Dimension 3 n° 2012/5 - Belgium

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L'eau est un bien extrêmement précieux au Sahel. Malgré cela, 85 à 90 % de l'eau de surface reste inutilisée, et repart sans que l'on n'en fasse rien. Une meilleure gestion de l'eau est l'une des solutions aux problèmes du Sahel. © Curt Carnemark / World Bank 14 novembre-décembre 2012 I dimension 3
Fiche thématique Crises au Sahel © European Union Quelles issues pour le Sahel ? Depuis les années '70 déjà, les sécheresses provoquent régulièrement la famine dans la région du Sahel et, ces dernières années, les crises qu’elle traverse sont toujours plus nombreuses. Pourquoi la situation semble-t-elle empirer malgré 40 ans d’actions humanitaires ? Le Sahel, qu’est-ce que c’est ? Le Sahel est une zone semi-aride située entre le désert du Sahara dans le nord de l’Afrique et l’Afrique tropicale couverte de savanes et de forêts équatoriales. Il s’étend du Sénégal qui borde l’océan Atlantique au Soudan en passant par le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria et le Tchad. Trois de ces pays sont des partenaires de la Coopération belge au développement : le Sénégal, le Mali et le Niger. Ces deux derniers sont plus représentatifs de la région en matière de pauvreté. La végétation se compose de zones herbeuses, buissons et grands arbres épars ; une savane qui disparaît au fil du temps. HISTOIRE Le Sahel connaîtrait une succession de périodes sèches et plutôt humides depuis 5.000 ans déjà, auxquelles la population s’est adaptée. Les territoires plus secs au Nord étaient occupés par des nomades. Ils parcouraient la région avec leur bétail en quête de pâturages. Dans les régions plus humides du sud, l’activité principale était l’agriculture, pratiquée selon la technique du slash-andburn. Les fermiers défrichaient des terres, notamment pour semer du millet. Après un certain temps, ils rendaient ces terres à la nature et dégageaient une autre zone, et les terres laissées en jachère n'étaient réutilisées que plus tard. Ces deux groupes travaillaient ensemble : une fois que les fermiers avaient récolté leurs champs, les nomades y faisaient paître leur bétail. Les bêtes se régalaient des restes des cultures et fertilisaient les terres par la même occasion. Lait et viande étaient échangés contre des graines. Ce système a fonctionné des siècles durant, même lors des périodes de sécheresse. IMPACT DE LA NATURE Depuis la fin des années '60, les précipitations se font plus rares, sans doute en raison de l’augmentation de la température des océans : si l’eau est chaude dans le Golfe de Guinée – au large de l’Afrique de l’Ouest –, l’air qui circule vers le Sahel est moins humide. Les années de 1970 à 1974 ont été catastrophiques pour la région du Sahel. Les famines se sont depuis succédées, encore récemment en 2005, 2010 et 2012. En outre, la région a régulièrement été ravagée par de graves inondations dans le Sud, ainsi que par d’immenses nuées de sauterelles. FACTEURS HUMAINS La famine est pourtant elle-même le résultat d’un ensemble de facteurs humains. Les trois principaux facteurs humains sont les suivants : (1) La région connaît une très forte croissance démographique et le Niger présente le taux de fécondité le plus élevé du monde avec 9 enfants par femme. La population augmente de 3,3 % par an, un rythme impossible à gérer. Ce choix d’avoir beaucoup d’enfants a également un rapport avec la pauvreté et le taux élevé de mortalité infantile. Les enfants sont en effet une assurance pour les vieux jours et une aide précieuse aux champs. (2) Une grande partie de la population du Sahel est pauvre et nombreux sont ceux qui vivent dans une extrême pauvreté. Les personnes les plus vulnérables ne peuvent cultiver elles-mêmes qu’une partie de leur nourriture. La plupart du temps, elles doivent acheter l’autre partie de leurs vivres à l’entre-saison (entre deux récoltes), durant laquelle la pénurie fait grimper les prix. Elles ont en outre, d’autres frais : cérémonies de mariage, enterrements, soins de santé… Mais où trouvent-elles cet argent ? De nombreux hommes et enfants se rendent dans des pays comme la Libye et la Côte d’Ivoire ou encore en Europe pour y travailler. L’argent qu’ils envoient est indispensable pour les familles restées au pays. En pleine crise alimentaire (juillet 2012), ce marché offre suffisamment de nourriture, mais les plus vulnérables manquent d'argent pour en acheter. Beaucoup sont contraints de vendre leur bétail. dimension 3 I novembre-décembre 2012 15
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