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Fiche thématique Crises au Sahel La région du Sahel Mauritanie Mali Niger Chad Sudan Guinéé Bissau Sénégal Burkina Faso Togo Bénin S A H E L Zones de sécheresse : Hyper-aride Aride Ghana Nigeria Cameroun République centrafricaine Semi-aride Sec sous-humide Source : Milennium Ecosystem Assessment Deux mamans et leurs enfants attendent la consultation nutritionnelle au Centre de santé. La fertilité maternelle est très élevée au Sahel. D’autres vont moins loin : ils travaillent sur les terres de fermiers plus fortunés ou vendent des produits artisanaux, des herbes cueillies ou une partie de leurs terres ou de leur récolte. En cas de besoin, ils peuvent emprunter de l’argent, mais s’endettent. En dernier recours, ils se tournent vers la ville. Conclusion : la famine n’est en général pas due à un manque de nourriture mais bien au fait que le grand nombre de personnes vulnérables ne sont pas en mesure d’acheter de nourriture. (3) Le changement climatique – conséquence des émissions de gaz à effet de serre – amène avec lui des conditions météorologiques plus capricieuses et provoque des sécheresses plus extrêmes. © EU / Kedidja Mossi Ces phénomènes ont plusieurs conséquences : (1) La pression démographique élevée nuit donc à l’environnement car le système slash-and-burn ne fonctionne plus. Les terres ne sont plus suffisamment laissées en jachère. Les fermiers n’ont pas d’argent pour acheter des engrais et entrent même en conflit avec les éleveurs nomades de bétail. Ils sont contraints de cultiver les terres de la région plus sèche du nord et il arrive souvent que l’accès aux routes suivies par les nomades pour leur bétail soit bloqué. Les éleveurs ne sont plus les bienvenus sur les terrains cultivés et trouvent dès lors bien moins de pâturages pour nourrir leurs bêtes. Conséquence : l’agriculture épuise le sol et le bétail paît jusqu’au dernier brin d’herbe. Naissent alors des zones désertiques où le sol ne peut plus absorber d’eau et où plus aucune plante ne pousse. En outre, un plus grand nombre de personnes nécessite d’avantage de bois pour cuisiner. Elles abattent dès lors davantage d’arbres et de buissons qui ne se régénèrent généralement pas. (2) La malnutrition des enfants est un problème de taille et les famines successives ne font qu’aggraver la situation. Les deux premières années de vie sont cruciales mais comme les femmes retombent rapidement enceintes, les enfants ne sont pas nourris au sein suffisamment longtemps. Une fois sevrés, leur nourriture est insuffisante et peu variée. Les quantités sont souvent trop faibles, mais l’ignorance joue également un rôle déterminant. La malnutrition provoque des retards de croissance chez les enfants et, s’ils survivent, ils seront des adultes peu vigoureux et une main-d’œuvre moins efficace. La malnutrition hypothèque donc l’avenir de la nouvelle génération. En outre, une mauvaise alimentation et des soins de santé rudimentaires sont deux facteurs qui favorisent les maladies. 16 novembre-décembre 2012 I dimension 3
Fiche thématique Crises au Sahel (3) Le Sahel est ravagé par les conflits. Des rebelles y sont actifs, au Tchad notamment. En 2012, les Touaregs ont voulu créer l’État du Nord-Mali. Les extrémistes islamistes de 'Al-Qaida au Maghreb' y déploient également leurs activités. Des pays tels que le Mali et le Niger sont immenses et l’État ne parvient pas à asseoir son autorité dans les territoires du nord faiblement peuplés. La région est également une plaque tournante du commerce de la drogue et du trafic d’êtres humains. La population est dès lors régulièrement contrainte à fuir. (4) La région compte très peu de routes et de nombreux pays du Sahel n’ont aucun accès à la mer, ce qui ne facilite pas le commerce. Facteurs aggravants (sur le plan national et international) : (1) Pendant les années '30, la France, qui colonisait la région, a lancé la culture à grande échelle de produits destinés à l’exportation comme le coton et l’arachide, activité qui a épuisé les sols. Cette production s'est poursuivie après l’indépendance. L’exportation de produits issus de l’agriculture garantit en effet au pays un revenu indispensable mais la culture des produits d’exportation monopolise des terres fertiles. (2) Pendant la période coloniale, les frontières de certains pays ont été délimitées artificiellement. Souvent, ces nouvelles frontières traversaient les routes utilisées des nomades et leur bétail. De nombreux nomades se sont dès lors vus contraints de faire paître leurs bêtes dans des zones moins vastes, provoquant du surpâturage. (3) La plupart des pays du Sahel sont des États fragiles à faibles revenus qui ne sont pas en mesure de garantir à la population la sécurité alimentaire, des soins de santé de qualité ou un système d’enseignement efficace pour tous. Au Niger, deux tiers du budget de l’état sont des fonds alloués par l’aide au développement, ce qui n’encourage pas les autorités à redoubler d’efforts. Trop souvent, l’élite et ses partisans veulent avant tout s’assurer une vie confortable. (4) Après la famine qui a fait rage pendant les années '80, le Fonds monétaire international a imposé des adaptations structurelles en échange de prêts bon marché. L’accent y était mis sur le libre-échange et la diminution du rôle de l’État, ce qui a entraîné la privatisation d’un grand nombre de services comme la médecine vétérinaire. Dans un Sahel faiblement peuplé qui compte peu de voies de communication, il n’est pas rentable pour une société privée de s’occuper du bétail. De plus, des aliments meilleur marché fournis par les pays riches ont été introduits dans la région et il était dès lors plus difficile pour les habitants de produire leurs propres denrées. Suite à l’ouverture des frontières, les prix des denrées nationales ont notamment été déterminés par les marchés internationaux. Les fluctuations de prix au niveau international ont un impact négatif sur les petits fermiers, et les personnes vulnérables ont de grandes difficultés à se procurer de la nourriture. (5) Le fonctionnement du marché national pose lui aussi problème. Entre deux récoltes, les prix des produits alimentaires augmentent et certains commerçants profitent de ce phénomène pour faire des bénéfices supplémentaires. Les personnes les plus vulnérables sont à nouveau les plus touchées. Les riches spéculent également sur les terres qu’ils rachètent aux pauvres dans le besoin. (6) L’aide d’urgence et la coopération au développement ont encore bien des leçons à tirer. Une aide bien intentionnée peut provoquer des conflits. Exemple : de la nourriture est acheminée dans un village considéré dans le besoin tandis que dans le village voisin, un peu moins affecté par la famine, les fermiers ne reçoivent rien. L’aide alimentaire octroyée peut également faire diminuer les prix. À première vue, cette conséquence peut paraître avantageuse pour les personnes vulnérables qui doivent acheter de la nourriture. Elle est toutefois négative pour de nombreux fermiers qui voient leurs revenus diminuer et ne peuvent dès lors plus faire appel aux services des personnes vulnérables. L’aide a longtemps été limitée aux situations extrêmes. À l’exception de quelques projets de moindre envergure, la situation reste inchangée. Les pays du Sahel connaissent toutefois une crise ininterrompue et méritent dès lors une attention soutenue. SOLUTIONS Cet état des lieux n’est que partiel mais suffit à illustrer que les pays du Sahel sont confrontés à une multitude de facteurs ayant une influence négative. La situation est-elle sans issue ? Pas nécessairement. Il existe des solutions, mais elles ne peuvent porter leurs fruits que dans le cadre d’une vision globale à long terme. La solution miracle n’existe pas et c’est par une combinaison de différentes solutions qu’il est possible de changer les choses. Sur le plan technique : (1) Techniques agricoles 'agro-écologiques' durables. L’agro-écologie consiste à utiliser le moins d'intrants possible (engrais, pesticides) et à ne rien gaspiller : tout est utilisé. Il s’agit d’une technique relativement bon marché et dès lors particulièrement adaptée aux fermiers pauvres. En se nourrissant de nutriments dans les couches plus profondes du sol, les arbres peuvent augmenter la production. Ils sont également plus résistants aux températures extrêmes et leur bois peut être utilisé comme bois de chauffage. (2) Gestion durable du sol. Le sol est la clé du problème : un sol bien géré permet de retenir plus d’eau mais également d’éviter qu’il ne s’érode et ne relâche trop de précieuses particules en cas de fortes pluies. Des murets peuvent aussi permettre d’éviter l’érosion. © European Union dimension 3 I novembre-décembre 2012 17
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