DOSSIER Ce - Gouvernement du Québec
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d’agir en cas de problèmes disciplinaires<br />
? Imaginons, de plus, la situation<br />
de celui qui est nommé pour le<br />
lendemain : il ne connaît probablement<br />
pas les lieux, ne sait pas de<br />
quel matériel il peut disposer, etc.<br />
Il ne se passera pas beaucoup de<br />
temps avant que le débutant éprouve<br />
le besoin de discuter avec des collègues<br />
de la situation qu’il vit, à la<br />
fois des satisfactions qu’il ressent et<br />
des difficultés qu’il éprouve, sans se<br />
sentir jugé. Il aura besoin d’être<br />
écouté, aidé, soutenu, conseillé<br />
parfois dans la résolution de problèmes<br />
de toutes sortes qui se<br />
présentent. En plus d’un soutien<br />
pédagogique prévisible constituant<br />
une forme d’adaptation à la fonction,<br />
par exemple la planification à<br />
long terme, il aura besoin d’un soutien<br />
psychologique pour l’aider à<br />
conserver et développer une estime<br />
de soi positive. Débuter, c’est apprendre<br />
un métier ; par conséquent,<br />
il faut voir l’entrée dans la profession<br />
comme une situation d’apprentissage,<br />
une occasion de se développer<br />
comme professionnel compétent.<br />
Le débutant souhaitera donc l’ouverture<br />
<strong>du</strong> milieu qui l’accueille et<br />
la disponiblité de certains collègues<br />
expérimentés. Faute de considérer<br />
toute la gamme des besoins des<br />
nouveaux arrivants, les programmes<br />
d’insertion en négligent souvent une<br />
partie importante.<br />
CLARIFICATION DES BUTS DES<br />
PROGRAMMES D’AIDE À L’INSERTION<br />
Les programmes d’aide à l’insertion<br />
professionnelle s’appuient sur une<br />
grande diversité de buts. Ainsi, de<br />
nombreux programmes de mentorat<br />
ont été instaurés aux États-Unis à<br />
la suite de résultats d’études13 docu-<br />
Photo : Denis Garon<br />
mentant les taux élevés d’attrition<br />
des enseignants <strong>du</strong>rant les trois<br />
premières années de leur pratique.<br />
La justification des programmes<br />
d’aide à l’insertion prend alors<br />
racine dans le besoin de prévenir le<br />
départ des débutants, de rehausser<br />
leur efficacité et leur sentiment de<br />
compétence. Par ailleurs, certains<br />
programmes américains donnent<br />
plutôt une finalité politique à la professionnalisation,<br />
celle de réformer<br />
l’é<strong>du</strong>cation en aidant les débutants<br />
à implanter dans les écoles de nouvelles<br />
façons d’enseigner. D’autres<br />
programmes d’insertion ont plutôt<br />
été conçus pour combler certaines<br />
lacunes de la formation initiale par<br />
une aide centrée sur le développement<br />
d’habiletés de base qui aurait<br />
dû, théoriquement, faire l’objet<br />
de la formation initiale. Des programmes,<br />
enfin, se situent résolument<br />
dans une perspective de formation<br />
continue, prenant la forme<br />
d’une aide indivi<strong>du</strong>alisée comme<br />
occasion de développement professionnel.<br />
La mise au point de<br />
mesures de soutien à l’insertion<br />
Photo : Denis Garon<br />
doit s’appuyer sur une clarification<br />
des intentions.<br />
LES MESURES D’INSERTION ET<br />
CE QU’ELLES RÉVÈLENT DE LA<br />
CULTURE PROPRE À LA PROFESSION<br />
D’ENSEIGNANT ET DU MILIEU<br />
SCOLAIRE<br />
L’accueil par les collègues au<br />
moment de l’entrée en fonction<br />
révèle la qualité et la dynamique de<br />
l’ensemble <strong>du</strong> réseau relationnel <strong>du</strong><br />
groupe professionnel. La familiarisation<br />
<strong>du</strong> débutant avec la culture<br />
de l’organisation se fait souvent par<br />
la relation interpersonnelle avec un<br />
mentor. Ayant généralement l’habitude<br />
de travailler seuls, les enseignants<br />
expérimentés attendent des<br />
demandes d’aide explicites <strong>du</strong><br />
débutant, portant sur des difficultés<br />
précises. Ils éprouvent une réticence<br />
à accepter de jouer un rôle<br />
de modèle, réticence qui se manifeste<br />
entre autres façons par le nonaccès<br />
direct aux pratiques en classe<br />
de l’un et de l’autre. <strong>Ce</strong> refus permet<br />
au mentor de garder privée sa<br />
propre pratique d’enseignement.<br />
On peut concevoir son hésitation à<br />
rendre publique sa pratique, qui<br />
comporte probablement un certain<br />
nombre de difficultés non résolues<br />
ou de problèmes occasionnels, alors<br />
qu’il doit, pour se voir comme<br />
modèle, projeter une image idéalisée<br />
14 . <strong>Ce</strong> fait ne devrait pas nous<br />
surprendre, les enseignants ayant<br />
peu d’expérience de ce qu’exige<br />
le mentorat : un entraînement à<br />
l’observation, des discussions sur<br />
les pratiques d’enseignement, des<br />
habiletés en supervision et en relation<br />
d’aide, etc.<br />
On a pu observer que le mentorat a<br />
souvent pour effet de renforcer une<br />
pratique indivi<strong>du</strong>aliste de l’ensei-<br />
Vie pédagogique 111, avril-mai<br />
1999<br />
gnement. Il ne peut pas constituer<br />
la solution unique aux difficultés<br />
liées à l’insertion ni répondre à tous<br />
les types de besoins ressentis par le<br />
débutant. De plus, ses effets ne sont<br />
pas toujours positifs, le nouvel arrivant<br />
en effet est parfois « digéré »,<br />
on lui fait comprendre les habitudes<br />
à respecter, la façon de<br />
penser. Il peut aussi y avoir exclusion<br />
<strong>du</strong> débutant lorsqu’il ne correspond<br />
pas au « modèle » atten<strong>du</strong>.<br />
Dans un contexte pluriethnique, par<br />
exemple, il peut se révéler difficile,<br />
dans une relation de mentorat, de<br />
faire une place réelle à un débutant<br />
dont la culture scolaire est différente.<br />
On peut regarder autrement la problématique<br />
de l’insertion professionnelle<br />
et se dire que l’école<br />
devrait être modifiée par l’arrivée<br />
des débutants. À cette fin, on pourrait<br />
s’interroger sur la capacité <strong>du</strong><br />
milieu à intégrer les nouveaux, sur<br />
la place faite à leurs apports, sur le<br />
dynamisme renouvelé des équipesécoles<br />
à la suite de leur arrivée.<br />
DES PISTES DE SOLUTION<br />
Le ministère de l’É<strong>du</strong>cation, dans<br />
son document d’orientation faisant<br />
suite aux expérimentations tentées<br />
un peu partout au <strong>Québec</strong>, propose<br />
de faire bénéficier tout nouvel enseignant<br />
de mesures d’accueil permettant<br />
son intégration au milieu et<br />
d’un encadrement professionnel<br />
pendant sa première année d’exercice.<br />
Quelles mesures ont été expérimentées<br />
avec succès et quels sont<br />
ceux et celles qui doivent se sentir<br />
touchés par ces mesures ? A-t-on<br />
des indices sur les conditions qui<br />
favorisent l’efficacité de ces mesures?<br />
Quelles pistes proposer aux universités<br />
?<br />
PÉDAGOGIQUE 15<br />
<strong>DOSSIER</strong>