Oral History of Europe in Space - European University Institute

NT : Est-il vrai que les Anglais ont toujours renoncé à avoir un établissement mais ont négocié des
postes à responsabilité à la place ?
GvR : Non. Je ne dirais pas cela. Il est arrivé un moment où les Anglais n’étaient plus du tout
intéressés par l’Espace en général et en particulier au sein d’une Organisation internationale.
Gibson a été fait Directeur général pas contre les Anglais mais sans un enthousiasme
extraordinaire des Anglais. « The devil you know before the devil you don’t know ». D’autres
pays étaient plutôt pro-Gibson, particulièrement les Allemands.
NT : Et votre nomination ?
GvR : Cela s’est fait… Gibson Directeur général, le reste des directorats et moi j’étais pour
ainsi dire le choix automatique pour reprendre le poste de Gibson. Il n’y a jamais eu une
grande discussion là-dessus. Il y avait eu avant ce que vous pouvez voir chez Dawinka : la
fameuse pagaille à l’intérieur de l’ESTEC et puis comment les Belges m’ont proposé à
l’ELDO – mais après l’ELDO c’était à peu près automatique que je prendrais le poste de
Directeur de l’Administration de l’ESA.
NT : Vous souvenez-vous qui étaient les premiers directeurs à l’ESA autour de Gibson et vousmême
?
GvR : Oh, il y avait Trella. 20 Cela c’est certain.
NT : Inspecteur général ?
GvR : Oui. Enfin, il fallait lui trouver un poste, non ?! La science, c’était Trendelenburg. 21
Les Télécommunications, c’était un Allemand, qui est mort [en 1991] : Luksch. 22 Directeur
de l’ESTEC : Berghuis. 23 Deloffre était directeur pour Spacelab 24
.
NT : Comment fonctionniez-vous avec les uns avec les autres? Tout se passait bien avec cette équipelà
où bien la mise en place a-t-elle été difficile ?
GvR : Moi, je n’ai pas eu de problèmes extraordinaires avec les autres directeurs. On avait de
temps en temps des vues séparées. Ah, mais est-ce que [Pierre] Blassel était déjà là ?
[Question adressée à sa femme Yvonne]. Non, pas Blassel, Lebeau. 25 Lebeau était là. Avec
Lebeau j’ai eu disons quelques batailles homériques. Lebeau faisait n’importe quoi ! Non
seulement il était Directeur général adjoint, un titre qu’il voulait avoir et qu’il a eu mais qui ne
voulait rien dire ; Gibson ne s’en occupait pas trop… Il était également [Directeur] des
programmes futurs « et des programmes » : ça c’est lui qui l’avait ajouté et cela lui donnait,
selon lui, une autorité sur ce qui se passait dans tous les programmes dans l’Agence.
NT : D’accord. Autorité que vous avez l’air de lui contester...
GvR : Oui. Parce que j’estimais que… je ne sais même plus ! On était assez copains quand on
avait la paix. Je n’avais rien contre André, au contraire on se comprenait assez bien parce
qu’on trouvait que les autres n’étaient pas au même niveau, mais quand il y avait une bagarre
20 Massimo Trella a été Inspecteur technique de 1975 à 1978 puis Directeur technique de 1978 à 1985 et enfin
Inspecteur général de 1984 à 1998. Il est décédé en 2002.
21 Ernst A. Trendelenburg, Directeur des Programmes scientifique et météorologique de 1975 à 1977 puis
Directeur du Programme scientifique de 1978 à 1983. Décédé en 1989. Il sera remplacé par Roger-Maurice
Bonnet de 1983 à 2001.
22 Walter Luksch, Directeur du Programme de communications par satellites de 1975 à 1978 puis Directeur des
Programmes d’applications de 1978 à 1981. Il sera remplacé par Edmund (Ted) Mallett (1981-1985) puis
Giorgio Salvatori (1985-1989) et René Collette (1990-1998).
23 Johan Berghuis, Directeur de l’ESTEC de 1975 à 1977.
24 Bernard Deloffre, Directeur du Programme Spacelab de 1975 à 1976, bientôt remplacé par Michel Bignier
(1977-1980) ensuite Directeur des Systèmes de transport spatial jusqu’en 1986.
25 André Lebeau, Directeur des programmes futurs et de la Planification (1975-1980).
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