Alternatives : Var et Alpes-Maritimes Alternatives - Silence
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Culture<br />
L’Usine de la Redonne,<br />
carrefour d’alternatives<br />
A proximité de Draguignan, une ancienne usine<br />
est en train de se transformer en un lieu<br />
alternatif avec de multiples proj<strong>et</strong>s culturels,<br />
agricoles, sociaux, pédagogiques…<br />
“Lorsque l’on fait un rêve<br />
seul, il reste souvent<br />
un rêve. Lorsqu’on le fait<br />
à plusieurs, cela devient<br />
une p<strong>et</strong>ite réalité”<br />
John Lennon<br />
C<strong>et</strong>te phrase figure en bonne place<br />
sur le site intern<strong>et</strong> de l’usine de la<br />
Redonne, un proj<strong>et</strong> qui a vu le jour<br />
en 2001, à Flayosc, à l’ouest de Draguignan.<br />
Au départ, il y a une vieille<br />
usine, construite dans l’entre-deuxguerres<br />
pour être une savonnerie, réquisitionnée<br />
par l’armée allemande pour y<br />
planquer un prototype d’avion, puis laissée<br />
longuement à l’abandon. Laurent<br />
Perez en hérite avec deux hectares de terrains<br />
maraîchers, dont une partie est<br />
louée à un agriculteur traditionnel âgé.<br />
Constatant le manque chronique de salle<br />
dont souffre le milieu culturel, il lance un<br />
appel à proj<strong>et</strong> pour ce lieu, qu’il décide de<br />
prêter en échange des travaux d’entr<strong>et</strong>ien.<br />
Très vite, les idées foisonnent. Un premier<br />
groupe de musique s’y installe <strong>et</strong>,<br />
dans l’urgence, réhabilite une partie de<br />
l’usine en studio d’enregistrement.<br />
Comme il y a quelques terrains libres<br />
autour, pourquoi ne pas monter un proj<strong>et</strong><br />
de jardin, <strong>et</strong> pourquoi ne pas utiliser ce<br />
jardin comme support pédagogique pour<br />
l’école du village ? Les lieux étant traversés<br />
par une source <strong>et</strong> un canal, pourquoi<br />
ne pas explorer aussi le thème de l’eau ?<br />
Et pourquoi ne pas donner un caractère<br />
social à ces jardins ? Et comment articuler<br />
agriculture <strong>et</strong> culture, comment réha-<br />
biliter le bâtiment ? Les réunions se multiplient<br />
jusqu’à l’adoption d’une charte<br />
qui doit “favoriser une dynamique transrelationnelle”.<br />
Des jardins solidaires<br />
Les terrains disponibles, pour une<br />
part en friche mais anciennement cultivés,<br />
comptent un grand nombre d’arbres<br />
fruitiers (noyers, nois<strong>et</strong>iers, cerisiers,<br />
prêles, ajoncs, figuiers…). Ils sont plats,<br />
d’accès facile, l’eau n’est pas rare grâce au<br />
canal. Un proj<strong>et</strong> de jardins solidaires voit<br />
le jour, avec le but d’ouvrir le lieu aux<br />
associations concernées par les problèmes<br />
d’intégration <strong>et</strong> de précarité au sein de la<br />
ville de Draguignan, qui commence à<br />
quelques centaines de mètres. Réservé<br />
aux personnes aux revenus modestes, le<br />
proj<strong>et</strong> prévoit un côté production, mais<br />
aussi un côté pédagogique (apprendre à<br />
faire du compost, initiation à l’agriculture<br />
biologique, connaissance des plantes,<br />
eff<strong>et</strong> thérapeutique…). Il n’y a pas de<br />
souci de rentabilité ; au contraire, la priorité<br />
est donnée au lien entre l’homme <strong>et</strong> la<br />
nature. Le jardin doit aussi servir à<br />
éveiller les sentiments, la curiosité, l’initiative<br />
<strong>et</strong> la prise de conscience vis-à-vis<br />
du temps ; il peut être un support pédagogique<br />
pour de multiples suj<strong>et</strong>s :<br />
sciences naturelles, mais aussi mathématiques,<br />
arts plastiques, géographie, histoire…<br />
Un premier essai démarre en 2003<br />
avec l’école du Flayosc. Si les enfants sont<br />
enchantés, l’administration l’est moins,<br />
notamment parce qu’il faut que les<br />
enfants empruntent une p<strong>et</strong>ite route<br />
jugée dangereuse. L’expérience dure une<br />
année scolaire. L’école ne donne pas suite.<br />
Les jardins r<strong>et</strong>ournent alors à la friche.<br />
SILENCE N°342 20<br />
Janvier 2007<br />
Réhabilitation<br />
de la bâtisse<br />
Le premier groupe musical qui s’est<br />
installé dans une partie du bâtiment l’a<br />
réhabilité sans se soucier d’autre chose<br />
que son propre confort… ce qui se traduit<br />
par de dangereuses fibres de laines de<br />
verre qui voltigent librement. D’autres<br />
groupes ont occupé les lieux pour simplement<br />
y stocker du matériel.<br />
L’association Ouvert <strong>et</strong> durable (1) a<br />
adhéré au collectif <strong>et</strong> se propose de coordonner<br />
la réhabilitation de manière la<br />
plus écologique possible <strong>et</strong> en essayant de<br />
valoriser au mieux le lieu en fonction du<br />
long terme, de ce que l’on veut voir<br />
croître sur le site. Au-delà du respect des<br />
normes de sécurité pour rendre le lieu<br />
ouvert au public <strong>et</strong> d’une recherche de<br />
sobriété, des débats sont toujours en<br />
cours pour déterminer comment réaliser<br />
réaménagement <strong>et</strong> décoration. Des idées<br />
ont été r<strong>et</strong>enues : respecter la mémoire<br />
ouvrière <strong>et</strong> paysanne du lieu, valoriser<br />
l’usage de la terre, puisque l’on se trouve<br />
dans une région très recherchée notamment<br />
par les potiers, respecter au maximum<br />
l’ouverture actuelle des lieux (une<br />
seule pièce sur les deux tiers de l’étage,<br />
trois pièces en bas) (2)… Une partie des<br />
locaux doit servir de centre collectif pour<br />
des activités conviviales, repas, spectacles<br />
en commun, agora…<br />
Les associations présentes n’ayant pas<br />
toute le même souci écologique, cela ne va<br />
pas sans tension entre certains, plus<br />
laxistes, <strong>et</strong> d’autres, considérés comme des<br />
intégristes écolos. Pour le moment, des<br />
ateliers ont eu lieu pour apprendre les<br />
techniques de construction liées à la terre ;<br />
des échanges sont organisés pour définir<br />
la fonction des différentes parties du bâtiment.<br />
(1) Voir article précédent.<br />
(2) Le bâtiment propose deux fois 300 m 2 <strong>et</strong> dispose<br />
également en sous-sol de l’emplacement de 16 cuves<br />
de 4 m 2 chacune, pour le moment sans usage.