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12 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
saux. Ceux-ci formeront avec lui le tribunal qui doit juger les
chrétiens. Nous sommes ici en plein roman, et ce roman est,
non pas grec ou romain, mais oriental. Déjà les anciens Babyloniens
avaient divisé le monde en quatre régions, selon les
points cardinaux, et le titre (le ar kihr1 arba'i, e. maître des
quatre contrées s, était porté régulièrement par les rois de
Babylone et. d'Assyrie 1 . La division de l'empire d'après les
quatre points cardinaux subsistait encore dans la Perse des
Sassanides et elle se maintint, pendant toute la durée de cette
dynastie 2. D'autre part., l'idée qu'après la mort d'Alexandre
l'iran a été morcelé entre de nombreux d ynastes 3, mais (JUC
les Sassanides, qui ont rétabli leur autorité sur eux, sont
redevenus les maîtres du monde 4, est proprement iranienne.
C'est aussi dans l'Iran que nous transporte la conception tle
« rois » formant un conseil aristocratique que réunit dans
les grandes occasions le Roi des Rois 5. Pourquoi ces rois
sont-ils soixante-douze ? C'est que 72, devenu chez les anciens
été intentionnellement arrondi (cf. infra, p. 13, n. 1). Mais of3' ?iç a pu
facilement être transcrit rJ par la chute d'un des deux f3.
1) Jensen, 1osmoloqie der Babylonier, p. 167 se.. 173.
2) D'après une communication de M. Christensen, qui n traité de cet te question
dans son mémoire sur l'empire des .Sa.»anides (Mém. Ac»d. Copenhaguc, 7 série,
t. I, 1907, p. 11, p. 49. Cf. HObschman,t, Armeni,wJze St0dien, I, p. 119, n° 109;
Herzfeld, Pailculi, p. 155) et qui la reprendra datis un ouvrage plus ample actuelleruent
sous presse.
3) Cf. Nôldeke, Geschichtc des .irdachsir i Papakan fBeit.riige zur Kunde der
lndogerm. Sprachen 1V, Gôttinge.n, 1879, p. 36]. Cc roman pehivi évalue le nombre
des rois n 240, Tabari rapporte le chiffre plus modeste de 90, mais daprès (l'Uerbelot,
Bibliothèque orientale, s. y. Thaoiiaif (p. 864, éd. 1776) : Les historiens de. la
Perse écrivent que les princes qui se partagèrent les Ftate. d'Alexandre montaient
au nombre de 72. »
4) Nôldeke, op. ci!., p. 37 : Sas5n doit parvenir zur Welthcrrscha/l ; P. 42 s.
les astrologues prédisent quun roi refera du monde uti empire unique, ce que
réalise Ardashir. Cf. les Actes de Simon bar lJrirsaliha' (dans Braun, Ausgew.
AkIen Pers. Marlyrer, P. 13 Becijan, II. p. 143), discours des Juifs : Si toi
Roi des Rois maitre de toute la terre. ». Cf. Dele.haye, Actes des martyrs Perses,
p. 440: T f3aÛimq '.al ca7rotv 'riç 6).c oly.o' (mais te. texte Syriaque dit.
seulement « de l'Orient ». I3raun, p. 9'2). Cf. Chrie.Lcnsen. Empire des Sass., p. 88.
- L'idée de la domination universelle du Roi des Rois prend dans Firdousi des
formes hyperboliques; cf. t. I, p. 30, p. (9. trad. Mohi et surtout 73 : O roi
(Zohak), tout cc qui est dans h' monde t'obéit la terre avec ses sept Kishwers
est b toi, tout depuis le firmament jusqu'au fond des mers t'appartient.
5) Christensen, op. ci!., p. 9, p. 21, p. 29. I.e titre de. roi (;ah) était porté non
seulement par les princes du sang mais par le principaux gouverneurs.