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Soins douloureux aux urgences - Infirmiers.com

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XII. L'ETUDE DE POISSY<br />

Les équipes soignantes sont encore trop nombreuses à écarter les parents lorsque les<br />

enfants reçoivent des soins <strong>douloureux</strong>. Une étude montre pourtant que leur présence est<br />

très bénéfique pour l’enfant.<br />

Le Dr Ricardo Carbajal et l'équipe des <strong>urgences</strong> pédiatriques de l'hôpital de Poissy, dans<br />

les Yvelines, ont réalisé de novembre 1998 à février 1999, la première étude française sur la<br />

présence des parents en contexte <strong>douloureux</strong>.<br />

Comparant pendant dix mois une pratique "sans" et une pratique "avec parents", les<br />

soignants ont pu constater que la nouvelle donne n'influait nullement sur leurs<br />

performances. Mieux, elle leur facilitait la tâche dans 68 % des cas.<br />

Les soignants consacrent parfois beaucoup d'énergie à justifier la séparation puis à calmer<br />

l'enfant terrorisé. Ils ont alors tout à gagner de considérer les parents <strong>com</strong>me leurs alliés.<br />

D'autant qu'il existe aujourd'hui de nombreux produits pharmacologiques anti-douleur :<br />

utilisation du glucose à visée antalgique chez le tout-petit, crèmes et injection<br />

anesthésiantes, Meopa (mélange d'oxygène et de protoxyde d'azote) diffusé grâce à un<br />

masque, etc.<br />

"Les équipes soignantes craignent encore trop souvent de rater leur geste, d’être<br />

dérangées ou remises en question par la famille", souligne le docteur Ricardo Carbajal,<br />

pédiatre à l’hôpital de Poissy.<br />

Pourtant, 56% des parents aident à tenir l’enfant et 67% le rassurent. Leur présence<br />

favorise la confiance entre enfants, parents et soignants.<br />

L'enfant aussi a tout à y gagner. "Plus ils sont petits - quand ils n'ont pas encore atteint le<br />

stade du langage, quand ils ne peuvent exprimer ni leur douleur ni leur peur de l'abandon -<br />

plus le risque du traumatisme existe. C’est sans doute le moment où les enfants ont le plus<br />

besoin de leurs parents. Sinon, ils peuvent se sentir abandonnés", affirme le docteur<br />

Stanislas Tomkiewicz, pédiatre et pédopsychiatre.<br />

Il ne faut jamais dire : "c'est un tout-petit, ce n'est pas la peine que sa mère soit là."<br />

Contrairement <strong>aux</strong> préjugés, un enfant qui pleure ou braille ne signifie aucunement que la<br />

présence de ses parents aggrave la situation. C'est plutôt parce qu'il se sent rassuré qu'il se<br />

permet d'exprimer son refus avec tant de force.<br />

La pratique de l'hôpital de Poissy confirme par ailleurs une diminution de l'anxiété chez<br />

les adultes autorisés à rester pendant les soins <strong>douloureux</strong>.<br />

A l'inverse, exclus de la salle des soins, l'immense majorité des parents se sentent<br />

dépossédés de leur rôle, ce qui alimente des sentiments d'impuissance et de culpabilité face<br />

à la souffrance de leur enfant.<br />

À propos d'une mère qui, assistant à un myélogramme, semblait davantage souffrir que le<br />

jeune patient, Stanislas Tomkiewicz précise : "Ce n'est nullement faire preuve de<br />

masochisme que de vouloir assister en souffrant soi-même <strong>aux</strong> souffrances présumées de<br />

son enfant. Il y a un vieux mot qui s'appelle la <strong>com</strong>passion, l'empathie. Et cette mère est<br />

heureuse de pouvoir souffrir pour son enfant. Du point de vue de l'évolution psychologique<br />

de cette femme, il est infiniment mieux qu'elle soit là, même si elle n'est ni courageuse, ni<br />

héroïque, plutôt que de rester derrière la porte à imaginer une souffrance beaucoup plus<br />

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