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DOSSIER Les - Gouvernement du Québec

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pas, exclusivement, la confirmation<br />

de la valeur de cette lecture, soit<br />

prouver que l’on a bien lu. Encore<br />

faut-il – et c’est vraiment la moindre<br />

des choses – que les questions<br />

posées ne soient pas compréhensibles<br />

qu’à celui qui connaît d’avance<br />

les réponses.<br />

Je terminerai par une caractéristique<br />

qui est sans doute — qui est<br />

sûrement, à mes yeux — la plus<br />

importante : il faut toujours mettre en<br />

question le plaisir ou le déplaisir,<br />

l’intérêt ou l’indifférence qu’éprouve<br />

l’élève. C’est en général une affaire<br />

de degré plutôt que de tout ou rien.<br />

<strong>Les</strong> réactions affectives et cognitives<br />

des adolescents ne manquent pas<br />

de nuances quand on leur laisse le<br />

temps de s’exprimer. Bien enten<strong>du</strong>,<br />

dire que l’on a aimé un texte un<br />

peu, beaucoup, passionnément, à la<br />

folie ou pas <strong>du</strong> tout, c’est juste faire<br />

un premier pas; il faudra encore<br />

expliquer — tenter d’expliquer —<br />

sa réaction aux autres. En mettant<br />

ainsi en commun les facteurs de<br />

plaisir ou de déplaisir, les facteurs<br />

d’intérêt ou de désintérêt, on<br />

apprend à se connaître, à s’ouvrir<br />

aux autres, à accepter les différences<br />

des goûts indivi<strong>du</strong>els. On<br />

peut ainsi devenir curieux des goûts<br />

d’autrui et se lancer dans un débat<br />

sur la valeur des textes. Du jugement<br />

de goût personnel, imperméable<br />

à la persuasion — nul ne<br />

peut me persuader que je n’ai pas<br />

aimé ce que j’ai aimé, ou que je me<br />

suis intéressé à ce qui m’a ennuyé<br />

—, on passe au jugement de valeur,<br />

interpersonnel, qui implique l’argumentation,<br />

la recherche de raisons<br />

susceptibles de fonder un accord.<br />

Jean-Louis Dumortier est professeur<br />

à la Faculté de philosophie<br />

et lettres de l’Université<br />

de Liège.<br />

1 J.L. DUMORTIER. Écrire le récit, Bruxelles-<br />

Paris-Gembloux, De Boeck-Duculot, 1986<br />

(Coll. Formation continuée).<br />

2. M. LEBRUN. « Le chaînon manquant entre<br />

la lecture et l’écriture : le journal de<br />

réponses personnelles », dans C. PRÉFON-<br />

TAINE, L. GODARD, et G. FORTIER, Pour<br />

mieux comprendre la lecture et l’écriture,<br />

Montréal, <strong>Les</strong> Éditions Logiques,<br />

1998, p. 99-121.<br />

3. Prise d’information quant au savoir-lire<br />

des élèves, en l’occurrence, et comparaison<br />

avec un référentiel, une manifestation<br />

de la compréhension estimée satisfaisante<br />

au terme d’une phase d’apprentissage.<br />

4. L’évaluation peut servir à certifier : 1°) en<br />

cours de formation, que l’apprenant est<br />

apte à poursuivre avec fruit son apprentissage,<br />

que ses acquis sont tels qu’il<br />

pourra tirer profit de la suite de la formation;<br />

2°) au terme de cette dernière, que<br />

l’apprenant est pourvu des compétences<br />

correspondant aux objectifs d’apprentissage<br />

de la formation visée. Dans le système<br />

scolaire de la Communauté française<br />

de Belgique, la certification implique l’évaluation<br />

continue et la prise en considération<br />

(mais, en principe tout au moins, pas<br />

l’addition pure et simple) d’un certain<br />

nombre de résultats obtenus à différentes<br />

épreuves qui jalonnent l’année scolaire.<br />

5. Pour plus de détails, on lira la remarquable<br />

synthèse de J. GIASSON, La compréhension<br />

en lecture, Boucherville<br />

(Québec), Gaëtan Morin, 1990.<br />

6. Voir, entre autres, D. MARTINS, <strong>Les</strong> facteurs<br />

affectifs dans la compréhension<br />

et la mémorisation des textes, Paris,<br />

P.U.F., 1993.<br />

7. Pour une synthèse sur les genres littéraires,<br />

on lira, entre autres, D. COMBE,<br />

<strong>Les</strong> genres littéraires, Paris, Hachette,<br />

1992 (Coll. Contours littéraires) ou<br />

Y. STALLONI, <strong>Les</strong> genres littéraires, Paris,<br />

Dunod, 1997 (Coll. <strong>Les</strong> topos). Pour une<br />

approche théorique et didactique, on se<br />

référera à K. CANVAT, Enseigner la littérature<br />

par les genres, Bruxelles, De Boeck<br />

et Larcier, 1999.<br />

8. R. JAKOBSON. Essais de linguistique<br />

générale, Paris, Éditions de Minuit, 1963.<br />

Je donne ici, et dans les références suivantes,<br />

la date de la première publication<br />

en langue française.<br />

9. E. BENVENISTE. Problèmes de linguistique<br />

générale, I, Paris, Gallimard, 1966;<br />

H. WEINRICH, Le temps, Paris, Le Seuil,<br />

1973.<br />

10. M. BAKHTINE. Esthétique de la création<br />

verbale, Paris, Gallimard, 1984; J.A.<br />

AUSTIN, Quand dire, c’est faire, Paris,<br />

Le Seuil, 1970; J.R. SEARLE, <strong>Les</strong> actes de<br />

langage, Paris, Hermann, 1972.<br />

11. J.M. ADAM. <strong>Les</strong> textes : types et prototypes,<br />

Paris, Nathan, 1992.<br />

12. J.-P. BRONKART et autres. Le fonctionnement<br />

des discours, Neuchâtel-Paris,<br />

Delachaux et Niestlé, 1985.<br />

en abrégé<br />

LE CURRICULUM :<br />

UNE MISE À L’ESSAI SUIVIE<br />

par Michel Carbonneau<br />

en<br />

abrégé<br />

Le texte qui suit a pour objet<br />

de cerner le sens et la portée<br />

<strong>du</strong> travail effectué dans les<br />

écoles ciblées. Pour bien comprendre<br />

la situation, il est essentiel de<br />

s’entendre sur le sens de quelques<br />

mots clés, tels réforme, curriculum,<br />

programme, expérimentation, évaluation<br />

et scientifique.<br />

D’abord le mot réforme. Qui dit<br />

réforme dit changement majeur en<br />

vue d’améliorer une situation. Une<br />

réforme engage des transformations<br />

profondes qui bousculent les habitudes<br />

et ne se présente donc, de<br />

façon générale, que lorsqu’un tel<br />

changement paraît nécessaire.<br />

La réforme engagée dans le système<br />

de l’é<strong>du</strong>cation découle d’une série<br />

de travaux qui ont fait ressortir une<br />

telle nécessité et qui ont suggéré<br />

diverses orientations à prendre. Il y<br />

a eu, pour mentionner les plus<br />

importants, le rapport Préparer les<br />

jeunes au 21 e siècle (1994) <strong>du</strong><br />

groupe de travail sur les profils de<br />

formation au primaire et au secondaire,<br />

présidé par Claude Corbo.<br />

Il y a eu le rapport <strong>Les</strong> États généraux<br />

sur l’é<strong>du</strong>cation 1995-1996<br />

dont la Commission était coprésidée<br />

par Robert Bisaillon et Lucie<br />

Demers. Il y a eu, enfin, le rapport<br />

Réaffirmer l’école (1997) <strong>du</strong> groupe<br />

de travail sur la réforme <strong>du</strong> curriculum<br />

présidé par Paul Inchauspé.<br />

La réforme actuelle n’est donc ni un<br />

caprice passager, ni le fruit de l’improvisation.<br />

Elle résulte d’un long<br />

processus d’analyse et de réflexion<br />

qui a été mené par des groupes réunissant<br />

des personnes d’horizons<br />

divers, professionnels, experts et<br />

autres et auquel de larges pans de<br />

la population ont eu l’occasion de<br />

participer, notamment lors des États<br />

généraux. Il a de plus été alimenté<br />

par les résultats provenant de la<br />

recherche dans les divers domaines<br />

qui définissent le champ de l’é<strong>du</strong>cation.<br />

Un consensus s’est dégagé<br />

autour de l’idée qu’il fallait recentrer<br />

la mission de l’école, ce qui impliquait<br />

des réajustements considérables.<br />

Si l’on s’entendait sur<br />

l’idée d’une réforme, la question<br />

des modalités n’était évidemment<br />

pas réglée pour autant. Il aurait<br />

d’ailleurs été impossible de toutes<br />

les prévoir.<br />

La notion de curriculum est une<br />

notion plus complexe. On connaît<br />

assez bien le curriculum vitae, le<br />

C.V., qui constitue en quelque sorte<br />

la feuille de route qu’une personne<br />

présente quand elle se cherche un<br />

emploi. Cette feuille de route réunit<br />

l’ensemble de ce qui la qualifie au<br />

regard de la formation et des<br />

diplômes, des expériences de travail,<br />

des réalisations personnelles,<br />

etc. Par analogie, le curriculum scolaire<br />

retient également l’idée d’une<br />

route que les élèves sont invités à<br />

parcourir vers la connaissance.<br />

À l’origine, le mot curriculum avait<br />

chez les anglo-saxons à peu près le<br />

même sens que le mot programme<br />

chez les francophones et il se rapportait<br />

à un ensemble de contenus<br />

d’apprentissage définis autour de<br />

grandes disciplines, appelées aussi<br />

matières, telles que la langue maternelle,<br />

les mathématiques, etc. Il a<br />

pris, depuis, un sens plus large et<br />

englobe, autant chez les uns que<br />

chez les autres, tous les éléments <strong>du</strong><br />

dispositif mis en place pour encadrer<br />

le parcours scolaire des élèves.<br />

<strong>Les</strong> programmes disciplinaires font<br />

dès lors partie <strong>du</strong> curriculum au<br />

sens large.<br />

Une réforme curriculaire est donc<br />

un changement important intro<strong>du</strong>it<br />

dans l’ensemble des mesures et services<br />

gérés par l’école pour favoriser<br />

le développement et l’apprentissage<br />

chez les élèves. Cela dépasse le<br />

choix des contenus disciplinaires<br />

pour englober les aspects liés à la<br />

pédagogie, à l’évaluation, aux mesures<br />

d’aide à l’apprentissage, etc.<br />

VIE 54 Vie pédagogique 118, février-mars<br />

2001

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