La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Maroc et vivant actuellement dans les camps <strong>de</strong> Tindouf. Benzekri maintient que ces<br />
recherches ont permis à l’IER <strong>de</strong> « clarifier <strong>de</strong> nombreux cas, même si beaucoup reste à<br />
expliquer ». Il a également précisé que le nombre global <strong>de</strong> personnes « disparues » et<br />
toujours manquantes avoisinait les 260, indiquant ainsi que le nombre <strong>de</strong> cas confirmés<br />
<strong>de</strong> Sahraouis disparus est bien inférieur aux estimations <strong>de</strong>s ONG. Selon lui, certaines<br />
listes d’ONG contiennent <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> personnes manquantes pour qui il n’existe pas <strong>de</strong><br />
preuve qu’elles ont été détenues par les forces <strong>marocaine</strong>s avant <strong>de</strong> « disparaître ». Elles<br />
pourraient inclure également <strong>de</strong>s combattants du Polisario, tués par les forces<br />
<strong>marocaine</strong>s, mais dont les corps n’ont jamais été retrouvés ou enterrés sans que leurs<br />
proches ne soient informés.<br />
Comme pour les autres catégories d’exactions dont ont souffert les populations civiles au<br />
Sahara Occi<strong>de</strong>ntal, l’IER va, selon son prési<strong>de</strong>nt, déterminer les situations dans lesquelles<br />
le droit international humanitaire s’applique. Ce régime légal donne aux armées une<br />
certaine latitu<strong>de</strong> dans ses relations avec les populations civiles. Par exemple, dans<br />
l’hypothèse où l’armée a du déplacer <strong>de</strong>s civils d’une zone <strong>de</strong> conflit, il est nécessaire que<br />
l’IER détermine si l’armée <strong>marocaine</strong> « a procédé à ces déplacements selon les règles ».<br />
Finalement, l’IER doit montrer qu’elle a traité les cas individuels et l’histoire <strong>de</strong> la<br />
répression au Sahara Occi<strong>de</strong>ntal comme elle l’a fait partout ailleurs.<br />
VIII. L’IER et les abus du présent<br />
L’IER, elle-même fruit <strong>de</strong>s progrès enregistrés par le Maroc en matière <strong>de</strong> droits<br />
humains, a été installée à un moment où ces acquis étaient sapés par <strong>de</strong>s attentats<br />
perpétrés par <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> militants islamistes contre <strong>de</strong>s civils, et par la réponse<br />
apportée par l’Etat à ces attaques. Les mauvais traitements et les procès inéquitables <strong>de</strong>s<br />
militants islamistes raflés après les attentats suici<strong>de</strong>s du 16 mai 2003, rappellent d’une<br />
certaine manière les violations graves du passé qui sont au cœur du mandat <strong>de</strong> l’IER.<br />
<strong>La</strong> comparaison est cependant limitée : bien que certains suspects aient disparu, parfois<br />
même pendant plusieurs mois, alors qu'ils étaient aux mains <strong>de</strong> la police, ils ont<br />
finalement tous été retrouvés. Mais nombre d’entre eux ont été victimes <strong>de</strong> tortures et <strong>de</strong><br />
mauvais traitements au cours <strong>de</strong> leurs interrogatoires. Certains ont été détenus dans un<br />
centre <strong>de</strong> détention non reconnu <strong>de</strong> Témara, un centre placé sous les auspices <strong>de</strong> la<br />
Direction <strong>de</strong> la Surveillance du territoire (DST). Près <strong>de</strong> 900 suspects ont été condamnés<br />
à <strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> prison, nombre d’entre eux dans <strong>de</strong>s procès expéditifs ne leur permettant<br />
pas <strong>de</strong> faire valoir leurs droits. Dix-sept ont été condamnés à mort, condamnations qui<br />
45 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 11(E)