DOSSIER Ce - Gouvernement du Québec

discuté, on a consulté le schéma, on
a fait quelques changements. Il a
fallu tenir compte de certaines contraintes
: par exemple, le moteur
devait être facilement accessible
pour faciliter les branchements
électriques. On essayé, on a fait
quelques ajustements, on a recommencé,
comme de véritables spécialistes,
contremaîtres ou ingénieurs !
Quelle atmosphère de travail fantastique
! Quels moments magiques !
RÉDACTION DU RÉCIT
Suivant le plan élaboré en compagnie
des plus jeunes, les élèves de
6 e année ont rédigé le récit, l’ont
amélioré et en ont fait des textes
dignes d’enfants de leur âge. Le
récit terminé, nous nous sommes
rendus de nouveau dans la classe
de Micheline afin d’en faire la lecture.
Le vocabulaire et les structures
de phrases un peu longues
étaient parfois difficiles pour les
plus jeunes. Il s’ensuivit un gros travail
sur la compréhension de texte.
Pour les élèves de ma classe, tout
pouvait les aider à faire comprendre,
par exemple : une règle souple
se transformait en pont, tandis
qu’un porte-crayons devenait un
bateau, et il leur était possible alors
de représenter les événements du
récit ; les phrases complexes devenaient
ainsi plus compréhensibles.
Dans chaque équipe, ce sont eux
qui devaient s’assurer de la compréhension
du vocabulaire chez les
élèves de la classe-ressource afin
que les jeunes puissent raconter
le récit dans leurs mots. Ce fut, là
aussi, une période laborieuse.
PROGRAMMATION DES ROBOTS
ET PRODUCTION D’UN LIVRE
Pendant que les élèves de 6 e ont
programmé les robots à l’aide de
l’ordinateur, dans la classe de
Micheline c’était l’effervescence.
Les plus jeunes se sont approprié le
texte du récit en le réécrivant selon
leurs habiletés et l’ont illustré à
l’ordinateur à l’aide de Kid Pix. Ces
élèves ont ensuite imprimé leur
recueil en couleur et ont relié le
tout, obtenant ainsi un livre de leur
cru. Les résultats sont étonnants :
c’est magnifique !
Puis, chaque élève de la classeressource
a entrepris de fabriquer
une maquette représentant les lieux
où évoluerait le robot déjà construit.
Ce fut l’occasion d’un appren-
tissage coopératif. En grand groupe,
les équipes ont reçu les suggestions
des autres et ont échangé des idées
sur la façon de concrétiser le décor
approprié. Puis chaque enfant s’y
est mis avec ardeur et patience :
carton, papier journal, colle, matériaux
de recyclage variés ont été mis
à leur disposition : la classe est
devenue un véritable chantier de
construction où s’affairaient architectes,
techniciens, maîtres d’œuvre
et ouvriers. C’est dans la bonne
humeur, la collaboration et la camaraderie
que s’est accompli tout ce
travail, parfois au son de la musique.
Quelle superbe semaine ! Les jeunes
étaient des plus heureux.
Entre-temps, dans le laboratoire
d’informatique, il y a eu une initiation
des plus jeunes au logiciel Logo
writer. Guidés par les élèves de 6 e ,
les jeunes ont donné des ordres à la
tortue, qui les exécutait aussitôt.
Cela leur a permis de comprendre
que l’on pouvait donner des ordres
aux robots qui devaient les exécuter
par la suite. Puis, les élèves de 6 e
ont organisé des séances de robotisation
à l’ordinateur en intégrant
les élèves qui leur étaient associés.
Un sourire s’esquissait, les yeux
s’agrandissaient lorsque les robots
se mettaient en mouvement. Le fantastique
devenait réel, les robots
fonctionnaient, c’était merveilleux !
Enfin, ce fut la présentation des
récits, livres, maquettes et robots à
l’ensemble des élèves et au person-
nel de l’école ainsi qu’aux parents.
Les élèves de 6 e se sont alors effacés
et ont laissé la place aux plus jeunes
de la classe-ressource. En effet,
c’est le plus jeune qui a présenté sa
maquette et qui a raconté son récit,
dont le héros était un robot qui fut
branché à l’ordinateur afin de
démontrer ses possibilités de mouvement.
On a fait admirer également
le livre réalisé par les plus
jeunes. L’assistance émerveillée a
été surprise de la performance
de ces enfants, les parents étaient
émus, admirant les jeunes qui
s’étaient surpassés et qui étaient
maintenant ravis et tellement fiers !
CONSÉQUENCES
D’UN TEL PROJET
POUR LES ÉLÈVES DE
LA CLASSE-RESSOURCE
Parce que les élèves de 6 e année les
encourageaient, les félicitaient, les
soutenaient, parce qu’il leur serait
possible de présenter leurs créations,
parce que les robots, les
maquettes, les ordinateurs, les histoires,
c’étaient leur passion, les
jeunes étaient motivés et intéressés
en cette fin d’année scolaire. Ces
enfants fournissaient donc les
efforts nécessaires, développaient
pleinement leur potentiel et, même,
se surpassaient. Quel plaisir de
découvrir sa capacité de réaliser de
grandes et belles choses. Leur
estime de soi a donc grandi. Fiers
de leurs réalisations, fiers d’avoir
surmonté leurs incertitudes, leur
peur de l’inconnu et des difficultés,
ces jeunes avaient maintenant
acquis suffisamment de confiance
en eux pour relever de nouveaux
défis. Comme le soulignait Claude
Dombrowski, infirmière en santé
scolaire : « [...] dans une société
où l’on valorise l’intelligence, la
beauté, le prestige, ces enfants
ont eu la chance de développer la
persévérance, le dépassement de
soi, l’estime de soi et une très
grande valeur souvent négligée : la
créativité ».
POUR LES ÉLÈVES DE 6 E ANNÉE
Tout au long des neuf semaines qu’a
duré ce projet, mes élèves ont
appris à communiquer avec les
jeunes, à respecter leurs différences
et les voient maintenant d’un œil
différent. Il leur a fallu être attentifs,
aidants, respectueux ; l’occasion de
faire des compromis, d’être tantôt
des apprentis, tantôt des guides leur
a été donnée. Ces élèves ont aussi
appris la patience de faire comprendre
des choses aux autres et se
sont découvert des capacités de collaboration
et de création. Leur plus
grande satisfaction, c’est d’avoir aidé
les jeunes de la classe-ressource à
réaliser quelque chose qui les a
valorisés d’une façon extraordinaire
et qui leur a tellement fait plaisir.
Bref, les grands de 6 e année ressentaient
une grande fierté.
Ce genre de projet nous fait apprécier
notre métier d’enseignant et
d’enseignante. Durant toutes ces
semaines, les élèves ont grandi
quelque part... et moi avec eux.
Angèle Prémont est enseignante
à l’école Clair-Soleil, à Saint-
Nicolas, (Commission scolaire
des Navigateurs).
1. La ville de Saint-Nicolas est située sur la
rive sud du fleuve Saint-Laurent, à l’ouest
de la rivière Chaudière, tout près du pont
de Québec. L’école Clair-Soleil y accueille
des enfants de la maternelle à la 6 e année
pour ce qui est des classes ordinaires,
ainsi que des enfants ayant un handicap
intellectuel regroupés dans trois classesressources.
2. La classe-ressource s’adresse aux élèves
qui ont des besoins particuliers, soit au
regard du développement cognitif ce qui
se traduit par une nécessité constante de
recourir à un mode de raisonnement
d’ordre concret, soit au regard de l’autonomie
personnelle et sociale, soit encore
au regard du développement sensoriel,
moteur et de la communication.
VIE 42 Vie pédagogique 111, avril-mai
1999