La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
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• Qu’au lieu d’être composée <strong>de</strong> personnes désignées par les différentes parties<br />
concernées, elle ne soit composée que <strong>de</strong> serviteurs du roi ;<br />
• Que ses métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail et d’arbitrage soient restées opaques ; et<br />
• Qu’elle ait exigé <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’accepter par écrit, au début du processus, les<br />
conclusions <strong>de</strong> son rapport comme définitives.<br />
L’enquête du CCDH, en 1998-1999 sur les « disparitions » et le travail <strong>de</strong> l’IAI, <strong>de</strong> 1999 à<br />
2003 constituent <strong>de</strong>ux étapes pour reconnaître et réparer les exactions commises dans le<br />
passé. Mais ces étapes <strong>de</strong>meurent insuffisantes alors que les espérances nationales et<br />
internationales se font plus fortes sur la manière dont l’Etat doit affronter la question <strong>de</strong>s<br />
violations graves du passé. Ayant gagné l’acceptation officielle du principe <strong>de</strong> réparation,<br />
la société civile <strong>marocaine</strong> focalise dorénavant ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sur la création d’une<br />
<strong>commission</strong> <strong>de</strong> <strong>vérité</strong> indépendante.<br />
En novembre 2003, le CCDH, récemment restructuré <strong>de</strong> manière à accroître son<br />
pouvoir et son indépendance vis-à-vis du Palais, recomman<strong>de</strong> officiellement au roi la<br />
création d’une Instance Equité et Réconciliation pour régler la question <strong>de</strong> la<br />
« disparition » et <strong>de</strong> la détention arbitraire. Le roi accepte et, dans un discours prononcé<br />
lors <strong>de</strong> son installation, le 7 janvier 2004, il qualifie l’Instance <strong>de</strong> « <strong>de</strong>rnier jalon sur un<br />
parcours <strong>de</strong>vant conduire à la clôture définitive d’un dossier épineux ».<br />
Une nouvelle fois, la monarchie <strong>marocaine</strong> évoque les violations graves <strong>de</strong>s droits<br />
humains comme s'il s'agissait d'un problème du passé qui serait définitivement enterré<br />
grâce à une initiative du Palais.<br />
Alors que l’Instance est le fruit <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>s droits humains au<br />
Maroc, elle est apparue à un moment où ces conditions se sont détériorées, et dans une<br />
certaine mesure aggravées, en raison du terrorisme et <strong>de</strong> la réponse choisie par l’Etat<br />
pour y faire face. Cette détérioration a mis l’IER dans une situation difficile : focalisée<br />
sur le passé et sur les recommandations pour l’avenir, quelles sont ses obligations, si elle<br />
en a, envers les abus du présent ? <strong>La</strong> manière dont l’IER a abordé cette question est<br />
traitée dans la Section VIII <strong>de</strong> ce rapport.<br />
Les conséquences <strong>de</strong>s attentats <strong>de</strong> Casablanca<br />
<strong>La</strong> fragilité <strong>de</strong>s acquis au plan <strong>de</strong>s droits humains au Maroc est apparue avec la réponse<br />
<strong>de</strong> l’Etat aux premières attaques terroristes <strong>de</strong> masse. Dans la nuit du 16 mai 2003, <strong>de</strong>s<br />
kamikazes ont frappé plusieurs endroits <strong>de</strong> Casablanca, tuant quarante-cinq personnes y<br />
compris douze d’entre eux.<br />
HUMAN RIGHTS WATCH VOL.17, NO. 11(E) 12