27.07.2013 Views

La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch

La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch

La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Casablanca en 1981. Elles ont décrit les arrestations arbitraires, les « disparitions », les<br />

procès iniques, les tortures, les viols, et les représailles à l’encontre <strong>de</strong>s familles.<br />

Dans ces cinq villes, les salles étaient combles, l’émotion pleine et entière. Mais, peut être<br />

parce qu’elle était plus attendue compte tenu du peu d’informations disponibles sur les<br />

répressions qu’a connues le Rif, l’audition publique d’Al Hoceima a été particulièrement<br />

mouvementée. A l’ouverture <strong>de</strong> la séance, le 3 mai 2005, <strong>de</strong>s gens se sont levés dans la<br />

salle pour protester contre le fait que les témoins ne puissent citer le nom <strong>de</strong>s<br />

responsables <strong>de</strong>s violations dont ils ont souffert ou dont ils ont été témoins. Ces<br />

protestations ont repoussé le début <strong>de</strong> l’audition jusque tard dans la soirée. Une semaine<br />

auparavant, un collectif d’associations locales avait manifesté son désaccord avec le<br />

processus entamé par l’IER, en particulier sur l’interdiction <strong>de</strong> nommer les<br />

responsabilités individuelles.<br />

Selon le site internet <strong>de</strong> l’IER et les déclarations <strong>de</strong> ses membres à la presse, l’objectif <strong>de</strong><br />

ces auditions publiques était double : informer le peuple marocain dans son ensemble,<br />

<strong>de</strong>s exactions commises par l’Etat et <strong>de</strong>s souffrances vécues par nombre <strong>de</strong> citoyens<br />

marocains, et permettre la « dignification » <strong>de</strong>s victimes.<br />

L’IER a choisi les témoins parmi les victimes qui en avaient formulé la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

L’Instance souhaitait que les témoins, en tant que groupe, soient représentatifs, selon<br />

différents critères, <strong>de</strong>s différentes violations qui ont été commises. 55<br />

L’AMDH, qui a critiqué les auditions <strong>de</strong> l’IER, pas seulement parce que les témoins ne<br />

pouvaient nommer les noms <strong>de</strong>s responsables mais aussi parce que les exactions<br />

commises après 1999 étaient exclues <strong>de</strong> son mandat, a organisé ses propres auditions<br />

entre février et mai 2005 à Rabat, Khénifra, Al Hoceima, Marrakech et Paris, sous<br />

l’intitulé « Témoignages en toute liberté pour la <strong>vérité</strong> ». 56 Au cours <strong>de</strong> ces auditions,<br />

certaines victimes ont nommé ceux qu’elles tenaient pour responsables <strong>de</strong>s violations <strong>de</strong><br />

leurs droits. Contrairement aux auditions <strong>de</strong> l’IER, celles <strong>de</strong> l’AMDH n’ont pas été<br />

couvertes par les télévisions <strong>marocaine</strong>s, bien que l’association ait invité les <strong>de</strong>ux chaînes<br />

nationales.<br />

L’AMDH, dans un mail à <strong>Human</strong> <strong>Rights</strong> <strong>Watch</strong> en date du 26 octobre 2005, a répondu<br />

que ceux qui avaient été accusés par les témoins lors <strong>de</strong> ses auditions pouvaient exercer<br />

55<br />

Voir “Critères et sources du choix <strong>de</strong>s témoins,” sur le site <strong>de</strong> l’IER,<br />

www.ier.ma/_fr_article.php?id_article=582.<br />

56<br />

Voir les informations fournies sur le site <strong>de</strong> l’AMDH, http://www.amdh.org.ma/html/act_pub.asp.<br />

37 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 11(E)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!