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La mère, son bébé et la nourriture - Université de Bourgogne

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Pour avoir c<strong>et</strong>te image, ce corps, l‟impératif <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> faire du sport, <strong>et</strong> se muscler. Il est<br />

donc possible d‟affirmer avec Durkheim, que, "pour distinguer un individu d‟un autre, il faut<br />

un acteur d‟individuation, c‟est le corps qui va ici jouer ce rôle." (cf Durkheim 1912, p. 386).<br />

Par l‟intermédiaire <strong>de</strong> <strong>son</strong> corps, l‟individu va se caractériser, montrer <strong>son</strong> i<strong>de</strong>ntité. Ainsi être<br />

gros, qui auparavant était signe <strong>de</strong> richesse <strong>et</strong> envié par tous, signifie alors négligence, <strong>la</strong>isseraller,<br />

manque <strong>de</strong> raffinement. L‟Homme catégorise, différencie, traite autrui en fonction <strong>de</strong><br />

<strong>son</strong> image, <strong>de</strong> <strong>son</strong> corps, <strong>de</strong> <strong>son</strong> allure. Malgré les proverbes tels que "l‟habit ne fait pas le<br />

moine", ces manières <strong>de</strong> catégoriser <strong>son</strong>t très profondément ancrées dans nos habitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong><br />

nous ne pouvons nous en défaire ni facilement, ni rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Le milieu médical quant à lui, conseille fortement les activités physiques pour être en<br />

forme <strong>et</strong> lutter contre les risques <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die. Pratiquer une activité physique n‟est plus<br />

seulement pour avoir une belle apparence, mais aussi pour prendre soin <strong>de</strong> sa santé. Ces<br />

messages <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine ont été repris par les médias qui <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus présents<br />

dans <strong>la</strong> vie quotidienne <strong>de</strong>s individus. Si bien que les comportements <strong>de</strong> chacun seront définis<br />

selon les informations, conseils, avertissements transmis par les médias. C<strong>et</strong>te médiatisation<br />

pose <strong>de</strong> nombreux problèmes <strong>de</strong> société. Les per<strong>son</strong>nes ne correspondant pas aux critères <strong>de</strong><br />

beauté actuels <strong>son</strong>t stigmatisées : les jeunes filles trop enrobées, les garçons qui manquent <strong>de</strong><br />

muscles.<br />

Depuis les années 90, sur fond <strong>de</strong> crise économique, doute <strong>et</strong> anxiété règnent. On est<br />

témoin d‟un r<strong>et</strong>our aux valeurs morales, au sentiment <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, du terroir, <strong>de</strong>s traditions 5 .<br />

On valorise le caractère expressif <strong>de</strong> <strong>la</strong> per<strong>son</strong>ne avec l‟émotion comme gage <strong>de</strong> vérité <strong>et</strong><br />

d‟authenticité. Au niveau alimentaire, le respect <strong>de</strong>s cycles naturels semble important, on<br />

privilégie <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> sai<strong>son</strong> <strong>et</strong>c. On cultive le goût du vrai, on crée ou<br />

r<strong>et</strong>rouve <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> préparer les aliments pour en conserver les bienfaits <strong>et</strong> leur intégrité.<br />

Les valeurs <strong>de</strong> santé <strong>son</strong>t toujours primordiales. Au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation <strong>de</strong> l‟idéal du<br />

corps, notre société est <strong>de</strong>venue "lipophobe" (Fischler, 1990). On ne doit être que beau, jeune,<br />

mince <strong>et</strong> musclé. On rej<strong>et</strong>te les corps qui s‟écartent <strong>de</strong> c<strong>et</strong> idéal, si bien que chacun veut<br />

absolument ressembler aux canons <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté mo<strong>de</strong>rne, même s‟ils <strong>son</strong>t inaccessibles à <strong>la</strong><br />

plupart <strong>de</strong>s gens 6 . Ainsi les individus s‟imposent un idéal <strong>de</strong> minceur, avec l‟encouragement<br />

<strong>de</strong>s médias <strong>et</strong> <strong>de</strong>s organismes médicaux qui prônent <strong>la</strong> minceur pour être en bonne santé.<br />

Certain(e)s vont même tout faire pour parvenir à leurs fins (régimes, chirurgie, drogues…),<br />

jusqu‟à m<strong>et</strong>tre leur santé en péril. Comme le dit D<strong>et</strong>rez (2002) « ainsi, paradoxalement, le<br />

corps parfait est celui qui n‟existe pas ».<br />

C‟est généralement au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé que <strong>la</strong> valeur morale attribuée à <strong>la</strong> minceur <strong>et</strong> au<br />

régime est justifiée. Et c‟est en ce<strong>la</strong> que les gens vont plus facilement écouter le corps médical<br />

<strong>et</strong> légitimer ainsi leur conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> minceur idéal. Dans <strong>la</strong> réalité c‟est autre chose, <strong>de</strong><br />

nombreuses recherches montrent que c‟est lorsqu‟on dépasse légèrement <strong>son</strong> poids idéal que<br />

l‟on est en meilleure forme <strong>et</strong> que ce <strong>son</strong>t les plus maigres qui ont les taux <strong>de</strong> mortalité les<br />

plus élevés. D‟autres étu<strong>de</strong>s dénoncent les eff<strong>et</strong>s néfastes <strong>de</strong>s régimes, finalement plus<br />

dangereux qu‟un excès pondéral, sauf obésité morbi<strong>de</strong> (Nemeroff, 1994).<br />

5<br />

Comme à chaque fois qu‟une crise est déc<strong>la</strong>rée, il y a un r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>s mêmes valeurs, malgré un contenu différent<br />

correspondant à l‟époque (Moerdijk-Bonnain).<br />

6<br />

Selon Fischler (1990) seulement 5% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion féminine <strong>de</strong>s Etats-Unis <strong>de</strong> 20 à 29 ans pourrait prétendre<br />

avoir <strong>la</strong> taille <strong>et</strong> être aussi mince que les prétendantes aux concours <strong>de</strong> beauté.<br />

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