DOSSIER Les - Gouvernement du Québec
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<strong>DOSSIER</strong><br />
susceptibles d’alimenter le projet,<br />
mais aussi des informations historiques<br />
ou scientifiques. Ainsi, sur<br />
le thème des abeilles, aux informations<br />
sur la vie dans la ruche se sont<br />
ajoutés le récit de la chute d’Icare,<br />
emprunté à la mythologie grecque,<br />
et l’audition <strong>du</strong> Vol <strong>du</strong> bourdon de<br />
Rimski-Korsakov. Quant au thème<br />
des planètes il a permis d’entendre<br />
<strong>Les</strong> planètes de Gustav Holst, de<br />
regarder la chorégraphie <strong>du</strong> couple<br />
de patineurs artistiques Duchesnay<br />
sur cette musique et d’examiner<br />
une repro<strong>du</strong>ction de la Nuit étoilée<br />
de Van Gogh. Parfois, des projets<br />
reviennent année après année,<br />
comme celui sur les légendes<br />
québécoises à partir des ouvrages<br />
de Cécile Gagnon : la chasse-galerie,<br />
Alexis le Trotteur, Rose Latulipe.<br />
Des parties de la légende sont illustrées<br />
au cours d’arts plastiques, les<br />
personnages sont explorés en art<br />
dramatique et des musiques sont<br />
mises en mouvement en danse<br />
créative. Des projets émergent aussi<br />
d’un matériel jugé particulièrement<br />
intéressant, notamment d’un film<br />
transposant en dessin animé <strong>Les</strong><br />
Misérables de Victor Hugo. L’enseignante<br />
projette le film, raconte<br />
l’histoire, montre aux élèves des<br />
chansons de la comédie musicale<br />
d’Alain Boublil et Claude-Michel<br />
Schönberg et fait le lien avec Notre-<br />
Dame de Paris de Luc Plamondon.<br />
D’autres idées de projets surgissent<br />
d’événements spéciaux, comme le<br />
Festival de jazz de Rimouski l’automne<br />
dernier. Cécile Thériault a<br />
d’abord lu aux élèves le livre Quand<br />
le chat est là, les souris dansent<br />
(Montréal, Soulières), qui raconte<br />
l’histoire d’un chat arrivant à<br />
Montréal pour le Festival de jazz,<br />
tout en leur faisant entendre des<br />
extraits sonores des instruments<br />
évoqués. Ensuite, elle leur a fait jouer<br />
les personnages des séquences de<br />
l’histoire. Puis les élèves ont façonné<br />
des instruments de musique avec<br />
de la pâte à modeler, à partir de<br />
repro<strong>du</strong>ctions d’œuvres d’art représentant<br />
des instruments de musique<br />
qu’elle avait trouvées dans Internet<br />
et d’instruments miniatures qu’elle<br />
leur avait demandé d’apporter. En<br />
outre, ils ont visionné l’enregistrement<br />
d’un concert de jazz vocal<br />
donné par des jeunes d’une école<br />
secondaire de Rimouski. Le professeur<br />
de musique, qui avait transformé,<br />
par ordinateur, des extraits<br />
de pièces musicales, telles Au clair<br />
de la lune ou Ah! Vous dirais-je<br />
maman, en pièces de jazz, leur a<br />
fait entendre les deux versions pour<br />
qu’ils en fassent ressortir les différences.<br />
Ces projets débordent donc de la<br />
période de musique et aussi de l’espace<br />
de la classe. <strong>Les</strong> pro<strong>du</strong>ctions<br />
des élèves sont affichées dans l’école,<br />
ce qui crée une atmosphère<br />
particulière et pour cause : imaginons<br />
des murs couverts de papier<br />
ENSEIGNER SELON UNE PERSPECTIVE CULTURELLE<br />
AU PRIMAIRE :<br />
POUR VOIR L’EXTRAORDINAIRE DANS L’ORDINAIRE<br />
Entretien avec Cylvie Gaignard<br />
Propos recueillis par Diane Saint-Jacques<br />
brun froissé sur lesquels des enfants<br />
ont dessiné, au pastel sec, des animaux<br />
à la manière de ceux de la<br />
grotte de Lascaux. Forcément, pour<br />
ces projets d’envergure, l’aide des<br />
parents est sollicitée et ils en sont<br />
ravis, car ils ont ainsi la possibilité<br />
de témoigner aux enseignants, autrement<br />
qu’en paroles, leur reconnaissance<br />
pour avoir fait cheminer<br />
leurs enfants vers la culture. Ces<br />
projets débordent aussi de l’enceinte<br />
de l’école. En effet, que faire<br />
lorsque son enfant dit : « J’ai écouté<br />
CYLVIE GAIGNARD<br />
phie, pour comparer le climat québécois<br />
avec ce qui se passe ailleurs,<br />
voire constater, comme le fera un<br />
élève : « Sont pas chanceux, les<br />
Africains! ».<br />
Ce projet intègre aussi des référents<br />
culturels. En effet, pour Cylvie<br />
Gaignard, la perspective culturelle<br />
vient se greffer sur la pédagogie par<br />
<strong>du</strong> Chopin aujourd’hui et ça m’a<br />
relaxé », sinon aller acheter un<br />
disque de Chopin?<br />
Cécile Thériault est enseignante<br />
à l’école primaire Durocher<br />
à Rimouski (Commission<br />
scolaire des Phares) et Diane<br />
Saint-Jacques est professeure à<br />
la Faculté des sciences de<br />
l’é<strong>du</strong>cation de l’Université de<br />
Montréal et membre <strong>du</strong> Centre<br />
de recherche interuniversitaire<br />
sur la formation et la profession<br />
enseignante (CRIPFE).<br />
En ce matin d’hiver, les fenêtres<br />
de la classe étaient couvertes<br />
de givre. Émerveillée<br />
par le soleil qui cherchait à percer<br />
les cristaux blanc, Cylvie Gaignard<br />
arrêta la leçon et invita ses élèves à<br />
contempler le spectacle de près, de<br />
très près même, avec une loupe. Ce<br />
fut le début d’une autre aventure<br />
pour ces élèves de 4 e année. Ce projet,<br />
comme beaucoup d’autres qui<br />
parsèment la vie scolaire de cette<br />
classe <strong>du</strong> primaire, intègre plusieurs<br />
matières : les sciences, pour<br />
trouver la réponse à la question que<br />
tous se posaient sur l’origine <strong>du</strong><br />
phénomène; les mathématiques,<br />
pour mesurer les variations de température<br />
et les consigner dans des<br />
tableaux ou des graphiques; le français,<br />
pour décrire le merveilleux<br />
monde qui se dessine dans chaque<br />
fenêtre, la contemplation <strong>du</strong> givre à<br />
la loupe ayant révélé des paysages<br />
fabuleux et une faune fantastique;<br />
les arts plastiques, pour créer leur<br />
propre tableau de givre; la géograprojets,<br />
le moteur de son enseignement.<br />
À l’origine, il y a un événement<br />
soit fortuit, comme le givre<br />
étincelant sous le soleil, ou fortement<br />
médiatisé, comme les Jeux<br />
olympiques, ou encore significatif<br />
pour la région, l’école ou un élève,<br />
comme le Festival international <strong>du</strong><br />
film d’Abitibi-Témiscamingue ou les<br />
Journées de la culture. Puis, il y a<br />
les questions des élèves ou de l’enseignante.<br />
Qu’est-ce que la culture?<br />
Qu’est-ce que vous connaissez <strong>du</strong><br />
cinéma? Quelle est l’origine des<br />
Jeux olympiques? Comment se pro<strong>du</strong>it<br />
le givre? Ces questions suscitent<br />
des propositions d’activités, des<br />
recherches, des démarches que<br />
Cylvie Gaignard passe au crible pour<br />
en repérer le potentiel au regard<br />
de l’apprentissage et clarifier ses<br />
intentions pédagogiques, car il est<br />
facile de s’égarer quand on se laisse<br />
guider uniquement par les enfants.<br />
<strong>Les</strong> réponses relèvent de la culture<br />
générale, des connaissances laissées<br />
par ceux qui nous ont précédés, de<br />
VIE 34 Vie pédagogique 118, février-mars<br />
2001<br />
Photo : Denis Garon<br />
Photo : Denis Garon