La commission marocaine de vérité - Human Rights Watch
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l’USFP, un parti issu <strong>de</strong> l’UNFP, un parti que Ben Barka a co-fondé, pour porter plainte<br />
et la prescription <strong>de</strong>s faits, le crime remontant à plus <strong>de</strong> vingt ans.<br />
Suite à ces révélations, et dans ce qui s’apparente à <strong>de</strong>s représailles motivées par <strong>de</strong>s<br />
raisons politiques, Ahmed Boukhari a du affronter une série <strong>de</strong> poursuites et <strong>de</strong><br />
restrictions, qui ont plus fait pour discréditer les tribunaux marocains que pour ai<strong>de</strong>r à<br />
rendre justice. <strong>La</strong> police <strong>marocaine</strong> a arrêté Boukhari en août 2001, six semaines après la<br />
publication <strong>de</strong> ses révélations, il a été jugé et condamné à un an <strong>de</strong> prison pour une<br />
affaire <strong>de</strong> chèques sans provision qui avait été jugée <strong>de</strong>s années auparavant. Boukhari est<br />
finalement libéré après trois mois <strong>de</strong> prison, mais les autorités refusent <strong>de</strong> lui délivrer son<br />
passeport, en dépit d’une décision en sa faveur du tribunal administratif <strong>de</strong> Casablanca.<br />
Ce refus l’empêche d’aller en France, où un juge d’instruction chargé d’enquêter sur<br />
l’enlèvement <strong>de</strong> Ben Barka, cherche à l’entendre comme témoin. 34 (<strong>La</strong> France a nommé<br />
un juge car le crime a eu lieu sur son territoire et parce que la famille <strong>de</strong> Ben Barka a<br />
déposé une plainte pour « assassinat » après les conclusions du premier procès pour<br />
enlèvement.)<br />
L’AMDH a également essayé <strong>de</strong> faire en sorte que les tribunaux et le Parlement<br />
enquêtent sur les exactions passées. Le 23 octobre 2000, l’association a adressé une lettre<br />
ouverte au ministre <strong>de</strong> la justice <strong>de</strong> l’époque, Omar Azziman, le priant d’entamer une<br />
procédure à l’encontre <strong>de</strong> quatorze fonctionnaires, à la retraite ou en poste, que l’AMDH<br />
accuse <strong>de</strong> complicité <strong>de</strong> torture et autres graves violations <strong>de</strong>s droits humains. Le 4<br />
décembre 2000, l’AMDH adresse une lettre ouverte au Parlement lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong><br />
nommer une <strong>commission</strong> d’enquête, conformément à l’article 42 <strong>de</strong> la Constitution,<br />
pour enquêter sur seize personnes, accusées dans la lettre, d’être responsables <strong>de</strong><br />
« disparitions » et <strong>de</strong> tortures. Cette lettre comprenait <strong>de</strong>ux noms supplémentaires par<br />
rapport à celle envoyée au ministre <strong>de</strong> la Justice. L’AMDH affirme qu’il y a <strong>de</strong>s victimes<br />
prêtes à témoigner contre les accusés, <strong>de</strong>vant une <strong>commission</strong> parlementaire. Ni le<br />
gouvernement ni le Parlement n’ont jusqu’à présent répondu aux lettres <strong>de</strong> l’AMDH. 35<br />
34<br />
Voir la lettre <strong>de</strong> <strong>Human</strong> <strong>Rights</strong> <strong>Watch</strong> à Omar Azzimane, à l’époque ministre <strong>de</strong> la Justice concernant Ahmed<br />
Boukhari, 30 août 2001 [online] http://www.hrw.org/press/2001/08/morocco-0830-ltr.htm.<br />
35<br />
<strong>La</strong> liste <strong>de</strong> l’AMDH <strong>de</strong>s présumés tortionnaires inclut trois officiels toujours en poste et dont les noms ont<br />
souvent été cités en tant que responsables <strong>de</strong> violations graves du passé : Hosni Benslimane, directeur <strong>de</strong> la<br />
Gendarmerie Royale, Hamid Lâanigri, patron <strong>de</strong>s la Direction Générale <strong>de</strong> la Sûreté Nationale et le<br />
parlementaire Mohamed Archane. <strong>La</strong> liste <strong>de</strong>s 45 présumés tortionnaires, mise à jour en 2001, est en ligne sur<br />
http://www.maghreb-ddh.org/article.php3?id_article=163. Ni le général Benslimane, ni Hamid Lâanigri n’ont<br />
jamais répondu à ces accusations. En revanche, Archane a plusieurs fois déclaré dans la presse qu’il avait<br />
toujours servi son pays et respecté la loi.<br />
27 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 11(E)