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La pharmacie d'officine en France - Ordre National des Pharmaciens

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<strong>La</strong> <strong>pharmacie</strong> <strong>d'officine</strong><strong>en</strong> <strong>France</strong>Bilan et perspectivesLIVRE BLANC JANVIER 2008


ORDRE NATIONALDES PHARMACIENS<strong>La</strong> <strong>pharmacie</strong> <strong>d'officine</strong><strong>en</strong> <strong>France</strong>Bilan et perspectivesDécembre 2007Ce docum<strong>en</strong>t,élaboré avec la collaboration de M. Jean-Loup KEENE<strong>en</strong> concertation avec les Conseils c<strong>en</strong>traux <strong>des</strong> Sections A, C, D, et E de l'<strong>Ordre</strong>,a été adopté par le Conseil national de l'<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>nslors de sa séance du 17 décembre 2007


SOMMAIREIntroduction :I – L’officine et son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 200711 L’officine : quelques données <strong>en</strong> <strong>France</strong> et chez nos voisins12 L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t122 - <strong>La</strong> démographie <strong>des</strong> professions de santé123 – L'assurance maladie et la <strong>pharmacie</strong>123 – L’EuropeII – Optimiser la disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t21 Poursuivre et amplifier la politique de qualité et de sécurité211 – <strong>La</strong> politique de qualité officinale212 – <strong>La</strong> traçabilité dans la chaîne du médicam<strong>en</strong>t213 – Développer le suivi, la lutte contre la non observance etla pharmacovigilance22 Donner aux <strong>pharmacie</strong>ns de nouveaux moy<strong>en</strong>s pour faciliter une bonnedisp<strong>en</strong>sation221 – <strong>La</strong> Charte informatique pour les logiciels d'aide à ladisp<strong>en</strong>sation et à la gestion de l'officine222 – Le site meddispar.fr.223 – Le Dossier pharmaceutique23 Traiter avec cohér<strong>en</strong>ce la question de l'automédication231 – L'automédication et le rôle du <strong>pharmacie</strong>n232 – Quels sont les médicam<strong>en</strong>ts concernés ?234 – Le chiffre d'affaires de la médication officinale24 Rationaliser le maillage territorial241 – Un atout majeur pour l'accès aux médicam<strong>en</strong>ts242 – Les évolutions démographiques243 – Adapter le maillage à ces évolutionsIII – Assumer de nouveaux rôles dans le système de santé31 De nouvelles missions au bénéfice <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts311 – Le <strong>pharmacie</strong>n contribuera à la prescription et au suivi decertains traitem<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong> optimiser l'efficacité312 – L'officine devi<strong>en</strong>dra un acteur majeur du dépistage et de laprév<strong>en</strong>tion313 – Le <strong>pharmacie</strong>n pr<strong>en</strong>dra une large part dans le mainti<strong>en</strong> àdomicile (MAD)314 – Le <strong>pharmacie</strong>n, ressource pour la protection civile contreles risques sanitaires majeurs1


32 Conforter par la formation les rôles actuels et nouveaux du <strong>pharmacie</strong>n321 – Un outil utile : le référ<strong>en</strong>tiel métier322 – Une formation initiale concrète et qui prépare au travail <strong>en</strong>équipe323 - L'obligation de formation continue324 – Vers un "développem<strong>en</strong>t pharmaceutique continu"33 Ces nouvelles missions requièr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> approches concertées331 – <strong>La</strong> collaboration avec les part<strong>en</strong>aires de santé conditionnetoute évolution332 – Faire de l’acte pharmaceutique un <strong>des</strong> fondem<strong>en</strong>ts de larémunération officinale ?IV – Promouvoir une <strong>en</strong>treprise officinale r<strong>en</strong>ouvelée41 Un fonctionnem<strong>en</strong>t qui combine éthique et effici<strong>en</strong>ce411 – L’adéquation <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s humains412 – Unité et diversité <strong>des</strong> officines, les besoins de coopérationet de communication413 – Un lieu de confid<strong>en</strong>tialité414 – Un bon usage <strong>des</strong> nouvelles technologies decommunication42 Un cadre d'exploitation élargi pour affronter ces défis421 – <strong>La</strong> propriété pharmaceutique : raisons d'un principeprud<strong>en</strong>tiel422 – <strong>La</strong> réforme que demande la professionV – ConclusionVI – Synthèse <strong>des</strong> propositions : pour éclairer et construire l'av<strong>en</strong>ir de l'officineANNEXES2


INTRODUCTIONAprès avoir été à l’origine de la réflexion qui a abouti au rapport « Les <strong>pharmacie</strong>ns àl’horizon 2010 », l'<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns souhaite aujourd’hui, dans le domaine del'officine, contribuer à éclairer la profession sur les choix à opérer pour assurer au mieux sonav<strong>en</strong>ir. Ce souhait s'explique <strong>en</strong> partie par le fait que beaucoup de <strong>pharmacie</strong>ns officinauxexprim<strong>en</strong>t de l’inquiétude sur leur av<strong>en</strong>ir. Cette interrogation n'est pas nouvelle ; on <strong>en</strong> trouve<strong>des</strong> traces dans les réflexions qui ont été faites au cours <strong>des</strong> dernières années 1 .Il <strong>en</strong> est ainsi du rapport précité « Pharmaci<strong>en</strong>s 2010 2 », qui la soulignait déjà nettem<strong>en</strong>t. Sil’on tourne un regard vers la réflexion internationale, les motifs d’interrogation etd’inquiétude ne sont pas abs<strong>en</strong>ts non plus. Ainsi, "Developing pharmacy practice : a focus onpati<strong>en</strong>t care". Ce docum<strong>en</strong>t préparé par l’OMS <strong>en</strong> collaboration avec la FédérationInternationale Pharmaceutique (FIP) fait l’analyse suivante :« Les préparations ont été largem<strong>en</strong>t remplacées par <strong>des</strong> produits industriels pour presquetoutes les formes pharmaceutiques. On peut acheter <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts dans <strong>des</strong> supermarchés,dans <strong>des</strong> « drugstores » ou sur <strong>des</strong> marchés. On peut aussi se les procurer par la poste ou surInternet, ils sont v<strong>en</strong>dus par <strong>des</strong> personnels de santé, avec l’aide de machines assurant unedélivrance électronique. Dans ces circonstances, il est pertin<strong>en</strong>t de poser la questionsuivante : a-t-on <strong>en</strong>core besoin de <strong>pharmacie</strong>ns d’officine ? Quelle est la valeur ajoutée <strong>des</strong>services de la <strong>pharmacie</strong> ? »<strong>La</strong> réponse donnée par le docum<strong>en</strong>t de l'OMS et de la FIP est la nécessité de rec<strong>en</strong>trerl’activité vers la santé. Cette ori<strong>en</strong>tation fait l’objet d’un large cons<strong>en</strong>sus, <strong>en</strong> <strong>France</strong>, dans laprofession. On y revi<strong>en</strong>dra dans tous les développem<strong>en</strong>ts de ce Livre blanc.Réfléchir à l’av<strong>en</strong>ir de l’officine, c’est réfléchir à la politique de santé, son évolution, sesbesoins ; c’est réfléchir à la position de l’officine dans ce contexte. <strong>La</strong> vision de la santé (<strong>en</strong>quoi elle consiste, ce que souhait<strong>en</strong>t les pati<strong>en</strong>ts et les citoy<strong>en</strong>s), a profondém<strong>en</strong>t évolué aucours <strong>des</strong> quarante dernières années.<strong>La</strong> création de l’assurance maladie, <strong>en</strong> "solvabilisant" la demande, a ouvert <strong>des</strong> champsconsidérables et a agi comme une incitation perman<strong>en</strong>te à la recherche et au progrès <strong>en</strong>matière de santé : opération réussie. Par la suite, l’apparition <strong>des</strong> déficits lancinants del’assurance maladie a contribué à faire émerger et à amplifier la réflexion sur la justification<strong>des</strong> pratiques médicales : quelle est l’interv<strong>en</strong>tion la plus appropriée à un mom<strong>en</strong>t donné, tantdu point de vue de son adéquation au besoin et au souhait du pati<strong>en</strong>t que de son coût ?Comm<strong>en</strong>t tirer parti de ces résultats pour maîtriser les dép<strong>en</strong>ses ?En ce qui concerne la population, les pyrami<strong>des</strong> <strong>des</strong> âges se sont fortem<strong>en</strong>t déformées, passantde l’aspect pyramidal à l’aspect cylindrique. Après le "baby boom" de l’après guerre, on est<strong>en</strong>tré dans une phase de vieillissem<strong>en</strong>t très s<strong>en</strong>sible de la population, ce qui modifie fortem<strong>en</strong>tla demande de soins : explosion <strong>des</strong> maladies chroniques et <strong>des</strong> maladies liées auvieillissem<strong>en</strong>t ou au mode de vie : diabètes, cancers, maladie cardiovasculaires, obésité,maladie d'Alzheimer…1 On trouvera <strong>en</strong> annexe quelques référ<strong>en</strong>ces significatives à cette inquiétude2 Compte t<strong>en</strong>u de l’intérêt prés<strong>en</strong>té par ce rapport, on trouvera <strong>en</strong> annexe un tableau rappelant les principalesori<strong>en</strong>tations et, <strong>en</strong> regard, un comm<strong>en</strong>taire sur la situation actuelle.3


Des peurs nouvelles sont apparues successivem<strong>en</strong>t : le sida, l'<strong>en</strong>céphalite spongiforme bovine,la grippe aviaire, la maladie de Creutzfeldt-Jacob…Par ailleurs, pour répondre à <strong>des</strong> nouvelles att<strong>en</strong>tes <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong> associations de pati<strong>en</strong>tsont pris place dans tous les domaines de la santé. <strong>La</strong> demande de ces associations porte surplus d’efficacité, mais aussi plus de transpar<strong>en</strong>ce et de concertation avec les autorités et lesprofessionnels de santé.Parallèlem<strong>en</strong>t, l’offre de soins a connu un développem<strong>en</strong>t quasi perman<strong>en</strong>t. Après une fortediffusion de petites structures hospitalières sur tout le territoire, le progrès technique et ledésir de sécurité ont poussé à une conc<strong>en</strong>tration vers <strong>des</strong> plateaux techniques de plus <strong>en</strong> pluslourds et efficaces, mais de plus <strong>en</strong> plus éloignés pour certaines population, même si lestransports permett<strong>en</strong>t aujourd’hui de réduire les temps d'accès : l’inégalité qui touche cespopulations éloignées est ress<strong>en</strong>tie comme une discrimination inacceptable. De ce fait, <strong>en</strong>prolongem<strong>en</strong>t du mouvem<strong>en</strong>t de conc<strong>en</strong>tration, une forte demande de proximité sedéveloppe : chaque citoy<strong>en</strong> veut et même exige d’avoir "à sa porte" la possibilité d’obt<strong>en</strong>ir unavis, un conseil et le soin év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t nécessaire.Une <strong>des</strong> données c<strong>en</strong>trales de la politique de santé est celle de l’exist<strong>en</strong>ce et de la disponibilitéde personnels de santé qui sont placés sous le signe de la rareté. <strong>La</strong> rareté <strong>en</strong>traîne égalem<strong>en</strong>tl’apparition de nouveaux métiers et une forte pression <strong>des</strong> associations, contrebalancée par lescris d’alerte <strong>des</strong> payeurs.Certaines zones du territoire sont décrites comme <strong>des</strong> "déserts médicaux" ou serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> voiede désertification ; et <strong>des</strong> réflexions sont conduites pour inciter l’offre de soins, notamm<strong>en</strong>tcelle <strong>des</strong> médecins, à s’ori<strong>en</strong>ter vers ces zones <strong>en</strong> difficulté : incitations diverses, médicales,financières, incitations à faire <strong>des</strong> stages dans ces zones désertées…De ce point de vue, l’officine se trouve dans une situation très particulière puisque, sansincitation financière, elle est, par la volonté du législateur, répartie sur le territoire <strong>en</strong> fonctionde critères d’effectifs de population.Quel est l’av<strong>en</strong>ir de la <strong>pharmacie</strong> d’officine ? L’évolution qui se <strong>des</strong>sine ne correspond pas àl’irruption d’une donnée nouvelle qui vi<strong>en</strong>drait bouleverser l’activité de disp<strong>en</strong>sation dumédicam<strong>en</strong>t. On se trouve plutôt devant une série d’élém<strong>en</strong>ts qui, rassemblés, vontprobablem<strong>en</strong>t conduire à une forte évolution de la profession.Le premier élém<strong>en</strong>t a toujours existé, mais il pr<strong>en</strong>d plus d’acuité aujourd’hui : le <strong>pharmacie</strong>nd’officine est à la fois un professionnel libéral de santé et un professionnel exerçant <strong>des</strong> actesde commerce. Une évolution dans deux directions parfois contradictoires se diffuseactuellem<strong>en</strong>t :- d’une part, de nombreux médicam<strong>en</strong>ts arrivant pour disp<strong>en</strong>sation <strong>en</strong> officine sont de plus<strong>en</strong> plus difficiles à manier, et les besoins de santé de premier recours sont plus fréqu<strong>en</strong>ts.Ils exig<strong>en</strong>t un acte de conseil de plus <strong>en</strong> plus développé avec un suivi att<strong>en</strong>tif et organisé ;- d’autre part, le commerce <strong>en</strong> général, ses modalités, ses circuits, sont <strong>en</strong> pleinbouleversem<strong>en</strong>t. De nombreux acteurs s'interrog<strong>en</strong>t sur le bi<strong>en</strong>-fondé de maint<strong>en</strong>ir lemédicam<strong>en</strong>t à l’écart de ces transformations sociétales qui pourrai<strong>en</strong>t apporter, selon certains,souplesse et économies. Il y a là un vrai risque : l’aspect "commerce" peut être porté par lavague économique générale, alors que la partie "professionnel de santé" resterait <strong>en</strong> retrait.4


<strong>La</strong> contradiction issue de ces deux dim<strong>en</strong>sions est r<strong>en</strong>forcée par l’organisation actuelle del’officine et les modalités de rémunération de l’activité principale. Le <strong>pharmacie</strong>n d’officineest clairem<strong>en</strong>t un professionnel de santé reconnu et apprécié comme tel, mais l'actepharmaceutique qu’il accomplit n’est pas répertorié ni valorisé comme l’acte d’unprofessionnel de santé, comme l'est par exemple la consultation d’un médecin oul’interv<strong>en</strong>tion d’un kinésithérapeute. <strong>La</strong> rémunération du <strong>pharmacie</strong>n est fondéeexclusivem<strong>en</strong>t sur la marge commerciale liée à la v<strong>en</strong>te <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts et autres produits <strong>des</strong>anté.Une partie de l’activité de l’officine est de ce fait fréquemm<strong>en</strong>t réalisée de façon gratuite ounon id<strong>en</strong>tifiée. Ce n’est pas très satisfaisant dans la logique d’<strong>en</strong>treprise de l’officine.Les autres professionnels de santé (médecins, chirurgi<strong>en</strong>s-d<strong>en</strong>tistes, infirmières,kinésithérapeutes, vétérinaires…) paraiss<strong>en</strong>t avoir une vocation claire et immuable ; leurdomaine spécifique, ress<strong>en</strong>ti comme naturel, est peu contesté parce que l’acte qu’ilsaccompliss<strong>en</strong>t est bi<strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifié et rémunéré comme tel. Ce n’est pas le cas du <strong>pharmacie</strong>n,qui, le plus souv<strong>en</strong>t, ne prépare plus lui-même les médicam<strong>en</strong>ts, et dont l’id<strong>en</strong>tité se brouillepour le public. C’est un premier point.Parallèlem<strong>en</strong>t, la réflexion, <strong>en</strong> <strong>France</strong>, et les réalisations constatées dans plusieurs paysavancés, invit<strong>en</strong>t le <strong>pharmacie</strong>n d’officine à jouer un nouveau rôle clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagé dansl’activité de santé, le <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong> s’insérant localem<strong>en</strong>t dans une nouvelleorganisation de la santé où les rôles et les tâches de chaque acteur serai<strong>en</strong>t revus. Au planinternational l'OMS et la FIP avanc<strong>en</strong>t nettem<strong>en</strong>t que cette évolution est la clé de l’av<strong>en</strong>ir.Troisième élém<strong>en</strong>t, l’équilibre financier de l’assurance maladie : les médicam<strong>en</strong>tsremboursables par l’assurance maladie représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 76% de l’activité de la profession. Lesrapports disponibles soulign<strong>en</strong>t que le coût de la distribution du médicam<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>France</strong> estplus élevé que chez nos voisins. Pourtant, l’officine a accepté au cours <strong>des</strong> dernières annéesque les bases de sa marge soi<strong>en</strong>t modifiées, dans la prise <strong>en</strong> charge sociale <strong>des</strong>remboursem<strong>en</strong>ts. Elle a aussi accepté de s’investir dans la diffusion <strong>des</strong> génériques. Elle<strong>en</strong>registre au cours <strong>des</strong> deux derniers exercices <strong>des</strong> résultats financiers <strong>en</strong> dégradation.Comm<strong>en</strong>t permettre au <strong>pharmacie</strong>n de répondre aux nouvelles att<strong>en</strong>tes ? Comm<strong>en</strong>t uneévolution de l’organisation de la santé publique faisant davantage appel à l’officine pourraitelle voir le jour et avec quels moy<strong>en</strong>s ?L'inflexion qu’impliqu<strong>en</strong>t ces différ<strong>en</strong>tes perspectives ne sera pas facile à pr<strong>en</strong>dre. Maisl’officine a <strong>des</strong> atouts sérieux, qu’elle doit continuer à mettre <strong>en</strong> avant : la qualité, la sécurité,la proximité et le service au pati<strong>en</strong>t. Il lui faut approfondir et rationaliser dans cette direction<strong>en</strong> mettant le pati<strong>en</strong>t au c<strong>en</strong>tre de son action. De façon concomitante, s’<strong>en</strong>gager pour lanouvelle organisation de la santé au niveau local et travailler avec les pouvoirs publics et lespart<strong>en</strong>aires concernés pour faire <strong>en</strong>trer dans les faits cette nouvelle organisation, <strong>en</strong> abordantprogressivem<strong>en</strong>t toutes les questions que cette évolution pose inévitablem<strong>en</strong>t.Ces points seront abordés dans le cadre de ce Livre blanc, après un bref rappel sur l’officined'aujourd'hui et son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.5


I -. L’officine et son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 200711 L’officine :Les principales données chiffrées relatives au réseau officinal <strong>en</strong> 2007 sont publiées,notamm<strong>en</strong>t, dans les docum<strong>en</strong>ts de l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns. Ret<strong>en</strong>ons les traits suivants :- le nombre d’officines, qui avait beaucoup augm<strong>en</strong>té depuisplusieurs déc<strong>en</strong>nies, a atteint son maximum <strong>en</strong> 2001 Depuis lors, ila légèrem<strong>en</strong>t diminué (- 0,74%), pour s'établir à 23 162 3 ;- <strong>en</strong> revanche, le nombre de <strong>pharmacie</strong>ns, titulaires ou salariés (dits"adjoints"), exerçant <strong>en</strong> officine (54 380 4 ) continue de progresser,<strong>en</strong> dépit du fait que la proportion <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> officine parrapport aux <strong>pharmacie</strong>ns exerçant dans d’autres activités se réduit 5 ;- l’âge moy<strong>en</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns s’élève régulièrem<strong>en</strong>t et cetteévolution démographique va générer <strong>des</strong> besoins forts dans lesprochaines années ;- les femmes sont dev<strong>en</strong>ues largem<strong>en</strong>t majoritaires parmi lesdiplômés <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong>. Ainsi, au 1 er janvier 2007, la professioncomptait 65,5 % de femmes, contre 55 % <strong>en</strong> 1980. Les femmes sontplus jeunes que leurs confrères masculins (44 ans contre 47 ans <strong>en</strong>moy<strong>en</strong>ne) 6 .<strong>La</strong> répartition sur le territoire évolue peu, les mouvem<strong>en</strong>ts de population n’étant plusaujourd’hui suffisamm<strong>en</strong>t importants pour <strong>en</strong>traîner de fortes modifications du tissu officinal.Les d<strong>en</strong>sités de <strong>pharmacie</strong>ns vari<strong>en</strong>t de 65 <strong>pharmacie</strong>ns pour 100 000 habitants dans les DOMà 142 pour le Limousin 7 . On comm<strong>en</strong>ce à dénombrer <strong>des</strong> officines qui ne trouv<strong>en</strong>t pasd’acquéreur, donc à s’inquiéter pour la prés<strong>en</strong>ce pharmaceutique dans certaines zones ruralesisolées ou urbaines s<strong>en</strong>sibles.L’officine 8 est <strong>en</strong> effet une <strong>en</strong>treprise, et par conséqu<strong>en</strong>t son activité est conditionnée par sonéquilibre financier et égalem<strong>en</strong>t social. Il est nécessaire de rappeler quelques données selondiffér<strong>en</strong>ts types d’officines.Sur la base d’un échantillon de 500 officines, le cabinet KPMG 9 constate qu’<strong>en</strong> 2006, lesofficines dont le C.A. était supérieur à 1 500 K€ représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t près de 36% du CA total ;celles ayant un C.A. inférieur à 800 K€un peu plus de 13%. <strong>La</strong> moitié du C.A. est parconséqu<strong>en</strong>t le fait d’officines de taille moy<strong>en</strong>ne. Les officines de "c<strong>en</strong>tre commercial" seclassai<strong>en</strong>t majoritairem<strong>en</strong>t dans les officines ayant un C.A. supérieur à 1 500 €.3 Au 1 er janvier 2007. Dont 601 dans les DOM (source <strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns). Il s'y ajoute 136 <strong>pharmacie</strong>smutualistes ou minières4 Dont 28 194 titulaires et 26 186 adjoints, au 1/1/2007 (source : <strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns)5 Dossier Solidarité et Santé, janvier mars 2006 : « la part <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns officinaux se réduit mais au sein deces derniers, celle <strong>des</strong> titulaires diminue au profit <strong>des</strong> salariés (<strong>pharmacie</strong>ns adjoints) ».6 Dossier Solidarité et Santé déjà cité7 Dossier Solidarité et Santé, déjà cité8 On n’a pas traité spécifiquem<strong>en</strong>t dans ce rapport les différ<strong>en</strong>tes activités que l’officine peut pratiquer (parexemple la dermo-cosmétique). Ceci ne veut évidemm<strong>en</strong>t pas dire que ces activités doiv<strong>en</strong>t être négligées, ellespeuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet avoir un impact décisif sur la r<strong>en</strong>tabilité de l’<strong>en</strong>treprise officinale.9 Selon KPMG. Moy<strong>en</strong>nes professionnelles 20076


« <strong>La</strong> r<strong>en</strong>tabilité de la distribution est forte 10 » ; « Le rev<strong>en</strong>u moy<strong>en</strong> croit à un rythme de 2 à3 % l’an hors inflation pour la 5ème année consécutive(2002/2004) 11 » Cep<strong>en</strong>dant, lesdernières années semble indiquer un certain retournem<strong>en</strong>t de t<strong>en</strong>dance : : recul <strong>des</strong> v<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>unités (- 2,68 % <strong>en</strong> 2006), recul de la marge (0,13 %), le C.A. progresse de 2,24% mais il fautcompter que les produits antérieurem<strong>en</strong>t réservés à l’hôpital, <strong>en</strong> forte progression, ont unemarge s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t plus faible.D’après l’étude de KPMG, le taux de marge (exprimé <strong>en</strong> % du C.A. hors taxes) s’effritedepuis 2003, passant (<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne) de 28,46 % à 27,53 % <strong>en</strong> 2006. <strong>La</strong> t<strong>en</strong>dance s’estprolongée <strong>en</strong> 2007, et il n’y a pas de signe qui permettrait de p<strong>en</strong>ser qu'elle va s’inverser dansles prochains mois. <strong>La</strong> réduction progressive de la marge est donc une donnée dont il fautt<strong>en</strong>ir compte. Le taux de résultat moy<strong>en</strong> est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> baisse passant de 9,53 % à 8,18 %.Une étude particulière sur les officines rurales (<strong>en</strong> 2006) montre qu’elles « tir<strong>en</strong>t leur épingledu jeu », tant pour la marge que pour le résultat.Le cabinet KPMG a calculé un indicateur de performance commerciale et de gestion, qui« s’appar<strong>en</strong>te à un excéd<strong>en</strong>t brut d’exploitation corrigé <strong>des</strong> cotisations sociales du titulaire etde la CSG déductible » : cet indicateur est passé de 15,16 (moy<strong>en</strong>ne 2003) à 14,07 (moy<strong>en</strong>ne2006).<strong>La</strong> baisse est moins forte pour les officines dont le C.A. est supérieur à 1 500 K€,l’indicateur se situant à 14,25 <strong>en</strong> 2006, contre 15,17 (donc pratiquem<strong>en</strong>t la moy<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> 2003).Enfin, les frais de personnels progress<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne de 9,67 à 10,14 %, le niveau étant plusélevé pour les officines ayant un C.A. supérieur à 1 500 K€ (de 10,37 à 10,61).<strong>La</strong> détérioration de la situation économique de l’officine depuis deux ans a <strong>des</strong> répercussions :« Le nombre de <strong>pharmacie</strong>ns et préparateurs demandeurs d’emploi a augm<strong>en</strong>té de 30% <strong>en</strong>deux ans 12 », cette t<strong>en</strong>dance v<strong>en</strong>ant, il faut le rappeler, après plusieurs années de hausse <strong>des</strong>embauches dans le secteur.Quels que soi<strong>en</strong>t ces résultats économiques, la valeur <strong>des</strong> officines reste forte. En 2006, lesprix s’établirai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne à 90% du chiffre d’affaires, et même 93% dans les c<strong>en</strong>trescommerciaux. Le prix correspondrait à 8 fois l’excéd<strong>en</strong>t brut d’exploitation, ce qui est unevaleur élevée 13 .En ce qui concerne la structure juridique <strong>des</strong> officines, il faut souligner que les créations deSEL (société d’exercice libéral) sont <strong>en</strong> forte croissance chaque année. L’exercice <strong>en</strong>association concerne 13 516 titulaires, soit 48% de l’effectif ; pour les SEL la progression2006 s’établit à 38,4 % (source : <strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns).Quelques traits de l’officine <strong>en</strong> 2007L’officine, qui élaborait ou préparait les médicam<strong>en</strong>ts, est dev<strong>en</strong>ue – pour l’ess<strong>en</strong>tiel – undisp<strong>en</strong>sateur de médicam<strong>en</strong>ts fabriqués par l’industrie 14 .10 Rapport du Haut conseil pour l'av<strong>en</strong>ir de l'assurance maladie11 Ibid.12 Impact Pharmaci<strong>en</strong> N°175 du 21 février 200713 Impact Pharmaci<strong>en</strong> N° 180 du 18 avril 200714 Le prés<strong>en</strong>t rapport est c<strong>en</strong>tré sur le médicam<strong>en</strong>t à usage humain, mais il ne faut pas omettre le fait que lesofficines situées <strong>en</strong> milieu rural assur<strong>en</strong>t une disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts vétérinaires pour les animaux der<strong>en</strong>te. Le décret du 24 avril 2007 (JO du 26 avril) « relatif aux conditions et modalités de prescription et dedélivrance au détail <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts vétérinaires » r<strong>en</strong>force le rôle du <strong>pharmacie</strong>n d’officine pour ladisp<strong>en</strong>sation de ces médicam<strong>en</strong>ts.7


Ces médicam<strong>en</strong>ts dispos<strong>en</strong>t d’autorisations de mise sur le marché accordées par les autoritésde santé au vu de dossiers justificatifs de plus <strong>en</strong> plus imposants. Les médicam<strong>en</strong>ts font partied’un monopole de v<strong>en</strong>te réservée à l’officine.Il y a unanimité pour reconnaître la qualité, la sécurité, le sérieux du travail de délivrance <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts réalisé par les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine professionnels de santé reconnus. <strong>La</strong>qualité sci<strong>en</strong>tifique <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> conduisant au diplôme de <strong>pharmacie</strong>n, la difficulté de cesétu<strong>des</strong>, donn<strong>en</strong>t incontestablem<strong>en</strong>t du poids à l’interv<strong>en</strong>tion du <strong>pharmacie</strong>n et à ses conseils.Sa proximité du pati<strong>en</strong>t est égalem<strong>en</strong>t saluée : c’est le professionnel de santé le plus proche etle plus facile à contacter ; cela est jugé très positivem<strong>en</strong>t et explique certainem<strong>en</strong>t que lacli<strong>en</strong>tèle soit jugée très fidèle.Le sondage Sofres qui a été prés<strong>en</strong>té à la conv<strong>en</strong>tion organisée par la Fédération <strong>des</strong> syndicatspharmaceutiques de <strong>France</strong> le 27 mars 2007 <strong>en</strong>registrait égalem<strong>en</strong>t une très forte confiancedans le <strong>pharmacie</strong>n d’officine.On peut évidemm<strong>en</strong>t trouver <strong>des</strong> contre-exemples, <strong>des</strong> nuances. Ainsi, le rapport « Le métierde <strong>pharmacie</strong>n : cont<strong>en</strong>u et perspectives du rôle de premier recours 2006 15 » indiquait :« Entre l’image anci<strong>en</strong>ne et obsolète de notable distant de ses mala<strong>des</strong> et celle qui agitcomme repoussoir : « l’épicier » surtout soucieux de la bonne marche commerciale de sonofficine, il y a le <strong>pharmacie</strong>n conseil, professionnel de santé et de proximité, à l’écoute <strong>des</strong>mala<strong>des</strong>, capables de r<strong>en</strong>dre <strong>des</strong> services adaptés et personnalisés et d’ori<strong>en</strong>ter vers d’autresprofessionnels de santé ».Une étude conduite par <strong>des</strong> étudiants de "mastère santé" 16 met l’acc<strong>en</strong>t sur une autreapproche : ayant interrogé sur les critères de choix de l’officine, ils ont observé <strong>des</strong> résultatstrès diverg<strong>en</strong>ts selon qu’on s’adresse au <strong>pharmacie</strong>n d’officine ou au pati<strong>en</strong>t/consommateur.Le <strong>pharmacie</strong>n se voit comme un professionnel choisi pour ses compét<strong>en</strong>ces, puis pour sadisponibilité, pour ses prix et <strong>en</strong>fin pour la qualité de son accueil. Le pati<strong>en</strong>t/consommateur,lui, accorde une plus grande importance à l’accueil, à la discrétion, au prix, à l’att<strong>en</strong>te et à laproximité. Il ne cite jamais de façon spontanée la compét<strong>en</strong>ce. Les auteurs de l’<strong>en</strong>quêtesoulign<strong>en</strong>t qu’il y a là source de débats.Au cours <strong>des</strong> dernières années, <strong>des</strong> produits de plus <strong>en</strong> plus complexes, <strong>des</strong>tinés à traiter <strong>des</strong>maladies graves tels le cancer ou le sida, ont reçu <strong>des</strong> autorisations de mise sur le marché. <strong>La</strong>plupart de ces nouveaux médicam<strong>en</strong>ts ont été "réservés à l’hôpital" et n’étai<strong>en</strong>t donc pasdisponibles à l’officine. Ces mêmes produits sont maint<strong>en</strong>ant disp<strong>en</strong>sés <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong>d’officine à <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts avi<strong>des</strong> d’informations multiples sur les effets, les dangers, lesprécautions à pr<strong>en</strong>dre. Ce transfert à l’officine a nécessité <strong>des</strong> formations adaptées <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns officinaux, compte t<strong>en</strong>u <strong>des</strong> technicités particulières requises pour cesmédicam<strong>en</strong>ts et <strong>des</strong> besoins de conseils <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts. Ce "transfert" a été une réussite dont on apeu parlé. C’était pourtant un pari, certes gagé sur la qualité de la formation <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns… mais c’était quand même un pari, et il a été gagné !Le travail de l’officine a égalem<strong>en</strong>t été bouleversé récemm<strong>en</strong>t par l’octroi au <strong>pharmacie</strong>n d’undroit de substitution dans le cadre de la délivrance <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts génériques.15 Françoise Marin, Eve Marin, Auryane Barrancos : « Le métier de <strong>pharmacie</strong>n : cont<strong>en</strong>u et perspectives durôle de premier recours», 200616 Etude prés<strong>en</strong>tée au salon Pharmagora le 24 mars 2007 « Regards croisés sur le rôle du <strong>pharmacie</strong>nd’officine ».8


Le succès net de cette politique a été plus médiatisé, sans doute parce que les retombéesfinancières sont fortes et expliqu<strong>en</strong>t pour une large part la modération <strong>des</strong> dép<strong>en</strong>ses demédicam<strong>en</strong>ts.<strong>La</strong> disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts représ<strong>en</strong>te la part majoritaire du chiffre d’affaires <strong>des</strong>officines. Toutefois, les proportions peuv<strong>en</strong>t varier fortem<strong>en</strong>t d’une officine à l’autre puisquedans certains cas (<strong>pharmacie</strong>s de passage, dans <strong>des</strong> c<strong>en</strong>tres commerciaux…), la part de ladélivrance <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts dans le chiffre d’affaires est inférieure à 50%. A côté <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts, on trouve d’autres produits, faisant ou non partie du monopole pharmaceutique.<strong>La</strong> part <strong>des</strong> produits de bi<strong>en</strong>-être et de cosmétiques peut, dans certains cas, être élevée.Une caractéristique générale de l’officine, c’est qu’elle est largem<strong>en</strong>t ouverte au pati<strong>en</strong>t ; lesplages d’ouverture sont très larges, le temps de travail du <strong>pharmacie</strong>n aussi… Il faut êtredisponible le plus possible. C’est évidemm<strong>en</strong>t là un point très positif, mais qui, dans la sociétéactuelle, pose <strong>des</strong> interrogations. En outre, la question de la disponibilité du <strong>pharmacie</strong>n, aumom<strong>en</strong>t où l’on estime qu’il devrait pr<strong>en</strong>dre de nouvelles tâches à l’extérieur, doit êtreexaminée.On trouve fréquemm<strong>en</strong>t l’idée qu’une <strong>des</strong> tâches ess<strong>en</strong>tielles du <strong>pharmacie</strong>n, le conseil, n’estpas suffisamm<strong>en</strong>t "visible" ; on a employé à plusieurs reprises, dans différ<strong>en</strong>ts docum<strong>en</strong>ts,l’expression de transpar<strong>en</strong>ce : « L’acte de conseil est transpar<strong>en</strong>t », <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s qu’il n’estnoté, comptabilisé, nulle part. Il ne donne pas lieu à rémunération. Une fois donné, le conseilne laisse pas de trace, au point qu’on peut être t<strong>en</strong>té de s’interroger sur sa réalité. Il fautmettre fin à cette invisibilité. Des projets <strong>en</strong> discussion actuellem<strong>en</strong>t – voir ci-après – vontdans ce s<strong>en</strong>s. Ils impliqu<strong>en</strong>t plus fortem<strong>en</strong>t les <strong>pharmacie</strong>ns dans les procédures et ceux-cidevrai<strong>en</strong>t y trouver une nouvelle légitimité.L’intégration dans les réseaux de santé connaît aussi, manifestem<strong>en</strong>t, un développem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>sible, même s’il reste du chemin à parcourir pour aboutir à <strong>en</strong> faire une pratique courante.Cela s’explique : les réseaux de santé sont thématiques et donc nombreux. Or le <strong>pharmacie</strong>nd’officine est un généraliste. Il ne peut donc adhérer facilem<strong>en</strong>t à autant de réseaux. Ceux quisont le plus plébiscités sont ceux qui développ<strong>en</strong>t une coordination <strong>en</strong>tre officines de ville etétablissem<strong>en</strong>ts de santé.Quelques traits <strong>des</strong> officines chez nos voisins 17 :Si l’on jette un regard sur l’organisation existante chez nos voisins, on trouve de nombreusesdiffér<strong>en</strong>ces par rapport au modèle français. Il faut les m<strong>en</strong>tionner car elles peuv<strong>en</strong>tév<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter <strong>des</strong> voies d’action pour l’av<strong>en</strong>ir, av<strong>en</strong>ir souhaitable ou, aucontraire, à éviter.17 Voir <strong>en</strong> annexe deux tableaux établis par l’<strong>Ordre</strong> sur la base <strong>des</strong> chiffres de la FIP9


D’abord, le maillage territorial ne fait pas partout l’objet d’une régulation ; le monopolepharmaceutique est parfois limité aux seuls médicam<strong>en</strong>ts de prescription obligatoire (celaveut dire alors que de nombreux médicam<strong>en</strong>ts sont v<strong>en</strong>dus <strong>en</strong> dehors <strong>des</strong> officines). A la placedu monopole de l’officine, on comm<strong>en</strong>ce à trouver <strong>des</strong> monopoles fondés sur la compét<strong>en</strong>ceindividuelle d'un professionnel. Ainsi, certains actes seront réservés à <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, maisquel que soit le lieu dans lequel ils sont pratiqués. Les officines sont parfois <strong>des</strong> magasins oùl’on trouve un peu de tout (tabac, bière, chocolat…) 18 . Certaines officines sont d’abord <strong>des</strong><strong>en</strong>treprises, avec comme première finalité la r<strong>en</strong>tabilité et la concurr<strong>en</strong>ce avec les autrescircuits de v<strong>en</strong>te, avec l’aide de techniques telles que la franchise 19 . L’indép<strong>en</strong>dance du<strong>pharmacie</strong>n est parfois largem<strong>en</strong>t battue <strong>en</strong> brèche par différ<strong>en</strong>ts systèmes à vocationcommerciale et gestionnaire dans un souci premier de r<strong>en</strong>tabilisation. L’unité française de lapropriété et de l’exercice professionnel n’est pas un modèle partout partagé.Dans de nombreux pays, les officines sont bi<strong>en</strong> ag<strong>en</strong>cées pour permettre la disp<strong>en</strong>sation et leconseil, avec la confid<strong>en</strong>tialité nécessaire (cela pouvant aller de pair avec le "bazar" décritplus haut). Dans plusieurs pays, le <strong>pharmacie</strong>n est de plus <strong>en</strong> plus intégré dans les équipes <strong>des</strong>anté ; il pratique <strong>des</strong> "soins pharmaceutiques" (<strong>en</strong> anglais "pharmaceutical care") rémunéréscomme tels. Les relations avec les médecins s’inscriv<strong>en</strong>t dans <strong>des</strong> procédures de réseau, parexemple la "collaborative prescribing practice". Le plus souv<strong>en</strong>t, le <strong>pharmacie</strong>n intervi<strong>en</strong>tpour les campagnes de prév<strong>en</strong>tion ou de dépistage. Certains actes, par exemple la réalisationde certaines préparations magistrales, exig<strong>en</strong>t une accréditation spécifique.Du côté de la formation, la durée <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> (y compris les stages obligatoires) est d’au moinscinq ans, la t<strong>en</strong>dance étant à l’allongem<strong>en</strong>t vers le haut de la fourchette où se situe déjà la<strong>France</strong> (6 ans). <strong>La</strong> formation continue apparaît à peu près partout comme une nécessité, plusou moins organisée ; dans certains pays, le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t de la lic<strong>en</strong>ce detravail (autorisation de gérer une officine) est subordonné à la justification d'une formationcontinue.On notera, dans les pays anglo-saxons, une évolution du concept de formation professionnellecontinue vers celui de "continuing professional developm<strong>en</strong>t" . Ce développem<strong>en</strong>tprofessionnel continu (DPC) consiste pour le professionnel à évaluer lui-même ses besoins deformation supplém<strong>en</strong>taire, au regard de la pratique de son exercice, puis à établir un plan deformation correspondant à ces besoins ; <strong>en</strong>fin, à s'autoévaluer à nouveau pour apprécier leseffets de la formation suivie. Cette procédure répète donc <strong>en</strong> boucle la séqu<strong>en</strong>ceévaluation/formation/réévaluation, comme partie intégrante d'une assurance qualité.Les systèmes d’honoraires pour rémunérer les conseils et autres interv<strong>en</strong>tions horsdisp<strong>en</strong>sation stricto s<strong>en</strong>su sont largem<strong>en</strong>t pratiqués hors de nos frontières. Il peut <strong>en</strong> aller ainsipour la décision de retirer un médicam<strong>en</strong>t d’une ordonnance, ou de refuser de délivrer unmédicam<strong>en</strong>t demandé par le pati<strong>en</strong>t, s'il y a un risque iatrogénique.Dans ce domaine <strong>des</strong> exemples à observer, il est sans doute intéressant de mettre le projecteursur le Royaume-Uni.18 Cf. par exemple : « Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue au bazar allemand » (le Moniteur <strong>des</strong> Pharmacies du 14/4/07)19 Cf. Impact Pharmaci<strong>en</strong> n° 159 « Québec : le sceau de la franchise »10


En 2000, les autorités du Royaume-Uni avai<strong>en</strong>t fixé aux officines 3 objectifs :- satisfaire les besoins <strong>en</strong> évolution <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts : faciliter l’accès aux médicam<strong>en</strong>ts etau conseil pharmaceutique, un r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> souti<strong>en</strong>s pour l’utilisation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts,développer les rapports de confiance <strong>en</strong>tre l’officine et les pati<strong>en</strong>ts ;- t<strong>en</strong>ir compte <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t : améliorer la compétitivité <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>s, améliorer la diffusion <strong>des</strong> génériques <strong>en</strong> termes de sécurité et de payem<strong>en</strong>t,intégrer les comman<strong>des</strong> électroniques et le portage au domicile du pati<strong>en</strong>t ;- améliorer les pratiques professionnelles : traiter ce qui ne va pas avec <strong>des</strong> procéduresmodernes, ouvertes et transpar<strong>en</strong>tes, développer la formation professionnelle pour pouvoirsatisfaire les besoins du futur proche, veiller à ce que la qualification <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns reste àson haut niveau.Ces objectifs ont été t<strong>en</strong>us, mais il a été décidé de poursuivre dans les directions suivantes :- améliorer l’accès du pati<strong>en</strong>t aux médicam<strong>en</strong>ts (ce qui compr<strong>en</strong>d une série de mesuresqu’il serait trop long de m<strong>en</strong>tionner ici mais qui sont données <strong>en</strong> annexe)- aider les pati<strong>en</strong>ts à profiter au maximum <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts (même remarque que ci<strong>des</strong>sus);- redéfinir les services autour du pati<strong>en</strong>t (idem).12 L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t de l’officine121-la démographie <strong>des</strong> professions de santéL’évolution de la démographie <strong>des</strong> professions de santé est une donnée clé de la réflexionsur l’organisation de ces professions. C’est <strong>en</strong> fonction de l'effectif de chaque professionet de sa répartition sur le terrain que l’on peut organiser valablem<strong>en</strong>t, c’est à direconcrètem<strong>en</strong>t, le travail <strong>en</strong> réseau et <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité qu’exige un système de santéperformant.Le besoin d’analyser les démographies professionnelles était si évid<strong>en</strong>t qu’il a justifié <strong>en</strong>2003, la création de l'Observatoire <strong>National</strong> de la Démographie <strong>des</strong> Professions de Santé(ONDPS) présidé par le Pr Yvon BERLAND, présid<strong>en</strong>t de l'Université d'Aix-Marseille 20 .L’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns est représ<strong>en</strong>té au sein du conseil d'ori<strong>en</strong>tation de cette instance.Dans un rapport de novembre 2002 qui a été à l’origine de la création de l’ONDPS, lamission "Démographie <strong>des</strong> professions de santé" notait : « Il n'y a jamais eu autant deprofessionnels de santé qu'actuellem<strong>en</strong>t. Pourtant l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> acteurs dis<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>contrer <strong>des</strong> difficultés de plus <strong>en</strong> plus importantes dans leur exercice public ou privé,salarié ou libéral quel que soit leur lieu d'exercice, zone urbaine ou zone rurale.Les raisons sont multiples : vieillissem<strong>en</strong>t du corps médical, féminisation, vieillissem<strong>en</strong>tde la population et lourdeur grandissante de sa prise <strong>en</strong> charge, consumérisme médical,contraintes administratives, contraintes légales, part excessive de la prise <strong>en</strong> chargesociale ».20 L’ONDPS a pour missions de rassembler les connaissances relatives à la démographie <strong>des</strong> professions <strong>des</strong>anté ; de synthétiser les travaux réalisés, notamm<strong>en</strong>t au niveau régional ; de promouvoir les initiatives et étu<strong>des</strong>de nature à améliorer la connaissance <strong>des</strong> conditions d'exercice <strong>des</strong> professionnels et l'évolution de leurs métiers.11


Le rapport réalisé par l’ONDPS à la demande du ministre de la santé <strong>en</strong> septembre 2005t<strong>en</strong>te de répondre au constat posé précédemm<strong>en</strong>t. « Pour la majorité <strong>des</strong> professions <strong>des</strong>anté, il existe <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ces de d<strong>en</strong>sité <strong>en</strong>tre les territoires. Ces différ<strong>en</strong>ces pourrai<strong>en</strong>ts’amplifier à l’occasion du r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t important <strong>des</strong> effectifs qui s’annonce, il estnécessaire de mettre <strong>en</strong> œuvre <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s pour réguler l’offre de soins sur le territoir<strong>en</strong>ational <strong>en</strong> l’adaptant mieux à la demande ». On notera que les cartographies établiespar l’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns permett<strong>en</strong>t d’avoir une idée très précise de lasituation par zones de territoire fines.Ce rapport de l'ONDPS, c<strong>en</strong>tré sur la démographie médicale, aborde néanmoins lesprincipaux constats et les principales questions qui influ<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t ou sont susceptiblesd’influ<strong>en</strong>cer la place du <strong>pharmacie</strong>n d’officine dans le système de santé.a) – Le constat de l'ONDPSLe nombre de médecins n’a jamais été aussi élevé <strong>en</strong> <strong>France</strong> ; mais le problème n’est(…) pas tant le nombre que la répartition <strong>des</strong> médecins ».« Les étu<strong>des</strong> qui permett<strong>en</strong>t une analyse précise de l'offre de soins au niveau local ont portéess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur l'offre de soins de premier recours. Elles montr<strong>en</strong>t que les difficultésd'accessibilité aux soins primaires ne concern<strong>en</strong>t pas une frange très importante de lapopulation (de 0,6 à 4,1%)... Cela étant, de nombreux élém<strong>en</strong>ts annonc<strong>en</strong>t une réduction àv<strong>en</strong>ir conséqu<strong>en</strong>te de l'offre de soins et une augm<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> besoins qui ne ferontqu'amplifier les disparités locales déjà observables. (…) On voit apparaître (…) <strong>des</strong>difficultés particulières pour maint<strong>en</strong>ir une prés<strong>en</strong>ce médicale et une offre de proximité danscertaines zones, <strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> zone rurale. »b). - <strong>La</strong> modification du corps médical, de ses pratiques et les conséqu<strong>en</strong>ces« L'augm<strong>en</strong>tation de la proportion <strong>des</strong> femmes dans le corps médical (29 % <strong>en</strong> 1989; 36 % <strong>en</strong>2001, 37,2 % <strong>en</strong> 2003), pourrait notamm<strong>en</strong>t contribuer à faire évoluer fortem<strong>en</strong>t larépartition du mode d'exercice. Jusqu'à prés<strong>en</strong>t, les femmes privilégi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet l'exercicesalarié, ce qui conduirait, puisque leur nombre s'accroît très fortem<strong>en</strong>t, à conc<strong>en</strong>trer lamajeure partie de la baisse à v<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> effectifs sur l'exercice libéral, si leur comportem<strong>en</strong>t semaint<strong>en</strong>ait à l'id<strong>en</strong>tique. Les projections réalisées avec le modèle de la DREES mett<strong>en</strong>t ainsi<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, sous l'hypothèse de constance <strong>des</strong> comportem<strong>en</strong>ts passés, que le nombre demédecins libéraux chuterait <strong>en</strong> un peu plus de vingt ans de 15 %, passant de 122 300 <strong>en</strong> 2002à 103 800 <strong>en</strong> 2025, alors que la diminution serait quasi nulle pour les hospitaliers, dont l<strong>en</strong>ombre passerait de 59 000 <strong>en</strong> 2002 à 58 800 <strong>en</strong> 2025. »c) - Une évolution du temps de prés<strong>en</strong>ce au travailLe rapport annuel 2004 de l'ONDPS note égalem<strong>en</strong>t : « <strong>La</strong> diminution du temps de travail aeu <strong>des</strong> impacts réels sur la disponibilité <strong>des</strong> professionnels. <strong>La</strong> modification de la duréelégale du travail a eu <strong>des</strong> effets conjoncturels importants <strong>en</strong>tre 2000 et 2002-2003 ».Par ailleurs, « De manière relativem<strong>en</strong>t réc<strong>en</strong>te, les professionnels ont souhaité accéder àune meilleure qualité de vie. Ils ne sont plus prêts à sacrifier leur vie familiale et privéeau profit de leur vie professionnelle. <strong>La</strong> dégradation de l'image du médecin dans l'opiniongénérale, le manque de respect et de considération, sont autant de situations qui ontcontribué aux modifications <strong>des</strong> choix de vie de nombreux professionnels.12


Compte t<strong>en</strong>u du ress<strong>en</strong>ti actuel, les professions de santé dans leur quasi totalité sontinquiètes pour leur exercice futur, sachant que la d<strong>en</strong>sité démographique de certainesprofessions de santé va décroître et que les facteurs d'évolution prégnants, féminisation,vieillissem<strong>en</strong>t, réduction du temps de travail majoreront le déficit quantitatif par rapportà une situation actuelle. Les indicateurs d'alerte démographiques sont <strong>en</strong> effet nombreux,qu'il s'agisse de pénuries disciplinaires à l'hôpital, de phénomènes de files d'att<strong>en</strong>te <strong>en</strong>augm<strong>en</strong>tation pour certaines spécialités ou de désertification de zones rurales. »c) - Pour les <strong>pharmacie</strong>ns, la situation a été analysée par la DREES 21« Au 1er janvier 2005, on rec<strong>en</strong>se un peu plus de 70 500 <strong>pharmacie</strong>ns actifs, soit 1,5 % deplus que l'année précéd<strong>en</strong>te 22 , 35 % de plus qu'<strong>en</strong> 1990 et 125 % de plus qu'au 1er janvier1976. On assiste donc à un fléchissem<strong>en</strong>t de la croissance démographique de la profession,qui est passée de plus de 4 % par an avant la seconde moitié <strong>des</strong> années 80 à un rythme plusmodéré de +1,5 % à +2 % par an – à rapprocher de l'instauration du numerus clausus puisde son resserrem<strong>en</strong>t au cours <strong>des</strong> années 80. Ce ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t demeure toutefois moinsmarqué que pour les médecins, du fait d'une prop<strong>en</strong>sion croissante <strong>des</strong> diplômés <strong>en</strong><strong>pharmacie</strong> à exercer effectivem<strong>en</strong>t une activité pharmaceutique nécessitant leur inscription àl'<strong>Ordre</strong>. Depuis les deux dernières déc<strong>en</strong>nies, on assiste <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce à une hausse de l'âgemoy<strong>en</strong> de la profession qui est passé de 39 ans <strong>en</strong> 1980 à 45 ans <strong>en</strong> 2005. Ce phénomène devieillissem<strong>en</strong>t – dû aussi, pour une faible part, à l'allongem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de <strong>pharmacie</strong> –a, pour partie, motivé le relèvem<strong>en</strong>t progressif du numerus clausus de 2 250 <strong>en</strong> 2000-2001 à 2790 pour l'année universitaire 2004-2005 ». Ce chiffre a été porté à 2 990 <strong>en</strong> 2006 etmaint<strong>en</strong>u à ce niveau pour 2007 – malgré la demande de la profession de le relever à 3 300.<strong>La</strong> DREES a établi <strong>des</strong> projections 23 sur le nombre de <strong>pharmacie</strong>ns selon différ<strong>en</strong>ts niveauxde numerus clausus : « Par rapport au scénario c<strong>en</strong>tral qui postule un mainti<strong>en</strong> du niveau dunumerus clausus actuel (2 790 étudiants formés chaque année), on peut simuler l'impactqu'aurait une augm<strong>en</strong>tation du nombre de places ouvertes <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong> à partir de 2005. Unrelèvem<strong>en</strong>t à 2 900 étudiants minorerait la baisse de la d<strong>en</strong>sité programmée <strong>en</strong>tre 2015 et2030, date à laquelle la d<strong>en</strong>sité de <strong>pharmacie</strong>ns serait <strong>en</strong>core de 2 points supérieure à celleconstatée <strong>en</strong> 2005. Un numerus clausus porté à 3 000 étudiants parvi<strong>en</strong>drait à maint<strong>en</strong>ir uned<strong>en</strong>sité stable <strong>en</strong>tre 2015 et 2025 à hauteur de 122 <strong>pharmacie</strong>ns pour 100 000 habitants(<strong>France</strong> métropolitaine). Dans le cas où il serait augm<strong>en</strong>té très s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t, à hauteur de3 500 places, la croissance de la d<strong>en</strong>sité se révélerait forte et continue sur l'<strong>en</strong>semble de lapériode de projections. Dans les trois cas, la d<strong>en</strong>sité de <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> 2050 s'avéreraitlargem<strong>en</strong>t plus élevée qu'à l'heure actuelle (respectivem<strong>en</strong>t +9 %, +12,5 % et +30,5 %) etune telle évolution s'inscrirait davantage dans le prolongem<strong>en</strong>t du passé ».Ces projections ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> compte l’év<strong>en</strong>tuelle évolution du rôle du <strong>pharmacie</strong>nd’officine, telle qu’on l’<strong>en</strong>visage dans les développem<strong>en</strong>ts ci-après.21 Marc COLLET - DREES (Direction de la recherche, <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>, de l’évaluation et <strong>des</strong> statistiques) "Etu<strong>des</strong> etrésultats" n°438, octobre 200522 Le chiffre publié par l’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns au 1/1/2007 s’établit à 73 829 inscrits (officine,industrie, distribution <strong>en</strong> gros, hôpital, laboratoires d’analyses médicales, etc.)23 Marc Collet – DREES, Etu<strong>des</strong> et résultats n° 438 octobre 2005 : « <strong>La</strong> démographie <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns àl’horizon 2030, un exercice de projection au niveau national » page 9.13


Par ailleurs, les étu<strong>des</strong> m<strong>en</strong>ées par la DREES montr<strong>en</strong>t que si, une année après la sortie del’université, 20% <strong>des</strong> diplômés ne sont pas inscrits à l’<strong>Ordre</strong>, cette proportion s’abaisseprogressivem<strong>en</strong>t jusqu’à 5% d’une promotion annuelle, proportion correspondant auxdiplômés qui ne seront jamais inscrits à l’<strong>Ordre</strong>, pour diverses raisons. En particulier, de plus<strong>en</strong> plus <strong>pharmacie</strong>ns sont recrutés pour <strong>des</strong> activités non pharmaceutiques, soit au sein mêmedu secteur économique de la santé (affaires réglem<strong>en</strong>taires, marketing, conseil, etc.), soit dansd'autres secteurs (agro-alim<strong>en</strong>taire, cosmétiques, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t…). Au total, il y a bi<strong>en</strong> unbesoin de relèvem<strong>en</strong>t du numerus clausus pour couvrir l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> besoins quiapparaiss<strong>en</strong>t.122. - L’assurance maladie et la <strong>pharmacie</strong><strong>La</strong> question de l’équilibre <strong>des</strong> comptes de l’assurance maladie est ess<strong>en</strong>tielle pour l’officine. Ilfaut citer, si l’on a besoin de s’<strong>en</strong> convaincre, le ministre de la santé Xavier Bertrand à lajournée de l’<strong>Ordre</strong> le 9 novembre 2006 :« Ensemble, chacun dans notre rôle, nous <strong>des</strong>sinons l’av<strong>en</strong>ir de votre profession, un av<strong>en</strong>irqui passe par la réussite de la réforme de l’assurance maladie, par une politique dumédicam<strong>en</strong>t équilibrée, tournée vers l’innovation, et <strong>en</strong>fin par <strong>des</strong> missions de proximité <strong>des</strong>ervice public et de santé publique sans cesse réaffirmée. Vous êtes au contact quotidi<strong>en</strong> avecnos concitoy<strong>en</strong>s ; vous êtes donc aux avant-postes de l’évolution <strong>des</strong> comportem<strong>en</strong>ts dans ledomaine de la santé. » On <strong>en</strong>core : « Ces bons résultats de l‘assurance maladie (…), l’av<strong>en</strong>irde votre profession <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>d directem<strong>en</strong>t ».Trois élém<strong>en</strong>ts ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un rôle important pour l’officine :a) D’abord, <strong>en</strong>viron 80% du chiffre d’affaires <strong>des</strong> officines correspond à <strong>des</strong> produits pris <strong>en</strong>charge par l’assurance maladie. De ce fait, celle-ci regarde de façon très att<strong>en</strong>tive quel estl’impact économique de son interv<strong>en</strong>tion sur l’officine. Le rapport établi par le Haut Conseilpour l’Av<strong>en</strong>ir de l’Assurance Maladie 24 souligne que la <strong>France</strong> a « un système relativem<strong>en</strong>tcoûteux de distribution et de disp<strong>en</strong>sation ». Il note deux élém<strong>en</strong>ts majeurs du systèmefrançais : « la croissance du marché et l’augm<strong>en</strong>tation t<strong>en</strong>dancielle du prix du médicam<strong>en</strong>t ».Ces données doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong> compte – indique le rapport – pour la fixation <strong>des</strong> marges.Constatant que « le coût <strong>des</strong> opérations qui concour<strong>en</strong>t à la distribution <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>tsn’est pas proportionnel au prix de la boite », « qu’il n’y a guère que le stock qui évolue avecle prix, mais on sait que les officines port<strong>en</strong>t peu de stock », le rapport indique : « il n’y adonc pas de raison que la marge <strong>des</strong> opérateurs (grossistes-répartiteurs, <strong>pharmacie</strong>nsd’officine) soit proportionnelle au prix de la boite. Telle est d’ailleurs l’option ret<strong>en</strong>ue par d<strong>en</strong>ombreux pays étrangers ». « <strong>La</strong> proportionnalité de la marge est d’autant plus inopportuneque le prix de la boite de médicam<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>te de façon substantielle… ».Cette question du coût de la distribution du médicam<strong>en</strong>t est une donnée très importante qu’ilfaut se préparer à traiter, car elle sera <strong>en</strong> toute certitude au c<strong>en</strong>tre de toutes les discussions ;pour se préparer, il faut certainem<strong>en</strong>t rassembler et r<strong>en</strong>dre disponibles les donnéeséconomiques sur la profession, d’autre part, poursuivre toutes les actions de rationalisation del’activité et de l’organisation de l’officine.24 Haut Conseil pour l’Av<strong>en</strong>ir de l’Assurance Maladie - Rapport sur le médicam<strong>en</strong>t, daté du 29/6/200614


) <strong>La</strong> situation financière de l’assurance maladie reste difficile : l’évolution <strong>des</strong> premiers moisde 2007 a nécessité un nouveau plan d’économies dont une franchise de 0,5 euro par boite demédicam<strong>en</strong>t remboursée. « Sur les 6 premiers mois de l’année 2007 l’évolution <strong>des</strong>remboursem<strong>en</strong>ts de soins de ville est de +5,3% <strong>en</strong> données CJO/CVS 25 ». Le médicam<strong>en</strong>treprés<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron 15 % <strong>des</strong> dép<strong>en</strong>ses remboursées (115 942 millions d’euros 26 ) et 32% <strong>des</strong>dép<strong>en</strong>ses de soins de ville (53 577 millions d’euros 27 ). A noter que la progression dumédicam<strong>en</strong>t est faible <strong>en</strong> comparaison <strong>des</strong> autres postes de dép<strong>en</strong>ses (+3,5% <strong>en</strong> données CJOsur les 6 premiers mois de 2007 par rapport aux 6 premiers mois de 2006.Les projections établies pour 2015 par la CNAMTS tabl<strong>en</strong>t sur une progression <strong>des</strong> dép<strong>en</strong>sesde 50% <strong>en</strong> 2015 ; 100 milliards d’euros pour les soins de ville dont 33 milliards pour la<strong>pharmacie</strong> 28 . A l’occasion de la prés<strong>en</strong>tation du plan d’économies, le directeur général de laCNAMTS a fixé "trois axes d’actions prioritaires" : « la prév<strong>en</strong>tion de l’aggravation <strong>des</strong>pathologies chroniques, l’organisation du recours au système de soins <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong>besoins <strong>des</strong> assurés, l’accroissem<strong>en</strong>t de l’effici<strong>en</strong>ce du système de soins » 29 .c) <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> œuvre de la conv<strong>en</strong>tion « organisant les rapports <strong>en</strong>tre les <strong>pharmacie</strong>nstitulaires d’officine et l’assurance maladie », signée par les syndicats de <strong>pharmacie</strong>ns 30 etl’UNCAM le 23 mars 2006 et approuvée par les ministres compét<strong>en</strong>ts le 11 juillet 2006constitue une novation majeure dans les rapports <strong>en</strong>tre l’assurance maladie et l’officine. Elleorganise les rapports <strong>en</strong>tre les <strong>pharmacie</strong>ns et l’assurance maladie au cours <strong>des</strong> prochainesannées (cinq ans à partir de la date d’approbation, soit jusqu'<strong>en</strong> juillet 2011).<strong>La</strong> « conv<strong>en</strong>tion s‘applique à l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> produits de santé susceptibles d’être délivréspar les <strong>pharmacie</strong>ns et facturés aux caisses… ». Elle aborde de très nombreux sujets (parexemple, la qualité, l’espace de confid<strong>en</strong>tialité…) et prévoit la possibilité d’av<strong>en</strong>antstechniques. Tous les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine doiv<strong>en</strong>t accéder au fonds de formation. Toutesles possibilités ouvertes par cette conv<strong>en</strong>tion n’ont pas été <strong>en</strong>core explorées et exploitées. Ontrouvera <strong>en</strong> annexe le préambule de cette conv<strong>en</strong>tion qui explicite bi<strong>en</strong> les objectifs ret<strong>en</strong>us <strong>en</strong>commun.123.- L’Europe<strong>La</strong> santé est un domaine de compét<strong>en</strong>ce nationale de chaque Etat membre de l’UnionEuropé<strong>en</strong>ne. Néanmoins, les interv<strong>en</strong>tions europé<strong>en</strong>nes dans le domaine du médicam<strong>en</strong>t sontparticulièrem<strong>en</strong>t nombreuses puisque plusieurs directives ont organisé la réglem<strong>en</strong>tation duproduit de santé qu’est le médicam<strong>en</strong>t, à comm<strong>en</strong>cer par celles régissant les autorisations demise sur le marché. <strong>La</strong> création de l’Ag<strong>en</strong>ce Europé<strong>en</strong>ne du Médicam<strong>en</strong>t et les directivesayant harmonisé différ<strong>en</strong>ts pans de la réglem<strong>en</strong>tation sont <strong>des</strong> contributions positives à lasanté publique europé<strong>en</strong>ne.25 Source : assurance maladie : L’actualité <strong>en</strong> bref, 25/7/2007.26 Régime général, période : juillet 2006/juin 200727 Même périmètre que la note précéd<strong>en</strong>te28 Cité par Flash-Press N°67 FSPF 10 juillet 200729 Il faut souligner qu’à propos du système de soins, Frédéric VAN ROEKENGEM a m<strong>en</strong>tionné « une mise <strong>en</strong>place concrète <strong>des</strong> délégations de compét<strong>en</strong>ces ». Ce point rejoint les perspectives tracées pour l’officine.30 Fédération <strong>des</strong> syndicats pharmaceutiques de <strong>France</strong>, Union nationale <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s de <strong>France</strong>, Union <strong>des</strong>syndicats de <strong>pharmacie</strong>ns d’officine.15


Cep<strong>en</strong>dant, progressivem<strong>en</strong>t, la compét<strong>en</strong>ce de l’UE sur la santé s’élargit par le biais decont<strong>en</strong>tieux. Il serait préférable que l’action de l’Union soit officiellem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>tée par lesGouvernem<strong>en</strong>ts (les ministres de la santé) et le Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>. Dans quels domaines uneaction commune peut-elle apporter <strong>des</strong> progrès pour les pati<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> Europe ? Les pati<strong>en</strong>tseuropé<strong>en</strong>s n’ont que faire de combats juridiques de principe sans objectifs <strong>en</strong> termes de santé.Le Conseil de l’Union a adopté <strong>en</strong> 2006, dans le cadre <strong>des</strong> discussions sur la Directive diteBOLKESTEIN, une déclaration qu’il convi<strong>en</strong>t de citer, tant elle marque bi<strong>en</strong> la volonté <strong>des</strong>Etats membres de privilégier la santé par rapport à d’autres règles régissant l’Union :"LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE :1. NOTE que la Commission europé<strong>en</strong>ne, dans sa proposition modifiée de directive du Parlem<strong>en</strong>teuropé<strong>en</strong> et du Conseil relative aux services dans le marché intérieur, a décidé d'exclure les servicesde soins de santé du champ d'application de la directive, incorporant ainsi les am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>tsproposés par le Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>.2. NOTE que la Commission europé<strong>en</strong>ne a déclaré qu'elle mettra <strong>en</strong> place un cadre communautairede services de santé sûrs, efficaces et d'excell<strong>en</strong>te qualité par le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la coopération<strong>en</strong>tre les États membres et par la fourniture aux services de santé et de soins d'informations claireset précises sur l'application de la législation communautaire.3. RECONNAIT que les arrêts réc<strong>en</strong>ts de la Cour de justice europé<strong>en</strong>ne ont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lanécessité de préciser l'interaction <strong>en</strong>tre les dispositions du traité CE, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne lalibre circulation <strong>des</strong> services et les services de santé fournis par les systèmes de santé nationaux.4. ESTIME que les systèmes de santé sont une composante ess<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> niveaux élevés de protectionsociale <strong>en</strong> Europe et apport<strong>en</strong>t une contribution décisive à la cohésion et à la justice sociales.5. RAPPELLE les valeurs fondam<strong>en</strong>tales que sont l'universalité, l'accès à <strong>des</strong> soins de qualité, l'équitéet la solidarité.6. APPROUVE la déclaration figurant <strong>en</strong> annexe sur les valeurs et principes communs qui fond<strong>en</strong>t lessystèmes de santé <strong>des</strong> États membres de l'Union europé<strong>en</strong>ne (Annexe).7. INVITE la Commission europé<strong>en</strong>ne à veiller au respect <strong>des</strong> valeurs et principes communs inscritsdans la déclaration lorsqu'elle élabore spécifiquem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> propositions concernant les services <strong>des</strong>anté.8. INVITE les institutions de l'Union europé<strong>en</strong>ne à veiller, dans le cadre de leurs travaux, au respect<strong>des</strong> valeurs et principes communs inscrits dans la déclaration.Plusieurs pays font actuellem<strong>en</strong>t l'objet d'un début de "procédure d'infraction" par laCommission sur les modalités d’installation dans la profession, voire sont déjà cités devant laCour de Justice Europé<strong>en</strong>ne (CJCE) : Allemagne, Autriche, Espagne, Italie, <strong>France</strong>. Parailleurs une affaire a fait la une de l’actualité pharmaceutique <strong>en</strong> 2003, celle de la <strong>pharmacie</strong>néerlandaise Doc Morris qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d développer <strong>en</strong> Allemagne à la fois la v<strong>en</strong>te demédicam<strong>en</strong>ts par correspondance et l’acquisition d’officines dans <strong>des</strong> conditions contraires àla réglem<strong>en</strong>tation allemande.<strong>La</strong> Cour de Justice <strong>des</strong> Communautés europé<strong>en</strong>nes (CJCE) a r<strong>en</strong>du sur cette affaire un arrêtimportant (arrêt Doc Morris, 11 décembre 2003). Elle a jugé qu’il n’est pas possible pour unEtat membre d’interdire la v<strong>en</strong>te <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts par correspondance au seul motif que leurv<strong>en</strong>te est réservée aux officines.16


Il ne s’agit pas ici de faire un comm<strong>en</strong>taire juridique de cette décision. On se bornera àsouligner que <strong>des</strong> questions de ce type devrai<strong>en</strong>t plutôt être tranchées par les ministres de lasanté de l’Union europé<strong>en</strong>ne : c’est à eux de dire quels cadres d'organisation leur paraiss<strong>en</strong>tles plus appropriés pour la santé <strong>des</strong> populations au sein de l'Union.Le GPUE (Groupem<strong>en</strong>t Pharmaceutique de l’Union Europé<strong>en</strong>ne), représ<strong>en</strong>tant lesorganisations de <strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> <strong>en</strong> Europe, avait prés<strong>en</strong>té <strong>des</strong> observations aumom<strong>en</strong>t où la Commission proposait d’<strong>en</strong>glober les services de santé dans la proposition deDirective BOLKESTEIN. Le Conseil <strong>des</strong> ministres de la santé et le Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> ontfinalem<strong>en</strong>t décidé d'exclure l'organisation de ces services du champ de la Directive, <strong>en</strong> raisonde leur spécificité. Il ne faudrait pas qu’à travers différ<strong>en</strong>ts cont<strong>en</strong>tieux devant la CJCE onrevi<strong>en</strong>ne sur la décision politique ainsi prise.Le symposium organisé par le GPUE <strong>en</strong> juin 2007 à Vi<strong>en</strong>ne (Autriche) sur la délivrance <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts aux pati<strong>en</strong>ts europé<strong>en</strong>s a placé le "curseur" dans la bonne direction, celle dupati<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>.<strong>La</strong> Commission a publié <strong>en</strong> octobre 2007 un livre blanc : "Ensemble pour la santé : uneapproche stratégique pour l’UE 2008-2013". Il indique : « <strong>La</strong> santé est au cœur de la vie <strong>des</strong>g<strong>en</strong>s et doit faire l’objet de politiques et d’actions efficaces dans les Etats membres, au niveaude la CE et à l’échelon mondial. C’est aux Etats membres qu’incombe <strong>en</strong> premier lieu laresponsabilité de la politique de la santé et de la fourniture de soins aux citoy<strong>en</strong>s europé<strong>en</strong>s.<strong>La</strong> CE n’a pas pour rôle d’empiéter sur leurs activités ou de les reproduire. Il existecep<strong>en</strong>dant <strong>des</strong> domaines dans lesquels les Etats membres ne peuv<strong>en</strong>t agir seuls efficacem<strong>en</strong>tet où une coopération communautaire est indisp<strong>en</strong>sable… »Dans le même temps, lors du sommet de Lisbonne, une modification a été apportée au traité àl’article 152 qui précise : « L’action de l’Union est m<strong>en</strong>ée dans le respect <strong>des</strong> responsabilités<strong>des</strong> Etats membres <strong>en</strong> ce qui concerne la définition de leur politique de santé, ainsi quel’organisation et la fourniture de services de santé et de soins médicaux ». En outre, unedéclaration adoptée à Lisbonne souligne l’actualité et l’importance du principe de subsidiarité.Le mom<strong>en</strong>t est par conséqu<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t opportun pour que les ministres de la santé de lacommunauté clarifi<strong>en</strong>t la stratégie qu’ils souhait<strong>en</strong>t voir adopter dans la politiquecommunautaire. Comm<strong>en</strong>t peut-on –<strong>en</strong> mettant le pati<strong>en</strong>t au c<strong>en</strong>tre <strong>des</strong> réflexions- articulerles compét<strong>en</strong>ces nationales et les actions communautaires ? Les responsabilités nationales etcommunautaires ?<strong>La</strong> <strong>France</strong>, qui va présider l’Union au second semestre de 2008, devrait ret<strong>en</strong>ir cet objectifdans son programme d’action. <strong>La</strong> clarification juridique et stratégique est indisp<strong>en</strong>sable pourm<strong>en</strong>er <strong>des</strong> politiques de santé efficaces à court, moy<strong>en</strong> et long terme.<strong>La</strong> "directive santé" est actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> phase de rédaction, mais selon la dernière versionconnue (début décembre 2007), elle traite principalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts transfrontaliers <strong>des</strong>pati<strong>en</strong>ts et de leurs droits aux soins. Elle n'aborde pas l'organisation <strong>des</strong> structures de soins,dont l'officine fait partie.17


II. - Optimiser la disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t<strong>La</strong> disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t ne se limite pas à sa simple délivrance. Le code dedéontologie <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns énonce (article R 4235-48 du code de la santé publique) :« Le <strong>pharmacie</strong>n doit assurer dans son intégralité l'acte de disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t,associant à sa délivrance :1° Une analyse pharmaceutique de l’ordonnance médicale, si elle existe ;2° <strong>La</strong> préparation év<strong>en</strong>tuelle <strong>des</strong> doses à administrer ;3° <strong>La</strong> mise à disposition <strong>des</strong> informations et les conseils nécessaires au bon usage <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts.»L’av<strong>en</strong>ir de l’officine se joue certainem<strong>en</strong>t d’abord dans l’approfondissem<strong>en</strong>t, l’améliorationde ce cœur de métier, mais il se transforme rapidem<strong>en</strong>t face à de nouveaux besoins <strong>des</strong>pati<strong>en</strong>ts, à de nouvelles techniques, dans un cadre de rationalisation globale <strong>des</strong> soins.21. - Poursuivre et amplifier la politique de qualité et de sécurité211.- <strong>La</strong> politique de qualité officinale<strong>La</strong> qualité et la sécurité sont dev<strong>en</strong>ues, au cours <strong>des</strong> dernières années, <strong>des</strong> objectifsindisp<strong>en</strong>sables à toutes les actions professionnelles dans tous les secteurs, et notamm<strong>en</strong>t dansle domaine de la santé, une priorité de tous les actes.<strong>La</strong> profession pharmaceutique a perçu depuis longtemps l’<strong>en</strong>jeu de l’évolution ; une bonnepartie du chemin a été fait. Les incitations à agir ont d’ailleurs été nombreuses, y compris,récemm<strong>en</strong>t, avec la conv<strong>en</strong>tion signée <strong>en</strong>tre les syndicats de <strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> etl’UNCAM dont le sous-titre II du titre II s’intitule « De la qualité de la disp<strong>en</strong>sationpharmaceutique 31 ». Il reste néanmoins beaucoup à faire pour améliorer <strong>en</strong>core cette "qualitéde la disp<strong>en</strong>sation". D'ailleurs, la qualité est une exig<strong>en</strong>ce de tous les instants, de sorte que lesmesures à pr<strong>en</strong>dre ne sont jamais terminées.Pour montrer l’importance du sujet et de la réflexion développée, citons le rapport del’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong> intitulé : « L’évolution <strong>des</strong> pratiques professionnelles <strong>en</strong><strong>pharmacie</strong> d’officine » :« <strong>La</strong> "qualité", quel que soit le domaine d’application, peut se résumer dans la recherched’une organisation qui "donne confiance au cli<strong>en</strong>t" et surtout qui lui assure un actepharmaceutique global et une prestation de haut niveau, conforme à <strong>des</strong> standards bi<strong>en</strong>définis 32 . Dans le domaine de la santé, une <strong>des</strong> premières évolutions culturelles a été deconsidérer le pati<strong>en</strong>t comme un cli<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> <strong>pharmacie</strong> n’échappe <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> à cette ori<strong>en</strong>tation.En ce qui concerne l’officine, il ne s’agit pas de savoir si ce concept doit s’appliquer maisquand il sera imposé par les pouvoirs publics. Le cli<strong>en</strong>t devi<strong>en</strong>t le payeur via les charges etles cotisations sociales et s’estime <strong>en</strong> droit d’exiger une organisation lui garantissant laqualité de la prescription médicale et de la disp<strong>en</strong>sation pharmaceutique.Ceci passe par l’application de référ<strong>en</strong>tiels de Bonnes Pratiques, nécessairem<strong>en</strong>t établis parla profession.31 Voir notamm<strong>en</strong>t, article 17 « De l’objectif de qualité » et 21 « Des objectifs part<strong>en</strong>ariaux concourant à ladisp<strong>en</strong>sation pharmaceutique »32 Définition par l’OMS/FIP: « L’assurance qualité correspond aux pratiques mises <strong>en</strong> oeuvre pour gérer etaméliorer l’action de telle sorte que les soins prodigués soi<strong>en</strong>t aussi efficaces et sûrs que possible ».18


Il faut noter que les médecins sont désormais soumis aux Bonnes Pratiques de prescription(référ<strong>en</strong>ces médicales opposables, recommandations pour la pratique clinique, confér<strong>en</strong>cesde cons<strong>en</strong>sus, évaluation <strong>des</strong> pratiques professionnelles...) (…)L’application <strong>en</strong> officine du concept qualité au domaine <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts est plus difficile,surtout s’il s’agit de médicam<strong>en</strong>ts prescrits sur ordonnance médicale. Il importe donc pourassurer la qualité de la disp<strong>en</strong>sation de promouvoir <strong>des</strong> "Bonnes pratiques de disp<strong>en</strong>sationpharmaceutique", comme il y a <strong>des</strong> "Bonnes Pratiques officinales" pour leur préparation… »<strong>La</strong> Haute Autorité de Santé (HAS) estime le coût humain et économique de la non qualité(infections nosocomiales, événem<strong>en</strong>ts indésirables, hospitalisations inappropriées, sousutilisations<strong>des</strong> ressources) <strong>en</strong>tre 10 et 15% du budget de notre système de soins 33 .Une autre approche plus ciblée est celle de l’iatrogénie médicam<strong>en</strong>teuse. Rappelons qu’unévénem<strong>en</strong>t iatrogène est un événem<strong>en</strong>t non désiré pour le pati<strong>en</strong>t, résultant de soins médicaux.Dans l’iatrogénie médicam<strong>en</strong>teuse on distingue <strong>en</strong> général deux types de situation :- l’iatrogénie "inévitable" liée aux médicam<strong>en</strong>ts eux-mêmes (effets indésirables inatt<strong>en</strong>duset/ou imprévisibles, situation d’impasse thérapeutique) ;- l’iatrogénie évitable (mauvaise indication, non-respect d'une contre-indication, posologieexcessive, durée trop longue du traitem<strong>en</strong>t).Ces deux types d’iatrogénie se répartiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron à 50% chacune. On estime <strong>en</strong> <strong>France</strong> à128 000 le nombre annuel moy<strong>en</strong> d’hospitalisations dues à un effet indésirablemédicam<strong>en</strong>teux. Ces hospitalisations correspond<strong>en</strong>t à 1 146 000 journées de prise <strong>en</strong> charge 34 .L’OMS/FIP indique : « Les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>des</strong> erreurs dues au médicam<strong>en</strong>t sont coûteuses <strong>en</strong>termes d’hospitalisation, de visite du médecin, d’exam<strong>en</strong>s de laboratoires et de thérapiecomp<strong>en</strong>satrice. Dans les pays développés, 4 à 10 % <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts hospitalisés sont victimesd’un effet secondaire d’un médicam<strong>en</strong>t – le plus souv<strong>en</strong>t conséqu<strong>en</strong>ces d'une polymédication,spécialem<strong>en</strong>t chez les personnes âgées et chez les pati<strong>en</strong>ts ayant une maladie chronique. AuxEtats-Unis, par exemple, c’est la 4ème à 6ème cause de décès et le coût est estimé à 130milliards de dollars par an. Ailleurs, au Royaume-Uni, le coût est estimé à 466 millions delivres (plus de 800 millions de dollars <strong>en</strong> 2004). ». 35Il faut citer égalem<strong>en</strong>t le paragraphe suivant extrait de l’ouvrage OMS/FIP déjà cité, qui metl’acc<strong>en</strong>t sur la thérapeutique médicam<strong>en</strong>teuse : « Sur les quarante dernières années, le rôle du<strong>pharmacie</strong>n est passé de fabricant et disp<strong>en</strong>sateur à celui de "gestionnaire de lathérapeutique du médicam<strong>en</strong>t".33 Cité par I ADENOT, présid<strong>en</strong>te du Conseil c<strong>en</strong>tral de la section A : diaporama de prés<strong>en</strong>tation du Dossierpharmaceutique34 Ibid.35 OMS/FIP, ouvrage cité : « The consequ<strong>en</strong>ces of medicine-related errors are costly in terms ofhospitalizations, physician visits, laboratory tests and remedial therapy. In developed countries, 4%-10% of allhospital in-pati<strong>en</strong>ts experi<strong>en</strong>ce an adverse drug reaction – mainly due to the use of multiple drug therapy,especially in the elderly and pati<strong>en</strong>ts with chronic diseases. In the USA, for example, it is the 4th-6th leadingcause of death and is estimated to cost up to US$ 130 billion a year. Elsewhere, in the UK, it accounted for£ 466 million (over US$ 812 million) in 2004. »19


Cela inclut la responsabilité de s’assurer que lorsqu’il y a fourniture et usage d’unmédicam<strong>en</strong>t, ce sont <strong>des</strong> produits de qualité qui sont sélectionnés, fournis, stockés, distribués,délivrés et administrés, de façon qu’ils contribu<strong>en</strong>t à la santé <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, et qu’ils neprovoqu<strong>en</strong>t pas de dommages. <strong>La</strong> pratique pharmaceutique compr<strong>en</strong>d maint<strong>en</strong>ant les soinsc<strong>en</strong>trés sur le pati<strong>en</strong>t avec toutes les fonctions liées au conseil, la fourniture d’informationssur les médicam<strong>en</strong>ts, la gestion de la thérapeutique médicam<strong>en</strong>teuse, ainsi que les aspectstechnique <strong>des</strong> services pharmaceutiques, ce qui compr<strong>en</strong>d la gestion de l’approvisionnem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> médicam<strong>en</strong>ts. C’est dans ce rôle complém<strong>en</strong>taire de gérant de la thérapie médicam<strong>en</strong>teuseque les <strong>pharmacie</strong>ns peuv<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant apporter une contribution ess<strong>en</strong>tielle à la santé dupati<strong>en</strong>t ». 36En novembre 2006, le ministre français de la santé, Xavier BERTRAND, ne parlait pasautrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> s’adressant aux <strong>pharmacie</strong>ns lors de la Journée annuelle de l’<strong>Ordre</strong> : « Maispour que votre spécificité continue à être reconnue, vous devez vous appuyer chaque jourdavantage sur les mêmes valeurs : la compét<strong>en</strong>ce, le service médical r<strong>en</strong>du et la qualité ».<strong>La</strong> qualité : comme cela a été déjà noté, ce besoin n’a pas échappé à la professionpharmaceutique. C’est un objectif c<strong>en</strong>tral de l’action de l’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns.Jean-Charles TELLIER 37 a rappelé les étapes réc<strong>en</strong>tes de cette marche vers la qualité : « Leconcept de qualité <strong>en</strong> officine a pris naissance concrètem<strong>en</strong>t par l'<strong>en</strong>voi à toutes les officinesdu « Guide d'assurance qualité officinale 38 » <strong>en</strong> 2002. Ce guide d'auto-évaluation est un outilfondam<strong>en</strong>tal mais non suffisant pour une démarche qualité pertin<strong>en</strong>te et pér<strong>en</strong>ne. II a étésuivi par la mise <strong>en</strong> place d'une formation spécifique permettant de disposer d’un "référ<strong>en</strong>tqualité" dans toutes les officines <strong>en</strong> 2007 ». Isabelle ADENOT 39 , préoccupée par lesdifficultés de mise <strong>en</strong> œuvre liées notamm<strong>en</strong>t à la disparité de taille <strong>des</strong> officines, soulignaitde son côté : « Le but est donc de tirer toute la profession vers le haut vers un plein statutd'acteur de santé, par une démarche progressive, homogène et accessible. Ceci est d'autantess<strong>en</strong>tiel que l'acte pharmaceutique est <strong>en</strong> pleine évolution (droit de substitution, compét<strong>en</strong>cespartagées avec d'autres professionnels de santé, premier recours dans bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> occasions) ».Les Bonnes Pratiques – déjà m<strong>en</strong>tionnées par l’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong> –s’intègr<strong>en</strong>t dans ce système qualité. Citons la diffusion par l’<strong>Ordre</strong> de Recommandations deBonnes Pratiques relatives au mainti<strong>en</strong> de la chaîne du froid 40 et les Bonnes Pratiques depréparations publiées par l’Afssaps.Enfin, pour l’av<strong>en</strong>ir, Jean-Charles TELLIER indiquait « Ainsi, pour poursuivre ce défi dedémarche qualité, il apparaît nécessaire de franchir une étape supplém<strong>en</strong>taire par l'autoévaluation <strong>des</strong> pratiques professionnelles au sein de nos officines.36 « Over the past 40 years, the pharmacist's role has changed from that of compounder and disp<strong>en</strong>ser to one of"drug therapy manager". This involves responsibilities to <strong>en</strong>sure that wherever medicines are provided andused, quality products are selected, procured, stored, distributed, disp<strong>en</strong>sed and administered so that theycontribute to the health of pati<strong>en</strong>ts, and not to their harm. The scope of pharmacy practice now inclu<strong>des</strong> pati<strong>en</strong>tc<strong>en</strong>tredcare with all the cognitive functions of counselling, providing drug information and monitoring drugtherapy, as well as technical aspects of pharmaceutical services, including medicines supply managem<strong>en</strong>t. It isin the additional role of managing drug therapy that pharmacists can now make a vital contribution to pati<strong>en</strong>tcare”37 Présid<strong>en</strong>t du conseil c<strong>en</strong>tral de la section A depuis juin 200738 Voir le sommaire <strong>en</strong> annexe ; docum<strong>en</strong>t diffusé sous les sigles APR, FSPF, <strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns,UNPF, UTIP.39 Présid<strong>en</strong>te du conseil c<strong>en</strong>tral de la section A de juin 2003 à juin 200740 Adoptées par le Conseil national de l'<strong>Ordre</strong> le 15 mai 200620


D'autres secteurs ont déjà travaillé sur le sujet (hospitaliers, industriels, biologie). Lesmédecins y travaill<strong>en</strong>t avec la Haute Autorité de Santé. Dans un premier temps, un siteInternet aura pour but de proposer une s<strong>en</strong>sibilisation et non une exhaustivité. II s'agira pourcertains de valider la démarche mise <strong>en</strong> place, pour d'autres de repérer leurs propresdysfonctionnem<strong>en</strong>ts. A tous il permettra de se situer par rapport à la profession. ». C’estl’objet du site récemm<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> ligne : EQO, Evaluation Qualité Officine212.- <strong>La</strong> traçabilité dans la chaîne du médicam<strong>en</strong>t<strong>La</strong> contrefaçon est un fléau qui se développe à grande vitesse dans le monde économiquemultipolaire d’aujourd’hui. Parallèlem<strong>en</strong>t, les moy<strong>en</strong>s modernes de communication etnotamm<strong>en</strong>t les offres et achats sur Internet apport<strong>en</strong>t <strong>des</strong> possibilités innombrables deperturbation <strong>des</strong> circuits classiques et multipli<strong>en</strong>t les risques à l’<strong>en</strong>vi. Le combat contre lacontrefaçon, dont les <strong>en</strong>jeux sont particulièrem<strong>en</strong>t graves dans le domaine de la santépublique, doit combiner les forces publiques et celles de la profession. C’est bi<strong>en</strong> la réalitéque nous connaissons <strong>en</strong> <strong>France</strong>, étant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du que ce combat est égalem<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>u par d<strong>en</strong>ombreuses organisations au plan international.L’Afssaps a appelé (communiqué de janvier 2006) l’att<strong>en</strong>tion <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns et <strong>des</strong>professionnels de santé sur les risques <strong>en</strong>courus par les pati<strong>en</strong>ts lors d’achats de médicam<strong>en</strong>ts<strong>en</strong> ligne. Récemm<strong>en</strong>t, l’Afssaps et l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns ont t<strong>en</strong>u une confér<strong>en</strong>ce depresse 41 à l’occasion du lancem<strong>en</strong>t de deux brochures réalisées <strong>en</strong> commun : l’une pour les<strong>pharmacie</strong>ns d’officine, l’autre <strong>des</strong>tinée aux pati<strong>en</strong>ts et distribuée par les officines. Le combatcontre la contrefaçon implique que tous les acteurs de la chaîne soi<strong>en</strong>t mobilisés. Rappelonsque tous ces acteurs ont un statut pharmaceutique et sont placés sous la responsabilité d’un<strong>pharmacie</strong>n. De son côté, le pati<strong>en</strong>t a un fort besoin d’information sur le sujet ; <strong>en</strong> acceptantd’acheter <strong>en</strong> dehors <strong>des</strong> circuits légaux, il crée un appel d’air pour la contrefaçon, sanspercevoir qu’il peut mettre sa santé gravem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> danger.En <strong>France</strong>, une "chaîne pharmaceutique" ininterrompue va <strong>des</strong> fabricants ou importateurs demédicam<strong>en</strong>ts et <strong>des</strong> distributeurs <strong>en</strong> gros jusqu'aux <strong>pharmacie</strong>ns d’officine. Tous ces acteursont un "statut pharmaceutique" qui les place sous la responsabilité technique d'un <strong>pharmacie</strong>n.Il faut que les pati<strong>en</strong>ts ai<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce de ce fait : ils bénéfici<strong>en</strong>t dans notre pays d’unesécurité de très haut niveau grâce à ce statut et à une étroite collaboration <strong>en</strong>tre les fabricants,les grossistes-répartiteurs et les <strong>pharmacie</strong>ns pour assurer la sécurité. Plus le dialogue dupati<strong>en</strong>t avec le <strong>pharmacie</strong>n sera vivant et fréqu<strong>en</strong>t, moins il y aura probablem<strong>en</strong>t de t<strong>en</strong>tationsde recourir à <strong>des</strong> achats incontrôlés sur Internet qui peuv<strong>en</strong>t s’avérer dangereux.Mais, la chaîne pharmaceutique elle-même n’est pas à l’abri de toute difficulté 42 : seule unerigueur constante à tous les sta<strong>des</strong> de la fabrication ou de l’importation, de la distribution <strong>en</strong>gros et de la délivrance peut préserver la sécurité.Plusieurs affaires réc<strong>en</strong>tes concernant <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts largem<strong>en</strong>t utilisés ont montré que les contrefacteurs n’hésitai<strong>en</strong>t pas à utiliser<strong>des</strong> numéros de lots "réels", autrem<strong>en</strong>t dit <strong>des</strong> numéros correspondant à ceux qui sont marquésdans les usines du fabricant d’origine.<strong>La</strong> « chaîne » française a bi<strong>en</strong> fonctionné et exonéré le pati<strong>en</strong>t du risque, mais ce risque estcep<strong>en</strong>dant considérable.41 Mai 200742 Cf. colloque organisé par l’Inserm le 16 mai 2006 «Contrefaçons de produits de santé : la <strong>France</strong> victimecomplaisante ?»21


Propositions de l’<strong>Ordre</strong> le 10 juillet 2007 :«Pour mieux sécuriser la chaîne du médicam<strong>en</strong>t :a) Concrétiser le principe de la traçabilité <strong>des</strong> lots de médicam<strong>en</strong>ts, à la fois vers l'aval et vers l'amont,du fabricant jusqu'au pati<strong>en</strong>t, afin de faciliter les retraits de lots et le repérage <strong>des</strong> contrefaçons.b) Obt<strong>en</strong>ir un texte législatif ou réglem<strong>en</strong>taire permettant à l'<strong>Ordre</strong> de pouvoir être informé decomman<strong>des</strong> anormalem<strong>en</strong>t élevées de médicam<strong>en</strong>ts, de façon à pouvoir prév<strong>en</strong>ir ou sanctionner detelles pratiques.c) Relancer le projet d'un site Internet de la profession qui sécurise l'offre de disp<strong>en</strong>sation à distancepar le circuit <strong>des</strong> seules officines.»Les pouvoirs publics sont soumis à <strong>des</strong> difficultés d’application de la réglem<strong>en</strong>tation : quandun nouvel acteur demande à <strong>en</strong>trer dans la chaîne et qu’il remplit les conditionsréglem<strong>en</strong>taires, l’acceptation de la demande est de droit. Mais, dans le même temps, l’arrivéede nombreux nouveaux acteurs peut constituer un danger 43 . Il y a sans doute une réflexion àm<strong>en</strong>er sur les moy<strong>en</strong>s de limiter les risques posés par ces acteurs ; ils devrai<strong>en</strong>t de toute façonfaire l’objet d’une surveillance r<strong>en</strong>forcée, sorte de mise à l’épreuve. Les garanties demandéespourrai<strong>en</strong>t d’ailleurs être accrues ; l’objectif de sécurité sanitaire justifie pleinem<strong>en</strong>t uneélévation <strong>des</strong> garanties, <strong>des</strong> capacités de faire et <strong>des</strong> capacités de contrôle…Sur le plan pénal, la loi n° 2007-1544 du 29 octobre 2007 vi<strong>en</strong>t d'alourdir les peinesapplicables aux auteurs de contrefaçons "lorsque les faits port<strong>en</strong>t sur <strong>des</strong> marchandisesdangereuses pour la santé, la sécurité de l'homme ou de l'animal" (article L. 615-14 du codede la propriété intellectuelle).Le directeur de la politique douanière de l’Union europé<strong>en</strong>ne a fait part, au début de mai2007, de son inquiétude face à l’explosion <strong>des</strong> volumes de produits contrefaits. Les saisieseffectuées par les douanes europé<strong>en</strong>nes ont augm<strong>en</strong>té de 380% <strong>en</strong>tre 2006 et 2007, a indiquéM. ZIELINSKI 44 . Les pays repérés comme à l’origine <strong>des</strong> contrefaçons serai<strong>en</strong>tprincipalem<strong>en</strong>t l’Inde et la Chine, les Emirats Arabes Unis jouant, de leur côté, un rôle deplaque tournante. Les contrefaçons peuv<strong>en</strong>t concerner soit <strong>des</strong> produits finis, soit <strong>des</strong> matièrespremières pharmaceutiques.Pour sa part, dès le 21 mars 2001, le Comité <strong>des</strong> Ministres du Conseil de l’Europe a adopté larésolution suivante :« Les contrefaçons de médicam<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de réels dangers. Pour lutter contre cesdangers, les autorités, les fabricants, les grossistes, les <strong>pharmacie</strong>ns et les organisationsinter- et non-gouvernem<strong>en</strong>tales doiv<strong>en</strong>t coopérer.Les autorités doiv<strong>en</strong>t :- instaurer <strong>des</strong> systèmes de vigilance impliquant les <strong>pharmacie</strong>ns tout au long de la chaîne dumédicam<strong>en</strong>t ;- imposer un responsable de la qualité (<strong>pharmacie</strong>n) à toutes les étapes de la distribution ;- r<strong>en</strong>forcer les inspections auprès <strong>des</strong> fabricants et <strong>des</strong> grossistes ;- lutter contre les circuits non contrôlés d'importation, de distribution et decommercialisation;43 « Mieux vaut un nombre réduits d’opérateurs, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce. Une traçabilité opposable est nécessaire, tant<strong>des</strong> flux de produits de santé que <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>ants » Jean-Luc DELMAS, présid<strong>en</strong>t du conseil c<strong>en</strong>tral de lasection C, colloque précité.44 Cité par le Moniteur <strong>des</strong> Pharmacies n° 2678, 19 mai 2007.22


- éviter d'<strong>en</strong>courager à outrance l'ouverture <strong>des</strong> marchés et une politique de pression sur lesprix.Les fabricants doiv<strong>en</strong>t :- développer <strong>des</strong> conditionnem<strong>en</strong>ts difficiles à falsifier ;- pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce de la nécessité de porter plainte de manière systématique ;- informer les autorités de santé et toute la chaîne de distribution lorsqu'ils sont victimes decontrefaçons.Les <strong>pharmacie</strong>ns doiv<strong>en</strong>t sélectionner de manière adéquate leurs fournisseurs.Les pati<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t être s<strong>en</strong>sibilisés aux dangers inhér<strong>en</strong>ts aux médicam<strong>en</strong>ts contrefaits. »Au plan international, la Confér<strong>en</strong>ce internationale <strong>des</strong> <strong>Ordre</strong>s de <strong>pharmacie</strong>ns francophones aadopté, le 18 février 2006 à Beyrouth, une déclaration alertant sur la sécurité de la distributiondu médicam<strong>en</strong>t qui comm<strong>en</strong>çait par : « Il y a un paradoxe au niveau mondial : nousinvestissons beaucoup pour découvrir et approuver <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts utiles pour la santé,mais nous n’investissons pas assez pour contrôler les systèmes de distribution de ces mêmesmédicam<strong>en</strong>ts » 45 . <strong>La</strong> confér<strong>en</strong>ce a fait différ<strong>en</strong>tes recommandations pour une organisation dela distribution susceptible d’assurer la sécurité et l’information à donner aux pati<strong>en</strong>ts pourqu’ils soi<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> risques.Le <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong> étant le dernier maillon de la chaîne du médicam<strong>en</strong>t, la contrefaçonfait peser sur lui aussi un risque important. Ce risque s’ét<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du aux produits qui nesont pas <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts. Le <strong>pharmacie</strong>n doit rester mobilisé par cette question et saisirtoutes les occasions possibles pour informer les pati<strong>en</strong>ts et les cli<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> dangers que fontcourir les achats <strong>en</strong> dehors <strong>des</strong> circuits sécurisés.213. - Développer le suivi, la lutte contre la non observance et lapharmacovigilanceL’officine doit s’<strong>en</strong>gager <strong>en</strong>core plus dans le suivi, la lutte contre la non observance et lapharmacovigilance.Le Conseil de l’Europe a défini ainsi le suivi pharmaceutique : « C'est la mise <strong>en</strong> oeuvre dediffér<strong>en</strong>ts processus permettant une disp<strong>en</strong>sation responsable du traitem<strong>en</strong>t médicam<strong>en</strong>teux,jusqu'à l'obt<strong>en</strong>tion de résultats tangibles qui amélior<strong>en</strong>t la qualité de vie du pati<strong>en</strong>t. »Cette définition est explicitée par le considérant ci-après:« Considérant que pour réaliser le suivi pharmaceutique les points suivants sont importants :communication et concertation avec le médecin prescripteur et l'équipe soignante, prév<strong>en</strong>tion etdétection <strong>des</strong> effets indésirables et inatt<strong>en</strong>dus, <strong>des</strong> interactions médicam<strong>en</strong>teuses et alim<strong>en</strong>taires,suivi de la consommation médicam<strong>en</strong>teuse, éducation du pati<strong>en</strong>t à l'usage <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts,toxicomanie, coordination de l'automédication et <strong>des</strong> soins prescrits, gestion d'un profilthérapeutique complet de ses pati<strong>en</strong>ts, etc. ».Certains observateurs ont souligné la faible contribution du <strong>pharmacie</strong>n d’officine au suivi dupati<strong>en</strong>t 46 .45 Exemple cité dans la LNP n° 297 : Le phénomène <strong>des</strong> contrefaçons de médicam<strong>en</strong>ts pr<strong>en</strong>d une vaste ampleur.Dans le cadre de sa thèse d’exercice, un jeune <strong>pharmacie</strong>n a réalisé un travail concret et personnel sur <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts v<strong>en</strong>dus au Cambodge. Près de 21 % de l’échantillon s’est révélé non conforme aux spécificationsde la Pharmacopée europé<strong>en</strong>ne.46 « De toute évid<strong>en</strong>ce, le rôle du <strong>pharmacie</strong>n d’officine reste aujourd’hui limité dans le suivi de la maladie » Lemétier de <strong>pharmacie</strong>n: cont<strong>en</strong>u et perspectives du rôle de premier recours, p. 29 (Françoise MARIN, EveMARIN, Auryane BARRANCOS, ONDPS et Bernard BRUNHES Consultants), janvier 2006.23


En 2005, le ministre de la santé Jean-François MATTEI avait souhaité que le <strong>pharmacie</strong>n joue« son rôle pour lutter contre la non observance. Par son interv<strong>en</strong>tion, il doit am<strong>en</strong>er le pati<strong>en</strong>tà compr<strong>en</strong>dre que les médicam<strong>en</strong>ts prescrits particip<strong>en</strong>t à une stratégie thérapeutique et qu’iln’est donc pas question de se livrer à une sélection pour <strong>des</strong> raisons aussi diverses que lacommodité , ou le prix <strong>des</strong> produits prescrits » 47 . Cet objectif est ret<strong>en</strong>u par le Collectif <strong>des</strong>Groupem<strong>en</strong>ts de <strong>pharmacie</strong>ns 48 .Le <strong>pharmacie</strong>n devrait être au c<strong>en</strong>tre de la stratégie de santé publique pour assurerl’observance, c’est clairem<strong>en</strong>t au c<strong>en</strong>tre de sa mission. L’introduction du Dossierpharmaceutique électronique du pati<strong>en</strong>t (voir ci-après 223) devrait être l’occasion d’unéchange permettant un suivi régulier avec le pati<strong>en</strong>t.Rappelons que l’on assiste depuis la fin 2006 à <strong>des</strong> débats autour de la volonté <strong>des</strong> industrielsde veiller eux-mêmes aussi à la bonne observance. Lors d’un colloque réc<strong>en</strong>t 49 à l'Institutd'Etu<strong>des</strong> Politiques de Paris, ont été rappelées les expéri<strong>en</strong>ces américaines et anglaises"d'accompagnem<strong>en</strong>t" de certains pati<strong>en</strong>ts ("disease managem<strong>en</strong>t"), actions <strong>des</strong> firmespharmaceutiques consistant à appeler ces pati<strong>en</strong>ts régulièrem<strong>en</strong>t au téléphone pour s’assurerde l'évolution de leur traitem<strong>en</strong>t.On peut évidemm<strong>en</strong>t considérer que tout ce qui facilite une bonne observance devrait êtrefavorable au traitem<strong>en</strong>t, mais on peut aussi s’interroger : est-il satisfaisant pour le pati<strong>en</strong>td’être ainsi sollicité par <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>ants multiples qui ignor<strong>en</strong>t la globalité de ses problèmesde santé et de ses traitem<strong>en</strong>ts? Il paraît clair qu'une collaboration <strong>en</strong>tre les professionnelssoignants s’impose <strong>en</strong> priorité, <strong>en</strong> liaison avec les associations de pati<strong>en</strong>ts.L’officine doit égalem<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir plus fortem<strong>en</strong>t dans la pharmacovigilance. Citons lesrecommandations du Conseil de l’Europe : « Considérant que la compét<strong>en</strong>ce du <strong>pharmacie</strong>ndevrait être utilisée et être mise au service de la protection de la santé publique <strong>en</strong>l'impliquant dans les systèmes ou réseaux de pharmacovigilance, dans les campagnessanitaires prév<strong>en</strong>tives, dans le domaine de la toxicomanie, dans les systèmes de pharmacoépidémiologieet dans les essais cliniques 50 ».« Les <strong>pharmacie</strong>ns devrai<strong>en</strong>t être impliqués réglem<strong>en</strong>tairem<strong>en</strong>t dans les réseaux depharmacovigilance. Le rôle du <strong>pharmacie</strong>n est primordial dans la notification au c<strong>en</strong>tre depharmacovigilance d'effets indésirables surv<strong>en</strong>us suite à la prise par le pati<strong>en</strong>t demédicam<strong>en</strong>ts prescrits ou non par le médecin. Le <strong>pharmacie</strong>n informera aussi le pati<strong>en</strong>t auniveau <strong>des</strong> effets indésirables pot<strong>en</strong>tiels <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong> interactions, contre-indicationset précautions d'emplois év<strong>en</strong>tuelles 51 ».Dans un paragraphe intitulé « Pharmacovigilance et traçabilité » l’Académie de <strong>pharmacie</strong>,dans son rapport d’octobre 2005 sur l’évolution <strong>des</strong> pratiques professionnelles, soulignait :« Il est bon de rappeler l’obligation pour tout professionnel de santé de rapporter lesobservations d’effets secondaires dont il aurait connaissance. Ceci pr<strong>en</strong>d une plus grandeimportance lorsqu’il s’agit de médicam<strong>en</strong>ts nouvellem<strong>en</strong>t commercialisés. Par ailleurs, laprise <strong>en</strong> charge de la traçabilité à l’officine <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts à usage humain ou vétérinaireconstituerait un réel progrès pour la sécurité thérapeutique ».47 Interv<strong>en</strong>tion à l’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong> <strong>en</strong> octobre 200548 Livre blanc : « Optimiser le rôle du <strong>pharmacie</strong>n dans l’observance <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts par le développem<strong>en</strong>t de laconsultation pharmaceutique … ». Juin 2006, proposition n° 349 R<strong>en</strong>contres Droit et Santé, « De l’observance à la gouvernance de sa santé », 12 juin 200750 Conseil de l’Europe, résolution du Comité <strong>des</strong> Ministres, 199751 Ibid.24


Dans la majorité <strong>des</strong> cas, ce dernier connaît le pati<strong>en</strong>t et il est à même de l’assister dans sonsouhait d’automédication. Il faut souligner à nouveau que le "Dossier pharmaceutique",r<strong>en</strong>seigné avec chaque médicam<strong>en</strong>t, va apporter une plus grande sécurité à l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong>disp<strong>en</strong>sations. Il permettra <strong>en</strong> effet immédiatem<strong>en</strong>t au <strong>pharmacie</strong>n de s’assurer que le pati<strong>en</strong>tne pr<strong>en</strong>d pas actuellem<strong>en</strong>t de médicam<strong>en</strong>ts incompatibles avec l’achat <strong>en</strong>visagé.Ainsi, il faut seconder le souhait d'automédication du pati<strong>en</strong>t, dans un cadre offrant cep<strong>en</strong>dantla meilleure sécurité sanitaire possible. Tel est le s<strong>en</strong>s de l'expression "médication officinale" :un médicam<strong>en</strong>t à prescription médicale facultative, disp<strong>en</strong>sé à l'officine de façon sécurisée.On utilisera donc exclusivem<strong>en</strong>t cette expression dans la suite de ce chapitre. Plusieursquestions doiv<strong>en</strong>t être abordées dans cette logique.232) Quels sont les médicam<strong>en</strong>ts concernés ?On a parfois t<strong>en</strong>dance à limiter la notion d'automédication aux produits non remboursés. Enfait, le domaine de la médication officinale est beaucoup plus large. Il s’ét<strong>en</strong>d à tous lesproduits qui ne sont pas obligatoirem<strong>en</strong>t délivrés sur la base d'une prescription d’un médecin– c’est l’AMM qui décide sur ce point –, que ces produits soi<strong>en</strong>t remboursables ou non. Ilsdoiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> revanche tous être munis d’une autorisation de mise sur le marché. Cela signifieavoir une efficacité et une sûreté prouvées, sous réserve <strong>des</strong> effets indésirables répertoriés.Il y a un débat sur le champ souhaitable <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts de prescription médicale facultative.Dans l'<strong>en</strong>semble, il est admis que la liste <strong>des</strong> <strong>en</strong>tités chimiques, produits ou doses d'<strong>en</strong>titédélivrables sans prescription est plus courte <strong>en</strong> <strong>France</strong> que chez nos voisins. C’estévidemm<strong>en</strong>t une question qu’il faut considérer att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t. Comm<strong>en</strong>t peut-on justifieraujourd'hui, au sein de l'Union Europé<strong>en</strong>ne qui dispose d'une procédure d'AMMcommunautaire, que la liste <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts délivrés sans prescription ne soit pas partoutid<strong>en</strong>tique ? Certes, les habitu<strong>des</strong> de prescription, ne sont pas les mêmes... mais, précisém<strong>en</strong>t,il s'agirait là d'élargir la catégorie "hors prescription". Une réflexion est <strong>en</strong> cours sur ce sujet,au sein du Conseil de l'Europe. Il serait important que les pouvoirs publics trouv<strong>en</strong>t un terraind'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te avec les professionnels de santé concernés (les <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> premier lieu) etdéf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à Strasbourg une position claire, ouverte et responsable, <strong>en</strong> harmonie avec nospart<strong>en</strong>aires de l'Union Europé<strong>en</strong>ne.Cette question rejoint celle de l’offre de médication officinale. Il faut que l’offre soit mieuxadaptée et que le pati<strong>en</strong>t y trouve de ce fait un avantage évid<strong>en</strong>t. Cette offre devra égalem<strong>en</strong>tpr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les avantages que le Dossier pharmaceutique va apporter.233) Le chiffre d’affaires de la médication officinaleCe chiffre d'affaires compr<strong>en</strong>d les produits non remboursés, qui sont facilem<strong>en</strong>tid<strong>en</strong>tifiables (0,9 Md€ <strong>en</strong> 2005 <strong>en</strong> PFHT 56 ), et la part <strong>des</strong> produits remboursables deprescription médicale facultative et non prés<strong>en</strong>tés au remboursem<strong>en</strong>t. Cette part est plusdifficilem<strong>en</strong>t évaluable. Le rapport du HCAAM note que l’addition <strong>des</strong> produits nonremboursables et <strong>des</strong> produits sans prescription obligatoire représ<strong>en</strong>te 45,5% <strong>des</strong> unitésprescrites et 18,8% du chiffre d’affaires. Il reste à évaluer la part remboursée par la sécuritésociale : on ne dispose que d’estimations, selon lesquelles <strong>en</strong>viron 75 % <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>tsremboursables sans prescription obligatoire sont prés<strong>en</strong>tés au remboursem<strong>en</strong>t.56 Rapport du Haut Conseil pour l’Av<strong>en</strong>ir de l’Assurance Maladie, annexe 12 sur l’automédication29


Selon les chiffres publiés par le HCAAM, le chiffre d’affaires de ces produits s’établit à 2 676millions d’euros <strong>en</strong> 2005. <strong>La</strong> part non prés<strong>en</strong>tée au remboursem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>terait donc : 669millions d’euros. L’addition du remboursable non prés<strong>en</strong>té au remboursem<strong>en</strong>t et du nonremboursable (chiffre 2005) s’établirait ainsi à <strong>en</strong>viron : 669 + 941=1610 millions d’eurossoit 8,4% du total du CA <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts à prescription obligatoire et <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts deprescription facultative 19 279 millions d’euros <strong>en</strong> PFHT 57 .Le rapport du HCAAM note que la « part <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts d’automédication dans le total dumarché de ville diminue sur la période 1996/2005 ». Un calcul devrait pouvoir être fait pourestimer ce qu'apporterait l'ext<strong>en</strong>sion de la liste <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts à prescription médicalefacultative, ce qui pourrait contribuer à inverser une t<strong>en</strong>dance qui est regrettée par beaucoup.234) <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> œuvre de la médication officinaleLe circuit de "distribution" du médicam<strong>en</strong>t – de tous les médicam<strong>en</strong>ts – doit continuer depasser exclusivem<strong>en</strong>t par l'officine, où le pati<strong>en</strong>t/consommateur doit trouver toutes lesinformations utiles à sa décision d'achat.a) Le mainti<strong>en</strong> du monopole de l'officineLes étudiants du master santé ont relevé dans leur <strong>en</strong>quête que le <strong>pharmacie</strong>n craignait que lesgran<strong>des</strong> surfaces veuill<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>dre dans leurs linéaires les médicam<strong>en</strong>ts courants comme celase fait dans certains pays. Leur rapport souligne que la crainte est peut-être erronée, car lesconsommateurs/pati<strong>en</strong>ts ne sont semble-t-il pas prêts à acheter leurs médicam<strong>en</strong>ts ailleursqu’<strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong> ! Notons que l’industrie (LEEM et AFIPA) ne demand<strong>en</strong>t pas cechangem<strong>en</strong>t de circuit.Sur ce point, le rapport COULOMB/BAUMELOU a indiqué que « le circuit de distributionofficinale (…) exclusif est confirmé ». Cette position n’a pas été acceptée par certainsmembres du groupe de travail qui ont d’ailleurs décidé de se retirer et de ne pas participer à larédaction du rapport. Il y a là, à l’évid<strong>en</strong>ce, de forts intérêts économiques <strong>en</strong> jeu. Quoi qu'il <strong>en</strong>soit, au plan de la santé publique, la position ret<strong>en</strong>ue par le groupe COULOMB/BAUMELOUne paraît pas contestable. Cette position est d’ailleurs celle du ministère de la santé français(cf. J.O. <strong>des</strong> débats de l’Assemblée nationale du 25 avril 2006).Le transfert <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts de prescription médicale facultative dans un autre circuit dev<strong>en</strong>te serait totalem<strong>en</strong>t paradoxal : le principe de précaution, particulièrem<strong>en</strong>t important <strong>en</strong>matière de santé, exige que la consommation d’un produit dangereux soit <strong>en</strong>cadréestrictem<strong>en</strong>t.Les pouvoirs publics ont estimé indisp<strong>en</strong>sable d’avoir un circuit de distribution spécialiségarantissant la qualité (donc la sécurité) de la prestation fournie et avec une proximitégéographique garantie au pati<strong>en</strong>t. Ne pas <strong>en</strong> profiter, ou déstabiliser le circuit actuel, seraitaberrant.Une rev<strong>en</strong>dication d’élargissem<strong>en</strong>t du circuit de v<strong>en</strong>te ne peut se justifier par un intérêt <strong>des</strong>anté publique. Seules les officines auront l'autorisation et seront <strong>en</strong> mesure de consulter etd'alim<strong>en</strong>ter le Dossier pharmaceutique (et, ultérieurem<strong>en</strong>t, le Dossier Médical partagé) afin <strong>des</strong>écuriser la disp<strong>en</strong>sation de tous les médicam<strong>en</strong>ts, prescrits ou non.57 Chiffres du HCAAM (page 11) ; calculs faits par l’auteur du rapport.30


Le développem<strong>en</strong>t de la contrefaçon justifie égalem<strong>en</strong>t que les acteurs ne soi<strong>en</strong>t pasmultipliés, facilitant ainsi les possibilités de frau<strong>des</strong>.Quel serait par ailleurs le statut <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts remboursés par la sécurité sociale mais nonsoumis à prescription ? Pourrai<strong>en</strong>t-ils se trouver dans un circuit purem<strong>en</strong>t commercial ?D’un point de vue social, il faut souligner qu’autoriser la v<strong>en</strong>te de certains médicam<strong>en</strong>ts dansun circuit non officinal contribuerait à déstabiliser la politique de maillage du territoire etmettrait ainsi <strong>en</strong> danger l’exist<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> officines les plus fragiles, notamm<strong>en</strong>t celles qui sontsituées dans <strong>des</strong> zones isolées. C’est donc la volonté <strong>des</strong> pouvoirs publics d’assurer à tous lespati<strong>en</strong>ts un accès aux médicam<strong>en</strong>ts à proximité de leur domicile qui serait prise à contre-pied.Si <strong>des</strong> officines ferm<strong>en</strong>t, les pouvoirs publics (y compris les collectivités locales) etl’assurance maladie risqu<strong>en</strong>t d’être obligés de payer pour maint<strong>en</strong>ir les structures de santéindisp<strong>en</strong>sables localem<strong>en</strong>t. Ainsi, l’éclatem<strong>en</strong>t du circuit de disp<strong>en</strong>sation générerait <strong>des</strong>dép<strong>en</strong>ses nouvelles pour le contribuable, sans pour autant garantir une baisse de prix… Oùserait la cohér<strong>en</strong>ce ?Ce débat doit être poursuivi au bénéfice de la clarté : les médicam<strong>en</strong>ts, quels qu’ils soi<strong>en</strong>t,doiv<strong>en</strong>t être délivrés dans les officines, dont c’est le rôle. <strong>La</strong> santé publique, à travers sonorganisation au plan local, n’a ri<strong>en</strong> à gagner, et même aurait tout à perdre, à une banalisation<strong>des</strong> points de distribution.Vu sous un autre angle, le souhait du pati<strong>en</strong>t de pouvoir choisir <strong>en</strong>tre les médicam<strong>en</strong>ts demédication officinale existant sur le marché pour une indication donnée doit être confronté àla question <strong>des</strong> gammes disponibles au sein de l’officine. En effet, dans la mesure où le<strong>pharmacie</strong>n peut obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> remises <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> quantités de produits achetés, il nefaudrait pas que cet acte, justifié au plan commercial, l’incite à réduire excessivem<strong>en</strong>t cesgammes.Une réflexion générale sur le prix de la médication officinale doit être m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong>tre les<strong>pharmacie</strong>ns et leurs organisations avec les industriels.b) L'accès du pati<strong>en</strong>t aux informations utilesCertes, il est évid<strong>en</strong>t que le <strong>pharmacie</strong>n est là pour fournir information et conseils. Toutefois,<strong>en</strong> matière de santé les pati<strong>en</strong>ts vont de plus <strong>en</strong> plus rechercher l’information qu’Internet oud’autres supports sont susceptibles de leur donner.Le rapport COULOMB/BAUMELOU suggère que l’accès du pati<strong>en</strong>t aux médicam<strong>en</strong>tsd’automédication soit « facilité par le <strong>pharmacie</strong>n d’officine, <strong>en</strong> aménageant, le cas échéant,un espace conseil ». Il propose égalem<strong>en</strong>t : « Des expérim<strong>en</strong>tations <strong>en</strong>cadrées d’accès directdans les <strong>pharmacie</strong>s pourront être mises <strong>en</strong> place et devront être évaluées par unecommission ad hoc » . Il y a incontestablem<strong>en</strong>t là une réflexion à faire aboutir.L’aménagem<strong>en</strong>t d’un espace conseil n’est pas forcém<strong>en</strong>t facile à réaliser.Le pati<strong>en</strong>t doit être parfaitem<strong>en</strong>t informé sur les prix, donnée fondam<strong>en</strong>tale pour tout achat.Mais faut-il aller au-delà, jusqu'à l'accessibilité du médicam<strong>en</strong>t lui-même ?Une partie de l'industrie du médicam<strong>en</strong>t (LEEM et AFIPA) souhaite l’accès direct du pati<strong>en</strong>t àcertains produits. C’est le point de vue d’un part<strong>en</strong>aire de la chaîne du médicam<strong>en</strong>t qui mériteatt<strong>en</strong>tion.31


De son côté, l’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong> « après avoir étudié les risques pour lasanté publique (…) formule son opposition à toute modification de l’article R. 4235-55 ducode de la santé publique visant à permettre l’accès <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts à certains médicam<strong>en</strong>tsmunis d’une AMM dans les prés<strong>en</strong>toirs de libre service <strong>des</strong>tinés à être placés dans lesofficines de <strong>pharmacie</strong> ».Cep<strong>en</strong>dant, une double difficulté se prés<strong>en</strong>te: d’une part, il ne serait pas acceptable d’inciterles pati<strong>en</strong>ts à se passer de tout conseil, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant le produit pour l’acheter ; d’autre part, il y aun problème pratique pour assurer une surveillance constante <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts qui sont parnature <strong>des</strong> produits à risques. Une possibilité év<strong>en</strong>tuelle serait de mettre <strong>en</strong> accès direct <strong>des</strong>boites ne cont<strong>en</strong>ant pas le médicam<strong>en</strong>t, ce qui permettrait au pati<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre connaissance<strong>des</strong> informations qui y figur<strong>en</strong>t et du prix, et inciterait au dialogue avec le <strong>pharmacie</strong>n.c) <strong>La</strong> fixation du prixEn ce qui concerne le prix, un autre sujet est actuellem<strong>en</strong>t débattu : l'ampleur <strong>des</strong> écarts deprix <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts non remboursables d'une officine à l'autre. Il est exact que lesaugm<strong>en</strong>tations de prix excessives à la suite de déremboursem<strong>en</strong>ts port<strong>en</strong>t préjudice au souhaitde développer la médication officinale. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que la <strong>France</strong> vitdepuis de nombreuses années sous un régime de liberté <strong>des</strong> prix, à quelques rares exceptionsprès, dont les médicam<strong>en</strong>ts remboursables par l’assurance maladie. Cela implique que pourles médicam<strong>en</strong>ts non remboursables, chaque <strong>pharmacie</strong>n pr<strong>en</strong>ne la responsabilité de fixer lesprix de ce qu'il délivre.Sinon, il faudrait <strong>en</strong>trer dans un autre statut, qui serait celui du prix <strong>en</strong>cadré, comme cela sepratique par exemple pour les livres. Mais un tel changem<strong>en</strong>t serait délicat à mettre <strong>en</strong> œuvreet contradictoire avec la volonté affirmée de laisser la concurr<strong>en</strong>ce s’affirmer.Dans l’intérêt du pati<strong>en</strong>t et <strong>des</strong> officinaux, un “code bonne de conduite” pourrait être mis aupoint par les acteurs de la chaîne du médicam<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> liaison avec les autorités chargées de laconcurr<strong>en</strong>ce.d) L'évaluation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts de prescription facultativeCertains produits possédant une AMM anci<strong>en</strong>ne, et donc le statut officiel de médicam<strong>en</strong>ts,n'ont pas, ou n'ont plus, <strong>en</strong> réalité, de principes actifs leur assurant l'efficacité qui doit êtreattachée à ce statut. D'autres produits, qui n'ont plus d'AMM ayant supprimé leurs principesactifs, ont conservé leur nom existant pour continuer de bénéficier de leur notoriété. Cela nepeut qu'induire le public <strong>en</strong> erreur sur leur prét<strong>en</strong>due efficacité. Les autorités de santé nedoiv<strong>en</strong>t pas, au motif d'<strong>en</strong>courager la prise <strong>en</strong> charge par le pati<strong>en</strong>t <strong>des</strong> "petits risques", tolérerde telles causes de confusion.Elles devrai<strong>en</strong>t donc <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre très vite une révision systématique du statut de ces produits,afin que la médication familiale ne compr<strong>en</strong>ne que de vrais médicam<strong>en</strong>ts, à l'efficacitédémontrée selon le degré d'exig<strong>en</strong>ce aujourd'hui <strong>en</strong> vigueur.Les deux rapports précités sur l'automédication soulign<strong>en</strong>t par ailleurs que si l’on veutpromouvoir l’automédication, il faut abandonner l’expression de "service médical r<strong>en</strong>duinsuffisant", « appellation mal comprise et péjorative ». Une confusion paraît avoir été faiteau cours du temps sur cette notion de service médical r<strong>en</strong>du insuffisant. <strong>La</strong> notion de servicemédical r<strong>en</strong>du est utilisée depuis longtemps dans le cadre du remboursem<strong>en</strong>t par l’assurancemaladie ; dans ce cadre, on compare les médicam<strong>en</strong>ts (ceux qui sont sur le marché par rapportà celui qui arrive sur le marché), et le prix proposé est fonction de cette comparaison.32


Le terme "insuffisant" est un terme de comparaison avec les autres produits sur le marché ; ilne qualifie pas le produit lui-même qui est par définition efficace et sûr puisqu’il a obt<strong>en</strong>u uneautorisation de mise sur le marché. Tout vocable, toute expression susceptible de faire p<strong>en</strong>serque le médicam<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> que disposant d’une AMM n’est pas efficace ou pas sûr, doit êtreproscrit si l’on veut faire passer <strong>des</strong> informations claires aux professionnels de santé, auxpati<strong>en</strong>ts et plus largem<strong>en</strong>t à l’opinion publique.e) la politique de remboursem<strong>en</strong>tSur la politique de remboursem<strong>en</strong>t, on se bornera à évoquer une question délicate, mais qu’onne peut éluder. On a vu ci-<strong>des</strong>sus que 75% <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts à prescription médicalefacultative serai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tés au remboursem<strong>en</strong>t. Ce chiffre élevé – s'il était confirmé –semble indiquer que de nombreux médicam<strong>en</strong>ts sont achetés sur ordonnance à titre prév<strong>en</strong>tifou sur ordonnance "de régularisation". On compr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> que médecins et <strong>pharmacie</strong>ns sontplacés <strong>en</strong> situation difficile vis à vis du pati<strong>en</strong>t qui ne peut qu’avoir du mal à compr<strong>en</strong>drepourquoi un médicam<strong>en</strong>t remboursable ne serait pas remboursé in fine. Cette question doitêtre examinée dans le cadre du circuit médecin/<strong>pharmacie</strong>n/pati<strong>en</strong>t. C’est probablem<strong>en</strong>t plusune question d’information, r<strong>en</strong>voyant par conséqu<strong>en</strong>t à ce qui a été dit ci-<strong>des</strong>sus, qu’unequestion financière. Les montants de dép<strong>en</strong>ses individuels pour ces produits rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effetmarginaux, même si leur totalisation n’est pas négligeable pour l’assurance maladie.Quant à l’idée de "dérembourser" tous les médicam<strong>en</strong>ts qui peuv<strong>en</strong>t être disp<strong>en</strong>sés sansordonnance, on ne peut qu’être sceptique sur les effets d’une telle mesure si l’objectif est deréaliser <strong>des</strong> économies. Ce serait <strong>en</strong> effet créer une incitation très forte à <strong>des</strong> substitutions par<strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts plus onéreux ; l’assurance maladie n’y trouverait pas son compte.Dans son livre blanc de juin 2006, le Collectif <strong>des</strong> Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s a proposéune concertation avec l’assurance maladie et les systèmes d’assurances complém<strong>en</strong>taires pourla prise <strong>en</strong> charge de la médication officinale 58 . Il s’agit là d’une piste originale qui mérited’être explorée. <strong>La</strong> médication officinale constitue une question trop importante pourl’officine et pour le pati<strong>en</strong>t pour qu’une opportunité soit négligée; il faut <strong>des</strong>siner le meilleurcadre possible pour le pati<strong>en</strong>t, le médecin, les systèmes d’assurance et le <strong>pharmacie</strong>n.58 Extrait du Livre blanc du Collectif <strong>des</strong> groupem<strong>en</strong>ts de <strong>pharmacie</strong>ns :« Comm<strong>en</strong>t et par qui la médication officinale devrait-elle être remboursée ?Le Collectif <strong>des</strong> groupem<strong>en</strong>ts de <strong>pharmacie</strong>ns s'est <strong>en</strong>gagé à travailler avec l'Assurance maladie complém<strong>en</strong>tairesur la logique de « panier de soins ».Les paniers de soins sont <strong>des</strong> contrats santé proposés par les organismes complém<strong>en</strong>taires avec une prise <strong>en</strong>charge partielle ou totale d'un <strong>en</strong>semble de produits liés à une ou plusieurs pathologies déterminées.Dans le contexte actuel de déremboursem<strong>en</strong>t de médicam<strong>en</strong>ts, ces « paniers de soins » sembl<strong>en</strong>t intéressants auCollectif <strong>des</strong> groupem<strong>en</strong>ts de <strong>pharmacie</strong>ns, dans la mesure où le <strong>pharmacie</strong>n peut conserver la maîtrise de l'offre.Autrem<strong>en</strong>t dit, il faut qu'il puisse formuler <strong>des</strong> propositions concrètes sur les prix et la prise <strong>en</strong> charge de cesproduits, comme du service pharmaceutique r<strong>en</strong>du lors de leur disp<strong>en</strong>sation.Ces « paniers de soins » s'inscriv<strong>en</strong>t dans la perspective de responsabilisation de l'assuré et certains organismescomplém<strong>en</strong>taires estim<strong>en</strong>t que le rôle du <strong>pharmacie</strong>n prescripteur peut contribuer à de réelles avancées.Ces mêmes organismes complém<strong>en</strong>taires sont prêts à développer un part<strong>en</strong>ariat avec les <strong>pharmacie</strong>ns, selonquatre axes : le conseil <strong>en</strong> santé et le développem<strong>en</strong>t d'une automédication responsable, une « labellisation » du<strong>pharmacie</strong>n, une « labellisation » du produit, et une claire distinction <strong>des</strong> rôles.Ces paniers de soins devront être définis de manière aussi précise que possible, avec <strong>des</strong> algorithmes déterminantet faisant preuve du besoin <strong>en</strong> soins du pati<strong>en</strong>t, et donc définissant un domaine d'application délimité de laprescription pharmaceutique.»33


De ce point de vue l’idée d’une concertation doit certainem<strong>en</strong>t être ret<strong>en</strong>ue. Le rapportCoulomb/Baumelou propose égalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> travaux placés sous l’égide de la Haute Autoritéde Santé. L’efficacité demanderait que la réflexion soit largem<strong>en</strong>t commune ou articulée,même si les questions abordées ne sont pas exactem<strong>en</strong>t les mêmes. Il faut absolum<strong>en</strong>t, in fine,assurer la cohér<strong>en</strong>ce du dispositif.24 Moderniser le maillage territorialLe médicam<strong>en</strong>t joue un rôle majeur dans la politique de santé française. S’agissant d’un bi<strong>en</strong>particulièrem<strong>en</strong>t délicat à manier, la <strong>France</strong> a organisé un système visant à assurer unesécurité maximale pour la disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t aux pati<strong>en</strong>ts. C’est peut-être unexemple avant la lettre de la mise <strong>en</strong> œuvre du principe de précaution : la disp<strong>en</strong>sation d’unproduit à risque exige <strong>des</strong> procédures spécifiques contraignantes dans l’intérêt de tous. Maisle législateur a égalem<strong>en</strong>t souhaité que le médicam<strong>en</strong>t puisse être disponible pour le pati<strong>en</strong>t <strong>en</strong>proximité immédiate. Cette volonté double (sécurité et proximité) est directem<strong>en</strong>t à l’originede ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le maillage territorial. Le maillage officinalconstitue le premier trait caractéristique de la disp<strong>en</strong>sation pharmaceutique <strong>en</strong> <strong>France</strong>.Ce système est largem<strong>en</strong>t approuvé <strong>en</strong> <strong>France</strong> ; il n’est pas question d’<strong>en</strong>visager de le remettre<strong>en</strong> cause. En revanche, les règles qui le sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ont manifestem<strong>en</strong>t vieilli avec ledéveloppem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s de communication. Par ailleurs, lorsque les règles ont été fixées,<strong>en</strong> 1941 pour la première fois, elles n'ont eu un effet que pour l'av<strong>en</strong>ir : elles ont laissésubsister une situation marquée par un nombre trop élevé d’officines dans les c<strong>en</strong>tres <strong>des</strong>agglomérations. Il y a donc besoin de mettre à jour et de rationaliser le dispositif.241.- Un atout majeur pour l'accès aux médicam<strong>en</strong>ts<strong>La</strong> loi a organisé la répartition <strong>des</strong> officines sur l’<strong>en</strong>semble du territoire <strong>en</strong> fonction dunombre <strong>des</strong> habitants (il y a <strong>en</strong>viron 23 000 officines sur le territoire français). « Le maillagepermet d’assurer aujourd’hui <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne la prés<strong>en</strong>ce d’une officine pour 2 600 habitants,soit un réseau plus d<strong>en</strong>se que celui <strong>des</strong> 17 000 bureaux de poste. Ce faisant, les officinesconstitu<strong>en</strong>t un réseau de proximité ess<strong>en</strong>tiel pour assurer la prés<strong>en</strong>ce de l’offre de soins aucôté d’autres professionnels de santé 59 ». L’officine joue de ce fait égalem<strong>en</strong>t un rôle fortdans l’organisation du territoire.Le maillage officinal traduit la volonté <strong>des</strong> pouvoirs publics de garantir :- une répartition organisée sur tout le territoire, pour permettre à chaque citoy<strong>en</strong> de trouver àune faible distance de son domicile une officine disposant de tous les médicam<strong>en</strong>ts soitimmédiatem<strong>en</strong>t, soit dans un délai de quelques heures, à travers le système de grossistesrépartiteursastreints à <strong>des</strong> obligations de service public ;- <strong>des</strong> conditions de qualité optimales pour cet approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> médicam<strong>en</strong>ts : laprés<strong>en</strong>ce d'un professionnel de santé de niveau élevé, facilem<strong>en</strong>t accessible, qui assure lasécurité de la disp<strong>en</strong>sation (analyse de l'ordonnance si elle existe, détection <strong>des</strong> risquesiatrogènes possibles), ainsi que les informations et conseils nécessaires au bon usage dumédicam<strong>en</strong>t.59 « Le métier de <strong>pharmacie</strong>n : cont<strong>en</strong>u et perspectives du rôle de premier recours (Françoise MARIN, EveMARIN, Auryane BARRANCOS (ONDPS et Bernard BRUNHES Consultants) janvier 200634


C'est cette combinaison d'une délivrance sécurisée et d'un conseil personnalisé qui constituel'acte pharmaceutique de disp<strong>en</strong>sation, tel que le définit le code de la santé publique. 60Il ne s'agit donc pas, insistons-y, d'un simple réseau logistique. C'est un réseau decompét<strong>en</strong>ces au service <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts et de la santé publique.C’est au regard de cet objectif que le maillage officinal doit être analysé. Il est lié àl’exist<strong>en</strong>ce du monopole de disp<strong>en</strong>sation, condition sine qua non pour l’équilibre économiqueet donc pour la viabilité du système. Certaines voix, peu nombreuses, contest<strong>en</strong>t ce monopole,mais l’objectif de santé publique est trop évid<strong>en</strong>t pour que ces contestations exprim<strong>en</strong>t autrechose qu’une position de principe ou d'intérêts ignorant la réalité <strong>des</strong> besoins.Dans l’<strong>en</strong>semble, le maillage et le monopole sont donc peu contestés dans notre pays, mêmesi un débat a lieu régulièrem<strong>en</strong>t sur le régime de certains médicam<strong>en</strong>ts <strong>des</strong>tinés au traitem<strong>en</strong>t<strong>des</strong> pathologies mineures : ce point a été abordé ci-<strong>des</strong>sus. Le ministre de la santé, interrogépar un parlem<strong>en</strong>taire à la suite d’un avis du Conseil national de la consommationindiquait : « Le ministre de la santé considère que le monopole pharmaceutique ne devraitpas être modifié <strong>en</strong> ce qui concerne les médicam<strong>en</strong>ts… 61 ». Mme Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ministre actuel de la santé, de la jeunesse et <strong>des</strong> sports, s'est prononcée àplusieurs reprises de façon id<strong>en</strong>tique.Notons égalem<strong>en</strong>t, à ce stade, la prise de position du Haut Conseil pour l’Av<strong>en</strong>ir del’Assurance Maladie, qui concluait une prés<strong>en</strong>tation générale du système dans son rapport du29 juin 2006 sur le médicam<strong>en</strong>t : « En résumé la <strong>France</strong> a misé sur un système très <strong>en</strong>cadréafin de garantir une distribution et une disp<strong>en</strong>sation de qualité et un accès rapide de lapopulation à <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts efficaces et sûrs. Le Haut Conseil considère que ces principessont soli<strong>des</strong> ».Au sein de l’Europe, la situation n’est pas homogène à cet égard 62 . Parmi les 27 Etats del’Union Europé<strong>en</strong>ne, 13 ont <strong>des</strong> critères géographiques pour l’ouverture d’une officine 63 , les14 autres n’ont pas de critères de ce type, mais parmi ceux-ci 4 (Danemark, Finlande, Suède,et Royaume-Uni) pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte les besoins de la population.On trouve fréquemm<strong>en</strong>t avancées <strong>des</strong> comparaisons internationales sur le nombre de<strong>pharmacie</strong>s par rapport à la population. <strong>La</strong> <strong>France</strong> apparaît dans un tel calcul comme ayant unnombre de <strong>pharmacie</strong>s plutôt élevé 64 ; mais un tel calcul n’a pas grand s<strong>en</strong>s, puisque l<strong>en</strong>ombre d’officines dép<strong>en</strong>d à la fois de la d<strong>en</strong>sité de population, de l’organisation du systèmede santé et du rôle assigné à la <strong>pharmacie</strong>.Pour la d<strong>en</strong>sité, la <strong>France</strong> <strong>en</strong> Europe a une d<strong>en</strong>sité faible : 110 habitants /km2. L'Allemagne <strong>en</strong>a 230, la Belgique 342, le Royaume-Uni 245, l'Espagne 86. Faire <strong>des</strong> comparaisons valablesnécessiterait donc au moins de corriger les calculs par la d<strong>en</strong>sité, voire par d’autres élém<strong>en</strong>tssusceptibles d’exprimer les facilités d’accès du pati<strong>en</strong>t au service pharmaceutique parexemple le fait d’habiter dans une zone montagneuse ou la répartition par tranches d'âge.60 Article R. 4235-4861 J.O. du 25 avril 200662 Cf. annexe N° 363 Autriche, Belgique, Espagne, Estonie, <strong>France</strong>, Grèce, Italie, Lettonie, Luxembourg, Malte, Portugal, Slovénie64 Nombre d’habitants divisé par le nombre d’officines : <strong>France</strong> 2 600, Allemagne 3 800, Royaume-Uni 5 000,Belgique 1 150, Espagne 2 100.35


Cette remarque méthodologique sur les comparaisons internationales n’a pas pour objectif dedire que la répartition <strong>des</strong> officines sur le territoire français est parfaite : comme il a été dit ci<strong>des</strong>sus,il y a <strong>des</strong> corrections à opérer.On s’interroge régulièrem<strong>en</strong>t sur la position <strong>des</strong> instances europé<strong>en</strong>nes sur cette question dumonopole. Un arrêt réc<strong>en</strong>t de la CJCE (5 juin 2007, affaire KLAS/ROSEGREN) montre quela Cour analyse très précisém<strong>en</strong>t les motifs justifiant le monopole et la validité <strong>des</strong> mesures auregard de la santé publique. Dans l’affaire <strong>en</strong> question, il s’agissait d’importations d’alcoolinterdites hors du monopole d’Etat, pour limiter la consommation d’alcool. <strong>La</strong> Cour a estiméque le monopole n’était pas la mesure appropriée pour atteindre cet objectif de santé publique.242.- Les évolutions démographiques<strong>La</strong> transformation de la société française dans sa répartition par âges <strong>en</strong>traîne et va <strong>en</strong>traînerdemain <strong>en</strong>core plus, <strong>des</strong> bouleversem<strong>en</strong>ts dans l’organisation <strong>des</strong> soins. Les scénarios del’évolution démographique réalisés par l’INSEE, montr<strong>en</strong>t l’ampleur de ces bouleversem<strong>en</strong>ts.Scénario c<strong>en</strong>tralPopulationau 1 erjanvierProportion<strong>des</strong> 60/64Nombre<strong>des</strong> 60/64Proportion<strong>des</strong> 65ou plusNombre<strong>des</strong> 65ou plusProportion<strong>des</strong> 75ou plusNombre<strong>des</strong> 75ou plus2005 60 700 000 4,4 2 670 800 16,4 9 954 800 8,0 4 856 0002010 62 300 000 6,0 3 738 000 16,8 10 466 400 8,8 5 482 4002015 63 700 000 6,2 3 949 400 18,4 11 720 800 9,1 5 796 7002020 65 000 000 6,1 3 965 000 20,1 13 065 000 9,1 5 915 000Source INSEE/INED 2006/2007Ainsi, selon ce scénario dit “c<strong>en</strong>tral”, le nombre <strong>des</strong> 60/64 ans va augm<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> dix ans(2005/2015) de près de 1,3 million de personnes, et celui <strong>des</strong> plus de 65 ans de 1,8 million surla même période, mais 3,1 millions <strong>en</strong> 2020. Quant aux plus de 75 ans, c’est près d’un millionde personnes supplém<strong>en</strong>taires qu’il faudra accueillir <strong>en</strong> 2015 et plus d’un million <strong>en</strong> 2020. L<strong>en</strong>ombre <strong>des</strong> professionnels de santé, médecins, <strong>pharmacie</strong>ns, infirmiers est-il bi<strong>en</strong>dim<strong>en</strong>sionné et bi<strong>en</strong> réparti pour faire face aux deman<strong>des</strong> qui vont s’exprimer ?C’est pourquoi toute réflexion sur le maillage doit être resituée dans le cadre de ladémographie <strong>des</strong> professions de santé et à leur implantation sur le territoire 65 . Comme cela aété dit ci-<strong>des</strong>sus, l’officine est un élém<strong>en</strong>t majeur de l’organisation de la santé puisque c’est,au moins aujourd’hui, le seul "c<strong>en</strong>tre de santé" de première ligne dont l’implantation estréglem<strong>en</strong>tée. Lorsque les pouvoirs publics veul<strong>en</strong>t développer l’interdisciplinarité <strong>des</strong>professions de santé ou organiser <strong>des</strong> réseaux de santé, l’officine devrait apparaîtrelogiquem<strong>en</strong>t comme un point d'ancrage naturel de cette organisation. C’est certainem<strong>en</strong>t dansce cadre qu’il convi<strong>en</strong>drait d’examiner les besoins de création de "maisons de santé"susceptibles d’accueillir <strong>des</strong> professionnels de santé pour y exercer <strong>en</strong>semble. Signalons qu’auRoyaume-Uni, on a créé récemm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> "groupem<strong>en</strong>ts de soins primaires" (primary caretrusts) où les professionnels de santé peuv<strong>en</strong>t se regrouper pour faire face aux besoins d’unepopulation de 100 000 habitants.65 Ce point a été abordé ci-<strong>des</strong>sus36


Consci<strong>en</strong>t de l’importance de cette question, l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns s’est doté d’un logicielde cartographie <strong>des</strong> officines et de leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sanitaire qui permet d’analyser et decroiser les données ess<strong>en</strong>tielles que sont la population locale, son évolution et sa répartitionpar âge, les effectifs et la répartition d’autres professionnels de santé (médecins libéraux partranches d’âge) ou d’établissem<strong>en</strong>ts médicaux sociaux, etc. Les pouvoirs publics, avec l’aidede cet outil et <strong>des</strong> autres informations dont ils dispos<strong>en</strong>t, doiv<strong>en</strong>t pouvoir réaliser laconcertation et organiser une carte dynamique pour la santé de la population de chaqueterritoire. Cette organisation locale est un objectif ess<strong>en</strong>tiel à atteindre, territoire par territoire.243.- Adapter le maillage à ces évolutions<strong>La</strong> publication du rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2008 devrait imposer une révision de la carte de la <strong>des</strong>sertepharmaceutique. Mais, sans att<strong>en</strong>dre cette échéance, les pouvoirs publics ont estimé qu’ilconv<strong>en</strong>ait de mettre à jour sans délai les règles relatives aux créations, aux transferts et auregroupem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> officines. Il faut souligner que cette actualisation est indisp<strong>en</strong>sable. Ontrouvera <strong>en</strong> annexe 4 les nouvelles règles, telles qu'elles vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'être votées dans le cadrede la loi de financem<strong>en</strong>t de la sécurité sociale pour 2008.Rappelons les conséqu<strong>en</strong>ces de l’application de la loi actuelle : les simulations réalisées par legroupe de travail de la section A montr<strong>en</strong>t que le nombre de créations possibles <strong>en</strong> 2008 estestimé <strong>en</strong>tre 200 et 500. <strong>La</strong> marge d’incertitude est grande, mais de toute façon, ne serait ilpas irrationnel de favoriser <strong>des</strong> créations plutôt que de rationnaliser l’existant ? D’une façonplus générale, il faut t<strong>en</strong>ir compte du fait que l’évolution du métier de l’officine (voir ci-aprèsles développem<strong>en</strong>ts sur ce sujet) nécessitera <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s pouvant s’appuyer sur un plusgrand nombre de <strong>pharmacie</strong>ns et d’autres collaborateurs. Le modèle du <strong>pharmacie</strong>n titulaireassurant seul sa fonction au prix de temps de prés<strong>en</strong>ce considérables n’est pas t<strong>en</strong>able pourl’av<strong>en</strong>ir. C’est un point ess<strong>en</strong>tiel puisqu’aujourd’hui l’objectif est de répondre aux besoinsdiversifiés <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts.Pour ce qui est <strong>des</strong> excéd<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> ville, il faut <strong>en</strong>gager une démarche incitative <strong>en</strong> vue derationaliser le maillage. Pour assurer cette rationalisation il faut <strong>en</strong>courager lesregroupem<strong>en</strong>ts, ou les rapprochem<strong>en</strong>ts, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, aider à <strong>des</strong> fermetures souhaitées parles titulaires de lic<strong>en</strong>ces. <strong>La</strong> création d’un fonds de solidarité assis (par exemple) sur lesv<strong>en</strong>tes et l’interv<strong>en</strong>tion de collectivités locales ou d’établissem<strong>en</strong>ts publics concernés seraitune solution aux yeux de certains.D’ores et déjà, la LFSS pour 2008 apporte de nouveaux changem<strong>en</strong>ts dans la loi derépartition. Les nouvelles dispositions figur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> annexe. Il est trop tôt pour prévoir lamanière dont la profession se les appropriera, mais il faut souhaiter qu'elle <strong>en</strong> tire le meilleurparti.On trouvera égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> annexe <strong>des</strong> propositions juridiques pour les fusions ou lesrapprochem<strong>en</strong>ts, extraites du rapport établi <strong>en</strong> juin 2003 par le Pr Jean-Jacques DAIGRE. Cespropositions, bi<strong>en</strong> que datant de quatre ans, rest<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t valables.Une <strong>des</strong> formes de rapprochem<strong>en</strong>t possibles sans lourdeur excessive consisterait à ce qu’uneofficine puisse pr<strong>en</strong>dre le contrôle 66 d’une officine proche où, comme le dit le présid<strong>en</strong>t del’<strong>Ordre</strong> « <strong>en</strong>visager <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s secondaires dép<strong>en</strong>dant de <strong>pharmacie</strong>s mères 67 ». Celapermettrait d’organiser plus facilem<strong>en</strong>t et de façon plus efficace les services aux pati<strong>en</strong>ts.66 On n’<strong>en</strong>tre pas ici dans les modalités juridiques possibles d’un tel contrôle67 Impact Pharmaci<strong>en</strong> n°184 2 juin 200737


III - Assumer de nouveaux rôles dans le système de santé31 De nouvelles missions au bénéfice <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>tsLe métier se transforme, et cette transformation est indisp<strong>en</strong>sable parce que l’organisation dela santé publique exige une meilleure utilisation, une meilleure effici<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>sdisponibles.Isabelle ADENOT a bi<strong>en</strong> résumé l’interrogation sur cet av<strong>en</strong>ir : « S’il est acquis que le<strong>pharmacie</strong>n est le spécialiste du médicam<strong>en</strong>t et le médecin le spécialiste du diagnostic,responsable de la stratégie thérapeutique, interrogeons-nous sur les conditions danslesquelles le <strong>pharmacie</strong>n, sans se substituer au médecin, pourrait compléter et <strong>en</strong>richir sadémarche. <strong>La</strong> raréfaction progressive et prévisible de la d<strong>en</strong>sité de professionnels de santédans certaines zones conduit inéluctablem<strong>en</strong>t à ce questionnem<strong>en</strong>t de partage de compét<strong>en</strong>ces<strong>en</strong>tre professionnels de santé. C’est le s<strong>en</strong>s de l’histoire.C’est donc l’opportunité d’ouvrir de nouvelles perspectives. Quel peut être notre rôle face àl’augm<strong>en</strong>tation du nombre <strong>des</strong> cancers, au vieillissem<strong>en</strong>t de la population ? Quelleparticipation pouvons nous apporter au nécessaire développem<strong>en</strong>t de la prév<strong>en</strong>tion et del’éducation à la santé ? Quelle place pouvons-nous pr<strong>en</strong>dre dans les prochains services à lapersonne, au mainti<strong>en</strong> à domicile ? Comm<strong>en</strong>t participer à la continuité <strong>des</strong> soins, àl’amélioration du suivi thérapeutique ? Quel droit de prescription ? A l’heure de la télémédecine,quelle utilisation les <strong>pharmacie</strong>ns informatisés peuv<strong>en</strong>t-ils faire <strong>des</strong> réseauxnumériques au bénéfice de la santé ? » 68Rev<strong>en</strong>ons sur deux points : le <strong>pharmacie</strong>n est un professionnel de santé ayant fait de longuesétu<strong>des</strong> sci<strong>en</strong>tifiques. Dans notre système de santé aux besoins humains, techniques etfinanciers <strong>en</strong> accroissem<strong>en</strong>t continu, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison du vieillissem<strong>en</strong>t et de la demandede meilleure santé, peut-on estimer que l’on tire aujourd’hui parti d’une façon rationnelle <strong>des</strong>compét<strong>en</strong>ces de ce professionnel ?On peut trouver une réponse dans un rapport de l’OMS soulignant, dès 1997, que lescompét<strong>en</strong>ces <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns rest<strong>en</strong>t sous utilisées par rapport à leur pot<strong>en</strong>tiel 69 . Un rapportdu ministère de la santé du Royaume-Uni, indiquait aussi <strong>en</strong> 2003 : « Les <strong>pharmacie</strong>nsreprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t probablem<strong>en</strong>t la plus grande ressource inexploitée pour l’amélioration de lasanté. Nous allons explorer les opportunités pour développer et amplifier la contribution queles <strong>pharmacie</strong>ns peuv<strong>en</strong>t remplir pour réduire les inégalités <strong>en</strong> matière de santé <strong>en</strong>fournissant <strong>des</strong> conseils pour la promotion de la santé, pour l’amélioration de la santé, et laréduction <strong>des</strong> maux. 70 »Or, dans le même temps, la pression de la demande oblige à <strong>en</strong>gager <strong>des</strong> réflexions sur lameilleure organisation possible du système de santé.68 Interv<strong>en</strong>tion à Pharmagora 24 mars 200769 WHO - The role of pharmacists in the health care system 199770 Departm<strong>en</strong>t of Health (DOH) : A vision for pharmacy in the new NHS, p. 7 (2003)38


Ainsi, le ministre français de la santé a-t-il demandé <strong>en</strong> 2003 au Pr Yvon BERLAND deréunir un groupe de travail pour réfléchir à une nouvelle répartition <strong>des</strong> tâches et <strong>des</strong>compét<strong>en</strong>ces : « Vous étudierez de manière systématique les coopérations qui pourrai<strong>en</strong>t êtreorganisées dans notre pays <strong>en</strong>tre les médecins eux-mêmes et <strong>en</strong>tre les médecins et les autresprofessions médicales et para médicales. Nombre de ces coopérations impliqu<strong>en</strong>t un transfertde compét<strong>en</strong>ces et se traduirai<strong>en</strong>t par une redéfinition <strong>des</strong> contours <strong>des</strong> métiers pourl’av<strong>en</strong>ir ».<strong>La</strong> mission « Coopération <strong>des</strong> professions <strong>des</strong> santé : le transfert de tâches et decompét<strong>en</strong>ces » a exploré l’idée de redéfinir les missions <strong>des</strong> médecins, avec le souci qu'ilssoi<strong>en</strong>t utilisés de manière optimale à leur juste niveau de formation. Ce rapport s'est appuyésur l'analyse de pratiques nord-américaines et europé<strong>en</strong>nes et sur <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec différ<strong>en</strong>tsprofessionnels de santé de notre pays. Il a conclu à un nécessaire transfert de tâches et decompét<strong>en</strong>ces, avec trois objectifs : faire face à la diminution annoncée de la démographiemédicale, apporter une légitime reconnaissance à certains professionnels paramédicaux,optimiser le système de soins <strong>en</strong> favorisant les collaborations <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts acteurs <strong>des</strong>anté.« Si le contexte de la mission s’inscrit dans le cadre <strong>des</strong> évoluions démographiquesimportantes qui suscit<strong>en</strong>t les inquiétu<strong>des</strong>, la proposition de délégation de compét<strong>en</strong>ces n’apas pour seul objectif de résoudre à terme <strong>des</strong> problèmes de d<strong>en</strong>sité médicale. Elle estégalem<strong>en</strong>t sous-t<strong>en</strong>due, d’une part par le souci de conserver une qualité de soins dans notrepays et certainem<strong>en</strong>t de l’améliorer par une plus grande disponibilité <strong>des</strong> médecins pour lestâches et les activités qui le nécessit<strong>en</strong>t, et d’autre part, par la volonté d’assurer une meilleuradéquation <strong>en</strong>tre formation et exercice professionnel ». Rapport provisoire 2003Un groupe de travail commun à la HAS (Haute Autorité de Santé) et à l’ONDPS fonctionneégalem<strong>en</strong>t pour m<strong>en</strong>er et évaluer <strong>des</strong> expérim<strong>en</strong>tations de coopération <strong>en</strong>tre professionnels <strong>des</strong>anté 71 . »D’une autre façon, Jean-Charles TELLIER disait 72 « Il y a quelques années, le <strong>pharmacie</strong>nétait <strong>en</strong> “bout de chaîne” de la disp<strong>en</strong>sation, il est dev<strong>en</strong>u une sorte d’ag<strong>en</strong>t de liaison <strong>en</strong>treles pati<strong>en</strong>ts, les autres professionnels de santé et les organismes sociaux ». Le Collectif <strong>des</strong>Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s s’exprimait dans <strong>des</strong> termes proches : « l’officine relaisd’action,(…) vis-à-vis <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, (…) vis-à-vis <strong>des</strong> professionnels de santé, (…) vis-à-vis<strong>des</strong> pouvoirs publics ».En réponse à une question écrite du député Jean-Marc ROUBAUD, le ministre de la santéindiquait 73 : « L’intégration du <strong>pharmacie</strong>n d’officine dans la chaîne de soins répond à unvéritable objectif de santé publique et doit être <strong>en</strong>couragée. Pour permettre le rapprochem<strong>en</strong>tdu médecin et du <strong>pharmacie</strong>n, il convi<strong>en</strong>t de r<strong>en</strong>forcer l’exercice professionnel <strong>en</strong> réseaux <strong>des</strong>anté qui contribu<strong>en</strong>t à améliorer l’efficacité et la sécurité <strong>des</strong> soins prodigués ».71 Cf. Délégation, transfert, nouveaux métiers, conditions <strong>des</strong> nouvelles formes de coopération <strong>en</strong>treprofessionnels de santé : rapport d’étape (Haute Autorité de Santé, <strong>en</strong> collaboration avec l’Observatoire nationalde la Démographie <strong>des</strong> Professionnels de Santé)72 Colloque Collectif <strong>National</strong> <strong>des</strong> Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s d'Officine (CNGPO) au Sénat le 9 mars200673 Cité dans LNP N° 315 du 16 mars 200639


En estimant qu’on était, dans ce domaine, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une « évolution plutôt que d’unerévolution », le Collectif <strong>des</strong> Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s soulignait dans le docum<strong>en</strong>tprécité la nécessité d’une complém<strong>en</strong>tarité avec le médecin : « un part<strong>en</strong>ariat fondé surdavantage de complém<strong>en</strong>tarité ».Un regard sur la situation internationale va très nettem<strong>en</strong>t dans le même s<strong>en</strong>s : ét<strong>en</strong>dre lemétier de <strong>pharmacie</strong>n au soin pharmaceutique. Cette t<strong>en</strong>dance est largem<strong>en</strong>t reprise dans undocum<strong>en</strong>t, d’une belle d<strong>en</strong>sité, publié par l’OMS <strong>en</strong> collaboration avec la FIP (FédérationInternationale Pharmaceutique) : « Developing pharmacy practice : a focus on pati<strong>en</strong>t care ».Dans l’introduction est cité un ouvrage sur les “soins pharmaceutiques” (pharmaceuticalcare) : « Les <strong>pharmacie</strong>ns devrai<strong>en</strong>t quitter leur comptoir et aller servir le public <strong>en</strong> luiproposant <strong>des</strong> soins plutôt que de simples produits. Il n’y a pas d’av<strong>en</strong>ir si l’on se limite à ladisp<strong>en</strong>sation ».Le <strong>pharmacie</strong>n québécois a été l’un <strong>des</strong> premiers à mettre <strong>en</strong> application le "soinpharmaceutique". Par ailleurs, les <strong>pharmacie</strong>ns québécois se sont associés aux médecins pourdévelopper les "ordonnances collectives". Dans ce dispositif, le médecin décrit un <strong>en</strong>semblede symptômes ou <strong>des</strong> situations particulières auxquelles le <strong>pharmacie</strong>n peut être confronté. Ildéfinit dans cette ordonnance les objectifs thérapeutiques, un protocole de traitem<strong>en</strong>t et lessituations dans lesquelles le <strong>pharmacie</strong>n devra r<strong>en</strong>voyer le pati<strong>en</strong>t au médecin. Cetteordonnance qui permet d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre ou d’ajuster un traitem<strong>en</strong>t n’est pas spécifique à unpati<strong>en</strong>t donné, mais à une situation ou symptomatologie. Elle constitue un véritable contrat decoopération <strong>en</strong>tre un ou plusieurs médecins, et un ou plusieurs <strong>pharmacie</strong>ns.En septembre 2007, lors du congrès de la FIP à Pékin, l’une <strong>des</strong> sessions s’intitulait :« L’évaluation <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teux : au delà du conseil, la fourniture d’unnouveau service ». Un mode d'organisation désormais officiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> usage <strong>en</strong> Australie, le"medication review" y a été prés<strong>en</strong>té. Il consiste à réunir plusieurs professionnels de santé –dont les <strong>pharmacie</strong>ns – pour réviser <strong>en</strong>semble le traitem<strong>en</strong>t de certains pati<strong>en</strong>ts qui nécessit<strong>en</strong>t<strong>des</strong> thérapeutiques complexes ou délicates, tant <strong>en</strong> ville que dans les établissem<strong>en</strong>ts pourpersonnes âgées. 74Ces exemples illustr<strong>en</strong>t le besoin d’associer concrètem<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>ts professionnels àl’échelon local.311 - Le <strong>pharmacie</strong>n contribuera à la prescription et au suivi de certainstraitem<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong> optimiser l'efficacitéRappelons que le <strong>pharmacie</strong>n d’officine est aujourd’hui prescripteur, ou conseiller du pati<strong>en</strong>t,pour <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts qui n’exig<strong>en</strong>t pas une prescription médicale.Remettre un médicam<strong>en</strong>t réservé à la prescription sans prés<strong>en</strong>tation d’une ordonnance n’estpas une situation totalem<strong>en</strong>t inconnue aujourd’hui. Il est <strong>des</strong> cas d’urg<strong>en</strong>ce où une telledécision doit être prise dans l’intérêt du pati<strong>en</strong>t et, in fine, de la collectivité. Les <strong>pharmacie</strong>nsont l’expéri<strong>en</strong>ce de ces situations et ils <strong>en</strong> assum<strong>en</strong>t la responsabilité, même si l’on peutregretter que la situation juridique de ces actes ne soit pas toujours totalem<strong>en</strong>t claire.74 Voir <strong>La</strong> Lettre <strong>des</strong> Nouvelles pharmaceutiques, n° 34540


On parle aujourd’hui de plus <strong>en</strong> plus d’officialiser un rôle du <strong>pharmacie</strong>n dans la prescription.Doit-on pour autant parler de “<strong>pharmacie</strong>n prescripteur” ? L’expression est sans douteinutilem<strong>en</strong>t générale. En fait, on se réfère plutôt, dans les réflexions <strong>en</strong> cours, à unecompét<strong>en</strong>ce définie <strong>en</strong> accord avec le médecin du pati<strong>en</strong>t pour améliorer l’organisation <strong>des</strong>soins, pour assurer une meilleure allocation <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s aux besoins, selon la situation.Il s’agit donc d’un pouvoir de prescrire dans <strong>des</strong> cadres bi<strong>en</strong> cernés, par exemple : suivi demala<strong>des</strong> chroniques stabilisés, problèmes liés au traitem<strong>en</strong>t et ajustem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> dosages danscertaines maladies, délivrance de contraceptifs oraux 75 , besoins liés à la prév<strong>en</strong>tion telles quecertains vaccins (grippe…).Un interlocuteur médecin indiquait que l’apport du <strong>pharmacie</strong>n à mettre <strong>en</strong> avant étaitl’optimisation du traitem<strong>en</strong>t. Cette approche suggère une “chaîne de prescription” etl’insertion dans une équipe de santé. <strong>La</strong> section D de l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns utilisel’expression : "le <strong>pharmacie</strong>n relais de prescription". Ces expressions ont le mérite de bi<strong>en</strong>mettre <strong>en</strong> avant la complém<strong>en</strong>tarité <strong>des</strong> actions. Si une expression doit être arrêtée et faireréfér<strong>en</strong>ce, elle devra traduire cette idée de réseau et celle de santé publique coordonnée.L’<strong>en</strong>quête m<strong>en</strong>ée par les étudiants du master Marketing santé 76 aborde cette question. Ils ontnoté que le <strong>pharmacie</strong>n semblait être prêt à assumer un rôle dans la prescription, estimantmême que « ce serait une bonne chose ». Ils not<strong>en</strong>t, à l’inverse, que les "consommateurs" sontpour leur part, assez dubitatifs. Pour eux, c’est le médecin qui est le prescripteur 77 . Cetteattitude relevée dans cette <strong>en</strong>quête souligne <strong>en</strong> fait la nécessité d’adaptation <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tsacteurs -médecins, <strong>pharmacie</strong>ns et pati<strong>en</strong>ts – accompagnée <strong>des</strong> mots justes pour que tous lesacteurs soi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> au clair sur ce qui est fait par chacun. Il faudra à n’<strong>en</strong> pas douter du tempspour que les attitu<strong>des</strong> évolu<strong>en</strong>t.Il faut rappeler cep<strong>en</strong>dant que les professionnels de santé autres que les médecins ont déjàune certaine compét<strong>en</strong>ce pour prescrire. On trouvera <strong>en</strong> annexe copie de l’arrêté qui préciseles conditions de prescription et de remboursem<strong>en</strong>t correspondant. L’interv<strong>en</strong>tion du<strong>pharmacie</strong>n dans la chaîne de prescription devra être m<strong>en</strong>tionnée dans un nouvel arrêté quidonnera un fondem<strong>en</strong>t juridique indisp<strong>en</strong>sable à cette évolution.Notons égalem<strong>en</strong>t que depuis la date de cet arrêté, <strong>des</strong> ori<strong>en</strong>tations allant dans le s<strong>en</strong>s de lachaîne de prescription ont été décidées pour les optici<strong>en</strong>s, qui pourront r<strong>en</strong>ouveler et adapter<strong>des</strong> verres prescrits depuis moins de trois ans, de façon à libérer les ophtalmologistes. Il <strong>en</strong>irait de même pour les infirmières qui serai<strong>en</strong>t autorisées à prescrire certains bi<strong>en</strong>s médicaux.Dans le domaine du médicam<strong>en</strong>t vétérinaire, un décret du 24 avril 2007 (J.O. du 26 avril)prévoit <strong>des</strong> cas où le <strong>pharmacie</strong>n peut r<strong>en</strong>ouveler <strong>des</strong> prescriptions.Cela montre qu’il y a bi<strong>en</strong> aujourd’hui une évolution générale correspondant à la nécessitéd’un partage <strong>des</strong> tâches, dans l’intérêt commun de la santé publique, partage à faire <strong>en</strong> toutetranspar<strong>en</strong>ce et avec l’assurance d’assurer la sécurité <strong>des</strong> actes.75 C’est déjà le cas pour le Norlevo®76 Enquête déjà citée77 Ibid. : « Les étu<strong>des</strong> antérieures parlai<strong>en</strong>t beaucoup de pouvoir de prescription du <strong>pharmacie</strong>n, le <strong>pharmacie</strong>nsemble être prêt à assumer ce rôle, même plus que prêt puisqu’il p<strong>en</strong>se que ce serait une bonne chose. Lesconsommateurs, eux, sont beaucoup moins confiants avec 64,3% de réponses négatives pour la prescription demédicam<strong>en</strong>ts sur ordonnance, 58,2 pour le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t. Les avis sont plus positifs dans le cas de prescriptionsans ordonnance (60 % de oui) ».41


L’étude réalisée à la demande de l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns par le Pr G<strong>en</strong>eviève CHAMBA(PHARMAKEION): « Enquête sur les interv<strong>en</strong>tions pharmaceutiques dans la disp<strong>en</strong>sation<strong>des</strong> anticoagulants, étude IPHADAC », montre bi<strong>en</strong> l’intérêt pour la santé publique d’uneinterv<strong>en</strong>tion approfondie du <strong>pharmacie</strong>n, bi<strong>en</strong> articulée avec les médecins 78 .Notons que cette évolution sera parfaitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> harmonie avec l’introduction du Dossierpharmaceutique et du Dossier médical personnel. Elle pourra égalem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ir compte <strong>des</strong>modalités de prescription “<strong>en</strong> ligne” qui se développ<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Europe. 79On devrait égalem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts utilisables dans l’exemple duRoyaume-Uni. A partir <strong>des</strong> mêmes constatations que celles faites <strong>en</strong> <strong>France</strong> aujourd’hui, il estapparu souhaitable de mieux tirer profit <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces disponibles pour organiser leséquipes de santé. L’introduction de la prescription pharmaceutique est progressive, <strong>en</strong>fonction <strong>des</strong> besoins locaux et <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces spécialem<strong>en</strong>t acquises par certains<strong>pharmacie</strong>ns par <strong>des</strong> formations et une expéri<strong>en</strong>ce pratique.En fait, les premiers <strong>pharmacie</strong>ns prescripteurs organisés comme indiqué ci-après ont comm<strong>en</strong>cé àpratiquer au début de l’année 2007. On a d’abord créé (2003) la fonction de « supplem<strong>en</strong>taryprescriber (SP) ». Dans ce cadre, le <strong>pharmacie</strong>n « SP » doit avoir « obt<strong>en</strong>u une qualificationcomplém<strong>en</strong>taire par rapport au diplôme de <strong>pharmacie</strong>n de base. » 80 « En accord avec lesmembres de l’équipe médicale et <strong>en</strong> particulier les prescripteurs (médecins), un plan degestion clinique est défini par rapport à un pati<strong>en</strong>t précis. Le <strong>pharmacie</strong>n SP sera alorsautorisé à prescrire au pati<strong>en</strong>t tous les médicam<strong>en</strong>ts qui <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans le cadre de ce plan.Dans ces conditions, le rôle du médecin se limite au diagnostic et le rôle du <strong>pharmacie</strong>n estlié à l’adaptation du traitem<strong>en</strong>t ».Un autre concept est apparu postérieurem<strong>en</strong>t, celui d’« indep<strong>en</strong>dant prescriber » (IP). Dans cecadre, le <strong>pharmacie</strong>n IP doit avoir « obt<strong>en</strong>u une qualification complém<strong>en</strong>taire par rapport audiplôme de <strong>pharmacie</strong>n de base. 81 » « Il doit déjà être supplem<strong>en</strong>tary prescriber pour pouvoirpasser le diplôme d’indep<strong>en</strong>dant prescriber. Le <strong>pharmacie</strong>n IP peut prescrire <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> dehors de tout plan de question clinique et doit donc être à même de poser undiagnostic et de décider du traitem<strong>en</strong>t le plus approprié et le disp<strong>en</strong>ser de façon autonome ».L’analyse britannique est particulièrem<strong>en</strong>t intéressante <strong>en</strong> ce qu’elle met bi<strong>en</strong> l’acc<strong>en</strong>t surl’articulation avec le médecin (pour le SP) et, dans les deux cas, sur la formationcomplém<strong>en</strong>taire nécessaire. <strong>La</strong> confér<strong>en</strong>ce à laquelle l’<strong>Ordre</strong> a participé met <strong>en</strong> lumière troisquestions qu’il faut à l’évid<strong>en</strong>ce aborder :- Le conflit d’intérêt (prescription/v<strong>en</strong>te de médicam<strong>en</strong>ts) :Les interv<strong>en</strong>ants ont indiqué qu’un conflit d’intérêt pot<strong>en</strong>tiel devait être contrôlé et évalué.Par ailleurs, au sein du NHS, un service spécifique traite de la fraude et doit, <strong>en</strong>tre autres,surveiller les prescriptions <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns. Par ailleurs, un nouveau code de déontologie doitêtre publié <strong>en</strong> juillet prochain et t<strong>en</strong>ir compte de ces principes.78 G<strong>en</strong>eviève CHAMBA : « Enquête sur les interv<strong>en</strong>tions pharmaceutiques dans la disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong>anticoagulants, étude IPHADAC, rapport final 4 juillet 2007.79 Voir les travaux de l’association EHTEL (European Health TELematics association) LNP N° 32280 Compte r<strong>en</strong>du établi par l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns le 10/7/07 après une confér<strong>en</strong>ce sur le sujet81 Même référ<strong>en</strong>ce que ci-<strong>des</strong>sus42


- Le coût de la formation :Le NHS paye l’intégralité <strong>des</strong> formations complém<strong>en</strong>taires <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns. Cette formationcoûte relativem<strong>en</strong>t cher et donc le NHS souhaite se conc<strong>en</strong>trer sur les zones où il y a un vraibesoin, sachant par ailleurs que certains <strong>pharmacie</strong>ns sont dev<strong>en</strong>us prescripteurs mais n’ontpas <strong>en</strong>core eu l’occasion de prescrire? Ainsi, aujourd’hui, le nombre de participants restefaible.On a cité longuem<strong>en</strong>t l’expéri<strong>en</strong>ce du Royaume-Uni. Ce n’est qu’un exemple. Ainsi, au coursd’un réc<strong>en</strong>t 82 colloque organisé par la FIP à <strong>La</strong> Haye, <strong>des</strong> universitaires américains ontprés<strong>en</strong>té <strong>des</strong> expéri<strong>en</strong>ces, notamm<strong>en</strong>t une "collaborative practice" ainsi définie : « Systèmedans lequel <strong>des</strong> prescripteurs (le plus souv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> médecins et, dans quelques Etats, <strong>des</strong>sages-femmes) autoris<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à s’<strong>en</strong>gager dans <strong>des</strong> activités déterminéescompr<strong>en</strong>ant l’ajustem<strong>en</strong>t ou la prescription initiale d’un traitem<strong>en</strong>t médicam<strong>en</strong>teux 83 ».Il faut ret<strong>en</strong>ir de ces exemples, le fait que ces évolutions <strong>des</strong> pratiques de soins ne peuv<strong>en</strong>t sedévelopper que dans un contexte très bi<strong>en</strong> préparé et <strong>en</strong>cadré. C’est le premier travail à faireque de bâtir, <strong>en</strong> s’inspirant <strong>des</strong> modèles existants à l’étranger, les lignes directrices, qu’onpourrait même appeler les « bonnes pratiques de prescription <strong>en</strong> collaboration »…<strong>La</strong> formulation la plus adéquate reste à trouver.312.- L'officine devi<strong>en</strong>dra un acteur majeur du dépistage et de la prév<strong>en</strong>tionDans le sondage UDF/Opinionway, on a demandé aux <strong>pharmacie</strong>ns : « Comm<strong>en</strong>t voyez vousl’av<strong>en</strong>ir du <strong>pharmacie</strong>n dans le système de soins ? » ; 95% ont répondu que le <strong>pharmacie</strong>n« aura <strong>des</strong> missions de prév<strong>en</strong>tion et d’éducation pour la santé » et à 97% que le <strong>pharmacie</strong>n« doit être un vecteur de mise œuvre de politique de prév<strong>en</strong>tion et d’éducation pour lasanté ».Dans un autre sondage, les étudiants du master santé écriv<strong>en</strong>t : « Nous nous sommesdemandé, puisque c’était au c<strong>en</strong>tre <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> antérieures, quel était le rôle de prév<strong>en</strong>tion du<strong>pharmacie</strong>n ? Ce rôle est plus valorisé par le <strong>pharmacie</strong>n lui-même que par le consommateurqui est plus sceptique, il est égalem<strong>en</strong>t plus sceptique quant au respect de ce rôle par le<strong>pharmacie</strong>n. Le <strong>pharmacie</strong>n est lucide lui aussi, car il avoue moins bi<strong>en</strong> remplir ce rôle qu’ilne le devrait ».Les <strong>pharmacie</strong>ns particip<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait depuis de nombreuses années à <strong>des</strong> actions de dépistage etde prév<strong>en</strong>tion. A titre d’illustration, la région Bourgogne a organisé deux campagnes dedépistage du diabète <strong>en</strong> 2000 et 2002. Une nouvelle campagne de dépistage du diabète detype 2, étalée sur deux ans, a été décidée <strong>en</strong> octobre 2005 <strong>en</strong> liaison avec l’Union régionale<strong>des</strong> caisses d’assurance maladie (URCAM).Le programme se déroule de 2005 à 2007. En 2005/2006, 238 <strong>pharmacie</strong>s de la région ontparticipé à cette action (216 <strong>en</strong> 2006/2007). Ces chiffres correspondant à un taux departicipation supérieur à 30% <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s de la région, ce qui est conforme aux objectifsdu programme.82 Mars 2006 <strong>La</strong> Haye FIP83 Collaborative practice : “the practice where prescribers (g<strong>en</strong>erally physicians, in some states it inclu<strong>des</strong>nurse practitioners) authorise pharmacists to <strong>en</strong>gage in specified activities including adjusting and/or initiatingdrug therapy”.43


Pour participer, les <strong>pharmacie</strong>ns ont dû « signer un contrat de deux ans, par lequel ilss’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t à suivre <strong>des</strong> sessions de formation et à mettre <strong>en</strong> oeuvre un certain nombred’outils de dépistage et de support d’informations auprès <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts » 84 . Ils ont reçu uneindemnisation pour ces actes de dépistage.Les <strong>pharmacie</strong>ns ont rempli <strong>des</strong> fiches de données après chaque test effectué : 1 851 85 testsont été effectués, 1 400 ret<strong>en</strong>us conformes aux critères de ciblage. Lorsqu’une anomalie estdétectée, le <strong>pharmacie</strong>n incite le pati<strong>en</strong>t à consulter un médecin. Pour l’évaluation duprogramme, une information est att<strong>en</strong>due sur la réalisation de la consultation auprès dumédecin. L’opération a bénéficié d’une participation financière du fonds d’aide à la qualité<strong>des</strong> soins de ville (FAQSV). Il s’agit d’une expéri<strong>en</strong>ce tout à fait intéressante qui devrait êtreutile pour bâtir <strong>des</strong> procédures de dépistage régulier faisant interv<strong>en</strong>ir les <strong>pharmacie</strong>nsd’officine.Dans le domaine de la cancérologie, le Pr MARANINCHI , présid<strong>en</strong>t de l’Institut <strong>National</strong> duCancer (INCA) a souligné les points suivants lors de la Journée annuelle de l’<strong>Ordre</strong> <strong>en</strong>novembre 2006 :« Le <strong>pharmacie</strong>n de ville est d’ores et déjà fortem<strong>en</strong>t impliqué <strong>en</strong> matière de prév<strong>en</strong>tion <strong>des</strong> cancers. Lesactions sur les facteurs de risque <strong>des</strong> cancers font partie intégrante de sa pratique. En particulier :- la lutte contre le tabac : depuis le délistage <strong>des</strong> substituts nicotiniques, les <strong>pharmacie</strong>ns ont pris uneplace importante dans la prise <strong>en</strong> charge de la désaccoutumance au tabac ;- la mise <strong>en</strong> garde contre l’exposition au soleil ;- l’information sur la détection précoce du mélanome ;la lutte contre l’alcool ;l’information et les conseils sur la nutrition ;Dans les domaines du dépistage :- le conseil, l’information, l’incitation à participer aux dépistages organisés ;- la participation au dépistage organisé du cancer colorectal (remise du test dans le Nord avecobt<strong>en</strong>tion d’une meilleure performance) ;- la participation au dépistage organisé du cancer du sein, <strong>en</strong> liaison avec la structure de gestiondépartem<strong>en</strong>tale (2/3 <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns ont donné une information) ;L’Institut national contre le cancer souhaite associer <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à <strong>des</strong> groupes techniques sur <strong>des</strong>sujets de prév<strong>en</strong>tion. Il souhaite égalem<strong>en</strong>t stimuler les missions exercées par <strong>des</strong> structures de gestiondu dépistage <strong>en</strong> matière d’animation et de s<strong>en</strong>sibilisation du réseau, ce qui se traduira par unearticulation r<strong>en</strong>forcée avec les <strong>pharmacie</strong>ns de ville. »Ces exemples d’interv<strong>en</strong>tion dans la prév<strong>en</strong>tion et le dépistage peuv<strong>en</strong>t être complétés : onpeut citer par exemple : l’auto-mesure t<strong>en</strong>sionnelle (campagne : Pr<strong>en</strong>ez votre t<strong>en</strong>sion à cœur :hypert<strong>en</strong>sion artérielle, <strong>des</strong> conseils pratiques dans votre <strong>pharmacie</strong>), la lutte contre lesaddictions et la drogue (les médicam<strong>en</strong>ts de substitution aux opiacés : à titre d’illustration, untravail <strong>en</strong> concertation, à travers un comité de suivi de la politique de substitution <strong>en</strong> Haute-Garonne : résultats positifs), <strong>des</strong> actions conduites pour dépister les signes avant-coureurs dela maladie d’Alzheimer.84 Voir Lettre <strong>des</strong> Nouvelles Pharmaceutiques n° 31285 Bilan intermédiaire <strong>en</strong> avril 200744


Il faut rappeler égalem<strong>en</strong>t que le CESPHARM 86 édite et distribue depuis de nombreusesannées une docum<strong>en</strong>tation d’information et de prév<strong>en</strong>tion, avec <strong>des</strong> brochures, <strong>des</strong> fichestechniques et <strong>des</strong> dossiers du comité.Interrogé par le député Francis FALALA sur ce sujet de la prév<strong>en</strong>tion, le ministre de la santéXavier BERTRAND répondait 87 :Réponse - L'<strong>en</strong>quête Louis Harris effectuée auprès <strong>des</strong> médecins généralistes relève quela moitié d'<strong>en</strong>tre eux reconnaît une légitimité possible au <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong> pourexercer un rôle complém<strong>en</strong>taire pour améliorer la prise <strong>en</strong> charge <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts.79 % <strong>des</strong> généralistes s'accord<strong>en</strong>t à dire que la prév<strong>en</strong>tion n'est pas suffisamm<strong>en</strong>tdéveloppée et 77 % que le dépistage de certaines pathologies ou facteurs de risque estinsuffisant. De ce fait, 41 % <strong>des</strong> généralistes verrai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> le <strong>pharmacie</strong>n plus impliquédans ce dépistage. A titre d'exemple du <strong>pharmacie</strong>n comme vecteur de la transmissiond'informations sur un traitem<strong>en</strong>t, les résultats d'étu<strong>des</strong> reconduites <strong>en</strong> 2003 auprès <strong>des</strong>biologistes et <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> pour évaluer la prescription et la surveillancedu traitem<strong>en</strong>t par antivitamines K (AVK) <strong>en</strong> <strong>France</strong> ont montré la nécessité de réaliser ànouveau une campagne sur le bon usage de ces médicam<strong>en</strong>ts: si 80 % <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts sedéclar<strong>en</strong>t informés <strong>des</strong> risques du traitem<strong>en</strong>t, plus de la moitié ne connaiss<strong>en</strong>t toujourspas les signes annonciateurs d'un surdosage; plus de 40 % <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts ignor<strong>en</strong>t <strong>en</strong>corequ'ils doiv<strong>en</strong>t signaler leur traitem<strong>en</strong>t anticoagulant au <strong>pharmacie</strong>n et plus de 58 % aubiologiste; plus de la moitié <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts ne sait pas que l'association du traitem<strong>en</strong>t AVKavec les AINS est déconseillée (54 % <strong>en</strong> 2003 versus 62 % <strong>en</strong> 2000).Concernant les facteurs de risque et s'appuyant sur un exemple étranger, un programmed'une année de suivi par <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns permet de réduire les facteurs de risquesvasculaires chez <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts atteints d'un diabète de type 2, selon une étude australi<strong>en</strong>neparue dans la revue Diabetes Care. Ce programme, qui a montré son efficacité dansd'autres pathologies chroniques, comme l'asthme et les cancers, consiste à dépister,prév<strong>en</strong>ir et résoudre les problèmes iatrogènes (évaluation initiale du pati<strong>en</strong>t par un<strong>pharmacie</strong>n, deux <strong>en</strong>trevues à six et douze mois et évaluations téléphoniques toutes les sixsemaines) afin que les <strong>pharmacie</strong>ns réfléchiss<strong>en</strong>t aux alternatives thérapeutiques etchoisiss<strong>en</strong>t la meilleure option, définiss<strong>en</strong>t un plan de suivi thérapeutique et conseill<strong>en</strong>tles pati<strong>en</strong>ts sur les règles hygiéno-diététiques et l'autosurveillance glycémique. Parailleurs, un décret est actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> concertation afin de mettre <strong>en</strong> place la formationcontinue <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns. Ce texte très att<strong>en</strong>du par la profession sera de nature àaméliorer le rôle du <strong>pharmacie</strong>n dans les actes de prév<strong>en</strong>tion. En tout état de cause, uneréflexion pourrait être m<strong>en</strong>ée sur une évolution du rôle du <strong>pharmacie</strong>n dans ce domaine.Le suivi <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts, la prév<strong>en</strong>tion et le dépistage précoce de maladies à travers las<strong>en</strong>sibilisation et l'accompagnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t aider à diminuer les coûts dusystème de santé. A cet égard, la <strong>pharmacie</strong>, <strong>en</strong> tant que lieu librem<strong>en</strong>t accessible, où unprofessionnel de la santé est prés<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce, joue un rôle important.Cette réponse précise bi<strong>en</strong> les <strong>en</strong>jeux et les possibilités d’action et d’évolution du rôle du<strong>pharmacie</strong>n.86 Comité d’éducation sanitaire et sociale de la <strong>pharmacie</strong> française87 J.O. <strong>des</strong> débats de l’Assemblée nationale du 3 janvier 200645


<strong>La</strong> prév<strong>en</strong>tion et le dépistage sont donc deux domaines où l’organisation de la santé publiqueest <strong>en</strong> fort mouvem<strong>en</strong>t pour développer <strong>en</strong>tre les acteurs de santé <strong>des</strong> réseaux mieux articuléset plus performants. <strong>La</strong> nouveauté de cette action ti<strong>en</strong>t surtout à l’int<strong>en</strong>sité future de laparticipation et à leur insertion plus profonde dans les réseaux d’interv<strong>en</strong>tion.313.- Le <strong>pharmacie</strong>n pr<strong>en</strong>dra une large part au mainti<strong>en</strong> à domicile (MAD)<strong>La</strong> politique de mainti<strong>en</strong> à domicile n’est pas nouvelle : le premier « programme finalisé »(selon le vocabulaire de l’époque) de mainti<strong>en</strong> à domicile <strong>des</strong> personnes âgées a vu le jour <strong>en</strong>1971 ! Mais depuis cette date le sujet a pris beaucoup d’ampleur, notamm<strong>en</strong>t du fait de lapoursuite du vieillissem<strong>en</strong>t de la population. Aujourd’hui la croissance de la population trèsâgée, au delà de 85 ans, pose le problème de l’organisation de l’action publique pour faireface à la dép<strong>en</strong>dance et à l’accompagnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts.Ce sujet est au cœur de l’actualité, puisque l’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns a proposé, dansle cadre du projet de loi de financem<strong>en</strong>t de la sécurité sociale pour 2008, un am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>tcomplétant le code de la santé publique pour fonder l’interv<strong>en</strong>tion du <strong>pharmacie</strong>n d’officinedans cette activité :"Art. L. 5125-24-1 – Les <strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> peuv<strong>en</strong>t proposer, à titre gratuit ou onéreux,aux mala<strong>des</strong> et aux personnes âgées ou handicapées dont la situation le nécessite, <strong>des</strong>services d'aide personnelle favorisant leur mainti<strong>en</strong> à domicile."L’exposé <strong>des</strong> motifs souligne les besoins et la pertin<strong>en</strong>ce de l’interv<strong>en</strong>tion <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>nsparmi les autres professionnels de santé :« Le mainti<strong>en</strong> à domicile <strong>des</strong> personnes mala<strong>des</strong>, âgées ou handicapées est une priorité de lapolitique de santé, et les besoins à satisfaire à cet égard sont considérables.Les <strong>pharmacie</strong>ns <strong>des</strong> 23 000 officines réparties sur tout le territoire, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> milieurural, connaiss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> les personnes concernées et particip<strong>en</strong>t déjà quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t auxactions m<strong>en</strong>ées dans ce domaine. En effet, outre les traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teux, ilsdisp<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t, conformém<strong>en</strong>t à l'article L. 5125-24 du code de la santé publique et à l'arrêté du15 février 2002 pris pour son application, "les matériels, articles et accessoires nécessaires àl'hospitalisation à domicile <strong>des</strong> mala<strong>des</strong> ou au mainti<strong>en</strong> à domicile <strong>des</strong> personnes âgées".Aux côtés de tous les autres interv<strong>en</strong>ants, publics ou privés, qualifiés sur le plan sanitaire etsocial pouvant être mobilisés dans cet objectif, ils doiv<strong>en</strong>t pouvoir, au-delà de la seuledisp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> fournitures ci-<strong>des</strong>sus, participer au développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> services à lapersonne qui contribueront à satisfaire les besoins existants et futurs.Ces services sont notamm<strong>en</strong>t susceptibles de leur être demandés par voie conv<strong>en</strong>tionnelle par<strong>des</strong> organismes de protection sociale, ainsi que l'illustr<strong>en</strong>t plusieurs expérim<strong>en</strong>tations déjàconduites. »Ce sujet a égalem<strong>en</strong>t été abordé lors du congrès national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à Albi (2006) et àSaint-Malo (2007). Les participants ont souligné la légitimité <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à s’<strong>en</strong>gagerdans ces actions de mainti<strong>en</strong> à domicile. <strong>La</strong> proximité de l’officine, avec la prés<strong>en</strong>ce d’un ouplusieurs professionnels de santé de haut niveau, est un atout évid<strong>en</strong>t pour faire face auxbesoins qui se développ<strong>en</strong>t toujours davantage dans ce domaine.46


Un colloque a été organisé par l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns et l’INCA <strong>en</strong> mai 2006 sur le thèmedu développem<strong>en</strong>t de la chimiothérapie à domicile. On reti<strong>en</strong>dra <strong>des</strong> conclusions les pointssuivants : « <strong>La</strong> contribution (du <strong>pharmacie</strong>n) est, par ailleurs, ess<strong>en</strong>tielle pour assurer le bonusage et repérer de nouveaux effets indésirables inconnus ou pour id<strong>en</strong>tifier une fréqu<strong>en</strong>ceanormale d’effets connus. Ils ont là une place privilégiée pour contribuer à lapharmacovigilance de ces traitem<strong>en</strong>ts lourds. C’est aussi au <strong>pharmacie</strong>n d’officine querevi<strong>en</strong>t la réalisation d’une visite de faisabilité au domicile du pati<strong>en</strong>t de la chimiothérapie. Ilest l’interlocuteur privilégié <strong>des</strong> autres professionnels de santé et a un devoir d’alerte et derelais <strong>en</strong>vers ces professionnels » 88 .Un article réc<strong>en</strong>t de « Profession Pharmaci<strong>en</strong> » soulignait : « Par sa proximité avec sacli<strong>en</strong>tèle , le <strong>pharmacie</strong>n peut être un indicateur sur la faisabilité d’une telle prise <strong>en</strong> charge,et ceci <strong>en</strong> association avec le médecin traitant, voire avec le prestataire de service. Le<strong>pharmacie</strong>n peut éduquer l’<strong>en</strong>tourage et le pati<strong>en</strong>ts eux-mêmes, quand cela est possible surles soins et le recours à certaines classes de médicam<strong>en</strong>ts, sur les bénéfice att<strong>en</strong>dus et lespossibles effets indésirables, <strong>en</strong> contradiction parfois avec un mainti<strong>en</strong> à domicile » 89 .Dans le sondage précité UDF/Opinionway, 93% <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns dis<strong>en</strong>t souhaiter s’<strong>en</strong>gagerpersonnellem<strong>en</strong>t dans la coordination du système de soins :« Les <strong>pharmacie</strong>ns souhaitant s’impliquer dans la coordination du système de soinsprivilégi<strong>en</strong>t deux formes d’implication :- un part<strong>en</strong>ariat avec les pati<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> instaurant un réseau de soins avec un mainti<strong>en</strong> àdomicile « Prise <strong>en</strong> charge du pati<strong>en</strong>t à domicile », « réseaux de soins » ;- une coordination <strong>en</strong>tre tous les professionnels de santé (médecins, infirmiers, <strong>pharmacie</strong>ns,etc.) <strong>en</strong> instaurant <strong>des</strong> groupes de travail « Échange d’information <strong>en</strong>tre tous lesprofessionnels de santé », « rapports étroits avec les autres professionnels de santé, <strong>en</strong> faisantpartie d’une chaîne médicale (médecins, <strong>pharmacie</strong>ns, infirmiers, kinés, etc.) ».A propos du vieillissem<strong>en</strong>t, le rapport du Pr Yvon BERLAND soulignait que « la diminution<strong>des</strong> durées de séjour hospitalier implique une progression de l'activité dans d'autres secteurs,comme le secteur médico-social ou le secteur ambulatoire » et donc <strong>des</strong> structures demainti<strong>en</strong> à domicile :« Le vieillissem<strong>en</strong>t global de la population se traduit par un vieillissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> mala<strong>des</strong>, qui,du fait de leurs polypathologies, accroît la demande de soins et transforme égalem<strong>en</strong>t lesmo<strong>des</strong> de prise <strong>en</strong> charge. <strong>La</strong> prise <strong>en</strong> charge <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts âgés, que permet l'évolution <strong>des</strong>techniques et les progrès thérapeutiques pour un nombre grandissant de pathologies, neprés<strong>en</strong>te pas les mêmes caractéristiques que celle <strong>des</strong> mala<strong>des</strong> plus jeunes <strong>en</strong> termes de durée<strong>des</strong> séjours et de structures d'accueil (nécessité de lits d'accueil <strong>en</strong> aval...). D'un autre côté,une prise <strong>en</strong> charge plus globale de la dép<strong>en</strong>dance, incluant les aspects plus sociaux et l’aidequotidi<strong>en</strong>ne, est souhaitée et interpelle directem<strong>en</strong>t certains professionnels de santé. »<strong>La</strong> participation au mainti<strong>en</strong> à domicile impose que les acteurs de santé concernés soi<strong>en</strong>tintégrés dans les “réseaux de santé” de mainti<strong>en</strong> à domicile, nouvelle forme d’organisationqui se développe depuis plusieurs années pour répondre à la multiplicité <strong>des</strong> besoins. Cebesoin d’adhésion à <strong>des</strong> réseaux de santé est noté dans les propositions du livre blanc duCollectif national <strong>des</strong> Groupem<strong>en</strong>ts de <strong>pharmacie</strong>ns d’officine (juin 2006).88 Lettre <strong>des</strong> Nouvelles Pharmaceutiques n°32189 Profession Pharmaci<strong>en</strong> du 28 juin 200747


Dans le sondage UDF/Opinionway, on a posé la question : « Participez vous à un réseau <strong>des</strong>anté hôpital/ville ? ». Réponse : 29% de oui et 68 % de non. Le nombre <strong>des</strong> "oui" est <strong>en</strong>corefaible, mais il est tout de même significatif et peut donner à p<strong>en</strong>ser que si le systèmes’organise, la situation peut rapidem<strong>en</strong>t évoluer dans le s<strong>en</strong>s d’une forte participation.D’ailleurs, <strong>en</strong> réponse à une autre question sur la perception de l’av<strong>en</strong>ir du <strong>pharmacie</strong>n dans lesystème de soins, 90% indiqu<strong>en</strong>t que le <strong>pharmacie</strong>n participera à <strong>des</strong> réseaux :« Les réseaux de santé se distingu<strong>en</strong>t du système classique de prise <strong>en</strong> charge par différ<strong>en</strong>tsélém<strong>en</strong>ts. Un <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts est l'appart<strong>en</strong>ance <strong>des</strong> professionnels qui y adhèr<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> milieuxdiffér<strong>en</strong>ts et <strong>des</strong> zones d'influ<strong>en</strong>ce différ<strong>en</strong>tes. Les professionnels du réseau définiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>semble un projet médical. Ils s'<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t à assumer <strong>des</strong> tâches bi<strong>en</strong> définies et à secoordonner pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> le projet. Le système d'information permet de faciliter leséchanges <strong>en</strong>tre les professionnels et de constituer un dossier médical commun auxinterv<strong>en</strong>ants <strong>des</strong>tinés à suivre le pati<strong>en</strong>t dans le réseau. Les soins prodigués dans le cadre duréseau peuv<strong>en</strong>t justifier un financem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t du schéma classique de la sécurité sociale.Le réseau implique la définition et la mise <strong>en</strong> place d'une évaluation, le système d'informationdoit ainsi permettre de recueillir les données médicales et économiques nécessaires à cetteévaluation » (extrait du rapport BERLAND)A titre d’illustration, on trouvera ci-après de courtes informations sur <strong>des</strong> réseaux auxquelsparticip<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns d’officine.En Loire-Atlantique, plusieurs réseaux fonctionn<strong>en</strong>t :- toxicomanies : participation à la coordination et à la prise <strong>en</strong> charge du pati<strong>en</strong>t toxicomane ;- cancer : le préfet de région a confié la mise <strong>en</strong> œuvre du plan cancer au DRASS et à la MIR.Priorité au développem<strong>en</strong>t de la chimiothérapie à domicile, alternative à l’hospitalisation ;création de réseaux locaux et d’un réseau de coordination. Organisation regroupant médecin,<strong>pharmacie</strong>n et infirmière. Les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine ont adhéré <strong>en</strong> grand nombre et avecintérêt (200 <strong>pharmacie</strong>ns volontaires au départ, qui ont reçu une information et uneformation).In fine, néanmoins, seulem<strong>en</strong>t une quinzaine de <strong>pharmacie</strong>ns ont été prés<strong>en</strong>ts sur le terrain.Des interrogations subsist<strong>en</strong>t aujourd’hui sur le rôle précis du <strong>pharmacie</strong>n et la valeur ajoutéedemandée. <strong>La</strong> réflexion doit <strong>en</strong>core progresser. Mais il faut souligner la motivation <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns, élém<strong>en</strong>t capital pour l’av<strong>en</strong>ir. A noter que le médecin généraliste n’a pas trouvé,lui non plus, très facilem<strong>en</strong>t sa place. Ce qui est fort et net c’est le li<strong>en</strong> qui a été créé <strong>en</strong>tre lesacteurs locaux ; ces li<strong>en</strong>s vont permettre d’autres développem<strong>en</strong>ts.Les responsables locaux <strong>en</strong> tir<strong>en</strong>t quelques conclusions ou réflexions : le nombre de pati<strong>en</strong>tsconcernés a progressé et ils ont exprimé de la satisfaction. Le réseau est vraim<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tré sur lepati<strong>en</strong>t ; son dossier est partagé <strong>en</strong>tre les acteurs du réseau, qui peuv<strong>en</strong>t ainsi agir de façonplus efficace. Mais la chimiothérapie ne doit pas être le but unique : l’idée est d’organiser le"juste soin au juste <strong>en</strong>droit".- gérontologie, mainti<strong>en</strong> à domicile48


En région Midi-Pyrénées, depuis 1999, l’association PHARMASOINS 31 est un membreassocié d’ONCOMIP, réseau d’oncologie sur la région (il n’y a pas <strong>en</strong>core de participation<strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns aux soins, mais cela est prévu). PHARMASOINS 31 est associée au réseaude diabétologie DIAMIP, elle a travaillé à la mise <strong>en</strong> œuvre d’un réseau de nutrition <strong>en</strong>téraleet au réseau de soins palliatifs et de la douleur (<strong>en</strong> 2006, 95 <strong>pharmacie</strong>ns ont participé à laprise <strong>en</strong> charge de leur pati<strong>en</strong>t au sein du réseau).Lors de la réunion organisée par la Fédération <strong>des</strong> syndicats pharmaceutiques de <strong>France</strong> le 27mars 2007, le présid<strong>en</strong>t Pierre LEPORTIER a souligné dans son interv<strong>en</strong>tion qu’il fallaitarticuler cette réflexion sur le mainti<strong>en</strong> à domicile avec la politique <strong>en</strong>gagée par le ministèredu travail sur le développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> services à la personne.Sur les réseaux et leurs financem<strong>en</strong>ts, l’inspection générale <strong>des</strong> affaires sociales a m<strong>en</strong>é une<strong>en</strong>quête dans cinq régions. Cette <strong>en</strong>quête a abouti à un rapport « Contrôle et évaluation dufonds d’aide à a qualité <strong>des</strong> soins de ville (FAQSV) et de la dotation de développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>réseaux » (mai 2006). <strong>La</strong> mission de l’IGAS a analysé <strong>des</strong> réseaux de cancérologie, <strong>des</strong>réseaux diabète, gérontologie, soins palliatifs, périnatalité, perman<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> soins. Après avoirfait de nombreuses observations et critiques sur le fonctionnem<strong>en</strong>t du système, la mission asouligné le besoin de définir à l’échelon national <strong>des</strong> cahiers <strong>des</strong> charges par type de réseaux.Ce point a été repris dans les échanges <strong>en</strong>tre la mission et la direction de l’hospitalisation etde l’organisation <strong>des</strong> soins (DHOS). L’IGAS et la DHOS sont conv<strong>en</strong>ues d’une approchethématique <strong>des</strong> réseaux et systématisée autour d’objectifs définis dans <strong>des</strong> cahiers <strong>des</strong>charges.Ces analyses et ori<strong>en</strong>tations coïncid<strong>en</strong>t avec celles proposées dans le prés<strong>en</strong>t Livre blanc.Elles soulign<strong>en</strong>t l’intérêt <strong>des</strong> actions m<strong>en</strong>ées au plan local, mais égalem<strong>en</strong>t la nécessité defaire la synthèse <strong>des</strong> expérim<strong>en</strong>tations et d’<strong>en</strong> tirer <strong>des</strong> lignes d’action à l’échelon national àtraduire au niveau local.314. - Le <strong>pharmacie</strong>n, ressource pour la protection civile contre les risquessanitaires majeursPar sa répartition homogène sur tout le territoire, par la proximité inégalée que lui permett<strong>en</strong>tses 23 000 implantations, par son accessibilité immédiate, par ses capacités quantitativesd'accueil et par les compét<strong>en</strong>ces qu'il réunit, le réseau officinal représ<strong>en</strong>te un gisem<strong>en</strong>timportant de ressources pour la protection civile. Deux types de rôles peuv<strong>en</strong>t lui êtreassignés à cet égard :a) contribuer à la veille sanitaireLes variations observables, dans le temps et dans l'espace, <strong>des</strong> v<strong>en</strong>tes de certains médicam<strong>en</strong>tspeuv<strong>en</strong>t constituer <strong>des</strong> indicateurs très fiables de l'apparition et du développem<strong>en</strong>t de certainsproblèmes de santé publique. Par exemple, l'évolution <strong>des</strong> v<strong>en</strong>tes de vaccins antigrippauxpermet de suivre au jour le jour la progression d'une épidémie de grippe. Durant l'été 2003, laprogression exceptionnelle <strong>des</strong> v<strong>en</strong>tes de solutés massifs, si elle avait été analysée, auraitmontré <strong>en</strong> temps réel la progression <strong>des</strong> effets de la canicule chez les personnes atteintes dedéshydratation grave ;b) contribuer au traitem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> personnes mala<strong>des</strong>, blessées ou contaminées <strong>en</strong> cas de crisesanitaire (pandémie, accid<strong>en</strong>t nucléaire, bioterrorisme…) :Les officines pourrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet, au niveau national, <strong>en</strong> cas de crise de grande ampleur,accueillir et contribuer à ori<strong>en</strong>ter ou traiter 500 000 pati<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires/jour, par rapportà leur fréqu<strong>en</strong>tation quotidi<strong>en</strong>ne.49


Cette capacité est à comparer à celle <strong>des</strong> services d'urg<strong>en</strong>ce hospitaliers est de 45 000personnes/jour. Les pouvoirs publics devrai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre pleinem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte cette ressourcemajeure dans tous leurs plans de protection civile.32 Conforter par la formation les rôles actuels et nouveaux du<strong>pharmacie</strong>n<strong>La</strong> formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns concerne tous les métiers qui leur sont ouverts, mais on selimitera ici aux aspects les plus pertin<strong>en</strong>ts pour l’officine.Comme cela a été déjà dit, l’accès <strong>en</strong> deuxième année <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de <strong>pharmacie</strong> est limité parun numerus clausus depuis 1980. Ce numerus clausus a contribué à ral<strong>en</strong>tir la croissancedémographique de la profession « passant de plus de 4% par an avant la seconde moitié <strong>des</strong>années 80 à un rythme plus modéré de 1,5 à 2% par an » 90 . L’officine accueille aujourd’hui<strong>en</strong>viron 72% <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns diplômés, proportion <strong>en</strong> baisse continue par rapport à 1990.Les départem<strong>en</strong>ts d’outre-mer connaiss<strong>en</strong>t une situation particulière du fait qu’il n’y a pasd’université dans les DOM. Cela <strong>en</strong>traîne un manque de personnels qualifiés qu’il est difficilede comp<strong>en</strong>ser, compte t<strong>en</strong>u <strong>des</strong> coûts d’accès.Les avis sur la formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns sont très converg<strong>en</strong>ts comme le montr<strong>en</strong>t lesextraits ci-après. En 1994, le rapport de l’<strong>Ordre</strong> sur Le <strong>pharmacie</strong>n à l’horizon 2010consacrait de nombreux développem<strong>en</strong>ts à la formation ; on <strong>en</strong> trouvera <strong>en</strong> annexe quelquesextraits. Dans le discours qu’il avait prononcé pour le lancem<strong>en</strong>t de la réflexion, le présid<strong>en</strong>tJean BRUDON s’était interrogé sur plusieurs points :- d’abord, le niveau de formation du <strong>pharmacie</strong>n d’officine au regard <strong>des</strong> tâches à accompliret les besoins constatés : « S’il ne pr<strong>en</strong>d pas ce virage, s’il devait se comporter <strong>en</strong> simple“distributeur”, si compét<strong>en</strong>t fût-il, <strong>des</strong> produits prescrits, alors j’ai <strong>des</strong> craintes quant aumainti<strong>en</strong> d’un diplôme universitaire de haut niveau pour la <strong>pharmacie</strong> d’officine » ;- <strong>en</strong>suite, l’évolution du métier : « Il n’y aura pas de différ<strong>en</strong>ces fondam<strong>en</strong>tales dans lafonction que devra remplir, selon moi, le <strong>pharmacie</strong>n de 2010 et la fonction qu’il remplitmaint<strong>en</strong>ant, et cela quel que soit le mode d’exercice professionnel choisi ». Mais il ajoutaitpar ailleurs qu’il fallait s’interroger sur la prés<strong>en</strong>ce d’un <strong>pharmacie</strong>n clinici<strong>en</strong> dans chaqueofficine… une telle évolution impliquant à l’évid<strong>en</strong>ce une formation adaptée ;- <strong>en</strong>fin, il mettait l’acc<strong>en</strong>t sur l’insuffisante préparation à l’exercice professionnel.L’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong>, dans un rapport sur le <strong>pharmacie</strong>n et la santé publique <strong>en</strong><strong>France</strong> <strong>en</strong> octobre 2005, constatait que le <strong>pharmacie</strong>n est un <strong>des</strong> acteurs ess<strong>en</strong>tiel de lapolitique de santé publique et qu’il doit amplifier son rôle et ses actions dans ce domaine, cequi implique de développer une formation adéquate. Dans une recommandation,elle souhaitait vivem<strong>en</strong>t « que dans les facultés de <strong>pharmacie</strong> l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la santépublique soit développé et r<strong>en</strong>forcé, tant dans le cursus général <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> et la formationcontinue qu’<strong>en</strong> spécialisation, et que <strong>des</strong> recherches y soi<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ées, <strong>en</strong> liaison avec <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns déjà <strong>en</strong>gagés dans <strong>des</strong> actions de santé publique, pour approfondir lesconnaissances sur les grands thèmes de santé » 91 .90 Marc Collet, publication citée91 On trouvera <strong>en</strong> annexe la liste <strong>des</strong> matières que l’Académie souhaite voir ret<strong>en</strong>ues50


Quelques années auparavant, le sénateur Francis SERUSCLAT, dans un rapport établi<strong>en</strong> 1982, affirmait déjà la nécessité que l’université :- prépare au dialogue dans l‘équipe de santé ;- prépare aux nouvelles nécessités professionnelles ;- ouvre l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t aux nouveaux <strong>en</strong>jeux socio-économiques de la santé. 92Le Comité national d’évaluation <strong>des</strong> établissem<strong>en</strong>ts publics à caractère sci<strong>en</strong>tifique, culturel etprofessionnel (CNE) a établi un rapport « <strong>La</strong> formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> <strong>France</strong> ». Lesconstats et les propositions de ce rapport, bi<strong>en</strong> que datant de 1998, rest<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>td’actualité. Deux exemples :- « Dans les conditions actuelles d'exercice de la profession à l'officine, l'opinionpublique peut s'interroger sur la nécessité de confier à un docteur <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong>, issu d'unelongue formation universitaire, la responsabilité de disp<strong>en</strong>ser <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts alors mêmequ'il paraît travailler à un niveau de qualification inférieure, absorbé qu'il est par d<strong>en</strong>ombreuses formalités administratives affér<strong>en</strong>tes à son exercice dans notre système social, etdans <strong>des</strong> activités extra-pharmaceutiques à caractère uniquem<strong>en</strong>t commercial ».- « Le <strong>pharmacie</strong>n ne doit pas seulem<strong>en</strong>t se préoccuper du médicam<strong>en</strong>t mais surtoutdu type de pati<strong>en</strong>t auquel il est administré. Ceci devrait impliquer une formation pluscomplète dans le domaine de la biologie humaine, normale et pathologique. C'est cette doublepréoccupation qui peut faire de lui, au stade de la délivrance du médicam<strong>en</strong>t, l'expert r<strong>en</strong>dantles services que la société att<strong>en</strong>d de lui. (…) Les officinaux ont besoin de consolider leurimage et de s'ouvrir à de nouveaux services : soins à domicile, suivi <strong>des</strong> personnes âgées...L'élargissem<strong>en</strong>t du champ d'action de l'officine appelle une évolution de ses structures, qu'ils'agisse d'investissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> locaux et matériel ou de l'organisation du travail <strong>en</strong> équipe. Dansun contexte de développem<strong>en</strong>t d'une santé "autogérée”, avec mise à disposition du grandpublic de dictionnaires sur les médicam<strong>en</strong>ts, le <strong>pharmacie</strong>n est appelé à s'intégrer dans <strong>des</strong>équipes de santé plus larges, ne serait-ce que pour <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir son éthique professionnelle : lepremier devoir éthique est celui de la compét<strong>en</strong>ce professionnelle, qui <strong>en</strong>traîne la nécessité,l'obligation, d'une formation perman<strong>en</strong>te ».<strong>La</strong> formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns 93 <strong>en</strong>tre dans une phase nouvelle et importante de sonorganisation par trois voies : le référ<strong>en</strong>tiel métier, la formation initiale et la formationcontinue.92 Extraits <strong>des</strong> têtes de chapitres du rapport93 Élém<strong>en</strong>ts de comparaison europé<strong>en</strong>ne sur la formation et les conditions d’exercice de la profession de<strong>pharmacie</strong>n (Marc Collet dans la publication de la DREES, n°437 octobre 2005).« A bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> égards, le cursus universitaire, les ori<strong>en</strong>tations et <strong>en</strong>jeux professionnels <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> <strong>France</strong>se démarqu<strong>en</strong>t de ceux de leurs confrères europé<strong>en</strong>s.Les spécificités de la formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> <strong>France</strong> par rapport aux autres pays europé<strong>en</strong>s :<strong>La</strong> régulation du nombre de <strong>pharmacie</strong>ns formés, par application d’un numerus clausus, est un mode defonctionnem<strong>en</strong>t relativem<strong>en</strong>t commun aux pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne. Il est alors généralem<strong>en</strong>t fixé par l’Étatet plus rarem<strong>en</strong>t par les universités elles-mêmes, selon leurs capacités d’accueil (Allemagne, Suède).Néanmoins, <strong>en</strong> Belgique, au Royaume-Uni, <strong>en</strong> Italie et aux Pays-Bas, l’accès au cursus de <strong>pharmacie</strong> esttotalem<strong>en</strong>t libre et n’est soumis à aucune sélection, ni numerus clausus. Avec une durée minimale de 6 ans deformation, la <strong>France</strong> apparaît, avec les Pays-Bas, comme l’un <strong>des</strong> pays où les étu<strong>des</strong> de <strong>pharmacie</strong> sont les pluslongues. <strong>La</strong> formation théorique est <strong>en</strong> effet uniformisée à hauteur de 4 ans pour la majorité <strong>des</strong> autres pays del’Union europé<strong>en</strong>ne. Cette différ<strong>en</strong>ce s’explique principalem<strong>en</strong>t par l’importance donnée – à la suite de laréforme LAUSTRIAT – aux stages <strong>en</strong> milieu professionnel (20 à 26 mois <strong>en</strong> <strong>France</strong> alors qu’ils sont de 6 à 12mois dans les autres pays de l’UE). Si la possibilité de se spécialiser <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong> hospitalière est commune àl’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> pays de l’UE – à l’exception de l’Irlande et de l’Autriche – la <strong>France</strong> demeure un <strong>des</strong> rares pays(avec la Belgique) à disp<strong>en</strong>ser une spécialisation <strong>en</strong> biologie médicale. »51


321 - Un outil utile : le référ<strong>en</strong>tiel métier<strong>La</strong> Commission pédagogique nationale travaille à l’élaboration d’un référ<strong>en</strong>tiel métier,comme cela se fait d’ailleurs dans tous les secteurs professionnels. En décrivant les tâches àaccomplir et les compét<strong>en</strong>ces correspondantes, cette démarche doit permettre d’ajuster plusfinem<strong>en</strong>t la formation au métier. Avec les stages, cela permettra de répondre à la critique faitepar le rapport Les Pharmaci<strong>en</strong>s à l'horizon 2010 sur l’insuffisante formation à l’activitéprofessionnelle.Cette ori<strong>en</strong>tation est égalem<strong>en</strong>t celle exposée par le livre blanc du Collectif <strong>National</strong> <strong>des</strong>Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s d'Officine : « Une modification importante de la formationinitiale est nécessaire, avec une adaptation <strong>des</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts disp<strong>en</strong>sés, et notamm<strong>en</strong>t lacréation de modules universitaires spécialisés, l'augm<strong>en</strong>tation de professeurs associés(pratici<strong>en</strong>s) dans les facultés, plus de recherches sur les pratiques professionnelles... <strong>La</strong>Direction Générale de la Santé travaille actuellem<strong>en</strong>t à l'élaboration d'un référ<strong>en</strong>tiel visant àintroduire la notion de prescription dans la formation initiale. D'ores et déjà, un<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de prescription et de disp<strong>en</strong>sation, commun avec les étudiants <strong>en</strong> médecine,existe à la faculté de <strong>pharmacie</strong> de Dijon. Le stage hospitalier de 5e année d'étu<strong>des</strong> joue unrôle important <strong>en</strong> matière de formation à la prescription. De manière plus générale, il estsouhaitable que les professionnels de santé appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à se connaître dès leurs étu<strong>des</strong>, afinqu'ils puiss<strong>en</strong>t se faire une confiance naturelle lorsqu'ils seront <strong>en</strong> exercice. »Le travail réalisé devrait permettre égalem<strong>en</strong>t de fournir les bases pour une év<strong>en</strong>tuelle mise <strong>en</strong>œuvre de la validation <strong>des</strong> acquis de l’expéri<strong>en</strong>ce (VAE), même si l’on voit mal a prioricomm<strong>en</strong>t le dispositif de VAE pourrait s’appliquer pour la partie purem<strong>en</strong>t pharmaceutique.On devrait trouver égalem<strong>en</strong>t dans ce travail <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts pour établir une nom<strong>en</strong>clature <strong>des</strong>actes pharmaceutiques.322.- Une formation initiale concrète et qui prépare au travail <strong>en</strong> équipeNous allons passer au système europé<strong>en</strong> LMD (lic<strong>en</strong>ce, master, doctorat), <strong>en</strong> 2008 ou 2009. Ils’agit d’une évolution positive, favorisant la mobilité possible <strong>des</strong> diplômés français eteuropé<strong>en</strong>s. Ce cycle uniforme <strong>en</strong> Europe obligera cep<strong>en</strong>dant à clarifier et organiser lasituation de ceux qui s’arrêteront à la lic<strong>en</strong>ce ou au master, de façon qu’ils puiss<strong>en</strong>t êtreintégrés dans les carrières existantes ou que <strong>des</strong> passerelles leur permett<strong>en</strong>t de s’<strong>en</strong>gager dansd’autres voies.Pour la commission pédagogique nationale (CPN), qui prépare l’av<strong>en</strong>ir de la formation auxmétiers de la <strong>pharmacie</strong>, il est clair que si l’on doit continuer d’<strong>en</strong>seigner les disciplinesthéoriques ess<strong>en</strong>tielles, il faut <strong>en</strong> outre r<strong>en</strong>forcer les compét<strong>en</strong>ces concrètes.Par ailleurs, une intégration dans <strong>des</strong> équipes de santé implique de donner la priorité à <strong>des</strong>formations <strong>en</strong> commun avec d’autres personnels de santé, notamm<strong>en</strong>t les médecins. Il faut <strong>des</strong>connaissances de spécialiste, mais il faut aussi de façon impérative que ces spécialistes soi<strong>en</strong>tcapables de travailler <strong>en</strong> équipe, au sein de l’officine et avec les médecins libéraux, l’hôpital,les autres professionnels de santé et les associations de pati<strong>en</strong>ts.De manière plus nuancée, il semblerait <strong>en</strong> outre que, par rapport aux autres cursus europé<strong>en</strong>s, les<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts français soi<strong>en</strong>t davantage ori<strong>en</strong>tés vers <strong>des</strong> débouchés possibles <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong> industrielle.52


Il est donc prévu de multiplier les occasions de brassage <strong>des</strong> étudiants <strong>en</strong> santé ; ce sera lecreuset futur de la collaboration locale et de la cohér<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> actions pour le pati<strong>en</strong>t. On nepeut qu’être favorable à l’idée d’une année initiale commune. Par ailleurs, la prise <strong>en</strong> comptede l’activité professionnelle a déjà été largem<strong>en</strong>t réalisée grâce à <strong>des</strong> stages longs. Mais lesdangers <strong>des</strong> stages mal <strong>en</strong>cadrés sont bi<strong>en</strong> connus. Tout dép<strong>en</strong>d de la qualité du maître <strong>des</strong>tage, de son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t et de ses qualités pédagogiques ; cette question a été largem<strong>en</strong>ttraitée par l’arrêté du 14 août 2003, qui prévoit un agrém<strong>en</strong>t par l’université après avis duconseil régional de l’<strong>Ordre</strong>. 94<strong>La</strong> fonction de maître de stage mérite une formation ad hoc. Elle existe déjà dans certainesuniversités ; c’est évidemm<strong>en</strong>t une pratique à développer. <strong>La</strong> profession a d’ailleurs pris <strong>des</strong>initiatives pour s’assurer que les maîtres de stage sont compét<strong>en</strong>ts, motivés et disponibles 95 .Le Conseil national d’Evaluation souligne : « Un groupe de travail, sous l'autorité du présid<strong>en</strong>tdu Conseil c<strong>en</strong>tral <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns titulaires <strong>d'officine</strong>, a élaboré un "Guide du stage depratique professionnelle <strong>en</strong> officine", remarquablem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> fait, qui rappelle, outre lesdispositions réglem<strong>en</strong>taires, les gran<strong>des</strong> bases <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts et autres produits, mais aussi lesincompatibilités médicam<strong>en</strong>teuses majeures, les bonnes pratiques <strong>des</strong> préparations, et donne unebibliographie, sans oublier les dispositions relatives à la protection sociale ».Pour améliorer l’articulation <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et le métier officinal, il faudrait pouvoirrecruter <strong>des</strong> professeurs d’université ayant une expéri<strong>en</strong>ce d’activité officinale.Pour la prise <strong>en</strong> compte <strong>des</strong> nouvelles tâches, on m<strong>en</strong>tionnera, à titre d’exemple, le travailréalisé par l’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns avec l’Institut <strong>National</strong> du Cancer : un rapport aété réalisé sur « la pertin<strong>en</strong>ce d’un projet de formation professionnelle concernantl’appropriation du Plan cancer par les <strong>pharmacie</strong>ns de <strong>pharmacie</strong>s à usage intérieur etofficinaux. » 96On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d fréquemm<strong>en</strong>t qu’il faudrait mettre d’avantage d’acc<strong>en</strong>t sur la gestion de l’officine.<strong>La</strong> situation semble très différ<strong>en</strong>te d’une université à l’autre, dans la mesure où il s’agit d’uneoption. Certaines (Lille par exemple) font appel à <strong>des</strong> experts-comptables. L’idée de créer unmaster sur ce thème de la gestion officinale pourrait être avantageusem<strong>en</strong>t considérée.323 – L'obligation de formation continueL’<strong>Ordre</strong>, avec le souti<strong>en</strong> <strong>des</strong> autres organisations professionnelles de l’officine, <strong>en</strong>courage laformation pharmaceutique continue à travers un Haut comité de la formation pharmaceutiquecontinue qui fonctionne depuis plus d'une quinzaine d’années. Le HCFPC attribue unagrém<strong>en</strong>t aux formations qui lui sont soumises et qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les garanties sci<strong>en</strong>tifiqueset/ou techniques que les <strong>pharmacie</strong>ns sont <strong>en</strong> droit d’<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre. Un “livret de formationcontinue” diffusé par l’<strong>Ordre</strong> permet aux <strong>pharmacie</strong>ns, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant la mise <strong>en</strong> œuvre dudispositif légal, de conserver la trace <strong>des</strong> formations qu’ils ont suivies.94 Voir égalem<strong>en</strong>t sur les stages le rapport du CNE, page 5695 Par exemple l’organisation d’un collège <strong>des</strong> maîtres de stage, rassemblant l’<strong>Ordre</strong> au niveau régional etl’université. Docum<strong>en</strong>ts consultés : compte r<strong>en</strong>du de l’assemblée générale du collège <strong>des</strong> maîtres de stage deMidi-Pyrénées et convocation aux formations de maître de stage à la faculté de <strong>pharmacie</strong> - février 200796 Rapport du Dr Brigitte BONAN « pertin<strong>en</strong>ce d'un projet de formation professionnelleconcernant l'appropriation du plan cancer par les <strong>pharmacie</strong>ns de <strong>pharmacie</strong> à usage intérieur et officinaux »avril 200653


Cep<strong>en</strong>dant, quel que soit l'intérêt de ce dispositif volontaire, il faut passer désormais à unstade supérieur. Le principe d’une formation continue obligatoire est bi<strong>en</strong> compris par tous 97 ,qu’il s’agisse <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns ou <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, qui sont probablem<strong>en</strong>t rassurés par cett<strong>en</strong>ouvelle preuve de compét<strong>en</strong>ce. Les sondages vont dans le même s<strong>en</strong>s :« <strong>La</strong> très grande majorité <strong>des</strong> répondants est favorable à l’obligation de formation : laplupart ont déjà participé à une formation, et dans 70% <strong>des</strong> cas celle-ci s’est avérée répondreà leur besoin. En moy<strong>en</strong>ne elles sont jugées adaptées, simples et assez complètes même s’ilexiste <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre <strong>pharmacie</strong>ns, les femmes sont plus positives et les formationssembl<strong>en</strong>t mieux adaptées aux gran<strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s et plus simples pour les <strong>pharmacie</strong>ns quepour les autres employés ». 98Le CNGPO exprime une position très proche : « Un r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la formation continuespécifique est indisp<strong>en</strong>sable à la prescription, cette dernière pouvant être commune aux<strong>pharmacie</strong>ns et médecins, selon <strong>des</strong> modalités de financem<strong>en</strong>t à préciser. Les laboratoirespharmaceutiques jou<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un rôle important dans la formation continue etl'information du <strong>pharmacie</strong>n sur les nouveaux produits (maladies graves, médicam<strong>en</strong>ts debi<strong>en</strong> être et du quotidi<strong>en</strong>). Ils l'accompagn<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t dans sa mission d'éducation <strong>des</strong>anté. L'objectif est de développer le rôle du <strong>pharmacie</strong>n comme maillon dans la chaînemédecin-pati<strong>en</strong>t, et d'améliorer ses connaissances pour la prise <strong>en</strong> charge <strong>des</strong> pathologiesmajeures liées aux priorités de santé publique ».Dès 1994, le code de déontologie <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns a fait de la formation continue un devoirprofessionnel. Depuis la loi du 4 mars 2002 relative aux droits <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts et à la qualité dusystème de santé, cette formation est égalem<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ue une obligation légale. Elle figureégalem<strong>en</strong>t dans la conv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>tre l’UNCAM et les syndicats de <strong>pharmacie</strong>ns (article 22).<strong>La</strong> formation pharmaceutique continue a pour but « le perfectionnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> connaissances etl'amélioration du service r<strong>en</strong>du aux pati<strong>en</strong>ts ». Plusieurs structures doiv<strong>en</strong>t voir le jour pour<strong>en</strong>cadrer sa mise <strong>en</strong> oeuvre : le Conseil national de la formation pharmaceutique continue, quidéfinira les ori<strong>en</strong>tations nationales de la FPC, les thèmes prioritaires, les règles de validation<strong>des</strong> organismes de formation, et qui agréera ces derniers ; les Conseils régionaux ouinterrégionaux de la formation pharmaceutique continue, qui délivreront tous les cinq ans lesattestations du respect de l’obligation de se former.Cep<strong>en</strong>dant, plus de cinq ans après la loi du 4 mars 2002, les textes réglem<strong>en</strong>taires ne sonttoujours pas complets. Les conseils ne sont toujours pas constitués et leurs futurs moy<strong>en</strong>s defonctionnem<strong>en</strong>t toujours pas précisés. Cette situation injustifiable doit pr<strong>en</strong>dre fin au plus vite.324.- Vers un "développem<strong>en</strong>t pharmaceutique continu"Suivre régulièrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> formations professionnelles, sous <strong>des</strong> formes diverses, c'est bi<strong>en</strong>.Mais choisir judicieusem<strong>en</strong>t ses axes de formation à partir de besoins professionnelspréalablem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiés et <strong>en</strong> évaluer <strong>en</strong>suite les acquis dans la pratique du métier, c'estmieux.97 Cf. l’<strong>en</strong>quête précitée du master "Marketing de la santé" : la plupart <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns et préparateurs <strong>en</strong><strong>pharmacie</strong> interrogés ont déjà participé à une formation et, dans 70% <strong>des</strong> cas, celle-ci s’est avérée répondre àleur besoin. En moy<strong>en</strong>ne les formations sont jugées adaptées, simples et assez complètes, même s’il existe <strong>des</strong>différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les <strong>en</strong>quêtés : les femmes sont plus satisfaites et les formations sembl<strong>en</strong>t mieux adaptées auxgran<strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s. Elles paraiss<strong>en</strong>t plus simples pour les <strong>pharmacie</strong>ns que pour les autres employés. <strong>La</strong> trèsgrande majorité <strong>des</strong> répondants est favorable à l’obligation de formation.98 Ibid.54


<strong>La</strong> combinaison <strong>des</strong> deux élém<strong>en</strong>ts – évaluation individuelle <strong>des</strong> besoins et formationcontinue – pour former tout au long de la carrière une boucle périodiquem<strong>en</strong>t répétée(évaluation/formation/réévaluation) constitue désormais le schéma officiellem<strong>en</strong>t adopté pour<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir la compét<strong>en</strong>ce professionnelle <strong>des</strong> professions de santé dans plusieurs pays avancés(Canada, Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie…).En <strong>France</strong>, cette notion n'a pas <strong>en</strong>core clairem<strong>en</strong>t émergé, bi<strong>en</strong> que, pour le corps médical, lesdeux branches de l'obligation (dites "formation médicale continue" et "évaluation individuelle<strong>des</strong> pratiques professionnelles") soi<strong>en</strong>t prévues, respectivem<strong>en</strong>t par les lois du 4 mars 2002 etdu 13 août 2004 (art. L. 4133-1 et L. 4133-1-1 du code de la santé publique).L'équival<strong>en</strong>t n'existe pas <strong>en</strong>core pour les <strong>pharmacie</strong>ns, mais c'est à l'évid<strong>en</strong>ce la voie danslaquelle il faut s'<strong>en</strong>gager pour que le nécessaire effort de formation continue auquel ils sontappelés produise ses meilleurs résultats.Sous cet angle, le retard <strong>en</strong>registré dans la mise <strong>en</strong> œuvre de "l'obligation de formationpharmaceutique continue" prévue par la loi du 4 mars 2002 pourrait se transformer <strong>en</strong> uneopportunité à saisir : compléter cette loi pour organiser de façon cohér<strong>en</strong>te les conditions d'unvéritable développem<strong>en</strong>t pharmaceutique continu.33 Ces nouvelles missions requièr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> approches concertéesa) Au niveau national331. – <strong>La</strong> collaboration avec les part<strong>en</strong>aires de santé conditionne touteévolutionIl y a manifestem<strong>en</strong>t un fort décalage <strong>en</strong>tre la vision de l’av<strong>en</strong>ir qu’exprim<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plusla profession et ceux qui connaiss<strong>en</strong>t l’officine – l’évolution vers le métier élargi évoqué ci<strong>des</strong>sus– et ce que p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t beaucoup d’interlocuteurs extérieurs, qui font preuve à ce sujet <strong>des</strong>cepticisme, voire d’opposition. C’est souv<strong>en</strong>t le cas chez les médecins : certains peuv<strong>en</strong>tavoir le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’une sorte d’agression, pour leur pr<strong>en</strong>dre une part de leur travail, alorsqu’il s’agit au contraire de les épauler <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte quelques unes <strong>des</strong> difficultésauxquels ils sont confrontés 99 .Un large travail d’explication s’impose donc pour montrer qu’il s’agit d’une ori<strong>en</strong>tationimposée par une évolution lourde de la société et du système de santé, pour que ce systèmes’adapte aux nouvelles réalités : la démographie <strong>des</strong> professionnels comme l’intérêt d’unepopulation âgée de plus <strong>en</strong> plus nombreuse.Autre scepticisme, d’un autre g<strong>en</strong>re : celui <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts qui connaiss<strong>en</strong>t et appréci<strong>en</strong>t le<strong>pharmacie</strong>n et sa compét<strong>en</strong>ce dans son rôle traditionnel mais qui s’interrog<strong>en</strong>t sur soninterv<strong>en</strong>tion dans de nouvelles tâches. Un large effort de communication sera à <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>drelà aussi.99 Le rapport « Le métier de <strong>pharmacie</strong>n : cont<strong>en</strong>u et perspectives du rôle de premier recours (FrançoiseMARIN, Eve MARIN, Auryane BARRANCOS (ONDPS et Bernard BRUNHES Consultants - janvier 2006)paraît plus positif : « Globalem<strong>en</strong>t, le <strong>pharmacie</strong>n est vu comme un professionnel appelé à jouer un rôle accrudans l’offre de soins du fait de la future pénurie de médecins et <strong>des</strong> <strong>en</strong>jeux économiques liés à maîtrise <strong>des</strong>dép<strong>en</strong>ses de santé. 50% <strong>des</strong> médecins interrogés désir<strong>en</strong>t même voir s’accroître ce rôle de premier recours. »55


Il faut comm<strong>en</strong>cer par un travail technique précis, au plan national, avec l’administration etles part<strong>en</strong>aires concernés, notamm<strong>en</strong>t les médecins, visant à établir la liste <strong>des</strong> actes que le<strong>pharmacie</strong>n pourrait accomplir dans les domaines évoqués ci-<strong>des</strong>sus.Cet exam<strong>en</strong> à m<strong>en</strong>er, tâche par tâche, devrait pouvoir s’appuyer sur les travaux de la missionBERLAND, avec tous les spécialistes qui y ont collaboré. En font partie ceux qui particip<strong>en</strong>taux expérim<strong>en</strong>tations conduites <strong>en</strong> commun par la HAS et l’ONDPS. A ce sujet, il fautconstater qu’aujourd’hui, les expérim<strong>en</strong>tations <strong>en</strong> cours ne font guère de place au <strong>pharmacie</strong>nofficinal.Il ne s’agit pas d’une critique – les équipes <strong>en</strong> cause sont largem<strong>en</strong>t sollicitées – mais d’unconstat : l’officine n’est pas aujourd’hui au cœur de la réflexion sur la nouvelle organisationde la santé. Elle doit s’y intégrer.Une fois la liste <strong>des</strong> tâches établie, il faudrait, au plan national, pour chacun <strong>des</strong> actescorrespondants, négocier avec les part<strong>en</strong>aires pour décrire de façon précise leur mise <strong>en</strong>œuvre. Cette réflexion doit avoir d’abord un aspect technique 100 mais, comme nous le verronsplus loin, elle aura nécessairem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> implications financières.b) Avec l’hôpitalParmi les part<strong>en</strong>aires de santé figure évidemm<strong>en</strong>t l’hôpital. Les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre l’officine etl’hôpital sont dans l’<strong>en</strong>semble aujourd’hui 101 trop lâches et insuffisamm<strong>en</strong>t organisés, alorsmême que de nombreux médicam<strong>en</strong>ts naguère réservés à l’hôpital sont maint<strong>en</strong>ant disp<strong>en</strong>sés<strong>en</strong> officine et que nombreux pati<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t être hospitalisés, parfois de façon répétée.Tous les acteurs s’accord<strong>en</strong>t pour estimer que les équipes de santé, quel que soit leurrattachem<strong>en</strong>t, doiv<strong>en</strong>t se connaître et travailler <strong>en</strong>semble régulièrem<strong>en</strong>t. C’est à la fois unequestion de culture, d’organisation et de temps.Les professionnels de santé manqu<strong>en</strong>t d’une culture commune, comme le soulignait laCommission pédagogique nationale de la première année <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de santé, dans sonrapport remis le 20 juillet 2007 au ministre de l’éducation nationale, citant le rapport duPr Yvon Berland dans son rapport de 2002 (p. 94) : « Un <strong>des</strong> obstacles majeurs qui ral<strong>en</strong>titassurém<strong>en</strong>t la coopération <strong>en</strong>tre les professionnels de la santé reste le cloisonnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>cadres de formation qui peuv<strong>en</strong>t être l’université, une école ou un institut dont les contourssont variables. L’idée d’une culture commune <strong>en</strong>tre professionnels de la santé s’est imposéecomme l’un <strong>des</strong> principes fondam<strong>en</strong>taux d’une réforme. »100 Par exemple, au Royaume-Uni, <strong>des</strong> fiches techniques décriv<strong>en</strong>t les possibilités de prescription suivantes :Primary CareProvision of medicines for travel health in community <strong>pharmacie</strong>s;Managem<strong>en</strong>t of pati<strong>en</strong>ts with hypert<strong>en</strong>sion by community pharmacists;Diabetes and weight managem<strong>en</strong>t;Acute CareManagem<strong>en</strong>t of chronic pain in an outpati<strong>en</strong>t setting;Prescribing for discharge from hospital;Prescribing pati<strong>en</strong>ts’ medication on their pre-admission visit to hospital;Dose adjustm<strong>en</strong>t by pharmacist prescribers;Prescribing of medicines to pati<strong>en</strong>ts with HIV related diseases in virtual clinics.Exploration of Models for Prescribing -Working Towards a Strategy for Pharmacist Prescribing in London; London,Eastern and South East Specialist Pharmacy Services - London Pharmacist Prescribing Project - Jane Nichols - 2007101 Cf. Commission de démographie médicale présidée par le Pr Yvon BERLAND - avril 200556


Autre rapport, celui sur la démographie médicale : « Quel que soit le numerus clausus, lestr<strong>en</strong>te prochaines années seront marquées par une diminution <strong>des</strong> effectifs médicaux etchaque acteur générera dans les établissem<strong>en</strong>ts hospitaliers une production de soins moindreque celle <strong>des</strong> années antérieures. (…) Il convi<strong>en</strong>t donc d’<strong>en</strong>visager au plus vite, dans unpremier temps dans les établissem<strong>en</strong>ts de santé publics et privés, la délégation de tâches et lacollaboration <strong>des</strong> professionnels de santé <strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifiant, domaine de santé par domaine <strong>des</strong>anté, les métiers non existants qu’il convi<strong>en</strong>t de faire émerger au travers d’une formationuniversitaire. Ces nouveaux acteurs collaboreront avec les différ<strong>en</strong>ts spécialistes médicaux etchirurgicaux qui pourront ainsi se rec<strong>en</strong>trer sur leur cœur de métier et sur <strong>des</strong> missionsqu’eux seuls peuv<strong>en</strong>t exercer, au regard de leurs neuf à onze ans de formation ».Différ<strong>en</strong>ts facteurs vont pousser à <strong>des</strong> rapprochem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre l’hôpital et la ville : d’abord aucours de la formation initiale, les pério<strong>des</strong> d’étu<strong>des</strong> et de stages <strong>en</strong> commun devrai<strong>en</strong>tpermettre de faciliter les contacts. Cette logique se poursuivra avec la formation continue quidevrait être égalem<strong>en</strong>t conçue pour favoriser ces rapprochem<strong>en</strong>ts. Les développem<strong>en</strong>ts dumainti<strong>en</strong> à domicile et de l’hospitalisation à domicile devrai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter uneforte incitation au travail <strong>en</strong> commun.On a parlé ci-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s à établir à la faveur du Dossier pharmaceutique. C’est un pointimportant : il doit y avoir logiquem<strong>en</strong>t une concertation pour la continuité et la sécurité <strong>des</strong>soins. Elle sera profitable pour tous, à comm<strong>en</strong>cer par le pati<strong>en</strong>t.Les réseaux de santé fonctionn<strong>en</strong>t sur cette idée de collaboration quotidi<strong>en</strong>ne ; ils peuv<strong>en</strong>tavoir <strong>des</strong> problèmes de fonctionnem<strong>en</strong>t, mais l’idée de base, la prise <strong>en</strong> charge d’un pati<strong>en</strong>tpar une équipe pluridisciplinaire n’est pas contestable.c) Travailler <strong>en</strong>semble au niveau localPasser <strong>des</strong> schémas de principe au plan national à la réalité de terrain implique une phasecomplém<strong>en</strong>taire de vérification de l’adaptation au terrain : quels sont les besoins concrets ?Sont-ils susceptibles d’être couverts pas les projets <strong>en</strong>visagés ? Les <strong>pharmacie</strong>ns sont-ilsdisponibles, sont-ils volontaires et formés aux nouvelles tâches ? Les médecins sont-ilségalem<strong>en</strong>t partants ?Les structures administratives et instances de concertation dans le domaine de la santé se sontmultipliées au cours <strong>des</strong> dernières années 102 ; cette évolution va continuer. Il va falloirid<strong>en</strong>tifier le ou les lieux les plus appropriés pour faire avancer les projets. Aujourd’hui, cepourrait être la Mission Régionale Santé (MRS). Demain, ce sera sans doute l’ARS (ag<strong>en</strong>cerégionale de santé) qui devrait logiquem<strong>en</strong>t regrouper l’ess<strong>en</strong>tiel <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces d’étude etde régulation à l’échelon régional.<strong>La</strong> profession officinale devrait organiser une veille active pour contribuer à id<strong>en</strong>tifier lesbesoins de santé émerg<strong>en</strong>ts et les priorités au plan régional et local. A chaque fois qu’unbesoin de santé est clairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifié, il faut s’interroger sur la contribution possible du<strong>pharmacie</strong>n d’officine dans les actions à <strong>en</strong>gager : c’est dans la conception, puis ladémonstration, de cette valeur ajoutée que la profession trouvera les moy<strong>en</strong>s de construire sonav<strong>en</strong>ir.102 Cf. Isabelle ADENOT : Les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine à l’épreuve du territoire – bulletin de l’<strong>Ordre</strong> n° 391juillet 200657


Pour certaines officines, se lancer dans une nouvelle activité fera émerger le besoin derecrutem<strong>en</strong>t d’un nouveau <strong>pharmacie</strong>n adjoint ou d’un autre collaborateur… Un poste àpartager, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre plusieurs officines ?Mais la réussite d’un réseau ne se décrète pas. <strong>La</strong> condition-clé, <strong>en</strong> plus de disposer demoy<strong>en</strong>s minima pour son fonctionnem<strong>en</strong>t, est de bâtir progressivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre ses membres,par une connaissance mutuelle dans le travail quotidi<strong>en</strong>, le respect et la confiance quidécoul<strong>en</strong>t d’une valeur ajoutée indiscutable. Rappelons qu’il existe sur le terrain d<strong>en</strong>ombreuses expéri<strong>en</strong>ces auxquelles <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns ont participé, il faut <strong>en</strong> faire la synthèseet s’<strong>en</strong> servir pour bâtir les référ<strong>en</strong>tiels évoqués ci-<strong>des</strong>sus 103 .332) Faire de l’acte pharmaceutique un <strong>des</strong> fondem<strong>en</strong>ts de larémunération officinale ?On a m<strong>en</strong>tionné, au début de ce Livre blanc, “l’invisibilité” de l’acte professionnel du<strong>pharmacie</strong>n. Au niveau national, l’assurance maladie comptabilise une masse financière pourla disp<strong>en</strong>sation à l’officine, mais elle ne voit pas beaucoup plus que cette masse. Certes, unprogrès pot<strong>en</strong>tiel a été réalisé avec la conv<strong>en</strong>tion nationale l’UNCAM-syndicats, puisquecertaines composantes de l’acte sont désignées. Mais cette conv<strong>en</strong>tion ne leur assigne pas devaleur définie.Il faut y rev<strong>en</strong>ir car l’acte pharmaceutique sera au c<strong>en</strong>tre de l’évolution à v<strong>en</strong>ir de l’officine.S’il doit pr<strong>en</strong>dre toute l’ampleur qu’appell<strong>en</strong>t les besoins du système de santé, comm<strong>en</strong>t serat-ilreconnu et valorisé ? Deux approches sont a priori possibles.Dans une première approche, les nouveaux services – une fois définis et organisés avec lesautres professionnels de santé et les pouvoirs publics – vi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t s’ajouter purem<strong>en</strong>t etsimplem<strong>en</strong>t à l’activité traditionnelle et à sa rémunération. Dès lors, il faudrait trouver <strong>des</strong>moy<strong>en</strong>s de financem<strong>en</strong>t nouveaux pour rémunérer ces nouvelles tâches. Cette voie a été déjàempruntée (substitution <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts génériques). Cep<strong>en</strong>dant trouvera-t-on <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>snets supplém<strong>en</strong>taires à la hauteur de l’<strong>en</strong>jeu, alors que l’assurance maladie est <strong>en</strong> situation trèsdifficile ? Sans doute peut-on rechercher certains concours locaux, mais par définition limitésà quelques actes et quelques officines.L’autre possibilité serait de profiter de la nécessité de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte de nouveauxservices pour considérer de façon distincte les deux composantes inhér<strong>en</strong>tes à l’activitéofficinale : la v<strong>en</strong>te <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts d’une part et l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> services spécifiques r<strong>en</strong>dus,aux pati<strong>en</strong>ts individuellem<strong>en</strong>t ou à la santé publique ; d’autre part.Il faudrait, dans ce cas, définir un certain nombre d'actes (sci<strong>en</strong>tifiques, techniques,relationnels, administratifs…) accomplis ou à accomplir à l’officine : la disp<strong>en</strong>sation, laconcertation avec le médecin, le suivi du pati<strong>en</strong>t et l’observance, la contribution à lapharmacovigilance, l’interv<strong>en</strong>tion au domicile du pati<strong>en</strong>t, la prév<strong>en</strong>tion, certains dépistages, ettous actes particuliers év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t requis par le pati<strong>en</strong>t. 104103 Quelques exemples ont été donnés ci-<strong>des</strong>sus.104 Cf. liste <strong>en</strong> vue d’une nom<strong>en</strong>clature proposée par le Conseil c<strong>en</strong>tral de la section D de l’ordre <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns :- disp<strong>en</strong>sation d’une ordonnance et conseils associés ;- concertation avec le médecin, opinion pharmaceutique ;- détection d’interactions, refus de délivrance ;- bilan avec le pati<strong>en</strong>t dans le cas de pathologies chroniques : surcharge pondérale, hypert<strong>en</strong>sion, diabète, insuffisancerespiratoire… ;58


Ensuite, il faudrait évaluer leur coût de revi<strong>en</strong>t ainsi que le bénéfice pour la santé publiquecomme pour l’assurance maladie, <strong>en</strong> vue de leur valorisation.Pourrait-on alors répartir les rev<strong>en</strong>us de l’officine <strong>en</strong>tre la partie “mise à disposition <strong>des</strong>médicam<strong>en</strong>ts”, rémunérée sous forme de marge compte t<strong>en</strong>u <strong>des</strong> charges inhér<strong>en</strong>tes à toute<strong>en</strong>treprise de distribution au détail, et certains actes rémunérés <strong>en</strong> tant que tels, sur la based'une nom<strong>en</strong>clature ?On mesure bi<strong>en</strong> que cette réflexion <strong>en</strong>gage un <strong>en</strong>jeu considérable pour l’officine. Il fautavancer prudemm<strong>en</strong>t, pas à pas. Une réflexion approfondie s’impose ; elle doit impliquertoute la profession. Mais si le débat sur l’acte pharmaceutique, sa <strong>des</strong>cription, sa valorisation,sa rémunération n’est pas ouvert aujourd’hui, il le sera un jour.Les conditions seront-elles plus favorables demain ? Le rec<strong>en</strong>trage nécessaire de l’exercicesur les besoins du pati<strong>en</strong>t justifie que ce débat s’<strong>en</strong>gage maint<strong>en</strong>ant. L’officine ne trouvera laplace qu’elle mérite dans le système de santé que dans un cadre clarifié.Les associations de pati<strong>en</strong>ts compt<strong>en</strong>t beaucoup sur l’officine et souhait<strong>en</strong>t qu’elle joue unrôle plus important, mais elles veul<strong>en</strong>t être sûres de s’adresser à un professionnel de santé,reconnu sans ambiguïté dans une dim<strong>en</strong>sion soignante élargie.A l’étranger l’approche fondée plus ou moins largem<strong>en</strong>t sur un acte pharmaceutique id<strong>en</strong>tifiéfonctionne parfois depuis longtemps. Par exemple, l’émission d’une opinion pharmaceutiqueou le refus de délivrer sont <strong>des</strong> actes rémunérés au Québec. <strong>La</strong> Belgique a adopté récemm<strong>en</strong>t(2 mars 2007) un nouveau système de rémunération du <strong>pharmacie</strong>n d’officine, qui inclut unsystème d’honoraires fondé sur <strong>des</strong> actes pharmaceutiques. Au Royaume-Uni, le <strong>pharmacie</strong>nperçoit égalem<strong>en</strong>t un honoraire pour analyser le bon usage <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts par le pati<strong>en</strong>t(medicine use review) ainsi que pour le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t d'ordonnances dans le cas detraitem<strong>en</strong>ts chroniques. En Allemagne, depuis 2004, l'une <strong>des</strong> plus importantes caissesd'assurance maladie pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge certains services assurés par le "<strong>pharmacie</strong>n de famille",tels que la réalisation de tests de la glycémie ou du cholestérol.Enfin, observons que l’assurance maladie n’est, <strong>en</strong> <strong>France</strong>, pas seule à être concernée par lesquestions de financem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> actes pharmaceutiques. Des organismes privés (compagniesd’assurances, mutuelles), mais égalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> collectivités publiques peuv<strong>en</strong>t souhaiter mettre<strong>en</strong> œuvre <strong>des</strong> actions faisant appel au <strong>pharmacie</strong>n. On <strong>en</strong> a vu <strong>des</strong> exemples dans l’actualitéréc<strong>en</strong>te. Le travail qui aura pu être fait pour décrire les actes pharmaceutiques faciliteragrandem<strong>en</strong>t les relations <strong>en</strong>tre ces actuels ou év<strong>en</strong>tuels part<strong>en</strong>aires. Il n’est, <strong>en</strong> tout cas, paspossible de considérer que ces actes pourrai<strong>en</strong>t être gratuits. Dans une <strong>en</strong>treprise – etl’officine est une <strong>en</strong>treprise – <strong>des</strong> tâches sans coût n’exist<strong>en</strong>t pas. Sur ce point aussi,l’expéri<strong>en</strong>ce accumulée hors de nos frontières est éclairante. Toute nouvelle missionimportante doit se traduire financièrem<strong>en</strong>t, sous peine de rester à l’état de vœu.- rappel <strong>des</strong> règles hygiéno-diététiques ;- rappel <strong>des</strong> CI et effets indésirables <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts ;- rappel sur l’intérêt de l’observance ;- mise <strong>en</strong> œuvre d’une démarche d’assurance qualité ;- sécurisation de la chaîne du froid ;- éducation et prév<strong>en</strong>tion sanitaires ;- soins d’urg<strong>en</strong>ce ;- prise <strong>en</strong> charge <strong>des</strong> conduites addictives ;- validation <strong>des</strong> préparations magistrales ;- préparation <strong>des</strong> doses à administrer ;- mise à disposition de matériel médical ;- visite au domicile <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts et accompagnem<strong>en</strong>t thérapeutique.59


IV – Promouvoir une <strong>en</strong>treprise officinale r<strong>en</strong>ouveléeUne plus grande contribution de l’officine à la santé locale appellera <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts dans sastructure et son fonctionnem<strong>en</strong>t. Il faut <strong>en</strong> avoir consci<strong>en</strong>ce. Certaines habitu<strong>des</strong> ou règles <strong>en</strong>vigueur aujourd’hui devront être revues : à terme, il faudra une formation plus proche del’expéri<strong>en</strong>ce hospitalière, plus de personnels dans les officines, <strong>des</strong> locaux mieux adaptés, <strong>des</strong>rapprochem<strong>en</strong>ts divers <strong>en</strong>tre elles pour faire face aux nouvelles tâches, de nouvelles pratiquesde communication et peut-être de concurr<strong>en</strong>ce.41 Un fonctionnem<strong>en</strong>t qui combine éthique et effici<strong>en</strong>ce411 L’adéquation <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s humainsLes questions relatives au personnel revêt<strong>en</strong>t une importance majeure. Le rapport « Le<strong>pharmacie</strong>n à l’horizon 2010 » le soulignait déjà : « <strong>La</strong> gestion du personnel doit dev<strong>en</strong>ir unepriorité pour le <strong>pharmacie</strong>n d’officine ».a) <strong>La</strong> constitution d’une équipe suffisanteLe développem<strong>en</strong>t du suivi pharmaceutique implique de plus <strong>en</strong> plus les <strong>pharmacie</strong>ns,titulaires et adjoints 105 . Il est dev<strong>en</strong>u de plus <strong>en</strong> plus difficile, et parfois impossible, d’assumerseul la responsabilité d’une officine. Dès que l’activité grandit, il faut constituer une équipe.Les pati<strong>en</strong>ts sont att<strong>en</strong>tifs à l’accueil du <strong>pharmacie</strong>n, il y a eu quelques plaintes, <strong>en</strong> casd’abs<strong>en</strong>ces, ce qui montre l’attachem<strong>en</strong>t du public à une officine de qualité et à un service deconseil pharmaceutique suffisamm<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t.Parallèlem<strong>en</strong>t, la carrière officinale se trouve confrontée à <strong>des</strong> rétic<strong>en</strong>ces : les <strong>pharmacie</strong>ns quila choisiss<strong>en</strong>t à la fin du cursus universitaire sont proportionnellem<strong>en</strong>t moins nombreux qu’ily a quelques années. Le rapport DGEFP/CEP souligne pour sa part dans sesconclusions : « Le défi est moins d’attirer les vocations (…) que de ret<strong>en</strong>ir les personnels. Lesprofils de <strong>pharmacie</strong>ns et de préparateurs sont recherchés ailleurs que dans l’officine etd’autres lieux d’exercice se montr<strong>en</strong>t plus convaincants sur la rétribution ou plus capables demaint<strong>en</strong>ir un bon niveau de motivation 106 ».Plus généralem<strong>en</strong>t, le développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> tâches de l’officine va se traduire par un besoin derecrutem<strong>en</strong>t de <strong>pharmacie</strong>ns adjoints ou, au minimum, de resserrem<strong>en</strong>t -au s<strong>en</strong>s de travail <strong>en</strong>commun plus acc<strong>en</strong>tué- de l’équipe <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns. On peut concevoir qu’un <strong>pharmacie</strong>nspécialisé (<strong>en</strong> mainti<strong>en</strong> à domicile, par exemple) exerce sa spécialisation sur plusieursofficines.105 Ces noms de “titulaires” et “adjoints” ne font pas l’unanimité parmi les <strong>pharmacie</strong>ns. Les questions devocabulaire ne sont pas anodines ; une réflexion sur le sujet, pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le fait que l’<strong>en</strong>trepriseofficinale a besoin de mobiliser une équipe, ne serait pas inutile.106 Délégation à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP)/Commission Paritaire <strong>National</strong>e de l’Emploi(CPNE) : Contrat d’étu<strong>des</strong> prospectives dans la <strong>pharmacie</strong> d’officine. Interface Etu<strong>des</strong> Conseil et Formation.mars 200660


Cette ext<strong>en</strong>sion de l’équipe pose le problème du numerus clausus limitant le nombre de<strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong>trant <strong>en</strong> formation. Ce point a été abordé. Mais ret<strong>en</strong>ons qu’il y un autre“numerus”, minimal celui-là : le nombre de <strong>pharmacie</strong>ns devant exercer dans chaque officine.Ce nombre minimum de <strong>pharmacie</strong>ns est fixé par arrêté du ministre de la santé : un<strong>pharmacie</strong>n pour un chiffre d’affaires annuel hors TVA compris <strong>en</strong>tre 1 180 000 et 2 360 000euros ; un deuxième <strong>en</strong>tre 2 360 000 et 3 540 000 et un autre par tranche de 1 180 000supplém<strong>en</strong>taire. 107 Or, le chiffre d’affaires n’a guère de pertin<strong>en</strong>ce pour estimer le volume detravail à accomplir. Ainsi, une officine placée dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t de pati<strong>en</strong>ts âgés, auracertainem<strong>en</strong>t besoin de plus de temps pour les conseils liés à la disp<strong>en</strong>sation – et donc plus debesoins <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong>ns – que l’officine d’un c<strong>en</strong>tre commercial, accueillant <strong>des</strong> personnes depassage et pressées. Par ailleurs les besoins ne sont certainem<strong>en</strong>t pas les mêmes selon lesproduits délivrés (médicam<strong>en</strong>ts ou para<strong>pharmacie</strong> : hygiène, cosmétiques…). <strong>La</strong> compositiondu chiffre d’affaires a donc une incid<strong>en</strong>ce sur la nature <strong>des</strong> besoins <strong>en</strong> personnels.Puisqu’il s’agit de la disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, ne pourrait-on demander plutôt qu’un<strong>pharmacie</strong>n signe chaque ordonnance disp<strong>en</strong>sée, manifestant la responsabilité duprofessionnel de santé dans son cœur de métier ?<strong>La</strong> possibilité d’un transfert de tâches : on a analysé cette question dans les rapports <strong>en</strong>tre lesmédecins et les <strong>pharmacie</strong>ns. Il convi<strong>en</strong>drait de s’interroger sur la possibilité de transposerune telle démarche au sein de l’officine.En effet, si de nouvelles tâches sont confiées aux <strong>pharmacie</strong>ns, comm<strong>en</strong>t pourront-ils lesaccomplir <strong>en</strong> dehors de recrutem<strong>en</strong>ts proportionnels à ces nouvelles tâches (sous réserve d’<strong>en</strong>avoir les moy<strong>en</strong>s financiers) ? On a vu que dans certains pays, <strong>des</strong> non <strong>pharmacie</strong>ns ayantreçu une formation appropriée pouvai<strong>en</strong>t, sous la responsabilité du <strong>pharmacie</strong>n, pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>charge <strong>des</strong> actes qui sont aujourd’hui réservés au <strong>pharmacie</strong>n. C’est déjà le cas largem<strong>en</strong>tpour les préparateurs, mais ne serait-il pas opportun de réfléchir à la meilleure répartition <strong>des</strong>tâches au sein de l’officine, de façon que les <strong>pharmacie</strong>ns puiss<strong>en</strong>t être disponibles pour lesactes les plus significatifs <strong>en</strong> termes de santé publique, les actes les mieux <strong>en</strong> rapport avecleur formation ? Il faut p<strong>en</strong>ser à l’apparition prochaine de jeunes qui arrêteront leurs étu<strong>des</strong> de<strong>pharmacie</strong> au niveau lic<strong>en</strong>ce ou au niveau master : que va-t-on leur proposer ?Une telle évolution déboucherait très probablem<strong>en</strong>t sur un besoin de modification du code dela santé publique ; une étude approfondie serait donc indisp<strong>en</strong>sable, <strong>en</strong>tre le ministère de lasanté, l’assurance maladie et la profession.<strong>La</strong> constitution d’équipes soudées permettant d’assurer l’av<strong>en</strong>ir de l’<strong>en</strong>treprise dans la duréepasse par une meilleure performance <strong>des</strong> possibilités d’intéressem<strong>en</strong>t au capital de l’<strong>en</strong>trepriseofficine. Il y a 27 000 adjoints ; ceux qui sont prés<strong>en</strong>ts à plein temps souhait<strong>en</strong>t s’investir dansleur travail et dans <strong>des</strong> responsabilités claires, et recherch<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> possibilitésjuridiques permettant d’éclairer leur carrière. Les "parts d’industrie" prévues par la loi pourdev<strong>en</strong>ir associé avec un capital minimal doiv<strong>en</strong>t permettre d’avancer dans ce domaine, mêmesi aujourd’hui, le principe posé n’est pas vraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tré dans les faits.Au delà <strong>des</strong> textes (l’exemple <strong>des</strong> parts d’industrie le montre), c’est seulem<strong>en</strong>t ladétermination <strong>des</strong> deux parties, employeur et salarié, qui permet d’avancer.107 Arrêté du 9 février 2007, J.O. du 20 février.61


Compte t<strong>en</strong>u de la diversité <strong>des</strong> situations individuelles, l’élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>compte c’est celui de la souplesse pour permettre de régler d’un commun accord lesdifficultés qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, sans que <strong>des</strong> dispositions générales le r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t impossible, dans<strong>des</strong> conditions finalem<strong>en</strong>t défavorables à la satisfaction <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts. Bi<strong>en</strong><strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, souplesse ne veut pas dire abs<strong>en</strong>ce de principe conducteur : c’est seulem<strong>en</strong>t si lesobjectifs et les principes sont clairs que l’on peut prôner la souplesse d’application. Dans cetesprit, l’interv<strong>en</strong>tion d’un« fonds coopératif qui serait ouvert uniquem<strong>en</strong>t aux <strong>pharmacie</strong>ns d’officine ou inscrits auxautres sections de l’<strong>Ordre</strong>, et qui <strong>en</strong>trerait à hauteur de 25% maximum dans le capital <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>s 108 » serait une voie à explorer.Une <strong>des</strong> questions à approfondir, est celle du statut, salarié ou libéral, de l’adjoint. Dansl’<strong>en</strong>semble, les adjoints sont attachés au statut de salarié. Lorsqu’ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t au capital, ils nesouhait<strong>en</strong>t pas le quitter pour <strong>en</strong>trer immédiatem<strong>en</strong>t dans le statut libéral. Le présid<strong>en</strong>t de lasection D utilise l’expression : il faut d’abord se fiancer et <strong>en</strong>suite se marier. A partir dumom<strong>en</strong>t où l’on sait qu’un adjoint va succéder au titulaire, il faudrait sans doute <strong>en</strong>gager leprocessus de passage au statut libéral. Il y a probablem<strong>en</strong>t un seuil (25% ?) à partir duquel lechangem<strong>en</strong>t de statut doit être <strong>en</strong>cl<strong>en</strong>ché.On dépasserait là le statut de collaborateur libéral de la loi de 2005, qui n’a pas trouvé pour lemom<strong>en</strong>t de point d’application <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong>, mais qui devrait pouvoir <strong>en</strong> trouver un, sousréserve de quelques ajustem<strong>en</strong>ts pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les spécificités de l’officine 109 .412. - Unité et diversité <strong>des</strong> officines, les besoins de coopération et decommunicationOn parle parfois <strong>des</strong> officines comme si elles constituai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>en</strong>tités uniformes ; il est exactqu’elles sont toutes t<strong>en</strong>ues d’appliquer un corps de règles de santé et de déontologie. Cela créeune unité qui n’est pas théorique, comme le rappelait un article de la Lettre <strong>des</strong> NouvellesPharmaceutiques n° 315 (16 mars 2006) : « Le seul réseau d’officine : le Tableau ». Enrevanche, si l’on regarde les capacités et les moy<strong>en</strong>s <strong>des</strong> officines, on constate alors <strong>des</strong>différ<strong>en</strong>ces considérables (ce point a déjà été développé).Les officines connaiss<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> diversités qui ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux compét<strong>en</strong>ces et à laspécialisation 110 . <strong>La</strong> diversité peut prov<strong>en</strong>ir de la typologie <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts du secteur, qui peutinduire une certaine spécialisation. Mais elle peut résulter aussi de facteurs t<strong>en</strong>ant à l’actiondu <strong>pharmacie</strong>n : les compét<strong>en</strong>ces vari<strong>en</strong>t d’un <strong>pharmacie</strong>n à un autre (obt<strong>en</strong>tion de diplômesspécialisés, formation spécifique…). Au Royaume-Uni, le <strong>pharmacie</strong>n ayant le droit deprescrire ne peut le faire qu’après une formation validée. Tout naturellem<strong>en</strong>t, la compét<strong>en</strong>ceainsi acquise a vocation à être connue. Actuellem<strong>en</strong>t, elle ne peut donner lieu àcommunication.L’arrivée de nouvelles tâches liées à la santé locale va créer de nouvelles distinctions :capacité à aller à domicile, à suivre un pati<strong>en</strong>t cancéreux, un pati<strong>en</strong>t diabétique…108 Interview du présid<strong>en</strong>t du CNOP, Jean PARROT, dans Impact Pharmaci<strong>en</strong>, n°184 – 2 juin 2007109 Par exemple, <strong>pharmacie</strong>n travaillant pour plusieurs officines. Demain, on peut imaginer un <strong>pharmacie</strong>nspécialiste de la chimiothérapie à domicile qui offrirait son concours à plusieurs officines.C’est peut-être dans ce cadre de collaborateur libéral que l’on pourrait régler la demande de certains adjoints depouvoir opter pour un statut libéral.110 Les activités de para<strong>pharmacie</strong>, de diététique, d’optique, d’audioprothèse, de matériel médical constitu<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> diversités réelles.62


Ces capacités ne peuv<strong>en</strong>t et ne doiv<strong>en</strong>t pas être cachées. Si l’on organise l’activité autour <strong>des</strong>besoins <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, il va de soi que le pati<strong>en</strong>t a besoin de savoir à qui il doit s’adresser, si leservice att<strong>en</strong>du risque de ne pas être exactem<strong>en</strong>t le même <strong>en</strong> ét<strong>en</strong>due et <strong>en</strong> qualité. Il y a làune question déontologique à laquelle il faut réfléchir pour lui apporter la bonne réponse.Celle-ci ne devra ni accepter <strong>des</strong> comportem<strong>en</strong>ts de publicité pure et simple, ni ignorerl’att<strong>en</strong>te du pati<strong>en</strong>t.413. - Un lieu de confid<strong>en</strong>tialitéDans la perspective d’un développem<strong>en</strong>t du conseil et du soin pharmaceutique, l’officine doit,de façon impérative, offrir un lieu permettant d’assurer la confid<strong>en</strong>tialité d’un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Il fautun bureau, un peu isolé, où il soit possible de faire asseoir au minimum une et de préfér<strong>en</strong>cedeux personnes (au cas où un pati<strong>en</strong>t est accompagné).L’organisation avec <strong>des</strong> comptoirs ne permettant pas la confid<strong>en</strong>tialité, n’est plus acceptabl<strong>en</strong>i pour les médicam<strong>en</strong>ts qui nécessit<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t de leur disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> conseilsapprofondis, ni pour d’autres soins pharmaceutiques. C’est un constat simple à exprimer maisqui appelle à l’évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> investissem<strong>en</strong>ts importants et parfois difficiles à réaliser. Il fautnéanmoins avoir consci<strong>en</strong>ce du fait qu’un espace confid<strong>en</strong>tiel est indisp<strong>en</strong>sable à l’av<strong>en</strong>ir del’officine.L’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns a rappelé ce besoin <strong>en</strong> juillet 2006 111 : « L'accueil de la cli<strong>en</strong>tèle etla disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts s'effectu<strong>en</strong>t dans les conditions de confid<strong>en</strong>tialité (16) querequiert le respect du secret professionnel. Ainsi, sont recommandés <strong>des</strong> comptoirsindividuels, <strong>en</strong> nombre suffisant, dont au moins un conforme à la législation surl’accessibilité aux personnes handicapées (11), ou tout autre moy<strong>en</strong> ou aménagem<strong>en</strong>tpermettant d’assurer la disp<strong>en</strong>sation à l’abri <strong>des</strong> tiers, sans pour autant recourir à <strong>des</strong>aménagem<strong>en</strong>ts susceptibles de signaler tel ou tel pati<strong>en</strong>t aux yeux d’autres personnes. »Notons égalem<strong>en</strong>t que l’exist<strong>en</strong>ce d’un lieu de confid<strong>en</strong>tialité est expressém<strong>en</strong>t prévue etobligatoire dans la conv<strong>en</strong>tion avec l’UNCAM (article 16). Certains vont même plus loin etestim<strong>en</strong>t qu’il faudrait , comme cela se fait <strong>en</strong> Suède, que l’officine soit clairem<strong>en</strong>t séparée<strong>en</strong>tre la partie médicam<strong>en</strong>ts de prescription et la partie hors prescription ; dans la partieprescription, l’organisation de la confid<strong>en</strong>tialité serait la règle. Il ne faut pas qu’il puisse yavoir d’équivoque si l’on <strong>en</strong>tre chez un professionnel de santé. L’espace officinal doitfavoriser la qualité de l’accueil, l’écoute du pati<strong>en</strong>t, la confid<strong>en</strong>tialité de tous les actespharmaceutiques (délivrance de médicam<strong>en</strong>t, dépistages…).Il faudra atteindre cet objectif progressivem<strong>en</strong>t, car il a à l’évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> contrepartiesfinancières qu’on ne peut ignorer. Mais le chef d’<strong>en</strong>treprise qu’est le <strong>pharmacie</strong>n doitprogrammer l’installation d’un espace de confid<strong>en</strong>tialité, dans toute la mesure où la taille del’officine ne le r<strong>en</strong>d pas impossible.414 - Un bon usage <strong>des</strong> nouvelles technologies de communicationPar nouvelles technologies, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d ici : Internet et le courrier électronique, techniques quipeuv<strong>en</strong>t avoir une incid<strong>en</strong>ce forte sur les modalités d’exercice de la profession.111 Recommandations pour l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> locaux de l’officine, établies par les conseils c<strong>en</strong>traux A et E del’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns (juillet 2006).63


Internet est d’abord outil de connaissance : dans le domaine de la santé, cela veut dire que lepati<strong>en</strong>t peut aujourd’hui facilem<strong>en</strong>t s’informer sur les maladies et les médicam<strong>en</strong>ts. De ce fait,le pati<strong>en</strong>t qui se r<strong>en</strong>d chez le médecin et chez le <strong>pharmacie</strong>n n’est plus forcém<strong>en</strong>t le même quecelui d’il y a dix ou quinze ans. Cette situation devrait <strong>en</strong>traîner une révision de toute laréglem<strong>en</strong>tation sur l’information accessible au pati<strong>en</strong>t. Dans le passé, on considérait, <strong>en</strong>schématisant à peine, que moins on <strong>en</strong> disait au pati<strong>en</strong>t, mieux cela était. Cette approche estcomplètem<strong>en</strong>t dépassée. Beaucoup de pati<strong>en</strong>ts ont à prés<strong>en</strong>t <strong>des</strong> connaissances, même sicelles-ci sont plus ou moins bi<strong>en</strong> comprises, plus ou moins justes. Certains sont <strong>en</strong> relationavec <strong>des</strong> associations qui leur communiqu<strong>en</strong>t une information le plus souv<strong>en</strong>t de qualité. <strong>La</strong>question n’est plus de ne pas donner l’information mais d’<strong>en</strong>gager le dialogue pour expliquer,rectifier, compléter, faire adhérer… Relevons que ce nouveau rôle incombant auxprofessionnels de santé, dont le <strong>pharmacie</strong>n, exige plus de temps.Le pati<strong>en</strong>t n’a pas besoin de publicité, mais d’informations simples et synthétiques. S’ildemande de l’information, il faut la lui donner, s’il n’<strong>en</strong> demande pas, il faut vérifier que c<strong>en</strong>’est pas parce qu’il croit la dét<strong>en</strong>ir, peut-être de façon erronée.Internet est <strong>en</strong>suite un outil de communication : l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns a publié undocum<strong>en</strong>t intitulé « Réflexions sur la création et le fonctionnem<strong>en</strong>t d’un site Internet dans lecadre d’une activité officinale » (mars 2007). Ce docum<strong>en</strong>t met <strong>en</strong> relief les difficultésd’application de règles du code de la santé publique écrites dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t d’activitéqui ignorait Internet.L’officine devrait pouvoir être approchée via Internet par messagerie électronique. Le pati<strong>en</strong>tdevrait aussi pouvoir, s’il le souhaite, <strong>en</strong>voyer à l’officine l’ordonnance du médecin,préalablem<strong>en</strong>t scannée. Cela permettrait au <strong>pharmacie</strong>n de préparer les médicam<strong>en</strong>ts prescrits,<strong>en</strong> dehors <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts de pointe, et consacrer le temps gagné au pati<strong>en</strong>t lorsqu’il vi<strong>en</strong>dra àl’officine, pour lui communiquer toutes les informations utiles.Enfin, le <strong>pharmacie</strong>n doit pouvoir utiliser le courrier électronique pour communiquer avec lesautres professionnels de santé et échanger év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts ou <strong>des</strong> informationsou avertir un pati<strong>en</strong>t de telle ou telle donnée. Pour la transmission de l’ordonnance par lemédecin, on peut <strong>en</strong>visager que le pati<strong>en</strong>t donne les coordonnées de l’officine pourtransmission ; mais il serait plus "neutre" que le médecin mette son ordonnance sur un serveur(à créer !) et que le pati<strong>en</strong>t donne les référ<strong>en</strong>ces à l’officine pour que celle-ci récupèrel’ordonnance.Un troisième rôle d’Internet est de permettre d’acheter "<strong>en</strong> ligne". On l’a vu ci-<strong>des</strong>sus, cettemodalité d’achat comporte de graves risques 112 . A l’inverse, le pati<strong>en</strong>t peut espérer obt<strong>en</strong>ir parce biais un produit qui n’est pas sur le marché français, ou un produit moins cher par rapportau circuit habituel.Sur le premier avantage recherché, l’achat d’un médicam<strong>en</strong>t non admis sur le marché <strong>en</strong><strong>France</strong> serait un acte <strong>en</strong> contradiction avec toute la philosophie de l’autorisation de mise sur lemarché : les risques sont considérables. Sur le second point, le coût est une dim<strong>en</strong>sion qu’il nefaut pas négliger, mais qui reste secondaire par rapport au risque très élevé de contrefaçon.L’achat de médicam<strong>en</strong>ts sur Internet ne doit donc pas être favorisé mais au contraire dissuadédans l’intérêt du pati<strong>en</strong>t.112 On a signalé dans le paragraphe sur la contrefaçon ci-<strong>des</strong>sus la mise <strong>en</strong> garde de l’Afssaps <strong>en</strong> janvier 2006,après l’alerte donnée par Conseil de l’Europe <strong>en</strong> septembre 2005.64


Ces difficultés pourrai<strong>en</strong>t être amoindries, voire effacées, par une autre approche : que laprofession tout <strong>en</strong>tière dispose d’un portail Internet qui permettrait de sécuriser « l’offre dedisp<strong>en</strong>sation à distance par le circuit <strong>des</strong> seules officines 113 ». L’élém<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral de cettequestion de v<strong>en</strong>te à distance, c’est de pouvoir assurer au pati<strong>en</strong>t que le produit qu’il vaacquérir est sûr, que la traçabilité depuis l’industriel est connue. Ce sont là les atouts de lachaîne pharmaceutique, qu’un site incontrôlé ne peut apporter.Rappelons que la Cour de Justice <strong>des</strong> Communautés europé<strong>en</strong>nes (CJCE) a r<strong>en</strong>du un arrêtimportant le 11 décembre 2003 à propos <strong>des</strong> v<strong>en</strong>tes à distance vers l’Allemagne de la<strong>pharmacie</strong> néerlandaise DOC MORRIS. L’arrêt a jugé que la v<strong>en</strong>te par Internet de médicam<strong>en</strong>tsnon réservés à la prescription et non remboursables est licite au sein de l’Union.Mais « L’arrêt de la CJCE ne constitue <strong>en</strong> aucune façon un affaiblissem<strong>en</strong>t du monopolepharmaceutique. En effet, tout au long de son arrêt, la Cour appuie sa démonstration sur lefait que DOC MORRIS est une officine soumise au contrôle <strong>des</strong> autorités sanitairesnéerlandaises au sein de laquelle exerc<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns agréés. On ne peut donc déduirede cette décision que la Cour s’est prononcée <strong>en</strong> faveur d’une libéralisation de la v<strong>en</strong>te surInternet de médicam<strong>en</strong>ts non soumis à prescription. Il est, par exemple, toujours interdit àune grande surface de créer un site Internet se livrant à une telle activité 114 ».42 Un cadre d'exploitation élargi pour affronter ces défisLes règles actuelles de la propriété <strong>des</strong> officines protèg<strong>en</strong>t à la fois la santé publique, laprofession et l'assurance maladie contre <strong>des</strong> risques manifestes. Dans un contexte nouveau,elles doiv<strong>en</strong>t pouvoir évoluer, mais sans compromettre le caractère libéral de la profession.421.- <strong>La</strong> propriété pharmaceutique : raisons d'un principe prud<strong>en</strong>tielDepuis plus d’un siècle, la propriété de l’officine est réservée aux <strong>pharmacie</strong>ns. Leraisonnem<strong>en</strong>t d’origine était simple : préparer <strong>des</strong> produits dangereux et les disp<strong>en</strong>ser exige àla fois une compét<strong>en</strong>ce et une responsabilité parfaitem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiées. Le <strong>pharmacie</strong>n,responsable économique <strong>en</strong> même temps que sci<strong>en</strong>tifique de son exercice, indép<strong>en</strong>dant detoute pression extérieure, devait seul répondre d'un service ess<strong>en</strong>tiel pour la santé publique.<strong>La</strong> préparation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts a presque disparu aujourd'hui, mais le reste de laresponsabilité demeure, et d'autres vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s'y ajouter.<strong>La</strong> profession est très attachée au mainti<strong>en</strong> de cette liaison <strong>en</strong>tre le capital et l'exploitation qui,avec le monopole <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts et le maillage démo-géographique, constitue l'un <strong>des</strong> troispiliers de la <strong>pharmacie</strong> française, très anci<strong>en</strong>ne. Le recul historique lui donne raison : il n’y ajamais eu de contestation de la qualité du travail réalisé par les officines dans le cadre de cetteorganisation.L’<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns a résumé l'<strong>en</strong>jeu dans l’exposé <strong>des</strong> motifs d’une propositionde décret sur les sociétés d’exercice libéral (voir ci-après) qu’il a soumise au début de 2007 auministère de la santé :113 Jean PARROT, présid<strong>en</strong>t du Conseil national de l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns (10/7/2007)114 LNP n° 270 du 16/1/200465


« Il convi<strong>en</strong>t de préserver ce qui constitue depuis toujours, dans notre pays, l'un <strong>des</strong> fondem<strong>en</strong>tsprincipaux de la <strong>pharmacie</strong> <strong>d'officine</strong>, à savoir son caractère de profession libérale et indép<strong>en</strong>dante.Dans sa dim<strong>en</strong>sion économique, ce caractère libéral consiste, pour les <strong>pharmacie</strong>ns titulaires d'unelic<strong>en</strong>ce, à disposer de la pleine maîtrise de leur outil de travail. Cette indép<strong>en</strong>dance prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> effetdeux avantages déterminants pour la population <strong>des</strong>servie :- d'une part, elle permet aux <strong>pharmacie</strong>ns, dans leur exercice quotidi<strong>en</strong>, de pr<strong>en</strong>dre toutes leursdécisions professionnelles <strong>en</strong> considération du meilleur service au pati<strong>en</strong>t, sans risquer de subir lapression d'intérêts financiers extérieurs, désireux de privilégier le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t financier de l'exploitation,fût-ce au détrim<strong>en</strong>t de la qualité de ce service et de l'intérêt de santé du pati<strong>en</strong>t ;- d'autre part, elle peut seule garantir la pér<strong>en</strong>nité du maillage territorial <strong>des</strong> officines, atout majeurpour la santé publique dans un pays de la taille et de la diversité géographique de la <strong>France</strong>. En effet, aucas où se constituerai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> chaînes de <strong>pharmacie</strong>s, le réseau subirait inévitablem<strong>en</strong>t une contractionau détrim<strong>en</strong>t <strong>des</strong> implantations les moins r<strong>en</strong>tables, notamm<strong>en</strong>t celles situées dans les zones isolées ondéfavorisées. »Quelles serai<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces prévisibles <strong>en</strong> cas d'abrogation de ce principe ?Les expéri<strong>en</strong>ces étrangères de "libéralisation" de la propriété <strong>des</strong> officines le montr<strong>en</strong>t :l'introduction de chaînes aboutit à une prise de contrôle de la majorité <strong>des</strong> officines du payspar de grands groupes commerciaux ou financiers. Ainsi, un investisseur anglo-saxon a faitconnaître son souhait de pouvoir acheter 1 200 <strong>pharmacie</strong>s <strong>en</strong> <strong>France</strong>… Si cette int<strong>en</strong>tion étaitavérée, quelle pourrait être la motivation d'un tel investisseur, jugé par ses actionnaires sur <strong>des</strong>critères de r<strong>en</strong>tabilité maximale, alors que l’on sait que les rev<strong>en</strong>us officinaux stagn<strong>en</strong>t oudéclin<strong>en</strong>t ?Il s'agirait d'abord de prélever une part aussi élevée que possible sur la valeur ajoutée del'officine, au détrim<strong>en</strong>t <strong>des</strong> professionnels dont elle représ<strong>en</strong>te l'instrum<strong>en</strong>t de travail.Il s'agirait aussi d'augm<strong>en</strong>ter les v<strong>en</strong>tes de médicam<strong>en</strong>ts, dont la consommation est déjà <strong>en</strong><strong>France</strong> l'une <strong>des</strong> plus fortes du monde. Ni la santé publique ni l’assurance maladie n’y ontintérêt. Certes, on ne peut pas affirmer que la liaison obligatoire actuelle <strong>en</strong>tre le capital etl’exploitation met absolum<strong>en</strong>t à l’abri de tout comportem<strong>en</strong>t à tropisme purem<strong>en</strong>t financier.Mais dans l’organisation actuelle, fondée sur l'exploitation personnelle par un ou quelques<strong>pharmacie</strong>ns, une telle déviance reste très circonscrite et sanctionnable par la disciplineordinale.Enfin, on assisterait à une réorganisation du réseau peu soucieuse de santé publique, au profit<strong>des</strong> seules implantations et gammes de médicam<strong>en</strong>ts les plus r<strong>en</strong>tables pour ces groupespropriétaires. Aucune réglem<strong>en</strong>tation comp<strong>en</strong>satoire ne peut éviter ce risque.Dans un contexte déstabilisé, les officines restées indép<strong>en</strong>dantes ont beaucoup de difficultés àsurvivre face au poids <strong>des</strong> nouvelles chaînes. Les emplois perdus ne sont pas comp<strong>en</strong>sés à dueconcurr<strong>en</strong>ce par les nouvelles structures. Quant aux prix <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts pratiqués par lesnouvelles chaînes, on n'observe aucune baisse durable par rapport à ceux <strong>des</strong> officinesindép<strong>en</strong>dantes appuyées sur leurs groupem<strong>en</strong>ts d'achats.Outre la réduction du service pharmaceutique qui <strong>en</strong> résulterait, une telle évolutionappauvrirait la vie économique sociale du pays, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> milieu rural ou dans les zonesurbaines s<strong>en</strong>sibles, <strong>en</strong> l'amputant de milliers de TPE qui contribu<strong>en</strong>t à sa richesse, sa diversitéet son équilibre général.Dans le domaine de la santé, il serait logique que toute novation réglem<strong>en</strong>taire soit mesurée àl’aune <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> <strong>en</strong> mesurant bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du ses coûts financiers.66


Quand une organisation donne satisfaction (et les <strong>en</strong>quêtes d'opinions sont claires à cet égard),il serait hasardeux de la modifier sans avoir la certitude que le changem<strong>en</strong>t va apporter uneamélioration pour la <strong>des</strong>serte <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts.422 <strong>La</strong> réforme que demande la professionL'<strong>en</strong>treprise officinale doit néanmoins évoluer, pour pouvoir assumer toutes les tâchesévoquées plus haut. Après concertation avec les organisations professionnelles de la<strong>pharmacie</strong>, l’<strong>Ordre</strong> a donc soumis au ministère de la santé une proposition de décret pourl’application de la loi du 31 décembre 1990 modifiée relative aux sociétés d’exercice libéral.Pour de multiples raisons, la propriété et l'exploitation de l'officine par un <strong>pharmacie</strong>n uniqueont <strong>en</strong> effet atteint leurs limites. <strong>La</strong> majorité <strong>des</strong> nouveaux titulaires n'y ont plus recours.L’exercice <strong>en</strong> association concerne désormais la moitié de l’effectif total. Pour les sociétésd’exercice libéral, comme cela a déjà été indiqué, la progression s’est élevée à + 38,4 % <strong>en</strong>2006.Par ailleurs, les sociétés d’officine ont besoin de souplesse pour pouvoir évoluer. Lesprochains départs <strong>en</strong> retraite, très nombreux, vont générer <strong>des</strong> besoins de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t quiexig<strong>en</strong>t une facilité de circulation <strong>des</strong> personnes au sein de la profession ; il y a nécessité detrouver <strong>des</strong> mécanismes juridiques aidant les jeunes à pr<strong>en</strong>dre pied progressivem<strong>en</strong>t dans lecapital <strong>des</strong> officines pour assurer au mieux les transitions souhaitables.C'est pourquoi l’<strong>Ordre</strong> souhaite, avec les autres organisations représ<strong>en</strong>tatives de la profession,qu’une SEL puisse exploiter jusqu’à trois officines, permettant que ces dernières bénéfici<strong>en</strong>t<strong>des</strong> avantages économiques d’une véritable synergie de leur gestion. Au sein de la SEL, les<strong>pharmacie</strong>ns exerçant devrai<strong>en</strong>t disposer de la majorité du capital comme <strong>des</strong> droits de vote.Enfin, les <strong>pharmacie</strong>ns associés devrai<strong>en</strong>t pouvoir créer <strong>en</strong>tre eux <strong>des</strong> "sociétés departicipations financières de professions libérales", holdings qui allégerai<strong>en</strong>t fiscalem<strong>en</strong>t lepoids <strong>des</strong> emprunts et faciliterai<strong>en</strong>t la transmission <strong>des</strong> parts sociales de SEL.67


V. - Conclusion :Nous avons cité plus haut cette formule d'un docum<strong>en</strong>t conjoint de l'Organisation mondiale dela santé et de la Fédération internationale pharmaceutique : « Il n’y a pas d’av<strong>en</strong>ir si l’on selimite à la disp<strong>en</strong>sation ».Le système français de disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t est solide. Bi<strong>en</strong>tôt r<strong>en</strong>forcé <strong>en</strong>core grâceau Dossier pharmaceutique, il donne aux pati<strong>en</strong>ts les garanties de sécurité qu’ils sont <strong>en</strong> droitd’<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre. Ce système doit poursuivre sa marche, s'améliorer <strong>en</strong>core vers une qualitéirréprochable.Mais notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t se voit bouleversé. <strong>La</strong> satisfaction <strong>des</strong> besoins du pati<strong>en</strong>t exige uneréorganisation de la santé publique à l’échelon local. Des tempêtes peuv<strong>en</strong>t éclater, du fait <strong>des</strong>déficits de l’assurance maladie, <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts qui agit<strong>en</strong>t le commerce aujourd'hui,d’injonctions europé<strong>en</strong>nes… Face à ces incertitu<strong>des</strong>, pour assurer leur av<strong>en</strong>ir au cœur de lasanté publique, les <strong>pharmacie</strong>ns officinaux doiv<strong>en</strong>t se donner un nouveau cap et le t<strong>en</strong>ir.Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une particularité unique <strong>en</strong> son g<strong>en</strong>re, à la fois force et faiblesse : leur statut àl’équilibre délicat <strong>en</strong>tre professionnel de santé et commerçant. Cet équilibre pourra êtreconforté si l’officine pr<strong>en</strong>d toute la place qui peut lui rev<strong>en</strong>ir dans ce que ce rapport appelle,de façon synthétique, la santé locale. Dans le nouveau cadre esquissé ci-<strong>des</strong>sus, le <strong>pharmacie</strong>ndevrait trouver une nouvelle assise, à l’intérieur de l’officine comme à l'extérieur.<strong>La</strong> légitimité du réseau "Croix verte" se trouverait alors sérieusem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcée. En effet, sil’on peut imaginer comm<strong>en</strong>t "distribuer" <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts par d'autres canaux, au contraire larelation suivie avec le pati<strong>en</strong>t et la coordination de la disp<strong>en</strong>sation avec les actes <strong>des</strong> autresprofessionnels de santé au niveau local ne peut passer ailleurs que par l'officine.Cette démarche pose immanquablem<strong>en</strong>t la question de la reconnaissance de l’actepharmaceutique et de sa valorisation pour fonder une partie de la rémunération du<strong>pharmacie</strong>n. Le débat sur les parts respectives de la marge et de l’honoraire de l’actepharmaceutique ne doit donc pas être éludé. Il peut inquiéter, car il <strong>en</strong>gagera profondém<strong>en</strong>tl’av<strong>en</strong>ir de la profession ; il devrait rassurer, car seul il peut ouvrir de nouvelles perspectivesqui ne se limiteront pas à <strong>des</strong> vœux dépourvus de prise sur la réalité.Le coût final net, pour la collectivité, de "soins pharmaceutiques" expressém<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong>compte reste à chiffrer. Néanmoins, il ne devrait pas dépasser les coûts actuels si l’on pr<strong>en</strong>d<strong>en</strong> considération l'effici<strong>en</strong>ce supérieure que ces soins, bi<strong>en</strong> définis et organisés, apporterai<strong>en</strong>tau fonctionnem<strong>en</strong>t du système de santé.Dans <strong>des</strong> pays voisins ou comparables, les exemples d'approfondissem<strong>en</strong>t du rôle officinal parles responsabilités nouvelles confiées au <strong>pharmacie</strong>n montr<strong>en</strong>t qu’une voie nouvelle peuts'ouvrir et profiter à la collectivité tout <strong>en</strong>tière. En <strong>France</strong> non plus, l’évolution proposée dansce livre blanc n’est pas une idée neuve. Elle est dans l’air depuis <strong>des</strong> années. Elle a pu <strong>en</strong>trerdans les faits çà et là, mais la métamorphose indisp<strong>en</strong>sable reste à <strong>en</strong>cl<strong>en</strong>cher.On n’avancera pas dans cette direction sans une décision réfléchie de la profession, <strong>en</strong> accordavec les autorités de santé et <strong>en</strong> association étroite au quotidi<strong>en</strong> avec les autres professionnelsde santé.Sans abdiquer leur indép<strong>en</strong>dance ni r<strong>en</strong>ier leur id<strong>en</strong>tité, les <strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> doiv<strong>en</strong>tdémontrer une volonté claire de changer de paradigme: intégrer désormais la disp<strong>en</strong>sation dumédicam<strong>en</strong>t dans une disp<strong>en</strong>sation élargie : celle <strong>des</strong> services pharmaceutiques à lapersonne.68


VI. - Synthèse <strong>des</strong> propositions : pour éclairer et construire l’av<strong>en</strong>irde l'officineL'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t humain, sci<strong>en</strong>tifique, technique, économique et juridique dans lequel exerc<strong>en</strong>tles <strong>pharmacie</strong>ns officinaux connaît aujourd'hui <strong>des</strong> mutations sans précéd<strong>en</strong>t.L'av<strong>en</strong>ir de l'officine dép<strong>en</strong>d de concertations, puis de décisions, désormais urg<strong>en</strong>tes.Ces concertations doiv<strong>en</strong>t réunir, selon leur objet, l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> représ<strong>en</strong>tants de laprofession, les pouvoirs publics et les autres part<strong>en</strong>aires de l'officine : professionnels de santéet du médicam<strong>en</strong>t, associations de pati<strong>en</strong>ts et de consommateurs.L'Europe<strong>La</strong> présid<strong>en</strong>ce française de l'Union europé<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> 2008, et l’élaboration de la prochainedirective ou d'autres instrum<strong>en</strong>ts juridiques touchant à la santé, devrai<strong>en</strong>t être l’occasion de :- réaffirmer la responsabilité propre <strong>des</strong> Etats membres dans l’organisation et lafourniture <strong>des</strong> services de santé, <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> besoins particuliers de leurspopulations (principe de subsidiarité) ;- définir les moy<strong>en</strong>s de sécuriser :• les échanges commerciaux <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, afin de lutter contre la pénétration <strong>des</strong>contrefaçons ;• l’utilisation <strong>des</strong> technologies de communication dans le domaine de la santé(auth<strong>en</strong>tification <strong>des</strong> professionnels, id<strong>en</strong>tification <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, validation del'information, protection <strong>des</strong> données…).<strong>La</strong> disp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>tC'est <strong>en</strong> acc<strong>en</strong>tuant <strong>en</strong>core la qualité du réseau officinal, la qualité et la sécurité de l’actepharmaceutique, que se confortera la confiance <strong>des</strong> pouvoirs publics et <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts. Il faudranotamm<strong>en</strong>t veiller à :- optimiser l’égal accès aux médicam<strong>en</strong>ts par la proximité et la continuité du service(adapter régulièrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> règles relatives à la répartition <strong>des</strong> officines aux évolutionsde l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, participer activem<strong>en</strong>t aux instances régionales de gouvernance de lasanté) ;- favoriser la coordination <strong>en</strong>tre <strong>pharmacie</strong>ns (dispositif du Dossier Pharmaceutique,l'ét<strong>en</strong>dre aux <strong>pharmacie</strong>s hospitalières) et <strong>en</strong>tre professionnels de santé (alim<strong>en</strong>tationd'un dossier de santé du pati<strong>en</strong>t; cercles de qualité <strong>des</strong> soins autour de certains pati<strong>en</strong>ts) ;- valoriser le rôle <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns d’officine comme premier recours <strong>en</strong> matière dethérapeutique (cohér<strong>en</strong>ce de l’offre de médication officinale : spécialités proposées,information du public sur ces produits et leurs prix) ;- établir <strong>des</strong> référ<strong>en</strong>tiels de qualité pour les <strong>pharmacie</strong>ns et pour leurs fournisseurs <strong>des</strong>ervices "métier" (Bonnes Pratiques de Disp<strong>en</strong>sation, logiciels informatiques et bases dedonnées adaptés aux évolutions de l'exercice, notamm<strong>en</strong>t à la personnalisation <strong>des</strong>soins) ;- concrétiser le principe de la traçabilité <strong>des</strong> lots de médicam<strong>en</strong>ts à l’intérieur de la chaînedu médicam<strong>en</strong>t et l’ét<strong>en</strong>dre jusqu’aux pati<strong>en</strong>ts ;- <strong>en</strong>courager et faciliter les déclarations de pharmacovigilance par les <strong>pharmacie</strong>ns ;69


- lutter contre les comman<strong>des</strong> anormalem<strong>en</strong>t élevées de médicam<strong>en</strong>ts, pouvant être liées à<strong>des</strong> trafics illégaux ;- garantir l’utilisation éthique <strong>des</strong> nouvelles technologies (déontologie et respect <strong>des</strong>droits <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts).Les nouveaux rôles du <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong>Les besoins et att<strong>en</strong>tes de la population et du système de santé évolu<strong>en</strong>t. Pour pouvoir yrépondre concrètem<strong>en</strong>t, il faut <strong>en</strong>gager une réflexion de fond sur le rôle sanitaire et social du<strong>pharmacie</strong>n, y compris sur sa rémunération. Il s'agit de valoriser la conv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>tre les<strong>pharmacie</strong>ns d’officine et l'assurance maladie, avec le concours <strong>des</strong> Académies de <strong>pharmacie</strong>et de médecine, de groupes de travail mixtes <strong>pharmacie</strong>ns/médecins et <strong>des</strong> associations depati<strong>en</strong>ts. De nombreux champs d'interv<strong>en</strong>tion doiv<strong>en</strong>t ainsi être explorés :- les ai<strong>des</strong> à la personne pour favoriser le mainti<strong>en</strong> à domicile <strong>des</strong> mala<strong>des</strong> et <strong>des</strong>personnes âgées ou handicapées ;- les actions de prév<strong>en</strong>tion, d’éducation pour la santé, de dépistage ;- l'accompagnem<strong>en</strong>t de pati<strong>en</strong>ts atteints de certaines pathologies (éducationthérapeutique, suivi personnalisé <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts, relais possible de prescription…) <strong>en</strong>collaboration avec le médecin ;- les plans de protection civile contre les risques sanitaires de grande ampleur.<strong>La</strong> formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>nsPour que les <strong>pharmacie</strong>ns puiss<strong>en</strong>t exercer au mieux leur mission d'intérêt général, il estnécessaire :- d'élever le numerus clausus d'<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> deuxième année <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> pharmaceutiques auniveau <strong>des</strong> besoins (démographie pharmaceutique, durée d’exercice, féminisation de laprofession, évolution de son rôle) ;- de mettre à jour les programmes <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> pharmaceutiques avec la Commissionpédagogique nationale ;- de préparer la voie à un véritable développem<strong>en</strong>t professionnel continu, articulant laformation continue et <strong>des</strong> processus d’évaluation.L’<strong>en</strong>treprise officinalePour le bénéfice <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, la <strong>pharmacie</strong> <strong>d'officine</strong> à tout intérêt à rester indép<strong>en</strong>dante et àne pas compromettre son caractère libéral. Les évolutions porteront sur la recherche d'unexercice davantage partagé (adaptation <strong>des</strong> types de sociétés, création possible de sociétés departicipations financières de professions libérales, aide à l'<strong>en</strong>trée dans le capital <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns adjoints qui le souhait<strong>en</strong>t).Pour permettre aux <strong>pharmacie</strong>ns de se consacrer pleinem<strong>en</strong>t aux actions qui exig<strong>en</strong>t leurscompét<strong>en</strong>ces, la profession devrait <strong>en</strong>fin s’<strong>en</strong>gager dans :- une redéfinition du critère fixant le nombre minimal <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns de l'officine ;- la répartition et la délégation <strong>des</strong> tâches dans et/ou <strong>en</strong>tre les officines.70


Liste <strong>des</strong> annexesAnnexe 1 – Quelques expressions de l’inquiétude de la professionAnnexe 2 – L'évolution depuis le rapport Les <strong>pharmacie</strong>ns à l’horizon 2010Annexe 3 – Les règles d'ouverture <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s <strong>en</strong> 2007 dans l'Union europé<strong>en</strong>neAnnexe 4 – Les nouvelles règles d'ouverture <strong>des</strong> officines <strong>en</strong> <strong>France</strong>Annexe 5 - <strong>La</strong> propriété <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s <strong>en</strong> 2007dans l'Union europé<strong>en</strong>neAnnexe 6 - Objectifs de réforme au Royaume-UniAnnexe 7 – <strong>La</strong> base légale du Dossier pharmaceutiqueAnnexe 8 - Préambule de la conv<strong>en</strong>tion avec l’UNCAMAnnexe 9 - Sommaire du guide d’assurance qualitéAnnexe 10 - Autorisations de prescriptionAnnexe 11 - Propositions du rapport du Pr Jacques DAIGREAnnexe 12 - Extrait du rapport Les <strong>pharmacie</strong>ns à l'horizon 2010, partie formationAnnexe 13 - Propositions de l’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong> pour la formation<strong>en</strong> santé publiqueAnnexe 14 - Liste <strong>des</strong> personnes r<strong>en</strong>contréesAnnexe 15 - Référ<strong>en</strong>ces bibliographiques71


Annexe 1Quelques expressions de l’inquiétude de la profession<strong>La</strong> profession exprime une forte inquiétude sur son av<strong>en</strong>ir. Cette interrogation n'est pasnouvelle; on <strong>en</strong> trouve <strong>des</strong> traces dans les réflexions qui ont été faites au cours <strong>des</strong> dernièresannées. Il <strong>en</strong> est ainsi du rapport « <strong>pharmacie</strong>n 2010 » qui la soulignait nettem<strong>en</strong>t ; cetteinquiétude semble d'ailleurs être un thème perman<strong>en</strong>t. Mais, est-ce vraim<strong>en</strong>t une originalité dela profession pharmaceutique ?Quoiqu’il <strong>en</strong> soit, rappelons quelques référ<strong>en</strong>ces :Une commission avait été créée <strong>en</strong> 1975 – il y a donc plus de tr<strong>en</strong>te ans – par le ministre de lasanté Robert BOULIN : « <strong>La</strong> création de la Commission a eu pour origine le malaise ress<strong>en</strong>tidans les rapports <strong>en</strong>tre les pouvoirs publics et la profession pharmaceutique 115 »…« Cemalaise se doublait d'un autre, celui qu'éprouve la profession dans l'exercice d'une activitéqui ne répond ni à ses aspirations, ni aux étu<strong>des</strong> qui la prépar<strong>en</strong>t; elle souffre d'un décalage<strong>en</strong>tre le niveau d'un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t long et difficile et la réalité quotidi<strong>en</strong>ne de l'officine où cet<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t n'est pas utilisé au mieux, ni la responsabilité du <strong>pharmacie</strong>n suffisamm<strong>en</strong>texercée ».Dans le rapport de novembre 2002 qui a été à l’origine de la création del’ONDPS 116 , la mission « Démographie <strong>des</strong> professions de santé » notait qu’il y avait une «inquiétude grandissante <strong>des</strong> professions de santé ».Isabelle ADENOT lors de l’inauguration de Pharmagora 2007 indiquait : « Mais la professionse pose <strong>des</strong> questions. A la veille du risque d’être exposée à <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts brutaux et noncons<strong>en</strong>tis, la profession s’interroge sur son av<strong>en</strong>ir, son réseau, ses mo<strong>des</strong> d’exploitation, les<strong>en</strong>s et la définition même de sa place dans le système de santé. Fragilisée par une économiedifficile, doublée d’une concurr<strong>en</strong>ce accrue, ébranlée par les décisions chez nos prochesvoisins, perplexe sur une chaîne du médicam<strong>en</strong>t autrefois simple, et qui aujourd’hui secomplexifie, elle n’a jamais été aussi inquiète, manquant de visibilité sur l’av<strong>en</strong>ir ».Lors d'une conv<strong>en</strong>tion exceptionnelle fin mars 2007, le présid<strong>en</strong>t de la FSP P Leportier acomm<strong>en</strong>cé son propos <strong>en</strong> soulignant l'inquiétude de la profession. Ce propos a été confirmépar la prés<strong>en</strong>tation d'un sondage Sofres réalisé pour la conv<strong>en</strong>tion soulignant la très forteinquiétude sur l'av<strong>en</strong>ir du système de santé.Dans un sondage publié récemm<strong>en</strong>t et prés<strong>en</strong>té égalem<strong>en</strong>t à Pharmagora, les étudiants dumaster "Marketing de la santé" de l’université Pierre et Marie Curie ont interrogé 224<strong>pharmacie</strong>ns d’officine sur l’av<strong>en</strong>ir, dans le cadre d’un travail intitulé : « Regards croisés surle rôle contemporain du <strong>pharmacie</strong>n d’officine » ; « les <strong>pharmacie</strong>ns sont préoccupés parbeaucoup d’élém<strong>en</strong>ts qui pourrai<strong>en</strong>t à terme changer complètem<strong>en</strong>t leur métier : ladisparition du monopole, la libéralisation du médicam<strong>en</strong>t, le regroupem<strong>en</strong>t de <strong>pharmacie</strong>ns,l’abs<strong>en</strong>ce de développem<strong>en</strong>t de l’automédication, la désuétude du diplôme ».Dans le sondage réalisé par l’UDF auprès <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns d’officine au mom<strong>en</strong>t de ladernière campagne pour les élections présid<strong>en</strong>tielle, la réponse à quelques questions marqueégalem<strong>en</strong>t l’inquiétude de la profession, par exemple, 87% estim<strong>en</strong>t que la situation s’estdégradée, la reconnaissance professionnelle par les pouvoirs publics (dont la CNAMTS) et lesautres professions de santé, est jugée faible.115116Docum<strong>en</strong>tation française date....Observatoire <strong>National</strong> de la Démographie <strong>des</strong> Professions de Santé72


Annexe 2L'évolution depuis le rapport « Les <strong>pharmacie</strong>ns à l’horizon 2010 »Le rapport de l'<strong>Ordre</strong> « Les <strong>pharmacie</strong>ns à l’horizon 2010 » proposait une vision del’évolution <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ts métiers exercés par les <strong>pharmacie</strong>ns. Si l’on s’<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>t à ce qui yétait dit sur l’officine, on peut le comparer avec la situation d'aujourd’hui. Cet essaicomparatif, très grossier, prés<strong>en</strong>te malgré tout l’intérêt de mettre l’acc<strong>en</strong>t sur quelques pointsimportants. Les phrases reprises sont les titres <strong>des</strong> paragraphesLe constat (extraits du rapport)1- Les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dansune période de mutation rapide1.1- Le cadre juridique d’officine demeurecaractérisé par le monopole de ladisp<strong>en</strong>sation du médicam<strong>en</strong>t et la soumissionà <strong>des</strong> contraintes particulières.1.2- L’officine pharmaceutique est soumise à<strong>des</strong> contraintes économiques etconcurr<strong>en</strong>tielles exacerbées.1.2.1- L’officine pharmaceutique est unepetite <strong>en</strong>treprise1.2.2- L’officine pharmaceutique françaiseconnaît <strong>en</strong>core une situation financièreglobalem<strong>en</strong>t sainea) <strong>La</strong> v<strong>en</strong>te de médicam<strong>en</strong>ts demeurelargem<strong>en</strong>t la principale source de rev<strong>en</strong>us del’officine.b) Les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine ne sont quetrès partiellem<strong>en</strong>t libres de fixer leur prixc) Hier activité financièrem<strong>en</strong>t très sûre,l’officine pharmaceutiques connaît <strong>des</strong>difficultés économiques non négligeables1.2.3- Le développem<strong>en</strong>t de la concurr<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre les officines à l’origine de certainesdérives professionnelles.<strong>La</strong> vision de l’évolution2- L’adaptation du <strong>pharmacie</strong>n d’officine àces mutations passe par un rec<strong>en</strong>trage sur <strong>des</strong>missions de santé publique et par la prise deconsci<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> impératifs de gestion.2.1- Il serait dangereux de vouloir relever lesdéfis de la concurr<strong>en</strong>ce commerciale2.2- Le rec<strong>en</strong>trage sur la mission de santépublique est un idéal vers lequel laprofession devrait t<strong>en</strong>dre mais qui se heurteau poids <strong>des</strong> contraintes économiques.Comm<strong>en</strong>tairesMême constat ; ces mutations vontprobablem<strong>en</strong>t s’accélérerSans changem<strong>en</strong>tSans changem<strong>en</strong>tSans changem<strong>en</strong>t<strong>La</strong> situation s’est probablem<strong>en</strong>t dégradéedepuis le rapport (1994)C’est toujours exactC’est toujours exact<strong>La</strong> situation s’est probablem<strong>en</strong>t dégradéedepuis le rapport (1994)<strong>La</strong> situation n’a pas beaucoup évoluéRéponses <strong>en</strong> fonction de l’analyse du prés<strong>en</strong>trapportL’idée de rec<strong>en</strong>trage est au c<strong>en</strong>tre <strong>des</strong>réflexions et est particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trée dansles faits ; la prise de consci<strong>en</strong>ce <strong>des</strong>impératifs de gestion est bi<strong>en</strong> visible.<strong>La</strong> question est toujours pertin<strong>en</strong>te.<strong>La</strong> question est toujours pertin<strong>en</strong>te :rec<strong>en</strong>trage, très certainem<strong>en</strong>t. Mais il fautpouvoir bâtir un nouvel équilibre viable.73


2.3- Le <strong>pharmacie</strong>n d’officine doit rev<strong>en</strong>ir ungestionnaire rigoureux <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts et<strong>des</strong> produits innovants du secteurpharmaceutique.2.3.1- Le <strong>pharmacie</strong>n doit dev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>coreplus qu’aujourd’hui le professionnel dumédicam<strong>en</strong>ta) Le <strong>pharmacie</strong>n d’officine doit se préparerà une compression de ses marges <strong>en</strong> matièrede médicam<strong>en</strong>tsb) Le monopole pharmaceutique doit être <strong>en</strong>tout point incontestablec) Le <strong>pharmacie</strong>n d’officine devra répondreaux exig<strong>en</strong>ces nouvelles d’accueil et deconseil <strong>des</strong> consommateurs <strong>en</strong> développantnotamm<strong>en</strong>t une véritable démarche de« médication officinale »d) Les <strong>pharmacie</strong>ns ne devrai<strong>en</strong>t accepter lareconnaissance d’un droit de substitution quesous certaines conditions.e) L’officine pharmaceutique devra devradev<strong>en</strong>ir un lieu de compét<strong>en</strong>ce locale <strong>en</strong>matière de santé publique2.3.2- Le <strong>pharmacie</strong>n doit dev<strong>en</strong>ir un vraigestionnaire de son officine2.3.2.1- <strong>La</strong> modernisation <strong>des</strong> conditions degestion <strong>des</strong> officines <strong>en</strong> pas nécessairem<strong>en</strong>tpar l’abandon du modèle françaisd’organisation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s.2.3.2.2- Le <strong>pharmacie</strong>n doit intégrer lescontraintes de gestion dans soncomportem<strong>en</strong>t professionnel.a) <strong>La</strong> gestion du personnel doit dev<strong>en</strong>ir unepriorité pour le <strong>pharmacie</strong>n d’officine et lestatut <strong>des</strong> assistants une priorité pour laprofession.b) Le <strong>pharmacie</strong>n d’officine doit maîtriser lesoutils de gestion modernes et adopter <strong>des</strong>politiques commerciales rigoureuse.2.3.3- L’officine doit développer d<strong>en</strong>ouvelles activités mais conformes à sesmissions traditionnelles2.3.4- L’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns devras’attacher à prév<strong>en</strong>ir les dérivesprofessionnelles et à assumer une mission deconseil aux officines.C’est largem<strong>en</strong>t fait ou <strong>en</strong> cours.<strong>La</strong> prévision s’est avérée tout à fait exacte !<strong>La</strong> position n’a pas changé ; la création dudossier pharmaceutique est un élém<strong>en</strong>tmajeur dans ce débat.<strong>La</strong> question est toujours p<strong>en</strong>dante, maisl’ori<strong>en</strong>tation est toujours la même que cellequi était formulée.Le droit de substitution est interv<strong>en</strong>u.C’est <strong>en</strong> cours et le développem<strong>en</strong>t devraitêtre fort.<strong>La</strong> position n’a pas changé sur ce point.Situation inchangéeC’est <strong>en</strong> cours et le développem<strong>en</strong>t devraitêtre fort dans le s<strong>en</strong>s indiqué.<strong>La</strong> réalité est bi<strong>en</strong> conforme à cetteori<strong>en</strong>tation.74


Annexe 3Les règles d'ouverture <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s <strong>en</strong> 2007 <strong>en</strong> Europe(selon le Groupem<strong>en</strong>t pharmaceutique de l'Union europé<strong>en</strong>ne)Y a-t-il <strong>des</strong>critèresdémographiquesspécifiques pourl’établissem<strong>en</strong>t(l’ouverture)d’une nouvelle<strong>pharmacie</strong>?PAYSAllemagne Non NonAutriche Oui -Belgique Oui -Bulgarie Non NonChypre Non NonCroatie Oui -Danemark Non OuiEspagne Oui -Estonie Oui -Finlande Non Oui<strong>France</strong> Oui -Grèce Oui -Hongrie Non NonIrlande Non NonItalie Oui -Lettonie Oui -Lituanie Non NonLuxembourg Oui -Malte Oui -Norvège Non NonPays-Bas Non NonPologne Non NonPortugal Oui -RepubliqueTchèque Non NonRoumanie Non NonRoyaume-Uni Non OuiSlovaquie Non NonSlovénie Oui -Suède Non OuiSuisse Non NonTurquie Non NonSi la réponseest NON,l’ouverture estellefondée sur<strong>des</strong> besoins dela population?75


Annexe 4Les nouvelles règles d'ouverture <strong>des</strong> officines <strong>en</strong> <strong>France</strong> dans le code de la santé publiqueTexte consolidé, tel que modifié par l’article 59 de la loi de financem<strong>en</strong>t de la sécurité sociale pour2008Article L. 5125-3Les créations, les transferts et les regroupem<strong>en</strong>ts <strong>d'officine</strong>s de <strong>pharmacie</strong> doiv<strong>en</strong>t permettre derépondre de façon optimale aux besoins <strong>en</strong> médicam<strong>en</strong>ts de la population résidant dans les quartiersd'accueil de ces officines. Les transferts et les regroupem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t être accordés que s’ils n’ontpas pour effet de compromettre l’approvisionnem<strong>en</strong>t nécessaire <strong>en</strong> médicam<strong>en</strong>ts de la populationrésid<strong>en</strong>te de la commune ou du quartier d’origine.Les créations, les transferts et les regroupem<strong>en</strong>ts <strong>d'officine</strong>s de <strong>pharmacie</strong> ne peuv<strong>en</strong>t être effectuésque dans un lieu qui garantit un accès perman<strong>en</strong>t du public à la <strong>pharmacie</strong> et permet à celle-ci d'assurerun service de garde ou d’urg<strong>en</strong>ce m<strong>en</strong>tionné à l’article L. 5125-22 ».Article L. 5125-4Toute création d'une nouvelle officine, tout transfert d'une officine d'un lieu dans un autre et toutregroupem<strong>en</strong>t <strong>d'officine</strong>s sont subordonnés à l'octroi d'une lic<strong>en</strong>ce délivrée par le représ<strong>en</strong>tant de l'Etatdans le départem<strong>en</strong>t selon les critères prévus aux articles L. 5125-11, L. 5125-13, L. 5125-14 etL. 5125-15.Dans le cas d’un transfert ou d’un regroupem<strong>en</strong>t d’officines de <strong>pharmacie</strong> d’un départem<strong>en</strong>t à unautre, la lic<strong>en</strong>ce est délivrée par décision conjointe <strong>des</strong> représ<strong>en</strong>tants de l’État dans les départem<strong>en</strong>tsconcernésDans tous les cas, la décision de création, de transfert ou de regroupem<strong>en</strong>t est prise par lereprés<strong>en</strong>tant de l'Etat dans le départem<strong>en</strong>t après avis <strong>des</strong> syndicats représ<strong>en</strong>tatifs de la profession et duconseil régional de l'ordre <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns ou, dans le cas <strong>des</strong> départem<strong>en</strong>ts d'outre-mer et de lacollectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, du conseil c<strong>en</strong>tral de la section E de l'ordr<strong>en</strong>ational <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns.Article L. 5125-5Les deman<strong>des</strong> de regroupem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> application de l'article L. 5125-15 bénéfici<strong>en</strong>t d'unepriorité par rapport aux deman<strong>des</strong> de transfert.Parmi les deman<strong>des</strong> de création, celles qui sont prés<strong>en</strong>tées par <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns n'ayant jamais ététitulaires d'une lic<strong>en</strong>ce <strong>d'officine</strong> ou n'<strong>en</strong> étant plus titulaires depuis au moins trois ans à la date dudépôt de la demande bénéfici<strong>en</strong>t d'une priorité. Lorsque la demande de création est prés<strong>en</strong>tée par unesociété ou par plusieurs <strong>pharmacie</strong>ns réunis <strong>en</strong> copropriété, le principe de priorité ne s'applique quelorsque tous les <strong>pharmacie</strong>ns associés ou copropriétaires exerçant dans l'officine rempliss<strong>en</strong>t lesconditions pour <strong>en</strong> bénéficier.Toute demande ayant fait l'objet du dépôt d'un dossier complet bénéficie d'un droit d'antériorité parrapport aux deman<strong>des</strong> ultérieures concurr<strong>en</strong>tes, dans <strong>des</strong> conditions fixées par le décret m<strong>en</strong>tionné àl'article L. 5125-32.Article L. 5125-6<strong>La</strong> lic<strong>en</strong>ce fixe l'emplacem<strong>en</strong>t où l'officine sera exploitée.Lorsqu'il est saisi d'une demande de création, de transfert ou de regroupem<strong>en</strong>t, sa décision peutimposer une distance minimum <strong>en</strong>tre l'emplacem<strong>en</strong>t prévu pour la future officine et l'officine existantela plus proche.76


Le représ<strong>en</strong>tant de l'Etat peut, <strong>en</strong> outre, <strong>en</strong> vue d'assurer une <strong>des</strong>serte optimale de la populationrésidant à proximité de l'emplacem<strong>en</strong>t de la future officine, déterminer le ou les secteurs de lacommune dans lesquels l'officine devra être située.Lorsque le représ<strong>en</strong>tant de l'Etat utilise l'une ou l'autre ou les deux possibilités m<strong>en</strong>tionnées auxalinéas ci-<strong>des</strong>sus, la lic<strong>en</strong>ce ne peut être accordée que lorsque la future officine remplit les conditionsfixées par le représ<strong>en</strong>tant de l'Etat dans un délai fixé par le décret m<strong>en</strong>tionné à l'article L. 5125-32.Article L. 5125-7L'officine dont la création, le transfert ou le regroupem<strong>en</strong>t a été autorisé doit être effectivem<strong>en</strong>touverte au public au plus tard à l'issue d'un délai d'un an, qui court à partir du jour de la notification del'arrêté de lic<strong>en</strong>ce, sauf prolongation <strong>en</strong> cas de force majeure.<strong>La</strong> lic<strong>en</strong>ce ne peut être cédée par son ou ses titulaires indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t du fonds de commerceauquel elle se rapporte.Sauf cas de force majeure constaté par le représ<strong>en</strong>tant de l'Etat dans le départem<strong>en</strong>t, une officinecréée ou transférée depuis moins de cinq ans ne peut faire l'objet d'une cession totale ou partielle niêtre transférée ou faire l'objet d'un regroupem<strong>en</strong>t. Une officine issue d'un regroupem<strong>en</strong>t ne peut pasnon plus être transférée avant l'expiration du même délai, sauf cas de force majeure constaté par lereprés<strong>en</strong>tant de l'Etat dans le départem<strong>en</strong>t. Ce délai court à partir de la notification de l'arrêté delic<strong>en</strong>ce. Toutefois, cette disposition n'est pas applicable aux personnes physiques ou morales dét<strong>en</strong>antune partie du capital social et <strong>des</strong> droits de vote d'une société d'exercice libéral de <strong>pharmacie</strong>ns<strong>d'officine</strong>, au titre <strong>des</strong> 1°ºà 4°ºde l'article 5 de la loi nº 90-1258 du 31 décembre 1990 relative àl'exercice sous forme de société <strong>des</strong> professions libérales soumises à un statut législatif ouréglem<strong>en</strong>taire ou dont le titre est protégé et aux sociétés de participations financières de professionslibérales .<strong>La</strong> cessation définitive d’activité de l’officine <strong>en</strong>traîne la caducité de la lic<strong>en</strong>ce, qui doit être remiseà la préfecture par son dernier titulaire ou par ses héritiers. Lorsqu’elle n’est pas déclarée, la cessationd’activité est réputée définitive au terme d’une durée de douze mois. Le représ<strong>en</strong>tant de l’État dans ledépartem<strong>en</strong>t constate cette cessation définitive d’activité par arrêté.Article L. 5125-8 (Abrogé)Article L. 5125-10<strong>La</strong> population dont il est t<strong>en</strong>u compte pour l'application <strong>des</strong> articles L. 5125-11, L. 5125-13 etL. 5125-14 est la population municipale telle qu'elle est issue du dernier rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t général de lapopulation ou, le cas échéant, <strong>des</strong> rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires publiés au Journal officiel.Article L. 5125-11L’ouverture d’une officine dans une commune qui <strong>en</strong> est dépourvue peut être autorisée par voie detransfert lorsque le nombre d’habitants rec<strong>en</strong>sés dans la commune est au moins égal à 2 500.L’ouverture d’une nouvelle officine dans une commune de plus de 2 500 habitants où au moins unelic<strong>en</strong>ce a déjà été accordée peut être autorisée par voie de transfert à raison d’une autorisation partranche <strong>en</strong>tière supplém<strong>en</strong>taire de 3 500 habitants rec<strong>en</strong>sés dans la commune.« Lorsque la dernière officine prés<strong>en</strong>te dans une commune de moins de 2 500 habitants a cessédéfinitivem<strong>en</strong>t son activité et qu’elle <strong>des</strong>servait jusqu’alors une population au moins égale à 2 500habitants, une nouvelle lic<strong>en</strong>ce peut être délivrée pour l’installation d’une officine par voie de transfertdans cette commune.Dans les communes qui sont dépourvues d’officine ou dans les zones franches urbaines, les zonesurbaines s<strong>en</strong>sibles et les zones de redynamisation urbaine m<strong>en</strong>tionnées dans la loi n° 96-987 du 14novembre 1996 relative à la mise <strong>en</strong> œuvre du pacte de relance pour la ville ainsi que dans les zonesde revitalisation rurale définies par l’article 1465 A du code général <strong>des</strong> impôts, l’ouverture d’uneofficine peut être autorisée par voie de création si les conditions prévues au premier, deuxième outroisième alinéa sont remplies depuis au moins deux ans à compter de la publication d’un rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t77


m<strong>en</strong>tionné à l’article L. 5125-10 et si aucune décision autorisant cette ouverture par voie de transfertou regroupem<strong>en</strong>t n’a été prise dans ce délai.Article L. 5125-12 (Abrogé)Article L. 5125-13Par dérogation aux articles L. 5125-11 et L. 5125-14, le quota de 2 500 habitants m<strong>en</strong>tionné à cesarticles est fixé à 3 500 habitants pour le départem<strong>en</strong>t de la Guyane et les départem<strong>en</strong>ts de la Moselle,du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.Article L. 5125-14Le transfert d'une officine de <strong>pharmacie</strong> peut s'effectuer, conformém<strong>en</strong>t à l'article L. 5125-3, au seinde la même commune, dans une autre commune du même départem<strong>en</strong>t, ou vers toute autre communede tout autre départem<strong>en</strong>t.Le transfert dans une autre commune peut s’effectuer à condition :1° Que la commune d’origine comporte :« a) Moins de 2 500 habitants si elle n’a qu’une seule <strong>pharmacie</strong> ;« b) Ou un nombre d’habitants par <strong>pharmacie</strong> supplém<strong>en</strong>taire inférieur à 3 500 ;2° Que l’ouverture d’une <strong>pharmacie</strong> nouvelle soit possible dans la commune d’accueil <strong>en</strong> applicationde l’article L. 5125-11.Article L. 5125-15Plusieurs officines peuv<strong>en</strong>t, dans les conditions fixées à l'article L. 5125-3, être regroupées <strong>en</strong> unlieu unique, à la demande de leurs titulaires.Le lieu de regroupem<strong>en</strong>t de ces officines est l'emplacem<strong>en</strong>t de l'une d'elles, ou un lieu nouveau situédans la commune d’une <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s regroupées.Dans le cadre d'un regroupem<strong>en</strong>t dans un lieu nouveau, la nouvelle officine ne pourra êtreeffectivem<strong>en</strong>t ouverte au public que lorsque les officines regroupées auront été fermées.À la suite d’un regroupem<strong>en</strong>t dans la même commune ou dans <strong>des</strong> communes limitrophes, les lic<strong>en</strong>ceslibérées doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong> compte au sein de la commune où s’effectue le regroupem<strong>en</strong>t pourappliquer les conditions prévues aux deux premiers alinéas de l’article L. 5125-11. Le représ<strong>en</strong>tant del’État dans le départem<strong>en</strong>t peut, après avis <strong>des</strong> syndicats représ<strong>en</strong>tatifs de la profession et du conseilcompét<strong>en</strong>t de l’ordre <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, mettre fin à cette prise <strong>en</strong> compte à l’issue d’un délai de cinqans à compter de la délivrance de l’autorisation de regroupem<strong>en</strong>t si les conditions prévues par lepremier alinéa de l’article L. 5125-3 ne sont plus remplies.Toute demande de création, de transfert ou de regroupem<strong>en</strong>t, accompagnée d’un dossier completreçu par le représ<strong>en</strong>tant de l’État dans le départem<strong>en</strong>t au 23 novembre 2007, peut être acceptée si lescritères prévus par la loi <strong>en</strong> vigueur à cette date le permett<strong>en</strong>t sur la base d’un rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t de lapopulation réalisé <strong>en</strong> 2007. L’autorisation délivrée dans ce cas est subordonnée à la validation, par sapublication au Journal officiel, dudit rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t avant le 31 mars 2008.Par dérogation au dernier alinéa de l’article L. 5125-11 du code de la santé publique, dans sarédaction issue du prés<strong>en</strong>t article, jusqu’au 1 er janvier 2010, à l’exclusion de celles prévues au premieralinéa du prés<strong>en</strong>t XV, aucune ouverture d’officine par voie de création ne peut être autorisée dans lescommunes dépourvues d’officine ou dans les zones franches urbaines, les zones urbaines s<strong>en</strong>sibles etles zones de redynamisation urbaine m<strong>en</strong>tionnées dans la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relativeà la mise <strong>en</strong> œuvre du pacte de relance pour la ville ainsi que dans les zones de revitalisation ruraledéfinies par l’article 1465 A du code général <strong>des</strong> impôts.78


Annexe 5<strong>La</strong> propriété <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s <strong>en</strong> 2007 <strong>en</strong> Europe(selon le Groupem<strong>en</strong>t pharmaceutique de l'Union europé<strong>en</strong>ne)PaysUn non-<strong>pharmacie</strong>npeut-il êtrepropriétaire d’une<strong>pharmacie</strong> ?oui NonAllemagneXAutricheXBelgiqueXBulgarieXChypreXCroatieXDanemarkXEspagneXEstonieXFinlandeX<strong>France</strong>XGrèceXHongrieXIrlandeXItalie X 118Lettonie X 119LituanieXLuxembourgXMalteXNorvègeXPays basXPologneXPortugalXRepublique Tchèque XRoumanieXRoyaume-UniXSlovakieXSlov<strong>en</strong>ieXSuèdeSuisseXTurquieX118 A l'exception <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s municipales, qui peuv<strong>en</strong>t être dét<strong>en</strong>ues par <strong>des</strong> sociétés de non <strong>pharmacie</strong>ns119 Cette situation est transitoire : selon la loi lettone relative aux médicam<strong>en</strong>ts promulguée <strong>en</strong> 2003, les chaînes de <strong>pharmacie</strong>sdevront disparaître d'ici à 201079


Annexe 6Objectifs de réforme au Royaume-UniThe programme 3 Years On: Helping people get the best from their medicines• The medicines managem<strong>en</strong>t collaborative already involves 106 PCTs, 10,000 GPs and 480<strong>pharmacie</strong>s in schemes that demonstrate innovation and good practice in medicines managem<strong>en</strong>t.Their roll out across these PCTs will help a pot<strong>en</strong>tial 20 million people make better use of theirmedicines.• The community pharmacy medicines managem<strong>en</strong>t project is testing a structured interv<strong>en</strong>tionprogramme for people with coronary heart disease, including the review of medicines, discussion ofproblems with pati<strong>en</strong>ts and, where appropriate, referral to the GP. Results are expected in 2004.• The hospital pharmacy medicines managem<strong>en</strong>t framework is helping to <strong>en</strong>sure that NHShospitalsuse medicines effectively in meeting the needs of individual pati<strong>en</strong>ts.• The Medicines Partnership, based at the Royal Pharmaceutical Society of Great Britain, leads thedevelopm<strong>en</strong>t of partnerships betwe<strong>en</strong> pati<strong>en</strong>ts and health professionals, to achieve better pati<strong>en</strong>tunderstanding of their medicines and more active managem<strong>en</strong>t of their own care. In October 2003, theMedicines Partnership, together with stakeholders in industry, pati<strong>en</strong>t and NHS organisations and theprofessions, will raise awar<strong>en</strong>ess through Ask About Medicines Week.• Regular medication reviews are a key principle in the NSF for Older People. Pharmacists arealreadymaking a major contribution in improving the care of older people.• Other NSFs (such as diabetes, childr<strong>en</strong>’s services, r<strong>en</strong>al, and long term conditions) will includeguidanceon effective medicines managem<strong>en</strong>t and making the best use of health professionals, includingpharmacists, to improve the quality of services and tackle health inequalities.The programme 3 Years On: Re<strong>des</strong>igning services around pati<strong>en</strong>ts• Local Pharmaceutical Services schemes are in place in 10 PCTs with a further 8 PCTs expected tostartlater in 2003. The next wave of applications is due in September 2003. To date, pilot schemes include:– Provision of pharmaceutical services in deprived areas where there is no other healthcare service– Improved access to medicines and advice out of hours through integration of pharmaceuticalservices with other out of hours services– Support for pati<strong>en</strong>ts in taking medicines – for example, older people, pati<strong>en</strong>ts taking a numberof medicines, and those with minor ailm<strong>en</strong>ts– Services for substance misusers• Supplem<strong>en</strong>tary prescribing. The legal framework is in place and the first pharmacists will beprescribingby the <strong>en</strong>d of 2003. This is an important step in improving pati<strong>en</strong>t care, improving access to medicinesand making better use of pharmacists’ skills. And an important step towards more flexible teamworkingbetwe<strong>en</strong> health professionals across the NHS.• Improving hospital pharmacy services. Pati<strong>en</strong>ts can now continue to use their medicines wh<strong>en</strong>admitted to hospital. This, together with disp<strong>en</strong>sing for discharge, <strong>en</strong>sures their medicines are readyon the ward wh<strong>en</strong> they go home – reducing delays and reducing waste.• Progress towards a new contractual framework for community pharmacy services• The control of <strong>en</strong>try regulations reformed and modernised.80


The Programme 3 Years on: Ensuring high quality services and getting the most from staff• Clinical governance for community pharmacy services, supported by resources and guidance. Wehavecommissioned the C<strong>en</strong>tre for Pharmacy Postgraduate Education (CPPE) to provide training forpharmacists and clinical governance facilitators.• Enhancing the safety of medicines. Increased pharmacists’ reporting of adverse drug reactions,including non-prescription medicines – via the Yellow Card Scheme.• The <strong>National</strong> Pati<strong>en</strong>t Safety Ag<strong>en</strong>cy (NPSA) programme to reduce the level of risk to pati<strong>en</strong>ts.Many pharmacists are already contributing to the reporting of errors and lessons learned.• Modernising professional regulation through a major RPSGB programme, including theintroductionof mandatory continuing professional developm<strong>en</strong>t.• Improving Working Lives for the Pharmacy Team (2001) – a good practice toolkit to <strong>en</strong>hance theworking lives of pharmacists, pharmacy technicians and other pharmacy support staff.• A third more pharmacy stud<strong>en</strong>ts than t<strong>en</strong> years ago. Since 1997 with the move to a 4-year degree,a15% increase in new stud<strong>en</strong>ts – instead of the expected fall. New schools of pharmacy are expected toprovide additional graduates from 2007 onwards.• Continuing rise in pre-registration places. Around 50 extra places expected to be commissioned inNHS hospitals for 2003/04 compared to 2002/03. And a planned 25% increase in training places forpharmacy technicians over the same period.• The Pharmacy Workforce Planning and Policy Advisory Group, led by the RPSGB, is scopingfuturepharmacy needs and advising on the managem<strong>en</strong>t of supply and demand.• Pharmacy Workforce in the New NHS (2002) – proposals for making better use of the pharmacyworkforce.81


Annexe 7<strong>La</strong> base légale du dossier pharmaceutiqueCODE DE LA SECURITE SOCIALE(Partie Législative)Article L161-36-4-2(inséré par Loi nº 2007-127 du 30 janvier 2007 art. 25 I Journal Officiel du 1er février 2007,modifié par la loi de financem<strong>en</strong>t de la sécurité sociale pour 2008)Afin de favoriser la coordination, la qualité, la continuité <strong>des</strong> soins et la sécurité de ladisp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, produits et objets définis à l'article L. 4211-1 du code de lasanté publique, il est créé, pour chaque bénéficiaire de l'assurance maladie, avec soncons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, un dossier pharmaceutique.Sauf opposition du pati<strong>en</strong>t quant à l'accès du <strong>pharmacie</strong>n à son dossier pharmaceutique et àl'alim<strong>en</strong>tation de celui-ci, tout <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong> est t<strong>en</strong>u d'alim<strong>en</strong>ter le dossierpharmaceutique à l'occasion de la disp<strong>en</strong>sation. Les informations de ce dossier utiles à lacoordination <strong>des</strong> soins sont reportées dans le dossier médical personnel dans <strong>des</strong> conditionsprévues à l'article L. 161-36-2.<strong>La</strong> mise <strong>en</strong> oeuvre du dossier pharmaceutique est assurée par le Conseil national de l'ordre<strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns m<strong>en</strong>tionné à l'article L. 4231-2 du code de la santé publique.Un décret <strong>en</strong> Conseil d'Etat pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et<strong>des</strong> libertés et du Conseil national de l'ordre <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns fixe les conditions d'applicationdu prés<strong>en</strong>t article.82


Annexe 8Préambule de la conv<strong>en</strong>tion nationale <strong>en</strong>tre l’UNCAM et les organisationssyndicales représ<strong>en</strong>tatives <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns titulaires <strong>d'officine</strong>25 juillet 2006JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISEL'Union nationale <strong>des</strong> caisses d'assurance maladie,D'une part,Et:<strong>La</strong> Fédération <strong>des</strong> syndicats pharmaceutiques de <strong>France</strong> ; L'Union <strong>des</strong> syndicats de<strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> ; L'Union nationale <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>s de <strong>France</strong>,D'autre part.Préambule<strong>La</strong> loi du 13 août 2004 réaffirme le part<strong>en</strong>ariat conv<strong>en</strong>tionnel qui doit présider auxrelations <strong>en</strong>tre professionnels de santé et l'assurance maladie et le rôle de chacun <strong>en</strong>faveur du bon usage <strong>des</strong> ressources consacrées par la Nation à l'assurance maladie, pourpréserver son caractère universel, obligatoire et solidaire.Dans ce cadre, les syndicats représ<strong>en</strong>tatifs <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>d'officine</strong> et l'UNCAMont construit les fondem<strong>en</strong>ts d'une politique contractuelle <strong>en</strong> signant, le 6 janvier 2006,l'accord national relatif à la fixation d'objectifs de délivrance de spécialités génériques etun protocole relatif à la perman<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> soins pharmaceutiques.Par cette démarche part<strong>en</strong>ariale, ils décid<strong>en</strong>t de conclure une conv<strong>en</strong>tion nationaleconfortant le <strong>pharmacie</strong>n dans son rôle de professionnel de santé, grâce à son analyseéclairée <strong>des</strong> prescriptions, aux conseils et informations qu'il prodigue et àl'accompagnem<strong>en</strong>t ou au suivi thérapeutique qu'il accorde aux pati<strong>en</strong>ts particulièrem<strong>en</strong>texposés.Ce rôle confirme l'importance du <strong>pharmacie</strong>n au sein du systèmede santé et ainsi :- son droit exclusif de disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts qu'il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dvoir préservé ;- sa détermination à r<strong>en</strong>forcer les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> professionnels de santéappelés à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge les mala<strong>des</strong>, par une meilleure coordination <strong>des</strong> soins.<strong>La</strong> mise <strong>en</strong> place de la formation conv<strong>en</strong>tionnelle, l'indemnisation de la perman<strong>en</strong>ce<strong>des</strong> soins pharmaceutiques et le financem<strong>en</strong>t de la télétransmission, <strong>en</strong> contrepartie del'amélioration <strong>des</strong> services r<strong>en</strong>dus par le <strong>pharmacie</strong>n, notamm<strong>en</strong>t dans le domaine dumédicam<strong>en</strong>t générique, témoign<strong>en</strong>t de la volonté <strong>des</strong> parties d'établir les basesd'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts réciproques permettant de sauvegarder notre système d'assurance maladiesolidaire.Dans cet esprit, les parties reconnaiss<strong>en</strong>t la nécessité de veiller à la bonne gestion <strong>des</strong>dép<strong>en</strong>ses de l'assurance maladie, <strong>en</strong> accroissant la disp<strong>en</strong>sation de médicam<strong>en</strong>tsgénériques dans un cadre de concertation que le prés<strong>en</strong>t accord organise et <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong>place les moy<strong>en</strong>s <strong>des</strong>tinés à garantir le respect du périmètre <strong>des</strong> soins remboursables.83


Annexe 9Sommaire du Guide d’assurance Qualité officinale1 INTRODUCTIONLA QUALITÉOBJECTIFCHAMP D’APPLICATIONMÉTHODOLOGIECOMMENT UTILISER LE QUESTIONNAIRE2 QUESTIONNAIRE D’AUTO-ÉVALUATIONDISPENSATIONles conditions généralesla disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> ordonnancesla disp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts hors prescriptionLES STRUCTURES, L’ÉQUIPEgénéralités, organigramme, attributions et délégationsla formationl’information et la communicationLES STRUCTURES, LES LOCAUX ET LES INSTALLATIONSl’accessibilité, la surface de v<strong>en</strong>tele stockage, le matérielLES PROCÉDURES ET LES DOCUMENTSles activités officinales, recueil d ’informationsla docum<strong>en</strong>tation utile au bon exerciceLE TRAITEMENT DES NON-CONFORMITÉS<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t, analyse, corrections3 ÉTUDE DE CAS4 EXEMPLE DE PROCÉDURE5 HISTORIQUE ET RÉALISATION DU QUESTIONNAIRE6 GLOSSAIRE7 BIBLIOGRAPHIE84


Annexe 10Autorisations de prescription 120Les médecins Article R.4127-8Dans les limites fixées par la loi, le médecin est libre de ses prescriptions qui seront celles qu'ilestime les plus appropriées <strong>en</strong> la circonstance.II doit, sans négliger son devoir d'assistance morale, limiter ses prescriptions et ses actes à cequi est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité <strong>des</strong> soins.II doit t<strong>en</strong>ir compte <strong>des</strong> avantages, <strong>des</strong> inconvéni<strong>en</strong>ts et <strong>des</strong> conséqu<strong>en</strong>ces <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tesinvestigations et thérapeutiques possibles.Les chirurgi<strong>en</strong>s-d<strong>en</strong>tistes Article L.4141-1(Loi n° 2004-808 du 9 août 2004 a2 136111 Journal officiel du 11 août2004)<strong>La</strong> pratique de l'art d<strong>en</strong>taire comporte la prév<strong>en</strong>tion, le diagnostic et le traitem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> maladiescongénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la bouche, <strong>des</strong> d<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong> maxillaires et <strong>des</strong>tissus att<strong>en</strong>ants, suivant les modalités fixées par le code de déontologie de la professionm<strong>en</strong>tionnéArticle L.4141-2Les chirurgi<strong>en</strong>s-d<strong>en</strong>tistes peuv<strong>en</strong>t prescrire tous les médicam<strong>en</strong>ts nécessaires à l'exercice de l'artd<strong>en</strong>taire.Les sages femmesArticle L.4151-4(Loi n ° 2004-806 du 9 août 2004, art. 104, Journal officiel du 11 août2004)(Loi n 4 2005-1579 du , 19 décembre 2005art 37 1V Journal officiel du 20 décembre 2005)Les sages-femmes peuv<strong>en</strong>t prescrire les dispositifs médicaux, dont la liste est fixée par l'autoritéadministrative, et les exam<strong>en</strong>s strictem<strong>en</strong>t nécessaires à l'exercice de leur profession. Ellespeuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t prescrire les médicam<strong>en</strong>ts d'une classe thérapeutique figurant sur une listefixée par arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de l'Ag<strong>en</strong>ce française de sécuritésanitaire <strong>des</strong> produits de santé.<strong>La</strong> liste a été fixée par arrêté du 12 octobre 2005 (JO du 8 novembre 2005)Les directeurs de laboratoires d'analyses de biologie Article L.6221-9/Loi n°2004-806 du 9 août 2004 art. 1371Journal officiel du 11 août2004JIls ne peuv<strong>en</strong>t exercer une autre activité médicale, pharmaceutique ou vétérinaire, à l'exception<strong>des</strong> actes médicaux et prescriptions pharmacologiques directem<strong>en</strong>t liés à l'exercice de la biologieet <strong>des</strong> prescriptions thérapeutiques à titre gratuit.120 Le tableau ci-après est extrait de la Lettre <strong>des</strong> Nouvelles Pharmaceutiques n° 328 du 23/11/200685


Les masseurs-kinésithérapeutesArticle L.4321-1(Loi n ° 2002-303 du 4 mars 2002, art. 48, Journal officiel du 5mars2002)<strong>La</strong> profession de masseur-kinésithérapeute consiste à pratiquer habituellem<strong>en</strong>t le massage et lagymnastique médicale.<strong>La</strong> définition du massage et de la gymnastique médicale est précisée par un décret <strong>en</strong> Conseild'Etat, après avis de l'Académie nationale de médecine. Lorsqu'ils agiss<strong>en</strong>t dans un butthérapeutique, les masseurs-kinésithérapeutes pratiqu<strong>en</strong>t leur art sur ordonnance médicale etpeuv<strong>en</strong>t prescrire, sauf indication contraire du médecin, les dispositifs médicaux nécessaires àl'exercice de leur profession: <strong>La</strong> liste de ces dispositifs médicaux est fixée par arrêté <strong>des</strong>ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale après avis de l'Académie nationale demédecine.Les aspects relatifs à la prise <strong>en</strong> charge et au remboursem<strong>en</strong>t sont fixés par le Code de laSécurité socialeArrêté du 9 janvier 2006 (JO du 13 janvier 2006)Fixant la liste <strong>des</strong> dispositifs médicaux que les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés àprescrireArt. L'exclusion <strong>des</strong> produits et matériels utilisés p<strong>en</strong>dant la séance, sauf indication contraire dumédecin, les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés, dans le cadre de l'exercice de leurcompét<strong>en</strong>ce, à prescrire chez leurs pati<strong>en</strong>ts les dispositifs médicaux suivants :1. Appareils <strong>des</strong>tinés au soulèvem<strong>en</strong>t du malade : pot<strong>en</strong>ces et soulève-mala<strong>des</strong> ;2. Matelas d'aide à la prév<strong>en</strong>tion d'escarres <strong>en</strong> mousse de haute résili<strong>en</strong>ce type gaufrier ;3. Coussin d'aide à la prév<strong>en</strong>tion <strong>des</strong> escarres <strong>en</strong> fibres siliconées ou <strong>en</strong> mousse monobloc;4. Barrières de lits et cerceaux ;5. Aide à la déambulation : cannes, béquilles, déambulateur;6. Fauteuils roulants à propulsion manuelle de classe 1, à la location pour <strong>des</strong> durées inférieuresà 3 mois ; 7. Attelles souples de correction orthopédique de série ;8. Ceintures de souti<strong>en</strong> lombaire de série et ban<strong>des</strong> ceintures de série ; 9. Ban<strong>des</strong> et orthèses decont<strong>en</strong>tion souple élastique <strong>des</strong> membres de série ;10. Sonde ou électrode cutanée périnale pour électrostimulation neuromusculaire pour letraitem<strong>en</strong>t de l'incontin<strong>en</strong>ce urinaire ;11. Collecteurs d'urines, étuis péni<strong>en</strong>s, pessaires, urinal ;12. Attelles souples de posture et ou de repos de série ;13. Embouts de cannes ;14. Talonnettes avec évidem<strong>en</strong>t et amortissantes ;15. Aide à la fonction respiratoire : débitmètre de pointe ;16. Pansem<strong>en</strong>ts secs ou étanches pour immersion <strong>en</strong> balnéothérapie.86


Annexe 11Rapport du Pr Jean-Jacques DAIGRE pour le Conseil national de l'<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns :résumé <strong>des</strong> propositions relatives à la rationalisation du réseau <strong>des</strong> officines-faciliter les fusions <strong>d'officine</strong>s exploitées par <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns personnes physiques, <strong>en</strong> lesfavorisant administrativem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> leur accordant un régime fiscal de faveur (temporaire oudéfinitif, réservé aux fusions <strong>d'officine</strong>s ou ét<strong>en</strong>du à toutes les professions libérales réglem<strong>en</strong>tées)qui susp<strong>en</strong>drait ou reporterait l'imposition <strong>des</strong> plus-values, écarterait l'imposition immédiate <strong>des</strong>bénéfices <strong>en</strong> cours et limiterait les droits d'<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t à un droit fixe limité (modificationlégislative) ;- faciliter les rapprochem<strong>en</strong>ts <strong>d'officine</strong>s (avec survie <strong>des</strong> fonds) via la constitution de groupes deSEL fédérés soit par une SEL de tête soit par une SPFPL ; <strong>en</strong> ce cas :• il faudrait préciser combi<strong>en</strong> <strong>d'officine</strong>s pourront ainsi être contrôlées à l'échelle du groupe (cinqdix , vingt , nombre illimité ) et dans quelle limite géographique (la localité , ledépartem<strong>en</strong>t,plusieurs départem<strong>en</strong>ts limitrophes sans limite géographique)(décret) ;• il faudrait permettre à la société de tête, qu'il s'agisse d'une SEL ou d'une SPFPL, de fournir <strong>des</strong>prestations de services facturables à ses filiales (instruction fiscale, voire modification législative);• il faudrait préciser la nature <strong>des</strong> participations qui pourront être prises dans <strong>des</strong> SEL filiales:minoritaires <strong>en</strong> capital et <strong>en</strong> droits de vote ? majoritaires <strong>en</strong> capital mais minoritaires <strong>en</strong> droits devote (situation actuelle) ? ; majoritaires <strong>en</strong> capital et <strong>en</strong> droits de vote ?(modification législative) ;dans la seconde hypothèse (mainti<strong>en</strong> de la situation actuelle), il faudrait, pour la r<strong>en</strong>dre effective :*soit faciliter la dissociation du capital et <strong>des</strong> droits de vote dans les différ<strong>en</strong>tessociétés et non seulem<strong>en</strong>t dans les SELAS <strong>en</strong> permettant la création de parts ou d'actions âdroits de vote multiple dans les SNC et SARL de <strong>pharmacie</strong>ns et dans les SELARL et SELAFA de<strong>pharmacie</strong>ns (modification législative);*soit autoriser par la loi le démembrem<strong>en</strong>t de la propriété <strong>en</strong>tré l'usufruit et la nuepropriété,tant de l'officine exploitée par une personne physique que <strong>des</strong> parts ou actions de SNCSARL ou SEL de <strong>pharmacie</strong>ns (modification législative);• il faudrait faciliter l'<strong>en</strong>trée d'investisseurs dans le capital <strong>des</strong> SEL et <strong>des</strong> SPFPL : investisseurs<strong>pharmacie</strong>ns ? investisseurs relevant d'autres professions de la famille <strong>des</strong> professions de santé ;autres investisseurs ? (décret) ;-permettre la déductibilité fiscale <strong>des</strong> intérêts de l'emprunt fait par un <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong> pouracquérir les parts ou actions de la société dans laquelle il exerce son activité même si cettesociété est soumise à l'impôt sur les sociétés (instruction fiscale, voire -modification législative).87


Annexe 12Extraits du rapport "Les Pharmaci<strong>en</strong>s à l'horizon 2010" (partie formation)« Le progrès technique r<strong>en</strong>d nécessaire une constante adaptation <strong>des</strong> connaissances. Ilconduit égalem<strong>en</strong>t à une spécialisation acc<strong>en</strong>tuée <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes activités.Face à ces bouleversem<strong>en</strong>ts, la formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns est regardée par tous comme un<strong>en</strong>jeu ess<strong>en</strong>tiel. De nombreux <strong>en</strong>seignants mèn<strong>en</strong>t, depuis longtemps, <strong>des</strong> réflexions <strong>en</strong>coordination avec les professionnels <strong>en</strong> vue d’adapter la formation à l’évolution del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns »<strong>La</strong> qualité sci<strong>en</strong>tifique de la formation est un atout pour <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns qui sontlargem<strong>en</strong>t reconnus comme <strong>des</strong> professionnels rigoureux, nécessaires au bonfonctionnem<strong>en</strong>t de la « chaîne du médicam<strong>en</strong>t » et qui sont capables, après leur thèse dedoctorat, de t<strong>en</strong>ir un rôle important dans les équipes de recherche sci<strong>en</strong>tifique ouindustrielle.<strong>La</strong> formation initiale du <strong>pharmacie</strong>n est de bonne qualité sci<strong>en</strong>tifique, mais souffred’une insuffisante dim<strong>en</strong>sion de préparation à l’exercice professionnel.En premier lieu, l'ori<strong>en</strong>tation fortem<strong>en</strong>t sci<strong>en</strong>tifique <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de <strong>pharmacie</strong> secaractérise par l'accroissem<strong>en</strong>t du nombre de professeurs non <strong>pharmacie</strong>ns, prov<strong>en</strong>ant defilières sci<strong>en</strong>tifiques. Ces professeurs représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 20 % <strong>des</strong> effectifs actuels. Ilspourrai<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter, selon certains observateurs, jusqu'à 50 % <strong>des</strong> effectifs dans moinsde dix ans, si aucune action volontariste n'est conduite d'ici là.Or ces sci<strong>en</strong>tifiques ont une connaissance théorique de la pratique pharmaceutique etnotamm<strong>en</strong>t officinale. L'insatisfaction déclarée de certains jeunes <strong>pharmacie</strong>ns vis-à-visde leur formation initiale réside, sans doute, dans une dérive de type "faculté <strong>des</strong> sci<strong>en</strong>ces"que l'on constate dans le cont<strong>en</strong>u de certains <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts fondam<strong>en</strong>taux.<strong>La</strong> question qui si , pose actuellem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> fait la suivante : la qualité sci<strong>en</strong>tifique<strong>des</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts est-elle la seule qui compte, dans la mesure où les autresconnaissances, notamm<strong>en</strong>t de gestion, seront facilem<strong>en</strong>t acquises par <strong>des</strong> esprits bi<strong>en</strong>préparés, ou bi<strong>en</strong> faut-il regarder ces formations qui peuv<strong>en</strong>t donner lieu, faut-il lerappeler, à <strong>des</strong> cursus prestigieux 1 ", comme nécessaires à une formation initiale complète<strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns ?Tout <strong>en</strong> ayant consci<strong>en</strong>ce de la pertin<strong>en</strong>ce de la première approche, le groupeprospective 2010 a estimé que la seconde vision de la formation initiale prés<strong>en</strong>tait unemeilleure garantie d'adaptation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à l'évolution prévisible de leur<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Pour cette raison, le groupe regrette que les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts à ori<strong>en</strong>tationprofessionnelle directe (gestion, communication, marketing pharmaceutiques, languesétrangères, gestion du personnel...) ne se développ<strong>en</strong>t que l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> raison notamm<strong>en</strong>tdu manque de moy<strong>en</strong>s <strong>des</strong> facultés.Par ailleurs, la mise <strong>en</strong> place de formations de pathologie qui est un grand acquis <strong>des</strong>réformes réc<strong>en</strong>tes n'a pas été <strong>en</strong>core complétée par une formation individualisée à lathérapeutique, qui semble indisp<strong>en</strong>sable au développem<strong>en</strong>t du rôle de conseil du<strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong>. Certes <strong>des</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts de thérapeutique sont disp<strong>en</strong>sés dans lecadre d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts traditionnels (pharmacologie, <strong>pharmacie</strong> clinique, chimie88


thérapeutique...), mais ces <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts ne font pas l'objet d'une organisation d'<strong>en</strong>sembleaux objectifs clairem<strong>en</strong>t définis.Le besoin d'une formation initiale qui prépare plus concrètem<strong>en</strong>t à l'exerciceprofessionnel et d'une formation continue efficace devrait conduire inévitablem<strong>en</strong>t à unemodernisation <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. Des pressions sur la durée <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>, leurcont<strong>en</strong>u et sur le principe même de l'unicité du diplôme sont ainsi à att<strong>en</strong>dre.Il convi<strong>en</strong>dra donc d'anticiper ces t<strong>en</strong>sions par l'adoption d'une politique d'adéquationde la formation initiale et perman<strong>en</strong>te <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à leurs besoins professionnels."89


Annexe 13Propositions de l’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong> pour la formation <strong>en</strong> santé publiqueEn octobre 2005, l’Académie nationale de <strong>pharmacie</strong>, dans un rapport sur le <strong>pharmacie</strong>n et lasanté publique <strong>en</strong> <strong>France</strong>, constatait que le <strong>pharmacie</strong>n est un <strong>des</strong> acteurs ess<strong>en</strong>tiel de lapolitique de santé publique et qu’il devrait amplifier son rôle et ses actions dans ce domaine,ce qui implique de développer une formation adéquate. Elle indiquait dans unerecommandation qu’elle « souhaite vivem<strong>en</strong>t que dans les facultés de <strong>pharmacie</strong>l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la santé publique soit développé et r<strong>en</strong>forcé tant dans le cursus général <strong>des</strong>étu<strong>des</strong> et la formation continue qu’<strong>en</strong> spécialisation, et que <strong>des</strong> recherches y soi<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ées,<strong>en</strong> liaison avec <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns déjà <strong>en</strong>gagés dans <strong>des</strong> actions de santé publique, pourapprofondir les connaissances sur les grands thèmes de santé ».L’Académie précisait les thèmes qui devrai<strong>en</strong>t être abordés (voir <strong>en</strong>cadré) :<strong>La</strong> formation commune de base doit couvrir :- les systèmes de santé- l’épidémiologie- l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (air, eau, sol)- la pharmaco-épidémiologie- la sécurité sanitaire- les divers types de prév<strong>en</strong>tion- les vigilances sanitairesL’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pour les futurs officinaux doit porter surles principales actions problématiques <strong>en</strong> santépublique :- l’« hygiène sociale »- la nutrition et la diététique- la séméiologie- les urg<strong>en</strong>ces et secours <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong>- la pharmacovigilance et la pharmaco-épidémiologie- la communication- l’éducation et la promotion de la santé90


Annexe 14Liste <strong>des</strong> personnes r<strong>en</strong>contrées<strong>Ordre</strong> <strong>National</strong> de Pharmaci<strong>en</strong>s :- Mme Isabelle Ad<strong>en</strong>ot- M. Claude Ameline- M. Luc Besançon- M. Jean-Luc Delmas- M. Jean-Jacques Desmoutis- Mme Monique Durand- Pr Jean-Pierre Foucher- Mme Flor<strong>en</strong>ce Guillier-Petit- M. Michel <strong>La</strong>spougeas- Mlle Hélène Leblanc- M. Jean Parrot- M. Norbert Scagliola,- M. Jean-Charles Rochard- M. Jean-Charles Tellier- M. Yves Trouillet- Section D : plusieurs réunions de travail ont eu lieu avec le présid<strong>en</strong>t de la section D,M. Jérôme Parésys-Barbier, et M. Serge Caillier, membre du bureau du conseil c<strong>en</strong>tralD, avec la participation de Mmes Batala, Belouet, Derbich, Filloux, Hugues, Sferlazza,Tanne et de MM. Fortuit, Gosselin, Saluzzi , S<strong>en</strong>nevilleMinistère de la santé :Cabinet de M. Xavier Bertrand : Mme Marine JeantetCabinet de Mme Roselyne Bachelot : M. Philippe SauvageDHOS : Mme Flor<strong>en</strong>ce de Saint-MartinDRASS <strong>des</strong> Pays de la Loire :Mme Catherine Ogé, Pharmaci<strong>en</strong> Inspecteur régionalDr Simon, Médecin Inspecteur RégionalMinistère de l’économie, <strong>des</strong> finances et de l’emploi :M. Thierry PéanConseil économique et social :M. Bernard Capdeville, membre du CESAFSSAPS :M. Jean Marimbert, directeur généralCNAMTS :M. Van Roekeghem, directeur généralURCAM <strong>des</strong> Pays de la Loire :M. Gaël Pérocheau91


Académie nationale de Pharmacie :Pr Yvan Touitou, présid<strong>en</strong>tM Jean-Pierre Lousson, présid<strong>en</strong>t ( 2005)M Claude Santini, vice présid<strong>en</strong>tPr Jean Paul Chiron, secrétaire généralMme R<strong>en</strong>ée Claire Mancret, secrétaire générale adjointePr Jean-jacques GuillosonPr Dominique DURAND, doy<strong>en</strong> de la faculté de <strong>pharmacie</strong> de Paris V-ObservatoirePr Jean-Paul Belon, présid<strong>en</strong>t de la CPNPr Marie Paule Serre, université Pierre et Marie CurieAPHP Pr Dominique PRADEAUHEGP Pr Patrice PROGNONInstitut Hippocrate Confér<strong>en</strong>ce H<strong>en</strong>ri Moissan : M. Jean-François d’Hervilly fondateur etdélégué GénéralSyndicats de <strong>pharmacie</strong>ns titulaires <strong>d'officine</strong> :UNPF : M. Claude Japhet, présid<strong>en</strong>tM. Patrick Wierre, <strong>pharmacie</strong>nM. Roland Bénichou, <strong>pharmacie</strong>nMme Michèle Bonniot, <strong>pharmacie</strong>nUSPO : Mme Marie-José Augé-CaumonAssociation Française <strong>des</strong> Diabétiques (AFD) :M. Gérard Raymond, présid<strong>en</strong>t nationalPr Patrick Vexiau, secrétaire général92


Annexe 15Référ<strong>en</strong>ces bibliographiquesOrganismes / auteursTitresAcadémie nationale de <strong>pharmacie</strong>Evolution <strong>des</strong> pratiques professionnelles <strong>en</strong> <strong>pharmacie</strong><strong>d'officine</strong> octobre 2005Académie nationale de <strong>pharmacie</strong>Le <strong>pharmacie</strong>n et la santé publique <strong>en</strong> <strong>France</strong> octobre2005Académie nationale de <strong>pharmacie</strong>A propos de l’ « automédication », rapport établi à lademande du ministre de la santé et <strong>des</strong> solidarités,décembre 2006Collectif <strong>National</strong> <strong>des</strong> Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s Officine 2010 réflexions et propositions sur les missionsd'Officinedu <strong>pharmacie</strong>n de demain juin 2006Collectif <strong>National</strong> <strong>des</strong> Groupem<strong>en</strong>ts de Pharmaci<strong>en</strong>s Colloque au Sénat : 9 mars 2006:"le <strong>pharmacie</strong>n ded'Officinedemain, acteur c<strong>en</strong>tral de la chaîne de soins"Commission europé<strong>en</strong>neCommunication de la commission : "consultationconcernant une action communautaire dans le domaine<strong>des</strong> services de santé",Commission Pédagogique <strong>National</strong>eCommission pédagogique nationale de la premièreannée <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de santé, rapport du 20 juillet 2003Délégation à l’emploi et à la formation Contrat d’étu<strong>des</strong> prospectives dans la <strong>pharmacie</strong>professionnelle(DGEFP)/Commission Paritaire d’officine. Interface Etu<strong>des</strong> Conseil et Formation, mars<strong>National</strong>e de l’Emploi (CPNE) Joëlle Delair, Brice Billet, 2006<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Darch<strong>en</strong>, Maroussia KrawecEurostaf, collection dynamique <strong>des</strong> marchés <strong>La</strong> modernisation du circuit officinal <strong>en</strong> <strong>France</strong>, 2004Fouassier Eric, professeur à l'université de Paris XI Transferts <strong>des</strong> officines de <strong>pharmacie</strong>, portée del'article L. 5125-3 du CSPFouassier Eric, professeur à l'université de Paris XI Le juge communautaire et la v<strong>en</strong>te de médicam<strong>en</strong>ts surInternetGroupem<strong>en</strong>t pharmaceutique de l'union europé<strong>en</strong>ne Charte de la <strong>pharmacie</strong> europé<strong>en</strong>ne(GPUE)Haut Conseil pour l’Av<strong>en</strong>ir de l’Assurance Maladie Rapport sur le médicam<strong>en</strong>t, daté du 29/6/2006(HCAAM)Haute autorité de santé, <strong>en</strong> collaboration avec Délégation, transfert, nouveaux métiers conditions <strong>des</strong>l’Observatoire national de la Démographie <strong>des</strong> nouvelles forme de coopération <strong>en</strong>tre professionnels deProfessions de Santésanté: Rapport d’étapeIGAS, Christine Daniel, Bérénice Delpal, Gilles Contrôle et évaluation du FAQSV et de la DDRDuhamel, Christophe <strong>La</strong>nnelongue, février 2006INCA, Dr Brigitte Bonan (INCa)IRDES, Yann Bourgueil, Juli<strong>en</strong> Mousquès, Ayd<strong>en</strong>TajahmadiMinistère de la santé, Charles Descours : rapport auministreMinistère de la santéMinistère de la santé (DRESS), étu<strong>des</strong> et résultats(DREES) N°578 juin 2007Ministère de la santé (DRESS), Marc ColletMinistère de la santé (DRESS); Marc ColletMinistère de la santé (rapport remis au ministre) AlainCoulomb, Alain BaumelouMinistère de l'éducation nationale,Ministère de l'éducation, Comité national d'évaluation<strong>des</strong> établissem<strong>en</strong>ts publics à caractère sci<strong>en</strong>tifique,Pertin<strong>en</strong>ce d'un projet de formation professionnelleconcernant l'appropriation du plan cancer par les<strong>pharmacie</strong>ns de <strong>pharmacie</strong> à usage intérieur etofficinaux, avril 2006Les mesures nationales, régionales et locales derégulation de la répartition géographique <strong>des</strong>professions de santé, juin 2006Propositions <strong>en</strong> vue d'améliorer la répartition <strong>des</strong>professionnels de santé sur le territoireDossiers solidarité et santé N° 1 janvier-mars 2006: lesprofessions de santé et leurs pratiquesComparaison <strong>des</strong> rev<strong>en</strong>us <strong>des</strong> médecins libéraux àceux <strong>des</strong> autres professions libérales et <strong>des</strong> cadresProjections du nombre <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> activité àl'horizon 2030, docum<strong>en</strong>t de travail série étu<strong>des</strong> n° 54<strong>La</strong> démographie <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns à l'horizon 2030, unexercice de projection au niveau national, "Etu<strong>des</strong> etrésultats"Rapport du groupe de travail "situation del'automédication <strong>en</strong> <strong>France</strong> et perspectives d'évolutionrapport remis au ministre de l'éducation nationale par lacommission pédagogique nationale de la premièreannée <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de santé 20 juillet 2003<strong>La</strong> formation <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns <strong>en</strong> <strong>France</strong>, juillet 1998;rapport d'évaluation93


culturel et professionnelPhilippe NocquetObservatoire national <strong>des</strong> professions de santé(ONDPS), professeur Yvon BerlandObservatoire national <strong>des</strong> professions de santé(ONDPS), professeur Yvon BerlandObservatoire national <strong>des</strong> professions de santé(ONDPS),Françoise Marin, Eve Marin, AuryaneBarrancos (ONDPS et B Brunhes consultants)<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>nsMa société d'exercice libérale par actions simplifiéesRapport de la commission de la démographie médicale(avril 2005)Mission "coopération <strong>des</strong> professions de santé: letransfert de tâches et de compét<strong>en</strong>ces", rapportd'étape, octobre 2003Le métier de <strong>pharmacie</strong>n: cont<strong>en</strong>u et perspectives durôle de premier recours janvier 2006Le <strong>pharmacie</strong>n <strong>d'officine</strong>: un métier au cœur dusystème de soins juillet 2006<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns Démographie pharmaceutique sur 20 ans mai 2002<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns (réflexion lancée par) Les <strong>pharmacie</strong>ns à l’horizon 2010, le livre vert 1994<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns (réflexion lancée par) Groupe de travail « prospective » mai 2001<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns Jean-Jacques Daigreprofesseur à l'université de Paris (Panthéon-Sorbonne), avocat à la cour<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Eti<strong>en</strong>ne <strong>La</strong>mbertexpert-comptable, commissaire aux comptesLe cadre juridique d'exploitation <strong>des</strong> officines de<strong>pharmacie</strong>: constats et pistes de réflexion étudiées à lademande de la professionRapport pour le conseil national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns sur"les perspectives de regroupem<strong>en</strong>t <strong>d'officine</strong>s de<strong>pharmacie</strong>ns exploités <strong>en</strong> SEL" septembre 2004<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Pr G<strong>en</strong>eviève Evaluation de l'impact d'un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> structuré sur laChamba, Pharmakeionprise <strong>en</strong> charge du pati<strong>en</strong>t asthmatique<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Pr G<strong>en</strong>eviève Enquête sur les interv<strong>en</strong>tions pharmaceutiques dans laChamba, Pharmakeiondisp<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> anticoagulants, étude Iphadac,rapport final 4 juillet 2007.<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Isabelle Ad<strong>en</strong>ot Prés<strong>en</strong>tation du DP à l'académie nationale de<strong>pharmacie</strong> 24/6/2006Allocution du présid<strong>en</strong>t de l'ordre, du ministre de lasanté et du Pr Marininchi et table ronde<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, XIX journée de l'ordre9 novembre 2006<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Claude Ameline L'officine <strong>en</strong>tre défis et opportunités (2006)<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Isabelle Ad<strong>en</strong>ot Les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine à l’épreuve du territoire :conséqu<strong>en</strong>ces pour leur exercice professionnel (juillet2006)<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Isabelle Ad<strong>en</strong>ot<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns, Isabelle Ad<strong>en</strong>ot<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns conseils c<strong>en</strong>traux A etE de l'ordre national <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>nsUniversité Pierre et Marie Curie ; Master SPMS -spécialité marketing de la santé ; Pr Marie-PauleSERRELes <strong>pharmacie</strong>ns dans l’accessibilité et la qualité <strong>des</strong>soins (13 juin 2006)<strong>La</strong>ncem<strong>en</strong>t d’une démarche collective et structuréed’amélioration de la qualité <strong>en</strong> officine, septembre 2005Recommandations pour l'aménagem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> locaux del'officineRegards croisés sur le rôle contemporain duPharmaci<strong>en</strong> d’officine ; prés<strong>en</strong>tation à Pharmagora le24 mars 2007UDF Opinionway Consultation nationale auprès <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>nsd’officine, septembre 200694


SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS :pour éclairer etconstruire l’av<strong>en</strong>irde l'officineL'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t humain, sci<strong>en</strong>tifique, technique, économique et juridique danslequel exerc<strong>en</strong>t les <strong>pharmacie</strong>ns officinaux connaît aujourd'hui <strong>des</strong> mutations sansprécéd<strong>en</strong>t. L'av<strong>en</strong>ir de l'officine dép<strong>en</strong>d de concertations, puis de décisions,désormais urg<strong>en</strong>tes.Ces concertations doiv<strong>en</strong>t réunir, selon leur objet, l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> représ<strong>en</strong>tants dela profession, les pouvoirs publics et les autres part<strong>en</strong>aires de l'officine :professionnels de santé et du médicam<strong>en</strong>t, associations de pati<strong>en</strong>ts et deconsommateurs.L’EUROPE<strong>La</strong> présid<strong>en</strong>ce française de l'Union europé<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> 2008, et l’élaboration de laprochaine directive ou d'autres instrum<strong>en</strong>ts juridiques touchant à la santé, devrai<strong>en</strong>têtre l’occasion de :■ réaffirmer la responsabilité propre <strong>des</strong> Etats membres dans l’organisation etla fourniture <strong>des</strong> services de santé, <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> besoins particuliers de leurspopulations (principe de subsidiarité) ;■ définir les moy<strong>en</strong>s de sécuriser :> les échanges commerciaux <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, afin de lutter contre lapénétration <strong>des</strong> contrefaçons ;> l’utilisation <strong>des</strong> technologies de communication dans le domaine de la santé(auth<strong>en</strong>tification <strong>des</strong> professionnels, id<strong>en</strong>tification <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, validationde l'information, protection <strong>des</strong> données…).


LA DISPENSATION DU MÉDICAMENTC'est <strong>en</strong> acc<strong>en</strong>tuant <strong>en</strong>core la qualité du réseau officinal, la qualité et la sécurité del’acte pharmaceutique, que se confortera la confiance <strong>des</strong> pouvoirs publics et <strong>des</strong>pati<strong>en</strong>ts. Il faudra notamm<strong>en</strong>t veiller à :■ optimiser l’égal accès aux médicam<strong>en</strong>ts par la proximité et la continuité duservice (adapter régulièrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> règles relatives à la répartition <strong>des</strong> officines auxévolutions de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, participer activem<strong>en</strong>t aux instances régionales degouvernance de la santé) ;■ favoriser la coordination <strong>en</strong>tre <strong>pharmacie</strong>ns (dispositif du DossierPharmaceutique, l'ét<strong>en</strong>dre aux <strong>pharmacie</strong>s hospitalières) et <strong>en</strong>tre professionnelsde santé (alim<strong>en</strong>tation d'un dossier de santé du pati<strong>en</strong>t; cercles de qualité <strong>des</strong> soinsautour de certains pati<strong>en</strong>ts) ;■ valoriser le rôle <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns d’officine comme premier recours <strong>en</strong>matière de thérapeutique (cohér<strong>en</strong>ce de l’offre de médication officinale :spécialités proposées, information du public sur ces produits et leurs prix) ;■ établir <strong>des</strong> référ<strong>en</strong>tiels de qualité pour les <strong>pharmacie</strong>ns et pour leursfournisseurs de services "métier" (Bonnes Pratiques de Disp<strong>en</strong>sation, logicielsinformatiques et bases de données adaptés aux évolutions de l'exercice, notamm<strong>en</strong>tà la personnalisation <strong>des</strong> soins) ;■ concrétiser le principe de la traçabilité <strong>des</strong> lots de médicam<strong>en</strong>ts à l’intérieurde la chaîne du médicam<strong>en</strong>t et l’ét<strong>en</strong>dre jusqu’aux pati<strong>en</strong>ts ;■ <strong>en</strong>courager et faciliter les déclarations de pharmacovigilance par les <strong>pharmacie</strong>ns ;■ lutter contre les comman<strong>des</strong> anormalem<strong>en</strong>t élevées de médicam<strong>en</strong>ts, pouvant êtreliées à <strong>des</strong> trafics illégaux ;■ garantir l’utilisation éthique <strong>des</strong> nouvelles technologies (déontologie et respect <strong>des</strong>droits <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts).


LES NOUVEAUX RÔLES DU PHARMACIEN D'OFFICINELes besoins et att<strong>en</strong>tes de la population et du système de santé évolu<strong>en</strong>t. Pour pouvoiry répondre concrètem<strong>en</strong>t, il faut <strong>en</strong>gager une réflexion de fond sur le rôle sanitaire etsocial du <strong>pharmacie</strong>n, y compris sur sa rémunération. Il s'agit de valoriser laconv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>tre les <strong>pharmacie</strong>ns d’officine et l'assurance maladie, avec le concours<strong>des</strong> Académies de <strong>pharmacie</strong> et de médecine, de groupes de travail mixtes<strong>pharmacie</strong>ns/médecins et <strong>des</strong> associations de pati<strong>en</strong>ts. De nombreux champsd'interv<strong>en</strong>tion doiv<strong>en</strong>t ainsi être explorés :■ les ai<strong>des</strong> à la personne pour favoriser le mainti<strong>en</strong> à domicile <strong>des</strong> mala<strong>des</strong> et<strong>des</strong> personnes âgées ou handicapées ;■ les actions de prév<strong>en</strong>tion, d’éducation pour la santé, de dépistage ;■ l'accompagnem<strong>en</strong>t de pati<strong>en</strong>ts atteints de certaines pathologies (éducationthérapeutique, suivi personnalisé <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts, relais possible de prescription…)<strong>en</strong> collaboration avec le médecin ;■ les plans de protection civile contre les risques sanitaires de grande ampleur.LA FORMATION DES PHARMACIENSPour que les <strong>pharmacie</strong>ns puiss<strong>en</strong>t exercer au mieux leur mission d'intérêt général, ilest nécessaire :■ d'élever le numerus clausus d'<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> deuxième année <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>pharmaceutiques au niveau <strong>des</strong> besoins (démographie pharmaceutique, duréed’exercice, féminisation de la profession, évolution de son rôle) ;■ de mettre à jour les programmes <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> pharmaceutiques avec laCommission pédagogique nationale ;■ de préparer la voie à un véritable développem<strong>en</strong>t professionnel continu,articulant la formation continue et <strong>des</strong> processus d’évaluation.


L’ENTREPRISE OFFICINALEPour le bénéfice <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, la <strong>pharmacie</strong> <strong>d'officine</strong> à tout intérêt à resterindép<strong>en</strong>dante et à ne pas compromettre son caractère libéral. Les évolutions porterontsur la recherche d'un exercice davantage partagé (adaptation <strong>des</strong> types de sociétés,création possible de sociétés de participations financières de professions libérales, aideà l'<strong>en</strong>trée dans le capital <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns adjoints qui le souhait<strong>en</strong>t).Pour permettre aux <strong>pharmacie</strong>ns de se consacrer pleinem<strong>en</strong>t aux actions qui exig<strong>en</strong>tleurs compét<strong>en</strong>ces, la profession devrait <strong>en</strong>fin s’<strong>en</strong>gager dans :■ une redéfinition du critère fixant le nombre minimal <strong>des</strong> <strong>pharmacie</strong>ns del'officine ;■ la répartition et la délégation <strong>des</strong> tâches dans et/ou <strong>en</strong>tre les officines.


Réfléchir à l'av<strong>en</strong>ir de l'officine,c'est participer non seulem<strong>en</strong>tà une politique de santé,mais à un choix de sociétéL'officine a <strong>des</strong> atouts ess<strong>en</strong>tiels pour la santé d<strong>en</strong>os concitoy<strong>en</strong>s : qualité, sécurité, proximité.Aujourd'hui, elle doit les r<strong>en</strong>forcer <strong>en</strong>core, tout<strong>en</strong> développant de nouvelles organisations et d<strong>en</strong>ouveaux services.Par ce Livre blanc, l'<strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong><strong>pharmacie</strong>ns souhaite contribuer à nous éclairersur les voies de ces prochaines avancées.4 av<strong>en</strong>ue Ruysdaël - 75379 Paris cedex 08tand’M - Photo © Fotolia

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