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Sahel © IFPRI - Global w Index Index de la faim 2012 Pays industrialisés Pas de données Bas Modéré Sérieux Alarmant Extrêmement Alarmant Près de 870 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique 70.000.000 Un habitant de la planète sur huit souffre de sous-alimentation chronique. Et pourtant le dernier rapport des Nations Unies ‘L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde’ n’apporte pas que de mauvaises nouvelles. Entre 1990 (18,6 %) et 2007 (12,5 %), le nombre d’affamés a diminué plus rapidement qu’on ne l’aurait pensé, mais il s’est stabilisé en 2007, poussant les organisations onusiennes, FAO, FIDA et PAM, à demander aux Etats de donner un coup d’accélérateur pour atteindre les Objectifs du Millénaire. Malgré la forte baisse du nombre des affamés chroniques ces deux dernières décennies, pas question de relâcher les efforts dans la lutte contre la faim dans les pays en développement. Ainsi s’expriment dans leur analyse annuelle de la (in)sécurité alimentaire dans le monde, la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le FIDA (Fonds des Nations Unies pour le développement agricole) et le PAM (Programme alimentaire mondial). Selon une nouvelle estimation, basée sur une méthodologie et des données améliorées, quelque 870 millions de personnes souffrent de la faim. Parmi elles, 852 millions vivent dans des pays en développement d’Asie et d’Afrique. Sur 20 ans, le nombre des affamés a augmenté de 175 à 239 millions de personnes en Afrique, et a par contre baissé de 30 % en Asie. Les Objectifs du Millénaire visent à réduire de moitié la proportion des personnes sous-alimentées entre 1990 et 2015. Si la réduction de la faim dans le monde se poursuit au même rythme, le pourcentage de la sous-alimentation devrait atteindre 12,5 % en 2015, au lieu des 11,6 % espérés. C’est mieux que prévu, mais encore insuffisant. L’ONU estime totalement inacceptable que plus de 100 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de sous-alimentation. La malnutrition infantile tue chaque année plus de 2,5 millions d’enfants. “La communauté internationale possède les connaissances et les moyens d’éliminer toutes les formes de famine et de malnutrition”, rappelle l’ONU avec insistance. C’est pourquoi la croissance économique est nécessaire, même si elle ne suffit pas. La plupart des populations pauvres dépendant de l’agriculture, la croissance doit également concerner les petits agriculteurs. Des mesures telles que les bons La Coalition contre la Faim conseille les parlementaires À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation qui a eu lieu le 16 octobre 2012, la Coalition contre la faim a présenté trois points d’action au parlement fédéral : limiter la spéculation sur les produits alimentaires, définir une politique cohérente et prévoir des crédits adaptés pour l’agriculture familiale. Les investisseurs n’appartenant pas au secteur agro-alimentaire pourraient par exemple se voir interdire l’accès aux marchés agricoles. Et si la Belgique soutient officiellement l’agriculture familiale, pourquoi vote-t-elle contre une proposition déposée à l’ONU visant précisément à protéger ce type d’agriculture ? Les agriculteurs des pays du Sud, qui se situent entre les très petits agriculteurs et les grandes entreprises, devraient pouvoir bénéficier de crédits avantageux octroyés par la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO). Les parlementaires présents, notamment François-Xavier de Donnea et Herman De Croo, ont également reçu des conseils sur l’aide qu’ils peuvent apporter en vue de mettre en œuvre ces trois points d’action : dans leurs allocutions, ils ont promis leur appui. La Coalition contre la Faim est un groupement de 16 ONG belges, financé par le Fond belge pour la Sécurité Alimentaire. CS alimentaires ou l’assurance santé sont nécessaires pour les populations les plus vulnérables. La question d’une alimentation suffisante ne doit pas faire oublier la nécessité d’une alimentation saine car l’obésité pose également problème dans les pays en développement, comme l’indique le Rapport de l’ONU. Source : VILT.be Plus d’infos : www.fao.org/publications/sofi/fr/ 6 novembre-décembre 2012 I dimension 3
SAHEL SAHEL © Béatrice Petit Une vulnérabilité CROISSANTE Depuis 2005, le Sahel a fait face à sa quatrième crise alimentaire, en sept ans. Selon Eric Hazard, responsable de la campagne CULTIVONS d’OXFAM pour l’Afrique de l’Ouest, il ne s’agirait pas d’une succession fortuite, mais bien plutôt d’un cycle pernicieux de crises résultant d’une vulnérabilité croissante de la population. Conjoncturelles assez souvent, les famines et les crises alimentaires au Sahel auraient en outre des causes structurelles. Quelles sontelles, pour l’essentiel ? Et comment en protéger les populations ? Dans le passé, les crises alimentaires au Sahel étaient le plus souvent dues à des déficits de production liés à des pluies tardives ou insuffisantes, et cela dans une région où 95 % de l’agriculture demeure totalement dépendante de la pluviométrie. Ces dernières années, les crises présentent un nouveau visage. Nous sommes passés de crises de disponibilité, - les denrées alimentaires ne sont pas disponibles sur les marchés en raison d’un déficit de production -, à des crises d’accessibilité - les denrées alimentaires sont disponibles, mais à des prix devenus inaccessibles. Ainsi leurs prix, notamment pour l’année 2012, sont restés extrêmement élevés, comparés à la moyenne des 5 dernières années. En décembre 2011, les prix étaient de 30 à 40 % plus élevés au Niger et au Tchad, et de 50 à 60 % plus élevés au Mali et au Burkina Faso. Dans certaines zones au Mali, cette hausse a dépassé les 90 %. Cette tendance s’est poursuivie en 2012. 60 % de la population achètent ses vivres sur le marché, et l’alimentation représente plus de 80 % des dépenses des groupes les plus vulnérables. Cet élément ‘inflation/ prix’ est devenu structurant. Il faut ajouter à cela d’autres éléments plus conjoncturels, notamment la baisse des transferts de fonds qui était assurée auparavant par les migrants. Du fait des multiples crises que connaissent leurs pays d’accueil, notamment la crise financière qui touche l’Europe, le flux des transferts des migrants a fortement diminué. De plus, l’instabilité actuelle dans la sous-région, au Niger, au Mali, au nord du Nigéria aussi, dont les frontières ont été fermées pour des raisons de sécurité, a évidemment exacerbé cette crise. La crise est profonde en 2012 car une conjonction de facteurs s’ajoutent à la vulnérabilité extrême des populations sahéliennes. Les chiffres sont là, dans une année ‘normale’ entre guillemets, ce sont près de 300.000 enfants qui meurent de faim au Sahel ! Et cette année, 18 millions de personnes n’arrivaient plus à manger à leur faim au quotidien ! Pour réussir à sortir de ce cycle infernal de crises, il est évident qu’il va falloir investir durablement, mais aussi différemment, dans l’agriculture. Dans un récent passé, les investissements réalisés l’ont surtout été au bénéfice des cultures d’exportation - café, cacao, coton, arachide -, et au détriment des cultures de subsistance. Je rappelle qu’en 2013, on va célébrer les dix ans du Sommet de Maputo - 56 chefs d’États de l’Union Africaine s’y étaient alors engagés à dédier au moins 10 % de leurs budgets nationaux à l’agriculture. Dix ans sont passés et moins de 10 pays pourraient avoir atteint ces 10 %. Il faut traduire ces engagements en misant prioritairement sur l’agriculture familiale. Cette année, 18 millions de personnes n'arrivaient plus à manger à leur faim au quotidien ! Par ailleurs, lorsqu’on a des crises tous les deux ans, les gens n’arrivent pas à reconstituer leurs stocks, leur capital, leur bétail, et s’enfoncent de plus en plus dans la pauvreté. Il sera donc vraiment important de compter sur des programmes de protection sociale afin de permettre aux plus vulnérables de faire face à ces chocs. dimension 3 I novembre-décembre 2012 7
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