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El Watan - Samedi 29 octobre 2011 - 2<br />
INTERNATIONALE<br />
PLUS DE QUARANTE TUÉS ET UNE CENTAINE DE BLESSÉS<br />
<strong>MASSACRE</strong> <strong>À</strong> <strong>HUIS</strong> <strong>CLOS</strong><br />
T<br />
Les engins de guerre de l’armée<br />
syrienne continuent à être utilisés<br />
contre la population<br />
Suite de la page 1<br />
out le monde pensait que<br />
le sort tragique réservé<br />
à Mouammar El Gued-<br />
dafi allait donner à réfléchir<br />
au jeune dictateur alaouite et<br />
mettre fin à sa folie meurtrière.<br />
Erreur. Bachar Al Assad<br />
a frappé avec une sauvagerie<br />
inouïe, aggravant un peu plus<br />
son cas de tueur en série. Et tel<br />
père tel fils, Bachar a dirigé<br />
son arsenal de guerre contre<br />
les populations des régions de<br />
Homs et de Hama qu’il a fait<br />
massacrer sans pitié.<br />
Selon l’Observatoire syrien<br />
des droits de l’homme<br />
(OSDH), 12 civils ont été<br />
tués dans divers quartiers de<br />
la ville de Hama, 20 autres à<br />
Homs et un civil à Qousseir,<br />
dans la région de Homs. Les<br />
deux autres meurtres ont été<br />
commis à Tsil, dans la province<br />
de Deraa (sud). Et ce<br />
n’est pas fini. «Plus de 100<br />
personnes ont été blessées<br />
hier en Syrie et 500 autres<br />
ont été arrêtées à travers le<br />
pays», a affirmé à l’AFP le<br />
chef de l’OSDH, Rami Abdel<br />
Rahmane. Et d’ajouter que<br />
uelques milliers de personnes ont<br />
Q manifesté, hier, sur l’emblématique<br />
place Tahrir, au Caire, pour réclamer le<br />
retour rapide à un pouvoir civil et l’exclusion<br />
des membres de l’ancien régime<br />
de la scène politique, ont rapporté des<br />
correspondants de l’AFP. «A bas le pouvoir<br />
militaire !», ont scandé les manifestants,<br />
en exigeant que l’armée «retourne<br />
dans ses casernes».<br />
Le Conseil suprême des forces armées<br />
(CSFA) est au pouvoir depuis la démission<br />
du président Hosni Moubarak sous<br />
la pression populaire, le 11 février ; il est<br />
la région de Homs a donné<br />
«40% des martyrs de la révolution<br />
syrienne».<br />
C’est donc un autre vendredi<br />
rouge sang que les Syriens<br />
ont vécu hier. Quasiment tout<br />
le pays a été le théâtre de<br />
manifestations réclamant la<br />
chute du régime du président<br />
Bachar Al Assad. Fait inédit,<br />
en de nombreux endroits, une<br />
nouvelle banderole a fait son<br />
apparition : «Nous réclamons<br />
une zone d’exclusion aérienne».<br />
Eh oui, le peuple syrien,<br />
qui résiste stoïquement à plusieurs<br />
boucheries commises<br />
par «le fou de Damas», commence<br />
à en avoir ras-le-bol<br />
de ce massacre à huis clos.<br />
Ces affiches, très visibles<br />
sur les écrans des chaînes en<br />
continu, ont répondu à l’appel<br />
des militants «pro-démocratie»<br />
sur leur page facebook<br />
à manifester en faveur d’une<br />
zone d’exclusion aérienne, à<br />
l’image de la Libye, «afin de<br />
permettre à l’armée syrienne<br />
libre d’œuvrer avec plus de<br />
liberté». Dans leur message,<br />
ces activistes soulignent que<br />
l’Armée syrienne libre est<br />
une force d’opposition armée<br />
dont la création a été «annoncée<br />
en juillet par le colonel<br />
Riad Al Asaad, qui a déserté<br />
et s’est réfugié en Turquie».<br />
Ces déclarations de guerre et<br />
les multiples désertions dans<br />
les rangs de l’armée, qui font<br />
pourtant craindre le pire, ne<br />
semblent pas inquiéter outre<br />
mesure l’apprenti dictateur<br />
qui ordonne invariablement<br />
d’ouvrir le feu sur la foule. Le<br />
scénario libyen est en train de<br />
se vérifier avec une précision<br />
chirurgicale en Syrie.<br />
LE PEUPLE RÉCLAME<br />
UNE ZONE D’EXCLUSION<br />
AÉRIENNE<br />
Le Conseil national syrien<br />
(CNS), qui a fait du refus<br />
de l’intervention étrangère<br />
son credo, risque de changer<br />
d’avis au regard de ces carnages<br />
à répétition commis par<br />
les troupes d’Al Assad. Se<br />
pose alors la question de savoir<br />
ce que fera la mission de<br />
la Ligue arabe à Damas à laquelle<br />
Al Assad a répondu par<br />
un massacre. Cependant, les<br />
Chinois, pourtant alliés sans<br />
réserve du maître de Damas,<br />
commencent à perdre patien-<br />
ÉGYPTE<br />
Nouvelle manifestation<br />
contre le pouvoir militaire<br />
dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui,<br />
ministre de la Défense de M. Moubarak<br />
pendant une vingtaine d’années.<br />
Après une période de grâce, l’armée<br />
est aujourd’hui accusée de bloquer les<br />
réformes et de chercher à se maintenir<br />
au pouvoir.<br />
Les manifestants ont également demandé<br />
la levée de l’état d’urgence, en<br />
vigueur depuis plus de 30 ans, et l’exclusion<br />
des membres de l’ancien régime<br />
de la vie politique. Des militants ont<br />
récemment lancé une campagne contre<br />
les «vestiges» du parti de Moubarak,<br />
ce. L’émissaire spécial de Pékin<br />
pour le Proche-Orient, Wu<br />
Sike, qui a effectué une visite<br />
dans la capitale syrienne, a<br />
appelé à «mettre fin à tous les<br />
actes de violence et à l’effusion<br />
de sang». La Lituanie a<br />
annoncé hier avoir interdit le<br />
survol de son territoire par des<br />
avions syriens à destination<br />
et en provenance de l’enclave<br />
russe de Kaliningrad, craignant<br />
qu’ils ne soient utilisés<br />
pour transporter du matériel<br />
militaire. L’Espagne a convoqué,<br />
hier, l’ambassadeur de<br />
Syrie à Madrid pour dénoncer<br />
«le harcèlement et les<br />
intimidations» dont plusieurs<br />
opposants syriens vivant en<br />
Espagne se disent victimes de<br />
la part de l’ambassade.<br />
C’est dire que de larges segments<br />
de la communauté internationale<br />
commencent à<br />
mieux saisir la couleur des<br />
«réformes» promises par Bachar<br />
Al Assad. Des réformes<br />
dont on ne voit qu’une face<br />
: des dizaines de cadavres<br />
jonchant les rues de Damas,<br />
Idleb, Homs, Hama et toutes<br />
ces villes horriblement tirées<br />
de l’anonymat. H. M.<br />
baptisée Emsek Feloul (attrapez un vestige)<br />
destinée à démasquer les proches<br />
de l’ancien pouvoir qui voudraient se<br />
remettre en selle lors des législatives du<br />
28 novembre. Mais une autre campagne,<br />
cette fois en faveur d’une candidature<br />
du maréchal Tantaoui à la Présidence, a<br />
également vu le jour.<br />
Les premières élections parlementaires<br />
de l’après-Moubarak sont prévues à<br />
partir du 28 novembre. Une présidentielle<br />
est également attendue, mais sa<br />
date exacte, en principe en 2012, n’a pas<br />
encore été annoncée. AFP<br />
PHOTO : AFP<br />
CHRONOLOGIE D’UNE<br />
RÉPRESSION SANGLANTE<br />
◗ MARS<br />
- 15 : à Damas, rassemblement à l’appel d’une page<br />
facebook pour «une Syrie sans tyrannie, sans loi<br />
sur l’état d’urgence ni tribunaux d’exception».<br />
- 18 : manifestations réprimées à Damas, Deraa<br />
(sud) et Banias (nord-ouest)<br />
- 23 : 100 morts à Deraa, foyer de la contestation<br />
- 26/27 : violences meurtrières à Lattaquié (nordouest)<br />
◗ AVRIL<br />
- 18 : Damas dit vouloir mater une «rébellion armée<br />
de groupes salafistes»<br />
- 21: levée de l’état d’urgence et abolition de la<br />
Cour de sûreté de l’Etat<br />
- 25-26 : l’armée entre à Deraa, répression<br />
particulièrement brutale<br />
◗ MAI<br />
-18 : Washington sanctionne Al Assad, suivie le 23<br />
par l’UE<br />
◗ JUIN<br />
- 5/ 6 : 35 morts à Jisr Al Choughour (nord-ouest) ;<br />
120 policiers y sont tués. Damas accuse des<br />
groupes armés ; des témoins évoquent une<br />
mutinerie<br />
- 13 : le déploiement de l’armée s’étend au nordest,<br />
près de l’Irak<br />
- 26 : l’armée étend son offensive à Kseir, proche<br />
du Liban<br />
◗ JUILLET<br />
- 8 : manifestation monstre à Hama, où se rendent<br />
les ambassadeurs des Etats-Unis et de France<br />
- 11 : des partisans du régime attaquent les<br />
ambassades de ces deux pays<br />
- 15 : plus d’un million de manifestants, en<br />
particulier à Hama et Deir Ezzor (est)<br />
- 16 au 19 : au moins 50 tués à Homs (centre) par<br />
des tirs de l’armée ou dans des affrontements<br />
opposants/partisans du pouvoir<br />
◗ AOÛT<br />
- 3 : déclaration du Conseil de sécurité qui<br />
«condamne les violations généralisées des droits<br />
de l’homme et l’usage de la force contre les civils»<br />
- 7 : 54 morts, en grande majorité à Deir Ezzor.<br />
L’Arabie Saoudite rappelle son ambassadeur,<br />
suivie par le Koweït et Bahreïn<br />
- 18 : Barack Obama et ses alliés occidentaux<br />
appellent Al Assad à partir<br />
◗ SEPTEMBRE<br />
- 12/13 : opération militaire d’envergure contre<br />
Hama. Intensification des arrestations et<br />
perquisitions<br />
- 23 : Amnesty International dénonce les<br />
exécutions de prisonniers<br />
◗ OCTOBRE<br />
- 2 : lancement officiel du Conseil national syrien<br />
(CNS) réunissant tous les courants de l’opposition.<br />
- 4 : Veto russo-chinois à l’ONU à un projet de<br />
résolution condamnant le régime<br />
- 13 : 8e train de sanctions de l’UE. Au total, 56<br />
personnes et 19 sociétés visées<br />
- 17 : 44 tués, dont 11 membres de l’armée<br />
régulière, devenue cible des déserteurs armés<br />
- 21 : des militants saluent la «grande victoire» de<br />
la révolution libyenne, au lendemain de la mort de<br />
Mouammar El Gueddafi, capturé et tué à Syrte<br />
- 24 : l’ambassadeur des Etats-Unis quitte la Syrie<br />
pour «raisons de sécurité». Damas rappelle son<br />
ambassadeur à Washington. Amnesty<br />
International dénonce le «climat de peur» dans les<br />
hôpitaux<br />
- 26 : Al Assad reçoit une délégation de la Ligue<br />
arabe, nouvelle réunion prévue le 30<br />
- 28 : 35 civils tués par les forces de l’ordre en<br />
Syrie, où l’opposition a appelé à manifester en<br />
faveur d’une «zone d’exclusion aérienne afin de<br />
permettre à l’armée syrienne libre (des déserteurs)<br />
d’œuvrer avec plus de liberté».