Alternatives : Var et Alpes-Maritimes Alternatives - Silence
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Comment trouver la BD ?<br />
On la trouve plus facilement en la commandant directement chez l’éditeur :<br />
Chèque de 15 € par BD (+ 3 € de frais de port) libellé à l’ordre de<br />
Septième choc éditions, à envoyer à l’adresse suivante :<br />
Septième choc éditions BP 36 78540 Vernouill<strong>et</strong>.<br />
De l’amiante<br />
pour faire la neige.<br />
« Jusque dans les années 60 on a utilisé<br />
l’amiante pour faire la neige dans les films.<br />
Ils étaient tournés en studio, à Boulogne,<br />
Epinay… L’info m’est revenue grâce à un<br />
médecin qui avait rencontré un technicien<br />
de l’époque. Après vingt-cinq coups de fil,<br />
j’ai r<strong>et</strong>rouvé un de ces techniciens qui<br />
avait travaillé, notamment, sur « Porte<br />
des Lilas ». J’ai filé direct à la cinémathèque<br />
des Halles, à Paris, pour voir le<br />
film <strong>et</strong> là, je suis tombé sur une scène avec<br />
Pierre Brasseur, Raymond Bussières <strong>et</strong><br />
Georges Brassens sous la neige. Comme<br />
on dit, “ça fait drôle” »<br />
vent éloquents. Evidemment, comme<br />
journaliste, j’avais accumulé de nombreux<br />
témoignages, des documents. Mes contacts<br />
chez les avocats, les syndicalistes,<br />
auprès du réseau de l’Andeva, l’association<br />
des victimes, m’ont aussi beaucoup<br />
servi pour l’écriture des scénarios.<br />
L’éditeur m’a également donné un coup de<br />
main sur certains scénarios, notam<br />
ment en calmant mes ardeurs de journaliste<br />
qui veut toujours tout raconter…<br />
Comment avez-vous procédé pour l’histoire<br />
des handicapés victimes de<br />
l’amiante ?<br />
Là, pour le coup, c’était assez simple. J’ai<br />
eu la chance de bénéficier des lumières de<br />
Caroline Faesch, journaliste à Lyon, qui a<br />
fait un livre (Salariés de l’amiante, salariés<br />
de l’indifférence, chez Golias) dans lequel<br />
elle parle de l’utilisation de certains<br />
Centres d’aide par le travail, les CAT,<br />
comme sous-traitants de Saint-Gobain.<br />
Les handicapés travaillaient sur des produits<br />
amiantés sans le savoir. J’ai recoupé<br />
l’info en interrogeant d’anciens salariés <strong>et</strong><br />
des syndicalistes. Le drame de c<strong>et</strong>te histoire<br />
c’est que c’est tellement dur de caser<br />
un de ses enfants handicapés dans un CAT<br />
que tout le monde préfère se taire sur les<br />
dangers éventuels du travail, même<br />
les parents.<br />
Certaines histoires sont assez<br />
émouvantes. Réaliser l’enquête a<br />
dû être parfois poignant ?<br />
C’est une affaire qui ne peut pas<br />
laisser insensible. Croiser un malade<br />
qui traîne sa bouteille d’oxygène<br />
Une grève pour la santé<br />
« En 1956, dans la vallée de la Vère, en Normandie, une grève paralyse toutes<br />
les filatures d’amiante. La cause, c’est le licenciement de délégués syndicaux<br />
CFTC, dont l’un protestait contre les poussières d’amiante. C’est une façon aussi<br />
d’expliquer que régulièrement des salariés réclamaient des mesures de sécurité.<br />
Pour c<strong>et</strong>te histoire, j’ai rencontré un des meneurs de l’époque. Il est aujourd’hui<br />
malade de l’amiante, sous oxygène en permanence. Je me suis aussi inspiré<br />
d’autres témoins <strong>et</strong> de journaux de l’époque. »<br />
SILENCE N°342 55<br />
Janvier 2007<br />
sur des roul<strong>et</strong>tes, voir des anciens s’accrocher<br />
à la rampe d’escalier, essoufflés, après<br />
n’avoir monté que cinq marches, c’est<br />
marquant. Il vaut mieux toutefois ne pas<br />
se laisser embarquer par l’émotion. Pour<br />
avoir « l’œil », <strong>et</strong> restituer un témoignage,<br />
il faut savoir faire la « toile cirée ».<br />
A la fin, ce qu’il reste c’est l’indignation.<br />
Surtout de voir que les industriels, les<br />
politiques, la justice jouent la montre.<br />
Comme si l’on attendait la mort de toutes<br />
ces victimes pour passer à autre chose. Le<br />
grand procès de l’amiante, avec les représentants<br />
de l’Etat, les ministres, les médecins<br />
du travail, les industriels n’est hélas<br />
pas pour demain. Je ne vois pas de décision<br />
définitive au pénal avant, au moins,<br />
une décennie.<br />
Comment a été accueillie la sortie de<br />
votre BD ?<br />
Très bien, quels que soient les publics. Au<br />
cours des premières séances de dédicaces<br />
— on en est à près de quarante depuis un<br />
an — les victimes semblaient se réapproprier<br />
leur mémoire via la BD. Avec une<br />
soif de transm<strong>et</strong>tre leur histoire aux<br />
enfants <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its-enfants. On s’est aperçu<br />
que la BD perm<strong>et</strong> à ceux qui ont un rapport<br />
difficile au livre, surtout les victimes