29.06.2013 Views

Zimmer Bradley,Mario..

Zimmer Bradley,Mario..

Zimmer Bradley,Mario..

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Empire de mondes, et plus encore. J’allai m’allonger près de ma<br />

femme et m’endormis. Mon sommeil fut plein de cauchemars ;<br />

je revis ma main, l’horreur qui avait poussé à sa place… et elle<br />

s’enfonça dans le corps de Dio, serrant l’enfant, et sortant une<br />

chose sanglante, pantelante, mourante… Je m’éveillai avec mon<br />

hurlement dans les oreilles, je vis Dio me regarder avec effroi.<br />

Je la recouvris tendrement, l’embrassai et allai dormir dans<br />

l’autre chambre où rien ne pourrait venir troubler ses songes.<br />

Cette fois, je dormis calmement ; ce fut Dio qui m’éveilla<br />

dans l’aube grise, disant avec hésitation :<br />

— Lew, je me sens toute drôle… je crois que le bébé va venir.<br />

C’est tôt – mais j’aimerais mieux aller voir pour en être sûre.<br />

C’était beaucoup trop tôt ; mais les Terriens se sont fait une<br />

spécialité des matrices artificielles et les bébés prématurés<br />

survivent pour la plupart, dans ce milieu qui entretient la vie<br />

artificiellement, privés des pensées et de la tendresse de leurs<br />

mères. Pourquoi les Terriens sont-ils mentalement aveugles,<br />

sans aucune trace de laran, sinon par cette privation du plus<br />

intime des contacts, où la mère apprend au petit cœur à battre,<br />

à tous les organes à fonctionner comme ils le doivent… le corps<br />

peut grandir, artificiellement entretenu et nourri, mais qu’en<br />

est-il de l’esprit ?<br />

Eh bien, si cela devait endommager le laran du fœtus, mais<br />

lui sauver la vie… je n’avais pas tellement à me louer de mon<br />

propre laran. Cet enfant n’entendrait pas nos pensées troublées,<br />

nos craintes, et les tourments de ma malheureuse tentative pour<br />

le monitorer. Tant pis ! C’était sûrement cette tentative qui<br />

provoquait prématurément les contractions, et Dio devait le<br />

savoir, mais elle ne me fit pas de reproches, et, comme j’en<br />

parlais, elle me fit taire en disant :<br />

— Je le voulais aussi.<br />

C’est donc joyeux que nous partîmes dans les rues désertes<br />

en ces heures grises qui précèdent l’aube, et où seuls<br />

s’attardaient quelques noctambules endurcis.<br />

L’hôpital terrien était pâle et austère dans le jour<br />

grandissant, et dans l’ascenseur exprès qui nous montait<br />

jusqu’aux étages des accouchées, loin au-dessus des bruits et<br />

des clameurs de la bruyante cité du plaisir, le courage de Dio<br />

85

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!