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DOSSIER Ce - Gouvernement du Québec

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d’un écrivain qui est, en général, le<br />

fruit d’ébauches successives.<br />

Prenons un exemple. Les remarques<br />

collectives sont formulées sous<br />

forme d’une liste de critères (dressée<br />

en employant les formulations<br />

des enfants) de ce qui caractérise,<br />

selon eux, un conte. <strong>Ce</strong>t outil jouera<br />

ensuite trois rôles : guide d’écriture,<br />

instrument de régulation facilitant<br />

la réécriture et outil d’évaluation.<br />

Différentes évaluations<br />

peuvent, à l’aide de cet outil, être<br />

faites par l’élève ou les camarades<br />

(dans un esprit d’entraide) ou par<br />

le maître.<br />

Il est très souvent nécessaire de<br />

préciser, à l’avance, que l’évaluation<br />

de l’enseignant ne prendra en<br />

compte que trois ou quatre points<br />

de l’outil utilisé comme grille<br />

d’évaluation en vue d’éviter de<br />

disperser l’attention (et de rendre<br />

l’usage de la grille inefficace, si<br />

l’élève se sent, de nouveau, « noyé »<br />

dans la multiplicité des exigences et<br />

des attentes qui le paralysent).<br />

On peut espérer qu’un tel outil sera<br />

repris deux ou trois ans plus tard.<br />

L’enseignant sortira l’affiche rédigée<br />

à propos <strong>du</strong> conte, afin de la faire<br />

modifier et enrichir ou de faire<br />

construire un autre outil portant sur<br />

un champ plus particulier comme<br />

le conte fantastique, le conte de<br />

quête ou encore le conte parodié.<br />

Premier avantage : le nouvel enseignant<br />

prendra appui sur des connaissances<br />

acquises précises et<br />

non, comme c’est le cas actuellement,<br />

sur des souvenirs très vagues.<br />

Second avantage : les enfants éprouveront<br />

le besoin de remanier les<br />

formulations anciennes, d’employer<br />

un vocabulaire plus juste, ce qui<br />

leur permettra de constater le<br />

chemin qu’ils ont parcouru en deux<br />

ou trois ans et les progrès qu’ils ont<br />

accomplis vers une maîtrise, progressive,<br />

<strong>du</strong> savoir.<br />

Le caractère évolutif des outils construits<br />

dans de tels projets d’écriture<br />

Photo : Denis Garon<br />

peut être retrouvé dans les outils<br />

méthodologiques et dans les outils<br />

civiques que nous avons mentionnés<br />

ci-dessus. Dans un mois, un an<br />

ou plus, on pourra reprendre, compléter<br />

ou reformuler les outils déjà<br />

rédigés (ex. : « Comment mieux apprendre<br />

une leçon ? » ou « Quelles<br />

règles doit-on respecter en salle de<br />

sports ? ») .<br />

DES OUTILS PARTICULIERS ET DES<br />

OUTILS INTERDISCIPLINAIRES<br />

<strong>Ce</strong>rtains outils sont propres à une<br />

discipline ou à une fraction d’une<br />

discipline. Ainsi, en français, on<br />

peut faire construire des outils en<br />

écriture (autour de tel ou tel type<br />

de textes), mais aussi en conjugaison<br />

(ex. :« Quelles sont toutes les<br />

actions que je dois faire successivement<br />

pour bien utiliser mon livre de<br />

conjugaison, lorsque je me pose<br />

une question sur la terminaison<br />

d’un verbe ? ») ou en orthographe<br />

(ex. : « Comment dois-je utiliser le<br />

classement par grands types d’erreurs<br />

que nous avons établi ? »).<br />

Il y a également des outils collectifs<br />

relatifs à l’instruction civique, depuis<br />

les plus classiques (ex. : « Écrire un<br />

règlement de la classe pour la cour<br />

de récréation ») jusqu’aux plus<br />

originaux (« Comment écrire un<br />

projet de loi, sur un sujet qui nous<br />

préoccupe, à la manière des députés<br />

et des ministres ? »).<br />

Les outils collectifs conçus en mathématiques<br />

peuvent porter, par<br />

exemple, sur « la façon d’analyser<br />

les énoncés de problèmes », ce qui<br />

con<strong>du</strong>it à un travail rigoureux sur<br />

l’information.<br />

En é<strong>du</strong>cation physique, on peut<br />

faire construire des outils analytiques<br />

sur « ce qu’il faut faire pour<br />

nager vite, lancer loin ou grimper<br />

efficacement. »<br />

En arts plastiques, en musique ou<br />

en poésie, pourquoi ne pas faire<br />

construire des outils autour d’un<br />

type d’œuvres ou des spécificités <strong>du</strong><br />

style d’un artiste (ex. : « Qu’est-ce<br />

qui nous permet de savoir qu’une<br />

œuvre musicale est un concerto et<br />

non une symphonie » ou « Qu’est-ce<br />

qui nous permet de reconnaître un<br />

tableau de Miro ? »).<br />

Des outils méthodologiques –<br />

propres ou non à une discipline –<br />

peuvent permettre de fixer « la liste<br />

des questions particulières que l’on<br />

doit se poser à propos de tel ou tel<br />

type de documents : historiques,<br />

scientifiques, géographiques (cartes,<br />

graphiques, schémas, textes anciens,<br />

etc.) ». D’autres outils méthodologiques<br />

généraux peuvent évoquer<br />

« ce que l’on doit faire pour<br />

rechercher de l’information à la<br />

bibliothèque » ou pour « présenter<br />

un exposé ».<br />

D’une manière générale, tous ces<br />

outils partent de la conviction <strong>du</strong><br />

maître qu’il ne suffit pas que<br />

quelques élèves réussissent, aujourd’hui,<br />

à écrire un joli conte, à s’interroger<br />

sur la carte qui leur a été confiée<br />

ou à reconnaître que tel extrait<br />

musical est un concerto.<br />

Il faut plutôt que tous les élèves se<br />

dotent d’outils d’analyse bien structurés,<br />

élaborés par eux et qui leur<br />

permettront de pérenniser leurs<br />

compétences éphémères, puis de<br />

les employer à bon escient.<br />

Les exemples ci-dessus permettent<br />

de sentir que tous ces outils, dans<br />

leur extrême diversité apparente<br />

ont de nombreux points communs<br />

:<br />

•Tous sont la condensation d’une<br />

réflexion collective qui a fait<br />

l’objet de discussions entre élèves<br />

et d’interactions, toujours très<br />

enrichissantes quand leur objet<br />

est clairement défini.<br />

•Chaque outil est particulier,<br />

porte sur un sujet précis qui peut<br />

avoir un titre et est adapté à son<br />

objet spécifique.<br />

•Chacun aide à la mémorisation<br />

de ce qui a été découvert ensemble.<br />

•Chacun permet de déboucher sur<br />

une série d’actions, parfois collectives,<br />

parfois indivi<strong>du</strong>elles,<br />

telles qu’« inventer, seul ou en<br />

petits groupes, un conte fantastique,<br />

un mode d’emploi, une<br />

recette de cuisine, une règle de<br />

jeu collectif ou rédiger un projet<br />

de loi sur la défense des arbres,<br />

inventer une machine à écrire des<br />

énoncés de problèmes, écrire les<br />

cinq questions à se poser quand<br />

on regarde une photo aérienne,<br />

peindre des tableaux à la manière<br />

de... en vue d’une exposition destinée<br />

aux parents, etc »...<br />

•Chacun peut, après l’action, contribuer<br />

à la réflexion sur l’action<br />

(métacognition), c’est-à-dire la<br />

régulation de cette action, son<br />

évaluation par l’élève, ses camarades<br />

ou l’enseignant.<br />

<strong>Ce</strong>s modestes outils, ces « modèles »<br />

provisoires, bricolés dans la classe,<br />

contribuent surtout, comme nous le<br />

rappelle Claude Garcia-Debanc, à<br />

un guidage de l’action, dans la<br />

mesure où ils fournissent une information<br />

structurée, assimilée, disponible<br />

à tout instant, utile à la régulation<br />

de l’activité. Ils ne doivent<br />

jamais bloquer la créativité. Les<br />

transgressions créatives et les enrichissements<br />

doivent rester possibles.<br />

Toute transgression des<br />

procé<strong>du</strong>res ou des critères – déterminés<br />

en commun et figurant dans<br />

un outil – doit pouvoir être justifiée.<br />

Elle doit être volontaire, porteuse<br />

de sens, et non le fruit d’un oubli ou<br />

<strong>du</strong> seul hasard (ex. : « J’ai fait<br />

exprès de ne pas respecter le point<br />

n o 3 de la grille, parce que je trouve<br />

que cela fait une impression plus<br />

forte » ou « Nous autoriserons<br />

exceptionnellement les petits de C.P.<br />

à ne pas respecter le point n o 5 de<br />

VIE 46 Vie pédagogique 111, avril-mai<br />

1999<br />

Photo : Denis Garon

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