DOSSIER Les - Gouvernement du Québec
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L<br />
’<br />
auteur des lignes qui suivent<br />
souhaite rendre un<br />
hommage particulier à<br />
M me Colette Noël, pionnière et<br />
précurseur dans le domaine des<br />
écoles nouvelles au Québec.<br />
À la fin des années 50, M me Noël<br />
fut en effet la première é<strong>du</strong>catrice<br />
à fonder et à diriger une école<br />
dite, à l’époque, « nouvelle » ou<br />
« active ». Et, tout comme les<br />
réformateurs d’aujourd’hui qui<br />
semblent s’inspirer <strong>du</strong> mouvement<br />
alternatif, ceux de la Commission<br />
Parent avaient alors été<br />
fortement impressionnés par la<br />
petite école Noël, sise sur les bords<br />
<strong>du</strong> Richelieu, à Belœil.<br />
Tout y était : des hôtes charmants,<br />
un décor splendide, un panorama<br />
exceptionnel, une table appétissante,<br />
l’enchantement d’une nature<br />
à peine éveillée…(on était en<br />
mai…).<br />
Il n’aurait fallu qu’un peu de<br />
Vivaldi ou d’Harmonium pour que<br />
l’envie de travailler s’envole doucement<br />
comme s’est envolé cet oiseau<br />
(ce n’était pas un goéland…) à<br />
l’extérieur, lorsque la présidente<br />
a ouvert l’assemblée.<br />
LES ÉCOLES INNOVATRICES DITES<br />
«ALTERNATIVES » ET LA RÉFORME DE<br />
L’ÉDUCATION AU QUÉBEC : UNE MÊME VISION?<br />
par Yvon Côté<br />
Et alors là, bien qu’on ait été à deux<br />
pas de la trappe d’Oka, un flot de<br />
paroles a déferlé, sans arrêt, pendant<br />
plus de quatre heures, trois<br />
cassettes audio et plus de trente<br />
pages de notes manuscrites…<br />
Treize personnes assises autour<br />
d’une table, tous et toutes ou<br />
presque, sont directeurs ou directrices<br />
d’une école « alternative » au<br />
primaire ou au secondaire. Treize<br />
personnes, manifestement d’une<br />
qualité de cœur exceptionnelle, qui<br />
tentent de répondre aux questions<br />
Elle s’est successivement appelée « active », « sur mesure », « moderne »,<br />
« nouvelle », « populaire », etc., et maintenant « alternative ». Mais peu<br />
importe le vocabulaire ou la terminologie qu’on utilise, cette pédagogie,<br />
qui est davantage centrée sur l’enfant et ses besoins, ne cesse de nous<br />
interroger, de nous défier ou… de nous déranger…<br />
Des premiers philosophes ou é<strong>du</strong>cateurs qui ont osé remettre en question<br />
l’ordre établi aux technologues d’avant-garde d’aujourd’hui,<br />
un même combat, une même recherche : une école qui ne soit plus à la<br />
remorque des besoins de la société (qui, de toute façon, ne sera plus <strong>du</strong><br />
tout la même demain), mais qui se préoccupe davantage de préparer<br />
les a<strong>du</strong>ltes de demain à façonner cette société selon leurs besoins.<br />
Au Québec, il existe une trentaine de ces écoles « alternatives », en majorité<br />
au primaire, et bon nombre d’entre elles sont regroupées au sein<br />
d’un mouvement appelé le GOÉLAND (Groupe œuvrant pour une école<br />
alternative, novatrice, démocratique).<br />
D’après Legendre, le terme « alternatif » depuis le début des années 60,<br />
« …revêt en outre le sens anglais d’alternative avec la connotation de<br />
solution de remplacement par le contraire, brisure avec la tradition,<br />
voie nouvelle ou changement de cap 1 ».<br />
Une même vision…?<br />
non pas d’une, mais de deux directrices<br />
de Vie pédagogique…<br />
puisque la directrice qui laissait la<br />
direction de la revue en juin et celle<br />
allait lui succéder se partageaient la<br />
tâche d’animer cette rencontre.<br />
Treize personnes partageant une<br />
même vision de l’é<strong>du</strong>cation, mais,<br />
comme nous le verrons, pas nécessairement<br />
les mêmes opinions sur<br />
la façon de concrétiser cette vision.<br />
UN CHOIX LIBREMENT<br />
CONSENTI OU UN<br />
HASARD PROVIDENTIEL?<br />
(Pourquoi avez-vous accepté<br />
de devenir directeur ou directrice<br />
d’une école « alternative<br />
»?)<br />
Quiconque fréquente le milieu scolaire<br />
s’attendrait à ce que l’accession<br />
à un tel poste soit le résultat<br />
d’un long cheminement personnel<br />
et professionnel permettant, en<br />
quelque sorte à son ou à sa titulaire,<br />
de faire rayonner davantage<br />
une philosophie de l’é<strong>du</strong>cation qu’il<br />
ou elle privilégie depuis un certain<br />
temps déjà.<br />
Détrompons-nous, ce n’est pas toujours<br />
le cas : pour plusieurs des<br />
personnes assises à cette table, le<br />
poste de directeur ou de directrice<br />
d’une école « alternative » leur est<br />
échu, un bon matin, sinon par enchantement,<br />
<strong>du</strong> moins sans qu’elles<br />
aient eu à livrer un combat mémorable<br />
pour faire la preuve qu’elles<br />
le méritaient bien. Cela, bien sûr, ne<br />
signifie pas qu’elles ne constituaient<br />
pas le meilleur choix dans les circonstances.<br />
La modestie, d’ailleurs,<br />
a sans doute empêché plusieurs des<br />
interlocuteurs de mentionner que<br />
les candidats ou candidates ne se<br />
bousculent pas lorsqu’il s’agit d’assumer<br />
une tâche qui demande à la<br />
fois le respect inévitable de certaines<br />
règles administratives et l’ouverture<br />
sur l’imprévu, l’excentrique,<br />
le hors-norme, et j’en passe…<br />
Pour d’autres, le cheminement a été<br />
plus prévisible : gagnées depuis<br />
longtemps aux idées nouvelles en<br />
é<strong>du</strong>cation, le saut de la case « enseignement<br />
» à la case « direction »<br />
s’est effectué sans heurt, sans<br />
détour par la prison ou par la case<br />
«go» avec le boni habituel.<br />
L’espace nous étant compté, nous<br />
ne pourrons malheureusement pas<br />
détailler ici les nombreux et parfois<br />
étonnants motifs ayant mené au<br />
choix de chacune et de chacun.<br />
Mentionnons, en résumé, que pour<br />
deux des participantes, la sauvegarde<br />
de l’orthodoxie en matière<br />
d’école « alternative » a motivé partiellement<br />
leur acceptation d’un<br />
poste de direction de l’école où<br />
VIE 14 Vie pédagogique 118, février-mars<br />
2001<br />
Photo : Denis Garon