Alternatives : Var et Alpes-Maritimes Alternatives - Silence
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Maisons<br />
vivantes<br />
Livres<br />
Véronique<br />
Willemin<br />
Ed. <strong>Alternatives</strong><br />
2006 - 192 p. -<br />
39€<br />
Les lotissements vous<br />
emmerdent, la ligne<br />
droite vous déprime ?<br />
Vous voulez expérimenter<br />
d’autres formes d’architecture ?<br />
Alors ce livre va vous perm<strong>et</strong>tre<br />
de développer votre imaginaire,<br />
car des architectes qui ont essayé<br />
de sortir de la norme, il y en a<br />
beaucoup, que l’on r<strong>et</strong>rouve présentés<br />
dans c<strong>et</strong> ouvrage. Que ce<br />
soit Gaudí à Barcelone ou<br />
Hundertwasser en Autriche, ce<br />
n’est pas aujourd’hui que des réalisations<br />
ont rompu avec la<br />
norme. Avec les matériaux disponibles<br />
aujourd’hui — des plus<br />
écolos au pire — on peut faire<br />
beaucoup de choses pour aller<br />
vers une anarchitecture. Maison<br />
solaire, maison éolienne (que le<br />
vent fait tourner !), maison en<br />
glace, maison camouflée, maison<br />
souterraine, maison dans les<br />
arbres, maison transparente, maisons<br />
autoconstruites, zomes, <strong>et</strong>c.<br />
Plein d’idées <strong>et</strong> de réalisations à<br />
adopter selon vos goûts. MB.<br />
Effondrement<br />
Jared Diamond<br />
Ed. Gallimard<br />
2006 - 648 p. -<br />
29,50 €<br />
Comment les sociétés<br />
disparaissent-elles ? Ce<br />
livre qui a déjà connu<br />
un succès certain en<br />
anglais <strong>et</strong> maintenant<br />
disponible en français.<br />
L’auteur montre comment se sont<br />
effondrées les sociétés mayas, de<br />
l’île de Paques, des Vikings au<br />
Groenland. Le manque de respect<br />
des limites de l’environnement a<br />
provoqué à chaque fois des déséquilibres<br />
de plus en plus grands,<br />
jusqu’au basculement dans l’irréversible.<br />
A chaque fois, l’auteur<br />
montre que l’effondrement<br />
n’avait rien d’irréversible, que les<br />
peuples concernés avaient le<br />
temps de réagir… mais qu’en<br />
ignorant de voir la réalité, ils ont<br />
choisi d’aller au bout de leur<br />
logique. Sans catastrophisme,<br />
l’auteur nous rappelle que nous<br />
sommes dans une situation semblable<br />
aujourd’hui avec une planète<br />
qui multiplie les signes de<br />
faiblesse. Va-t-on nous aussi faire<br />
semblant de ne pas voir ? Pour<br />
lui, pour le moment, rien n’est<br />
encore irréparable, mais demain ?<br />
Une bonne introduction à la<br />
nécessaire décroissance. MB.<br />
Tranches<br />
de chagrin<br />
Jean-Pierre Levaray<br />
Ed. L’Insomniaque<br />
2006 - 160 p. - 10€<br />
L’auteur de Putain d’usine poursuit<br />
ses histoires au sein d’une<br />
grande usine qui tombe peu à peu<br />
en désuétude, victime des délocalisations.<br />
Ce recueil propose 24<br />
p<strong>et</strong>its textes, autant de portraits,<br />
de tranches de vie, rarement gai.<br />
De quoi se souvenir qu’il y a<br />
encore beaucoup d’ouvriers<br />
en France, même si les médias<br />
n’en parlent jamais. FV.<br />
Impérialisme<br />
humanitaire<br />
Jean Bricmont<br />
Ed. Aden (Bruxelles)<br />
2005 - 250 p. - 18 €<br />
L’impérialisme étant décrié, les<br />
pouvoirs dominants doivent régulièrement<br />
changer leur discours.<br />
Le propos des idéologies étant de<br />
récupérer les idées <strong>et</strong> de les<br />
détourner, on est ainsi passé de la<br />
colonisation à l’aide au développement.<br />
Celui-ci commençant à<br />
montrer ses limites est apparu le<br />
concept de l’ingérence humanitaire<br />
: quoi de mieux que les droits<br />
humains pour justifier de maintenir<br />
sa présence militaire dans un<br />
pays sous domination ? Pourquoi<br />
est-ce que cela marche encore ?<br />
L’auteur avance l’hypothèse que<br />
c’est avant tout une question<br />
d’imaginaire : nous, Occidentaux,<br />
sommes intimement persuadés de<br />
détenir le meilleur modèle politique,<br />
le meilleur système économique…<br />
<strong>et</strong> évidemment d’avoir la<br />
supériorité militaire pour asseoir<br />
notre argumentation. C<strong>et</strong> imaginaire<br />
est non seulement celui des<br />
pouvoirs, mais aussi de bon<br />
nombre d’ONG qui, se voulant<br />
progressistes, renforcent le système<br />
dominant. Le système est-il<br />
parfait ? En tout cas, est malin<br />
qui nous fait croire qu’il faut<br />
réagir contre l’Irak après un<br />
moment de révolte contre le<br />
Word Trade center… En oubliant<br />
de dire que les Etats-Unis ne se<br />
gênent pas, eux, pour bombarder<br />
à tout va <strong>et</strong> de tout temps.<br />
L’auteur rappelle comment se<br />
m<strong>et</strong> en place l’impérialisme, car<br />
cela ne passe pas toujours par la<br />
guerre (trop visible). Ainsi les<br />
Etats-Unis ont financé des partis<br />
ou des candidats dans des multiples<br />
élections. Mais que faire ?<br />
Signer des pétitions ?<br />
SILENCE N°342 Janvier 2007 64<br />
L E L I V R E D U M O I S<br />
Ma guerre<br />
contre la guerre<br />
au terrorisme<br />
Terry Jones<br />
Ed. Flammarion<br />
2006 - 226 pages - 18€<br />
La colère <strong>et</strong> la dérision. Telles sont<br />
les deux veines de ce recueil de chroniques<br />
parues entre 2001 <strong>et</strong> 2006 dans<br />
des journaux britanniques, signées de l’écrivain <strong>et</strong> ex-Monthy Python<br />
Terry Jones. Il y brocarde dans un style souvent jubilatoire les absurdités<br />
de la guerre menée par l’administration Bush <strong>et</strong> par son fidèle<br />
lieutenant Blair en Afghanistan puis en Irak, dénonçant avec force<br />
les massacres de civils, mais plus encore le déferlement de mensonges<br />
<strong>et</strong> de manipulations qui les ont accompagnés. S’inspirant d’Orwell,<br />
il m<strong>et</strong> au jour le double langage à l’œuvre dans les rhétoriques utilisées<br />
: que signifie livrer la “guerre au terrorisme” ? En eff<strong>et</strong>, “comment<br />
livre-t-on une guerre contre un substantif abstrait ? C’est un<br />
peu comme bombarder le « meurtre ». (…) Comment le « terrorisme<br />
» pourra-t-il capituler ? Les linguistes savent qu’il est très compliqué<br />
d’obliger un substantif abstrait à se rendre”. La novlangue est<br />
un art en soi : “il est d’une difficulté diabolique de faire accepter<br />
aux gens l’étiqu<strong>et</strong>te « rebelles » pour parler de ces Irakiens descendus<br />
par les snipers américains, quand il s’agit en fait — comme<br />
à Falloudja — de femmes enceintes, de garçons de treize ans <strong>et</strong> de<br />
vieillards assis devant leur porte. De la même manière, cela sonne<br />
un peu faux d’appeler « combattants » des ambulanciers abattus<br />
à travers leur pare-brise alors qu’ils conduisaient les blessés à l’hôpital.<br />
(…) Le comble est atteint quand on tente de faire passer les mercenaires<br />
américains pour des « contractants civils » tandis qu’on<br />
appelle les civils irakiens « combattants » ou « insurgés ».<br />
Ailleurs, l’auteur manie avec feu l’arme de l’ironie <strong>et</strong> du «nonsense» :<br />
“lutter contre le terrorisme en larguant des bombes sur l’Irak est<br />
une idée si évidente que je ne comprends pas pourquoi personne n’y a<br />
pensé plus tôt. C’est tellement simple ! Si le Royaume-Uni avait agi<br />
de manière similaire en Irlande du Nord, nous ne serions pas dans<br />
l’imbroglio actuel”. Plus loin il adresse un mot inqui<strong>et</strong> aux parents<br />
du p<strong>et</strong>it Tony Blair dont il vient de corriger la dissertation de politique<br />
mondiale : “sa dernière copie témoigne d’une si faible maîtrise de son<br />
suj<strong>et</strong> que je ne peux qu’en conclure qu’il a passé le plus clair de son<br />
temps à rêvasser devant la fenêtre”. Ailleurs il se félicite : “Tout le<br />
monde s’accorde à reconnaître que la lobotomie du président Bush a<br />
été couronnée de succès”. “L‘inhibition des terminaux présynaptiques<br />
spécifiques perm<strong>et</strong> au patient de décrire les Irakiens qui protestent<br />
contre la destruction de leurs maisons comme des ‘fanatiques, extrémistes<br />
<strong>et</strong> terroristes’”.<br />
Les mots sont employés ici comme une arme de dérision massive<br />
contre le cynisme, le vrai, de ceux qui ne pratiquent pas l’humour<br />
mais la guerre <strong>et</strong> la torture. GG.<br />
Jean Bricmont essaie de trier les<br />
actions <strong>et</strong> arguments développés<br />
dans l’opposition à la guerre en<br />
Irak. Il propose de lutter d’abord<br />
contre ce qui favorise l’impérialisme<br />
ici, avant d’aller aider les pays<br />
qui subissent c<strong>et</strong> impérialisme.<br />
Car si nous pouvons proposer “un<br />
autre monde” ici, nous n’avons<br />
pas forcément les bons éléments<br />
pour en proposer un dans des<br />
pays qui ont su préserver une<br />
autre culture. Et de terminer l’ouvrage<br />
par ce qui lui semble de<br />
bon augure : le non français au<br />
référendum sur le traité constitutionnel.<br />
Une réflexion qui mérite<br />
la lecture. MB.