La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
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également bien accueilli la nomination, comme membres <strong>de</strong> cette instance, <strong>de</strong> plusieurs<br />
militants respectés et indépendants <strong>de</strong>s droits humains.<br />
Mais les critiques ont regretté les contraintes considérables qui pèsent sur l’IER.<br />
D’abord, elle ne peut citer publiquement les noms <strong>de</strong>s responsables ou <strong>de</strong> ceux qui ont<br />
été impliqués dans les violations graves <strong>de</strong>s droits humains. Cette limitation est d’autant<br />
plus difficile à accepter qu’un certain nombre <strong>de</strong> fonctionnaires, soupçonnés d’avoir<br />
ordonné ou participé à ces exactions, occupent toujours <strong>de</strong> hautes fonctions dans les<br />
rouages <strong>de</strong> l’Etat et que certains types d’abus sont toujours commis au Maroc.<br />
Par ailleurs, d’autres critiques ont exprimé leurs inquiétu<strong>de</strong>s sur le mandat <strong>de</strong> l’IER qui<br />
semble se concentrer sur les disparitions forcées et les détentions arbitraires et exclure<br />
d’autres formes <strong>de</strong> violations graves comme la torture.<br />
Les critiques se sont également interrogés sur la manière dont l’IER pouvait obtenir la<br />
coopération <strong>de</strong>s différents services <strong>de</strong> l’Etat, dans la mesure où elle ne bénéficie d’aucun<br />
pouvoir statutaire <strong>de</strong> contrainte ou <strong>de</strong> sanction en cas <strong>de</strong> non-coopération. D’autres<br />
encore ont exprimé leur frustration vis-à-vis <strong>de</strong> la communication entre l’IER et les<br />
familles <strong>de</strong> « disparus », jugée insuffisante.<br />
L’IER est une instance consultative et, hormis le fait <strong>de</strong> verser <strong>de</strong>s compensations aux<br />
victimes, aucun texte n’oblige une institution étatique à lui obéir ou même à considérer<br />
sérieusement ses recommandations. L’IER n’est pas la première instance <strong>de</strong> ce type à ne<br />
pouvoir citer publiquement les noms <strong>de</strong>s tortionnaires ou à ne pouvoir contraindre les<br />
témoins. De même, elle n’est pas la première <strong>commission</strong> <strong>vérité</strong> à avoir un mandat limité<br />
en termes <strong>de</strong> pério<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> type d’abus couverts.<br />
Les <strong>commission</strong>s <strong>vérité</strong> peuvent remplir différentes fonctions dans différentes sociétés.<br />
L’IER, malgré ses limites, a un rôle important à jouer dans le règlement <strong>de</strong>s violations<br />
graves du passé au Maroc et, potentiellement, en renforçant la primauté du droit dans le<br />
futur.<br />
Mais quelques soient les conclusions et les recommandations <strong>de</strong> l’IER, les autorités<br />
<strong>marocaine</strong>s ont l’obligation d’assurer à toutes les victimes <strong>de</strong>s violations graves la<br />
jouissance <strong>de</strong> leurs droits selon les lois internationales, ce qui inclut le droit à la<br />
réparation, sans discrimination. Il leur appartient <strong>de</strong> mettre en application les<br />
recommandations <strong>de</strong> l’IER pour reconnaître les abus du passé, les commémorer et faire<br />
en sorte que les gens n’oublient pas ce qui s’est passé, et d’adopter <strong>de</strong>s mesures<br />
3 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 11(E)