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Dimension 3 n° 2012/5 - Belgium

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Fiche thématique<br />

Crises<br />

au Sahel<br />

(3) Le Sahel est ravagé par les conflits. Des rebelles<br />

y sont actifs, au Tchad notamment. En <strong>2012</strong>, les<br />

Touaregs ont voulu créer l’État du Nord-Mali. Les<br />

extrémistes islamistes de 'Al-Qaida au Maghreb'<br />

y déploient également leurs activités. Des pays tels<br />

que le Mali et le Niger sont immenses et l’État ne parvient<br />

pas à asseoir son autorité dans les territoires<br />

du nord faiblement peuplés. La région est également<br />

une plaque tournante du commerce de la drogue et<br />

du trafic d’êtres humains. La population est dès lors<br />

régulièrement contrainte à fuir.<br />

(4) La région compte très peu de routes et de nombreux<br />

pays du Sahel n’ont aucun accès à la mer, ce<br />

qui ne facilite pas le commerce.<br />

Facteurs aggravants (sur le plan<br />

national et international) :<br />

(1) Pendant les années '30, la France, qui colonisait la<br />

région, a lancé la culture à grande échelle de produits<br />

destinés à l’exportation comme le coton et l’arachide,<br />

activité qui a épuisé les sols. Cette production<br />

s'est poursuivie après l’indépendance. L’exportation<br />

de produits issus de l’agriculture garantit en effet au<br />

pays un revenu indispensable mais la culture des produits<br />

d’exportation monopolise des terres fertiles.<br />

(2) Pendant la période coloniale, les frontières de<br />

certains pays ont été délimitées artificiellement.<br />

Souvent, ces nouvelles frontières traversaient les<br />

routes utilisées des nomades et leur bétail. De nombreux<br />

nomades se sont dès lors vus contraints de<br />

faire paître leurs bêtes dans des zones moins vastes,<br />

provoquant du surpâturage.<br />

(3) La plupart des pays du Sahel sont des États fragiles<br />

à faibles revenus qui ne sont pas en mesure de<br />

garantir à la population la sécurité alimentaire, des<br />

soins de santé de qualité ou un système d’enseignement<br />

efficace pour tous. Au Niger, deux tiers du<br />

budget de l’état sont des fonds alloués par l’aide<br />

au développement, ce qui n’encourage pas les<br />

autorités à redoubler d’efforts. Trop souvent, l’élite<br />

et ses partisans veulent avant tout s’assurer une vie<br />

confortable.<br />

(4) Après la famine qui a fait rage pendant les années '80,<br />

le Fonds monétaire international a imposé des<br />

adaptations structurelles en échange de prêts bon<br />

marché. L’accent y était mis sur le libre-échange et<br />

la diminution du rôle de l’État, ce qui a entraîné la<br />

privatisation d’un grand nombre de services comme<br />

la médecine vétérinaire. Dans un Sahel faiblement<br />

peuplé qui compte peu de voies de communication,<br />

il n’est pas rentable pour une société privée de<br />

s’occuper du bétail. De plus, des aliments meilleur<br />

marché fournis par les pays riches ont été introduits<br />

dans la région et il était dès lors plus difficile pour les<br />

habitants de produire leurs propres denrées. Suite à<br />

l’ouverture des frontières, les prix des denrées nationales<br />

ont notamment été déterminés par les marchés<br />

internationaux. Les fluctuations de prix au niveau<br />

international ont un impact négatif sur les petits fermiers,<br />

et les personnes vulnérables ont de grandes<br />

difficultés à se procurer de la nourriture.<br />

(5) Le fonctionnement du marché national pose<br />

lui aussi problème. Entre deux récoltes, les prix des<br />

produits alimentaires augmentent et certains commerçants<br />

profitent de ce phénomène pour faire<br />

des bénéfices supplémentaires. Les personnes les<br />

plus vulnérables sont à nouveau les plus touchées.<br />

Les riches spéculent également sur les terres qu’ils<br />

rachètent aux pauvres dans le besoin.<br />

(6) L’aide d’urgence et la coopération au développement<br />

ont encore bien des leçons à tirer. Une<br />

aide bien intentionnée peut provoquer des conflits.<br />

Exemple : de la nourriture est acheminée dans un<br />

village considéré dans le besoin tandis que dans le<br />

village voisin, un peu moins affecté par la famine, les<br />

fermiers ne reçoivent rien. L’aide alimentaire octroyée<br />

peut également faire diminuer les prix. À première vue,<br />

cette conséquence peut paraître avantageuse pour les<br />

personnes vulnérables qui doivent acheter de la nourriture.<br />

Elle est toutefois négative pour de nombreux fermiers<br />

qui voient leurs revenus diminuer et ne peuvent<br />

dès lors plus faire appel aux services des personnes<br />

vulnérables. L’aide a longtemps été limitée aux situations<br />

extrêmes. À l’exception de quelques projets de<br />

moindre envergure, la situation reste inchangée. Les<br />

pays du Sahel connaissent toutefois une crise ininterrompue<br />

et méritent dès lors une attention soutenue.<br />

SOLUTIONS<br />

Cet état des lieux n’est que partiel mais suffit à illustrer<br />

que les pays du Sahel sont confrontés à une multitude<br />

de facteurs ayant une influence négative. La situation<br />

est-elle sans issue ? Pas nécessairement. Il existe des<br />

solutions, mais elles ne peuvent porter leurs fruits que<br />

dans le cadre d’une vision globale à long terme. La<br />

solution miracle n’existe pas et c’est par une combinaison<br />

de différentes solutions qu’il est possible de<br />

changer les choses.<br />

Sur le plan technique :<br />

(1) Techniques agricoles 'agro-écologiques'<br />

durables. L’agro-écologie consiste à utiliser le moins<br />

d'intrants possible (engrais, pesticides) et à ne rien gaspiller<br />

: tout est utilisé. Il s’agit d’une technique relativement<br />

bon marché et dès lors particulièrement adaptée<br />

aux fermiers pauvres. En se nourrissant de nutriments<br />

dans les couches plus profondes du sol, les arbres<br />

peuvent augmenter la production. Ils sont également<br />

plus résistants aux températures extrêmes et leur bois<br />

peut être utilisé comme bois de chauffage.<br />

(2) Gestion durable du sol. Le sol est la clé du problème<br />

: un sol bien géré permet de retenir plus d’eau<br />

mais également d’éviter qu’il ne s’érode et ne relâche<br />

trop de précieuses particules en cas de fortes pluies.<br />

Des murets peuvent aussi permettre d’éviter l’érosion.<br />

© European Union<br />

dimension 3 I novembre-décembre <strong>2012</strong> 17

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