Dimension 3 n° 2012/5 - Belgium
Dimension 3 n° 2012/5 - Belgium
Dimension 3 n° 2012/5 - Belgium
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Fiche thématique<br />
Crises<br />
au Sahel<br />
© European Union<br />
Quelles issues<br />
pour le Sahel ?<br />
Depuis les années '70 déjà, les sécheresses provoquent régulièrement<br />
la famine dans la région du Sahel et, ces dernières années, les<br />
crises qu’elle traverse sont toujours plus nombreuses. Pourquoi la<br />
situation semble-t-elle empirer malgré 40 ans d’actions humanitaires ?<br />
Le Sahel, qu’est-ce que c’est ?<br />
Le Sahel est une zone semi-aride située entre le désert du Sahara<br />
dans le nord de l’Afrique et l’Afrique tropicale couverte de savanes<br />
et de forêts équatoriales. Il s’étend du Sénégal qui borde l’océan<br />
Atlantique au Soudan en passant par le Mali, la Mauritanie, le Burkina<br />
Faso, le Niger, le Nigeria et le Tchad. Trois de ces pays sont des<br />
partenaires de la Coopération belge au développement : le Sénégal,<br />
le Mali et le Niger. Ces deux derniers sont plus représentatifs de<br />
la région en matière de pauvreté. La végétation se compose de<br />
zones herbeuses, buissons et grands arbres épars ; une savane qui<br />
disparaît au fil du temps.<br />
HISTOIRE<br />
Le Sahel connaîtrait une succession de périodes sèches<br />
et plutôt humides depuis 5.000 ans déjà, auxquelles la<br />
population s’est adaptée. Les territoires plus secs au<br />
Nord étaient occupés par des nomades. Ils parcouraient<br />
la région avec leur bétail en quête de pâturages. Dans<br />
les régions plus humides du sud, l’activité principale était<br />
l’agriculture, pratiquée selon la technique du slash-andburn.<br />
Les fermiers défrichaient des terres, notamment<br />
pour semer du millet. Après un certain temps, ils rendaient<br />
ces terres à la nature et dégageaient une autre<br />
zone, et les terres laissées en jachère n'étaient réutilisées<br />
que plus tard. Ces deux groupes travaillaient ensemble :<br />
une fois que les fermiers avaient récolté leurs champs,<br />
les nomades y faisaient paître leur bétail. Les bêtes se<br />
régalaient des restes des cultures et fertilisaient les terres<br />
par la même occasion. Lait et viande étaient échangés<br />
contre des graines. Ce système a fonctionné des siècles<br />
durant, même lors des périodes de sécheresse.<br />
IMPACT DE LA NATURE<br />
Depuis la fin des années '60, les précipitations se font<br />
plus rares, sans doute en raison de l’augmentation de<br />
la température des océans : si l’eau est chaude dans<br />
le Golfe de Guinée – au large de l’Afrique de l’Ouest –,<br />
l’air qui circule vers le Sahel est moins humide. Les<br />
années de 1970 à 1974 ont été catastrophiques pour<br />
la région du Sahel. Les famines se sont depuis succédées,<br />
encore récemment en 2005, 2010 et <strong>2012</strong>.<br />
En outre, la région a régulièrement été ravagée par de<br />
graves inondations dans le Sud, ainsi que par d’immenses<br />
nuées de sauterelles.<br />
FACTEURS HUMAINS<br />
La famine est pourtant elle-même le résultat d’un<br />
ensemble de facteurs humains.<br />
Les trois principaux facteurs humains<br />
sont les suivants :<br />
(1) La région connaît une très forte croissance démographique<br />
et le Niger présente le taux de fécondité le plus<br />
élevé du monde avec 9 enfants par femme. La population<br />
augmente de 3,3 % par an, un rythme impossible à<br />
gérer. Ce choix d’avoir beaucoup d’enfants a également<br />
un rapport avec la pauvreté et le taux élevé de mortalité<br />
infantile. Les enfants sont en effet une assurance pour<br />
les vieux jours et une aide précieuse aux champs.<br />
(2) Une grande partie de la population du Sahel est<br />
pauvre et nombreux sont ceux qui vivent dans une<br />
extrême pauvreté. Les personnes les plus vulnérables<br />
ne peuvent cultiver elles-mêmes qu’une partie<br />
de leur nourriture. La plupart du temps, elles doivent<br />
acheter l’autre partie de leurs vivres à l’entre-saison<br />
(entre deux récoltes), durant laquelle la pénurie fait grimper<br />
les prix. Elles ont en outre, d’autres frais : cérémonies<br />
de mariage, enterrements, soins de santé… Mais<br />
où trouvent-elles cet argent ? De nombreux hommes et<br />
enfants se rendent dans des pays comme la Libye et la<br />
Côte d’Ivoire ou encore en Europe pour y travailler. L’argent<br />
qu’ils envoient est indispensable pour les familles<br />
restées au pays.<br />
En pleine crise alimentaire<br />
(juillet <strong>2012</strong>), ce marché<br />
offre suffisamment de<br />
nourriture, mais les plus<br />
vulnérables manquent<br />
d'argent pour en acheter.<br />
Beaucoup sont contraints<br />
de vendre leur bétail.<br />
dimension 3 I novembre-décembre <strong>2012</strong> 15