DOSSIER Ce - Gouvernement du Québec
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<strong>DOSSIER</strong><br />
de savoir qu’il a été conçu, non<br />
pas par un gars <strong>du</strong> MEQ assis derrière<br />
son bureau, mais par<br />
l’entreprise et pour l’entreprise.<br />
Finalement, ta structure pédagogique<br />
a été faite par le Ministère,<br />
mais les besoins, eux, viennent<br />
<strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail. C’est important<br />
de respecter ça. Et, on sait<br />
que quelqu’un de convaincu, c’est<br />
beaucoup plus convaincant. »<br />
Claude, quant à lui, tient à souligner<br />
que le plus grand changement<br />
« c’est que ça correspondait à nos<br />
besoins premiers ». Pour arriver à<br />
monter un mo<strong>du</strong>le en charpenteriemenuiserie,<br />
il estime qu’il avait<br />
besoin d’aide technique relativement<br />
à son programme, mais aussi<br />
et surtout d’aide pédagogique. Il<br />
entend par là tout l’accompagnement<br />
dont il a pu bénéficier, aussi<br />
bien l’encadrement de son mentor<br />
que l’appui de ses collègues. C’est<br />
un point qui ranime chez tous<br />
d’heureux souvenirs.<br />
Par exemple, pour Paul-Émile : « La<br />
formule <strong>du</strong> mentorat a amené<br />
une complicité qu’on ne trouvait<br />
pas à l’université. Dans un groupe<br />
de 30, ce n’est pas évident, surtout<br />
lors d’un cours magistral,<br />
d’être à l’aise. Avec la formule <strong>du</strong><br />
mentorat, on se rencontrait régulièrement<br />
les fins de semaine,<br />
[histoire de faire avancer le travail<br />
par des explications et conseils de<br />
Daniel sur les activités à faire].<br />
« C’était très convivial, il y avait à<br />
travers ça des échanges d’idées<br />
très enrichissants, chose qu’on<br />
n’avait pas à l’université. On pouvait<br />
partager nos impressions sur<br />
comment ça avait été, nos trucs,<br />
notre méthode de fonctionnement<br />
avec un groupe, dans tel genre de<br />
mo<strong>du</strong>le, etc. Ça a été aussi enrichissant,<br />
ce côté humain-là, que<br />
l’étude <strong>du</strong> programme en ellemême.<br />
»<br />
Claude précise : « Si quelqu’un se<br />
sentait inquiet quant à sa façon<br />
de procéder, eh bien, il recevait les<br />
idées de l’un, puis de l’autre…<br />
Quand je sortais de la rencontre,<br />
j’avais de la paperasse à faire,<br />
mais au moins j’étais orienté sur<br />
la façon de la faire, puis j’avais<br />
été stimulé par tout le groupe.<br />
J’étais prêt à repartir. Et je savais<br />
que la paperasse que j’allais faire,<br />
elle allait me servir dès le lendemain<br />
dans mon cours. »<br />
Gilles reprend, pour son compte :<br />
« C’était utile… on le sentait très<br />
bien. Et utilisable tout de suite. Je<br />
ne sais pas combien de fois, le<br />
lendemain, ce que j’avais vu me<br />
mettait sur la piste de ce dont<br />
j’avais besoin. »<br />
« Il faut préciser, intervient Daniel<br />
Gélineau, que ce n’était pas “un<br />
bobo, un diachylon”, il y avait<br />
aussi de la guérison à long terme.<br />
Ça peut servir le lendemain,<br />
comme dans six mois, dans un an<br />
ou dans cinq ans. Si un programme<br />
change demain matin, je<br />
vais vous voir très à l’aise avec ça.»<br />
Les propos vont et viennent, une<br />
pensée constructive anime la conversation<br />
qui, de fil en aiguille et<br />
sans que personne n’y ait prêté trop<br />
attention, nous con<strong>du</strong>it jusqu’à<br />
l’heure <strong>du</strong> souper. Avant que nous<br />
nous quittions, ces enseignants qui<br />
parlent fièrement de leur travail<br />
et de l’insertion qu’ils ont vécue<br />
tiennent à exprimer à leur mentor<br />
la reconnaissance qui lui est <strong>du</strong>e.<br />
Ils ont apprécié sa générosité, ses<br />
compétences à les guider si adroitement<br />
et, somme toute, sa personnalité<br />
affable. Quand on leur<br />
demande quelle qualité doit assurément<br />
posséder un bon mentor, ils<br />
répondent à la rigolade : « Qu’il<br />
aime la bière ! »<br />
Les éclats de rire s’émoussent,<br />
Daniel Gélineau n’ajoute rien. Il<br />
trouve sans doute la récompense de<br />
son infatigable labeur dans l’estime<br />
L’AUTOROUTE DE LA FORMATION :<br />
LES APPORTS DU FORUM TÉLÉMATIQUE<br />
par Guy Corriveau<br />
Depuis la réforme <strong>du</strong> ministère<br />
de l’É<strong>du</strong>cation, en 1994,<br />
qui prescrit pour la formation<br />
des futurs enseignants la tenue<br />
d’au moins 700 heures de stages,<br />
les facultés universitaires des sciences<br />
de l’é<strong>du</strong>cation connaissent une nouvelle<br />
impulsion. Appelées à plus de<br />
supervision de la formation pratique,<br />
elles voient dans la recherche<br />
sur le terrain et ses contributions<br />
l’occasion de surmonter le clivage,<br />
souvent décrié, entre une formation<br />
universitaire trop théorique et l’exercice<br />
de l’enseignement. L’expérience<br />
d’un forum télématique,<br />
tenté conjointement par l’Université<br />
<strong>du</strong> <strong>Québec</strong> à Trois-Rivières (UQTR)<br />
et l’Université <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> à Montréal<br />
(UQAM), entre dans cette foulée.<br />
Ainsi, de 1995 à 1997, certains stagiaires<br />
de divers programmes d’enseignement<br />
au secondaire traditionnellement<br />
invités à remettre en fin<br />
de stage un rapport élaboré au<br />
fil <strong>du</strong> temps, ont accepté plutôt<br />
de contribuer quotidiennement<br />
à des<br />
réflexions et à des<br />
échanges télématiques<br />
sur leur pratique,<br />
pendant toute la période<br />
de leur prise en<br />
charge d’une classe.<br />
Les groupes télématiques<br />
comptaient,<br />
selon les sessions, de<br />
six à quinze interlocuteurs,<br />
à savoir des<br />
stagiaires, des enseignants<br />
associés et des<br />
superviseurs universi-<br />
taires. <strong>Ce</strong> processus, plus dynamique<br />
que le journal de bord, visait<br />
à favoriser chez les futurs enseignants<br />
l’exercice assi<strong>du</strong> et gra<strong>du</strong>el<br />
d’une pratique réflexive, alimentée<br />
par un questionnement critique<br />
entre partenaires. Il devait aussi<br />
permettre aux superviseurs universitaires,<br />
en dialogue constant avec<br />
leurs étudiants dispersés à des kilomètres<br />
à la ronde, d’analyser leurs<br />
besoins réels en cours de formation.<br />
M. Jean Loiselle, professeur au<br />
Département des sciences de l’é<strong>du</strong>cation<br />
de l’UQTR, a pris part à cette<br />
expérience et aux recherches qui<br />
en ont découlé 1 . Il explique comment<br />
les stagiaires intéressés au<br />
projet télématique recevaient une<br />
formation de base sur le courrier<br />
électronique, et comment, après<br />
entente avec les commissions scolaires<br />
en cause, ils ont pu avoir<br />
accès à un ordinateur. Une adresse<br />
électronique leur permettait d’envoyer<br />
au besoin un message aussitôt<br />
JEAN LOISELLE<br />
que lui portent ses derniers novices.<br />
Pourtant, cet homme d’audace, qui<br />
parle encore des plans qu’il échafaude<br />
pour un improbable quatrième<br />
cours, pourrait à juste titre<br />
accepter des éloges. Son projet sans<br />
précédent a soulevé l’intérêt, l’an<br />
dernier, à la Table des responsables<br />
en é<strong>du</strong>cation des a<strong>du</strong>ltes au<br />
<strong>Québec</strong>. Près d’une trentaine de<br />
personnes, pour la plupart des<br />
conseillers pédagogiques, voulaient<br />
acheter le cours expérimenté ici, au<br />
<strong>Ce</strong>ntre de formation professionnelle<br />
24-Juin. Mais comme il reste toujours<br />
ici et là quelques résistances à<br />
surmonter…<br />
redistribué à tous les participants<br />
<strong>du</strong> groupe. À leur tour, les enseignants<br />
associés, les superviseurs ou<br />
les autres stagiaires souhaitant réagir<br />
à ce message écrivaient à la<br />
même adresse, de sorte que tous les<br />
usagers pouvaient suivre les discussions<br />
et y participer. Pour arriver à<br />
une telle ouverture d’esprit et à la<br />
confiance qui en est le corollaire,<br />
souligne-t-il toutefois, il était communément<br />
enten<strong>du</strong> de ne rien ébruiter<br />
à l’extérieur <strong>du</strong> groupe de ce qui<br />
s’y disait.<br />
Sans verser dans l’indiscrétion,<br />
nous avons voulu savoir ce qui, de<br />
fait, s’y disait.<br />
COUP D’ŒIL SUR<br />
LES ÉCHANGES D’IDÉES<br />
Au départ, relate Jean Loiselle, l’invitation<br />
était simple : « Si vous vivez<br />
des situations difficiles, si vous<br />
avez des questions, des réflexions<br />
dans la journée, nous vous<br />
encourageons à les partager : des<br />
gens, avec une certaine expertise,<br />
vont pouvoir y réagir. Mais ditesnous<br />
aussi ce que vous en pensez,<br />
quelle analyse vous faites de ce<br />
qui s’est passé, les causes que<br />
vous pouvez imaginer, etc. »<br />
Tant et si bien que pendant les<br />
quatre sessions où s’est tenu le<br />
forum, les participants ont confié<br />
leurs difficultés en réseau, soumettant<br />
à la réflexion <strong>du</strong> groupe les<br />
aléas de leur première plongée<br />
dans la profession. Les situations le<br />
plus souvent rapportées, selon une<br />
analyse faite a posteriori, touchaient<br />
essentiellement à la gestion<br />
VIE 36 Vie pédagogique 111, avril-mai<br />
1999