Oral History of Europe in Space - European University Institute
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conçue pouvait à pe<strong>in</strong>e porter 200 kg de charge utile ! Déjà les satellites avaient dépassé de<br />
lo<strong>in</strong> cela. Même les premiers étaient quand même à 400 kg, 500 kg, et ma<strong>in</strong>tenant !<br />
NT : Pour vous l’échec de l’ELDO était à la fois technique et organisationnel ?<br />
GvR : C’était primordialement politique. Le manque d’expérience et de connaissances<br />
qu’avaient les gouvernements de comment faire un programme <strong>in</strong>ternational… Ils avaient fait<br />
l’OTAN mais l’OTAN c’était les militaires, c’est toujours autre chose, il ne faut pas y<br />
toucher, ils ont leur structure, etc. L’ELDO, son drame était qu’il n’y avait pas une structure<br />
ou une organisation ELDO en tant que telle, qui avait quelque chose à dire. C’est au niveau<br />
des différents participants qu’on prenait la décision ; c’était également un peu vrai que la<br />
plupart des parties d’EUROPA étaient déjà connues d’avance. Le Blue streak existait. Le<br />
deuxième étage, français, avait volé. Les Allemands n’avaient rien encore mais c’était<br />
normal ; ils étaient peu <strong>in</strong>téressés et n’avaient pas encore commencé à vraiment penser à une<br />
structure <strong>in</strong>ternationale spatiale. Pour eux, le spatial c’était quelques diza<strong>in</strong>es de types quelque<br />
part dans un co<strong>in</strong>, à Oberpfaffenh<strong>of</strong>en ou quelque chose comme cela, où ils pouvaient<br />
s’amuser un petit peu à faire soi-disant des fusées et des satellites…<br />
NT : Liquider une Organisation dans les années 70 cela consiste en quoi ?<br />
GvR : C’est moi qui l’ai fait. J’ai eu de la chance d’avoir beaucoup d’argent…<br />
NT : C’est rare ! En général c’est plutôt l’<strong>in</strong>verse.<br />
J’avais du cash, et beaucoup. J’ai décrit dans le papier sur la Belgique de Daw<strong>in</strong>ka comment<br />
s’est passé le conseil de l’ELDO où ils ont décidé de ne pas cont<strong>in</strong>uer, à la grande fureur des<br />
Belges qui n’avaient pas été prévenus et traités d’une façon scandaleuse. Je ne vais pas le<br />
répéter. Mais cela a eu comme effet, que personne n’osait dire : « Rendez-nous nos sous. »<br />
L’argent disponible était largement suffisant. Il a fallu se battre pour <strong>of</strong>frir de meilleures<br />
conditions pour le Personnel que celles prévues par les organisations coordonnées (OCDE,<br />
OTAN, Conseil de l’<strong>Europe</strong>, etc.). J’ai eu quelques batailles dures ; on a dû se battre très fort,<br />
même à l’<strong>in</strong>térieur de la Coord<strong>in</strong>ation qui craignait que ce soit un précédent. Et j’ai gagné !<br />
Des <strong>in</strong>demnités considérables ont été versées.<br />
NT : Vous avez <strong>in</strong>demnisé tout le monde, même ceux qui sont partis à l’ESA ?<br />
GvR : Non. C’était un choix, ils n’étaient pas sans travail.<br />
NT : Démissionnaires ?<br />
GvR : Transférés. Pas sans travail. Pas mis à la porte.<br />
NT : Quelle a été la capacité d’absorption de l’ESA, à ce moment-là ?<br />
GvR : Une soixanta<strong>in</strong>e [d’agents].<br />
NT : Sur des activités nouvelles ou existantes ?<br />
GvR : Par exemple, Kalteneker à l’ESRO s’est adjo<strong>in</strong>t Bourély qui était au service juridique<br />
de l’ELDO, mais avec un grade en mo<strong>in</strong>s. Les gens de l’ELDO étaient punis pour avoir été à<br />
l’ELDO ; en général les gens venaient mais avec un grade en mo<strong>in</strong>s.<br />
NT : Roy Gibson dit dans son entretien qu’il avait placé beaucoup de gens de l’ELDO autour de lui<br />
pour être sûr que la fusion prendrait bien.<br />
puis Directeur général de 1982 à 1989. Président Fondateur d'Arianespace jusqu'en 1990.<br />
Roger Vignelles : Chef de Projet Ariane à partir de 1976, Directeur des Lanceurs dès 1982, puis Directeur<br />
général adjo<strong>in</strong>t en charge d'Ariane et Hermès au CNES après 1989. Rejo<strong>in</strong>t la SEP (Société européenne de<br />
Propulsion) de 1991 à 1997 en tant que Directeur général adjo<strong>in</strong>t puis de PDG.<br />
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