14.08.2013 Views

La mère, son bébé et la nourriture - Université de Bourgogne

La mère, son bébé et la nourriture - Université de Bourgogne

La mère, son bébé et la nourriture - Université de Bourgogne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Chapitre 1 : L’alimentation au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture<br />

L‟Homme se définit selon plusieurs composantes, nous exposerons ici les suivantes :<br />

l‟individu <strong>et</strong> <strong>son</strong> corps, <strong>la</strong> société (l‟autre <strong>et</strong> les autres), <strong>et</strong> enfin <strong>la</strong> culture. Notre obj<strong>et</strong> d‟étu<strong>de</strong><br />

n‟est pas <strong>la</strong> culture elle-même, mais l‟alimentation <strong>et</strong> sa p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> dya<strong>de</strong> <strong>mère</strong>-enfant dans<br />

une culture donnée, d‟où <strong>la</strong> nécessité, à notre sens d‟abor<strong>de</strong>r les notions qui suivront.<br />

1. Rapport individu-alimentation : aspects nutritionnels <strong>de</strong><br />

l‟alimentation <strong>et</strong> rapport au corps<br />

Le corps est une machine qui consomme <strong>de</strong> l‟énergie, c<strong>et</strong>te énergie est apportée par <strong>la</strong><br />

<strong>nourriture</strong>, ainsi manger est principalement un acte mécanique <strong>et</strong> chimique. Le comportement<br />

alimentaire quant à lui se définit comme <strong>la</strong> sélection <strong>et</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s substances qui<br />

correspon<strong>de</strong>nt aux besoins du corps. Au fil <strong>de</strong> l‟expérience, nous apprenons à faire le lien<br />

entre les substances absorbées, leur goût, leur f<strong>la</strong>veur <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> leur action sur notre corps. Ainsi,<br />

faire l‟expérience <strong>de</strong> boire un verre d‟eau lorsque l‟on a très soif <strong>et</strong> constater l‟eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

rafraichissement <strong>et</strong> désaltération sur le corps va <strong>la</strong>isser une trace consciente (« je n‟ai plus soif<br />

après avoir bu un verre d‟eau ») <strong>et</strong> inconsciente (le corps va se réhydrater <strong>et</strong> <strong>la</strong> sensation <strong>de</strong><br />

soif va disparaître) du rapport aliment ingéré/action sur le corps.<br />

De même, lorsque l‟on fait l‟expérience d‟un aliment qui nous rend ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, il est fort<br />

probable que notre corps gar<strong>de</strong> <strong>la</strong> trace significative <strong>de</strong> c<strong>et</strong> aliment comme étant un « danger<br />

potentiel ». Ce<strong>la</strong> se traduit au niveau corporel <strong>et</strong> comportemental par le dégoût pour l‟un ou<br />

plusieurs aspects <strong>de</strong> l‟aliment (ex : o<strong>de</strong>ur, couleur, texture…) ainsi que le rej<strong>et</strong> ou évitement<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong> aliment dans l‟alimentation quotidienne.<br />

Or, lorsque l‟on parle <strong>de</strong> perceptions (corporelles, comme <strong>de</strong> façon générale), nous<br />

<strong>de</strong>vons aussi considérer les variations d‟ordre social pouvant les caractériser.<br />

Le rapport au corps, inhérent au rapport à l‟alimentation, varie selon les sociétés <strong>et</strong> les<br />

époques. Comme l'explique D<strong>et</strong>rez (2002), le corps est « une construction sociale dépendante<br />

du temps <strong>et</strong> <strong>de</strong> l‟espace ». Pendant <strong>de</strong> nombreuses années, le corps a été considéré comme un<br />

« donné naturel ». Puis dès les premiers travaux <strong>de</strong> sociologie traitant du corps, le corps est<br />

perçu comme le « produit d‟une construction », comme « un obj<strong>et</strong> social, un obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> société<br />

<strong>et</strong> un obj<strong>et</strong> culturel ».<br />

Selon Defrance (1994) « L‟on est (ainsi) passé d‟un corps mu<strong>et</strong>, morcelé, corps-obj<strong>et</strong> à<br />

un corps par<strong>la</strong>nt, global, corps-suj<strong>et</strong> ».<br />

Ainsi, nos corps <strong>et</strong> <strong>la</strong> représentation que l‟on en a, <strong>son</strong>t soumis à l‟influence <strong>de</strong> l‟évolution<br />

historique, les conditions économiques <strong>et</strong> structurelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>et</strong> du mon<strong>de</strong>. Nous en<br />

exposerons ci-après quelques illustrations.<br />

Par exemple au Moyen-âge les ron<strong>de</strong>urs étaient bien considérées car elles symbolisaient<br />

<strong>et</strong> représentaient <strong>la</strong> santé <strong>et</strong> <strong>la</strong> prospérité. Pour atteindre ces ron<strong>de</strong>urs idéales, <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong><br />

était un bien <strong>de</strong>s plus précieux, d‟autant plus qu‟il était rare. Etre enrobé était signe d‟aisance<br />

financière, perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> résister plus facilement aux nombreuses famines ainsi<br />

qu‟éventuellement, aux différentes ma<strong>la</strong>dies <strong>et</strong> virus décimant les popu<strong>la</strong>tions les plus faibles.<br />

C<strong>et</strong> idéal va s'effacer p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it au début du 20ème siècle pour <strong>la</strong>isser p<strong>la</strong>ce durant les<br />

25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!