Oral History of Europe in Space - European University Institute
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moment-là, devait faire une proposition et il refusait systématiquement de me proposer. Il<br />
proposait à chaque fois Schramm et chaque fois il y a avait un vote de toutes les délégations<br />
qui refusaient Schramm et voulaient van Reeth.<br />
NT : Vous impliquez donc que DG n’était pas impartial… ?<br />
GvR : Il n’était pas impartial DU TOUT. Ecoutez, personne ne l’était. Il faut venir d’un petit<br />
pays comme la Belgique, et encore, on n’est pas impartial non plus mais cela ne se voit pas,<br />
ne se sent pas parce que l’on était trop petit. Bon, il y a avait un blocus, les délégations qui<br />
disaient : « On veut van Reeth, comme Directeur de l’Adm<strong>in</strong>istration à l’ESTEC » et les<br />
Allemands qui voulaient Schramm. Arrive séparément la crise de l’ELDO qui ratait encore<br />
une fois une fusée et tout le monde disait : « C’est assez, il faut refaire cette Organisation et<br />
donc le seul homme qui peut le faire c’est le général Aub<strong>in</strong>ière 15 qui, après quelque<br />
hésitation, accepta le poste de Secrétaire général et prenait pour Directeur technique<br />
H<strong>of</strong>fmann 16 ; et puis, il fallait un directeur adm<strong>in</strong>istratif ; deux Français sur trois c’était trop<br />
mais deux Allemands sur trois aussi ! Eureka, il y a toujours les Belges, toujours très pro-<br />
ELDO et pour de mauvaises raisons d’ailleurs. Donc il fallait un Belge et on a présenté<br />
quelques personnes à Aub<strong>in</strong>ière – je ne sais pas qui, ou plutôt je le sais mais cela n’a pas<br />
d’importance ici –… Aub<strong>in</strong>ière n’était pas d’accord en général car il les connaissait.<br />
NT : Des gens en <strong>in</strong>terne de l’ELDO, de l’ESRO ?<br />
GvR : De l’<strong>in</strong>térieur, de l’ELDO, de l’ESRO, d’un peu partout. Aub<strong>in</strong>ière avait assisté à une<br />
conférence sur la façon moderne de passer les contrats. Il avait été assez impressionné, surtout<br />
que ma présentation était suivie de celle de Wilhelm Brado : « Chez nous à l’ELDO on ne fait<br />
pas tout ça, c’est trop compliqué, etc. » Aub<strong>in</strong>ière avait compris que ce n’était pas là qu’était<br />
la grande <strong>in</strong>itiative. Il a parlé aux Belges, qui étaient d’accord. J’étais à l’aéroport de<br />
Schiphol. Je n’étais même pas candidat et j’allais au mariage de Roy Gibson qui était quand<br />
même mon grand ami… On appelle l’avion et en même temps on appelle M. van Reeth au<br />
téléphone ; c’était très urgent. C’était Jef van Eesbeek, le délégué belge : « Le gouvernement<br />
belge a décidé de présenter votre candidature comme Directeur adm<strong>in</strong>istratif de l’ELDO.<br />
Vous acceptez EVIDEMMENT. » J’étais furieux : « Ils ont vendu ma peau ! » Après un<br />
certa<strong>in</strong> temps, je me suis dit, Paris ce n’est pas désagréable, le travail n’est pas désagréable, au<br />
contraire ; je me suis calmé…<br />
NT : Et comment Gibson, au mariage duquel vous vous rendiez, a réagi ?<br />
GvR : Bien. « Bravo ! On est collègues ma<strong>in</strong>tenant, vous à l’ELDO et moi à l’ESRO. » Ce<br />
n’était pas tout à fait la même chose ! [Rires].<br />
NT : L’ELDO, c’était combien de personnes ?<br />
GvR : 600. Beaucoup trop. La première chose qu’Aub<strong>in</strong>ière a faite c’est une charrette de<br />
quelques centa<strong>in</strong>es de personnes qui pouvaient partir.<br />
NT : Il dit dans son entretien avec Lebeau qu’il y avait beaucoup de militaires à qui on <strong>of</strong>frait une<br />
s<strong>in</strong>écure à l’ELDO en f<strong>in</strong> de carrière.<br />
GvR : C’est vrai, c’est exact. Une grande partie.<br />
ju<strong>in</strong> 1974.<br />
15 Général Robert Aub<strong>in</strong>ière : Premier Directeur général du CNES de 1962 à 1971 tout en exerçant de 1968 à<br />
1970 la Présidence du Conseil de l’ELDO dont il sera la Secrétaire général de 1972 à 1973. Décédé en décembre<br />
2001.<br />
16 Hans H<strong>of</strong>fmann : Ingénieur allemand, il rejo<strong>in</strong>t en 1961 Weser-Flug-GmbH, qui se fondra dans ERNO. De<br />
1969 à 1971, Directeur des programmes futurs de l’ELDO puis Directeur technique. Après 1977, il retourne dans<br />
l’<strong>in</strong>dustrie (Manag<strong>in</strong>g Director, ERNO, Dornier, etc.).<br />
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