Alternatives : Var et Alpes-Maritimes Alternatives - Silence
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Culture<br />
En 1999, des collectifs d’artistes se<br />
rencontrent autour du proj<strong>et</strong> d’occupation<br />
d’une caserne de chasseurs<br />
alpins – surnommés localement les<br />
Diables bleus – abandonnée l’année précédente<br />
par l’armée, vendue à l’université <strong>et</strong><br />
vouée à la démolition. Elle se situe à<br />
Saint-Roch, un quartier populaire de<br />
Nice. Ces collectifs se fréquentent depuis<br />
le début des années 90 <strong>et</strong> ont déjà organisé,<br />
de 1991 à 1994, un carnaval indépendant.<br />
Certains ont déjà participé à<br />
d’autres squats durant les années précédentes.<br />
On y trouve notamment Nux<br />
Vomica, un groupe de musique qui anime<br />
le squat La Lanterne, à l’ouest de Nice,<br />
Zou maï (“avance encore” en niçois), un<br />
groupe culturel occitaniste. Il n’y a pas<br />
d’affinités particulières au départ, mais<br />
une opportunité de lieu.<br />
Le squat est préparé minutieusement<br />
pendant six mois, une charte définissant<br />
le fonctionnement du lieu est élaborée <strong>et</strong>,<br />
lorsque tout est prêt, l’occupation est<br />
annoncée publiquement… Elle commence<br />
toutefois 48 h avant la date rendue<br />
publique pour que tout le monde soit déjà<br />
installé quand les forces de l’ordre arriveront.<br />
Le public présent au même moment<br />
perm<strong>et</strong>tra de bloquer une éviction rapide.<br />
Jusqu’à<br />
mille personnes !<br />
Le site occupé, de 800 m 2 , est en relativement<br />
bon état. Il dispose d’un vaste<br />
parking qui sera transformée en jardin.<br />
Un puits est creusé pratiquement à la<br />
main pour rejoindre la nappe phréatique<br />
toute proche <strong>et</strong> pouvoir arroser. Le bâtiment<br />
étant sur deux étages, il a été décidé<br />
que le bas serait collectif <strong>et</strong> que le haut<br />
(douze salles) serait partagé en lieux privatifs<br />
pour les différents groupes. Les<br />
caves deviennent des studios de répétition.<br />
Le collectif assure la gestion des<br />
lieux, l’animation d’une salle de spectacle<br />
avec un bar, la programmation d’événements<br />
communs ou non, puis de plus en<br />
plus, l’organisation d’événements de rue<br />
pour être visible <strong>et</strong> revendiquer la possibilité<br />
de rester sur place.<br />
L’université qui vient de rach<strong>et</strong>er les<br />
lieux n’a pas encore de proj<strong>et</strong> précis <strong>et</strong><br />
accepte, en mars 2000, de signer une<br />
convention d’occupation précaire, c’est-à-<br />
Les Diables bleus,<br />
dire révocable sans préavis.<br />
L’opportunité d’avoir un lieu de ce<br />
genre disponible attire immédiatement de<br />
nombreuses associations <strong>et</strong> il faut rapidement<br />
peaufiner le règlement. Une cinquantaine<br />
de personnes, membres de différentes<br />
associations, sont officiellement<br />
“résidentes”. La moyenne d’âge est faible :<br />
beaucoup ont moins de trente ans. Un<br />
repas collectif à prix libre, organisé chaque<br />
mardi, réunit régulièrement plus de 200<br />
personnes, dont beaucoup de jeunes du<br />
quartier. Les fêtes attirent jusqu’à 1000<br />
personnes. Les concerts ne sont pas officiellement<br />
publics, mais il suffit de payer<br />
une adhésion au collectif (10 € par an)<br />
pour qu’ensuite l’entrée soit gratuite.<br />
Une scène alternative<br />
La renommée du lieu traverse la frontière<br />
italienne toute proche <strong>et</strong> de nombreux<br />
groupes artistiques transalpins<br />
DR<br />
L’occupation d’une caserne à Nice a permis<br />
de créer une formidable synergie alternative<br />
dans le milieu culturel. Après leur expulsion,<br />
les Diables bleus essaient aujourd’hui<br />
de reconstituer la dynamique d’un moment<br />
dans de nouveaux lieux.<br />
SILENCE N°342 22<br />
Janvier 2007<br />
viennent se produire sur c<strong>et</strong>te scène<br />
ouverte. Des contacts suivis sont pris avec<br />
des groupes de l’Italie. De même, côté<br />
français, les groupes viennent depuis<br />
l’autre bout du pays. Les terrains perm<strong>et</strong>tent<br />
de monter des chapiteaux, <strong>et</strong> des<br />
cirques se produisent sur place à l’occasion.<br />
Les artistes sont logés, nourris <strong>et</strong> un<br />
peu rémunérés. Les Diables bleus négocient<br />
des emplois aidés pour assurer le<br />
suivi de l’animation.<br />
Chaque lundi soir, une assemblée<br />
générale se tient au rez-de-chaussée entre<br />
les résidents. Les votes se font à l’unanimité.<br />
Il s’y discute des possibilités d’accepter<br />
de nouveaux résidents <strong>et</strong> du partage<br />
des douze salles de l’étage. Les<br />
demandes sont nombreuses car le loyer<br />
est dérisoire (25 € par an !). Selon le<br />
règlement, les résidents ne peuvent prétendre<br />
être là que s’ils y développent un<br />
proj<strong>et</strong>. Au moins une fois par an, chacun<br />
doit donc présenter son travail artistique.