La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
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Les statuts <strong>de</strong> l’IER ne la dotent d’aucun pouvoir pour contraindre les agents <strong>de</strong> l’Etat à<br />
coopérer avec elle, à lui fournir <strong>de</strong>s témoignages ou <strong>de</strong>s documents. Au mieux, ces<br />
statuts enjoignent les institutions <strong>de</strong> l’Etat d’ai<strong>de</strong>r l’IER à accomplir son travail : « En<br />
vue <strong>de</strong> réaliser les objectifs prévus par ces statuts et <strong>de</strong> mettre en œuvre la haute décision<br />
royale portant création <strong>de</strong> l’Instance Equité et Réconciliation, toutes les autorités et<br />
institutions publiques apportent à l’instance leur concours et lui fournissent toutes les<br />
informations, données lui permettant d’accomplir ses missions » (article 7). A ce jour, les<br />
autorités <strong>marocaine</strong>s n’ont jamais dit qu’elles sanctionneraient <strong>de</strong>s fonctionnaires qui<br />
refuseraient <strong>de</strong> répondre aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’informations <strong>de</strong> l’IER.<br />
Cette absence <strong>de</strong> pouvoir coercitif contraste avec la loi sur les <strong>commission</strong>s d’enquêtes<br />
parlementaires qui prévoit <strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> prison ferme pour toute personne refusant <strong>de</strong><br />
coopérer avec lesdites <strong>commission</strong>s.<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt Benzekri a déclaré à <strong>Human</strong> <strong>Rights</strong> <strong>Watch</strong> le 6 avril 2005 que « aucun<br />
fonctionnaire, actuellement en poste, n’a été entendu par l’IER car notre philosophie est<br />
<strong>de</strong> placer la victime au centre <strong>de</strong> notre travail ». L’IER a soumis aux différentes<br />
administrations ou services concernés les dossiers <strong>de</strong>s victimes et a attendu qu’elles les<br />
lui retournent dûment complétés.<br />
Peu <strong>de</strong> temps après la création <strong>de</strong> l’IER, son prési<strong>de</strong>nt a affirmé à <strong>Human</strong> <strong>Rights</strong> <strong>Watch</strong>,<br />
« Le roi nous a dit qu’il allait s’assurer que les autorités allaient coopérer ». 46 Un peu plus<br />
d’un an après, le même confirme, lors d’un entretien le 6 avril 2005 avec <strong>Human</strong> <strong>Rights</strong><br />
<strong>Watch</strong>, « <strong>La</strong> coopération avec les différents services <strong>de</strong> l’Etat a été effective, dans la<br />
mesure où nous avons eu accès aux archives <strong>de</strong> l’armée, où nous avons visité les<br />
(anciens) centres <strong>de</strong> détention secrets et établi <strong>de</strong>s programmes sociaux et <strong>de</strong><br />
réhabilitation pour les communautés vivant autour <strong>de</strong> ces centres. Sans cette<br />
coopération, nous n’aurions pu faire tout ce que nous avons fait ».<br />
Jusqu’à ce que l’IER divulgue les résultats <strong>de</strong> cette coopération avec les institutions <strong>de</strong><br />
l’Etat, il n’est guère possible d’évaluer l’effectivité <strong>de</strong> cette approche volontaire. Au début<br />
novembre 2005, l’IER n’a toujours pas indiqué si la qualité <strong>de</strong> la coopération fournie par<br />
les agents <strong>de</strong> l’Etat avait été d’une manière ou d’une autre problématique.<br />
Le Comité <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> disparus a critiqué ce silence. Il a exprimé sa<br />
frustration que l’IER, plus d’un an après sa création, ne lui ait toujours pas fourni la<br />
46 Interview <strong>Human</strong> <strong>Rights</strong> <strong>Watch</strong>, Rabat, 3 février 2004.<br />
33 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 11(E)