Oral History of Europe in Space - European University Institute
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typiquement L<strong>in</strong>es. Je lui avais raconté que mon contrat fait chez NASMO avait beso<strong>in</strong> de 40<br />
signatures dans les services allemands et que cela m’emmerdait. Il dit : « Vous devriez venir<br />
chez nous. Ici vous êtes le maître. Vous préparez les contrats, je les signe sans même les lire<br />
mais c’est votre tête s’il y a quelque chose qui ne marche pas. » Cela m’attirait, c’était une<br />
approche que j’aime bien. Donc je suis retourné à Coblence, j’ai écrit une lettre au Directeur :<br />
« Merci beaucoup pour votre proposition mais je ne peux l’accepter vu le temps pris pour<br />
vous décider, j’ai trouvé une autre position. » Cela a créé une bagarre entre l’ESRO, entre<br />
[Francesco] d’Attilia et [Calixte] Stefan<strong>in</strong>i d’un côté et le commandant de Vries, de l’autre,<br />
grand manitou à l’OTAN. J’ai lu la correspondance, c’était des <strong>in</strong>sultes : « Comment des<br />
Organisations <strong>in</strong>ternationales peuvent voler le personnel des autres organisations, ce n’est pas<br />
juste, etc. » J’étais très <strong>in</strong>quiet : je craignais que l’une me dise : « On aimerait bien vous avoir<br />
mais on ne peut pas » et que l’autre ne me pardonne pas d’avoir voulu la quitter !<br />
NT : Une question ici, si vous permettez : c’était difficile à ce moment-là pour les organisations<br />
<strong>in</strong>ternationales 1) de recruter, 2) de recruter du bon personnel ?<br />
GvR : Oui, parce que différents pays envoyaient les gens dont ils voulaient se débarrasser. En<br />
ce sens-là c’était difficile. De temps en temps ils tombaient sur quelqu’un de bien parce qu’il<br />
y avait des gens bien. Je ne veux pas raconter toute l’histoire mais quand j’étais à l’OTAN, il<br />
y avait un autre belge, soûl tout le temps, qui arrivait à 11 heures au bureau pour s’endormir...<br />
Un scandale ! Mais il était alors protégé par le m<strong>in</strong>istre de la Défense belge.<br />
NT : Les conditions <strong>of</strong>fertes par l’ESRO était plus <strong>in</strong>téressantes ?<br />
GvR : Les mêmes. J’étais A4 dans les deux cas.<br />
NT : L’ESRO, c’était combien de personnes à ce moment-là ?<br />
GvR : Je n’ai jamais su si j’avais le numéro 36 ou 73 ; il n’y avait pas cent personnes.<br />
NT : Et à Delft ?<br />
GvR : Delft <strong>in</strong>clus.<br />
NT : C’était une petite structure, tout le monde se connaissait ?<br />
GvR : A ce moment-là tout le monde se connaissait à peu près.<br />
NT : Monsieur Gibson dans l’<strong>in</strong>terview qu’il a donnée récemment à un historien avait l’air de dire que<br />
Freddy L<strong>in</strong>es avait un caractère difficile…<br />
GvR : Moi je n’ai pas trouvé. J’ai eu de très bonnes relations avec Freddy L<strong>in</strong>es. C’est vrai<br />
qu’il ne plaisait pas à tout le monde. C’est également vrai que curieusement, dans cette<br />
période-là, c’étaient les Anglais – surtout les gens de Farnborough, dont venaient L<strong>in</strong>es,<br />
Crowley, [Sidney] Shapcott – qui essayaient de se rendre maîtres de cette organisation<br />
<strong>in</strong>ternationale qui allait faire des satellites. J’ai assisté avec Jacques Tass<strong>in</strong> à un cocktail un<br />
soir avec L<strong>in</strong>es et Crowley qui tous les deux étaient soûls comme on ne peut pas l’être et donc<br />
disaient la vérité ; cela nous a choqué de voir qu’il y a avait vraiment une politique anglaise<br />
de mettre la ma<strong>in</strong> là-dessus – comme les Français ont fait dix ans après ; c’était la même<br />
méthode.<br />
RO : Et puis vous avez pris vos fonctions de Chef des Contrats à l’ESTEC [le 1 er juillet<br />
1964]…<br />
GvR : Chef des Contrats, oui, à l’ESTEC à Delft. Je compris tout de suite pourquoi je pouvais<br />
faire comme je voulais : j’étais seul ; je n’avais même pas de secrétaire. Je me débrouillais.<br />
Les Conditions générales des Contrats (la fixation des prix, ce qui était admissible ou ne<br />
l’était pas, etc.), je les ai tapées moi-même, à l’hôtel, avant de les défendre devant les autres…<br />
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