DOSSIER Les - Gouvernement du Québec
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<strong>DOSSIER</strong><br />
LOUISE MORAND<br />
pas le droit de chanter en public ou<br />
encore le fait que Vivaldi a été destiné<br />
à la prêtrise dès l’âge de 15 ans<br />
parce qu’à son époque c’était le<br />
seul moyen d’accéder à des études.<br />
Dans le même ordre d’idées, à<br />
l’aide de la chanson L’arbre est<br />
dans ses feuilles, popularisée par<br />
Zacharie Richard, je raconte l’épisode<br />
historique de la déportation<br />
des Acadiens et, avec les élèves,<br />
je situe les lieux sur une carte géographique.<br />
Avec La java de la<br />
bombe atomique de Boris Vian, je<br />
parle de la Seconde Guerre mondiale<br />
et de la destruction de deux<br />
villes japonaises et leur fait connaître<br />
l’argot parisien, que l’on<br />
compare avec le joual québécois.<br />
Avec Dans le ciel noir de Jean-<br />
Pierre Picard (un enseignant de<br />
l’école La Tourterelle qui a fait un<br />
très beau disque avec ses élèves),<br />
nous parlons des planètes, des étoiles,<br />
des constellations et des dieux<br />
de la mythologie gréco-romaine qui<br />
ont donné leurs noms aux planètes.<br />
Faire entendre aux enfants un large<br />
éventail de pièces musicales constitue<br />
à mon avis une source d’enrichissement<br />
culturel, mais il faut,<br />
pour y parvenir, développer des<br />
stratégies d’audition. Je pense qu’il<br />
est profitable de partir des expériences<br />
vécues en classe pour amener<br />
ensuite un complément d’audition,<br />
comme présenter une pièce<br />
polyphonique de la Renaissance<br />
après avoir appris un canon. Je me<br />
suis inspirée des ateliers de Murray<br />
Schafer (Creative Music E<strong>du</strong>cation.<br />
A Handbook for the Modern Music<br />
Teacher, New York, Schirmer, Mac-<br />
Photo : Denis Garon<br />
millan, 1976) pour susciter des<br />
points d’intérêt à partir d’exercices<br />
de création. Par exemple, à des<br />
élèves de troisième cycle, j’ai fait<br />
faire une composition illustrant un<br />
train qui se met en mouvement et<br />
qui accélère. Ce thème <strong>du</strong> train est<br />
présent dans une variété d’œuvres<br />
que les élèves peuvent comparer à<br />
leur propre création : Pacific 231<br />
de Arthur Honegger, Un train pour<br />
l’enfer de Denis Gougeon, Take<br />
the « A » Train de Duke Ellington,<br />
Le train de Bouctouche de Éloi<br />
Leblanc, Le train <strong>du</strong> Nord de Félix<br />
Leclerc.<br />
Je privilégie également l’expression<br />
corporelle et la création poétique<br />
pour faciliter l’audition. L’association<br />
de Carl Orff et de la musique<br />
pour enfants m’a fourni d’excellentes<br />
pistes dans ce domaine. Il me semble<br />
important de favoriser des liens<br />
avec d’autres formes d’art et d’autres<br />
disciplines. Par exemple, lorsque<br />
nous travaillons une mélodie japonaise<br />
à la flûte, j’en profite pour<br />
faire un tour d’horizon des diverses<br />
facettes de la culture et de l’art<br />
japonais, soit les instruments de<br />
musique, que nous écoutons sur<br />
disque et dont nous regardons des<br />
images, mais aussi les estampes, la<br />
calligraphie, les haïkus, les jardins<br />
zen et le bouddhisme. Lorsque nous<br />
étudions les valeurs relatives des<br />
noires, des croches et des triolets,<br />
je présente une image de l’intérieur<br />
d’une cathédrale qui montre une<br />
disposition rythmique semblable<br />
faite avec des arches et des colonnes.<br />
Pour sensibiliser les élèves à<br />
l’expression musicale, nous réalisons<br />
des sculptures vivantes reflétant<br />
les émotions associées à la<br />
musique et nous comparons nos<br />
créations à des repro<strong>du</strong>ctions de<br />
peintures ou de sculptures.<br />
À l’école Soleil-de-l’Aube, la pédagogie<br />
par projets est déjà bien<br />
implantée et j’essaie de coordonner<br />
les activités de musique avec le<br />
thème choisi par les élèves en<br />
classe. Par exemple, lors d’un projet<br />
sur la culture traditionnelle<br />
québécoise, nous avons sonorisé<br />
des contes de Jocelyn Bérubé que<br />
des élèves ont présentés en spectacle,<br />
avec des danses et des chansons<br />
traditionnelles, dans un centre<br />
d’accueil pour personnes âgées. <strong>Les</strong><br />
élèves avaient fait au préalable, avec<br />
leur titulaire, des recherches sur les<br />
costumes et plusieurs aspects de la<br />
culture traditionnelle. Cette convergence<br />
des activités musicales avec<br />
celles de la classe donne un dynamisme<br />
particulier à la vie culturelle<br />
scolaire.<br />
Enfin, je sollicite toujours la participation<br />
des élèves aux activités et aux<br />
concours lancés par divers organismes,<br />
tels que le concours de<br />
textes de chanson « 275-Allô », les<br />
Journées de la culture, la Semaine<br />
des arts. Cela nous a amenés deux<br />
fois à faire un spectacle au Théâtre<br />
<strong>du</strong> Vieux-Terrebonne avec des groupes<br />
<strong>du</strong> primaire et <strong>du</strong> secondaire de<br />
la Commission scolaire des Affluents,<br />
une expérience que les élèves redemandent<br />
chaque année. Je pense<br />
que tous les médias peuvent servir à<br />
un enrichissement culturel et favoriser<br />
une meilleure connaissance<br />
<strong>du</strong> monde, un éveil des sens et la<br />
découverte <strong>du</strong> sens à donner à sa<br />
vie.<br />
Louise Morand est professeure<br />
de musique aux écoles Soleilde-l’Aube<br />
et Lionel-Groulx<br />
(Commission scolaire des<br />
Affluents).<br />
ENSEIGNER SELON UNE PERSPECTIVE CULTURELLE<br />
EN ADAPTATION SCOLAIRE AU SECONDAIRE :<br />
POUR RACONTER DES HISTOIRES « CULTURELLES »<br />
par Robert Cantin<br />
Je travaille dans le domaine de<br />
l’adaptation scolaire depuis le<br />
14 avril 1984. Quatre jours<br />
après avoir terminé mon baccalauréat<br />
en é<strong>du</strong>cation physique à l’Université<br />
McGill, je commençais à faire<br />
de la suppléance. Mes jeunes ont de<br />
13 à 18 ans. Tous éprouvent des difficultés<br />
graves d’apprentissage, et<br />
certains ont aussi des troubles <strong>du</strong><br />
comportement, un handicap ou une<br />
déficience. J’ai un beau groupe<br />
d’élèves venant de divers milieux et<br />
avec qui je me sens, encore aujourd’hui<br />
après seize ans, comme un<br />
poisson dans l’eau. Au début,<br />
lorsque je me suis retrouvé entre<br />
les quatre murs d’une classe avec<br />
ROBERT CANTIN<br />
dix-sept élèves « DGA/MSA » (les<br />
termes de l’époque), j’ai vite compris<br />
que, si je voulais survivre dans<br />
ce milieu, il fallait que je travaille<br />
sur le concret et que je fasse appel<br />
au gros bon sens, que je sois captivant.<br />
Il fallait absolument que ces<br />
élèves désirent revenir à mon<br />
cours.<br />
Alors, j’ai commencé à leur raconter<br />
des histoires. Celles-ci étaient<br />
comme la carotte devant l’âne.<br />
Après quelque temps, lorsque les<br />
élèves me connaissaient bien, je<br />
leur disais en début de période :<br />
« Aujourd’hui, j’ai une histoire extraordinaire<br />
à vous raconter. Aussitôt<br />
que nous aurons terminé le travail,<br />
VIE 36 Vie pédagogique 118, février-mars<br />
2001<br />
Photo : Denis Garon<br />
Photo : Denis Garon