>t la première méthode spectrale, et la méthode du ”Single<br />

Mom<strong>en</strong>t”, qui semble être la méthode la plus prometteuse actuellem<strong>en</strong>t, ont été<br />

implém<strong>en</strong>tées. Ces deux métho<strong>des</strong> ont été appliquées à différ<strong>en</strong>tes formes de spectres<br />

et <strong>pour</strong> <strong>des</strong> processus de largeur de bande variable. D’autre part, <strong>des</strong> simulations de<br />

Monte-Carlo de la contraintes ont été réalisées à partir de ces mêmes spectres. Le<br />

dommage DT a <strong>en</strong>suite été estimé <strong>pour</strong> chaque réalisation <strong>en</strong> utilisant le comptage<br />

rainflow <strong>des</strong> cycles et la loi de cumul linéaire du dommage. Notre étude nous permettra<br />

donc bi<strong>en</strong> d’apprécier les performances <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> proposées<br />

dans la littérature <strong>en</strong> les comparant aux simulations rainflow.<br />

Trois formes <strong>spectrales</strong> ont été considérées :<br />

Fig. 2.8 – Formes <strong>spectrales</strong> utilisées <strong>pour</strong> les simulations : (a) oscillateur linéaire,<br />

(b) spectre bimodal, (c) processus idéal passe bande<br />

– la réponse d’un oscillateur à un degré de liberté (d.d.l.) à un bruit blanc gaussi<strong>en</strong><br />

(Fig. 2.8.a) ;


26 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

– un spectre bimodal représ<strong>en</strong>tant la réponse couplée de deux oscillateurs linéaires<br />

à un bruit blanc gaussi<strong>en</strong> (Fig. 2.8.b). La variance du processus est égalem<strong>en</strong>t<br />

répartie <strong>en</strong>tre les deux fréqu<strong>en</strong>ces naturelles du système respectivem<strong>en</strong>t données<br />

par (1 + α)ωn et (1 − α)ωn ;<br />

– le processus idéal passe-bande (Fig. 2.8.c), qui est un bruit blanc de largeur de<br />

bande limitée à αωn c<strong>en</strong>tré sur ωn.<br />

Fig. 2.9 – <strong>Métho<strong>des</strong></strong> <strong>spectrales</strong> et simulations rainflow : comparaisons du dommage<br />

calculé (β = 7), (a) oscillateur linéaire, (b) spectre bimodal, (c) processus idéal passe<br />

bande<br />

Pour ces trois formes <strong>spectrales</strong> données, différ<strong>en</strong>tes largeurs de ban<strong>des</strong> peuv<strong>en</strong>t être<br />

obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> faisant varier l’amortissem<strong>en</strong>t dans le cas de l’oscillateur à un d.d.l. ou<br />

<strong>en</strong> faisant varier le paramètre α dans les deux autres cas. Tous les processus ont la<br />

fréqu<strong>en</strong>ce c<strong>en</strong>trale ν + 0 de 1000 Hz et la même moy<strong>en</strong>ne quadratique σs = √ m0 = 120<br />

MPa. Les réalisations de la contrainte, obt<strong>en</strong>ues par simulations de Monte-Carlo, sont<br />

constitués de 2 15 soit 32768 pas de temps <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée totale de la séqu<strong>en</strong>ce de<br />

2 secon<strong>des</strong>. Les résultats obt<strong>en</strong>us par comptage rainflow ont été moy<strong>en</strong>nés sur <strong>une</strong>


2 Simulations de Monte-Carlo 27<br />

quinzaine de réalisations du processus considéré. Les caractéristiques du matériau <strong>en</strong><br />

<strong>fatigue</strong> sont β = 7 et C = 4.88×1029 . Le matériau considéré ne prés<strong>en</strong>te pas de limite<br />

d’<strong>en</strong>durance.<br />

Les résultats de ces simulations sont représ<strong>en</strong>tés Fig. 2.9. Pour les processus <strong>en</strong> bande<br />

étroite (valeurs faibles de l’amortissem<strong>en</strong>t ξ ou du paramètre α), les simulations<br />

confirm<strong>en</strong>t la théorie, à savoir que les trois métho<strong>des</strong> donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> estimations du<br />

dommage équival<strong>en</strong>tes. Nous observons égalem<strong>en</strong>t que l’approximation de Rayleigh<br />

prédit un dommage constant, quelque soit la largeur de bande du processus et la forme<br />

spectrale, σs et ν + 0<br />

étant constants. Lorsque la largeur de bande augm<strong>en</strong>te, l’approxi-<br />

mation de Rayleigh devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus conservative. Ceci est dû au fait que, <strong>pour</strong><br />

un processus <strong>en</strong> bande étroite, chaque maximum est associé à un minimum de même<br />

amplitude, contrairem<strong>en</strong>t à un processus large bande qui est constitué d’oscillations<br />

de gran<strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> sur lesquelles se superpos<strong>en</strong>t <strong>des</strong> oscillations de faibles amplitu<strong>des</strong>.<br />

Pour <strong>une</strong> même longueur d’échantillon temporel, le nombre de cycles rainflow<br />

de gran<strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> est donc beaucoup plus faible <strong>pour</strong> un processus large bande<br />

que <strong>pour</strong> un processus bande étroite. Par contre, la décroissance du dommage observée<br />

sur les résultats <strong>des</strong> simulations rainflow, lorsque la largeur de bande augm<strong>en</strong>te, est<br />

très bi<strong>en</strong> approximée par la méthode du single mom<strong>en</strong>t. Ceci est donc bi<strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>t<br />

avec les observations de Lars<strong>en</strong> & Lutes [17].<br />

Quant aux temps de calcul, les routines relatives aux simulations rainflow ont été<br />

implém<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> FORTRAN et les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> ont été implém<strong>en</strong>tées dans<br />

MATLAB. Les différ<strong>en</strong>tes simulations ont été effectuées sur <strong>une</strong> station de travail<br />

de type DEC alpha. Pour chaque estimation du dommage, les simulations rainflow<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t 130 secon<strong>des</strong>, alors que le calcul dure 1.8 s <strong>en</strong> utilisant l’approximation de<br />

Rayleigh où l’évaluation de deux mom<strong>en</strong>ts spectraux est réalisées, et 0.9 s <strong>en</strong> utilisant<br />

le ”Single Mom<strong>en</strong>t” qui nécessite le calcul d’un seul mom<strong>en</strong>t spectral.<br />

2.4.2 Distribution <strong>des</strong> cycles rainflow et du dommage<br />

Le rapport<br />

f(b)db = ∆(b)db<br />

E[D]<br />

(2.34)<br />

représ<strong>en</strong>te la fraction du dommage associée aux contraintes dont l’amplitude est comprise<br />

dans l’intervalle [b, b + db[, ∆(b)db est le dommage produit par unité de temps<br />

par les cycles dont les amplitu<strong>des</strong> sont comprises dans l’intervalle [b, b + db[, comme<br />

le montre l’éq. (2.24), et E[D] est le dommage total produit par unité de temps, <strong>en</strong><br />

pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte tous les maxima positifs.<br />

Dans l’hypothèse d’un processus <strong>en</strong> bande étroite, nous pouvons remplacer p(b) par la<br />

distribution de Rayleigh dans l’éq. (2.24) qui constitue le numérateur de l’éq. (2.34).<br />

Le dénominateur de cette même équation, E[D], est dans ce cas donné par l’approximation<br />

de Rayleigh c’est-à-dire par l’éq. (2.30). En réduisant les amplitu<strong>des</strong> <strong>des</strong><br />

maxima par rapport à la moy<strong>en</strong>ne quadratique du processus, η = b/σs, il est possible<br />

de montrer que, <strong>pour</strong> <strong>une</strong> distribution de Rayleigh <strong>des</strong> maxima, la d<strong>en</strong>sité de


28 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

probabilité du dommage correspondante s’écrit :<br />

f(η) = ηβ+1 e −η/2<br />

2 β/2 Γ(1 + β/2)<br />

(2.35)<br />

Il est intéressant de noter que f(η) se réduit aussi à <strong>une</strong> distribution de Rayleigh<br />

lorsque β est nul. La Fig. 2.10 montre la distribution du dommage f(η) correspondant<br />

à <strong>une</strong> distribution de Rayleigh p(η) <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> de cycles rainflow <strong>pour</strong> trois valeurs<br />

de l’exposant β. Le déplacem<strong>en</strong>t de la distribution vers les fortes amplitu<strong>des</strong> lorsque<br />

la valeur de β augm<strong>en</strong>te est mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce. Plus la valeur de β est élevée, plus la<br />

contribution au dommage due aux cycles de gran<strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> est dominante.<br />

Fig. 2.10 – Distribution <strong>des</strong> cycles rainflows p(η) et distribution du dommage f(η)<br />

La Fig. 2.11.a montre la distribution normalisée de l’amplitude réduite <strong>des</strong> cycles<br />

rainflow dans le cas <strong>des</strong> simulations d’un processus idéal passe-bande <strong>pour</strong> lequel<br />

α = 0.1. Les niveaux d’amplitu<strong>des</strong> ont été discrétisés <strong>en</strong> 32 classes. La distribution<br />

normalisée par rapport à σs obt<strong>en</strong>ue par simulations rainflow est représ<strong>en</strong>tée par <strong>des</strong><br />

histogrammes. Pour ce processus bande étroite, la corrélation <strong>en</strong>tre les histogrammes<br />

et la distribution de Rayleigh représ<strong>en</strong>tée par la courbe Fig. 2.11.a. est évid<strong>en</strong>te.<br />

La distribution du dommage associé est illustrée Fig. 2.11.b, les histogrammes sont<br />

effectivem<strong>en</strong>t proches de la distribution théorique. Notons toutefois, que dans le cas<br />

de simulations d’échantillons temporels de durée limitée, il est difficile d’obt<strong>en</strong>ir le<br />

nombre théorique de cycles de gran<strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> c’est-à-dire <strong>pour</strong> <strong>des</strong> valeurs de<br />

η > 4, ce que nous pouvons observer à la Fig. 2.11.b.


2 Simulations de Monte-Carlo 29<br />

Fig. 2.11 – Processus <strong>en</strong> bande étroite (β = 7), distributions : (a) <strong>des</strong> cycles rainflow,<br />

(b) du dommage<br />

La Fig. 2.12.a montre la distribution normalisée <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> réduites <strong>des</strong> cycles<br />

rainflow obt<strong>en</strong>ue dans le cas <strong>des</strong> simulations d’un processus idéal passe-bande <strong>pour</strong><br />

lequel α = 1.9. Elle met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce que <strong>pour</strong> ce processus large bande, le nombre de<br />

cycles de faibles amplitu<strong>des</strong> augm<strong>en</strong>te au détrim<strong>en</strong>t <strong>des</strong> cycles de gran<strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong>.<br />

Par rapport à la distribution de Rayleigh, représ<strong>en</strong>tée par la courbe, un déficit important<br />

de cycles d’amplitu<strong>des</strong> comprises <strong>en</strong>tre η = 1 et η = 3 est observé, la répercution<br />

de ce déficit sur la distribution du dommage est visible sur les histogrammes de la Fig.<br />

2.12.b dans le domaine <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> réduites η = 2 à η = 3. Ceci illustre la raison<br />

<strong>pour</strong> laquelle l’approximation de Rayleigh est conservative dans le cas d’un processus<br />

large bande.<br />

Fig. 2.12 – Processus large bande (β = 7), distributions : (a) <strong>des</strong> cycles rainflow, (b)<br />

du dommage


30 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

2.5 Calcul <strong>des</strong> cycles rainflow à partir d’<strong>une</strong> PSD<br />

2.5.1 Approches empiriques<br />

Parallèlem<strong>en</strong>t aux différ<strong>en</strong>ts travaux sur les facteurs de correction visant à rectifier<br />

l’approximation de Rayleigh, <strong>une</strong> autre voie basée sur la distribution réelle <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong><br />

<strong>des</strong> cycles rainflow a été explorée au cours <strong>des</strong> années 80. L’idée est de déterminer<br />

directem<strong>en</strong>t la distribution <strong>des</strong> cycles rainflow à partir d’<strong>une</strong> PSD. En 1985, Dirlik<br />

[8] propose <strong>une</strong> formule empirique basée sur <strong>une</strong> étude approfondie <strong>des</strong> simulations<br />

rainflow. Cette formule est complexe, mais reste <strong>une</strong> fonction de quatre mom<strong>en</strong>ts<br />

spectraux de la PSD, à savoir m0, m1, m2 et m4. La méthode de Dirlik, égalem<strong>en</strong>t<br />

décrite dans Bishop & Sherratt [2, 3], est utilisée dans l’industrie et est notamm<strong>en</strong>t<br />

implém<strong>en</strong>tée dans les logiciels de <strong>fatigue</strong> commercialisés par nCode International Ltd<br />

(Halfp<strong>en</strong>ny [15]).<br />

Le nombre de cycles rainflow N d’ét<strong>en</strong>due ∆s (voir définition paragraphe 1.2.4) est<br />

donné par l’équation :<br />

N(∆s) = E[MT ] T p(∆s) (2.36)<br />

où E[MT ] est le nombre de maxima par unité de temps, T est la durée de la séqu<strong>en</strong>ce<br />

de chargem<strong>en</strong>t et p(∆s) est la probabilité d’observer un cycle rainflow d’ét<strong>en</strong>due ∆s.<br />

Cette probabilité est donnée par l’équation :<br />

où<br />

p(∆s) =<br />

<br />

D1<br />

Q e−Z/Q + D2Z<br />

R2 e−Z2 /(2R 2 )<br />

+ D3Ze −Z2 /2 <br />

/ 2 √ <br />

m0<br />

D1 = 2(xm − γ2 )<br />

1 + γ2 ; D2 = 1 − γ − D1 + D2 1<br />

; D3 = 1 − D1 − D2<br />

1 − R<br />

xm = m1<br />

m0<br />

m2<br />

m4<br />

; γ = m2<br />

√ ; R =<br />

m0m4<br />

γ − xm − D2 1<br />

1 − γ − D1 + D2 1<br />

Q = 1.25(γ − D3 − D2R)<br />

; Z =<br />

D1<br />

∆s<br />

2 √ ;<br />

m0<br />

(2.37)<br />

Appliquée au spectre idéal passe-bande <strong>pour</strong> les deux valeurs du paramètre α = 0.1<br />

et α = 1.9, nous observons Fig. 2.13.a que dans le cas du processus <strong>en</strong> bande étroite,<br />

la d<strong>en</strong>sité de probabilité p(η) <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> réduites <strong>des</strong> cycles rainflow, où<br />

η = ∆s<br />

2σx<br />

(2.38)


2 Calcul <strong>des</strong> cycles rainflow à partir d’<strong>une</strong> PSD 31<br />

Fig. 2.13 – Formule de Dirlik, distribution <strong>des</strong> cycles rainflow : processus idéal passebande<br />

: (a) α = 0.1 et (b) α = 1.9<br />

est bi<strong>en</strong> <strong>une</strong> distribution de Rayleigh équival<strong>en</strong>te à celle illustrée Fig. 2.11.a. Dans le<br />

cas du processus large bande Fig. 2.13.b, la méthode de Dirlik donne égalem<strong>en</strong>t <strong>une</strong><br />

distribution <strong>des</strong> cycles rainflow assez proche de celle illustrée Fig. 2.12.a.<br />

La formulation complexe de Dirlik donne <strong>des</strong> résultats comparables à ceux obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong><br />

appliquant la formule du ”Single Mom<strong>en</strong>t”, comme le montre la Fig. 2.14. Notons que<br />

la méthode du ”Single Mom<strong>en</strong>t” est plus rapide que la formule de Dirlik, car elle ne fait<br />

appel au calcul que d’<strong>une</strong> seule intégrale sur la PSD. Par contre, la méthode de Dirlik<br />

nécessite 4 intégrations, ainsi qu’<strong>une</strong> itération sur le nombre de classes choisi <strong>pour</strong><br />

discrétiser les ét<strong>en</strong>dues <strong>des</strong> cycles rainflow. Implém<strong>en</strong>tée dans MATLAB, l’estimation<br />

du dommage à partir d’<strong>une</strong> PSD pr<strong>en</strong>d 10 s contre 0.9 s <strong>pour</strong> le ”Single Mom<strong>en</strong>t”.<br />

Notons égalem<strong>en</strong>t que l’évaluation numérique du mom<strong>en</strong>t d’ordre 4 peut être délicate,<br />

notamm<strong>en</strong>t à cause de l’amplification que ce mom<strong>en</strong>t d’ordre 4 génère dans les hautes<br />

fréqu<strong>en</strong>ces.<br />

Fig. 2.14 – Formule de Dirlik appliquée au spectre idéal passe-bande


32 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

2.5.2 Méthode de Markov<br />

Le problème du passage direct de la PSD du processus s(t) au comptage <strong>des</strong> cycles<br />

rainflow a <strong>en</strong>suite été résolu par <strong>une</strong> théorie rigoureuse basée, d’<strong>une</strong> part, sur la<br />

définition d’un cycle rainflow proposée <strong>en</strong> 1987 par Rychlik [30] et d’autre part, sur<br />

la théorie <strong>des</strong> chaînes de Markov. En effet, un cycle rainflow, tel qu’il est illustré Fig.<br />

2.15, peut être mathématiquem<strong>en</strong>t caractérisé de la façon suivante :<br />

Considérons la contrainte s(t) où t ∈ [0, T ] et le maximum de la contrainte Mi de<br />

niveau k se produisant au temps ti. Nous pouvons définir les ét<strong>en</strong>dues (m −<br />

i , Mi) et<br />

(Mi, m +<br />

i ) où :<br />

– m −<br />

i<br />

est le minimum de s(t) qui se trouve <strong>en</strong>tre le dernier passage à p<strong>en</strong>te négative<br />

de s(t) par le niveau k et le maximum Mi. Ce minimum se trouve à gauche de Mi<br />

et se produit au temps t −<br />

i .<br />

– m +<br />

i est le minimum de s(t) qui se trouve <strong>en</strong>tre Mi et le premier passage à p<strong>en</strong>te<br />

positive de s(t) par le niveau k. Ce minimum se trouve à droite de Mi et se produit<br />

au temps t +<br />

i .<br />

Fig. 2.15 – Caractérisation mathématique d’un cycle rainflow<br />

S’il n’existe pas de passage de s(t) par le niveau k avant ou après le temps ti, alors<br />

respectivem<strong>en</strong>t t −<br />

i<br />

= 0 ou t+<br />

i = T . Le cycle rainflow extrait au temps ti est alors défini,<br />

soit comme l’ét<strong>en</strong>due (m rfc<br />

i , Mi), soit (Mi, m rfc<br />

i ). Ce minimum m rfc<br />

i<br />

<strong>en</strong> appliquant la condition :<br />

m rfc<br />

i<br />

= j =<br />

max(m −<br />

i<br />

m +<br />

i<br />

, m+<br />

i<br />

) si t−i<br />

> 0<br />

sinon<br />

est déterminé<br />

L’implém<strong>en</strong>tation de cette définition donne <strong>des</strong> résultats id<strong>en</strong>tiques à ceux obt<strong>en</strong>us<br />

<strong>en</strong> appliquant la procédure décrite au § 2.1.4 (voir Rychlik [30]).<br />

Ensuite, nous supposons que le processus <strong>des</strong> extrema peut être modélisé par <strong>une</strong><br />

chaîne de Markov. La contrainte est alors discrétisée <strong>en</strong> un nombre M de niveaux, le


2 Calcul <strong>des</strong> cycles rainflow à partir d’<strong>une</strong> PSD 33<br />

processus <strong>des</strong> extrema devi<strong>en</strong>t alors un processus discret. Si njk représ<strong>en</strong>te le nombre<br />

de transitions arrivant à un extremum de niveau k partant d’un extremum de niveau<br />

j, la probabilité conditionnelle tjk d’observer <strong>une</strong> transition vers un niveau k sachant<br />

que l’extremum précéd<strong>en</strong>t est de niveau j peut s’écrire :<br />

tjk = njk/<br />

M<br />

m=1<br />

njm<br />

(2.39)<br />

Le nombre de transitions peut être observé sur <strong>une</strong> réalisation du processus s(t), mais<br />

égalem<strong>en</strong>t être déterminé théoriquem<strong>en</strong>t à partir d’<strong>une</strong> PSD, comme nous le verrons<br />

par la suite. La matrice T = tjk peut être divisée <strong>en</strong> deux matrices triangulaires, la<br />

matrice triangulaire supérieure U = ujk et la matrice triangulaire inférieure D = djk<br />

définies par :<br />

U = ujk = P (Mn = k|mn−1 = j) D = djk = P (mn = k|Mn−1 = j) (2.40)<br />

où l’indice n est le rang de l’extrema.<br />

Selon la théorie <strong>des</strong> chaînes de Markov à un pas de mémoire, que suit le processus<br />

<strong>des</strong> extrema de s(t), la probablilité conditionnelle de transition vers un extremum de<br />

niveau k sachant que le précéd<strong>en</strong>t est au niveau j est indép<strong>en</strong>dante <strong>des</strong> niveaux <strong>des</strong><br />

extrema précéd<strong>en</strong>ts. Il est alors possible de déterminer par manipulations matricielles<br />

sur U et D, la probabilité d’observer un cycle rainflow (k, j) d’un maximum de niveau<br />

k vers un minimum de niveau j. Selon la définition illustrée Fig. 2.15, elle est égale à la<br />

probabilité d’observer <strong>une</strong> transition, à droite, d’un maximum de niveau k au x-ième<br />

maximum de niveau supérieur à k tel que le plus petit minimum intermédiaire est au<br />

niveau j, alors qu’à gauche le plus petit minimum situé <strong>en</strong>tre le précéd<strong>en</strong>t maximum<br />

de niveau supérieur à k et le maximum considéré est inférieur à j. Il est égalem<strong>en</strong>t<br />

possible de calculer la configuration inverse à savoir le cas où m rfc = j est à gauche du<br />

maximum considéré, la somme <strong>des</strong> deux donnant <strong>une</strong> matrice de probabilité rainflow.<br />

Cette démarche et les calculs matriciels correspondants sont par exemple développés<br />

par Olagnon [23].<br />

La validité de cette méthode de Markov à partir d’<strong>une</strong> matrice de transition observée<br />

sur <strong>des</strong> historiques de la contrainte a été établie par Rychlik [31] <strong>en</strong> 1989.<br />

Mais comme nous l’avons m<strong>en</strong>tionné ci-<strong>des</strong>sus, le problème se situe dans l’étape intermédiaire<br />

qui est le calcul de la matrice de transition njk à partir d’un spectre<br />

donné. Dans l’<strong>une</strong> <strong>des</strong> premières étu<strong>des</strong> montrant un calcul complet <strong>des</strong> cycles rainflow<br />

à partir d’<strong>une</strong> PSD à l’aide de la méthode de Markov, Bishop & Sherratt [4]<br />

utilis<strong>en</strong>t, <strong>pour</strong> calculer la matrice de transition, la formule de Kowalewski [16] basée<br />

sur les mom<strong>en</strong>ts spectraux :<br />

njk = 2 T E[MT ]<br />

k − j<br />

(2σsγ) 2<br />

1<br />

e<br />

σs 2π(1 − γ2 ) −(j2 +k 2 +2jk(2γ 2 −1))/(8σ 2<br />

sγ2 (1−γ 2 ))<br />

(2.41)


34 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

Fig. 2.16 – Méthode de Markov appliquée au processus unimodal <strong>pour</strong> ɛ = 0.03 : (a)<br />

matrice de transition observée, (b) matrice rainflow observée, (c) matrice de transition<br />

théorique, (d) matrice rainflow théorique.<br />

où T est la durée de la séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t et E[MT ] le nombre de maxima<br />

par unité de temps du processus s(t). Toutefois cette approximation n’est pas très<br />

performante, surtout dans le cas <strong>des</strong> processus large bande (Pitoiset et al. [26]).<br />

Une méthode alternative, dite méthode de régression, donnant la matrice de transition<br />

exacte à partir d’<strong>une</strong> PSD a <strong>en</strong>suite été développée par Lindgr<strong>en</strong> & Rychlik [19].<br />

L’utilisation de cette méthode de régression et son application à l’<strong>analyse</strong> rainflow<br />

sont illustrés dans Fr<strong>en</strong>dhal & Rychlik [14], Rychlik et al. [34].<br />

Notons <strong>en</strong>fin que la méthode de Markov peut être appliquée dans le s<strong>en</strong>s inverse, c’està-dire<br />

<strong>pour</strong> reconstruire <strong>des</strong> séqu<strong>en</strong>ces de chargem<strong>en</strong>t à partir d’<strong>une</strong> matrice rainflow<br />

donnée. Un comptage rainflow sur l’<strong>une</strong> <strong>des</strong> séqu<strong>en</strong>ces reconstruites donne alors la<br />

matrice rainflow initiale (Rychlik [33], Dressler et al. [11]).<br />

Afin de montrer les résultats qui peuv<strong>en</strong>t être obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> appliquant la méthode<br />

de Markov, nous avons traité le cas d’un processus bande étroite et d’un processus<br />

large bande. A titre d’exemple, il s’agit respectivem<strong>en</strong>t du processus unimodal avec<br />

un amortissem<strong>en</strong>t ξ = 0.03 et du processus bimodal avec un amortissem<strong>en</strong>t modal<br />

ξ = 0.03 et <strong>une</strong> distance <strong>en</strong>tre les fréqu<strong>en</strong>ces propres donnée par α = 0.8. Pour ces


2 Calcul <strong>des</strong> cycles rainflow à partir d’<strong>une</strong> PSD 35<br />

Fig. 2.17 – Méthode de markov appliquée au processus bimodal <strong>pour</strong> α = 0.8 et<br />

ɛ = 0.03 : (a) matrice de transition observée, (b) matrice rainflow observée, (c) matrice<br />

de transition théorique, (d) matrice rainflow théorique.<br />

deux processus, les simulations rainflow (décrites au § 2.4.1) ont alors été utilisées afin<br />

d’établir d’<strong>une</strong> part la matrice de transition, appelée matrice de transition observée (à<br />

partir <strong>des</strong> historiques de la contraintes), et d’autre part la matrice rainflow, appelée<br />

matrice rainflow observée.<br />

Quant à la contrepartie théorique, la méthode de régression citée plus haut est<br />

implém<strong>en</strong>tée dans la ”toolbox” MATLAB appelée WAFO. Cette ”toolbox” conti<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> fonctions MATLAB spécifiques à la résolution <strong>des</strong> problèmes statistiques liés aux<br />

processus aléatoires et plus particulièrem<strong>en</strong>t à l’<strong>analyse</strong> de la houle et la <strong>fatigue</strong> uniaxiale,<br />

voir The WAFO group [37]. Elle a été employée <strong>pour</strong> le calcul <strong>des</strong> matrices de<br />

transition théoriques. Le calcul de la matrice rainflow à partir de la matrice de transition<br />

a été effectué selon l’algorithme de Olagnon [23] (notons qu’<strong>une</strong> telle routine<br />

existe égalem<strong>en</strong>t dans la toolbox WAFO). La Fig. 2.16 montre les quatre matrices.<br />

La similitude <strong>en</strong>tre les deux matrices théorique et les deux matrices observées est<br />

flagrante. Le dommage théorique est de DT = 2.0 × 10 −10 <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée T = 2 s, le


36 2. Fatigue uniaxiale aléatoire<br />

calcul est effectué <strong>en</strong> <strong>en</strong>viron 30 s contre un dommage de DT = 1.9×10 −10 obt<strong>en</strong>u par<br />

simulations rainflow <strong>en</strong> 130 s. Des résultats équival<strong>en</strong>ts sont illustrés dans le cas du<br />

processus large bande Fig. 2.17. Le dommage théorique calculé est de DT = 1.4×10 −10<br />

alors que le dommage obt<strong>en</strong>u par simulations rainflow est de DT = 1.2 × 10 −10 .<br />

2.6 Conclusion<br />

Au cours de ce chapître, nous avons étudié la méthode temporelle, basée sur le comptage<br />

rainflow <strong>des</strong> cycles et sur le cumul de dommage linéaire selon la loi de Palmgr<strong>en</strong>-<br />

Miner. Cette méthode est considérée comme donnant de très bonnes prédictions de<br />

durée de vie <strong>pour</strong> les chargem<strong>en</strong>t uniaxiaux, notammant dans le cas de processus<br />

gaussi<strong>en</strong>s stationnaires. Pour ces derniers, la méthode temporelle est applicable à<br />

partir de la PSD du processus s(t), <strong>en</strong> générant artificiellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> réalisations temporelles<br />

de s(t) <strong>en</strong> utilisant l’algorithme de la FFT et la méthode de Monte-Carlo.<br />

Cette procédure complète a donc été implém<strong>en</strong>tée. Toutefois, d’<strong>une</strong> réalisation du<br />

processus à l’autre, les résultats vari<strong>en</strong>t. Il est par conséqu<strong>en</strong>t nécessaire d’appliquer<br />

la procédure un grand nombre de fois, afin d’obt<strong>en</strong>ir <strong>une</strong> durée de vie moy<strong>en</strong>ne, <strong>pour</strong><br />

<strong>une</strong> séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong> durée T donnée.<br />

Dans la deuxième partie du chapitre, nous avons étudié les différ<strong>en</strong>tes métho<strong>des</strong> de<br />

calcul de la durée de vie dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel. Celles-ci permett<strong>en</strong>t d’éviter<br />

la génération d’historiques de la contrainte et la procédure de comptage <strong>des</strong> cycles,<br />

qui sont très coûteuses <strong>en</strong> temps. En effet, les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles permett<strong>en</strong>t<br />

d’obt<strong>en</strong>ir directem<strong>en</strong>t la durée de vie moy<strong>en</strong>ne à partir de la PSD de la contrainte<br />

appliquée à la pièce. Les métho<strong>des</strong> les plus couramm<strong>en</strong>t étudiées dans la littératures<br />

ainsi que les métho<strong>des</strong> réc<strong>en</strong>tes les plus prometteuses ont été implém<strong>en</strong>tées. Une étude<br />

comparative <strong>en</strong>tre la méthode temporelle de référ<strong>en</strong>ce et les différ<strong>en</strong>tes formulations<br />

fréqu<strong>en</strong>tielles a permis de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les performances de la méthode dite du<br />

”Single Mom<strong>en</strong>t”. Elle donne, d’<strong>une</strong> part, de bonnes approximations de la durée de<br />

vie par rapport aux résultats <strong>des</strong> simulations rainflow, et d’autre part, elle est la plus<br />

rapide <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> alternatives proposées. Par conséqu<strong>en</strong>t, la méthode du ”Single<br />

Mom<strong>en</strong>t” est tout à fait appropriée dans le cadre d’<strong>une</strong> <strong>analyse</strong> éléménts finis visant à<br />

établir <strong>une</strong> cartographie du dommage sur l’<strong>en</strong>semble d’<strong>une</strong> structure finem<strong>en</strong>t maillée.<br />

Elle sera très souv<strong>en</strong>t utilisée dans la suite de cette thèse. La méthode de Markov est<br />

égalem<strong>en</strong>t très performante et repose sur <strong>une</strong> théorie beaucoup plus satisfaisante que<br />

la méthode du ”Single Mom<strong>en</strong>t”. Toutefois, il est plus difficile de l’intégrer directem<strong>en</strong>t<br />

dans un code élém<strong>en</strong>ts finis, elle est égalem<strong>en</strong>t plus coûteuse <strong>en</strong> temps de calcul que<br />

la précéd<strong>en</strong>te, mais reste toutefois beaucoup plus avantageuse que les simulations<br />

rainflow.


BIBLIOGRAPHIE 37<br />

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Intersci<strong>en</strong>ce.


40 2. Fatigue uniaxiale aléatoire


Chapitre 3<br />

<strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée<br />

de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale<br />

aléatoire<br />

3.1 Introduction<br />

Pour de nombreuses <strong>structures</strong>, les vibrations aléatoires induis<strong>en</strong>t <strong>des</strong> états de<br />

contraintes multiaxiaux. Dans les années 80 et 90, la <strong>fatigue</strong> multiaxiale a été un sujet<br />

de recherche important, de nombreux critères permettant de prédire la durée de vie<br />

de pièces soumises à <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>t multiaxiaux périodiques ont été développés, que<br />

ce soit <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> oligocyclique ou <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> à grand nombre de cycles. A partir de ces<br />

travaux, <strong>des</strong> modèles de prédiction de durée de vie <strong>pour</strong> <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>t multiaxiaux<br />

induisant <strong>des</strong> contraintes et déformations variables ou aléatoires dans les différ<strong>en</strong>tes<br />

directions ont été élaborés. Ces modèles sont basés, soit sur les historiques du t<strong>en</strong>seur<br />

<strong>des</strong> contraintes et/ou <strong>des</strong> déformations, soit sur <strong>des</strong> concepts énergétiques. L’un de ces<br />

modèles applicable à la <strong>fatigue</strong> à grand nombre de cycles et considéré comme donnant<br />

<strong>des</strong> prédictions satisfaisantes de durée de vie est décrit au début de ce chapitre (§ 3.2).<br />

La première étape traitant <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts multiaxiaux périodiques est brièvem<strong>en</strong>t<br />

abordée (§ 3.2.1 et § 3.2.2), avant de passer au cas général <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts variables<br />

ou aléatoires (§ 3.2.3). Par analogie au premier chapitre, nous décrivons <strong>en</strong>suite <strong>une</strong><br />

procédure de génération d’échantillons temporels du t<strong>en</strong>seurs de contraintes à partir<br />

<strong>des</strong> données <strong>spectrales</strong> (§ 3.2.4) .<br />

En effet, lorsque l’approche temporelle est utilisée <strong>en</strong> aléatoire, les résultats doiv<strong>en</strong>t<br />

être moy<strong>en</strong>nés sur plusieurs réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes. Dans le but<br />

d’établir <strong>une</strong> cartographie de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sur toute <strong>une</strong> structure finem<strong>en</strong>t<br />

discrétisée, suite à <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> spectrale par éléménts finis, son utilisation devi<strong>en</strong>t<br />

alors impossible car trop coûteuse <strong>en</strong> temps de calculs. Pour résoudre ce problème,<br />

nous prés<strong>en</strong>tons dans ce chapitre <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> alternatives rapi<strong>des</strong> et directem<strong>en</strong>t<br />

applicables à partir de la réponse spectrale de la structure. Comme les


42 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

fissures s’amorc<strong>en</strong>t <strong>en</strong> surface où l’état <strong>des</strong> contraintes est plan, nous développons ces<br />

métho<strong>des</strong> <strong>pour</strong> les appliquer à <strong>des</strong> contraintes biaxiales. Nous nous limitons égalem<strong>en</strong>t<br />

à l’étude <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts gaussi<strong>en</strong>s de moy<strong>en</strong>nes nulles.<br />

Contrairem<strong>en</strong>t au cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts uniaxiaux, il est très rare de trouver, dans la<br />

littérature, <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> de prédiction de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, à l’exception de Macha [13]. En 1994, Preumont & Piéfort<br />

[17] ont proposé <strong>une</strong> autre méthode spectrale basée sur la contrainte équival<strong>en</strong>te de von<br />

Mises. Ces travaux sont à l’origine de cette thèse. Ce chapitre se <strong>pour</strong>suit donc par la<br />

<strong>des</strong>cription de cette approche (§ 3.3.1 et § 3.3.2). Cette contrainte alternée équival<strong>en</strong>te<br />

est construite dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong> combinant, <strong>pour</strong> chaque fréqu<strong>en</strong>ce, les<br />

d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance <strong>des</strong> contraintes normales et de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t<br />

selon le critère de von Mises. Grâce à cette réduction à un processus scalaire,<br />

supposé équival<strong>en</strong>t <strong>en</strong> terme de dommage, toutes les métho<strong>des</strong> disponibles <strong>en</strong> uniaxial,<br />

décrites au chapitre 2, peuv<strong>en</strong>t être appliquées.<br />

Une comparaison précise <strong>en</strong>tre la formulation de la méthode dite ”rainflow multiaxial”,<br />

proposée initialem<strong>en</strong>t dans le domaine temporel par Beste et al. [3], et la contrainte<br />

équival<strong>en</strong>te de von Mises révèle que ces deux approches mèn<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> implém<strong>en</strong>tations<br />

similaires. La formulation fréqu<strong>en</strong>tielle de la méthode du ”rainflow multiaxial” est un<br />

<strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts originaux de ce travail et fait l’objet du § 3.3.3.<br />

Nous utilisons <strong>en</strong>suite le modèle élém<strong>en</strong>ts finis d’<strong>une</strong> structure simple auquel nous<br />

appliquons, dans chaque élém<strong>en</strong>t, les deux métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles proposées. Afin<br />

de s’assurer de la cohér<strong>en</strong>ce de ces deux métho<strong>des</strong>, les résultats sont alors comparés<br />

à ceux obt<strong>en</strong>us par la méthode temporelle basée sur le plan critique, considérée ici<br />

comme la référ<strong>en</strong>ce. Cette méthode décrite <strong>en</strong> début de chapitre est appliquée à <strong>des</strong><br />

réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes obt<strong>en</strong>ues par <strong>des</strong> simulations de Monte-Carlo<br />

(§ 3.4).<br />

Le dernier paragraphe est consacré à l’étude <strong>des</strong> résultats (§ 3.5). Cette dernière partie<br />

met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’efficacité <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles, qui produis<strong>en</strong>t de très bonnes<br />

prédictions, au moins du point de vue qualitatif, et permett<strong>en</strong>t de gagner un temps<br />

de calcul considérable.<br />

3.2 Méthode temporelle de prédiction de durée de<br />

vie<br />

Comme nous l’avons vu <strong>en</strong> décrivant brièvem<strong>en</strong>t les mécanismes de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />

par <strong>fatigue</strong> au premier chapitre, l’amorçage d’<strong>une</strong> fissure dép<strong>en</strong>d de deux variables :<br />

la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t et la contrainte normale agissant sur un plan physique.<br />

Les métho<strong>des</strong> de calcul de durée de vie parmi les plus prometteuses, dans le cas<br />

<strong>des</strong> états de contraintes multiaxiaux, sont par conséqu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t basées sur <strong>des</strong><br />

combinaisons de ces deux variables et sur la recherche du plan d’amorçage de la<br />

fissure. Ces approches sont regroupées sous le nom d’approches du plan critique.<br />

Certains de ces modèles sont basés sur les déformations ou sur <strong>des</strong> approches mixtes <strong>en</strong><br />

contraintes et déformations, voir par exemple Bannantine & Socie [1], Brown & Wang<br />

[4]. Ces modèles ont été développés dans le cadre d’<strong>une</strong> approche locale de la zone de


3 Méthode temporelle de prédiction de durée de vie 43<br />

conc<strong>en</strong>trations de contraintes et sont dérivés de la <strong>fatigue</strong> oligocyclique. Le modèle<br />

de Robert et al. que nous choisissons ici est basé sur <strong>une</strong> approche <strong>en</strong> contraintes,<br />

dérivé de la <strong>fatigue</strong> à grand nombre de cycles, il est décrit <strong>en</strong> détails dans Weber<br />

et al. [24]. D’après les auteurs, l’application de cette méthode au dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t<br />

d’un triangle de susp<strong>en</strong>sion de voiture a permis d’obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> prédictions de durée de<br />

vie conservatives dans un rapport de 1.3 par rapport aux essais. Les développem<strong>en</strong>ts<br />

antérieurs de cette méthodologie se trouv<strong>en</strong>t dans Robert et al. [20], Weber et al.<br />

[25], K<strong>en</strong>meugne et al. [11]. Avant de décrire cette méthode, nous devons définir les<br />

différ<strong>en</strong>tes grandeurs relatives à un plan physique interv<strong>en</strong>ant dans ce type d’approche,<br />

ainsi que l’étape intermédiaire du calcul de durée de vie sous chargem<strong>en</strong>t multiaxial<br />

périodique.<br />

3.2.1 Projection du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sur un plan<br />

Lorsque le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sij(t) est déterminé <strong>en</strong> un point de la structure <strong>pour</strong><br />

<strong>une</strong> durée d’observation T , ce dernier peut être projeté sur chaque plan physique ψ<br />

passant par ce point. Chacun de ces plans est défini par son vecteur normal n, décrit<br />

par deux angles sphériques γ et φ, tels que n = (sin γ cos φ, sin γ sin φ, cos γ) T . Ceci<br />

est illustré Fig. 3.1.a.<br />

Fig. 3.1 – (a) Projection du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sur un plan ψ, (b) trajet de la<br />

contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t dans le plan<br />

Suite à cette projection, nous obt<strong>en</strong>ons, d’<strong>une</strong> part, <strong>une</strong> contrainte normale au plan,<br />

notée sn(t) et, d’autre part, <strong>une</strong> contrainte tang<strong>en</strong>tielle au plan, notée τn(t), appelée<br />

égalem<strong>en</strong>t contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t. La contrainte normale sn(t) varie selon la direction<br />

n, elle peut être facilem<strong>en</strong>t décomposée <strong>en</strong> <strong>une</strong> partie moy<strong>en</strong>ne<br />

et <strong>une</strong> partie alternée,<br />

snm = 1<br />

T<br />

sn(t) (3.1)<br />

T 0


44 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

sna(t) = sn(t) − snm<br />

(3.2)<br />

Quant à la contrainte tang<strong>en</strong>tielle, le problème de la décomposition <strong>en</strong> <strong>une</strong> partie<br />

moy<strong>en</strong>ne et <strong>une</strong> partie alternée est plus compliqué. En effet, le vecteur τn(t) est <strong>en</strong><br />

général exprimé dans la base (u, v) appart<strong>en</strong>ant au plan ψ. u = (− sin φ, cos φ, 0) T<br />

et v = (− cos γ cos φ, − cos γ sin φ, sin γ) T sont choisis de façon à former un repère<br />

othonormé direct (n, u, v). Le vecteur τn(t) = (τu(t), τv(t)) T décrit un trajet complexe<br />

dans le plan ψ. En effet, sa norme et sa direction vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction du temps t.<br />

La solution à ce problème, discuté par exemple par Papadopoulos [14], est alors de<br />

déterminer le plus petit cercle circonscrit au trajet décrit par τn(t) dans le plan ψ,<br />

comme l’illustre la Fig. 3.1.b. La partie moy<strong>en</strong>ne τnm est alors donnée par la distance<br />

<strong>en</strong>tre l’origine du repère (u, v) et le c<strong>en</strong>tre du cercle circonscrit. La partie alternée de la<br />

contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t τna(t) agissant sur ce plan est donnée par la distance <strong>en</strong>tre<br />

le c<strong>en</strong>tre du cercle circonscrit et la pointe du vecteur τn(t). L’amplitude maximale Ca<br />

atteinte par la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t dans le plan considéré est alors donné par le<br />

rayon R du plus petit cercle circonscrit.<br />

Comme nous l’avons vu au chapitre 1, les fissures s’amorc<strong>en</strong>t <strong>en</strong> surface où l’état<br />

<strong>des</strong> contraintes est plan. Dans ce cas, le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes peut être écrit sous<br />

forme d’un vecteur s(t) = (sx(t), sy(t), sxy(t)) T , exprimé dans le repère local (x, y).<br />

La projection de ce t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sur le plan ψ peut alors s’écrire sous forme<br />

vectorielle :<br />

avec<br />

⎛<br />

sψ(t) = (sn(t), τu(t), τv(t)) T = C(γ, φ) · s(t) (3.3)<br />

sin 2 γ cos 2 φ sin 2 γ sin 2 φ 2 sin 2 γ cos φ sin φ<br />

⎜<br />

C(γ, φ) = ⎜<br />

⎝<br />

− sin φ sin γ cos φ sin φ sin γ cos φ cos2 φ sin γ − sin 2 φ sin γ<br />

− cos γ sin γ cos2 φ − cos γ sin γ sin 2 ⎟<br />

⎠<br />

φ −2 cos γ cos φ sin γ sin φ<br />

(3.4)<br />

3.2.2 Chargem<strong>en</strong>t multiaxial périodique<br />

Nous avons vu au chapitre 2 que certains matériaux prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>une</strong> limite d’<strong>en</strong>durance.<br />

Cette limite d’<strong>en</strong>durance est définie comme le plus petit niveau de contrainte se<br />

m<strong>en</strong>ant à l’amorçage d’<strong>une</strong> fissure après généralem<strong>en</strong>t Ne = 10 6 − 10 7 répétitions du<br />

cycle de la contrainte. Une éprouvette soumise à un contrainte périodique alternée,<br />


3 Méthode temporelle de prédiction de durée de vie 45<br />

notée s(t) = s(t + T ), t ∈ [0, T ], ne dépassant pas la contrainte seuil se est considérée<br />

comme ayant <strong>une</strong> durée de vie infinie.<br />

Ce concept de limite d’<strong>en</strong>durance a été généralisé aux chargem<strong>en</strong>ts multiaxiaux, <strong>en</strong><br />

séparant alors l’espace <strong>des</strong> contraintes <strong>en</strong> deux parties. La première partie est <strong>une</strong><br />

région de l’espace <strong>des</strong> contraintes de non-fissuration, si les contraintes ne sort<strong>en</strong>t pas<br />

de cette région durant le cycle, la pièce est considérée comme ayant <strong>une</strong> durée de vie<br />

infinie. Au contrainte, si les contraintes évolu<strong>en</strong>t hors de cette région p<strong>en</strong>dant <strong>une</strong><br />

partie du cycle, l’initiation d’<strong>une</strong> fissure avant Ne répétitions de ce cycle est prédite.<br />

Considérons un chargem<strong>en</strong>t multiaxial périodique, celui-ci induit, <strong>en</strong> chaque point de<br />

la structure, un t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes périodique de la forme [sij(t) = sij(t + T )],<br />

quelque soit t ∈ [0, T ]. Il est alors possible de trouver <strong>une</strong> fonction de ce t<strong>en</strong>seur<br />

g(sij(·), T, N) ≤ 1 (3.5)<br />

Cette fonction g est appelée critère de <strong>fatigue</strong> multiaxial. Si l’inégalité (3.5) est satisfaite<br />

<strong>en</strong> tout point de la structure <strong>pour</strong> N = Ne, alors la durée de vie est considérée<br />

comme étant supérieure à Ne répétitions du cycle multiaxial considéré voire même<br />

infinie. Sinon, <strong>une</strong> fissure peut apparaitre <strong>en</strong> tout point de la structure où l’inégalité<br />

n’est pas satisfaite. Un tel critère doit être indép<strong>en</strong>dant du repère dans lequel le<br />

t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes est exprimé, il doit égalem<strong>en</strong>t prédire le comportem<strong>en</strong>t du<br />

matériau sous sollicitation uniaxiale et reproduire le diagramme de Haigh (voir Fig.<br />

2.2). Enfin, il doit corréler le mieux possible les résultats expérim<strong>en</strong>taux.<br />

Historiquem<strong>en</strong>t, ces critères ont été utilisés comme critères multiaxiaux d’<strong>en</strong>durance,<br />

la fonction g étant déterminée <strong>pour</strong> N = Ne. Toutefois, si le concepteur veut dim<strong>en</strong>sionner<br />

<strong>une</strong> structure <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée de vie précise, c’est-à-dire N répétitions du cycle<br />

multiaxial de durée T , il peut tout à fait résoudre l’équation implicite de variable N :<br />

g(sij(·), T, N) = 1 (3.6)<br />

De nombreux critères ou fonctions g ont été proposés dans la littérature, <strong>une</strong> revue<br />

<strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes propositions a été publiée par You & Lee [27]. Nous revi<strong>en</strong>drons sur<br />

les critères de <strong>fatigue</strong> multiaxiaux plus longuem<strong>en</strong>t au chapitre suivant et décrivons<br />

ici simplem<strong>en</strong>t un exemple de critère de type plan critique utilisé dans la méthode<br />

de prédiction de durée de vie que nous prés<strong>en</strong>tons. Tout critère plan critique a <strong>pour</strong><br />

forme générale <strong>une</strong> fonction g dont les variables sont les grandeurs relatives à un plan<br />

physique<br />

g( τna(t) , sna(t), snm, N) = 1, t ∈ [0, T ] (3.7)<br />

Nous constatons que seule l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t τna(t) =<br />

τn(t) − τnm intervi<strong>en</strong>t dans la fonction g et non sa partie moy<strong>en</strong>ne τnm. Comme le<br />

montr<strong>en</strong>t les résultats expérim<strong>en</strong>taux prés<strong>en</strong>tés par Sines & Ohgi [23], la contrainte<br />

moy<strong>en</strong>ne de cisaillem<strong>en</strong>t n’a <strong>en</strong> effet pas d’influ<strong>en</strong>ce significative sur la durée de vie


46 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

dans le domaine <strong>des</strong> très grands nombres de cycles. Selon Findley [9], Dang Van et al.<br />

[6] et Robert [19], le plan critique est défini comme le plan ψ donnant la plus grande<br />

valeur d’<strong>une</strong> certaine combinaison linéaire <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes variables. A titre d’exemple,<br />

Robert propose la fonction g suivante :<br />

<br />

g(.) = max<br />

n<br />

max<br />

0≤t≤T<br />

<br />

τna(t) +α(N)sna(t) + β(N)snm<br />

θ(N)<br />

(3.8)<br />

Les coeffici<strong>en</strong>ts α(N), β(N) et θ(N) peuv<strong>en</strong>t être déterminés à partir d’essais de<br />

<strong>fatigue</strong> simples <strong>en</strong> torsion et <strong>en</strong> traction. Ces coeffici<strong>en</strong>ts sont donnés par :<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

⎪⎩<br />

α(N) = (t−1(N)/f−1(N) − 1/2)/ (t−1(N)/f−1(N))(1 − t−1(N)/f−1(N))<br />

θ(N) = t−1(N) α 2 (N) + 1<br />

β(N) = 2θ(N)/f0(N) − f0(N)/8θ(N) − α(N)<br />

(3.9)<br />

où f−1(N), t−1(N), f0(N) sont les nombres de cycles à l’initiation de fissure obt<strong>en</strong>us<br />

respectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> traction alternée, <strong>en</strong> torsion alternée et <strong>en</strong> traction répétée.<br />

En pratique, la durée de vie N correspondant au cycle du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes<br />

[sij(t) = sij(t + T )], consiste à trouver le plan (γ, φ) donnant la plus grande valeur de<br />

la fonction (3.8) à la limite d’<strong>en</strong>durance du matériau N = Ne, ce plan est appelé plan<br />

critique et son ori<strong>en</strong>tation est définie par (γ ∗ , φ ∗ ). Ceci permet d’<strong>une</strong> part, de savoir<br />

si le cycle est <strong>en</strong>dommageant, c’est-à-dire si g(.) > 1, et d’autre part, d’id<strong>en</strong>tifier<br />

l’instant t qui maximise l’éq. (3.8) <strong>pour</strong> t ∈ [0, T ]. L’équation (3.8) ne comporte alors<br />

plus qu’<strong>une</strong> variable implicite N, à déterminer <strong>en</strong> résolvant l’équation g(N) = 1.<br />

3.2.3 Chargem<strong>en</strong>t multiaxial variable ou aléatoire<br />

Lorsque les contraintes ont <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> variables ou aléatoires dans les différ<strong>en</strong>tes<br />

directions, il est alors nécessaire, par analogie aux chargem<strong>en</strong>ts uniaxiaux, d’extraire<br />

<strong>des</strong> cycles élém<strong>en</strong>taires de contrainte. Chaque cycle élém<strong>en</strong>taire produit un dommage<br />

qui peut être calculé <strong>en</strong> appliquant un critère de <strong>fatigue</strong> multiaxial. En tout point<br />

de la structure où l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t doit être estimé, il est nécessaire de calculer<br />

le dommage d(ψ) correspondant à chaque plan physique ψ passant par ce point. Le<br />

dommage associé à chaque plan est calculé de la façon suivante :<br />

– Le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes est projeté sur le plan ψ considéré, défini par les angles<br />

sphériques (γ, φ).<br />

– Pour id<strong>en</strong>tifier <strong>des</strong> cycles de contraintes, un comptage rainflow est réalisé sur sn(t),<br />

la contrainte normale au plan ψ.


3 Méthode temporelle de prédiction de durée de vie 47<br />

– Chaque cycle rainflow élém<strong>en</strong>taire, comme celui mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par la zone grisée à<br />

la Fig. 3.2, produit un dommage qui est calculé <strong>en</strong> appliquant un critère de <strong>fatigue</strong><br />

multiaxial. Les critères applicables à ce stade de l’<strong>analyse</strong> sont ceux de Findley,<br />

Dang Van ou Robert. Nous choisissons ici de résoudre l’éq. (3.8). Nous obt<strong>en</strong>ons<br />

alors le dommage d = 1/N correspondant au ”cycle multiaxial” <strong>des</strong> contraintes<br />

id<strong>en</strong>tifié.<br />

– Le point précéd<strong>en</strong>t est répété <strong>pour</strong> tous les cycles extraits à partir de la contrainte<br />

normale agissant sur le plan considéré et le cumul du dommage est réalisé selon la<br />

loi de Palmgr<strong>en</strong>-Miner (décrite au chapitre 2), donnant ainsi le dommage relatif au<br />

plan considéré d(ψ).<br />

Le dommage sur tous les plans est ainsi estimé. Le plan critique ψ ∗ , qui subit l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />

le plus grand, est id<strong>en</strong>tifié. Le dommage D, au point de la structure<br />

où le calcul est réalisé, est donné par la valeur trouvée sur ce plan<br />

D = d(ψ ∗ ) = max<br />

ψ (d(ψ))<br />

Fig. 3.2 – Contraintes relatives à un plan physique ψ et extraction d’un cycle rainflow<br />

sur la contrainte normale


48 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

3.2.4 Simulation de Monte-Carlo d’un processus vectoriel<br />

aléatoire<br />

Afin d’appliquer le modèle temporel précéd<strong>en</strong>t après l’<strong>analyse</strong> spectrale d’<strong>une</strong> structure<br />

soumise à <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts gaussi<strong>en</strong>s multiaxiaux, nous traitons, dans ce paragraphe<br />

le problème de la génération artificielle de processus vectoriels aléatoires à<br />

partir d’<strong>une</strong> matrice de PSD donnée.<br />

Fig. 3.3 – Simulation d’un processus vectoriel gaussi<strong>en</strong> : (a) élém<strong>en</strong>ts diagonaux de<br />

la matrice Φs(ω), (b) réalisation du vecteur <strong>des</strong> contraintes s(t) générée à partir de<br />

Φs(ω)<br />

Comme nous l’avons vu, <strong>pour</strong> les états biaxiaux de contraintes, le t<strong>en</strong>seur<br />

<strong>des</strong> contraintes peut être écrit sous forme d’un vecteur aléatoire s(t) =<br />

(sx(t), sy(t), sxy(t)) T , caractérisé dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel par <strong>une</strong> matrice <strong>des</strong><br />

d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance


3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de prédiction de durée de vie 49<br />

Φs(ω) =<br />

⎛<br />

⎝ Φsxsx(ω) Φsxsy(ω) Φsxsxy(ω)<br />

Φsysx (ω) Φsysy (ω) Φsysxy (ω)<br />

(ω) Φsxysy (ω) Φsxysxy (ω)<br />

Φsxysx<br />

⎞<br />

⎠ (3.10)<br />

Cette matrice de PSD relative au vecteur s(t) devra être calculée lors de l’<strong>analyse</strong><br />

spectrale de la structure par élém<strong>en</strong>ts finis <strong>en</strong> tout point où le dommage doit être<br />

calculé. Dans la suite du texte nous noterons désormais <strong>en</strong> gras la matrice <strong>des</strong> PSD<br />

Φ(ω) relative à un processus vectoriel aléatoire et nous noterons normalem<strong>en</strong>t Φ(ω)<br />

la PSD relative à un processus scalaire aléatoire.<br />

La génération d’un processus scalaire aléatoire à partir d’<strong>une</strong> PSD donnée est<br />

brièvem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tionnée au § 2.2.1. Ce problème classique est résolu <strong>en</strong> utilisant la<br />

méthode de Monte-Carlo couplée à l’algorithme de la Transformée de Fourier Rapide<br />

(FFT). Il est d’ailleurs décrit dans tous les ouvrages théoriques, comme par<br />

exemple Preumont [16] ou Wirshing et al. [26]. L’ext<strong>en</strong>sion de l’algorithme FFT aux<br />

processus vectoriels aléatoires n’est pas trivial, car les composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong><br />

contraintes doiv<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t avoir le bon cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel (décrit par les<br />

élém<strong>en</strong>ts diagonaux de Φs(ω), mais les corrélations <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes composantes<br />

(décrites par les élém<strong>en</strong>ts hors diagonaux de Φs(ω)) doiv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t être respectées.<br />

Ces corrélations ont évidemm<strong>en</strong>t un effet sur la durée de vie et doiv<strong>en</strong>t être prise <strong>en</strong><br />

compte dans l’<strong>analyse</strong> de <strong>fatigue</strong> (Lagoda & Macha [12]).<br />

Ce problème a été étudié dans la littérature, voir par exemple Shinozuka [22] et<br />

Di Paola [7]. La procédure spécifique développée et implém<strong>en</strong>tée au cours de cette<br />

thèse est décrite <strong>en</strong> annexe, elle permet de générer artificiellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> réalisations<br />

statistiquem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes comme l’illustre la Fig. 3.3.<br />

3.3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de prédiction de durée<br />

de vie<br />

3.3.1 Méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises<br />

La méthode prés<strong>en</strong>tée dans ce paragraphe est basée sur <strong>une</strong> généralisation de la théorie<br />

de la plasticité généralem<strong>en</strong>t appliquée dans le cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts statiques. Selon<br />

cette hypothèse, un <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sous chargem<strong>en</strong>t multiaxial peut être estimé <strong>en</strong><br />

trouvant <strong>une</strong> contrainte ou <strong>une</strong> déformation uniaxiale équival<strong>en</strong>te, sur laquelle il est<br />

<strong>en</strong>suite possible d’appliquer la théorie uniaxiale classique. En <strong>fatigue</strong>, cette théorie<br />

est basée sur la courbe de Wöhler, le diagramme de Haigh et le cumul linéaire du<br />

dommage de Palmgr<strong>en</strong>-Miner.<br />

D’après la littérature, nous remarquons que l’amplitude de la contrainte équival<strong>en</strong>te<br />

de von Mises est souv<strong>en</strong>t utilisée <strong>en</strong> première approximation dans le calcul de durée<br />

de vie de composants soumis à <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts multiaxiaux complexes, comme le<br />

montre l’étude d’un composant de véhicule prés<strong>en</strong>tée par Heyes et al. [10]. Nous<br />

notons égalem<strong>en</strong>t que les critères de <strong>fatigue</strong> multiaxiaux développés par Sines & Ohgi<br />

[23] et par Crossland [5] repos<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t sur la contrainte de von Mises.


50 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Fig. 3.4 – Contrainte de von Mises évaluée dans le domaine temporel à partir de<br />

l’échantillon du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes de la Fig. 3.3.b<br />

Pour un état de contraintes planes, celle-ci s’écrit :<br />

s 2 c(t) = s 2 x(t) + s 2 y(t) − sx(t)sy(t) + 3s 2 xy(t) (3.11)<br />

La Fig. 3.4 représ<strong>en</strong>te la contrainte de von Mises sc(t) calculée <strong>en</strong> appliquant la<br />

relation (3.11) à la réalisation du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes illustrée à la Fig. 3.3.b.<br />

Nous remarquons que la nature quadratique de la contrainte sc(t) définie dans le<br />

domaine temporel pose plusieurs problèmes, voir Segalman et al. [21] et Preumont &<br />

Pitoiset [18] :<br />

– la contrainte de von Mises n’est pas gaussi<strong>en</strong>ne, ni de moy<strong>en</strong>ne nulle, si sx(t), sy(t)<br />

et sxy(t) sont gaussi<strong>en</strong>s et de moy<strong>en</strong>ne nulle,<br />

– sc(t) est toujours positive et ne se réduit pas à <strong>une</strong> contrainte alternée dans le cas<br />

d’un chargem<strong>en</strong>t uniaxial alterné, il est par conséqu<strong>en</strong>t impossible d’extraire <strong>des</strong><br />

cycles élém<strong>en</strong>taires ayant un s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> terme de <strong>fatigue</strong> à partir de sc(t),<br />

– le cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel de sc(t) n’est pas cohér<strong>en</strong>t avec celui <strong>des</strong> composantes du t<strong>en</strong>seur<br />

<strong>des</strong> contraintes. En d’autres termes, les PSD Φsxsx (ω), Φsysy (ω), Φsxysxy (ω),<br />

<strong>des</strong> contraintes respectives sx(t), sy(t) et sxy(t), prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un pic à chaque<br />

fréqu<strong>en</strong>ce de résonance ωi de la structure, alors que la PSD estimée à partir de<br />

la contrainte sc(t), telle qu’elle est définie par l’éq. (3.11), ne prés<strong>en</strong>te pas de pic à<br />

chaque fréqu<strong>en</strong>ce ωi.<br />

Ces différ<strong>en</strong>ts problèmes peuv<strong>en</strong>t être contournés <strong>en</strong> considérant l’éq. (3.11) au s<strong>en</strong>s de<br />

son carré moy<strong>en</strong> et <strong>en</strong> transformant ce processus aléatoire dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel.<br />

L’éq. (3.11) est <strong>une</strong> fonction du vecteur s(t) et peut s’écrire :<br />

où la matrice constante Q est donnée par<br />

s 2 c = s T Qs = T race{Q[ss T ]} (3.12)


3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de prédiction de durée de vie 51<br />

⎛<br />

Q = ⎝<br />

1 −1/2 0<br />

−1/2 1 0<br />

0 0 3<br />

⎞<br />

⎠ (3.13)<br />

Cette contrainte de von Mises est un processus aléatoire dont l’espérance<br />

mathématique E[.] est donnée par la relation<br />

E[s 2 c] = T race(QE[ss T ]) (3.14)<br />

où E[ss T ] est la matrice de covariance du vecteur <strong>des</strong> contraintes. Cette matrice de<br />

covariance s’obti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> intégrant la matrice <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance du<br />

vecteur <strong>des</strong> contraintes comme suit<br />

E[ss T ] =<br />

∞<br />

−∞<br />

Φs(ω)dω (3.15)<br />

Par définition, nous avons égalem<strong>en</strong>t la relation <strong>en</strong>tre la moy<strong>en</strong>ne quadratique E[s 2 c(t)]<br />

et la PSD de la contrainte de von Mises Φc(ω) correspondante :<br />

E[s 2 c] =<br />

∞<br />

−∞<br />

En combinant les éqs. (3.14) et (3.16), nous obt<strong>en</strong>ons :<br />

∞<br />

−∞<br />

Φc(ω)dω =<br />

∞<br />

−∞<br />

Φc(ω)dω (3.16)<br />

T race[QΦs(ω)]dω (3.17)<br />

Cette relation intégrale est exacte et n’implique auc<strong>une</strong> hypothèse. Elle définit la<br />

contrainte aléatoire de von Mises (voir égalem<strong>en</strong>t Preumont [16] et Preumont & Piéfort<br />

[17]) comme un processus gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle dont la d<strong>en</strong>sité spectrale de<br />

puissance est :<br />

Φc(ω) = T race[QΦs(ω)] = <br />

i,j<br />

QijΦsisj (ω) (3.18)<br />

Nous appelons ce processus scalaire gaussi<strong>en</strong> ”contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises”.<br />

Cette définition fréqu<strong>en</strong>tielle permet de résoudre les problèmes cités précédemm<strong>en</strong>t :<br />

– le processus est gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle par construction,<br />

– il se réduit à <strong>une</strong> contrainte alternée dans le cas d’un chargem<strong>en</strong>t uniaxial alterné,<br />

– son cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel est bi<strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>t avec le cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel <strong>des</strong> contraintes.<br />

Φc(ω) est obt<strong>en</strong>ue à partir de la matrice <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance <strong>des</strong><br />

composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes Φs(ω), selon le critère quatratique de von<br />

Mises comme le montre les éqs. (3.18) et (3.14).


52 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Nous obt<strong>en</strong>ons non seulem<strong>en</strong>t un processus dont le cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel reflète le comportem<strong>en</strong>t<br />

dynamique de la structure, mais nous soulignons aussi le fait que les processus<br />

définis par les éqs. (3.18) et (3.11) ont la même variance. Nous savons d’<strong>une</strong> part,<br />

que plus la variance de la contrainte est grande, plus la durée de vie de la structure<br />

est courte (Bedowski et al. [2]) et d’autre part, que le cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel et la largeur<br />

de bande du processus sont égalem<strong>en</strong>t déterminants <strong>en</strong> terme d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />

par <strong>fatigue</strong>. Ayant défini un processus scalaire gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle, toute les<br />

métho<strong>des</strong> décrites au chapitre 2 sont par conséqu<strong>en</strong>t applicables. Nous choississons,<br />

dans la suite de cette étude, d’appliquer la méthode du ”Single Mom<strong>en</strong>t” à partir<br />

de la PSD Φc(ω). Enfin, notons que l’ext<strong>en</strong>sion de la méthode à un état triaxial de<br />

contraintes peut être facilem<strong>en</strong>t réalisée <strong>en</strong> modifiant le vecteur s(t) qui conti<strong>en</strong>t les<br />

composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes et <strong>en</strong> définissant la matrice Q de manière<br />

appropriée.<br />

Formulation élém<strong>en</strong>ts finis<br />

Le calcul de la PSD de la contrainte de von Mises prés<strong>en</strong>te égalem<strong>en</strong>t l’avantage<br />

d’être facilem<strong>en</strong>t intégrable dans le module d’<strong>analyse</strong> spectrale d’un code élém<strong>en</strong>ts<br />

finis, comme nous le démontrons dans ce paragraphe. En notant αim la composante<br />

i de la contrainte modale induite par le mode de vibration m lorsque l’amplitude<br />

modale est unitaire, la contrainte si est donnée par la relation<br />

si = <br />

m<br />

αimym<br />

(3.19)<br />

où ym est le vecteur <strong>des</strong> amplitu<strong>des</strong> modales. Les contraintes modales αim vari<strong>en</strong>t d’un<br />

élém<strong>en</strong>t fini à l’autre, alors que ym est défini <strong>pour</strong> toute la structure. La transposition<br />

de l’éq. (3.19) au cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts aléatoires implique que<br />

Φsisj (ω) = <br />

αimαjnΦmn(ω) (3.20)<br />

m,n<br />

Φmn(ω) est la matrice <strong>des</strong> PSD <strong>des</strong> réponses modales, les indices m et n représ<strong>en</strong>tant<br />

<strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de vibrations. Cette matrice est hermiti<strong>en</strong>ne et peut être calculée selon les<br />

procédures décrites dans différ<strong>en</strong>ts ouvrages, comme par exemple Preumont [16]. En<br />

combinant l’éq. (3.20) à l’éq. (3.18) et <strong>en</strong> inversant les ordres de sommations, nous<br />

obt<strong>en</strong>ons :<br />

Φc(ω) = <br />

Φmn(ω) <br />

Qijαimαjn = <br />

Φmn(ω)Amn<br />

m,n<br />

où Amn est défini par la relation<br />

i,j<br />

Amn = <br />

i,j<br />

Qijαimαjn<br />

m,n<br />

(3.21)<br />

(3.22)


3 <strong>Métho<strong>des</strong></strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de prédiction de durée de vie 53<br />

La somme sur m et n est réalisée sur les mo<strong>des</strong> inclus dans l’<strong>analyse</strong> spectrale et la<br />

somme sur i et j est réalisée sur les composantes du t<strong>en</strong>seurs. Amn résulte <strong>en</strong> fait<br />

de l’application du critère quadratique de von Mises aux contraintes modales. Par<br />

conséqu<strong>en</strong>t, cette grandeur ne dép<strong>en</strong>d pas de la fréqu<strong>en</strong>ce ω et elle varie d’un élém<strong>en</strong>t<br />

fini à l’autre. La procédure décrite ci-<strong>des</strong>sus minimise les temps de calcul et a été<br />

implém<strong>en</strong>tée dans le code élém<strong>en</strong>ts finis SAMCEF.<br />

Prise <strong>en</strong> compte d’<strong>une</strong> contrainte statique non nulle<br />

Bi<strong>en</strong> que nous ne nous intéressons dans le cadre de notre étude qu’aux chargem<strong>en</strong>ts<br />

de moy<strong>en</strong>ne nulle, l’étude m<strong>en</strong>ée par Sines & Ohgi [23] montre que, <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée de<br />

vie N fixée, l’amplitude de la contrainte de von Mises admissible diminue lorsque la<br />

pression hydrostatique moy<strong>en</strong>ne augm<strong>en</strong>te. D’autre part, appliqué à <strong>une</strong> sollicitation<br />

uniaxiale alternée, le critère de Sines permet de reproduire le diagramme de Haigh<br />

donnant la contrainte alternée admissible sa <strong>en</strong> fonction de la contrainte moy<strong>en</strong>ne sm<br />

m<strong>en</strong>ant à l’initiation d’<strong>une</strong> fissure après N cycles (voir Fig. 2.2). Par conséqu<strong>en</strong>t, il a<br />

été proposé par Preumont & Piéfort [17] de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte un chargem<strong>en</strong>t statique<br />

superposé à un chargem<strong>en</strong>t aléatoire <strong>en</strong> combinant la pression hydrostatique moy<strong>en</strong>ne<br />

pm, remplaçant alors <strong>une</strong> contrainte uniaxiale moy<strong>en</strong>ne sm, avec l’amplitude de la<br />

contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises sca, remplaçant alors <strong>une</strong> contrainte uniaxiale<br />

alternée sa. Ainsi, ces deux termes équival<strong>en</strong>ts permett<strong>en</strong>t de ram<strong>en</strong>er le problème<br />

multiaxial à un problème uniaxial classique et d’utiliser les résultats du diagramme de<br />

Haigh <strong>pour</strong> calculer le dommage produit par un cycle multiaxial donné qui prés<strong>en</strong>te<br />

<strong>des</strong> composantes statiques non nulles.<br />

Comme nous l’avons vu dans le cas d’<strong>une</strong> sollicitation uniaxiale, la prise <strong>en</strong> compte<br />

d’<strong>une</strong> contrainte moy<strong>en</strong>ne revi<strong>en</strong>t à utiliser <strong>une</strong> courbe de Wöhler du matériau modifiée.<br />

La courbe initiale, modélisée par l’équation de Basquin Ns β = C, est remplacée<br />

la courbe de Wöhler translatée vers le bas, <strong>pour</strong> laquelle l’équation de Basquin devi<strong>en</strong>t<br />

Ns β = C ′ . Plus la contrainte moy<strong>en</strong>ne sm est élevée, plus la courbe de Wöhler,<br />

donnant la contrainte alternée sa <strong>pour</strong> chaque durée de vie N, doit être abaissée. La<br />

contrainte sm est alors remplacée par la pression hydrostatique pm dans les éqs. (2.3)<br />

et (2.4).<br />

3.3.2 Méthode du rainflow multiaxial<br />

Nous prés<strong>en</strong>tons dans ce paragraphe <strong>une</strong> formulation fréqu<strong>en</strong>tielle de la méthode<br />

dite du rainflow multiaxial, initiallem<strong>en</strong>t proposée dans le domaine temporel. Comme<br />

nous l’avons expliqué dans le deuxième chapitre, le comptage rainflow est actuellem<strong>en</strong>t<br />

considéré comme étant la méthode donnant les meilleurs résultats <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> uniaxiale<br />

aléatoire. Cette méthode de décomposition d’un signal aléatoire <strong>en</strong> cycles élém<strong>en</strong>taires<br />

a été ét<strong>en</strong>due au cas <strong>des</strong> processus aléatoires multiaxiaux. La méthode du multiaxial<br />

rainflow (Beste et al. [3], Dressler et al. [8]) consiste à compter <strong>des</strong> cycles rainflow sur<br />

toutes les combinaisons linéaires sr(t) possibles <strong>des</strong> composantes du t<strong>en</strong>seur aléatoire<br />

<strong>des</strong> contraintes. D’après les auteurs, la méthode du multiaxial rainflow donne <strong>des</strong><br />

résultats comparables à ceux obt<strong>en</strong>us par <strong>une</strong> approche de type plan critique. En


54 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

pratique, dans le cas d’un état plan de contraintes, un <strong>en</strong>semble de combinaisons<br />

linéaires<br />

sr(t) = c1sx(t) + c2sy(t) + c3sxy(t) = c T s(t) (3.23)<br />

est construit, l’indice r signifiant ”multiaxial rainflow”. Le vecteur constant c =<br />

(c1, c2, c3) T est défini comme appart<strong>en</strong>ant à <strong>une</strong> sphère de rayon unitaire tel que :<br />

c 2 1 + c 2 2 + c 2 3 = 1 (3.24)<br />

Selon la méthode du rainflow multiaxial, le dommage est calculé <strong>pour</strong> chaque processus<br />

scalaire sr(t), et le processus produisant le plus grand dommage est ret<strong>en</strong>u. Nous<br />

remarquons que la méthode se réduit bi<strong>en</strong> à un comptage rainflow dans le cas d’<strong>une</strong><br />

contrainte unidirectionnelle.<br />

Nous passons maint<strong>en</strong>ant à la formulation fréqu<strong>en</strong>tielle de cette méthode. La fonction<br />

d’autocorrélation de sr(t) est reliée à la matrice de covariance du vecteur <strong>des</strong><br />

contraintes par<br />

Rr(t) = E[sr(t + τ)sr(t)]<br />

où la matrice constante Q ∗ est définie par<br />

Q ∗ = cc T =<br />

= E[s T (t + τ)cc T s(t)] (3.25)<br />

= E[s T (t + τ)Q ∗ s(t)]<br />

⎛<br />

⎝<br />

c 2 1 c1c2 c1c3<br />

c1c2 c 2 2 c2c3<br />

c1c3 c2c3 c 2 3<br />

En comparant l’éq. (3.26) aux éqs. (3.12) et (3.14), il <strong>en</strong> résulte que<br />

⎞<br />

⎠ (3.26)<br />

Rr(τ) = T race {Q ∗ E[s(t + τ)s T (t)]} (3.27)<br />

En appliquant la transformée de Fourier à cette équation, nous obt<strong>en</strong>ons la PSD Φr(ω)<br />

du processus sr(t)<br />

Φr(ω) = T race {Q ∗ Φs(ω)} = <br />

i,j<br />

Q ∗ ijΦsisj (ω) (3.28)<br />

où Φs(ω) est la matrice <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissances du vecteur <strong>des</strong><br />

contraintes. L’analogie avec l’éq. (3.18) est évid<strong>en</strong>te. Contrairem<strong>en</strong>t à la méthode de<br />

la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises, la méthode du rainflow multiaxial recquiert


3 Application à <strong>une</strong> structure simple 55<br />

un calcul de la PSD Φr(ω) <strong>pour</strong> tout vecteur c satisfaisant l’égalité (3.24), r<strong>en</strong>dant<br />

le calcul plus coûteux <strong>en</strong> temps que dans le cas de la méthode précéd<strong>en</strong>te. Malgré<br />

cet inconvéni<strong>en</strong>t, la formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du multiaxial rainflow, que nous avons<br />

proposé <strong>pour</strong> la première fois au cours de ce travail, est beaucoup plus rapide que sa<br />

formulation temporelle initiale. Nous appliquerons égalem<strong>en</strong>t la méthode du ”Single<br />

Mom<strong>en</strong>t” <strong>pour</strong> calculer de dommage correspondant à chaque processus Φr(ω).<br />

3.4 Application à <strong>une</strong> structure simple<br />

Afin d’illustrer l’application <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, nous traitons<br />

ici l’exemple d’<strong>une</strong> éprouvette <strong>en</strong> acier, <strong>en</strong> forme de L. Sa géométrie est définie à la<br />

Fig. 3.5.<br />

Fig. 3.5 – (a) Géométrie, (b) maillage et (c) PSD <strong>des</strong> composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong><br />

contraintes dans un élém<strong>en</strong>t sélectionné


56 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

L’éprouvette comporte <strong>une</strong> <strong>en</strong>taille arrondie ainsi qu’un trou et est <strong>en</strong>castrée à ses<br />

deux extrémités. Chaque support est soumis à <strong>une</strong> accélération aléatoire définie par<br />

un spectre idéal passe-bande qui s’exerce dans la direction perp<strong>en</strong>diculaire au plan de<br />

l’éprouvette (z) - [Φa(ω) = 25 (m/s 2 ) 2 /rad/s, ωc = 2513 rad/sec], ωc est la fréqu<strong>en</strong>ce<br />

de coupure. Les accélérations aux deux <strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>ts sont totalem<strong>en</strong>t décorrélées<br />

(indép<strong>en</strong>dantes). Les cinq premiers mo<strong>des</strong> (ω1 = 174 rad/sec, ω2 = 680 rad/sec, ω3 =<br />

809 rad/sec, ω4 = 1836 rad/sec, and ω5 = 1862 rad/sec) sont compris dans la largeur<br />

de bande de l’excitation. 481 élém<strong>en</strong>ts coques ont été utilisés <strong>pour</strong> la discrétisation.<br />

L’épaisseur de l’éprouvette est de 0.5 mm. Le matériau est caractérisé <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong><br />

par <strong>une</strong> courbe de Wöhler. Les constantes de l’équation de Basquin sont β = 9.82<br />

et C = 4.0641 × 10 88 , la limite d’<strong>en</strong>durance se = 252 × 10 6 Pa est atteinte après<br />

N = 1.28×10 6 cycles. La limite à la rupture du matériau <strong>en</strong> traction est Su = 566×10 6<br />

Pa. La matrice <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance <strong>des</strong> contraintes peut être calculée<br />

<strong>pour</strong> chaque élém<strong>en</strong>t fini comme le montre la Fig. 3.5. Sur cette figure, les d<strong>en</strong>sités<br />

<strong>spectrales</strong> de puissance <strong>des</strong> trois composantes sx(t), sy(t) et sxy(t) dans un élém<strong>en</strong>t<br />

sélectionné Fig. 3.5.b sont illustrées.<br />

3.5 Résultats et discussion<br />

Les figures 3.6.a et 3.6.b montr<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t le dommage par unité de temps obt<strong>en</strong>u<br />

<strong>en</strong> appliquant la méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises et la méthode<br />

du rainflow multiaxial. L’échelle de couleur correspond au logarithme du dommage<br />

par unité de temps. Plus la couleur t<strong>en</strong>d vers le rouge, plus l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t est<br />

important. La méthode temporelle basée sur le concept du plan critique, décrite <strong>en</strong><br />

début de chapitre, a égalem<strong>en</strong>t été appliquée élém<strong>en</strong>t par élém<strong>en</strong>t. Afin d’obt<strong>en</strong>ir un<br />

résultat valable, le dommage a été moy<strong>en</strong>né sur 10 réalisations du vecteur s(t), obt<strong>en</strong>ue<br />

<strong>en</strong> appliquant la procédure décrite au § 3.2.4. Chaque réalisation prés<strong>en</strong>te <strong>une</strong><br />

durée de 12 s et est composée de 2 14 = 16384 pas de temps. La cartographie obt<strong>en</strong>ue<br />

à partir de ses simulations est représ<strong>en</strong>tée Fig. 3.6.c. La zone colorée <strong>en</strong> bleu foncé<br />

reflète le fait que les contraintes rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>des</strong>sous de la limite d’<strong>en</strong>durance définie<br />

par le critère appliqué, elles ne produis<strong>en</strong>t donc pas de dommage.<br />

Bi<strong>en</strong> que les trois métho<strong>des</strong> ne prédis<strong>en</strong>t pas exactem<strong>en</strong>t les mêmes dommages dans<br />

un élém<strong>en</strong>t donné, la localisation <strong>des</strong> niveaux d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sur la structure est<br />

id<strong>en</strong>tique. Quatre zones critiques sont id<strong>en</strong>tifiées : près <strong>des</strong> <strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>ts (zone A et<br />

zone B), la partie supérieure du trou (zone C) et la partie gauche de l’<strong>en</strong>taille (zone<br />

D). Ces zones sont indiquées à la Fig. 3.6.c. Nous revi<strong>en</strong>drons plus <strong>en</strong> détails sur les<br />

résultats obt<strong>en</strong>us dans ces quatres zones dans un prochain paragraphe.<br />

La Fig. 3.7 prés<strong>en</strong>te <strong>une</strong> comparaison <strong>en</strong>tre la d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance obt<strong>en</strong>ue<br />

selon la méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises et la méthode du rainflow<br />

multiaxial <strong>pour</strong> l’élém<strong>en</strong>t indiqué à la Fig. 3.5.b. Les deux courbes sont presque<br />

id<strong>en</strong>tiques. Il est égalem<strong>en</strong>t intéressant de remarquer que Φc(ω) et Φr(ω) prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

effectivem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pics aux fréqu<strong>en</strong>ces de résonances de la <strong>structures</strong>. Leur cont<strong>en</strong>u<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel est <strong>en</strong> effet <strong>en</strong> accord avec celui observé sur les composantes du t<strong>en</strong>seur


3 Résultats et discussion 57<br />

Fig. 3.6 – Cartographies du dommage obt<strong>en</strong>ues sur l’éprouvette <strong>en</strong> L (a) méthode<br />

équival<strong>en</strong>te de von Mises (domaine fréqu<strong>en</strong>tiel) (b) méthode du rainflow multiaxial<br />

(domaine fréqu<strong>en</strong>tiel), (c) approche du plan critique (domaine temporel)<br />

<strong>des</strong> contraintes comme le montre la Fig. 3.5.c. De plus, <strong>pour</strong> chaque fréqu<strong>en</strong>ce ω, la valeur<br />

de Φc(ω) ou Φr(ω) est supérieure à la valeur de Φsxsx (ω), Φsysy (ω) et Φsxysxy (ω).<br />

Les deux processus équival<strong>en</strong>ts représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ainsi <strong>une</strong> sorte d’<strong>en</strong>veloppe fréqu<strong>en</strong>tielle<br />

<strong>des</strong> PSD <strong>des</strong> composantes <strong>des</strong> contraintes. Précisons <strong>en</strong>fin que les deux métho<strong>des</strong><br />

ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t compte <strong>des</strong> corrélations <strong>en</strong>tre les composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes,<br />

l’importance de celles-ci sur la durée de vie calculée à partir de différ<strong>en</strong>ts modèles a<br />

été relevée par Lagoda & Macha [12].


58 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Fig. 3.7 – D<strong>en</strong>sités <strong>spectrales</strong> de puissance <strong>des</strong> processus de von Mises et du multiaxial<br />

rainflow.<br />

3.5.1 Temps de calcul<br />

L’énorme avantage qu’offr<strong>en</strong>t les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles réside dans la réduction <strong>des</strong><br />

temps de calcul par rapport aux métho<strong>des</strong> temporelles traditionnelles. Les procédures<br />

décrites dans ce chapitre ont été implém<strong>en</strong>tées dans <strong>une</strong> ”toolbox MATLAB 5”. Les<br />

routines les plus coûteuses <strong>en</strong> temps ont été écrites <strong>en</strong> FORTRAN. Les calculs ont été<br />

réalisés sur <strong>une</strong> station de travail de type DEC-alpha. En ce qui concerne l’approche<br />

temporelle du plan critique ou la méthode de rainflow multiaxial, le temps de calcul<br />

dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t du nombre de plans ou de combinaisons linéaires à examiner. Un<br />

algorithme permettant de balayer un nombre limité de solutions a été développé par<br />

Weber et al. [25], ce dernier a été implém<strong>en</strong>té, limitant ainsi l’exam<strong>en</strong> du nombre de<br />

plans ou de combinaisons <strong>en</strong>tre 200 et 250. Les temps de calculs mesurés <strong>pour</strong> obt<strong>en</strong>ir<br />

les trois cartographies du dommage sont respectivem<strong>en</strong>t de 17 s <strong>pour</strong> la méthode<br />

équival<strong>en</strong>te de von Mises (domaine fréqu<strong>en</strong>tiel), 96 s <strong>pour</strong> le multiaxial rainflow (domaine<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel) et <strong>en</strong>viron <strong>une</strong> semaine, soit 604800 s, <strong>pour</strong> l’approche temporelle<br />

du plan critique. Du point de vue conception, les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles apport<strong>en</strong>t<br />

donc un gain considérable de temps.<br />

3.5.2 Analyse <strong>des</strong> zones critiques<br />

Afin de comparer plus précisém<strong>en</strong>t les résultats obt<strong>en</strong>us par les trois métho<strong>des</strong> dans les<br />

élém<strong>en</strong>ts composants les zones critiques id<strong>en</strong>tifiées à la Fig 3.6.c, la Fig. 3.8 prés<strong>en</strong>te<br />

<strong>une</strong> comparaison <strong>des</strong> valeurs numériques <strong>des</strong> dommages par unité de temps calculés<br />

élém<strong>en</strong>t par élém<strong>en</strong>t.<br />

En basant le classem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> zones sur l’élém<strong>en</strong>t le plus <strong>en</strong>dommagé de chac<strong>une</strong> d’<strong>en</strong>tre<br />

elles, le classem<strong>en</strong>t de la plus <strong>en</strong>dommagée à la moins <strong>en</strong>dommagée est B, D, A, C<br />

selon l’approche du plan critique, considérée ici comme étant la méthode de référ<strong>en</strong>ce.<br />

Le classem<strong>en</strong>t établi selon la méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises est<br />

D, B, A et C et <strong>en</strong>fin B, A, C, D selon la méthode du rainflow multiaxial. Toutefois,<br />

nous remarquons que dans chaque zone, la méthode de von Mises permet de détecter


3 Résultats et discussion 59<br />

Fig. 3.8 – Dommage par unité de temps obt<strong>en</strong>u par les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles et<br />

par la méthode temporelle dans les quatre zones id<strong>en</strong>tifiées Fig.3.6.c


60 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

les mêmes élém<strong>en</strong>ts les plus <strong>en</strong>dommagés (<strong>en</strong>tourés Fig. 3.8) que la méthode du plan<br />

critique. D’un point de vue quantitatif, la Fig. 3.8 révèle, qu’aux <strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>ts (zones<br />

A et B), la méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises prédit un dommage<br />

<strong>en</strong>viron quatre fois moins important que la méthode du plan critique. En revanche,<br />

cette même méthode est <strong>en</strong> bi<strong>en</strong> meilleur accord avec la méthode temporelle dans les<br />

deux autre zones que sont le trou (zone C) et l’<strong>en</strong>taille (zone D). Quant à la méthode<br />

du rainflow multiaxiale, la t<strong>en</strong>dance s’inverse. Cette méthode est <strong>en</strong> bon accord avec la<br />

méthode du plan critique aux <strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>ts alors qu’elle prédit <strong>des</strong> <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>ts<br />

inférieurs au voisinage du trou et de l’<strong>en</strong>taille.<br />

3.5.3 Explication <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ces observées<br />

Comme de nombreux auteurs l’ont observé (par exemple You & Lee [27], Papadopoulos<br />

et al. [15], Weber et al. [24]), les critères basés sur <strong>une</strong> approche globale,<br />

où intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>des</strong> invariants du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes, produis<strong>en</strong>t de meilleurs<br />

prédictions du dommage lorsques les contraintes principales tourn<strong>en</strong>t au cours du<br />

chargem<strong>en</strong>t. Au contraire, les approches de type plan critique sont plus appropriées<br />

lorsque les contraintes principales ont <strong>une</strong> ori<strong>en</strong>tation fixe dans l’espace.<br />

Fig. 3.9 – D<strong>en</strong>sité de probabilité de l’angle θ <strong>en</strong>tre les directions principales et l’axe<br />

local x dans les élém<strong>en</strong>ts #1 et #439<br />

Examinons alors l’évolution <strong>des</strong> contraintes principales dans deux <strong>des</strong> zones critiques<br />

représ<strong>en</strong>tatives : à l’<strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>t A (élém<strong>en</strong>t #1) et au trou C (élém<strong>en</strong>t #439). La<br />

d<strong>en</strong>sité de probabilité de l’angle θ <strong>en</strong>tre le repère <strong>des</strong> directions principales et l’axe<br />

local x est illustré Fig. 3.9. Nous observons que, dans l’élém<strong>en</strong>t #1 situé au voisinage<br />

de l’<strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>t, la d<strong>en</strong>sité de probabilité pθ(θ) prés<strong>en</strong>te un pic très marqué à θ = 0,<br />

indiquant que les contraintes principales ne tourn<strong>en</strong>t pas à cet <strong>en</strong>droit de la structure.<br />

Par conséqu<strong>en</strong>t, le plan subissant la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t la plus grande a <strong>une</strong><br />

ori<strong>en</strong>tation fixe dans l’espace. Il n’est pas surpr<strong>en</strong>ant que, dans ce cas, la contrainte


3 Conclusion 61<br />

équival<strong>en</strong>te de von Mises , qui est proportionnelle à la moy<strong>en</strong>ne quadratique de la<br />

contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t sur tous les plans passant par le point considéré (voir Sines &<br />

Ohgi [23]), prédise alors un dommage moins important que les deux autres approches<br />

<strong>pour</strong> lesquelles tous les plans de cisaillem<strong>en</strong>t possibles sont examinés.<br />

Par contre, si nous obervons la fonction pθ(θ) dans l’élém<strong>en</strong>t #439, que montre la<br />

Fig. 3.9, nous remarquons que les directions principales tourn<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> davantage. Cela<br />

signifie qu’un <strong>en</strong>semble de plans de glissem<strong>en</strong>ts sont activés et que l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />

se réparti sur cet <strong>en</strong>semble de plan. Dans ce cas, la contrainte de von Mises est tout<br />

à fait appropriée, et est <strong>en</strong> meilleur accord avec la méthode du plan critique que ne<br />

l’est la méthode du rainflow multiaxial. La même observation s’applique aux élém<strong>en</strong>ts<br />

externes <strong>des</strong> <strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>ts, par example les élém<strong>en</strong>ts #25 et #396, où les contraintes<br />

principales tourn<strong>en</strong>t plus à ces <strong>en</strong>droits précis qu’à leur voisinage.<br />

Fig. 3.10 – Distribution du dommage plan par plan obt<strong>en</strong>u selon la méthode du plan<br />

critique dans les élém<strong>en</strong>ts #1 et #439<br />

Cette explication est confirmée par la Fig. 3.10 représ<strong>en</strong>tant la valeur du dommage<br />

obt<strong>en</strong>ue par la méthode du plan critique (domaine temporel), plan par plan, dans<br />

les deux élém<strong>en</strong>ts #1 et #439. Comme prévu, dans l’élém<strong>en</strong>t #1, où les directions<br />

principales sont fixes, le dommage est principalem<strong>en</strong>t conc<strong>en</strong>tré sur deux plans ; alors<br />

qu’il est réparti sour toute <strong>une</strong> couronne de plans dans l’élém<strong>en</strong>t #439.<br />

3.6 Conclusion<br />

Une méthode temporelle de prédiction du dommage <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire est<br />

prés<strong>en</strong>tée et implém<strong>en</strong>tée. Afin de l’appliquer après <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> spectrale d’<strong>une</strong> structure<br />

soumises à <strong>des</strong> vibrations aléatoires par élém<strong>en</strong>ts finis, <strong>une</strong> procédure permettant


62 3. <strong>Métho<strong>des</strong></strong> de calcul de durée de vie <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

de générer <strong>des</strong> échantillons temporels à partir <strong>des</strong> données <strong>spectrales</strong> sur les contraintes<br />

dans chaque élém<strong>en</strong>t a été développée et implém<strong>en</strong>tée. Ensuite, deux métho<strong>des</strong> d’estimation<br />

de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t applicables à partir de données <strong>spectrales</strong><br />

sur les contraintes ont été proposées et appliquées à <strong>une</strong> structure simple. La première<br />

est basée sur la définition de la contrainte de von Mises comme un processus aléatoire<br />

gaussi<strong>en</strong> dont la d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance est calculée. Elle est à l’origine de ce<br />

travail, mais n’avait pas <strong>en</strong>core été confrontée à d’autres métho<strong>des</strong>. La deuxième est<br />

<strong>une</strong> implém<strong>en</strong>tation dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel de la méthode initialem<strong>en</strong>t temporelle<br />

du rainflow multiaxial, formulation développée au cours de cette thèse. Nous avons<br />

montré que les deux métho<strong>des</strong> mèn<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> implém<strong>en</strong>tations id<strong>en</strong>tiques, même si le<br />

rainflow multiaxial nécessite le balayage d’un grand nombre de combinaisons linéaires<br />

<strong>des</strong> composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes. Sur la structure prise <strong>pour</strong> exemple, les<br />

deux métho<strong>des</strong> donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> cartographies de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t qualitativem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tiques.<br />

De plus, <strong>une</strong> très bonne corrélation est mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lorque celles-ci sont<br />

comparées à l’approche temporelle de type plan critique. Du point de vue de la conception,<br />

les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles peuv<strong>en</strong>t donc être appliquées <strong>pour</strong> localiser les zones<br />

critiques sur <strong>une</strong> structure soumise à <strong>des</strong> vibrations aléatoires et r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t possible <strong>une</strong><br />

estimation rapide et fiable de la durée de vie dans la phase de conception. Pour un<br />

même problème, elles se sont avérées être de plusieurs ordres de grandeurs plus rapide<br />

que la méthode temporelle : 17 s <strong>pour</strong> la méthode fréqu<strong>en</strong>tielle la plus rapide contre<br />

<strong>une</strong> semaine <strong>pour</strong> la méthode temporelle ! Pour <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> plus précise, la méthode<br />

temporelle plus coûteuse peut alors appliquée à quelques élém<strong>en</strong>ts critiques. Notons<br />

<strong>en</strong>fin, que la rapidité <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles permet d’<strong>en</strong>visager un couplage de<br />

celles-ci à <strong>des</strong> algorithmes d’optimisation structurale.


BIBLIOGRAPHIE 63<br />

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Chapitre 4<br />

Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong><br />

<strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

4.1 Introduction<br />

Les critères de <strong>fatigue</strong> multiaxiaux sont actuellem<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t utilisés <strong>pour</strong> évaluer<br />

la résistance à la <strong>fatigue</strong> à grand nombre de cycles de <strong>structures</strong> soumises à <strong>des</strong><br />

chargem<strong>en</strong>ts périodiques multiaxiaux. Comme nous l’avons m<strong>en</strong>tionné dans le chapitre<br />

précéd<strong>en</strong>t, dans le cas d’un chargem<strong>en</strong>t multiaxial périodique induisant un t<strong>en</strong>seur<br />

<strong>des</strong> contraintes [sij(t) = sij(t + T )] <strong>pour</strong> tout t ∈ [0, T ], il est possible de définir <strong>une</strong><br />

fonction g du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes telle que la région de non fissuration de l’espace<br />

<strong>des</strong> contraintes soit exprimée par l’inégalité<br />

g(sij(t), T ) ≤ 1 (4.1)<br />

Un revue complète <strong>des</strong> critères proposés dans la littérature à été publiée par You &<br />

Lee [24] et, à l’exception de Macha [10], la plupart <strong>des</strong> critères sont définis par <strong>une</strong><br />

telle fonction g.<br />

Bi<strong>en</strong> que les critères de <strong>fatigue</strong> multiaxiaux ont été validés à partir de chargem<strong>en</strong>ts<br />

induisant <strong>des</strong> contraintes sinusoïdales, nous supposons qu’<strong>une</strong> limite de <strong>fatigue</strong> existe<br />

égalem<strong>en</strong>t <strong>pour</strong> les chargem<strong>en</strong>ts complexes induisant <strong>des</strong> contraintes d’amplitu<strong>des</strong><br />

variables ou aléatoires (voir Dang-Van [3]). Dans le cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts aléatoires, la<br />

valeur extrême définie par la fonction g(sij(·), T ) est égalem<strong>en</strong>t <strong>une</strong> variable aléatoire.<br />

Par conséqu<strong>en</strong>t, nous pouvons nous demander quelle est la probabilité que l’inégalité<br />

(4.1) soit satisfaite <strong>en</strong> chaque point de la structure. Ce problème est toutefois très<br />

complexe et ne peut être résolu qu’à l’aide de simulations de Monte-Carlo, c’est-àdire<br />

<strong>en</strong> générant artificiellem<strong>en</strong>t plusieurs réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes, <strong>en</strong><br />

calculant la valeur du critère g <strong>pour</strong> chaque réalisation et <strong>en</strong> cherchant quelle est<br />

la distribution la plus proche de celle observée. Cette approche est faisable mais très<br />

coûteuse <strong>en</strong> temps de calcul. Des métho<strong>des</strong> rapi<strong>des</strong> d’estimation de la valeur locale du


66 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

critère peuv<strong>en</strong>t donc être <strong>des</strong> outils de conception très appréciables, elles permettrai<strong>en</strong>t<br />

alors de vérifier l’intégrité de la structure dès les premiers sta<strong>des</strong> de développem<strong>en</strong>t.<br />

Dans ce chapitre, nous proposons <strong>des</strong> approximations de deux critères de <strong>fatigue</strong><br />

multiaxiaux (Pitoiset et al. [19]). Nous considérons toujours le cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts<br />

gaussi<strong>en</strong>s de moy<strong>en</strong>ne nulle et nous considérons qu’aucun amorçage de fissure n’a lieu<br />

avant Ne répétitions du chargem<strong>en</strong>t aléatoire périodique de durée T si E[g(sij(·), T )] <<br />

1, <strong>en</strong> d’autres termes si, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, la valeur extrême (la fonction g) ne dépasse<br />

pas le seuil de la limite de <strong>fatigue</strong>. Les <strong>structures</strong> que nous étudions étant linéaires<br />

et les chargem<strong>en</strong>ts étant gaussi<strong>en</strong>s, la valeur moy<strong>en</strong>ne du critère E[g(sij(·), T )] est<br />

uniquem<strong>en</strong>t fonction de la matrice <strong>des</strong> PSD du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes. Il est donc<br />

possible de l’estimer directem<strong>en</strong>t à partir de l’<strong>analyse</strong> spectrale de la structure par<br />

élém<strong>en</strong>ts finis.<br />

Théoriquem<strong>en</strong>t, un processus gaussi<strong>en</strong> défini par <strong>une</strong> d<strong>en</strong>sité spectrale de puissance<br />

ne possède pas de réalisation périodique. Toutefois, comme nous l’avons vu au chapitre<br />

2.2.1 (voir égalem<strong>en</strong>t l’annexe A), les simulations de Monte-Carlo d’un processus<br />

stationnaire gaussi<strong>en</strong> obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> utilisant l’algorithme de la FFT sont <strong>des</strong> fonctions<br />

périodiques. Cet algorithme consiste à approximer la PSD par un spectre fini discret.<br />

La durée de l’échantillon temporel généré dép<strong>en</strong>d alors du nombre de points<br />

choisis <strong>pour</strong> discrétiser le spectre. Pour de longues pério<strong>des</strong> d’observation du chargem<strong>en</strong>t<br />

gaussi<strong>en</strong>, l’espérance mathématique de la valeur extrême définie par le critère,<br />

E[g(sij(·), T )], est <strong>une</strong> fonction qui croît l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction de T , et la valeur du<br />

critère obt<strong>en</strong>ue <strong>pour</strong> un processus donné n’est pas significativem<strong>en</strong>t affectée par le<br />

choix d’<strong>une</strong> valeur de T spécifique.<br />

Les critères peuv<strong>en</strong>t être classés <strong>en</strong> deux familles principales, que nous décrivons <strong>en</strong><br />

début de chapitre <strong>en</strong> illustrant chac<strong>une</strong> d’elles par deux exemples. Comme il n’existe<br />

pas d’approche universellem<strong>en</strong>t acceptée actuellem<strong>en</strong>t, le but de cette première partie<br />

n’est pas d’être exhaustive mais plutôt de donner un aperçu <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes théories.<br />

Nous proposons <strong>en</strong>suite <strong>des</strong> approximations <strong>spectrales</strong> de E[g(sij(·), T )] <strong>pour</strong> deux<br />

<strong>des</strong> critères les plus couramm<strong>en</strong>t utilisés et que nous avons donnés <strong>en</strong> exemple, à<br />

savoir le critère de type plan critique de Matake et le critère de Crossland, basé sur<br />

<strong>des</strong> invariants du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes. Nous obt<strong>en</strong>ons ce que nous appellons <strong>des</strong><br />

formulations fréqu<strong>en</strong>tielles <strong>des</strong> critères de <strong>fatigue</strong> multiaxiaux. Comme les fissures<br />

apparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> surface où l’état <strong>des</strong> contraintes est biaxial, nous considérons à nouveau<br />

uniquem<strong>en</strong>t les états plans de contraintes. Pour <strong>des</strong> raisons de simplicité dans<br />

les notations et les développem<strong>en</strong>ts mathématiques, nous n’abordons que les chargem<strong>en</strong>ts<br />

de moy<strong>en</strong>ne nulle. Les deux formulations sont alors appliquées au modèle<br />

élém<strong>en</strong>ts finis de l’éprouvette <strong>en</strong> forme de ”L”, utilisée dans le chapitre précéd<strong>en</strong>t ;<br />

elles permett<strong>en</strong>t d’établir la cartographie <strong>des</strong> valeurs locales <strong>des</strong> critères dans tous les<br />

élém<strong>en</strong>ts du modèle. Afin de démontrer la validité de ces formulations, nous générons<br />

artificiellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes, nous calculons la valeur du<br />

critère g(sij(·), T ) <strong>pour</strong> chaque réalisation et nous comparons la valeur E[g(sij(·), T )]<br />

obt<strong>en</strong>ue dans chaque élém<strong>en</strong>t grâce aux formulations fréqu<strong>en</strong>tielles à celle obt<strong>en</strong>ue<br />

<strong>en</strong> estimant la valeur moy<strong>en</strong>ne de g(sij(·), T ) sur les réalisations de (sij(t), T ). Les<br />

résultats obt<strong>en</strong>us sont <strong>en</strong>suite prés<strong>en</strong>tés et discutés. Comme nous l’avons m<strong>en</strong>tionné à<br />

la fin du chapitre précéd<strong>en</strong>t, la performance <strong>des</strong> critères de <strong>fatigue</strong> est liée à la variabi-


4 Les différ<strong>en</strong>ts types de critères multiaxiaux 67<br />

lité <strong>des</strong> directions du repère <strong>des</strong> contraintes principales p<strong>en</strong>dant le chargem<strong>en</strong>t. Nous<br />

terminons donc ce chapitre par la prés<strong>en</strong>tation d’un outil fréqu<strong>en</strong>tiel permettant de<br />

calculer la d<strong>en</strong>sité de probabilité de l’angle observé <strong>en</strong>tre le repère local dans lequel<br />

le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes est exprimé et le repère <strong>des</strong> contraintes principales. Cette<br />

méthode spectrale permet d’ori<strong>en</strong>ter év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t le concepteur dans le choix d’un<br />

critère lorsque celui-ci veut examiner <strong>une</strong> zone précise de la structure.<br />

4.2 Les différ<strong>en</strong>ts types de critères multiaxiaux<br />

4.2.1 Les critères de type plan critique<br />

Comme nous l’avons m<strong>en</strong>tionné <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tant le critère de Robert au début du chapitre<br />

précéd<strong>en</strong>t, les critères de type plan critique sont basés sur le fait que le comportem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> d’un matériau <strong>en</strong> un point donné de la structure est imposé par le<br />

plan matériel le plus sollicité passant par ce point. La sévérité du cycle <strong>des</strong> contraintes<br />

sur un plan donné est alors exprimée par certaines combinaisons linéaires de grandeurs<br />

liées à la contrainte normale et à la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur ce<br />

plan. Nous prés<strong>en</strong>tons ici deux exemples classiques de critères de type plan critique :<br />

les critères de Matake [12] et de Findley [6]. De nombreux auteurs ont proposés <strong>des</strong><br />

critères du même type, nous pouvons <strong>en</strong> citer quelques uns à titre indicatif, comme<br />

par exemple Dang-Van [3], McDiarmid [13] ou <strong>en</strong>core Galtier & Séguret [7].<br />

Critère de Matake<br />

Ce critère est basé sur l’observation selon laquelle l’amorçage <strong>des</strong> fissures <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> à<br />

grand nombre de cycles est principalem<strong>en</strong>t dû aux déformations plastiques subies par<br />

les cristaux les plus défavorablem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>tés par rapport à la direction du chargem<strong>en</strong>t.<br />

La principale variable responsable de l’accumulation de déformations plastiques le long<br />

de certains plans de glissem<strong>en</strong>t est la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t agissant sur ces plans<br />

(voir par exemple Papadopoulos [15]).<br />

Conformém<strong>en</strong>t à cet argum<strong>en</strong>t, Matake [12] définit le plan critique comme étant le<br />

plan de normale n ∗ défini par les angles (γ ∗ , φ ∗ ) où l’amplitude de la contrainte de<br />

cisaillem<strong>en</strong>t (cf Fig. 3.1.b et § 3.2.1) est maximale ; elle est notée C ∗ a et est obt<strong>en</strong>ue<br />

comme suit :<br />

C ∗ a = max<br />

n Ca(n) = max ( max<br />

n 0≤t≤T τn(t) − τnm ) (4.2)<br />

L’ori<strong>en</strong>tation de la fissure à l’amorçage est donc déterminée par le couple <strong>des</strong> angles<br />

sphériques (γ ∗ , φ ∗ ). En notant respectivem<strong>en</strong>t s ∗ na et s ∗ nm l’amplitude et la moy<strong>en</strong>ne<br />

de la contrainte normale agissant sur le plan γ = γ ∗ et φ = φ ∗ , le critère de Matake<br />

est exprimé par<br />

g(sij(·), T ) = C∗ a + α(s ∗ nm + s ∗ na)<br />

β<br />

≤ 1 (4.3)


68 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Nous précisons que l’amplitude de la contrainte normale sna agissant sur un plan de<br />

normale n est donnée par :<br />

sna = 1<br />

<br />

max<br />

2 0≤t≤T sna(t) − min<br />

0≤t≤T sna(t)<br />

<br />

(4.4)<br />

Ce critère est donc exprimé comme la combinaison linéaire de l’amplitude du cisaillem<strong>en</strong>t<br />

et la valeur maximale de la contrainte normale agissant sur le plan critique,<br />

nous remarquons que, dans le cas général, C ∗ a et s ∗ na ne sont pas atteints au même<br />

instant du cycle.<br />

α et β sont <strong>des</strong> paramètres liés au matériau définis par<br />

⎧<br />

⎨<br />

⎩<br />

α = (2t−1(N)/f−1(N)) − 1<br />

β = t−1(N)<br />

où f−1 et t−1 sont respectivem<strong>en</strong>t les limites d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> traction alternée et<br />

<strong>en</strong> torsion alternée. Ces paramètres sont déterminés <strong>en</strong> appliquant le critère à deux<br />

chargem<strong>en</strong>ts simples (traction alternée et torsion alternée), m<strong>en</strong>ant à un amorçage de<br />

fissure après Ne applications du cycle.<br />

Critère de Findley<br />

Le critère de Findley [6] correspond à la limitation d’<strong>une</strong> combinaison linéaire de<br />

l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t et de la valeur maximale de la contrainte<br />

normale agissant sur le plan critique n ∗ . Selon Findley, ce plan est déterminé par<br />

<br />

<br />

max Ca(n) + α(snm + sna)<br />

n<br />

(4.5)<br />

Lorsque le plan critique n ∗ est id<strong>en</strong>tifié, le critère ne prédit aucun amorçage de fissure<br />

après N répétitions du cycle de contraintes considéré si<br />

g(sij(·), T ) = C∗ a + α(s ∗ nm + s ∗ na)<br />

β<br />

≤ 1 (4.6)<br />

il s’écrit donc de façon id<strong>en</strong>tique au critère de Matake, seule la définition du plan<br />

critique change. α et β sont <strong>des</strong> paramètres liés au matériau et sont définis <strong>en</strong> fonction<br />

<strong>des</strong> limites d’<strong>en</strong>durances du matériau <strong>en</strong> traction alternée et torsion alternée, observée<br />

après Ne cycles. α et β sont définis différemm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> coeffici<strong>en</strong>ts donnés <strong>pour</strong> le critère<br />

de Matake.<br />

4.2.2 Les critères de type approche globale<br />

Cette catégorie de critères peut être divisée <strong>en</strong> trois groupes distincts :


4 Les différ<strong>en</strong>ts types de critères multiaxiaux 69<br />

– les critères basés sur <strong>des</strong> invariants du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes et de son déviateur,<br />

comme par exemple les critères de Sines & Ohgi [21], de Crossland [2] ou <strong>en</strong>core de<br />

Marin [11].<br />

– les critères basés sur <strong>des</strong> contraintes relatives à <strong>des</strong> plans matériels dont la globalité<br />

provi<strong>en</strong>t du fait qu’<strong>une</strong> moy<strong>en</strong>ne quadratique de ces contraintes sur l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong><br />

plans est calculée, nous pouvons citer par exemple le critère de Papadopoulos [15].<br />

– les critères basés sur <strong>une</strong> approche énergétique, comme par exemple les critère<br />

d’Ellyin & Golos [5] et de Palin-Luc & Lasserre [14].<br />

Critère de Crossland<br />

Le critère de Crossland [2] est basé sur <strong>des</strong> invariants du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes et<br />

de son déviateur et s’écrit :<br />

<br />

J2,a + α max p(t)<br />

≤ 1, t ∈ [0, T ] (4.7)<br />

β<br />

où J2,a est l’amplitude du deuxième invariant du déviateur <strong>des</strong> contraintes donné,<br />

lorsque les composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sont de moy<strong>en</strong>ne nulle, par la<br />

relation<br />

J2,a = 1<br />

√ 3 max<br />

0≤t≤T |sc(t)| (4.8)<br />

où sc(t) est la contrainte de von Mises définie <strong>pour</strong> un état biaxial <strong>des</strong> contraintes par<br />

la relation quadratique<br />

s 2 c(t) = s 2 x(t) + s 2 y(t) − sx(t)sy(t) + 3s 2 xy(t) (4.9)<br />

p(t) est la pression hydrostatique définie comme le premier invariant du t<strong>en</strong>seur sij(t)<br />

et peut être écrite <strong>pour</strong> un état plan de contraintes<br />

α et β sont <strong>des</strong> paramètres liés au matériau définis par<br />

⎧<br />

⎨<br />

⎩<br />

p(t) = 1<br />

3 (sx(t) + sy(t)) (4.10)<br />

α = (t−1(N) − f−1(N)/ √ 3)/(f−1(N)/3)<br />

β = t−1(N)<br />

où f−1 et t−1, comme <strong>pour</strong> le critère de Matake, sont respectivem<strong>en</strong>t les limites<br />

d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> traction alternée et <strong>en</strong> torsion alternée.


70 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Critère de Papadopoulos<br />

D’après Papadopoulos [15], l’accumulation de microdéformations plastiques dans <strong>une</strong><br />

direction de glissem<strong>en</strong>t donnée appart<strong>en</strong>ant à un plan de glissem<strong>en</strong>t d’un grain de<br />

cristal est proportionnelle à l’amplitude Ta de la projection de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t<br />

dans cette direction, lorsque le nombre de cycles appliqués t<strong>en</strong>d vers l’infini.<br />

Lorsque cette quantité Ta de déformation plastique accumulée, illustrée à la Fig.<br />

4.1, dépasse <strong>une</strong> certain seuil, les dislocations se déplaçant selon certains plans de<br />

glissem<strong>en</strong>t finiss<strong>en</strong>t par former <strong>des</strong> microfissures.<br />

Pour parler de fissuration au s<strong>en</strong>s de l’ingénieur, ces microfissures doiv<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cer<br />

à se propager de façon à être détectables et à dépasser l’échelle du grain de cristal,<br />

<strong>pour</strong> atteindre après coalesc<strong>en</strong>ce, l’échelle d’un volume élém<strong>en</strong>taire V du matériau<br />

cont<strong>en</strong>ant plusieurs cristaux. Ce début de propagation est favorisé par la contrainte<br />

normale agissant sur les microfissures. Pour t<strong>en</strong>ir compte de l’amorçage de plusieurs<br />

microfissures dans différ<strong>en</strong>ts cristaux à l’intérieur d’un volume élém<strong>en</strong>taire donné,<br />

Papadopoulos propose de calculer :<br />

– la valeur moy<strong>en</strong>ne de l’amplitude de la contrainte normale agissant sur l’<strong>en</strong>semble<br />

<strong>des</strong> plans, il est possible de montrer que cette grandeur est la contrainte hydrostatique<br />

p(t) définie <strong>pour</strong> les états plans de contraintes par l’éq. (4.10) ;<br />

– la moy<strong>en</strong>ne quadratique volumétrique de Ta, sur toutes les directions χ de chaque<br />

plan et sur tous les plans matériels (γ, φ) passant par le point où le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong><br />

contraintes a été calculé, cette grandeur est définie par<br />

<br />

< T 2<br />

a > = √ <br />

1<br />

5<br />

8π2 2π π<br />

γ=0<br />

φ=0<br />

2π<br />

χ=0<br />

(Ta(γ, φ, χ)) 2 dχ sin φ dφ dγ (4.11)<br />

Fig. 4.1 – Définition de l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t dans <strong>une</strong> direction<br />

du plan ψ donnée


4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake 71<br />

Le critère de Papadopoulos s’écrit <strong>en</strong>suite :<br />

<br />

< T 2<br />

a > + α max p(t)<br />

≤ 1, t ∈ [0, T ] (4.12)<br />

β<br />

α et β sont à nouveau <strong>des</strong> paramètres liés aux limites d’<strong>en</strong>durance du matériau <strong>en</strong><br />

traction alternée et <strong>en</strong> torsion alternée observées après Ne cycles.<br />

4.2.3 Optimisation <strong>des</strong> temps de calcul <strong>des</strong> critères<br />

Le principal obstacle à l’utilisation <strong>des</strong> critères de type plan critique <strong>en</strong> bureau d’étude<br />

est le temps de calcul qu’ils nécessit<strong>en</strong>t, lorsque la séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t à traiter<br />

est complexe et définie par un grand nombre de points. Différ<strong>en</strong>tes propositions et<br />

améliorations <strong>des</strong> algorithmes <strong>en</strong> vue de réduire les temps de calculs ont été proposées<br />

et sont décrites <strong>en</strong> détails dans K<strong>en</strong>meugne [8] et Weber et al. [23].<br />

La première optimisation concerne la recherche du plan critique au moy<strong>en</strong> du balayage<br />

<strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ts plans passant par un point donné (voir Fig. 3.1). K<strong>en</strong>meugne<br />

[8] propose alors de remplacer les incrém<strong>en</strong>ts constants dγ et dφ utilisés dans la<br />

discrétisation <strong>des</strong> angles sphériques γ et φ, par <strong>une</strong> discrétisation non constante de φ.<br />

Les nouveaux incrém<strong>en</strong>ts dφ sont alors calculés de façon à obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts d’<strong>une</strong><br />

surface constante sur la sphere. Par conséqu<strong>en</strong>t, le nombre de facettes considérées sur<br />

chaque latitude est variable.<br />

La seconde optimisation concerne la recherche du plus petit cercle circonscrit au trajet<br />

décrit par la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t dans un plan donné. Le nouvel algorithme<br />

proposé est basé sur la recherche de 12 points cardinaux du trajet relatifs à trois<br />

repères appart<strong>en</strong>ant au plan considéré. Ces trois repères sont obt<strong>en</strong>us par deux rotations<br />

successives de 30 ◦ du repère initial. La réduction du trajet de chargem<strong>en</strong>t à<br />

12 points permet <strong>en</strong>suite l’utilisation d’un algorithme plus classique dont la rapidité<br />

d’exécution dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t du nombre de points à traiter.<br />

4.3 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake<br />

Nous proposons dans ce paragraphe <strong>une</strong> formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake.<br />

Nous avons choisi ce critère <strong>pour</strong> deux raisons. La première raison est que le<br />

critère de Matake est exprimé par <strong>une</strong> combinaison linéaire <strong>des</strong> valeurs extrêmes de<br />

deux variables. La valeur de cette combinaison est plus simple à approximer dans le<br />

domaine spectral que la valeur extrême d’<strong>une</strong> combinaison linéaire de deux variables<br />

corrélées comme nous les trouvons par exemple dans les critères proposés par Dang<br />

Van ou Robert. La seconde raison est que le critère de Matake prédit très correctem<strong>en</strong>t<br />

l’amorçage <strong>pour</strong> différ<strong>en</strong>ts types de chargem<strong>en</strong>ts multiaxiaux. Comme le montr<strong>en</strong>t les<br />

étu<strong>des</strong> m<strong>en</strong>ées par Papadopoulos et al. [16] et Weber et al. [22], ce critère mène à <strong>des</strong><br />

erreurs <strong>en</strong>tre les prédictions et les essais allant de -20% à +20%.<br />

Nous rappelons que nous ne traitons que les chargem<strong>en</strong>ts de moy<strong>en</strong>ne nulle. Par<br />

conséqu<strong>en</strong>t, la projection du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contrainte sur un plan donné implique que


72 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

la contrainte moy<strong>en</strong>ne normale à ce plan snm = 0. Pour les chargem<strong>en</strong>ts de moy<strong>en</strong>ne<br />

nulle, le critère s’écrit donc :<br />

g(sij(·), T ) = C∗ a + αs ∗ na<br />

β<br />

≤ 1, (4.13)<br />

combinant ainsi l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t et l’amplitude de la<br />

contrainte normale agissant sur le plan critique. Le plan critique est défini selon Matake<br />

comme étant le plan physique subissant la plus grande amplitude de la contrainte<br />

de cisaillem<strong>en</strong>t. Nous rappelons qu’idéalem<strong>en</strong>t nous devrions calculer la probabilité<br />

∗ Ca + αs<br />

P<br />

∗ na<br />

β<br />

<br />

≤ 1, <strong>en</strong> tout point de la structure<br />

(4.14)<br />

mais que ce problème de probabilité de rupture ne peut actuellem<strong>en</strong>t être abordé<br />

qu’à l’aide de simulations de Monte-Carlo. Nous proposons alternativem<strong>en</strong>t <strong>une</strong> approximation<br />

plus simple, mais qui prés<strong>en</strong>te l’avantage d’être formulée explicitem<strong>en</strong>t.<br />

Dans ce but, nous supposons qu’aucun amorçage de fissure ne se produit avant Ne<br />

répétitions du chargem<strong>en</strong>t aléatoire périodique d’<strong>une</strong> durée T si<br />

E[g(sij(·), T )] = E[C∗ a] + αE[s ∗ na]<br />

β<br />

≤ 1 (4.15)<br />

<strong>en</strong> tout point de la structure. De la même façon, comme la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t<br />

est <strong>une</strong> variable aléatoire, nous définissons le plan critique comme le plan où la valeur<br />

moy<strong>en</strong>ne (sur un nombre infini de réalisations du t<strong>en</strong>seur) du rayon du cercle<br />

circonscrit au trajet décrit par cette contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t (voir Fig. 3.1) atteint<br />

sa valeur maximale.<br />

4.3.1 Définition fréqu<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> contraintes relatives à un<br />

plan physique<br />

Toute projection d’un t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle sur un plan<br />

physique donné résulte <strong>en</strong> trois processus sn(t), τu(t) et τv(t) gaussi<strong>en</strong>s et de moy<strong>en</strong>nes<br />

nulles. Ces trois variables représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t la contrainte normale, et les<br />

deux composantes de la contrainte tang<strong>en</strong>tielle agissant sur le plan de normale n. Si<br />

les composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes sont corrélées, alors les trois processus<br />

relatifs à un plan physique sont égalem<strong>en</strong>t corrélés et nous pouvons définir la matrice<br />

<strong>des</strong> PSD du vecteur gaussi<strong>en</strong> sψ = (sn(t), τu(t), τv(t)) T , que nous appelons Φψ(ω)<br />

telle que<br />

Φψ(ω) =<br />

⎛<br />

⎝ Φnn(ω) Φnu(ω) Φnv(ω)<br />

Φun(ω) Φuu(ω) Φuv(ω)<br />

Φvn(ω) Φvu(ω) Φvv(ω)<br />

⎞<br />

⎠ (4.16)


4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake 73<br />

Dans le cas particulier d’un état de contraintes planes et <strong>pour</strong> un chargem<strong>en</strong>t gaussi<strong>en</strong><br />

de moy<strong>en</strong>ne nulle, le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes est exprimé sous la forme d’un vecteur<br />

gaussi<strong>en</strong> s(t) = (sx(t), sy(t), sxy(t)) T caractérisé par la matrice de PSD Φs(ω) =<br />

[Φsisj (ω)]. La matrice Φψ(ω) peut alors être facilem<strong>en</strong>t calculée à partir de Φs(ω) <strong>en</strong><br />

appliquant la formule (3.3).<br />

4.3.2 Définition fréqu<strong>en</strong>tielle du plus petit cercle circonscrit<br />

Nous rappelons ici que la contrainte τn(t) tang<strong>en</strong>tielle au plan de normale n est un<br />

processus vectoriel ergodique de moy<strong>en</strong>ne nulle. Pour chaque plan ψ et <strong>pour</strong> <strong>une</strong> longue<br />

période d’observation T , le c<strong>en</strong>tre du cercle circonscrit se trouve à l’origine du repère<br />

dans lequel τn(t) est exprimé. Ceci est vrai quand T t<strong>en</strong>d vers l’infini. Pour trouver<br />

le plan critique défini par les angles sphériques (γ ∗ , φ ∗ ), il suffit de trouver le rayon<br />

du plus petit cercle circonscrit au trajet que décrit la pointe du vecteur τn(t) <strong>pour</strong><br />

chaque plan. En aléatoire, nous disons que le plan critique est le plan où la moy<strong>en</strong>ne<br />

(sur un nombre infini de réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes) de l’amplitude de<br />

τn(t) est maximale, c’est-à-dire où le rayon du cercle circonscrit est <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne le<br />

plus grand.<br />

Nous proposons donc <strong>une</strong> méthode permettant de calculer la moy<strong>en</strong>ne du rayon<br />

du cercle circonscrit dans un plan donné à partir de la matrice <strong>des</strong> PSD Φψ(ω).<br />

Le rayon du plus petit cercle circonscrit, dans le domaine temporel, peut être<br />

mathématiquem<strong>en</strong>t exprimé par la relation<br />

<br />

Ca = R = max τ 2<br />

u(t) + τ<br />

0≤t≤T<br />

2 v (t) (4.17)<br />

Fig. 4.2 – (a) Trajet décrit par l’extrémité de τn(t) dans le plan ψ, (b) bande cont<strong>en</strong>ant<br />

le cercle de rayon r défini tel que −r < τu < r, (c) rotation optimale donnant le nombre<br />

maximum de passages par le niveau r avec <strong>une</strong> p<strong>en</strong>te positive selon u θ<br />

La Fig. 4.2.a illustre <strong>une</strong> exemple du trajet décrit par la pointe de la contrainte de<br />

cisaillem<strong>en</strong>t τn(t) dans un plan ψ donné et <strong>pour</strong> un chargem<strong>en</strong>t gaussi<strong>en</strong> observé


74 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

p<strong>en</strong>dant <strong>une</strong> certaine durée T . Nous rappelons que le vecteur τn(t) est exprimé dans<br />

le repère (u, v) et que τn(t) = (τu(t), τv(t)) T .<br />

Le problème que nous voulons résoudre est d’approximer E[R] <strong>en</strong> examinant les caractéristiques<br />

statistiques du vecteur gaussi<strong>en</strong> (τu(t), τv(t)) T , au lieu de générer artificiellem<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> réalisations du processus (τu(t), τv(t)) T , de chercher <strong>pour</strong> chac<strong>une</strong><br />

d’elle le rayon R et d’<strong>en</strong> estimer la moy<strong>en</strong>ne. Pour cela, nous considérons le nombre<br />

de franchissem<strong>en</strong>ts µ(r) du cercle de rayon r par l’extrémité du vecteur τn(t) allant<br />

de l’intérieur vers l’extérieur du cercle. Etant donné que les deux composantes de la<br />

contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t τu(t) and τv(t) ne sont pas indép<strong>en</strong>dantes, il est difficile de<br />

trouver <strong>une</strong> formule analytique simple de µ(r). D’autre part, nous remarquons que<br />

la quantité µ(r) est supérieure au nombre de passages par le niveau r avec <strong>une</strong> p<strong>en</strong>te<br />

positive observé sur chac<strong>une</strong> <strong>des</strong> composantes de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t τu(t)<br />

ou τv(t) (Fig. 4.2.b), nombres de passages que nous notons respectivem<strong>en</strong>t Nu(r) et<br />

Nv(r). Evidemm<strong>en</strong>t, <strong>pour</strong> chaque rotation d’un angle θ du repère (u, v) (Fig. 4.2.c),<br />

nous observons <strong>des</strong> valeurs différ<strong>en</strong>tes N θ u(r) et N θ v (r). Nous proposons alors d’approximer<br />

µ(r) par la plus grande valeur de N θ u(r)<br />

µ(r) ≈ max<br />

0≤θ≤π [N θ u(r)] (4.18)<br />

Les composantes de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t τ θ u(t) et τ θ v (t) dans le nouveau repère<br />

sont données par<br />

où<br />

τ θ u(t)<br />

τ θ v (t)<br />

Qθ =<br />

<br />

= Qθ<br />

τu(t)<br />

τv(t)<br />

cos θ − sin θ<br />

sin θ cos θ<br />

<br />

<br />

(4.19)<br />

(4.20)<br />

Elles sont conjointem<strong>en</strong>t gaussi<strong>en</strong>nes. Par conséqu<strong>en</strong>t, plutôt que de passer <strong>en</strong> revue<br />

toutes les valeurs de θ afin de trouver celle <strong>pour</strong> laquelle N θ u(r) est maximum, nous<br />

utilisons la propriété selon laquelle le nombre de passages maximum par le niveau r<br />

avec <strong>une</strong> p<strong>en</strong>te positive par τu(t) est associé à la direction θ <strong>pour</strong> laquelle la variance<br />

σu de cette composante est maximale. Pour trouver cette direction spécifique, nous<br />

considérons le vecteur (τu(t), τv(t)) caractérisé dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel par la<br />

matrice <strong>des</strong> PSD :<br />

Φτ (ω) =<br />

Φuu(ω) Φuv(ω)<br />

Φvu(ω) Φvv(ω)<br />

<br />

(4.21)<br />

A partir de cette matrice <strong>des</strong> PSD, nous pouvons calculer la matrice de convariance<br />

Σ relative au processus vectoriel (τu(t), τv(t)) comme suit :


4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake 75<br />

Σ =<br />

+∞<br />

−∞<br />

<br />

Φτ (ω)dω =<br />

σ 2 u<br />

ρuvσuσv<br />

ρuvσuσv<br />

σ2 v<br />

<br />

(4.22)<br />

σ 2 u et σ 2 v sont respectivem<strong>en</strong>t les variances <strong>des</strong> processus τu(t) et τv(t), et ρuv est<br />

le coeffici<strong>en</strong>t de corrélation <strong>en</strong>tre les deux variables. La direction de plus grande variance<br />

recherchée est <strong>en</strong>suite donnée par la rotation Qθ, qui est déterminée par la<br />

diagonalisation de la matrice de covariance. Cette diagonalisation est exprimée par la<br />

relation<br />

Σθ = QθΣQ T θ = diag(σ 2 1, σ 2 2)<br />

où σ 2 1 et σ 2 2 sont les valeurs propres de la matrice Σ. Nous supposons que σ 2 1 ≥ σ 2 2.<br />

σ 2 1 est alors la variance maximale de τu(t) sur toutes les directions θ. Dans ce repère<br />

particulier, la matrice <strong>des</strong> PSD <strong>des</strong> composantes de la contraintes de cisaillem<strong>en</strong>ts<br />

devi<strong>en</strong>t<br />

Φτ θ (ω) = Qθ Φτ (ω) Q T θ<br />

(4.23)<br />

Le plus grand nombre de passages à p<strong>en</strong>te positive de τ θ u(t) par le niveau r, exprimé<br />

par l’éq. (4.18), peut <strong>en</strong>suite être estimé à partir du premier terme diagonal de la<br />

matrice Φτ θ (ω), que nous notons Φ θ u(ω).<br />

Ayant calculé la PSD Φ θ u(ω) du processus gaussi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>ne nulle τ θ u(t), nous<br />

appliquons un résultat classique de la théorie <strong>des</strong> vibrations aléatoires permettant de<br />

calculer<br />

E[R] = E[Ca] = E[ max<br />

0≤t≤T τ θ u(t)] (4.24)<br />

La formule que nous utilisons a été proposée par Dav<strong>en</strong>port [4] et permet d’estimer la<br />

moy<strong>en</strong>ne du plus grand extremum, autrem<strong>en</strong>t appelé facteur de pic, atteint par τ θ u(t)<br />

sur la période d’observation T , cette moy<strong>en</strong>ne peut être déterminée comme suit :<br />

où<br />

E[ max<br />

0≤t≤T τ θ u(t)] = σ1 F (N1) (4.25)<br />

F (N) = 2 ln(N) + 0.5772/ 2 ln(N) (4.26)<br />

N1 correspond au nombre de cycles moy<strong>en</strong> observé sur le processus τ θ u(t) p<strong>en</strong>dant la<br />

durée T du chargem<strong>en</strong>t :


76 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

où la fréqu<strong>en</strong>ce c<strong>en</strong>trale ν + 0<br />

N1 = ν + 0<br />

est donnée par le formule de Rice<br />

ν + 0 = N θ u(0) = 1<br />

<br />

m2<br />

2π m0<br />

T (4.27)<br />

(4.28)<br />

Cette éq. (4.25) représ<strong>en</strong>te alors <strong>une</strong> approximation fiable du rayon E[R] = E[Ca] que<br />

nous cherchons, <strong>en</strong> particulier dans le cas où les deux composantes de la contrainte de<br />

cisaillem<strong>en</strong>t sont fortem<strong>en</strong>t corrélées. Pour de plus amples détails sur la théorie <strong>des</strong><br />

extrema <strong>des</strong> processus gaussi<strong>en</strong>s, m<strong>en</strong>ant à l’éq. (4.25), le lecteur peut se reporter à<br />

l’annexe B et aux ouvrages plus spécialisés de Leadbetter et al. [9] et Preumont [20].<br />

4.3.3 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère<br />

Le plan critique (γ ∗ , φ ∗ ), défini comme le plan où E[Ca] = E[R] ≈ σ1 F (N1) atteint<br />

sa valeur maximale, peut facilem<strong>en</strong>t être déterminé <strong>en</strong> examinant tous les plans ψ<br />

passant par le point où le t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes a été calculé. Nous notons σ ∗ 1 et N ∗ 1<br />

les grandeurs σ1, N1 , que nous avons défini dans le paragraphe précéd<strong>en</strong>t, lorsqu’elles<br />

sont déterminées <strong>pour</strong> le plan critique.<br />

Ensuite, l’espérance mathématique de l’amplitude de la contrainte normale à ce plan<br />

s ∗ n(t) peut être calculée comme suit<br />

E[sna] ≈ σ ∗ n F (N ∗ 2 ) (4.29)<br />

où, à nouveau, σ ∗ n = √ m0 et où N2 représ<strong>en</strong>te le nombre de cycles observé sur s ∗ n(t)<br />

au cours de la période d’observation du chargem<strong>en</strong>t. N2 peut facilem<strong>en</strong>t être évalué à<br />

partir <strong>des</strong> éqs. (4.27) et (4.28). Les mom<strong>en</strong>ts spectraux m0 et m2 apparaissant dans ces<br />

équations diffèr<strong>en</strong>t de ceux calculés dans le paragraphe précéd<strong>en</strong>t, ils sont maint<strong>en</strong>ant<br />

estimés à partir de la PSD Φnn(ω) du processus sn(t) <strong>pour</strong> le plan critique. Cette<br />

PSD est exprimée par le premier terme diagonal de la matrice (4.16).<br />

Pour <strong>une</strong> période d’observation T , nous aboutissons donc à la formulation du critère<br />

de Matake suivante :<br />

σ ∗ 1F (N ∗ 1 ) + ασ ∗ nF (N ∗ 2 )<br />

β<br />

≤ 1. (4.30)<br />

Nous avons donc obt<strong>en</strong>u, <strong>pour</strong> chac<strong>une</strong> <strong>des</strong> variables qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans le<br />

critère de Matake, à savoir l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t et l’amplitude<br />

de la contrainte normale relatives au plan critique, deux processus scalaires<br />

gaussi<strong>en</strong>s représ<strong>en</strong>tatifs de ces grandeurs. Nous avons <strong>en</strong>suite déterminé l’espérance<br />

mathématique de leurs valeurs extrêmes respectives sur la période T .


4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du Critère de Crossland 77<br />

4.4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du Critère de Crossland<br />

Nous avons choisi ce critère d’approche globale <strong>pour</strong> la simple raison qu’il est relativem<strong>en</strong>t<br />

aisé d’<strong>en</strong> proposer <strong>une</strong> formulation fréqu<strong>en</strong>tielle. Bi<strong>en</strong> que ce critère ne soit<br />

pas parmi les plus performants, Papadopoulos et al. [16], Weber et al. [22] ont montré<br />

qu’il peut m<strong>en</strong>er à <strong>des</strong> écarts <strong>en</strong>tre les données expérim<strong>en</strong>tales et les prédictions allant<br />

de −30% et +15%.<br />

Par analogie à la démarche employée au paragraphe précéd<strong>en</strong>t, nous cherchons à<br />

calculer explicitem<strong>en</strong>t<br />

E[g(sij(·), T )] = E[ J2,a] + αE[max p(t)]<br />

β<br />

≤ 1 t ∈ [0, T ] (4.31)<br />

à partir de la matrice de PSD Φs(ω) du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes, <strong>en</strong> tout point de la<br />

structure.<br />

4.4.1 Première formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère<br />

Le premier terme J2,a apparaissant dans le critère de Crossland est proportionnel<br />

à la contrainte de von Mises, comme nous le remarquons dans l’éq. (4.8). La première<br />

idée consiste donc à approximer cette variable <strong>en</strong> utilisant le processus aléatoire que<br />

nous avons appelé contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises, voir Pitoiset & Preumont [18].<br />

Ce processus gaussi<strong>en</strong> équival<strong>en</strong>t est défini dans le chapitre précéd<strong>en</strong>t au § 3.3.1 et sa<br />

PSD est obt<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> combinant <strong>pour</strong> chaque fréqu<strong>en</strong>ce, les PSD <strong>des</strong> composantes du<br />

t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes selon la relation quadratique de von Mises :<br />

Φc(ω) = Φsxsx (ω) + Φsysy (ω) − Re(Φsxsy (ω)) + 3Φsxysxy (ω) (4.32)<br />

Comme précédemm<strong>en</strong>t, nous pouvons approximer l’amplitude du deuxième invariant<br />

du déviateur du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes J2,a <strong>en</strong> cherchant la valeur extrême de la<br />

contrainte de von Mises sc(t)<br />

<br />

J2,a ≈ 1<br />

√ max |sc(t)| =<br />

3 t<br />

1 <br />

√ max s2 c(t) (4.33)<br />

3 t<br />

dont nous estimons l’espérance mathématique dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel<br />

E[ J2,a] ≈ 1<br />

√ 3 σc F (2N1) (4.34)<br />

où σ 2 c est le mom<strong>en</strong>t spectral d’ordre 0 calculé à partir de Φc(ω) et N1 est évalué <strong>en</strong><br />

appliquant les éqs. (4.28) et (4.27) à cette même PSD. Comme le montre l’éq. (4.34),


78 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

nous pr<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> compte les extrema négatifs et positifs de sc(t) <strong>en</strong> compte, c’est<br />

<strong>pour</strong>quoi nous remplaçons l’argum<strong>en</strong>t de la fonction F par le nombre de demi-cycles<br />

(2N1) observés sur le processus sc(t) p<strong>en</strong>dant la durée T au lieu du nombre de cycles<br />

(N1).<br />

Ensuite, le deuxième terme interv<strong>en</strong>ant dans le critère est la pression hydrostatique,<br />

definie par l’éq. (4.10) comme étant <strong>une</strong> simple combinaison linéaire de sx(t) et sy(t),<br />

qui peut s’écrire sous forme vectorielle :<br />

p(t) = (1/3 1/3 0) T . s(t) (4.35)<br />

La PSD Φp(ω) de ce processus peut alors être calculée <strong>en</strong> appliquant la formule<br />

suivante :<br />

Φp(ω) = [1/3 1/3 0] Φs(ω) [1/3 1/3 0] T<br />

(4.36)<br />

Pour ce dernier processus, σ 2 p est égal à l’intégrale de la PSD Φp(ω) tandis que<br />

le nombre de cycles N2 est à nouveau calculé à partir de Φp comme nous l’avons<br />

déjà montré <strong>pour</strong> les différ<strong>en</strong>ts processus précéd<strong>en</strong>ts. Cette première approximation<br />

consiste à dire que les contraintes rest<strong>en</strong>t dans l’espace de non-fissuration lorsque le<br />

chargem<strong>en</strong>t aléatoire périodique de durée T satisfait l’inégalité<br />

σc F (2N1) / √ 3 + ασpF (N2)<br />

β<br />

≤ 1 (4.37)<br />

<strong>en</strong> tout point de la structure. Une autre solution <strong>pour</strong> approximer J2,a est apparue<br />

<strong>en</strong> développant la théorie permettant de résoudre le problème du rayon du plus<br />

petit cercle circonscrit. Cette deuxième formulation, comme nous le verrons ci-après,<br />

donne <strong>des</strong> résultats plus proches de ceux observés <strong>en</strong> appliquant la formulation temporelle<br />

initiale à <strong>des</strong> réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes obt<strong>en</strong>ues par simulations<br />

de Monte-Carlo. Le principe est toujours de construire un processus scalaire gaussi<strong>en</strong><br />

à partir duquel il est possible d’approximer J2,a, ce nouveau processus est toutefois<br />

construit tout à fait différemm<strong>en</strong>t de Φc(ω).<br />

4.4.2 Seconde formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère<br />

Dans cette seconde proposition, nous conservons l’approximation de la valeur maximale<br />

de la pression hydrostatique. L’approximation de ce terme est tout à fait satisfaisante<br />

puisque nous ne faisons que définir la PSD d’un processus qui est gaussi<strong>en</strong>, et<br />

évaluons son amplitude dans le domaine de Fourier. En revanche, le processus Φc(ω),<br />

que nous définissons comme un processus gaussi<strong>en</strong>, est différ<strong>en</strong>t du processus aléatoire<br />

non gaussi<strong>en</strong> défini dans le domaine temporel par von Mises. Nous améliorons alors<br />

la première proposition <strong>en</strong> proposant <strong>une</strong> meilleure estimation de E[ J2,a], <strong>en</strong> proposant<br />

le changem<strong>en</strong>t de variables


4 Formulation fréqu<strong>en</strong>tielle du Critère de Crossland 79<br />

x(t) = sx(t)<br />

√ 2<br />

nous obt<strong>en</strong>ons<br />

y(t) = sy(t)<br />

√ 2<br />

z(t) = sx(t) − sy(t)<br />

√ 2<br />

w(t) = √ 3sxy(t) (4.38)<br />

<br />

J2,a = 1 <br />

√ max x2 (t) + y2 (t) + z2 (t) + w2 (t) (4.39)<br />

3 0≤t≤T<br />

L’analogie avec l’éq. (4.17) est évid<strong>en</strong>te, J2,a peut être considéré comme étant égal<br />

à R/ √ 3, où R est défini comme le rayon de la plus petite hypersphere circonscrite<br />

au trajet complexe décrit par l’extrémité du vecteur gaussi<strong>en</strong> à quatre dim<strong>en</strong>sion<br />

v(t) = (x(t), y(t), z(t), w(t)) T , dont la matrice <strong>des</strong> PSD est notée Φv(ω) et dont la<br />

matrice de covariance est notée Σ. Ces deux matrices peuv<strong>en</strong>t être facilem<strong>en</strong>t calculées<br />

à partir de Φs(ω) et <strong>des</strong> définitions <strong>des</strong> variables donnée par les relations (4.38).<br />

Selon la procédure que nous avons développée dans le paragraphe 4.2.4 <strong>pour</strong> calculer<br />

le rayon du plus petit cercle circonscrit, il est possible de trouver <strong>une</strong> matrice de<br />

rotation Q telle que<br />

⎛<br />

⎜<br />

⎝<br />

˜x(t)<br />

˜y(t)<br />

˜z(t)<br />

˜w(t)<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

⎛<br />

⎜<br />

= Q ⎜<br />

⎝<br />

x(t)<br />

y(t)<br />

z(t)<br />

w(t)<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

(4.40)<br />

Cette matrice de rotation peut être définie de façon à maximiser la variance de ˜x(t).<br />

Ce problème revi<strong>en</strong>t à déterminer la plus grande valeur propre σ 2 1 de la matrice de<br />

covariance Σ définie par<br />

D = QΣQ T = diag(σ 2 1, σ 2 2, σ 2 3, σ 2 4) (4.41)<br />

où σ1 ≥ σ2 ≥ σ3 ≥ σ4 (avec σ4 = 0 parce que x(t), y(t), z(t), w(t) sont quatre fonctions<br />

exprimées à partir de trois processus différ<strong>en</strong>ts, à savoir sx(t), sy(t) et sxy(t)). La PSD<br />

Φ˜x(ω) est alors donnée par le premier terme de la diagonale de la matrice <strong>des</strong> PSD<br />

Φ˜v(ω) obt<strong>en</strong>ue, comme précédemm<strong>en</strong>t, grâce à la formule suivante :<br />

Φ˜v(ω) = Q Φv(ω) Q T<br />

Par analogie à l’éq. (4.34), nous avons alors<br />

(4.42)<br />

E[ J2,a] ≈ 1<br />

√ 3 σ1 F (2N1) (4.43)<br />

avec N1 estimé à partir de Φ˜x(ω), le premier terme diagonal de Φ˜v(ω), <strong>en</strong> appliquant<br />

les formules (4.27) et (4.28). Cette seconde approximation est donnée par l’inégalité :


80 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

σ1 F (2N1) / √ 3 + ασpF (N2)<br />

β<br />

4.5 Application à <strong>une</strong> structure simple<br />

≤ 1 (4.44)<br />

Les procédures décrites dans les paragraphes précéd<strong>en</strong>ts ont égalem<strong>en</strong>t été<br />

implém<strong>en</strong>tées dans la ”toolbox” MATLAB, qui est utilisée comme post-processeur<br />

du code élém<strong>en</strong>ts finis SAMCEF. Les routines les plus coûteuses <strong>en</strong> temps de calcul<br />

ont été implém<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> FORTRAN. Les calculs suivants ont été réalisés sur<br />

<strong>une</strong> station de travail DEC-alpha. La structure prés<strong>en</strong>tée Fig. 3.5 soumises à <strong>des</strong><br />

accélérations aléatoires aux <strong>en</strong>castremem<strong>en</strong>ts est utilisée <strong>pour</strong> illustrer l’application<br />

<strong>des</strong> deux critères. L’acier constituant cette éprouvette est caractérisée <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> par<br />

sa limite d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> traction alternée, f−1 = 252 × 10 6 Pa, et <strong>en</strong> torsion alternée,<br />

τ−1 = 182 × 10 6 Pa. La durée du chargem<strong>en</strong>t a été fixée à T = 10 secon<strong>des</strong>, soit<br />

<strong>en</strong>viron 1500 demi-cycles. Dans le domaine temporel, g(sij(t), T ) a été évaluée sur<br />

cinq réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes comportant chac<strong>une</strong> 2 15 pas de temps.<br />

La moy<strong>en</strong>ne E[g(sij(t), T )] a <strong>en</strong>suite été estimée à partir de ces cinq valeurs. Ces<br />

échantillons temporels ont été générés <strong>en</strong> utlisant la méthode de Monte-Carlo et l’algorithme<br />

de la FFT selon la procédure décrite dans l’annexe A.<br />

4.5.1 Application du critère de Matake : domaines temporel<br />

et fréqu<strong>en</strong>tiel<br />

Les valeurs locales du critère de Matake obt<strong>en</strong>ues dans le domaine temporel et dans<br />

le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel sont respectivem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tées à la Fig. 4.3.a et 4.3.b. En<br />

moy<strong>en</strong>ne <strong>une</strong> différ<strong>en</strong>ce de 0.04 est observée <strong>en</strong>tre les résultats produits par les deux<br />

formulations, la différ<strong>en</strong>ce maximale atteinte sur tous les élém<strong>en</strong>ts est 0.16. Nous<br />

notons égalem<strong>en</strong>t que la formulation fréqu<strong>en</strong>tielle est conservative par rapport aux<br />

résultats obt<strong>en</strong>us par les simulations de Monte-Carlo. En terme de temps de calcul, la<br />

formulation fréqu<strong>en</strong>tielle permet de réduire le temps de calcul à 3 minutes contre 57<br />

heures dans le domaine temporel. Evidemm<strong>en</strong>t, ce temps de calcul dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t<br />

du nombre de plans examinés p<strong>en</strong>dant la procédure de détection du plan critique, et<br />

ce dans le domaine temporel comme dans le domaine de Fourier. Là <strong>en</strong>core, afin de<br />

réduire le temps de calcul nous avons implém<strong>en</strong>té la méthodologie de recherche du<br />

plan critique prés<strong>en</strong>tée par Weber et al. [23] afin de minimiser le nombre de plans<br />

balayés. Dans chaque élém<strong>en</strong>t, nous avons observé <strong>une</strong> converg<strong>en</strong>ce de l’algorithme<br />

vers le plan critique <strong>en</strong> traitant <strong>en</strong>tre 200 et 250 plans physiques.<br />

Les Figs. 4.4.a et 4.4.b montr<strong>en</strong>t la valeur du rayon du plus petit cercle circonscrit<br />

obt<strong>en</strong>ue plan par plan (avec un incrém<strong>en</strong>t de 5 ◦ sur les deux angles sphériques γ et φ),<br />

la matrice <strong>des</strong> PSD du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes étant calculée dans l’élém<strong>en</strong>t indiqué<br />

à la Fig. 3.5. La Fig. 4.4.a a été établie <strong>en</strong> appliquant l’algorithme de recherche du<br />

rayon du cercle circonscit dans le domaine temporel prés<strong>en</strong>té par Weber et al. [23] à<br />

partir <strong>des</strong> simulations de Monte-Carlo. La Fig. 4.4.b a été établie <strong>en</strong> appliquant la


4 Application à <strong>une</strong> structure simple 81<br />

méthode fréqu<strong>en</strong>tielle prés<strong>en</strong>tée au § 4.2.4. Nous observons que les deux figures sont<br />

<strong>en</strong> excell<strong>en</strong>t accord et que la méthode fréqu<strong>en</strong>tielle produit <strong>des</strong> valeurs légèrem<strong>en</strong>t<br />

supérieures de Ca que celles obt<strong>en</strong>ues par les simulations temporelles. La différ<strong>en</strong>ce<br />

sur l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les deux procédures est <strong>pour</strong><br />

cet élém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne de 7 Mpa et atteint 15 MPa <strong>pour</strong> un <strong>des</strong> plans considérés.<br />

Toutefois, nous devons préciser que, dans le domaine temporel, E[g(sij(·), T )] a été<br />

estimé à partir de seulem<strong>en</strong>t 5 réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes.<br />

Fig. 4.3 – Cartographie <strong>des</strong> valeurs locales du critère de Matake (a) simulations de<br />

Monte-Carlo (domaine temporel), (b) formulation fréqu<strong>en</strong>tielle<br />

4.5.2 Application du critère de Crossland : domaines temporel<br />

et fréqu<strong>en</strong>tiel<br />

La Fig. 4.5.a représ<strong>en</strong>te les valeurs locales du critère de Crossland estimées selon<br />

l’éq. (4.7) à partir <strong>des</strong> historiques du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes simulés artificiellem<strong>en</strong>t.<br />

La Fig. 4.5.b montre les valeurs obt<strong>en</strong>ues directem<strong>en</strong>t après l’<strong>analyse</strong> spectrale <strong>en</strong><br />

appliquant l’éq. (4.44). Les deux cartographies sont quasi id<strong>en</strong>tiques. En moy<strong>en</strong>ne,<br />

la différ<strong>en</strong>ce sur la valeur calculée du critère <strong>en</strong>tre la formulation temporelle et la<br />

formulation fréqu<strong>en</strong>tielle donnée par l’éq. (4.44) est de 0.06, au lieu de 0.12 <strong>en</strong> appliquant<br />

l’éq. (4.37). Sur tous les élém<strong>en</strong>ts la différ<strong>en</strong>ce maximale atteint 0.18 <strong>pour</strong> la<br />

formulation fréqu<strong>en</strong>tielle la plus performante contre 0.33 <strong>en</strong> appliquant la première<br />

solution proposée. Les deux formulations fréqu<strong>en</strong>tielles sont évidemm<strong>en</strong>t très rapi<strong>des</strong>,


82 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Fig. 4.4 – Rayon du plus petit cercle circonscrit, plan par plan, <strong>en</strong> fonction de (γ, φ)<br />

dans l’élém<strong>en</strong>t indiqué Fig. 3.5 : (a) simulations de Monte-Carlo (domaine temporel),<br />

(b) méthode fréqu<strong>en</strong>tielle<br />

la cartographie de la Fig. 4.5 est établie <strong>en</strong> 15 s dans le domaine spectral tandis que<br />

le calcul pr<strong>en</strong>d 6.2 heures dans le domaine temporel.<br />

Fig. 4.5 – Cartographie <strong>des</strong> valeurs locales du critère de Crossland (a) simulations de<br />

Monte-Carlo (domaine temporel), (b) formulation fréqu<strong>en</strong>tielle


4 Variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes principales 83<br />

4.6 Variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes principales<br />

Les résultats obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> appliquant les formulations fréqu<strong>en</strong>tielles et les formulations<br />

temporelles originales <strong>des</strong> deux critères sont prés<strong>en</strong>tés plus précisém<strong>en</strong>t à la Fig. 4.6,<br />

élém<strong>en</strong>t par élem<strong>en</strong>t, dans les deux zones les plus <strong>en</strong>dommagées qui sont indiquées par<br />

les lettres A et B aux Figs. 4.5.b et 4.3.b. En observant ces résultats, nous remarquons<br />

qu’à l’<strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>t les deux critères donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> résultats très proches l’un de l’autre,<br />

contrairem<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>taille où le critère plan critique de Matake produit <strong>des</strong> valeurs<br />

supérieures à celles calculées <strong>en</strong> utilisant le critère de Crossland.<br />

Comme nous l’avons expliqué à la fin du chapitre précéd<strong>en</strong>t, la précision et la validité<br />

<strong>des</strong> critères de type plan critique ou ceux basés sur <strong>une</strong> approche globale est<br />

généralem<strong>en</strong>t liée à la variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes principales au cours du<br />

chargem<strong>en</strong>t. Les approches de type plan critique sont plus performantes lorsque les<br />

directions <strong>des</strong> contraintes principales ont <strong>une</strong> ori<strong>en</strong>tation fixe dans l’espace, tandis que<br />

les critères de type approche globale prédis<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> l’amorçage lorsque les directions<br />

principales tourn<strong>en</strong>t.<br />

Bi<strong>en</strong> qu’un important travail expérim<strong>en</strong>tal soit <strong>en</strong>core nécessaire afin de vérifier les<br />

capacités prédictives <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ts critères dans le cas de chargem<strong>en</strong>ts aléatoires<br />

périodiques (cf. Papadopoulos et al. [16]), nous proposons de baser <strong>une</strong> première<br />

sélection du type de critère à utiliser <strong>en</strong> fonction de la variabilité <strong>des</strong> directions principales<br />

dans la zone de la structure considérée. Par conséqu<strong>en</strong>t, afin de guider le concepteur<br />

dans le choix d’un critère si celui-ci souhaite <strong>analyse</strong>r les quelques élém<strong>en</strong>ts les<br />

plus <strong>en</strong>dommagés plus précisém<strong>en</strong>t, nous proposons un outil spectral qui permet de<br />

calculer la d<strong>en</strong>sité de probabilité de l’angle <strong>en</strong>tre le repère local dans lequel le vecteur<br />

s(t) est exprimé et le repère <strong>des</strong> directions principales. Une procédure temporelle<br />

complète visant à estimer les directions <strong>des</strong> contraintes principales sous chargem<strong>en</strong>t<br />

multiaxial a été développée par Carpinteri et al. [1], mais auc<strong>une</strong> solution fréqu<strong>en</strong>tielle<br />

de caractérisation de la variablilité <strong>des</strong> directions principales au cours du chargem<strong>en</strong>t<br />

n’a, à notre connaissance, <strong>en</strong>core été proposée.<br />

La relation <strong>en</strong>tre les composantes <strong>des</strong> contraintes du vecteur s = (sx, sy, sxy) T et<br />

l’angle <strong>en</strong>tre le repère (x, y) et le repère <strong>des</strong> directions principales peut facilem<strong>en</strong>t être<br />

établie à partir <strong>des</strong> propriétés du cercle de Mohr.<br />

Cet angle, illustré à la Fig. 4.7, est donné par la relation<br />

tan(2θ(t)) =<br />

2sxy(t)<br />

sx(t) − sy(t)<br />

(4.45)<br />

L’éq. (4.45) montre que l’angle θ(t) est <strong>une</strong> variable aléatoire, fonction de trois variables<br />

gaussi<strong>en</strong>nes ; nous recherchons sa d<strong>en</strong>sité de probabilité. Pour cela, nous faisons<br />

le changem<strong>en</strong>t de variables suivant :


84 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Fig. 4.6 – Valeurs locales <strong>des</strong> crtière de Matake et Crossland données élém<strong>en</strong>t par<br />

élém<strong>en</strong>t dans les zones A et B indiquées à la Fig. 4.3 et 4.5 : domaine temporel (DT)<br />

et domaine fréqu<strong>en</strong>tiel (DF)<br />

Fig. 4.7 – Repère local et repère <strong>des</strong> contraintes principales<br />

y(t) = (sx(t) − sy(t))/2<br />

z(t) = sxy(t)<br />

(4.46)


4 Variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes principales 85<br />

L’éq. (4.45) devi<strong>en</strong>t alors tan(2θ(t)) = z(t)/y(t). Comme sx(t), sy(t) et sxy(t) sont <strong>des</strong><br />

variables gaussi<strong>en</strong>nes de moy<strong>en</strong>ne nulle, les variables y(t) et z(t) sont aussi gaussi<strong>en</strong>nes<br />

de moy<strong>en</strong>ne nulle ; leur d<strong>en</strong>sité de probabilité conjointe est donnée par :<br />

1<br />

pyz(y, z) = <br />

2πσyσz 1 − ρ2 <br />

1<br />

exp −<br />

2(1 − ρ<br />

yz<br />

2 2 y<br />

yz) σ2 y<br />

− 2ρyzyz<br />

σyσz<br />

+ z2<br />

σ2 <br />

z<br />

(4.47)<br />

où σy et σz sont respectivem<strong>en</strong>t les écarts types <strong>des</strong> variables y(t) et z(t). ρyz est le<br />

coeffici<strong>en</strong>t de corrélation <strong>en</strong>tre les deux variables. Les valeurs de σy, σz et ρyz peuv<strong>en</strong>t<br />

être facilem<strong>en</strong>t calculées à partir de la matrice de covariance<br />

Sij = E[ss T ] =<br />

∞<br />

−∞<br />

A partir de la définition (4.46) de y(t) et z(t), nous obt<strong>en</strong>ons<br />

⎧<br />

⎨<br />

⎩<br />

Φs(ω)dω (4.48)<br />

σy = E[y 2 (t)] = (S11 + S22 − 2S12)/4<br />

σz = E[z 2 (t)] = √ S33<br />

ρyz = E[y(t) . z(t)]/(σyσz) = (S13 − S23)/(2σyσz)<br />

La d<strong>en</strong>sité de probabilité de u = tan(2θ) = z/y peut être déterminée comme suit. En<br />

posant u = z/y et v = y, nous avons<br />

puv(u, v) = pyz(v, uv)| det(J)| (4.49)<br />

où J = ∂(y, z)/∂(u, v) est le Jacobi<strong>en</strong> de la transformation résultant du chargem<strong>en</strong>t de<br />

variables qui consiste à <strong>en</strong> remplacer y, z par u, v. Dans ce cas nous avons det(J) = |v|<br />

(voir par exemple Papoulis [17] <strong>pour</strong> de plus amples explications). En intégrant l’ éq.<br />

(4.49) sur v, nous obt<strong>en</strong>ons la d<strong>en</strong>sité de probabilité de u<br />

pu(u) =<br />

∞<br />

−∞<br />

<br />

1 − ρ<br />

pyz(v, uv)|v|dv =<br />

2 yz<br />

πσyσz(u 2 /σ2 z − 2ρyzu/(σyσz) + 1/σ2 y)<br />

(4.50)<br />

Il reste <strong>en</strong>suite à rev<strong>en</strong>ir à θ, défini par la relation θ = arctan(u)/2. La d<strong>en</strong>sité de<br />

probabilité de θ <strong>en</strong>tre l’axe x du repère local et le repère <strong>des</strong> directions principales<br />

peut finalem<strong>en</strong>t être exprimée par l’égalité<br />

pθ(θ) = pu(u)| ∂u<br />

| =<br />

∂θ<br />

où ∂u/∂θ = 2(1 + tan 2 (2θ)).<br />

2(1 + tan2 <br />

(2θ)) 1 − ρ2 yz<br />

πσyσz(tan 2 (2θ)/σ 2 z − 2ρyz tan(2θ)/(σyσz) + 1/σ 2 y)<br />

(4.51)


86 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

Fig. 4.8 – Distribution de l’angle θ : comparaison <strong>en</strong>tre observations et calcul<br />

théorique<br />

La d<strong>en</strong>sité de probabilité de l’angle θ est représ<strong>en</strong>tée à la Fig. 4.8 <strong>pour</strong> deux élém<strong>en</strong>ts<br />

de l’éprouvette <strong>en</strong> L. La courbe correspond à la distribution obt<strong>en</strong>ue à partir de<br />

l’éq. (4.51), alors que les histogrammes ont été estimés à partir d’<strong>une</strong> réalisation du<br />

t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes <strong>en</strong> appliquant l’éq. (4.45). Dans l’élém<strong>en</strong>t #381 situé près de<br />

l’<strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>t, la d<strong>en</strong>sité de probabilité p(θ) est caractérisée par un pic à θ = 0,<br />

montrant ainsi que le repère <strong>des</strong> directions principales a <strong>une</strong> ori<strong>en</strong>tation fixe p<strong>en</strong>dant<br />

le chargem<strong>en</strong>t. Par contre, dans l’élém<strong>en</strong>t #105 situé près de l’<strong>en</strong>taille, la courbe<br />

représ<strong>en</strong>tant pθ(θ) montre que la distribution de l’angle est beaucoup plus ditribuée<br />

que dans la zone précéd<strong>en</strong>te et que les directions principales tourn<strong>en</strong>t ici davantage<br />

au cours du chargem<strong>en</strong>t.<br />

4.7 Conclusion<br />

Dans ce chapitre, nous avons proposé <strong>des</strong> formulations fréqu<strong>en</strong>tielles <strong>des</strong> critères de<br />

Matake et de Crossland. Une telle démarche peut être ét<strong>en</strong>due à d’autres critères à<br />

l’av<strong>en</strong>ir, même si la résolution mathématique peut s’avérer être plus complexe <strong>pour</strong><br />

certains d’<strong>en</strong>tre eux. Nous avons démontré que les variables les plus importantes <strong>en</strong><br />

<strong>fatigue</strong> multiaxiale telles que l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t et l’amplitude<br />

de la contrainte normale agissant sur un plan donné ainsi que les amplitu<strong>des</strong> <strong>des</strong><br />

invariants du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes et de son déviateur peuv<strong>en</strong>t être calculées dans<br />

le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, directem<strong>en</strong>t après <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> spectrale de la structure par<br />

élém<strong>en</strong>ts finis. Cette partie est <strong>une</strong> <strong>des</strong> principales contributions de ce travail.<br />

Les simulations de Monte-Carlo ont permis de comparer les formulations fréqu<strong>en</strong>tielles<br />

proposées aux définitions initiales <strong>des</strong> critères, formulés par leurs auteurs dans le<br />

domaine temporel. Il apparait que les approximations fréqu<strong>en</strong>tielles donn<strong>en</strong>t de très


4 Conclusion 87<br />

bons résultats tout <strong>en</strong> permettant de réduire de plusieurs ordres de grandeur les temps<br />

de calcul.<br />

D’après les différ<strong>en</strong>ts résultats expérim<strong>en</strong>taux prés<strong>en</strong>tés dans la littérature, les critères<br />

de type plan critique prédis<strong>en</strong>t l’amorçage avec précision dans le cas où les contraintes<br />

principales ont <strong>une</strong> ori<strong>en</strong>tation fixe p<strong>en</strong>dant le chargem<strong>en</strong>t. L’observation inverse a été<br />

faite <strong>pour</strong> les critères d’approche globale. L’évolution <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes<br />

principales peut donc év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>ter le choix du critère à utiliser lorsque le<br />

concepteur veut <strong>analyse</strong>r <strong>une</strong> zone précise de la structure. Par conséqu<strong>en</strong>t nous avons<br />

développé un outil spectral permettant de caractériser très rapidem<strong>en</strong>t la variabilité<br />

<strong>des</strong> directions principales à partir de la matrice <strong>des</strong> PSD du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes.


88 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire<br />

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90 4. Critères d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire


Chapitre 5<br />

Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du<br />

diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain<br />

d’Ariane V<br />

5.1 Introduction<br />

Comme nous l’avons m<strong>en</strong>tionné dans le chapitre d’introduction, de nombreux secteurs<br />

de l’industrie appliqu<strong>en</strong>t l’<strong>analyse</strong> spectrale afin d’étudier la réponse <strong>des</strong> <strong>structures</strong><br />

aux sollicitations aléatoires. Les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de prédiction de durée de vie<br />

existantes <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> uniaxiale comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à être assez largem<strong>en</strong>t utilisées.<br />

Nous pouvons relever quelques exemples dans la littérature réc<strong>en</strong>te comme :<br />

– le dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t de bras de susp<strong>en</strong>sions pneumatiques de cabines de camions<br />

réalisé par Fu & Cebon [2] lorsque le véhicule est soumis à <strong>des</strong> déplacem<strong>en</strong>ts<br />

aléatoires reflétant la rugosité de la route (voir égalem<strong>en</strong>t Morril et al. [7]),<br />

– le calcul <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du fuselage d’un avion soumis à <strong>des</strong> turbul<strong>en</strong>ces atmosphériques<br />

(Laudanski [6]),<br />

– ou <strong>en</strong>core l’estimation de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sur <strong>une</strong> coque de bateau soumise aux<br />

vagues (Folsø [1]).<br />

Dans ce chapitre, nous appliquons les métho<strong>des</strong> développées précedemm<strong>en</strong>t à l’<strong>analyse</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du futur moteur Vulcain II d’Ariane V (Pitoiset et al. [8]).<br />

Le modèle élém<strong>en</strong>ts finis (SAMCEF) ainsi que les données concernant l’excitation ont<br />

été fournis par SNECMA-Moteurs. Pour <strong>des</strong> raisons de confid<strong>en</strong>tialité, nous utilisons<br />

dans ce qui suit les caractéristiques d’un matériau fictif, les résultats prés<strong>en</strong>tés n’ont<br />

donc auc<strong>une</strong> valeur <strong>en</strong> terme de prédiction de la durée de vie réelle de la structure.<br />

Après la prés<strong>en</strong>tation de la tuyère diverg<strong>en</strong>te du moteur et du chargem<strong>en</strong>t (§ 5.2), nous<br />

décrivons les résultats de l’<strong>analyse</strong> modale puis de l’<strong>analyse</strong> spectrale. Nous appliquons<br />

<strong>en</strong>suite les métho<strong>des</strong> de calcul de durée de vie de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises<br />

et du rainflow multiaxial (§ 5.3). Nous constatons que les deux métho<strong>des</strong> donn<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> résultats très proches. Nous analysons <strong>en</strong>suite la variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong>


92 5. Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain d’Ariane V<br />

contraintes principales à deux <strong>en</strong>droits de la structure. Constatant que le chargem<strong>en</strong>t<br />

est uniaxial dans la zone la plus sollicitée, nous comparons les résultats obt<strong>en</strong>us lors de<br />

la première <strong>analyse</strong> à <strong>des</strong> simulations rainflow. Enfin, nous utilisons les formulations<br />

fréqu<strong>en</strong>tielles <strong>des</strong> critères de Matake et Crossland afin de voir dans quelles zones<br />

les contraintes induites par les vibrations aléatoires rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>des</strong>sous de la limite<br />

d’<strong>en</strong>durance du matériau hypothétique choisi (§ 5.4) p<strong>en</strong>dant la durée d’application du<br />

chargem<strong>en</strong>t. Cette <strong>analyse</strong> complète permet de démontrer que la ”toolbox MATLAB”<br />

que nous avons développée permet de traiter <strong>des</strong> modèles de grande taille. La rapidité<br />

<strong>des</strong> calculs met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la possibilité de coupler l’<strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> à <strong>des</strong> routines<br />

d’optimisation afin de réduire la masse de telles <strong>structures</strong> tout <strong>en</strong> assurant la durée<br />

de vie requise.<br />

5.2 Prés<strong>en</strong>tation de la structure et définition du<br />

chargem<strong>en</strong>t<br />

Le moteur Vulcain assure la propulsion de l’étage principal cryotechnique du lanceur<br />

europé<strong>en</strong> Ariane V. Il utilise le couple d’ergols hydrogène/oxygène liqui<strong>des</strong>. Ces<br />

deux ergols sont injectés dans la chambre de combustion au moy<strong>en</strong> de turbopompes.<br />

L’énergie thermique produite dans la chambre de combustion est alors transformée<br />

<strong>en</strong> énergie cinétique grâce à l’effet d’<strong>une</strong> tuyère converg<strong>en</strong>te-diverg<strong>en</strong>te qui comprime<br />

puis éjecte les gaz chauds à grande vitesse. C’est cette tuyère diverg<strong>en</strong>te que nous<br />

étudions dans ce chapitre. Elle est située au c<strong>en</strong>tre du lanceur, sous l’étage principal<br />

et <strong>en</strong>tre les deux propulseurs à poudre comme le montre la Fig. 5.1<br />

Fig. 5.1 – Ariane V et moteur Vulcain


5 Prés<strong>en</strong>tation de la structure et définition du chargem<strong>en</strong>t 93<br />

Le diverg<strong>en</strong>t est donc soumis à plusieurs chargem<strong>en</strong>ts induisant un <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />

par <strong>fatigue</strong>. Le premier est dû à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t acoustique résultant du bruit généré<br />

par les propulseurs à poudre, notamm<strong>en</strong>t sur la table de lancem<strong>en</strong>t. Ce problème a fait<br />

l’objet d’<strong>une</strong> première étude par Kernilis et al. [4]. Le chargem<strong>en</strong>t que nous étudions<br />

dans ce chapitre est le ”buffeting”, il résulte de l’impacte de l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t de<br />

l’air le long du lanceur p<strong>en</strong>dant la phase transsonique du vol (voir James et al. [3]). Il<br />

se produit 20 s après le décollage et dure <strong>en</strong>viron <strong>une</strong> minute. Ce chargem<strong>en</strong>t est caractérisé<br />

par un champ de pression aléatoire basse fréqu<strong>en</strong>ce décrit par <strong>des</strong> niveaux de<br />

pression et <strong>des</strong> lois de corrélations spatiales. La bande de fréqu<strong>en</strong>ces de ce chargem<strong>en</strong>t<br />

s’ét<strong>en</strong>d de 1 Hz à 80 Hz. Il s’applique à la surface externe du moteur dont le diverg<strong>en</strong>t<br />

de la tuyère. Les spécifications du buffeting ont été établies par Aérospatiale, architecte<br />

industriel du lanceur, à partir d’essais <strong>en</strong> soufflerie. Les corrélations <strong>en</strong>tre les<br />

excitations <strong>en</strong> deux points de la surface du diverg<strong>en</strong>t sont déterminées <strong>en</strong> fonction de<br />

la taille <strong>des</strong> tourbillons et de leur vitesse de convection. Les mesures montr<strong>en</strong>t que<br />

la fonction de corrélation <strong>en</strong>tre deux points séparés par <strong>une</strong> distance xl, situés sur<br />

<strong>une</strong> droite longitudinale et dans le s<strong>en</strong>s de l’écoulem<strong>en</strong>t, prés<strong>en</strong>te <strong>des</strong> pics séparés par<br />

un délai τ = xl/Ul. Ce délai correspond au temps mis par le tourbillon <strong>pour</strong> parcourir<br />

la distance xl à la vitesse de convection longitudinale Ul. Les mesures montr<strong>en</strong>t<br />

égalem<strong>en</strong>t que la décroissance de ces pics est expon<strong>en</strong>tielle, comme le montre la Fig.<br />

(5.2).<br />

Fig. 5.2 – Fonction de corrélation <strong>pour</strong> différ<strong>en</strong>tes distances dans la direction de<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t


94 5. Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain d’Ariane V<br />

Ces résultats mèn<strong>en</strong>t à <strong>une</strong> fonction de corrélation classique du type :<br />

R(xl, τ) = R0(τ − xl/Ul)e −α|xl|<br />

(5.1)<br />

où R0(τ) est la fonction d’autocorrélation du champs de pression <strong>en</strong> chaque point<br />

de la surface et l’argum<strong>en</strong>t (τ − xl/Ul) pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte la vitesse de convection. La<br />

tranformée de Fourier de l’éq. (5.1) mène à <strong>une</strong> PSD du type :<br />

Φ(xl, ω) = Φ0(ω)e −jωxl/Ul e −α|xl|<br />

(5.2)<br />

Des lois de ce type, mais pr<strong>en</strong>ant égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte l’écoulem<strong>en</strong>t circonfér<strong>en</strong>tiel,<br />

ont donc été adoptées, et les coeffici<strong>en</strong>ts ont été déterminés sur la base <strong>des</strong> essais <strong>en</strong><br />

soufflerie.<br />

Fig. 5.3 – Maillage du diverg<strong>en</strong>t et modélisation simplifiée de la partie supérieure du<br />

moteur<br />

Le maillage du modèle élém<strong>en</strong>ts finis de la structure est représ<strong>en</strong>té à la Fig. 5.3.<br />

Un modèle simplifié de la partie supérieure du moteur a été ajouté à la tuyère afin<br />

d’obt<strong>en</strong>ir les mo<strong>des</strong> de p<strong>en</strong>dulage réels du moteur fixé à l’étage principal. Nous avons<br />

donc modélisé la chambre de combustion fixée à la bride supérieure (voir Fig. 5.3)


5 Prés<strong>en</strong>tation de la structure et définition du chargem<strong>en</strong>t 95<br />

de la tuyère par un corps rigide, puis ajouté <strong>une</strong> masse conc<strong>en</strong>trée égale à la masse<br />

du moteur sans diverg<strong>en</strong>t au c<strong>en</strong>tre de gravité de celui-ci, représ<strong>en</strong>té par le point G.<br />

Enfin, la fixation de l’<strong>en</strong>semble à l’étage principal de la fusée est modélisée par un<br />

<strong>en</strong>semble de vérins et de rotules, comme le montre égalem<strong>en</strong>t la Fig. 5.3. Le modèle<br />

compr<strong>en</strong>d 7432 élém<strong>en</strong>ts, la tuyère diverg<strong>en</strong>te est constituée de 5686 élém<strong>en</strong>ts de type<br />

coque <strong>pour</strong> un nombre total de 34588 degrés de liberté.<br />

Le maillage élém<strong>en</strong>ts finis d’<strong>une</strong> structure est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t lié à la représ<strong>en</strong>tation de<br />

la raideur de celle-ci. En revanche, la définition du chargem<strong>en</strong>t ne nécessite pas d’appliquer<br />

<strong>une</strong> PSD à chaque noeud de ce maillage. En pratique, le maillage de l’excitation<br />

est alors défini par un maillage régulier, qui est un sous-<strong>en</strong>semble du maillage élém<strong>en</strong>ts<br />

finis. Ce maillage couvre toute la surface sollicitée. Une représ<strong>en</strong>tation schématique<br />

de ce principe est illustré à la Fig. 5.4. Par conséqu<strong>en</strong>t, la force attribuée à un noeud<br />

spécifique est obt<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> multipliant la pression par l’aire de la surface de l’élém<strong>en</strong>t<br />

qui <strong>en</strong>toure ce noeud. Ce problème complexe, <strong>pour</strong> <strong>une</strong> géométrie comme celle du<br />

diverg<strong>en</strong>t, est discuté dans Kernilis & James [5].<br />

Fig. 5.4 – Maillage du champs de pression aléatoire et maillage élém<strong>en</strong>ts finis<br />

Enfin, le dernier problème à considérer est l’influ<strong>en</strong>ce de la taille <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts du<br />

maillage d’excitation sur la converg<strong>en</strong>ce de l’<strong>analyse</strong> spectrale. Généralem<strong>en</strong>t, les deux<br />

conditions de converg<strong>en</strong>ce à respecter (voir Preumont [9]) sont les suivantes :<br />

– la taille <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts du maillage de l’excitation doit être, d’<strong>une</strong> part, largem<strong>en</strong>t<br />

inférieure aux longueurs d’on<strong>des</strong> <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> se trouvant dans la bande de fréqu<strong>en</strong>ces<br />

de l’excitation (cf. déformée modale de la Fig. 5.5) ;<br />

– elle doit être largem<strong>en</strong>t inférieure à la longueur de corrélation de l’excitation (cf.<br />

Fig. 5.2)<br />

En respectant ces règles, les élém<strong>en</strong>ts du maillage du chargem<strong>en</strong>t font <strong>en</strong>tre 8 et<br />

20 cm de côté, ce qui représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre 30 et 70 noeuds par circonfér<strong>en</strong>ce et 15 à<br />

20 positions longitudinales. 633 noeuds sont donc excités selon leur trois degrés de<br />

liberté de translation. Cette matrice hermiti<strong>en</strong>ne <strong>des</strong> PSD d’excitation de 633 × 633<br />

est donnée <strong>pour</strong> 8 fréqu<strong>en</strong>ces dans la bande d’excitation. Ces PSD sont constantes<br />

<strong>en</strong>tre deux fréqu<strong>en</strong>ces de contrôle.


96 5. Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain d’Ariane V<br />

5.3 Analyse modale et <strong>analyse</strong> spectrale<br />

Les mo<strong>des</strong> propres de la structure sont <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de p<strong>en</strong>dulage, de torsion et de flexion<br />

se produisant respectivem<strong>en</strong>t à 11, 15, 40 et 61 Hz. Entre ces mo<strong>des</strong> de p<strong>en</strong>dulage<br />

vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’intercaler <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de la tuyère diverg<strong>en</strong>te, dont 2 mo<strong>des</strong> d’ovalisation se<br />

trouvant tous les deux <strong>en</strong>viron à 20 Hz, leur déformée modale est représ<strong>en</strong>tée à la Fig.<br />

5.5.a, et deux autres mo<strong>des</strong> de fréqu<strong>en</strong>ce égale à 44 Hz, qui ont <strong>une</strong> déformée modale<br />

<strong>en</strong> forme de trèfle, comme le montre la Fig. 5.5.b. L’amortissem<strong>en</strong>t modal <strong>pour</strong> les 9<br />

mo<strong>des</strong> est de 1%. De plus, l’<strong>analyse</strong> modale permet d’obt<strong>en</strong>ir les déformées modales<br />

aux degrés de liberté excités, ainsi que les masses modales permettant le calcul <strong>des</strong><br />

matrices de transfert <strong>en</strong>tre l’excitation et la réponse. L’<strong>analyse</strong> spectrale, telle qu’elle<br />

est détaillée dans Preumont [9], permet alors de calculer les matrices de PSD <strong>des</strong><br />

contraintes <strong>en</strong> chaque noeud du modèle, mais nous calculons ici la matrice <strong>des</strong> PSD<br />

du t<strong>en</strong>seur moy<strong>en</strong> <strong>des</strong> contraintes dans chaque élém<strong>en</strong>t.<br />

Fig. 5.5 – Déformées modales du diverg<strong>en</strong>t : (a) ovalisation (20 Hz), (b) 3 lobes<br />

(trèfle) (44 Hz)<br />

5.4 Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong><br />

L’<strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> est réalisée <strong>pour</strong> la partie basse du diverg<strong>en</strong>t, située sous le<br />

tore d’injection. Cette partie est constituée d’un matériau unique et a été jugée par<br />

SNECMA-Moteurs comme étant la plus sollicitée <strong>en</strong> terme de <strong>fatigue</strong>. La courbe<br />

de Wöhler de ce matériau a donc été établie. Afin de ne pas donner d’informations


5 Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> 97<br />

confid<strong>en</strong>tielles, nous utilisons ici les caractéristiques d’un matériau fictif et supposons<br />

que les constantes de l’équation de Basquin Ns β = C sont les suivantes : β = 7 et<br />

C = 5 × 10 19 , la contrainte s étant exprimée <strong>en</strong> MPa. Ces constantes sont proches de<br />

celles r<strong>en</strong>contrées <strong>pour</strong> un alliage d’aluminium et nous supposons égalem<strong>en</strong>t que ce<br />

matériau fictif prés<strong>en</strong>te <strong>une</strong> limite d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> traction alternée f−1 = 170 MPa<br />

atteinte après N = 2 × 10 6 cycles ainsi qu’<strong>une</strong> limite d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> torsion alternée<br />

τ−1 = 130 MPa atteinte égalem<strong>en</strong>t au bout de N = 2 × 10 6 cycles.<br />

5.4.1 Application <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> de prédiction de<br />

durée de vie<br />

Les Figs. 5.6.a et 5.6.b montr<strong>en</strong>t les cartographies de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sur la jupe<br />

inférieure de la tuyère diverg<strong>en</strong>te établies respectivem<strong>en</strong>t dans le domaine fréquetiel<br />

selon la méthode de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises et la méthode du rainflow<br />

multiaxial. L’échelle de couleur correspond au logarithme du dommage par unité de<br />

temps. La partie la plus <strong>en</strong>dommagée se situe <strong>en</strong> bordure de la structure où les conditions<br />

limites impos<strong>en</strong>t un état de contraintes uniaxial. Les deux métho<strong>des</strong> détect<strong>en</strong>t le<br />

même élém<strong>en</strong>t critique et donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> résultats très proches lorsque nous comparons<br />

les deux cartographies. La durée de vie calculée est de 65 heures <strong>pour</strong> la méthode de<br />

la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises contre 56 heures <strong>pour</strong> la méthode du rainflow<br />

multiaxial. La proximité <strong>des</strong> résultats provi<strong>en</strong>t du fait que l’élém<strong>en</strong>t critique prés<strong>en</strong>te<br />

un état de contrainte uniaxial. Enfin, nous obt<strong>en</strong>ons <strong>des</strong> temps de calculs de 3 minutes<br />

<strong>en</strong> utilisant la première méthode contre 11 minutes <strong>en</strong> appliquant la seconde.<br />

Fig. 5.6 – Cartographie du dommage sur la jupe inférieure du diverg<strong>en</strong>t : (a) méthode<br />

de la contrainte équival<strong>en</strong>t de von Mises, (b) méthode du rainflow multiaxial


98 5. Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain d’Ariane V<br />

Fig. 5.7 – Variabilité <strong>des</strong> directions principales : (a) dans l’élém<strong>en</strong>t critique, (b) dans<br />

un élém<strong>en</strong>t sous le tore d’injection<br />

Nous notons que dans l’élém<strong>en</strong>t le plus <strong>en</strong>dommagé, les écarts types <strong>des</strong> contraintes<br />

sx(t), sy(t) et sxy(t) pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t les valeurs σx = 4 MPa, σy = 77 MPa<br />

σxy = 2 MPa, ce qui montre que sy(t) est évidemm<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t prédominant. La Fig.<br />

5.6 montre que le dommage est très faible dans la zone c<strong>en</strong>trale et augm<strong>en</strong>te légèrem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> se rapprochant du tore d’injection. Evidemm<strong>en</strong>t, comme le prouve la Fig. 5.7.a, les<br />

directions principales ont <strong>une</strong> ori<strong>en</strong>tation fixe au cours du chargem<strong>en</strong>t dans l’élém<strong>en</strong>t<br />

le plus critique. Par contre, dans la zone la plus sollicitée située sous le tore d’injection,<br />

les écarts types <strong>des</strong> contraintes sx(t), sy(t) et sxy(t) sont σx = 19 MPa, σy = 17 MPa<br />

σxy = 7 MPa. La variabilité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong> contraintes principales y est, d’après<br />

la Fig. 5.7.b, beaucoup plus importante.<br />

Fig. 5.8 – Réalisation de la contrainte sy(t) dans l’élém<strong>en</strong>t le plus <strong>en</strong>dommagé et<br />

matrice rainflow correspondante<br />

Des simulations rainflow de la contrainte sy(t) agissant au niveau de l’élém<strong>en</strong>t le plus<br />

<strong>en</strong>dommagé peuv<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t être réalisées afin de raffiner les prédictions de durée<br />

de vie. Ce processus a <strong>une</strong> fréqu<strong>en</strong>ce c<strong>en</strong>trale ν + 0 = 25 Hz et un facteur d’irrégularité<br />

γ = 0.758. Une dizaine de réalisations du processus prés<strong>en</strong>tant 32768 pas de temps


5 Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> 99<br />

<strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée d’observation de 65 secon<strong>des</strong> ont été générées. La durée de vie moy<strong>en</strong>ne<br />

calculée est alors de 69 heures. Nous notons que les deux formulations fréqu<strong>en</strong>tielles<br />

produis<strong>en</strong>t de très bonnes approximations de la durée de vie et sont légèrem<strong>en</strong>t conservatives<br />

par rapport aux simulations rainflow. La Fig. 5.8 illustre <strong>une</strong> réalisation de<br />

la contrainte sy(t) p<strong>en</strong>dant 2 s ainsi que la matrice rainflow correspondante à ce<br />

chargem<strong>en</strong>t.<br />

5.4.2 Application <strong>des</strong> formulations <strong>spectrales</strong> <strong>des</strong> critères<br />

d’<strong>en</strong>durance<br />

Les Figs. 5.9.a et 5.9.b représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la cartographie <strong>des</strong> valeurs locales <strong>des</strong> critères<br />

repectifs de Matake et de Crossland. Les deux cartographies ont été calculées à partir<br />

<strong>des</strong> formulations fréqu<strong>en</strong>tielles <strong>des</strong> deux critères <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée d’observation du<br />

chargem<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong> minute ce qui correspond à la durée p<strong>en</strong>dant laquelle le chargem<strong>en</strong>t<br />

est appliqué au cours d’un vol. Nous remarquons que les contraintes induites par<br />

les vibrations dépass<strong>en</strong>t la limite d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale du matériau<br />

fictif uniquem<strong>en</strong>t sur la couronne inférieure de la tuyère. Les deux critères détect<strong>en</strong>t<br />

le même élém<strong>en</strong>t critique que les métho<strong>des</strong> de calcul de durée de vie précéd<strong>en</strong>tes.<br />

Les temps de calcul mesurés sont de 7 minutes <strong>pour</strong> l’application de la formulation<br />

fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Crossland contre 16 minutes <strong>en</strong> utilisant la formulation<br />

fréqu<strong>en</strong>tielle du critère de Matake.<br />

Fig. 5.9 – Cartographie <strong>des</strong> valeurs locales de critères d’<strong>en</strong>durances sur la jupe<br />

inférieure du diverg<strong>en</strong>t (formulations fréqu<strong>en</strong>tielles) : (a) critère de Matake, (b) critère<br />

de Crossland


100 5. Analyse <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> du diverg<strong>en</strong>t du moteur Vulcain d’Ariane V<br />

Si nous analysons plus précisém<strong>en</strong>t l’élém<strong>en</strong>t critique, nous trouvons <strong>une</strong> valeur locale<br />

du critère de Crossland de 1.84, contre 1.85 <strong>pour</strong> le critère de Matake. Dans l’élém<strong>en</strong>t<br />

le plus sollicité situé sous le tore d’injection, les critères d’<strong>en</strong>durance produis<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />

valeurs voisines de 0.5.<br />

5.5 Conclusion<br />

Nous avons appliqué les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles de calcul de durée de vie (méthode de<br />

la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises et méthode du rainflow multiaxial) à un modèle<br />

élém<strong>en</strong>ts finis de grande taille. En utilisant, <strong>pour</strong> <strong>des</strong> raisons de confid<strong>en</strong>tialité, les<br />

caractéristiques <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> d’un matériau hypothétique, nous avons démontré la faisabilité<br />

de ce type de calcul <strong>en</strong> post-traitem<strong>en</strong>t de l’<strong>analyse</strong> spectrale d’<strong>une</strong> structure<br />

par élém<strong>en</strong>ts finis, <strong>en</strong> utilisant les fonctions implém<strong>en</strong>tées dans la toolbox MATLAB<br />

développée p<strong>en</strong>dant cette thèse. Nous remarquons que les deux métho<strong>des</strong> produis<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> résultats id<strong>en</strong>tiques. L’application <strong>des</strong> formulations <strong>des</strong> critères d’<strong>en</strong>durance (de<br />

Crossland et de Matake) permett<strong>en</strong>t au concepteur de vérifier si les contraintes induites<br />

par les vibrations rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>des</strong>sous de la limite d’<strong>en</strong>durance du matériau choisi<br />

p<strong>en</strong>dant la durée du chargem<strong>en</strong>t. Le temps de calcul très performant que nécessite<br />

ce type de méthode permet d’<strong>en</strong>visager <strong>une</strong> optimisation <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> de modèles de<br />

grande taille.


BIBLIOGRAPHIE 101<br />

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[9] Preumont A., 1994. Random Vibration and Spectral Analysis. Kluwer Academics<br />

Publishers.


Chapitre 6<br />

Quelques perspectives<br />

6.1 Introduction<br />

Le principal intérêt <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> est de fournir <strong>une</strong> première estimation<br />

qualitative rapide et correcte de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sur <strong>des</strong> <strong>structures</strong> complètes<br />

lorsque celles-ci sont soumises à <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>t aléatoires multiaxiaux. Dans ce chapitre<br />

nous prés<strong>en</strong>tons quelques perspectives d’applications <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> que nous<br />

avons développées au cours de notre recherche.<br />

Dans la première application, nous utilisons un dispositif d’amortissem<strong>en</strong>t actif <strong>des</strong><br />

vibrations afin d’augm<strong>en</strong>ter la durée de vie de la structure. En effet, si nous pr<strong>en</strong>ons<br />

l’exemple d’un chargem<strong>en</strong>t unixial aléatoire, le dommage produit par un cycle<br />

de contrainte d’amplitude s est proportionnel à s β , β étant <strong>une</strong> caractéristique du<br />

matériau (5 < β < 20). L’introduction d’un amortissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> vibrations qui a <strong>pour</strong><br />

effet de diminuer l’amplitude <strong>des</strong> contraintes induites par celles-ci, à l’aide de capteurs,<br />

d’actionneurs et d’<strong>une</strong> électronique de contrôle, peut donc être un moy<strong>en</strong> efficace<br />

de lutte contre l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par <strong>fatigue</strong>. Les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> sont utilisées<br />

dans ce cas <strong>pour</strong> étudier et quantifier l’effet de notre dispositif d’amortissem<strong>en</strong>t actif<br />

sur la durée de vie. Cette application <strong>des</strong> capteurs et actionneurs piézoélectriques<br />

a d’ailleurs déjà été <strong>en</strong>visagée <strong>pour</strong> résoudre un problème d’amorçages de fissures à<br />

l’<strong>en</strong>castrem<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong> dérive d’avion de chasse soumise au ”buffeting”, comme l’ont<br />

montré Bogue et al. [1].<br />

Dans la deuxième partie de ce chapitre, nous couplons les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> d’<strong>analyse</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire à <strong>des</strong> routines d’optimisation structurale. Le processus<br />

d’optimisation est itératif et nécessite, à chaque itération, l’estimation de la<br />

s<strong>en</strong>sibilité d’un résultat, comme la durée de vie, par rapport à la variation d’un paramètre<br />

du modèle, comme l’épaisseur d’un composant de la structure. Le nombre<br />

d’itérations nécessaire peut être très élevé dans le cas de problèmes complexes. La<br />

rapidité <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> r<strong>en</strong>d alors possible ce processus itératif coûteux <strong>en</strong><br />

temps de calcul.<br />

Ces deux parties sont illustrées à l’aide d’<strong>une</strong> structure simple qui est ici <strong>une</strong> plaque<br />

simplem<strong>en</strong>t appuyée et soumise à <strong>une</strong> excitation ponctuelle aléatoire.


104 6. Quelques perspectives<br />

6.2 Amortissem<strong>en</strong>t actif contre <strong>fatigue</strong> aléatoire<br />

Les <strong>structures</strong> actives sont munies de capteurs, d’actionneurs et d’<strong>une</strong> loi de contrôle<br />

permettant de déterminer la consigne <strong>en</strong>voyée aux actionneurs par un filtrage <strong>des</strong><br />

mesures réalisées par les capteurs. Lorsque les capteurs et actionneurs sont intégrés<br />

à la structure, celle-ci est dite ”intellig<strong>en</strong>te”. Dans l’exemple que nous traitons, nous<br />

utilisons <strong>des</strong> céramiques piezo-électriques comme capteurs et actionneurs. Le couplage<br />

électro-mécanique que prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ces matériaux est utilisé <strong>pour</strong> le contrôle. En effet,<br />

<strong>en</strong> se déformant sous l’effet de l’excitation, la structure impose <strong>une</strong> déformation au<br />

capteur piezo-électrique. Celui-ci génère alors <strong>une</strong> t<strong>en</strong>sion électrique proportionnelle<br />

à la déformation qu’il subit. Ce signal est mesuré et injecté dans l’algorithme de<br />

contrôle. En sortie, le contrôleur <strong>en</strong>voie <strong>une</strong> consigne sous forme de t<strong>en</strong>sion aux bornes<br />

de l’actionneur visant à lui imposer <strong>une</strong> déformation afin d’amortir les vibrations de<br />

la structure. La théorie sur le contrôle <strong>des</strong> vibrations est prés<strong>en</strong>tée dans Preumont [4].<br />

6.2.1 Description de la structure<br />

A titre d’exemple, nous considérons <strong>une</strong> plaque simplem<strong>en</strong>t appuyée sur ces quatre<br />

côtés et soumise à <strong>une</strong> force ponctuelle aléatoire. La PSD de cette force est illustrée à la<br />

Fig. 6.1. La plaque de 1.1 mm d’épaisseur est <strong>en</strong> acier. Les caractérisques du matériau<br />

<strong>en</strong> traction alternée sont données par les coeffici<strong>en</strong>ts de l’équantion de Basquin :<br />

β = 9.8 et C = 4.0641 × 10 88 , l’amplitude de la contrainte s(t) étant exprimée <strong>en</strong> Pa.<br />

Fig. 6.1 – Plaque simplem<strong>en</strong>t appuyée soumise à <strong>une</strong> force ponctuelle aléatoire,<br />

déformées modales : (a) mode 1 (b) mode 5<br />

Dans ces conditions, les premier et cinquième mo<strong>des</strong> de la structure, dont les déformées<br />

sont illustrées à la Fig. 6.1, sont excités. Deux céramiques piezo-électriques sont collées<br />

sur la plaque, comme l’indique égalem<strong>en</strong>t la Fig. 6.1. 1500 élém<strong>en</strong>ts coques ont été


6 Amortissem<strong>en</strong>t actif contre <strong>fatigue</strong> aléatoire 105<br />

utilisés <strong>pour</strong> la discrétisation dans le modèle élém<strong>en</strong>ts finis. Les capteurs et actionneurs<br />

piezo-électriques sont modélisés par <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts coques de type laminés piezoélectriques,<br />

mis au point au laboratoire par Piéfort & Preumont [3].<br />

6.2.2 Conception d’un contrôleur multi-mode PPF<br />

Grâce à la modélisation par élém<strong>en</strong>ts finis <strong>des</strong> capteurs et actionneurs piezoélectriques,<br />

nous avons directem<strong>en</strong>t accès à la fonction de transfert <strong>en</strong>tre la t<strong>en</strong>sion au<br />

capteur et la t<strong>en</strong>sion à l’actionneur. Cette fonction de transfert est nécessaire <strong>pour</strong> la<br />

conception de tout contrôleur. Le système complet constitué de la structure équipée<br />

<strong>des</strong> céramiques piezo-électriques est alors modélisé sous formes d’équations d’états,<br />

que nous obt<strong>en</strong>ons directem<strong>en</strong>t par un post-traitem<strong>en</strong>t suite à <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> statique<br />

et dynamique de la structure.<br />

Nous choisissons dans notre exemple un contrôleur ”Positive Position Feedback”<br />

(PPF), qui consiste <strong>en</strong> un ou plusieurs filtres du second ordre amortis. Le contrôleur<br />

agit alors sur le mode de vibration de la structure dont la fréqu<strong>en</strong>ce est la plus proche<br />

de la fréqu<strong>en</strong>ce du filtre. Un réglage de la fréqu<strong>en</strong>ce du PPF permet de cibler un mode<br />

particulier de la structure. La mise <strong>en</strong> parallèle de plusieurs PPF permet égalem<strong>en</strong>t<br />

d’amortir différ<strong>en</strong>ts mo<strong>des</strong> à différ<strong>en</strong>tes fréqu<strong>en</strong>ces.<br />

sans contrôle PPF5 PPF1 PPF5+PPF1<br />

mode ξ ω (Hz) ξ ω (Hz) ξ ω (Hz) ξ ω (Hz)<br />

1 0.020 73 0.020 73 0.049 74 0.059 73<br />

2 0.020 131 0.024 128 0.021 118 0.025 130<br />

3 0.020 228 0.048 213 0.020 230 0.048 214<br />

4 0.020 235 0.020 233 0.020 235 0.020 234<br />

5 0.020 293 0.048 275 0.020 294 0.049 275<br />

Tab. 6.1 – Amortissem<strong>en</strong>ts et décalages <strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>ces obt<strong>en</strong>us suite au contrôle actif<br />

Nous évaluons d’abord le dommage par unité de temps calculé <strong>en</strong> appliquant la<br />

méthode spectrale de la contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises décrite au chapitre 2<br />

sur la structure non contrôlée. L’<strong>analyse</strong> spectrale est alors réalisée avec 2% d’amortissem<strong>en</strong>t<br />

sur les 5 mo<strong>des</strong>. La cartographie obt<strong>en</strong>ue est illustrée à la Fig. 6.2.a. Nous<br />

évaluons <strong>en</strong>suite les pôles et les zéros de la structure soumise uniquem<strong>en</strong>t à l’action<br />

de la paire de PPF agissant sur le cinquième mode de la plaque. Nous déterminons<br />

le gain g5. En fermant la boucle de contrôle agissant sur le cinquième mode, nous<br />

obt<strong>en</strong>ons alors <strong>des</strong> nouveaux amortissem<strong>en</strong>ts modaux. L’<strong>analyse</strong> spectrale est maint<strong>en</strong>ant<br />

réalisée avec ces nouveaux amortissem<strong>en</strong>ts donnés dans le tableau 6.1. Nous<br />

considérons que les fréqu<strong>en</strong>ces propres de la structure et les déformées modales rest<strong>en</strong>t<br />

constantes. La cartographie du dommage correspondante est illustrée à la Fig. 6.2.b.<br />

La même démarche est adoptée <strong>pour</strong> contrôler uniquem<strong>en</strong>t le premier mode, l’amortissem<strong>en</strong>t<br />

de ce dernier donne <strong>une</strong> répartition de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t sur la plaque


106 6. Quelques perspectives<br />

Fig. 6.2 – Cartographie du dommage par unité de temps selon la méthode de la<br />

contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises : (a) sans amortissem<strong>en</strong>t (b) avec amortissem<strong>en</strong>t<br />

du mode 5 (c) avec amortissem<strong>en</strong>t du mode 1 (d) avec amortissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> deux mo<strong>des</strong><br />

indiquée à la Fig. 6.2.c.<br />

Nous passons maint<strong>en</strong>ant à l’amortissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> deux mo<strong>des</strong> simultaném<strong>en</strong>t. Comme<br />

l’a montré Loix [2], il est préférable de procéder à <strong>une</strong> fermeture séqu<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong><br />

boucles de contrôle <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çant par le PPF dont la fréqu<strong>en</strong>ce est la plus élevée,<br />

comme l’illustre la Fig. 6.3. Nous évaluons donc d’abord le lieu <strong>des</strong> pôles et <strong>des</strong> zéros<br />

de la structure soumise à la paire de PPF agissant sur le cinquième mode, déterminons<br />

le gain g5, puis nous évaluons le lieu <strong>des</strong> pôles et <strong>des</strong> zéros de la structure partiellem<strong>en</strong>t<br />

contrôlée et soumise à l’action d’<strong>une</strong> seconde paire de PPF ciblant le premier mode.<br />

Nous déterminons le gain g1 et les nouveaux amortissem<strong>en</strong>ts modaux, indiqués dans<br />

le tableau 6.1.<br />

L’<strong>analyse</strong> spectrale suivie de l’évaluation de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t permett<strong>en</strong>t de produire<br />

la cartographie représ<strong>en</strong>tée à la Fig. 6.2.d. Comme le montr<strong>en</strong>t ces résultats,<br />

le contrôle actif est un moy<strong>en</strong> de réduire considérablem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t par<br />

<strong>fatigue</strong> <strong>des</strong> <strong>structures</strong> flexibles soumises à <strong>des</strong> vibrations aléatoires. L’effet de l’amortissem<strong>en</strong>t<br />

actif <strong>des</strong> deux mo<strong>des</strong> de vibration excités sur les PSD <strong>des</strong> contraintes dans<br />

un élém<strong>en</strong>t particulier est illustré à la Fig. 6.4. Comme nous pouvons le remarquer,


6 Optimisation contre <strong>fatigue</strong> aléatoire 107<br />

l’amortissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> deux mo<strong>des</strong> permet de diminuer considéralem<strong>en</strong>t l’amplitude <strong>des</strong><br />

contraintes normales et de cisaillem<strong>en</strong>t.<br />

Fig. 6.3 – Fermeture séqu<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> deux boucles<br />

Le tableau 6.2 met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce que la durée de vie de la structure est multipliée<br />

respectivem<strong>en</strong>t par 3 ou par 4, au moy<strong>en</strong> de l’amortissem<strong>en</strong>t du cinquième ou du<br />

premier mode. Un amortissem<strong>en</strong>t actif <strong>des</strong> deux mo<strong>des</strong> excités permet de multiplier<br />

la durée de vie par 160 !<br />

sans contrôle PPF5 PPF1 PPF5+PPF1<br />

durée de vie 10 h 30 h 43 h 1600 h<br />

Tab. 6.2 – Résultat <strong>des</strong> simulations donnant les augm<strong>en</strong>tations de durée de vie <strong>en</strong><br />

fonction de l’amortissem<strong>en</strong>t actif<br />

6.3 Optimisation contre <strong>fatigue</strong> aléatoire<br />

La rapidité <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong>, <strong>pour</strong> <strong>une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire,<br />

permet égalem<strong>en</strong>t d’appliquer différ<strong>en</strong>ts types d’<strong>analyse</strong>s itératives telles que les<br />

étu<strong>des</strong> paramétriques, l’optimisation, ou <strong>en</strong>core <strong>des</strong> plans d’expéri<strong>en</strong>ces à un modèle<br />

structural donné. Le modèle élém<strong>en</strong>ts finis est alors paramétré et selon la nature de<br />

l’<strong>analyse</strong> choisie, les paramètres sont modifiés d’<strong>une</strong> itération à l’autre et les résultats<br />

de l’<strong>analyse</strong> sont extraits à chaque boucle. Ce type de processus est illustré par le<br />

schéma de la Fig. 6.5. Pour réaliser ce type d’étude, nous avons utilisé le logiciel<br />

BOSS QUATTRO déjà interfacé avec la plupart <strong>des</strong> modules du code élém<strong>en</strong>ts finis<br />

SAMCEF.<br />

Dans ce paragraphe, nous réalisons <strong>une</strong> étude paramétrique suivie d’<strong>une</strong> optimisation<br />

de la plaque simplem<strong>en</strong>t appuyée prés<strong>en</strong>tée précédemm<strong>en</strong>t. Celle-ci est excitée ponctuellem<strong>en</strong>t,<br />

comme le montre la Fig. 6.1, <strong>en</strong> appliquant la PSD indiquée sur cette<br />

même figure tronquée ici à 753 rad/s (120 Hz) afin d’obt<strong>en</strong>ir uniquem<strong>en</strong>t <strong>une</strong> réponse<br />

du premier mode de vibration. Les paramètres du modèle sont <strong>des</strong> épaisseurs, er et<br />

ep, affectées à deux domaines distincts de la plaque, comme le montre la Fig. 6.6.<br />

L’acier qui constitue la plaque prés<strong>en</strong>te <strong>des</strong> limites d’<strong>en</strong>durances <strong>en</strong> traction alternée


108 6. Quelques perspectives<br />

Fig. 6.4 – PSD <strong>des</strong> composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes dans un élém<strong>en</strong>t particulier<br />

sans amortissem<strong>en</strong>t puis avec amortissem<strong>en</strong>t<br />

Fig. 6.5 – Etude paramétrique ou optimisation : schéma de principe<br />

et torsion alternée respectives, f−1 = 252 MPa et τ−1 = 182 MPa, se produisant après<br />

N = 2 × 10 6 cycles.<br />

Nous choisissons alors d’étudier le domaine de conception allant <strong>pour</strong> les deux<br />

épaisseurs de 1.1 mm à 2.2 mm avec un incrém<strong>en</strong>t de = 0.1 mm. Les valeurs locales<br />

du critère de Crossland ont été calculées <strong>en</strong> appliquant la formulation fréqu<strong>en</strong>tielle<br />

du critère proposée au chapitre 4 <strong>pour</strong> <strong>une</strong> durée d’observation T d’<strong>une</strong> heure. Nous<br />

étudions alors la masse de la structure ainsi que la valeur maximale atteinte par le<br />

critère de Crossland sur toute la structure <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> épaisseurs er et ep. La Fig.<br />

6.7 montre les résultats de l’étude paramétrique, mettant <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce un optimum au


6 Optimisation contre <strong>fatigue</strong> aléatoire 109<br />

Fig. 6.6 – Définition <strong>des</strong> deux paramètres du modèle<br />

point A, point <strong>pour</strong> lequel le maximum du critère se situe juste à la limite d’<strong>en</strong>durance<br />

du matériau, gCR = 1, <strong>pour</strong> <strong>une</strong> masse minimale de la plaque. La courbe d’iso-valeur<br />

gCR = 1 est indiquée sur la figure, ainsi que deux droites d’iso-masses. Les points B et<br />

C indiqués sur la même figure et situés sur la courbe d’iso-valeur gCR = 1 représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

respectivem<strong>en</strong>t le point où la plaque est d’épaisseur uniforme et le point <strong>pour</strong> lequel<br />

la masse de la plaque est la plus grande. Pour les trois points A, B et C, la plaque<br />

ne prés<strong>en</strong>te, <strong>en</strong> théorie, pas d’amorce de fissure avant N = 2 × 10 6 répétitions d’un<br />

chargem<strong>en</strong>t périodique aléatoire d’<strong>une</strong> durée d’<strong>une</strong> heure.<br />

ep (mm) er (mm) f1 (Hz) m (kg)<br />

A 1.7 1.9 111 0.72<br />

B 2.2 1.4 115 0.82<br />

C 1.8 1.8 113 0.76<br />

Tab. 6.3 – Résultats <strong>pour</strong> les points A, B et C indiqués à la Fig. 6.7<br />

Le tableau 6.3 montre les valeurs de la masse et de la fréqu<strong>en</strong>ce du premier mode à<br />

ces trois points particuliers du domaine de conception. Les cartographies <strong>des</strong> valeurs<br />

locales du critère de Crossland correspondantes sont représ<strong>en</strong>tées à la Fig. 6.8.<br />

Les algorithmes classiques d’optimisation implém<strong>en</strong>tés dans BOSS QUATTRO, voir<br />

Remouchamps & Radovcic [5], permett<strong>en</strong>t de trouver cet optimum du domaine de<br />

conception relativem<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t. La Fig. 6.9 montre la converg<strong>en</strong>ce de l’algorithme<br />

d’optimisation appelé ”globally converg<strong>en</strong>t method”, proposé par Svanberg [6], lorsque<br />

ep et er sont au départ fixés respectivem<strong>en</strong>t à 1.1 mm et 2.2 mm. Pour cela, nous<br />

définissons <strong>une</strong> fonction objective <strong>des</strong> deux paramètres ep et er, à savoir dans notre<br />

cas la masse de la plaque, fonction que nous souhaitons minimiser. Simultaném<strong>en</strong>t,<br />

il est possible de fixer <strong>des</strong> contraintes, c’est-à-dire <strong>des</strong> limites qui ne doiv<strong>en</strong>t pas être<br />

excédées par l’<strong>une</strong> <strong>des</strong> réponses. La contrainte <strong>pour</strong> ce problème consiste à imposer<br />

un maximum sur tous les élém<strong>en</strong>ts au critère, telle que gCR(sij(t), T ) ≤ 1, <strong>pour</strong><br />

T = 3600 secon<strong>des</strong>. Le but est donc de minimiser la masse toute se plaçant à la limite


110 6. Quelques perspectives<br />

d’<strong>en</strong>durance du matériau dans la zone critique de la structure <strong>pour</strong> <strong>une</strong> excitation<br />

aléatoire donnée. Le domaine de conception est défini par les limites imposées aux<br />

deux paramètres, les deux épaisseurs, qui peuv<strong>en</strong>t varier ici de 1.1 mm à 2.2 mm.<br />

Fig. 6.7 – Etude paramétrique de la structure<br />

Fig. 6.8 – Cartographies relatives aux points A, B et C indiqués à la Fig. 6.7


6 Conclusion 111<br />

Nous observons à la Fig. 6.9 que l’algorithme converge, après 30 à 40 itérations, vers<br />

le point A du domaine de conception indiqué à la Fig. 6.7.<br />

Fig. 6.9 – Evolution et converg<strong>en</strong>ce : (a) de la masse de la plaque, (b) du maximum<br />

sur tous les élém<strong>en</strong>ts de la valeur locale du critère de Crossland, (c) <strong>des</strong> épaisseurs ep<br />

et er<br />

6.4 Conclusion<br />

Dans ce chapitre, nous avons montré deux applications possibles <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale aléatoire. Dans le premier cas, nous avons appliqué les<br />

métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> de prédiction de durée de vie <strong>pour</strong> évaluer rapidem<strong>en</strong>t l’effet d’un<br />

contrôle actif sur la durabilité de la structure. La rapidité <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong><br />

nous a permis de concevoir virtuellem<strong>en</strong>t un contrôleur. Dans la deuxième partie,<br />

nous avons appliqué la formulation fréqu<strong>en</strong>tielle d’un critère d’<strong>en</strong>durance <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong>


112 6. Quelques perspectives<br />

multiaxiale aléatoire à un modèle structural paramétré. La rapidité de la formulation<br />

fréqu<strong>en</strong>tielle a r<strong>en</strong>du possible la réalisation d’<strong>une</strong> étude paramétrique du modèle et<br />

son optimisation. Des étu<strong>des</strong> équival<strong>en</strong>tes aurai<strong>en</strong>t été très difficiles à réaliser dans le<br />

domaine temporel, à partir de réalisations artificielles du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes dans<br />

chaque élém<strong>en</strong>t fini du modèle de la structure.


BIBLIOGRAPHIE 113<br />

Bibliographie<br />

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[4] Preumont A., 1997. Vibration control of active <strong>structures</strong> : an introduction. Kluwer<br />

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[5] Remouchamps A. & Radovcic Y., 1999. Theoretical aspects about optimisation<br />

methods and algorithms. Rapport Samtech s.a.<br />

[6] Svanberg K., 1987. ‘Method of moving asymptotes - a new method for structural<br />

optimization’. Int. J. Numer. Methods Eng., 24 :359–373.


114 6. Quelques perspectives


Chapitre 7<br />

Conclusions<br />

Le premier chapitre nous a permis de faire le point sur les métho<strong>des</strong> de prédiction de<br />

durée de vie applicables à <strong>des</strong> pièces soumises à un chargem<strong>en</strong>t uniaxial aléatoire. Nous<br />

avons d’abord prés<strong>en</strong>té la méthode temporelle actuellem<strong>en</strong>t la plus généralem<strong>en</strong>t acceptée.<br />

Elle est basée sur <strong>une</strong> décomposition du signal complexe <strong>en</strong> cycles élém<strong>en</strong>taires<br />

de contrainte dont l’amplitude et la moy<strong>en</strong>ne sont connues. Le dommage produit par<br />

chacun <strong>des</strong> cycles extraits est <strong>en</strong>suite calculé à partir de la courbe de Wöhler et du<br />

diagramme de Haigh du matériau. La loi de cumul linéaire du dommage proposée<br />

par Palmgr<strong>en</strong>-Miner est <strong>en</strong>suite appliquée afin de prédire la durée de vie de la pièce<br />

soumise à la séqu<strong>en</strong>ce de chargem<strong>en</strong>t considérée. Cette loi de cumul est, d’après la<br />

littérature, valable dans le cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts aléatoires stationnaires. La deuxième<br />

partie du chapitre prés<strong>en</strong>te les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> développées p<strong>en</strong>dant ces dernières<br />

déc<strong>en</strong>nies. Des simulations de Monte-Carlo d’échantillons temporels de la contrainte<br />

ont permis de comparer leurs performances respectives par rapport au comptage rainflow<br />

et cumul linéaire effectués dans le domaine temporel, à partir de différ<strong>en</strong>tes formes<br />

de spectres de diverses largeurs de bande. La conclusion de l’étude est que la méthode<br />

du ”Single Mom<strong>en</strong>t” s’avère être la méthode spectrale la plus rapide, la plus simple<br />

à implém<strong>en</strong>ter dans un code élém<strong>en</strong>ts finis tout <strong>en</strong> se situant parmi les métho<strong>des</strong><br />

<strong>spectrales</strong> qui approxim<strong>en</strong>t le mieux les résultats <strong>des</strong> simulations rainflow.<br />

La même démarche a <strong>en</strong>suite été réalisée dans le cas <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts induisant <strong>des</strong><br />

états de contraintes multiaxiaux aléatoires. Nous avons décrit <strong>une</strong> méthode temporelle<br />

basée sur le concept de plan critique et permettant d’estimer la durée de vie d’<strong>une</strong><br />

structure à partir <strong>des</strong> historiques locaux du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes. La méthode<br />

spectrale appelée contrainte équival<strong>en</strong>te de von Mises et développée au laboratoire <strong>en</strong><br />

1994 a <strong>en</strong>suite été décrite. Elle est basée sur la réduction du problème multiaxial à un<br />

problème uniaxial, <strong>en</strong> calculant un processus scalaire aléatoire qui est obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> combinant,<br />

<strong>pour</strong> chaque fréqu<strong>en</strong>ce, les PSD <strong>des</strong> composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes<br />

selon le critère quadratique de von Mises. Cette méthode n’avait jusqu’alors jamais<br />

été comparée à d’autres métho<strong>des</strong> temporelles de référ<strong>en</strong>ce. Nous avons <strong>en</strong>suite proposé<br />

<strong>pour</strong> la première fois <strong>une</strong> implém<strong>en</strong>tation fréqu<strong>en</strong>tielle de la méthode dite du


116 7. Conclusions<br />

rainflow multiaxial, développée initialem<strong>en</strong>t dans le domaine temporel. A l’aide du<br />

modèle élém<strong>en</strong>ts finis d’<strong>une</strong> structure simple, soumise à <strong>des</strong> accélérations aléatoires<br />

de ses supports, nous avons comparé les trois métho<strong>des</strong>. Les cartographies du dommage<br />

obt<strong>en</strong>ues permett<strong>en</strong>t de conclure que les métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles fourniss<strong>en</strong>t de<br />

très bons résultats qualitatifs et nécessit<strong>en</strong>t <strong>des</strong> temps de calcul considérablem<strong>en</strong>t<br />

réduits par rapport aux temps de calcul qu’exige la méthode temporelle. Nous rappelons<br />

que <strong>pour</strong> <strong>une</strong> même structure, la cartographie du dommage est établie <strong>en</strong> 16<br />

secon<strong>des</strong> <strong>en</strong> appliquant la méthode spectrale de la contrainte de von Mises, contre 90<br />

secon<strong>des</strong> <strong>pour</strong> l’implém<strong>en</strong>tation fréqu<strong>en</strong>tielle du rainflow multiaxial et <strong>une</strong> semaine<br />

(604800 secon<strong>des</strong>) <strong>pour</strong> la méthode temporelle appliquée à 10 réalisations artificielles<br />

du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes dans chaque élém<strong>en</strong>t. Ces nouvelles métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong><br />

permett<strong>en</strong>t de localiser les zones les plus <strong>en</strong>dommagées de la structure ou <strong>en</strong>core<br />

de comparer différ<strong>en</strong>tes conceptions d’un même composant. Nous préconisons alors<br />

<strong>une</strong> approche de dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> deux étapes, la première consistant <strong>en</strong> <strong>une</strong> localisation<br />

<strong>des</strong> quelques élém<strong>en</strong>ts les plus <strong>en</strong>dommagés de la structure et la seconde<br />

<strong>en</strong> l’application d’<strong>une</strong> méthode temporelle, m<strong>en</strong>ant à <strong>des</strong> prédictions plus précises,<br />

à partir de simulations de réalisations du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes dans ces quelques<br />

zones.<br />

Nous avons <strong>en</strong>suite proposé <strong>des</strong> formulations fréqu<strong>en</strong>tielles de critères d’<strong>en</strong>durance<br />

multiaxiaux. Nous supposons que les critères proposés dans la littérature et développés<br />

<strong>pour</strong> <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts multiaxiaux périodiques simples peuv<strong>en</strong>t être appliqués à <strong>des</strong><br />

chargem<strong>en</strong>ts complexes. Nous avons prés<strong>en</strong>té <strong>pour</strong> la première fois, à notre connaissance,<br />

<strong>une</strong> implém<strong>en</strong>tation fréqu<strong>en</strong>tielle du critère plan critique de Matake et du<br />

critère d’approche globale proposé par Crossland. Pour cela nous avons développé<br />

<strong>des</strong> procédures permettant d’approximer les variables les plus importantes et les<br />

plus largem<strong>en</strong>t utilisées <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> multiaxiale, à savoir <strong>une</strong> procédure spectrale de<br />

détermination de l’amplitude de la contrainte de cisaillem<strong>en</strong>t et de l’amplitude de<br />

la contrainte normale agissant sur le plan critique. D’autre part, nous avons mis au<br />

point <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>tielles afin d’approximer <strong>des</strong> variables globales telles que<br />

les amplitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> invariants du t<strong>en</strong>seur <strong>des</strong> contraintes et de son déviateur. Ces<br />

propositions démontr<strong>en</strong>t que de nombreuses approches basées sur <strong>des</strong> théories de la<br />

sci<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> matériaux, dans le domaine temporel, sont transposables dans le domaine<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel. Ce chapitre n’est donc par conséqu<strong>en</strong>t auc<strong>une</strong>m<strong>en</strong>t exhaustif, car l’approche<br />

que nous adoptons peut être ét<strong>en</strong>due à d’autres critères voire d’autres modèles<br />

de prédiction de durée de vie. Les formulations <strong>spectrales</strong> <strong>des</strong> deux critères se sont<br />

avérées être d’excell<strong>en</strong>ts outils d’approximation <strong>des</strong> critères d’<strong>en</strong>durance temporels<br />

initiaux, offrant <strong>une</strong> rapidité de calcul de plusieurs ordres de grandeur supérieure à<br />

celle offerte dans le domaine temporel. Ces nouveaux outils de conception peuv<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant permettre de vérifier rapidem<strong>en</strong>t l’intégrité d’<strong>une</strong> structure soumise à un<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t aléatoire, cette intégrité est assurée si les contraintes induites par les<br />

vibrations aléatoires rest<strong>en</strong>t dans la zone de non fissuration de l’espace <strong>des</strong> contraintes<br />

que définiss<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>ts critères p<strong>en</strong>dant un temps d’observation suffisamm<strong>en</strong>t<br />

long. Enfin, nous avons égalem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tionné que les capacités prédictives <strong>des</strong> critères<br />

d’<strong>en</strong>durance multiaxiaux dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t de la variablité <strong>des</strong> directions <strong>des</strong>


117<br />

contraintes principales. Nous avons par conséqu<strong>en</strong>t suggéré de baser un premier choix<br />

du type de critère à appliquer sur cette variabilité et avons trouvé un outil fréqu<strong>en</strong>tiel<br />

rapide de caractérisation de celle-ci.<br />

Afin de montrer l’applicabilité <strong>des</strong> nos métho<strong>des</strong> à <strong>des</strong> modèles élém<strong>en</strong>ts finis de<br />

grande taille, nous avons réalisé l’<strong>analyse</strong> <strong>en</strong> <strong>fatigue</strong> de la tuyère diverg<strong>en</strong>te du moteur<br />

Vulcain II d’Ariane V, soumise à un chargem<strong>en</strong>t de buffeting. Les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong><br />

ont été programmées dans <strong>une</strong> ”toolbox” MATLAB interfacée au code élém<strong>en</strong>ts finis<br />

SAMCEF. L’étude de cette tuyère a démontré la rapidité et l’efficacité <strong>des</strong> métho<strong>des</strong><br />

<strong>spectrales</strong> ainsi qu’<strong>une</strong> possible utilisation industrielle de la ”toolbox”.<br />

Nous avons terminé notre étude <strong>en</strong> abordant quelques possibilités d’utilisation de ces<br />

métho<strong>des</strong> rapi<strong>des</strong> de prédiction <strong>en</strong> conception. Nous avons ainsi simulé l’effet d’un<br />

amortissem<strong>en</strong>t actif <strong>des</strong> vibrations aléatoires à l’aide d’actionneurs et de capteurs<br />

piézoélectriques reliés à <strong>une</strong> électronique de contrôle sur la durée de vie d’<strong>une</strong> structure.<br />

Enfin, nous avons illustré la possibilité de coupler les métho<strong>des</strong> <strong>spectrales</strong> à <strong>des</strong><br />

algorithmes d’optimisation structurale <strong>en</strong> vue de réduire la masse <strong>des</strong> <strong>structures</strong> soumises<br />

à <strong>des</strong> chargem<strong>en</strong>ts multiaxiaux aléatoires <strong>en</strong> assurant <strong>une</strong> durée de vie requise.


118 7. Conclusions


Annexe A<br />

Simulation de processus<br />

vectoriels gaussi<strong>en</strong>s<br />

Dans cette annexe, nous rappelons d’abord l’algorithme couramm<strong>en</strong>t utilisé <strong>pour</strong> la<br />

génération de réalisations d’un processus gaussi<strong>en</strong> stationnaire de variance et de forme<br />

spectrale imposée. De tels échantillons peuv<strong>en</strong>t être utilisés, comme nous l’avons vu<br />

par exemple dans le chapitre 2, <strong>pour</strong> étudier la <strong>fatigue</strong> uniaxiale aléatoire, on parle<br />

alors de simulations de Monte-Carlo. Ensuite nous prés<strong>en</strong>tons l’ext<strong>en</strong>sion de cet algorithme<br />

FFT (Fast Fourier Transform), utilisé <strong>pour</strong> générer <strong>des</strong> processus scalaires, à<br />

la génération artificielle de réalisations de processus vectoriels aléatoires stationnaires<br />

de matrice de PSD imposée.<br />

A.1 Echantillons d’un processus gaussi<strong>en</strong> stationnaire<br />

Les paramètres importants de cette procédure sont :<br />

– la durée de la réalisation T , qui contrôle la fréqu<strong>en</strong>ce d’échantillonnage de la DFT<br />

(Discrete Fourier Transform) : f0 = 1/T ,<br />

– le nombre N de pas de temps choisi <strong>pour</strong> l’échantillon, qui contrôle la période<br />

d’échantillonnage donnée par dt = T/N.<br />

Le but de la procédure suivante est alors de générer <strong>une</strong> séqu<strong>en</strong>ce de coeffici<strong>en</strong>ts<br />

de Fourier Cx(k) dont les amplitu<strong>des</strong> et les phases sont choisies de sorte que leur<br />

Tranformée de Fourier Discrète Inverse (IDFT) produise la séqu<strong>en</strong>ce temporelle x(i)<br />

souhaitée. Nous rappelons que x(i) représ<strong>en</strong>te les valeurs échantillonnées d’un signal<br />

de période T et de fréqu<strong>en</strong>ce de coupure égale à la moitié de la fréqu<strong>en</strong>ce<br />

d’échantillonnage : fc = N/2T . De plus, si la séqu<strong>en</strong>ce x(i) est réelle et si N est<br />

un nombre pair, les coeffici<strong>en</strong>ts de Fourier doiv<strong>en</strong>t satisfaire l’équation<br />

Cx(N/2 + i) = C ∗ x(N/2 − i) i = 0, ..., N/2 (A.1)


120 A. Simulation de processus vectoriels gaussi<strong>en</strong>s<br />

où C ∗ x dénote le complexe conjugué de Cx. Ceci implique que Cx(N/2) et Cx(0) soi<strong>en</strong>t<br />

réels.<br />

L’amplitude <strong>des</strong> coeffici<strong>en</strong>ts de Fourier doit égalem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre compte de la répartition<br />

fréqu<strong>en</strong>tielle de la puissance du signal, or <strong>pour</strong> un processus ergodique, nous avons<br />

l’égalité :<br />

T<br />

1<br />

x<br />

T 0<br />

2 ∞<br />

(t)dt ≈ Φxx(ω)dω (A.2)<br />

−∞<br />

Nous pouvons <strong>en</strong>suite discrétiser cette dernière équation avec un incrém<strong>en</strong>t temporel<br />

dt = 1/N et un incrém<strong>en</strong>t fréqu<strong>en</strong>tiel dω = ω0 = 2π/T , ce qui donne<br />

N−1<br />

1 <br />

x<br />

N<br />

2 N/2 <br />

(i) ≈ 2 Φxx(kω0)ω0<br />

i=0<br />

k=1<br />

(A.3)<br />

En appliquant le théorème de Parseval qui stipule que le carré <strong>des</strong> coeffici<strong>en</strong>ts de<br />

Fourier peut être considéré comme la décomposition fréqu<strong>en</strong>tielle de l’écart type σx<br />

du signal x(i), ce qui se traduit par la relation suivante :<br />

σx = 1<br />

N−1 <br />

N<br />

i=0<br />

x 2 (i) =<br />

N−1 <br />

k=0<br />

|Cx(k)| 2<br />

(A.4)<br />

et <strong>en</strong> combinant cette relation avec l’éq. (A.1), nous pouvons montrer que la somme<br />

(A.3) peut être transformée <strong>pour</strong> donner :<br />

N/2 <br />

2 |Cx(k)| 2 N/2 <br />

≈ 2 Φxx(kω0)ω0<br />

k=1<br />

k=1<br />

(A.5)<br />

Par conséqu<strong>en</strong>t, les coeffici<strong>en</strong>ts de la DFT sont choisis de façon à représ<strong>en</strong>ter le cont<strong>en</strong>u<br />

fréqu<strong>en</strong>tiel imposé, <strong>en</strong> applicant la relation :<br />

|Cx(k)| = [Φxx(kω0)ω0] 1/2 k = 1, ..., N/2 (A.6)<br />

Les modules <strong>des</strong> coeffici<strong>en</strong>ts de Fourier sont donc déterministes parce que la PSD est<br />

déterministe. Pour générer <strong>une</strong> séqu<strong>en</strong>ce aléatoire, nous choisissons alors <strong>des</strong> phases<br />

φk telles que les valeurs de celles-ci <strong>pour</strong> différ<strong>en</strong>ts indices k soi<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dantes et<br />

uniformém<strong>en</strong>t distribuées dans l’intervalle [0, 2π[, la DFT est alors exprimée par<br />

Cx(k) = |Cx(k)|e iφk k = 1, ..., N/2 (A.7)


A Echantillons d’un processus vectoriel gaussi<strong>en</strong> stationnaire 121<br />

Le caractère indép<strong>en</strong>dant <strong>des</strong> phases garantit leur distribution gaussi<strong>en</strong>ne par le<br />

théorème de la limite c<strong>en</strong>trale. Nous nous sommes jusque là préoccupé de la première<br />

moitié de la séqu<strong>en</strong>ce et déterminons alors la seconde moitié <strong>en</strong> utilisant la symétrie<br />

(A.1). La réalisation temporelle du processus scalaire gaussi<strong>en</strong> stationnaire est alors :<br />

x(t) = 1<br />

N−1 <br />

Cx(k)e<br />

N<br />

i 2πtk/N t = 1, ..., N − 1 (A.8)<br />

k=1<br />

L’échantillon temporel est bi<strong>en</strong> réel et a la PSD désirée. Pour générer un échantillon<br />

de moy<strong>en</strong>ne nulle, nous choisissons <strong>en</strong>fin<br />

Cx(0) = 0 (A.9)<br />

Tout autre choix <strong>pour</strong> la variable aléatoire constituant les phases φk conduira à<br />

<strong>une</strong> autre réalisation temporelle du processus, statistiquem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dante de la<br />

première et de même cont<strong>en</strong>u fréqu<strong>en</strong>tiel. De tels générateurs de nombres aléatoires<br />

prés<strong>en</strong>tant <strong>une</strong> distribution uniforme sur un intervale donné <strong>en</strong> utilisant la méthode<br />

de Monte-Carlo sont très rép<strong>en</strong>dus. Nous passons maint<strong>en</strong>ant à la généralisation de<br />

cette procédure à la génération de processus gaussi<strong>en</strong>s multidim<strong>en</strong>sionnels.<br />

A.2 Echantillons d’un processus vectoriel gaussi<strong>en</strong><br />

stationnaire<br />

Pr<strong>en</strong>ons <strong>pour</strong> exemple le processus vectoriel gaussi<strong>en</strong> s(t) = (sx(t), sy(t), sxy(t)) de<br />

matrice de PSD imposée<br />

⎛<br />

Φs(ω) = ⎝<br />

Φsxsx<br />

Φsysx<br />

Φsxysx<br />

⎞<br />

(ω) Φsxsy (ω) Φsxsxy (ω)<br />

(ω) Φsysy (ω) Φsysxy (ω) ⎠ (A.10)<br />

(ω) Φsxysy (ω) Φsxysxy (ω)<br />

Pour chaque fréqu<strong>en</strong>ce ω, la matrice hermiti<strong>en</strong>ne Φs(ω) peut être diagonalisée, nous<br />

obt<strong>en</strong>ons alors<br />

Φs(ω) = U(ω)Λ(ω)U H (ω) (A.11)<br />

où l’exposant H désigne la matrice transposée conjuguée, et où Λ(ω) conti<strong>en</strong>t les<br />

valeurs propres de Φs(ω) et U(ω) conti<strong>en</strong>t les vecteurs propres correspondants. Λ(ω)<br />

est diagonale et réelle et la matrice U(ω) est unitaire (U H U = I).<br />

Les composants diagonaux de Λ(ω) sont alors <strong>des</strong> processus aléatoires indép<strong>en</strong>dants.<br />

La matrice de rotation U(ω) définit la base dans laquelle l’indép<strong>en</strong>dance est obt<strong>en</strong>ue<br />

<strong>pour</strong> la fréqu<strong>en</strong>ce ω considérée. La matrice diagonale peut alors être transformée <strong>en</strong><br />

un processus vectoriel dont les composantes sont décorrélées. En appelant Z(ω, T ) la<br />

transformée de Fourier de ce processus vectoriel de durée T , la relation


122 A. Simulation de processus vectoriels gaussi<strong>en</strong>s<br />

Λ(ω) = lim<br />

T →∞<br />

1<br />

2πT E [Z(ω, T ), ZH (ω, T )]. (A.12)<br />

est satisfaite. En combinant alors cette dernière équation avec l’éq. (A.11), nous obt<strong>en</strong>ons<br />

:<br />

Φs(ω) = lim<br />

T →∞<br />

1<br />

2πT E [U(ω)Z(ω, T ), ZH (ω, T )U H (ω)] (A.13)<br />

Cette relation indique que si Z(ω, T ) est construite <strong>pour</strong> être la transformée de Fourier<br />

du processus vectoriel, dont les composantes sont décorrélées, et défini par la matrice<br />

Λ(ω), alors<br />

S(ω, T ) = U(ω)Z(ω, T ) (A.14)<br />

est la transformée de Fourier du processus vectoriel s(t), défini par la matrice de<br />

PSD Φs(ω). La génération d’échantillons temporels à l’aide de la FFT peut donc être<br />

appliquée à chaque composante du vecteur S(ω, T ).<br />

La procédure décrite au paragraphe précéd<strong>en</strong>t peut alors être généralisée et appliquée<br />

à la matrice de PSD Φs(ω) comme suit :<br />

1. Détermination de la fréqu<strong>en</strong>ce d’échantillonnage w0 = 2π/T à partir de la durée<br />

T de la réalisation à simuler ;<br />

2. Diagonalisation de la matrice Φs(ω) <strong>pour</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> fréqu<strong>en</strong>ces de contrôle<br />

wi, les matrices Λ(ω) et U(ω) sont ainsi obt<strong>en</strong>ues, puis discrétisées <strong>pour</strong> donner :<br />

Λ(kω0), U(kω0) k = 1, ..., N/2<br />

3. Calcul <strong>des</strong> coeffici<strong>en</strong>ts de Fourier correspondant aux différ<strong>en</strong>ts processus constituant<br />

le vecteur aléatoire (processus r<strong>en</strong>dus statistiquem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dants suite<br />

à la diagonalisation de la matrice Φs(ω)) :<br />

C i z(k) = [Λ i (kω0)ω0] 1/2 k = 1, ..., N/2 i = 1, 2, 3 (A.15)<br />

où C i z est la composante i du vecteur <strong>des</strong> coeffici<strong>en</strong>ts de Fourier et Λ i est la<br />

composante i de la matrice diagonale Λ ;<br />

4. Tirage d’<strong>une</strong> variable aléatoire φk indép<strong>en</strong>dante <strong>pour</strong> chaque processus, chac<strong>une</strong><br />

<strong>des</strong> variables étant uniformém<strong>en</strong>t distribuée dans l’intervale [0, 2π[.<br />

5. Changem<strong>en</strong>t de base afin d’obt<strong>en</strong>ir les corrélations imposées :<br />

Cs(k) = U(kω0)Cz(k) k = 1, ..., N/2 (A.16)


A Echantillons d’un processus vectoriel gaussi<strong>en</strong> stationnaire 123<br />

6. Calcul <strong>des</strong> valeurs conjugées sur l’autre moitié de la série de coeffici<strong>en</strong>ts de<br />

Fourier, par analogie à l’éq. (A.1) :<br />

Cs(N/2 + i) = C ∗ s (N/2 − i) i = 0, ..., N/2 (A.17)<br />

7. Application de la transformée de Fourier inverse à la série de coeffici<strong>en</strong>ts calculés<br />

<strong>pour</strong> les différ<strong>en</strong>ts processus composant le vecteur aléatoire,<br />

s(t) = 1<br />

N−1 <br />

Cs(k)e<br />

N<br />

i 2πtk/N t = 1, ..., N − 1 (A.18)<br />

k=1<br />

Cette procédure peut être appliquée à <strong>des</strong> processus vectoriels stationnaires dont<br />

les composantes sont conjointem<strong>en</strong>t gaussi<strong>en</strong>nes, quelque soit sa dim<strong>en</strong>sion. Les<br />

corrélations <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes composantes sont ainsi respectées.


124 A. Simulation de processus vectoriels gaussi<strong>en</strong>s


Annexe B<br />

Facteur de pic<br />

Nous considérons un processus aléatoire gaussi<strong>en</strong> stationnaire de moy<strong>en</strong>ne nulle x(t)<br />

que nous observons p<strong>en</strong>dant <strong>une</strong> durée T . Nous souhaitons alors connaitre la distribution<br />

p(η, T ) de l’extremum le plus grand du processus p<strong>en</strong>dant le temps d’observation<br />

T , comme l’illustre la Fig. B.1.<br />

Fig. B.1 – Définition du facteur de pic<br />

Dans la littérature, la fiabilité W (T ) d’<strong>une</strong> structure est souv<strong>en</strong>t définie comme la<br />

probabilité que le processus ne dépasse pas, <strong>en</strong> valeur absolue, un certain seuil p<strong>en</strong>dant<br />

la durée d’observation T :<br />

W (T ) = P rob (|x(t)| < b, 0 ≤ t < T ) (B.1)<br />

Le problème de fiabilité est alors abordé <strong>en</strong> considérant le facteur de pic du processus.<br />

Le facteur de pic est défini comme la partie réduite η de la valeur absolue de l’extre-


126 B. Facteur de pic<br />

mum le plus grand, d’un échantillon temporel de durée T , par rapport à l’écart type<br />

σx du processus :<br />

η = b/σx<br />

(B.2)<br />

Si p(η, T ) représ<strong>en</strong>te la d<strong>en</strong>sité de probabilité du plus grand <strong>des</strong> extrema du processus<br />

sur la durée T , la fonction de répartition s’écrit :<br />

P (η, T ) =<br />

η<br />

0<br />

= 0 η < 0<br />

p(x, T )dx η ≥ 0 (B.3)<br />

Cette fonction de répartition représ<strong>en</strong>te la probabilité que le plus grand <strong>des</strong> extrema<br />

durant T , soit inférieur à η, ce qui correspond à la définition de la fiabilité donnée<br />

ci-<strong>des</strong>sus. Il suit donc que la d<strong>en</strong>sité de probabilité du plus grand <strong>des</strong> extrema peut<br />

s’écrire :<br />

p(η, T ) =<br />

∂W (η, T )<br />

∂η<br />

(B.4)<br />

En considérant que les franchissem<strong>en</strong>ts à p<strong>en</strong>te positive d’un seuil de niveau b par<br />

le processus stationnaire sont <strong>des</strong> évènem<strong>en</strong>ts indép<strong>en</strong>dants, il est par exemple possible<br />

de montrer que le nombre de franchissem<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ts niveaux dans [0, T [<br />

constitue un processus de Poisson. Partant de ce modèle, la définition de la fiabilité<br />

devi<strong>en</strong>t :<br />

<br />

|x(t)|<br />

W (η, T ) = P rob < η, 0 ≤ t < T = exp(−Ne<br />

σx<br />

−η2 /2<br />

) (B.5)<br />

où N est le nombre de demi-cycles donné par la relation :<br />

N = 2ν + 0<br />

T (B.6)<br />

La d<strong>en</strong>sité de probabilité p(η, T ) s’obti<strong>en</strong>t donc par dérivation de W (η, T ) par rapport<br />

à η. La Fig. B.2 montre l’allure <strong>des</strong> d<strong>en</strong>sités de probabilité du facteur de pic <strong>pour</strong><br />

différ<strong>en</strong>ts temps d’observation du processus, exprimé <strong>en</strong> demi-cycles. Nous remarquons<br />

que, plus la durée augm<strong>en</strong>te, plus la d<strong>en</strong>sité de probabilité est c<strong>en</strong>trée autour de la<br />

moy<strong>en</strong>ne et plus la d<strong>en</strong>sité de probabilité se déplace vers les gran<strong>des</strong> valeurs <strong>des</strong><br />

extrema.<br />

Toutefois, l’étude de telles variables aléatoires se résume souv<strong>en</strong>t <strong>pour</strong> l’ingénieur<br />

au calcul <strong>des</strong> premiers mom<strong>en</strong>ts, à savoir la moy<strong>en</strong>ne et l’écart type. Des formules


Fig. B.2 – Modèle de Poisson : d<strong>en</strong>sité de probabilité du facteur de pic <strong>pour</strong> différ<strong>en</strong>tes<br />

durées d’observations T = N/(2ν + 0 )<br />

127<br />

explicites, basées sur le modèle de Poisson, ont donc été développée. Connaissant la<br />

d<strong>en</strong>sité de probabilité p(η), la moy<strong>en</strong>ne du facteur de pic est exprimé par l’intégrale :<br />

E[ max<br />

0≤t≤T |x(t)|/σx] = E[η] =<br />

∞<br />

ηp(η)dη<br />

−∞<br />

(B.7)<br />

Une approximation de cette intégrale est donnée par la formule suivante :<br />

E[η] = F (N) ≈ √ 2 ln N + 0.5772/ √ 2 ln N (B.8)<br />

où N est le nombre de demi-cycles donné par la relation (B.6). L’écart type de la<br />

valeur extrême peut égalem<strong>en</strong>t être estimé <strong>en</strong> appliquant la relation :<br />

π 1<br />

σ[η] ≈ σx √ √<br />

6 2 ln N<br />

(B.9)<br />

Comme nous le remarquons, ce modèle ne ti<strong>en</strong>t pas compte de la largeur de bande du<br />

processus, le seul paramètre étant le nombre de demi-cycles. Toutefois, <strong>des</strong> simulations<br />

de Monte-Carlo montr<strong>en</strong>t que la moy<strong>en</strong>ne du facteur de pic diminue lorsque la largeur<br />

de bande diminue <strong>pour</strong> <strong>une</strong> même durée d’observation du processus. Afin de t<strong>en</strong>ir<br />

compte de cette obervation, le modèle précéd<strong>en</strong>t peut être légèrem<strong>en</strong>t modifié et<br />

remplacé par les formulations suivantes :


128 B. Facteur de pic<br />

E[η] ≈ √ 2 ln κN + 0.5772/ √ 2 ln N (B.10)<br />

où κ < 1 est un paramètre r<strong>en</strong>dant compte de l’influ<strong>en</strong>ce de la largeur de bande du<br />

système. La formulation de κ approximant le mieux les résultats <strong>des</strong> simulations de<br />

Monte-Carlo peut être déterminé selon l’équation :<br />

κ = 1.5(1 − e −1.8δ ) δ < 0.5 (B.11)<br />

κ = 0.94 δ > 0.5<br />

où δ est un paramètre défini à partir de mom<strong>en</strong>ts spectraux :<br />

δ = (1 − m21 )<br />

m0m2<br />

1/2<br />

L’effet de la largeur de bande sur l’écart type du facteur de pic est négligeable.<br />

(B.12)


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