Alternatives : Var et Alpes-Maritimes Alternatives - Silence
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DR<br />
Un jardin tout en terrasses.<br />
davantage sur l’extérieur, en accueillant<br />
un public plus large au sein d’un camping<br />
participatif. Ce lieu est prévu comme un<br />
lieu d’expérimentation sociale politiquement<br />
engagé, mais aussi un lieu<br />
d’échange <strong>et</strong> de partage, autour d’activités<br />
ludiques, artistiques, culturelles, environnementales.<br />
La question du foncier<br />
Que devient alors la ferme des <strong>Alpes</strong>-<br />
<strong>Maritimes</strong> ? La vendre, c’est prendre le<br />
risque d’y voir s’y installer un riche<br />
Monégasque pour qu’elle devienne une<br />
résidence secondaire. Pendant la recherche<br />
d’un nouveau lieu, Cravirola a pris<br />
conscience de ce qu’est devenu le marché<br />
du foncier agricole. Des terres de plus en<br />
plus inaccessible aux personnes qui<br />
cherchent à s’installer, victimes d’une<br />
spéculation immobilière outrancière.<br />
La coopérative s’est alors lancé un<br />
autre défi : financer l’achat du nouveau<br />
lieu sans vendre la ferme à La Brigue, <strong>et</strong><br />
transm<strong>et</strong>tre celle-ci à un groupe qui<br />
(1) REPAS, Réseau d’échanges <strong>et</strong> de pratiques alternatives<br />
<strong>et</strong> solidaires, Association le MAT, Le Viel Audon,<br />
07120 Balazuc, tél : 04 75 37 73 80 ; RELIER, Réseau<br />
d’expérimentations <strong>et</strong> de liaisons des initiatives en<br />
espace rural, 10, rue Archinard, 26400 Crest, tél : 04<br />
75 25 44 90.<br />
(2) Terre de liens, 10, rue Archinard, 26400 Crest,<br />
tél : 04 75 59 69 35.<br />
(3) Les souscriptions sont dès à présent ouvertes !<br />
(4) Enfin, à ceux qui cherchent des informations plus<br />
détaillées, celles <strong>et</strong> ceux aussi qui veulent agir concrètement<br />
contre la spéculation foncière <strong>et</strong> soutenir<br />
Terres Communes, rendez-vous sur les sites intern<strong>et</strong> :<br />
www.terrescommunes.fr ou www.cravirola.com.<br />
cherche à s’installer avec un proj<strong>et</strong> agricole<br />
<strong>et</strong> engagé. Deuxième objectif : faire<br />
en sorte que la propriété de la Ferme<br />
Cravirola, jusque là au nom d’Axel, devienne<br />
durablement collective <strong>et</strong> que cela<br />
soit aussi le cas pour le domaine dans<br />
l’Hérault.<br />
Les recherches sur les structures de<br />
propriété collective existantes, menées<br />
entre autre avec l’aide de l’association<br />
Terre de Liens (2), ont vite abouti à un<br />
constat : la forme la plus habituelle, la<br />
SCI, serait complètement inadaptée à ce<br />
proj<strong>et</strong>. En eff<strong>et</strong>, celle-ci pose souvent<br />
problème en cas du départ d’un des sociétaires.<br />
Elle ne règle en rien la question de<br />
la transmission <strong>et</strong> de l’héritage. Mais<br />
surtout, elle ne perm<strong>et</strong> pas de faire appel<br />
aux « sympathisants » sans que ceux-ci<br />
deviennent responsables envers les banques<br />
de l’emprunt qui sera souscrit pour<br />
financer l’achat du nouveau lieu. C<strong>et</strong>te<br />
dernière incompatibilité, qui aurait été la<br />
même pour tout autre forme de société de<br />
personnes, a amené à réfléchir une nouvelle<br />
structure de propriété collective<br />
sous forme d’une société de capital.<br />
Terres Communes<br />
Des mois d’études du code du commerce<br />
<strong>et</strong> de la littérature spécialisée ont<br />
abouti au choix de la « Société par<br />
actions simplifiée » (SAS). C<strong>et</strong>te forme<br />
juridique relativement nouvelle a été<br />
inventée pour proposer aux entreprises<br />
une alternative aux SA <strong>et</strong> SARL, plus<br />
strictement réglementées <strong>et</strong> lourdes à<br />
gérer. Cadeau aux marchés mondialisés<br />
donc, qui peut néanmoins se détourner à<br />
des fins plus libertaires que libérales.<br />
Ainsi est née la SAS Terres Communes.<br />
C<strong>et</strong>te société deviendra propriétaire de la<br />
ferme des <strong>Alpes</strong>-<strong>Maritimes</strong> <strong>et</strong> du Domaine<br />
du Bois dans l’Hérault, mais aussi<br />
du Suc en Ardèche, un lieu où vit <strong>et</strong> travaille<br />
un groupe lui aussi à la recherche<br />
d’une forme de propriété irréversiblement<br />
collective.<br />
La loi accorde aux SAS une grande<br />
liberté dans la rédaction de leurs statuts.<br />
Dans ceux de Terres Communes sont dissociés<br />
le capital apporté <strong>et</strong> le pouvoir, qui<br />
sera partagé entre deux types d’actionnaires<br />
: un premier collège composé des<br />
collectifs usagers des lieux <strong>et</strong> auquel<br />
reviendra 48 % des voix à l’assemblée de<br />
la société malgré un faible apport au capita<br />
; un deuxième collège, dans lequel se<br />
r<strong>et</strong>rouvent tous les autres actionnaires,<br />
qui se partageront les 52 % de voix<br />
restants en respectant le principe<br />
coopératif d’une personne égal une voix.<br />
SILENCE N°342 13<br />
Janvier 2007<br />
Dans ce deuxième groupe se trouveront<br />
les anciens propriétaires de la<br />
Ferme Cravirola <strong>et</strong> du Suc, qui auront<br />
reçu des actions à hauteur de leurs<br />
apports. Ils auront désormais le même<br />
pouvoir que les nombreux amis <strong>et</strong> sympathisants<br />
des trois proj<strong>et</strong>s, qui eux deviendront<br />
actionnaires de Terres Communes à<br />
partir d’un apport de 500 € (3).<br />
Rien n’obligera la SAS ou ses actionnaires<br />
à rach<strong>et</strong>er les parts d’un sociétaire<br />
qui voudrait quitter Terres Communes.<br />
Celui-ci devra présenter un ach<strong>et</strong>eur<br />
potentiel <strong>et</strong> le faire accepter par l’assemblée<br />
des actionnaires.<br />
Toutes les décisions importantes de la<br />
société, par exemple la résiliation d’un<br />
bail entre Terres Communes <strong>et</strong> un des collectifs<br />
usagers, seront prise par une<br />
majorité renforcée de 75 % des voix. Des<br />
décisions difficiles à prendre donc, qui<br />
nécessiteront de discuter <strong>et</strong> de convaincre<br />
un grand nombre d’autres actionnaires.<br />
De c<strong>et</strong>te manière, Terres Communes<br />
aura un fonctionnement profondément<br />
démocratique <strong>et</strong> respectera les intérêts<br />
des groupes habitant les lieux.<br />
En contrepartie de la jouissance des<br />
lieux, les collectifs usagers s’engagent au<br />
respect de principes élaborés en commun :<br />
le maintien d’un usage agricole des terres,<br />
un mode de production proche des<br />
DR<br />
Chantier-théätre.<br />
valeurs de l’agriculture paysanne, la<br />
recherche pour chaque proj<strong>et</strong> d’une<br />
autonomie économique, la solidarité<br />
entre groupes, l’ouverture <strong>et</strong> l’engagement<br />
vers l’extérieur.<br />
Terres Communes peut accueillir<br />
d’autres collectifs qui veulent sortir de la<br />
propriété individuelle <strong>et</strong> qui partagent les<br />
mêmes valeurs. A ceux qui envisagent de<br />
s’en inspirer, elle propose son aide pour<br />
monter leur propre structure (4).<br />
Aymeric Mercier ■<br />
Coopérative Cravirola, 06430 La Brigue,<br />
tél : 04 93 04 70 65, cravirol@club-intern<strong>et</strong>.fr