Alternatives : Var et Alpes-Maritimes Alternatives - Silence
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Marie Clem’s<br />
Anne Joly a fait des études d’architecte<br />
à Paris. Elle y étudie l’apparition<br />
des mégalopoles qui se développent<br />
très rapidement dans les pays du<br />
Sud. Elle commence alors à s’interroger<br />
sur ce phénomène d’attirance pour la<br />
ville, qui se prolonge par la multiplication<br />
des bidonvilles, <strong>et</strong> s’interroge sur la possibilité<br />
de proposer une autre forme de<br />
développement décentralisé qui perm<strong>et</strong>trait<br />
aux ruraux de rester sur leur terre<br />
tout en développant des activités complémentaires<br />
aux activités traditionnelles.<br />
Elle essaie alors de penser à un mode de<br />
développement plus autonome qui repose<br />
sur un habitat plus économe, utilisant les<br />
ressources locales <strong>et</strong> les énergies renouvelables.<br />
Il s’agit pour elle d’aborder en amont<br />
les problèmes qui bloquent aujourd’hui<br />
les villes.<br />
Dans le rif marocain<br />
Lors d’un voyage au Maroc, elle<br />
découvre le Rif, une région, au nord-ouest<br />
du pays, dont l’économie repose sur la<br />
culture du cannabis. Hors c<strong>et</strong>te culture,<br />
liée à la drogue <strong>et</strong> sous contrôle des autorités,<br />
il ne semble pas y avoir d’autres activités<br />
possibles en milieu rural. Elle choisit<br />
de faire son travail de fin d’études dans<br />
un douar (village) de par sa situation géographique<br />
<strong>et</strong> de par son histoire, très<br />
isolé, Douar Azila, à 1600 m d’altitude,<br />
sur le versant nord du djbil Tidighin qui<br />
culmine à 2448 m. Elle est accueillie par<br />
une famille, <strong>et</strong> étudie les dépendances<br />
vivrières <strong>et</strong> énergétiques du village. Elle<br />
Ouvert <strong>et</strong> durable,<br />
intègre dans son étude deux problèmes<br />
locaux supplémentaires : l’accumulation<br />
des déch<strong>et</strong>s <strong>et</strong> la déforestation. Elle s’immerge<br />
dans la vie de tous les jours pour<br />
découvrir les savoir-faire locaux, les liens<br />
encore vivants entre les habitants <strong>et</strong> leur<br />
environnement.<br />
Elle r<strong>et</strong>race ainsi l’histoire récente : le<br />
manque de richesse fait que le village s’est<br />
tourné de plus en plus vers ce qui est le<br />
plus rémunérateur : la culture du cannabis.<br />
C<strong>et</strong>te monoculture entraîne un épuisement<br />
des sols, une baisse des rendements<br />
<strong>et</strong> donc, finalement, une perte de<br />
revenus pour les habitants. Pour compenser<br />
cela, c’est la fuite en avant avec le<br />
défrichement de la forêt, à la fois pour<br />
gagner des sols <strong>et</strong> pour se chauffer.<br />
Constatant les inégalités entre hommes <strong>et</strong><br />
femmes, elle s’intéresse à ce que peut<br />
apporter l’énergie solaire : chauffage de<br />
l’eau <strong>et</strong> des locaux d’où économie de bois,<br />
reforestation possible, diminution du travail<br />
pour les femmes, amélioration du<br />
confort. A partir des connaissances sur les<br />
plantes, elle envisage une diversification<br />
des usages du cannabis pour des usages<br />
alimentaires, thérapeutiques, pour fabriquer<br />
des cordes, des tissus, du papier, du<br />
carburant <strong>et</strong> surtout l’utiliser pour la<br />
construction… c’est le bon côté du<br />
SILENCE N°342 17<br />
Janvier 2007<br />
Habitat sain<br />
un habitat sain pour tous<br />
Anne Joly, architecte, s’est installée<br />
dans le Sud de la France pour développer<br />
un habitat sain <strong>et</strong> naturel ouvert à tous.<br />
Après quelques pérégrinations…<br />
chanvre. Il s’agit ainsi de dégager de nouveaux<br />
revenus qui perm<strong>et</strong>tront ensuite de<br />
diminuer les surfaces de culture de cannabis<br />
au profit d’autres cultures vivrières<br />
(céréales, pommes de terre <strong>et</strong> autres<br />
légumes) nécessaires pour l’autonomie<br />
alimentaire.<br />
Pour démarrer son proj<strong>et</strong>, elle se<br />
plonge dans l’histoire de la culture du<br />
cannabis, autorisée dans cinq communes<br />
en remerciement d’une aide lors d’une<br />
guerre à la fin du 19 e siècle. Elle s’interroge<br />
sur la manière d’amener une<br />
réflexion sur le suj<strong>et</strong>, citant J. Népote, un<br />
secrétaire d’Interpol se demandant très<br />
justement “comment réagiraient les<br />
vignerons de France, d’Italie ou de<br />
Californie, si, brutalement, des troupes<br />
venaient couper sur place les pieds de<br />
vigne, sous prétexte que les produits qui<br />
en sont tirés sont nuisibles à la santé de<br />
l’homme ?”.<br />
Elle en arrive à proposer à la commune<br />
une démarche sur plusieurs sites : près<br />
des écoles <strong>et</strong> d’un centre de santé existant,<br />
m<strong>et</strong>tre en place un centre expérimental de<br />
médecines des plantes <strong>et</strong> construire un<br />
hammam solaire. Dans chacun des cinq<br />
quartiers de la commune, création d’ateliers<br />
du cannabis pour y développer au<br />
maximum les différentes possibilités de la